L’Université populaire Quart Monde
|Les fondements théoriques de la construction du savoir émancipatoire
Histoire et enjeux des Universités populaires
Texte intégral
1L’Université populaire Quart Monde a une certaine filiation mais aussi des différences majeures avec les institutions auxquelles elle s’apparente : d’une part les « Universités populaires » dans le sens originel du terme, et d’autre part, « l’Université ». Il est important de faire ces distinctions pour commencer notre démarche exploratoire et mieux en comprendre les enjeux politiques, sociaux et éducatifs. Mais auparavant, comme les Universités populaires dans leur ensemble ont un ancrage historique fort et une parenté avec l’éducation populaire, nous allons les évoquer pour situer notre contexte.
2En 1789, l’Assemblée nationale a proclamé l’égalité des droits dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Condorcet affirme que cette proclamation ne suffit pas pour que l’égalité soit effective. Elle doit être accompagnée d’une instruction. En avril 1792, il remet à l’Assemblée un rapport intitulé L’organisation générale de l’instruction publique. Dans son discours de présentation, il fut très applaudi lorsqu’il déclara :
- 1 . Condorcet Jean Antoine, « Rapport et projet de décret relatifs à l’organisation générale de l’ins (...)
Tant qu’il y aura des hommes qui n’obéiront pas à leur raison seule, qui recevront leurs opinions d’une opinion étrangère, en vain toutes les chaînes auront été brisées, ces opinions de commande seraient d’utiles vérités. Le genre humain n’en resterait pas moins partagé entre deux classes : celle des hommes qui raisonnent et celle des hommes qui croient, celle des maîtres et celle des esclaves1.
3C’est reconnaître à l’instruction une finalité civique : l’instruction permet d’établir une égalité de fait, de rendre effective l’égalité politique reconnue par la loi. Condorcet affirme également le devoir qu’a la société d’assurer cette instruction.
- 2 . Verrier Christian, « Éducation populaire, citoyenneté, culture et pédagogie », in Pratiques de fo (...)
4Cette vision politique, si juste soit-elle, ne va s’inscrire dans l’histoire que par à-coups. Le projet de former des citoyens plus conscients de leur propre devenir et de celui de la société à laquelle ils appartiennent, plus aptes à participer activement à la vie de leur pays reste largement inachevé. C’est un défi pris en compte par l’éducation populaire2 dont les Universités populaires sont un outil. Nous verrons comment l’Université populaire Quart Monde y trouve sa filiation mais aussi s’en démarque à plusieurs titres.
LES ENJEUX POLITIQUES ET SOCIAUX DE L’ÉDUCATION POPULAIRE
Accomplir une transformation sociale
5Face à l’inégalité d’accès à l’instruction et à l’éducation, l’éducation populaire cultive une perspective de changement social qui tendrait à réduire les inégalités dans les domaines sociaux, économiques et culturels.
6Les individus doivent pouvoir s’approprier les moyens nécessaires, ceux de la « culture », qui vont leur permettre de devenir des citoyens et d’accéder à une prise de conscience individuelle et collective, à un échange d’idées mobilisatrices pour provoquer ce changement.
7La citoyenneté, précisément, a été une constante dans l’histoire de l’éducation populaire. Mais, dans la période récente, son exercice est de plus en plus difficile. L’univers politique est souvent désavoué faute d’emprise suffisante sur le réel. Il s’agirait donc de raviver la notion même de citoyenneté, de plus en plus démobilisée par la société de consommation et par l’information de masse de mauvaise qualité, pour que les plus défavorisés puissent devenir porteurs de projets et donc acteurs démocratiques, eux qui ont le sentiment de n’avoir aucune possibilité d’agir sur le monde ni même sur leur propre destinée. Il y a donc là un enjeu de transformation sociale considérable pour l’éducation populaire.
Atteindre un public populaire
8Implicitement, l’éducation populaire entend cibler la partie du peuple la moins instruite, la moins cultivée ou éduquée. Or historiquement, elle n’a pas atteint ce public-là, au dire même des différents responsables associatifs.
9Ces derniers, qui ont à l’esprit le sens du bien commun et de l’intérêt collectif, cherchent une mise à disposition de tous des savoirs et connaissances. Mais il est difficile d’y arriver avec les classes réellement populaires. Il ne suffit pas de souhaiter ou de déclarer s’adresser à elles. La question des non atteints ou des prétendus « non atteignables » reste massive.
10Une autre question se pose, celle de savoir quelle culture doit véhiculer l’éducation populaire. S’agit-il de faire accéder le peuple aux corpus scolaires reconnus, à un savoir dont il a été tenu à l’écart, dont il n’est pas forcément demandeur, mais dont on estime qu’il lui serait nécessaire ? Ou bien s’agit-il de valoriser sa propre culture et d’en dégager le sens, à ses propres yeux mais aussi pour le reste du corps social ?
