Version classiqueVersion mobile

Le travail associatif

 | 
Matthieu Hély
, 
Maud Simonet

Le travail associatif : renouvellement ou remise en cause du service public ?

L’association, un monde à part ?

Yves Lochard

Texte intégral

Les associations ne sont pas seulement un outil utile à la mise en œuvre de certaines politiques publiques que l’État n’arrive pas à faire ou à imaginer, elles créent un lien puissant entre la société et la définition de l’intérêt général. L’intérêt particulier porté par un collectif citoyen, vivant in situ la démocratie, nourrit et détermine les conditions « d’un vivre ensemble » plus vertueux1.

1Tout l’imaginaire associatif est dans les mots clefs de cette présentation de l’association par Pierre Vanlerenberghe, président de la Fonda. « Lien puissant », « collectif citoyen » « vivant in situ la démocratie », « “vivre ensemble” plus vertueux » : autant de mots valeurs (M. Bakhtine) qui installent un cadre interprétatif, induisent une lecture doxique des problèmes selon le monde associatif. On pourrait facilement recenser de telles déclarations marquant la grande ambition associative. Le projet social qui est ainsi dessiné, ce sentiment d’une mission ambitieuse dévolue au monde associatif sont indissociablement liés à celui d’une singularité qui en ferait un monde à part, une entité irréductible aux autres instances sociales.

  • 2 Quatrième de couverture de Faire société. Les associations au cour du social, Bloch-Lainé François (...)

2L’imaginaire associatif semble ainsi partager un certain nombre de certitudes sur les qualités propres à ce monde, ses raisons d’agir, ses missions sociales et la qualité de ses services. Fréquents sont les rappels par les associations de ce qui les distingue des entreprises commerciales et des administrations publiques, qu’ils s’énoncent sur un mode négatif-elles seraient « prises en tenaille entre secteur public et service marchand2 » -, ou positif. Le privilège de se situer dans l’entre-deux autorise alors à cultiver la figure du tiers, de celui qui échappe aux travers de l’un et de l’autre et qui constitue donc potentiellement une alternative. De tels rappels sont voués à la redondance parce que les valeurs sont des virtualités toujours à justifier.

  • 3 « Avant-propos », in Faire société…, op. cit., p. 6.
  • 4 Ibid., p. 7. « méthodes spécifiques, au-delà du statut choisi, leur confèrent des “valeurs ajoutées (...)
  • 5 Hély Matthieu, Les Métamorphoses du monde associatif, Paris, PUF, « lien social », 2009, p. 3.

3Par ailleurs, l’idée a largement cours que celles-ci échapperaient pour une part aux règles qui prévalent pour tout type d’organisation. Elles auraient des « vertus intrinsèques », des « particularités qui produisent leurs mérites propres3 » selon des expressions récurrentes4, diverses spécificités qui signeraient leur altérité radicale. C’est ce sentiment d’exception qui sera ici interrogé à travers une réflexion sur les représentations que le monde associatif a de lui-même et de ses fonctions, de ses « missions » selon une expression fréquente. Il me paraît utile de comprendre comment de telles représentations influent sur les thèmes dont il est question dans cet ouvrage. La forme de crédit dont bénéficie l’intention, le projet associatif dans l’opinion et la conscience de ce mérite conduit la sphère associative à la fois à vivre comme une injustice la méconnaissance supposée de tels mérites et à des réactions parfois épidermiques vis-à-vis de certaines interrogations pourtant assez habituelles et qui sont lues comme une attitude de défiance à leur égard. Ainsi mobiliser les concepts de stratégies, de logiques d’intérêt, voire de rétributions symboliques apparaît comme une remise en cause du bien fondé de la démarche d’engagement. Mathieu Hély se demande si, à la lumière des évolutions récentes, on peut « toujours se contenter de faire comme si le monde associatif était encore un monde de vertu et de désintéressement5 ». On s’interrogera ici sur les raisons qui ont pu l’amener à se penser comme tel et celles pour lesquelles il persiste à le faire. Après avoir décrit la place majeure dévolue à la référence morale dans le discours associatif, on tentera de la rendre intelligible à travers une analyse sociotoriquehistorique. Dans une dernière partie, on se livrera à l’examen détaillé de cette posture et de l’argumentaire qui la soutient à travers l’exemple d’un ouvrage de référence du monde associatif.

Un discours de valorisation

  • 6 Angenot Marc, Dialogues de sourds, Paris, Mille et une nuits, 2008, p. 240.
  • 7 « droits de l’homme ne sont pas une politique ».

