Automation versus collaboration
p. 30
Texte intégral
1Nos débats sur l’IA pèchent souvent en voulant prouver que des machines (ne) peuvent (pas) penser toutes seules, de façon complètement automatisée, à savoir sans aucune intervention humaine. Étant donné que ce sont des humain·es qui programment (les machines qui programment) les machines, et que ce sont toujours des humain·es qui interprètent et évaluent les résultats obtenus pas ces machines en fonction de leurs pertinences et finalités humaines, l’automatisation n’est dans tous les cas qu’un moment provisoire et limité de fonctionnement isolé de son contexte. Les machines, même celles qui peuvent « apprendre » (machine learning) ne sont jamais ni « autonomes » (elles ne se donnent pas leurs propres règles de fonctionnement), ni « autarciques » (ce fonctionnement dépend des informations et de l’énergie dont des humain·es prennent soin de les nourrir).
2Dès lors que les machines ont toujours été des médiations de l’agentivité humaine, ce n’est jamais l’automatisation d’une tâche en tant que telle qui produit des gains d’intelligence « artificielle », mais seulement la collaboration entre humain·es et machines. James Bridle souligne que les palabres infinis auxquels ont donné lieu la compétition entre des joueur·ses d’échecs ou de go humain·es et des machines programmées pour les vaincre laissent le plus souvent dans l’ombre un angle mort indispensable à comprendre l’impact effectif de l’automation : même si des machines sont parvenues à battre Gary Kasparov au jeu d’échecs, aucune machine ni aucun·e humain·e n’est prêt·e de pouvoir vaincre la collaboration entre Gary Kasparov et des ordinateurs.
Bibliographie
Référence
Bridle, J. (2022). Un nouvel âge de ténèbres. Allia.
Auteur
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Le Sujet Digital
Claire Larsonneur, Arnauld Regnauld, Pierre Cassou-Noguès et al. (dir.) Stéphane Vanderhaeghe, Géraldine Bertres, Hélène Soldano et al. (trad.)
2015
Le Comportement des choses
Emanuele Quinz (dir.) Lise Thiollier, Gabriele Stera et Armelle Chrétien (trad.)
2021
Artistes-chercheur·es, chercheur·es-artistes
Performer les savoirs
Boudier Marion et Déchery Chloé (dir.)
2022
Architectures of memory
Jean-Marie Dallet et Bertrand Gervais (dir.) Armelle Chrétien et Joshua David Jordan (trad.)
2022
Angles morts du numérique ubiquitaire
Glossaire critique et amoureux
Yves Citton, Marie Lechner et Anthony Masure (dir.)
2023