11Il y aurait donc la culture savante ou lettrée et la culture du peuple. Mais ne peut-on envisager également une troisième voie qui mettrait au jour une culture partagée, empruntant aux deux précédentes pour aboutir à une nouvelle forme culturelle, à un renouvellement de la pensée et de l’action ?
Affirmer la démocratie
12Aujourd’hui, les responsables des associations d’éducation populaire visent une prise de conscience active des évolutions et des complexités de la condition humaine, une possibilité de re- créer du lien social et d’ouvrir des perspectives. L’éducation populaire a le rôle de faire redécouvrir à l’individu son pouvoir d’action, avec d’autres et grâce aux autres, sur lui-même, sur son histoire et son environnement. Cette interpellation peut se faire dans la liberté car l’éducation populaire a la grande chance et la grande force de pouvoir définir librement ses choix, ses objectifs, ses finalités, ses méthodes.
13L’éducation populaire dispense donc des savoirs qui permettent à chacun de se les approprier, de devenir davantage capable de dialoguer avec d’autres, d’analyser les situations auxquelles il est confronté et de rentrer dans le jeu démocratique.
14De nombreuses associations engagées dans des quartiers très défavorisés opèrent des médiations là où les autorités publiques sont largement impuissantes. Se pose alors pour elles la question de savoir comment agir : en tant qu’agents de normalisation ou en tant qu’éveilleurs de conscience ?
15Les Universités populaires sont un outil privilégié de l’éducation populaire. Nous allons évoquer des exemples à travers l’histoire pour affiner la réflexion sur ces enjeux.
LES UNIVERSITÉS POPULAIRES EN FRANCE AU XIXe SIÈCLE
« La coopération des idées »
16La première, appelée « La coopération des idées », est inaugurée le 9 octobre 1899 au Faubourg Saint-Antoine à Paris. Gabriel Séailles, président de la Société des niversités populaires, la définit ainsi :
- 3 . Tétard Françoise, « Vous avez dit éducation populaire. Itinéraire chronologique », in Agora, revu (...)
Elle est avant tout une association intellectuelle et morale d’égaux volontaires. L’idée qui est au principe de son existence est l’idée de la société meilleure qu’elle commence. Son ambition est d’aider les hommes à s’élever jusqu’à la vie humaine, pour cela de les rendre de plus en plus capables de s’affranchir, en les libérant de la servitude intérieure qui entraîne toutes les autres3.
17Charles Guieysse, polytechnicien et secrétaire de la Société, précise :
- 4 . Ibid., p. 77.
C’est une association laïque qui se propose de développer l’enseignement populaire supérieur, qui poursuit l’éducation mutuelle des citoyens de toutes conditions, qui organise des lieux de réunion où le travailleur puisse venir, sa tâche accomplie, se reposer, s’instruire et se distraire. Les Universités populaires sont l’aboutissement de deux grands mouvements : le mouvement ouvrier et le mouvement scolaire4.
18Elle est créée à l’initiative de Georges Deherme et d’ouvriers de Montreuil-sous-Bois. Deherme est un ouvrier typographe autodidacte qui veut favoriser l’émergence de l’élite ouvrière, dont il fait lui-même partie et qui est exclue des lieux d’enseignement traditionnels. Il déclare :
- 5 . Mercier Lucien, Les Universités populaires 1899-1914. Éducation populaire et mouvement ouvrier au (...)
Une étude plus sérieuse arrachera l’élite prolétarienne aux superstitions qui l’égarent. Et connaissant les principales lois de la sociologie, de la psychologie collective, elle aura la puissance de la suggestion sur la masse moutonnière pour la mener vers la liberté et la justice5.
19Deherme devra convaincre pour faire admettre l’idée d’un enseignement supérieur populaire. Il est certain que cet enseignement est accessible tout autant qu’indispensable à l’élite ouvrière. Il ne souhaite pas que ce soit une pâle copie de l’université officielle.
- 6 . Ibid., p. 24.
Pas question d’une imitation de la Sorbonne, d’un institut officiel qui ne réponde en rien aux besoins de ceux à qui il serait destiné6.
20L’éducation mutuelle dans un esprit d’amitié est la méthode requise. Pour Deherme, elle doit être un effort « pour chercher par l’entente des esprits les concerts des volontés ». La « coopération » est pensée ainsi : l’ouvrier a besoin du savant pour acquérir une méthode d’étude ; en retour l’intellectuel reçoit du travailleur manuel une expérience concrète de la vie. L’Université populaire est le lieu où l’on met en commun des idées pour les échanger au plus grand profit de tous.
21Il y a une impulsion spectaculaire des Universités populaires les premières années. Elles sont au nombre de 124 en 1901 avec 50 000 adhérents et la Société des Universités populaires est reconnue d’utilité publique. L’adhésion ouvrière est grande. Elle confirme l’aspiration de la classe populaire à la culture.
