Individualisation assurancielle

Dir. de l’ouvrage

p. 246


Texte intégral

1Lors d’une discussion du colloque de Cerisy, Margo Bernelin et Jean-Louis Bancel remarquaient qu’à leur connaissance, rien n’empêche actuellement les assurances-maladie de collecter auprès des plateformes des données relatives à nos recherches sur Internet ou à nos habitudes de consommation, ce qui leur permet de faire des prédictions sur nos risques de développer telle ou telle maladie. Outre l’ingérence au sein de la sphère privée que cela implique, il y va bien plus fondamentalement de la nature collective des processus assuranciels. Individualiser le calcul des risques (et des primes d’assurance) menace de laminer la dimension mutualiste de nos conceptions communes des systèmes assurantiels.

2Le traitement des données de santé ne se réduit donc nullement aux seules informations contenues dans nos dossiers médicaux. Dès lors que les puissances inquisitoriales computationnelles des plateformes peuvent soumettre à la question et faire parler nos relevés de cartes de crédit, la pression en direction de l’individualisation doit être compensée par une affirmation institutionnelle des principes de socialisation de nos existences et de mutualisation de nos assurances.


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