4Le discours associatif met en scène une ambition de spécificité étroitement liée à une rhétorique des valeurs qui concerne à la fois la société qu’elle ne cesse d’interpeller mais qui prévaut également dans le regard qu’elle porte sur elle-même. La spécificité dont tend à se prévaloir l’association serait fondée sur un rapport particulier aux valeurs et au bien public qu’elle incarnerait par nature et dont elle attend qu’il soit reconnu préalablement à tout questionnement. L’autoreprésentation du monde associatif-et l’image en miroir qu’en dressent ceux qui en font le procès ou le somme d’être à la hauteur de ses promesses-me semble surdéterminée par une référence à la morale, aux valeurs. Il se juge et attend d’être jugé selon un registre moral. Il se pense volontiers comme incarnant des valeurs-valeurs que parfois il serait seul à incarner -, dévolu au Bien, au Juste. Aussi ce monde a-t-il tendance à se penser comme un contre-monde. Il affectionne un raisonnement axiologique en privilégiant un vocabulaire qui, indissociablement, décrit et apprécie : « axiologiser, relève M. Angenot, consiste à coller sur les “données” empiriques des signes transcendants : juste, injuste, beau, noble, vrai, égalitaire, démocratique, justice sociale, droit au travail, liberté d’expression, etc.6 ». Ainsi la littérature associative se donne à voir comme un texte saturé de valeurs. Tout d’abord, la tentation est évidente chez elle de s’arroger un rôle d’interpellation, de se penser comme conscience morale de la société, rappelant à leurs obligations les pouvoirs publics, les hommes politiques, les autorités de façon générale. Elle « vit de dénonciation » comme le note Marcel Gauchet à propos de l’idéologie des droits de l’Homme7.

  • 8 Voir Lilian Mathieu, « pour une sociologie des croisades morales », in Déviance et Société, n°29, 2 (...)
  • 9 « Not in my backyard » : pas dans mon jardin.
  • 10 « They claim to speak to and for the public good. » Williams Rhys H., « the Public Good : Social (...)
  • 11 Ibid., p. 125.

5Cela les conduit à concevoir leur action en termes de « causes » quand les organisations syndicales privilégient une culture de compromis. Des logiques de croisade parfois (J. Gusfield) avec l’absolutisme moral que cela suppose8. Toute mobilisation mise en ouvre par une association, et ce quelle que soit l’ampleur de la « cause » défendue-de celles qui sont à la limite du Nimby9 aux plus ambitieuses-tente de se hisser au niveau du bien public10 même si les conceptions de celui-ci peuvent être très variées voire antagonistes. Généralement privées de la légitimité inhérente aux institutions établies, elles sont amenées à amplifier l’invocation de l’intérêt général, la contribution de leur action au bien public. « Movements thus have an acute need for a plausible public good rhetoric11. » De ce point de vue, la maîtrise de la rhétorique des valeurs constitue bien une des ressources du mouvement social et conduit à inscrire l’invocation morale au répertoire de ces ressources.

  • 12 Il y aurait tout une analyse à faire dans le discours associatif sur la locution « seulement » asso (...)
  • 13 Ravon Bertrand, Pichon Pascale, « à la rencontre : l’engagement des professionnels et bénévoles de (...)

6Enfin la rhétorique du dépassement12 souvent privilégiée par les associations et qui s’inscrit dans une logique de rectification relève de la même panoplie. Le projet affiché est de rectifier des erreurs, de corriger ce qui ne va pas. Dans une telle posture, le monde est considéré comme relevant prioritairement d’une action morale. Ce mode de pensée collectif est d’autant plus fondé à se perpétuer qu’il croise la propension individuelle à penser son engagement selon le régime de la vocation (J. Schlanger). La prégnance d’une vision moralisante de l’association trouve là un support certain. Malgré l’évolution observée d’un « militantisme affilié » à un « militantisme affranchi », l’engagement associatif reste marqué par une logique vocationnelle. Quand bien même celle-ci se conçoit de moins en moins comme vie vouée une fois pour toutes, les formes nouvelles de l’engagement bénévole qui connaissent un glissement d’une aide à une entraide, le bénéficiaire de l’aide étant invité à coproduire une solidarité, installent une relation infiniment plus engageante, des formes d’attachement que la relation d’aide traditionnelle n’exigeait pas. Autant dire une forme de responsabilité intime réclamée par ce pacte d’authenticité qui renforce la dimension d’engagement moral13.

… et son envers

  • 14 Bériot Louis, Le Bazar de la solidarité, Paris, J. -C. Lattès, 1985, p. 8.
  • 15 Ibid., p. 7. De même, l’accusation d’être un « de l’administration » ou le procès récurrent de dépe (...)

7La vertu se nourrit d’être méconnue et sa proclamation par celui qui est trop pressé d’être remboursé déclenche invariablement le doute ou l’envie d’en savoir plus. Ainsi la posture collective du monde associatif a simultanément suscité en miroir une logique de controverse. L’affichage incessant de telles convictions sur ses différences irréductibles expose du coup le monde associatif aux mises en cause, aux procès, voire aux dénonciations qui constituent l’envers de la louange. Ainsi, toute une littérature pamphlétaire s’est développée sur ce thème, distillant la suspicion et dénonçant les perversions de « ce grand symbole libertaire : l’Association ». Cette citation extraite de la quatrième de couverture du livre de Louis Bériot, Le Bazar de la solidarité introduit à une dénonciation de ceux qui ont « la main sur le cour, sans avoir toujours le cour sur la main14 ». À côté du monde de la solidarité, « la vraie », nous dit l’auteur, « j’en ai rencontré un autre, celui des intérêts particuliers, des rentes de situation, des privilèges, des manipulations politiques : un univers frileux de médiocrités, de bassesses, de renoncements au nom, cependant, du même principe15 ».

