Humanectomie
p. 222
Texte intégral
1Dans le cadre de leur travail sur les armements high-tech qui mettent les puissances du numérique au service d’opérations militaires, Jeremy Packer et Joshua Reeves décrivent la logique qui conduit à ce qu’ils appellent une humanectomie : l’ablation de la part humaine d’une opération qui a été déléguée à une réaction automatisée, mais qui implique néanmoins une responsabilité humaine.
Dès lors que des innovations en media numériques ont fait sentir le facteur humain, dans sa faillibilité et son erratisme, comme la cause principale du « brouillard de la guerre », les drones sont désormais conçus avec des formes explicitement non humaines d’intelligence, de coopération et de communication. Les exigences de commandements militaires et d’organisation répondant à un degré de précision extrêmement élevé nous mettent dans des situations d’où le facteur humain doit être excisé. La seule façon de résoudre les contradictions logiques de ces doctrines militaires, comme celles qui opposent les besoins de contrôle centralisé et d’exécution décentralisée, ou celles que recèlent les défaillances médiales des sujets-soldats humains, est d’accomplir une forme préventive d’humanectomie. (2017, p. 261-81)
Bibliographie
Référence
Packer, J., Reeves, J. (2017). « Taking People Out : Drones, Media/Weapons, and the Coming Humanectomy », Life in the Age of Drones. Duke University Press.
Auteur
Étudie et enseigne la littérature et les media à l’université Paris 8. Il co-dirige la revue Multitudes et a publié Médiarchie (2017), Pour une écologie de l’attention (2014), Zazirocratie (2011). Ses articles sont accessibles en ligne sur www.yvescitton.net.
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