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Les Soldats de la mémoire

 | 
Hélène Guillot

Censure, contrôle, patriotisme

Censure, contrôle, patriotisme

Texte intégral

  • 1 Lepoittevin Anne, Le Silence aveugle, La censure de la photographie pendant la Grande Guer (...)

Les photographes de la SPA pénètrent dans tous les départements français, traitant aussi bien la zone des armées que celle de l’intérieur, sans compter les territoires hors métropole. Néanmoins, ce large déploiement ne doit pas laisser croire à une quelconque liberté d’action et de déplacement des reporters. La censure reste un élément clé de la production photographique de la Section. Elle s’exerce à différents niveaux et n’est pas réductible au seul mécanisme de contrôle auquel la presse est subordonnée dès 1914. Tout d’abord parce que le contrôle s’exerce en amont de la production, au travers de la formation des photographes, des consignes qu’ils reçoivent, de leur encadrement sur le terrain. Et enfin, parce que la création de la SPA a immédiatement généré la mise en place d’un bureau de censure particulier, propre à sa production. Pendant toute la durée de la guerre, deux censures coexistent : celle des clichés à paraître dans la presse et celle des images de la SPA, seules photographies officielles autorisées et pourtant minoritaires dans les journaux1.

  • 2 Forcade Olivier, La Censure politique en France pendant la Grande Guerre, thèse de doctora (...)
  • 3 Ibid., p. 521.

1Dans sa thèse, Olivier Forcade2 expose l’organisation et les rouages de la censure pendant le conflit. Il consacre un chapitre à la censure de la presse périodique et spécialisée3, qui reste le principal moyen de diffusion de l’image photographique. L’étude des registres de censure démontre cependant assez distinctement que l’image n’y est que peu examinée.

  • 4 Ibid., p. 527.

Les consignes sur les images censurées sont très rares, pratiquement absentes à l’exception de quelques photos en 1915, au printemps 1917 et en mars 1918. Ce constat ne signifie pas que les images censurées sont rares4.

2Enfin, Olivier Forcade ajoute que « l’interdiction n’a pour but que d’éviter des émotions et des troubles des lecteurs découvrant la réalité d’une guerre largement oblitérée en 1915. En outre, le deuxième enjeu est d’interdire que des périodiques et journaux ne reprennent des images en les affublant de légendes détournant le sens des clichés. »

3Les archives fournissent donc des outils de mesure plus qu’approximatifs, et surtout non exhaustifs, pour juger de l’impact de la censure sur le support photographique avant la création de la SPA.

4Sans revenir sur la mise en place du bureau de la presse au ministère de la Guerre en décembre 1914, chargé de contrôler les indiscrétions de la presse, il convient plutôt d’axer la réflexion, dans un premier temps, sur les facteurs qui influencent et orientent indubitablement le travail du photographe. Ils s’exercent dès sa formation et se poursuivent jusqu’à l’examen de ses clichés par une commission de censure spéciale, réservée uniquement à la production de la Section, mais s’expriment aussi au travers d’une réglementation régissant le port et l’utilisation de l’appareil photographique en temps de guerre. Se pose alors aussi la question de l’implication personnelle du photographe, si tant est qu’elle puisse exister ?

Notes

1 Lepoittevin Anne, Le Silence aveugle, La censure de la photographie pendant la Grande Guerre, mémoire de maîtrise, université Paris 10 Nanterre, sous la direction d’Annette Becker, septembre 2003, p. 13.

2 Forcade Olivier, La Censure politique en France pendant la Grande Guerre, thèse de doctorat, université Paris 10 Nanterre, sous la direction de Jean-Jacques Becker, 1998, 973 p.

3 Ibid., p. 521.

4 Ibid., p. 527.

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