8Dans la même veine, François de Closets fustige le « pharisaïsme » du monde associatif.

  • 16 Closets François de, Tant et plus, Paris, France loisirs, 1992, p. 339.

Tout le monde est censé être désintéressé, n’agir que par altruisme. L’intérêt personnel est hors la loi. C’est cela qui est insupportable. Mais il faudrait le Christ en personne pour chasser tous les marchands du temple attirés par les crédits de la coopération. C’est bien, une fois de plus, l’argent public qui pervertit les meilleures institutions. […] En France, au contraire, il suffit de lancer une idée ou un projet, créer une structure et faire appel à l’État pour assurer le financement. On peut ainsi fabriquer, sans bourse délier, le nid douillet où l’on trouvera un métier, un salaire, une place, et, qui plus est, la considération. Bombardé président d’un mouvement charitable, l’entrepreneur en philanthropie devient un personnage et, pour peu que la subvention soit assez conséquente, un personnage qui compte16.

9Pour Pierre-Patrick Kaltenbach, l’association serait une « institution moralement autonettoyante ».

  • 17 Kaltenbach Pierre-Patrick, Tartuffe aux affaires, génération morale et horreur politique, 1980-2000(...)

Étrangère à l’appropriation du profit, ajoute-t-il, elles échapperaient également à celle du capitalisme. Ainsi purifiée par construction, l’association offre de surcroît à ses « acteurs » la sanctification que vaut la proximité proclamée à la transcendance, quel qu’en soit le nom : Dieu, classe ouvrière, justice, liberté, beauté, vérité, défense des pauvres, des malades, de la culture, de la nature, etc. La poursuite d’objectifs à ce point valorisants au plan moral permet d’ajouter, à la sanctification par le statut, la justification par les intentions et les objectifs. Le « Tartuffe subventionnaire » peut alors avancer la revendication professionnelle de tous les clergés en tous les temps : « Laissez venir à moi les bénéfices ecclésiastiques sans contrôle. » Et il en va « spirituellement » des associations comme des mutuelles et autres piliers de l’économie sociale solidaire, ce fleuron des cercles académiques de la pensée verte17.

  • 18 Closets François de, Tant et plus, op. cit., p. 355 et 361.

10Il est inutile de souligner le ton moralisateur de cette littérature pamphlétaire qui prétend faire le départ entre le bon grain et l’ivraie. Elle distribue les blâmes et les louanges, épingle la « gabegie sociale », le « laxisme général18 ». On notera la symétrie de position des uns et des autres. Qu’il s’agisse de chanter les louanges ou d’instruire le procès du monde associatif, c’est dans les deux cas de postures homologues qu’il s’agit. La mise en cause du monde associatif est bien l’envers de la revendication de pureté dont elle tend à se prévaloir. Elle est en quelque sorte appelée par cet affichage, par cette autoreprésentation qui invite immanquablement à la vérification d’une telle attitude, à la riposte critique. Toute vertu revendiquée est facilement soupçonnée d’être ostentatoire et donc de se disqualifier aussitôt comme vertu.

  • 19 Elles sont d’abord d’ordre méthodologique. Je ne sous-estime pas les difficultés que présente l’exe (...)

11Pour ces auteurs, il s’agissait d’opposer à des vertus proclamées des conduites qui les démentiraient, d’infirmer des intentions généreuses par des contre-exemples. Comment rendre compte du choix prioritaire de ce terrain moral qui prévaut tant chez les adversaires de l’associationnisme que chez ses thuriféraires ? En se défiant du risque de basculer sur un versant normatif, on s’efforcera de rendre raison à de telles ambitions. Le choix a été fait ici de prendre de telles prétentions à travers les productions discursives des associations et de rendre intelligibles les différentes raisons qui peuvent expliquer cette préférence pour ce registre éthique sans sous-estimer les difficultés de la tâche19.

Les raisons d’une affinité

Raisons historiques

12Une telle attitude n’est pas consubstantielle à l’action associative en tant que telle mais trouve son intelligibilité dans une histoire et peut-être une histoire française. On se contentera d’en rappeler ici quelques étapes significatives.

  • 20 « droit d’association est certainement un des premiers droits de l’homme », Récipon André, Associat (...)
  • 21 Barthélemy Martine, Associations : un nouvel âge de la participation ?, Paris, Presses de Sciences (...)
  • 22 Ibid., p. 42.

