Identification des chaînes opératoires
p. 165
Texte intégral
1Identifier les chaînes opératoires céramiques est un exercice difficile pour plusieurs raisons. La première est que chaque geste produit des traces qui sont en mesure d’oblitérer les traces précédentes. C’est ainsi que les opérations de finition ont tendance à oblitérer les opérations de façonnage et qu’un potier habile et soigneux est en mesure de fabriquer des récipients qui, à l’œil nu, ne présentent aucun signe susceptible d’indiquer la séquence de fabrication. La seconde raison est le caractère multivoque, polysémique, des macro-traces céramiques : non seulement une même trace peut être obtenue par des techniques différentes, mais aussi une même technique peut engendrer des traces différentes. Ainsi, des stries parallèles sur un bord peuvent être obtenues à l’aide ou sans l’aide de l’ECR ; une cassure horizontale en forme de U peut être obtenue sur un récipient fait au colombin ou sur un récipient successivement tourné et martelé ; ou encore des coups de feu sur la panse d’un récipient peuvent être produits lors d’une cuisson ouverte ou en four. Enfin, une dernière raison tient aux processus taphonomiques qui peuvent affecter la bonne conservation des céramiques.
2La difficulté de l’exercice explique que la technologie céramique ait mis plus de temps que la technologie lithique à se développer, alors même que les bases étaient jetées dès les années soixante1. Depuis, des recherches ont été faites à partir de travaux expérimentaux et ethnoarchéologiques. Elles montrent qu’il est possible d’identifier les gestes techniques à partir d’une analyse fine de traits macro- et microscopiques. Toutefois, ces recherches sont en cours, loin d’être abouties, et dans ce chapitre, il est surtout question d’un bilan des connaissances actuelles et de l’approche à suivre pour les enrichir dans le futur.
3Deux grandes parties structurent ce chapitre, une première partie traite de la préparation du matériau argileux, et une seconde du façonnage, des finitions, des traitements de surface, des décors et de la cuisson. Ces deux parties sont distinctes car elles font appel à des référentiels distincts : d’un côté ceux issus des connaissances géologiques et pédologiques, de l’autre ceux issus des connaissances en ethnographie et sciences des matériaux. Il s’ensuit des grilles descriptives différentes dont la combinaison doit permettre, à terme, la reconstitution des chaînes opératoires.
Notes de bas de page
1 Balfet 1966 ; Franken 1970 ; Franken 1978 ; van der Leeuw 1977.
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