13De fait, cette surdétermination du monde associatif par la morale s’inscrit dans une histoire longue qui a participé à construire une forme de sacralisation de l’association. Le parcours historique de la liberté associative lui confère la dimension d’une conquête20. Elle est associée à une lutte séculaire pour les libertés face à des régimes autocratiques ou rétifs à voir s’organiser des groupements volontaires de personnes privées. À propos du droit d’association après la loi Le Chapelier (juin 1791), Martine Barthélémy relève que « la Révolution a apporté sa propre contribution à l’histoire de l’idée associative : les républicains dans l’opposition, sous la Restauration puis la monarchie de Juillet ont lutté pour l’imposer » ; à leurs yeux, « l’“association” constitue un droit naturel21 ». À l’orée du xixe siècle, le droit d’association demeure « un droit subversif22 » et, tout au long du siècle, le développement associatif reste bridé. La reconnaissance de la liberté d’association en 1848 est remise en cause par le Second Empire. Le délit de coalition n’est aboli qu’en 1864 et il faut attendre les lois libérales (liberté de la presse, de réunion.) de la période 1879-1880 pour une reconnaissance de fait du droit d’association. La IIIe République elle-même mettra un certain temps à la reconnaître : presque trente ans séparent l’arrivée au pouvoir des Républicains et le vote de la loi de 1901.

14Avec la loi de 1901, la « bonne association » est celle qui se montre une école de démocratie.

  • 23 Ibid., p. 56-57.

L’association […] partage avec l’État la définition de l’intérêt général. La collaboration avec l’État n’a pas à s’ériger en « partenariat », lequel supposerait une réalité « intermédiaire » ; elle revient à l’inverse à faire de l’association un lieu idéal et informel d’adéquation entre privé et public. La définition du groupement volontaire issu de la sphère privée fonde une « identité associative » dont la légitimité n’est autre que celle de l’État lui-même. De cet idéal laïc quelque peu paradoxal et du compromis entre l’individualisme et la reconnaissance de groupements que consacre la loi de 1901 découleront, avec l’expansion continue de l’État, une incorporation de l’association dans la sphère publique, et de manière réactive, le « retour » à une idéologie de légitimation de l’association fondée sur l’altérité23.

  • 24 Ibid., p. 33.
  • 25 Voir Ullman Claire F., The Welfare State’s Other Crisis. Explaining the new partnership between non (...)

15À l’évidence, l’imaginaire associatif hérite à la fois de ce difficile combat pour la liberté associative et de ce commerce particulier avec l’État. Cette forme de complémentarité entre État et associations (notamment pour ce qui est des ouvres charitables) constitue un des vecteurs majeurs du développement associatif dès la fin du xixe siècle. Comme le note M. Barthélémy, « la mise en place de l’État providence, loin d’évacuer le secteur associatif, implique l’élaboration de nouvelles formes de coopération entre État et association24 ». Dans la période plus récente, une telle logique puise une nouvelle impulsion dans le retour du libéralisme et la suspicion accentuée à l’égard de l’État qui l’accompagne. Les logiques de délégation qui ont prévalu assez vite et qui ont eu tendance à s’accentuer depuis les années 197025 ont sans aucun doute joué un rôle majeur de validation de leur utilité sociale. La délégation équivaut à un brevet de qualification et d’une qualification qui n’est pas seulement technique mais supportée avant tout par une reconnaissance morale. C’est une véritable délégation de légitimité ; l’État reconnaît leur contribution à l’intérêt général et leur en délègue la prise en charge. Les recours fréquents, tout au long de l’histoire, des pouvoirs publics à l’association ont contribué à renforcer cette figure de « bon Samaritain » : en temps de guerre (1914-1918 en particulier) ou plus récemment dans les années 1980 avec la découverte de la « nouvelle pauvreté ». Il suffirait de rappeler quelques épisodes emblématiques de ce phénomène comme L. Fabius, Premier ministre, recevant solennellement l’abbé Pierre à Matignon…

Raisons « fonctionnelles »

16Outre les raisons historiques, si une telle rhétorique semble prévaloir c’est peut-être aussi pour des raisons « fonctionnelles ». Comme cela a été mis en évidence par la sociologie des mouvements sociaux et plus particulièrement par les travaux de J. Gusfield, pour qu’une cause, un « problème social » devienne digne de l’attention publique,

  • 26 Lahire Bernard, L’Invention de l’« illettrisme », rhétorique publique, éthique et stigmates, Paris, (...)

il faut qu’il soit constitué comme un scandale, comme une situation intolérable, inadmissible eu égard à une ou plusieurs valeurs centrales de l’ordre social (l’Enfance, la Famille, l’Ordre public, la Démocratie, la Citoyenneté, l’Humanité, la Dignité.). Dès lors qu’il est considéré comme tel, à savoir comme une atteinte à l’Ordre, comme ce qui peut le remettre en cause, l’ébranler et le faire chuter […], ne rien faire serait le signe d’un mépris pour cette valeur centrale, le signe d’une irresponsabilité politique ou morale coupable de la part de ceux qui sont en charge des problèmes de la Nation ou du Pays. Tolérer l’intolérable, accepter l’inacceptable, admettre l’inadmissible, ne pas se lancer dans la lutte contre ce qui fait scandale, ne pas faire tout son possible pour rétablir l’équilibre social ou colmater les brèches de l’édifice social (selon le registre métaphorique retenu), serait alors faire preuve de lâcheté morale et politique26.

  • 27 Bourdieu Pierre, La Distinction, Paris, Les Éditions de Minuit, « sens commun », 1979, p. 533.

17Tout ce travail de construction d’une cause est indissociable d’une rhétorique associative, identifiable entre mille par sa propension à mettre en scène à la fois une interpellation collective, une émotion, une invocation de la responsabilité morale. Elle cède parfois à la tentation de recourir au registre du pathos qui reste un des moyens les plus assurés de mobiliser l’opinion et les médias. Comme l’avait relevé P. Bourdieu, la « dépense ostentatoire de bonne volonté » du bénévolat semble lui conférer le droit de s’indigner « au nom de l’impeccabilité de ceux qui ont payé de leur personne, qui ont fait tout leur devoir27 ».

  • 28 Voir Williams Rhys H., « the Public Good : Social Movements and Cultural Resources », op. cit., p. (...)

18L’autorité morale se donne volontiers comme au-dessus de la politique, dans une position de surplomb qui l’autorise à « interpeller », comme on l’entend souvent, les politiques, invoquer la morale, c’est se situer dans une position quasi (et parfois explicitement) transcendante. Elle constitue bien une ressource culturelle, un cadre rhétorique (rhetorical frame) avec lequel les mouvements fabriquent les revendications politiques publiques. Comme les mouvements ne peuvent se revendiquer d’intérêts particuliers, ils se donnent comme représentant le Bien public et ont donc besoin d’une rhétorique du Bien public qui leur procure une aura de légitimité28.

Les associations et leurs « spécificités méritoires »

  • 29 Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux, créée en 1947. (...)
  • 30 Faire société., op. cit., p. 133.
  • 31 Ibid., p. 141.

19Pour expliciter la croyance du monde associatif dans sa singularité irréductible et illustrer la mise en ouvre de cette logique, le plus pertinent est sans doute de voir une telle logique à l’ouvre dans le détail de son argumentaire. Je prendrai appui sur un ouvrage qui a compté dans le milieu, Faire société. Les associations au cour du social. Il a été publié en 1999 sous la direction de François Bloch-Lainé et coédité par l’Uniopss29, autant de preuves de sa capacité à traduire un point de vue associatif. Je retiendrai plus particulièrement la contribution de Maurice Parodi, autre figure tutélaire du milieu, intitulée « Les sciences sociales peuvent-elles légitimer les “spécificités méritoires” des associations ? » L’auteur tente de répondre aux deux questions suivantes : « Pourquoi et à quelles conditions l’association devrait-elle se substituer au marché d’une part pour répondre à certains besoins individuels, et à l’État d’autre part pour répondre à certains besoins collectifs30 ? » mais aussi « dans quelle mesure et dans quelles conditions les associations porteuses d’intérêt collectif peuvent-elles revendiquer la qualité d’“utilité sociale”31 ? » La spécificité associative y fait figure de présupposé. Les contributions de l’ouvrage s’emploient à illustrer cette singularité, ce sentiment-et souvent la revendication-d’être « à part ». S’y exprime la volonté de se considérer comme « le tiers », le troisième élément, celui qui reste partiellement étranger aux autres parties du tout. Les auteurs se prévalent de

  • 32 Ibid., p. 7.

méthodes spécifiques [qui] confèrent [aux associations] des « valeurs ajoutées » qui les distinguent des autres intervenants sur des terrains semblables et justifient, à leur bénéfice, des traitements spéciaux32.

20Ce leitmotiv de la littérature associative fonde la revendication d’une différence fondamentale qui justifierait un traitement lui-même différent. Du coup, en revendiquant un tel privilège d’altérité, il est des questions qui ne se posent pas, qui ne doivent pas se poser comme si elles étaient en deçà d’un questionnement licite.

  • 33 L’Expert associatif, le savant et le politique, Lochard Yves, Simonet Maud (dir.), Paris, Éd. Sylle (...)
  • 34 Faire société., op. cit., p. 127.

21De ce point de vue, la posture qui découle de ce présupposé est la même que celle qui concerne la question des savoirs associatifs33. Une idée prévaut spontanément dans le milieu. Il existerait une spécificité de l’action associative comme il existe une spécificité du savoir associatif. L’une comme l’autre seraient pourvus de mérites spécifiques, de « spécificités méritoires » selon une expression de François Bloch-Lainé34 reprise par Maurice Parodi. Cette spécificité interdirait que les savoirs issus du monde associatif soient appréciés selon les mêmes critères que les savoirs académiques. Ils seraient porteurs d’une charge de vécu, qui leur donnerait une qualité propre, qui les rendrait incommensurables avec les connaissances « froides » de la statistique publique ou plus généralement du monde universitaire.

  • 35 Voir leur contribution dans cet ouvrage.
  • 36 Bory Anne, De la générosité en entreprise. Mécénat et bénévolat dans les grandes entreprises en Fra (...)

22De même, l’action associative elle-même relèverait de critères d’appréciation différents de ceux de l’entreprise ou de toute autre activité humaine. Une telle posture morale mérite d’être appréciée en situation, confrontée à des indicateurs, mise à l’épreuve de l’enquête ethnographique. Elle demeure une attitude intentionnelle et il s’agit d’apprécier cette intention à la lumière d’indicateurs comme ceux que proposent ici Marie Loison-Leruste et Matthieu Hély35. Plus généralement, il s’agit de ne pas prendre cette intention de bien faire-ou de faire le bien-comme argent comptant mais de confronter une pétition de principe aux conduites dégagées par l’observation. C’est à une telle exigence que répondent par exemple les travaux récents d’Anne Bory sur le mécénat d’entreprise36 et les indications qui s’en dégagent sur le monde associatif (le regard indirect que procurent les observations qu’elle a faites sur l’attitude des « non profit organizations » aux États-Unis). L’enquête permet de confronter les intentions éthiques d’un milieu qui est prompt à les porter en écharpe et les conduites effectives, les stratégies auxquelles elles obéissent, les effets et les profits symboliques.

  • 37 « Avant-propos », in Faire société., op. cit., p. 6.
  • 38 De l’intérêt général à l’utilité sociale. La reconfiguration de l’action publique entre État, assoc (...)

23Avec cette posture éthique, on se situe bien dans une logique de prérogatives associatives qui alimente toute une rhétorique de la singularité, de l’exception, du propre, du spécifique. Selon M. Parodi, les « particularités qui produisent leurs mérites propres » se situeraient à deux niveaux, ceux de « la fonction qu’elles remplissent dans notre société » et de « leur mode de fonctionnement37 ». La notion d’utilité sociale38 relève du premier niveau. De nombreuses associations se sentent investies d’une mission d’utilité sociale et font valoir que certains intérêts collectifs ne peuvent sans injustice être renvoyés à l’égoïsme ou au corporatisme. Le caractère imprécis de la notion ne l’a pas empêchée de s’imposer progressivement dans le discours d’associations longtemps exemptées de rendre des comptes. Le bien fondé de leur démarche semblait aller de soi ; de plus, cette évidence était soutenue par la sacralisation de la société civile qui a prévalu à compter des années 1975-1980. Tout se passe comme s’il existait une attente d’un quitus donné a priori sur l’intention associative, synonyme d’altruisme, de générosité, de dévouement. De fait, cette posture comporte le risque de considérer certaines notions comme échappant à tout questionnement et le monde associatif peine à se défaire d’une telle logique qui reste un élément structurant de son positionnement dans le débat public.

24Quand on se situe au second niveau, celui du fonctionnement, la « qualité » et la « concurrence » sont de véritables interdits de discours comme le montre la contribution de Marie Loison-Leruste et Matthieu Hély. Est-il légitime d’évaluer la qualité de la prestation associative ? Peut-on considérer qu’il existe une concurrence au sein de ce monde ? ou la notion n’est-elle même pas envisageable ?

  • 39 Jankélévitch Vladimir, 2. La Méconnaissance, le malentendu, dans Le Jesais-quoinesais-quoi et le Pr (...)

25De ce fait, cette représentation de soi du monde associatif le place dans une position de surplomb moral et d’extériorité sociale vis-à-vis du monde social qui l’entoure. Il se pense volontiers dans une logique de légitimité allant de soi, acquise par destination et peu susceptible d’être remise en cause. Mais ce sur-affichage de la dimension éthique expose le monde associatif à ce qu’on lui demande des comptes. Comme le rappelle V. Jankélévitch, il y a une forme d’incongruité à proclamer soi-même sa propre vertu. « La seule idée que la vertu puisse être triomphale et battre tous les records dans une compétition a quelque chose de bouffon et même d’inconvenant39. » Maurice Parodi ne considère pas pour autant que les spécificités qu’il proclame devraient échapper à toute évaluation. Il conclut son article en rappelant que

  • 40 Faire société., op. cit., p. 153.

les « spécificités méritoires » ne peuvent être invoquées uniquement comme des postulats. Elles méritent d’être elles-mêmes confrontées à la fois aux actions effectivement mises en ouvre, c’est-à-dire aux productions sociales des associations et aux effets sociaux qu’elles engendrent40.

26C’est une telle confrontation qui est au principe de la démarche de cet ouvrage, tout particulièrement de cette section, mais aussi de la démarche qui inspire une sociologie du monde associatif. Loin de la dénonciation évoquée plus tôt, la posture d’investigation (ethnographique notamment) qui est la sienne amène à interroger ces présupposés, à apprécier l’idéal à l’aune des pratiques effectives. En un mot, à faire non pas une sociologie de l’association mais une sociologie de l’activité associative et de ses acteurs. Du coup, pour prendre au pied de la lettre la formule de M. Parodi, l’enjeu est d’« interroger les spécificités méritoires de l’action associative » au regard des sciences sociales. Les outils de la sociologie du travail peuvent être pertinents pour des activités qui ont pour cadre l’association, qui sont mises en ouvre par des bénévoles. Il s’agit d’interroger le privilège d’extériorité de l’univers associatif en rappelant que cette extériorité est le résultat d’un processus, qu’elle est construite par la représentation de soi du monde associa- tif, par le cadre historico-politique mais aussi qu’elle est entretenue, cultivée par ce monde. Elle est constamment réaffirmée, revendiquée en particulier dans un face-à-face en partie fantasmé avec l’État dont le secteur associatif constituerait à la fois l’envers et l’idéal à atteindre. Cette extériorité n’est donc pas une donnée immuable, un attribut substantiel de ce monde. La revendication d’un tel privilège d’extraterritorialité n’a tout simplement aucun sens de même que l’appréciation de la plus ou moins grande vertu d’un monde social.

27De même, tout cela invite à mettre en question une supposée innocence associative qui la préserverait de responsabilité dans les décisions prises par les pouvoirs publics. Le monde associatif n’est pas exempt d’influences sur la sphère étatique. L’interpénétration de l’État et de la société civile est un fait patent. On sait depuis certains travaux comment les instances qui structurent et fédèrent certaines sphères associatives ont pesé sur telle ou telle décision, ont « porté » telle ou telle mesure. Le travail de l’association c’est aussi celui qu’elle met en ouvre dans la co-construction de certains textes de loi. Les travaux d’Éric Cheynis ont montré comment ATD Quart Monde a été étroitement associé à la gestation de la loi de 1998 contre les exclusions, le rôle qu’a joué ce mouvement dans les orientations majeures de ce texte.

28Pour toutes ces raisons, il est légitime de se demander si l’extériorité dans laquelle l’association se plaît à se penser n’est pas l’effet d’une illusion qu’elle ne cesse d’alimenter par une rhétorique obstinée de la distinction qui lui confère à ses yeux un ample droit de mise en demeure éthique.

Notes

1 http://www.fonda.asso.fr/-Le-mot-du-President-.html.

2 Quatrième de couverture de Faire société. Les associations au cour du social, Bloch-Lainé François (dir.), Paris, Syros, 1999.

3 « Avant-propos », in Faire société…, op. cit., p. 6.

4 Ibid., p. 7. « méthodes spécifiques, au-delà du statut choisi, leur confèrent des “valeurs ajoutées” qui les distinguent des autres intervenants sur des terrains semblables et justifient, à leur bénéfice, des traitements spéciaux ? »

5 Hély Matthieu, Les Métamorphoses du monde associatif, Paris, PUF, « lien social », 2009, p. 3.

6 Angenot Marc, Dialogues de sourds, Paris, Mille et une nuits, 2008, p. 240.

7 « droits de l’homme ne sont pas une politique ».

8 Voir Lilian Mathieu, « pour une sociologie des croisades morales », in Déviance et Société, n°29, 2005-1, p. 3-12.

9 « Not in my backyard » : pas dans mon jardin.

10 « They claim to speak to and for the public good. » Williams Rhys H., « the Public Good : Social Movements and Cultural Resources », in Social Problems, 42, (1), février 1995, p. 124-144, notamment p. 124.

11 Ibid., p. 125.

12 Il y aurait tout une analyse à faire dans le discours associatif sur la locution « seulement » associée aux corrélatifs « mais », « mais encore », « mais aussi », « mais même », etc. comme moyen de traduire une plus-value associative.

13 Ravon Bertrand, Pichon Pascale, « à la rencontre : l’engagement des professionnels et bénévoles de l’aide auprès des “personnes en souffrance” », in Ce qui nous relie, Micoud André, Peroni Michel (dir.), La Tour-d’Aigues, Éd. de l’Aube, 2000, p. 71-87.

14 Bériot Louis, Le Bazar de la solidarité, Paris, J. -C. Lattès, 1985, p. 8.

15 Ibid., p. 7. De même, l’accusation d’être un « de l’administration » ou le procès récurrent de dépendance à l’égard de l’État pour son financement. Voir Récipon André, Associations : la révolution nécessaire (Paris, Fayard, 1990). A. Récipon, président de la fondation Raoul-Follereau : « mouvement associatif n’est pas indépendant en France dans la mesure où il dépend trop souvent de subventions, de détachement de personnel, de prix de journée, toutes opérations que l’Administration, qu’elle soit nationale, provinciale ou municipale, est seule à pouvoir attribuer » (p. 55).

16 Closets François de, Tant et plus, Paris, France loisirs, 1992, p. 339.

17 Kaltenbach Pierre-Patrick, Tartuffe aux affaires, génération morale et horreur politique, 1980-2000, Paris, Les Éditions de Paris, 2001, p. 89.

18 Closets François de, Tant et plus, op. cit., p. 355 et 361.

19 Elles sont d’abord d’ordre méthodologique. Je ne sous-estime pas les difficultés que présente l’exercice de prendre pour objet d’analyses des énoncés normatifs ou présentant une dimension normative, à plus forte raison dans ce cas, l’invocation de valeurs qui seraient à la source de l’action associative. N. Heinich a bien identifié ces difficultés (« La sociologie à l’épreuve des valeurs », in Cahiers internationaux de sociologie, n°121, 2006/2, p. 287-315) : comment traiter des énonciations normatives dans une approche descriptive ? Il s’agit bien ici de s’intéresser-à travers les discours produits par les associations-aux rapports des acteurs associatifs et des associations aux valeurs, d’apprécier ce qu’ils ont de particulier et tenter de comprendre comment ces rapports induisent un type d’engagement (un mode d’intervention et un retour réflexif sur des raisons d’agir) particulier.
On se gardera par ailleurs de sous-estimer les risques que représente l’adoption d’une vue cavalière qui expose à tenir des propos généraux sur le monde associatif, les associations. alors qu’il existe tout un continuum de postures qui va de la situation décrite ici jusqu’à, pour certaines d’entre elles, une grande vigilance à l’égard d’une logique morale. À relativiser aussi en fonction des contextes sociaux, des moments de l’histoire. (sur cet aspect de la dépendance des ressources à l’égard de contextes sociaux et idéologiques différents, voir Williams Rhys H., « the Public Good : Social Movements and Cultural Resources », op. cit., p. 127 ; Best Joel, « in claims-making : Constructing the missing children problem », in Social Problems, vol. 34, n°2, 1987, p. 101-121 ; Hatzfeld Nicolas, « en mouvance. L’action sociale et politique de catholiques à Sochaux-Montbéliard (années 1950-années 1990) », contribution au colloque « et associations en France : concurrence ou complementarité ? », au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, les 26 et 26 novembre 2004 (http://histoire-sociale.univ-paris1.fr/Collo/hatfeld.pdf).

20 « droit d’association est certainement un des premiers droits de l’homme », Récipon André, Associations : la révolution nécessaire, op. cit., p. 37.

21 Barthélemy Martine, Associations : un nouvel âge de la participation ?, Paris, Presses de Sciences Po, 2000, respectivement p. 38 et 40.

22 Ibid., p. 42.

23 Ibid., p. 56-57.

24 Ibid., p. 33.

25 Voir Ullman Claire F., The Welfare State’s Other Crisis. Explaining the new partnership between nonprofit organizations and the state in France, Bloomington, Indiana University Press, 1998.

26 Lahire Bernard, L’Invention de l’« illettrisme », rhétorique publique, éthique et stigmates, Paris, La Découverte, 1999, p. 153.

27 Bourdieu Pierre, La Distinction, Paris, Les Éditions de Minuit, « sens commun », 1979, p. 533.

28 Voir Williams Rhys H., « the Public Good : Social Movements and Cultural Resources », op. cit., p. 139 : « A vision of the good society is a useful rhetorical tool in public politics. It gives the movement a claim to a moral high ground and it defuses questions of self-interest when the movement meets opposition. »

29 Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux, créée en 1947. Voir Argoud Dominique, «’Uniopss : un “ministère privé des Affaires sociales” ? », in Revue française des affaires sociales, n°3, juillet-septembre 1992, p. 93-103.

30 Faire société., op. cit., p. 133.

31 Ibid., p. 141.

32 Ibid., p. 7.

33 L’Expert associatif, le savant et le politique, Lochard Yves, Simonet Maud (dir.), Paris, Éd. Syllepse, « présent avenir », 2003.

34 Faire société., op. cit., p. 127.

35 Voir leur contribution dans cet ouvrage.

36 Bory Anne, De la générosité en entreprise. Mécénat et bénévolat dans les grandes entreprises en France et aux États-Unis, thèse de doctorat, sociologie, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2008, 596 p. (dactyl.). Voir également sa contribution avec Maud Simonet dans cet ouvrage.

37 « Avant-propos », in Faire société., op. cit., p. 6.

38 De l’intérêt général à l’utilité sociale. La reconfiguration de l’action publique entre État, associations et participation citoyenne, Engels Xavier, Hély Matthieu, Peyrin Aurélie et al. (dir.), Paris, L’Harmattan, « sociales », 2006.

39 Jankélévitch Vladimir, 2. La Méconnaissance, le malentendu, dans Le Jesais-quoinesais-quoi et le Presque-rien, Paris, Éditions du Seuil, 1980, p. 100.

40 Faire société., op. cit., p. 153.

Auteur

Chercheur, Institut de recherches économiques et sociales (Ires)

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search