22Les deux tiers des créations sont dues à l’initiative d’ouvriers. Les ouvriers, employés de commerce et fonctionnaires présents sont souvent ceux qui sont privilégiés dans leurs conditions de travail et acquis aux idées d’émancipation. Le secrétaire de l’Université populaire du centre de Paris, nommée « Le réveil », commente :
- 7 . Ibid., p. 76.
Les rares ouvriers qui habitent le quartier sont pour la plupart imprimeurs, typographes, mécaniciens, voire cordonniers, acquis à nos idées, énergiques et relativement instruits parce que leurs professions sont parmi les moins mal payées, parmi celles où le labeur est le moins écrasant : ce sont eux qui forment dès à présent le noyau de notre Université populaire. Les ouvriers qui travaillent aux Halles ne viendront pas. Leur travail est trop dur, trop absorbant, il les écrase et les abrutit7.
L’emprise des intellectuels et le déclin du mouvement
23Malgré la présence massive des adhérents ouvriers, l’Université populaire subit rapidement l’emprise des intellectuels, qui ont un rôle disproportionné dans le fonctionnement. Peu d’universités se donnent un président ouvrier. Il y a peu de concertation dans le choix des thèmes des conférences qui, de ce fait, ne correspondent pas forcément aux attentes des ouvriers. Très rarement, les ouvriers sont conférenciers.
24La recherche d’échanges entre intellectuels et ouvriers est difficile à tenir. Ils ont toutefois existé :
- 8 . Ibid., p. 78.
Un charretier y disputa sur le droit et la force avec une agrégée de l’Université, sur la mendicité des enfants avec un professeur de la Sorbonne8.
25De nombreux sujets sont abordés : philosophie, histoire, littérature, économie politique et sciences. Les conférences, n’ayant pas de succès parce que trop magistrales et solennelles, sont remplacées par des causeries qui autorisent de meilleures relations. Mais le risque de mainmise des intellectuels, ayant de l’éducation, du temps et une large place dans le fonctionnement de l’Université populaire, remet en cause le principe d’éducation mutuelle.
26Ainsi, après un essor de grande ampleur, un désenchantement et un déclin se dessinent en quelques mois. Les Universités populaires ne peuvent satisfaire des intérêts contradictoires entre intellectuels bourgeois et ouvriers. Elles deviennent une tribune politique. Les ouvriers ont peur d’être utilisés. Les intellectuels sont contestés dans leur statut et dans leur fonction enseignante.
27Durkheim, au Congrès international de l’éducation sociale en 1900, considère que les Universités populaires sont incapables d’accomplir leur mission. Il regrette la diversité des enseignements qui ne peuvent qu’accroître la confusion. Il dit :
- 9 . Ibid., p. 111.
Ce qu’il faut, c’est munir les travailleurs de notions précises qui puissent guider leur action politique et de connaissances techniques qui puissent leur servir dans leur pratique professionnelle. C’est relever leur condition morale autant que matérielle9.
28Beaucoup d’ouvriers abandonnent l’Université populaire, ne trouvant pas ce qu’ils étaient venus chercher. Les intellectuels sont maladroits dans leurs attitudes. L’un d’entre eux vient en ethnologue assouvir sa curiosité. Il se présente en bourgeron et en sabots, ce qui est perçu comme une atteinte à la dignité ouvrière. La familiarité, le tutoiement, l’usage du terme « camarade » ou « citoyen » ne sont pas toujours appréciés. Le langage abstrait des conférenciers est incompréhensible pour les non-initiés.
29Enfin, les ouvriers, après leur journée de travail de dix heures, sont très fatigués, ce qui indispose pour écouter un conférencier.
30Faute d’avoir effacé les distinctions entre enseignants et enseignés, faute d’avoir recherché une pédagogie originale, les adhérents de l’Université populaire ont oublié les raisons d’être de leur rencontre : l’éducation mutuelle. Certains commencent à croire que le prolétariat doit avoir son propre enseignement. La question des rapports entre les Universités populaires et les syndicats, les coopératives, les comités politiques se posent.
31En 1902, l’essor des Universités populaires s’arrête. Elles étaient au nombre de 15 en 1899, 124 en 1901, elles ne sont plus qu’une vingtaine à la veille de la guerre en 1914. Elles vont ensuite évoluer vers un service social se préoccupant d’assistance, de questions de santé, de logement, de socialisation familiale, de vacances.
32Malgré ce déclin rapide, l’existence des Universités populaires a montré un réel besoin que les institutions ouvrières, partis ou syndicats, ne pouvaient satisfaire. Il y a un espace vacant de l’ordre de l’instruction, de la socialisation, du changement social.
33Charles Péguy juge très sévèrement les Universités populaires :
- 10 . Ibid., p. 145.
Autant que personne, je sais combien ces efforts bourgeois, intellectuels, distillés d’en haut sur le monde ouvrier étaient factices, vides, vains, creux, combien ils étaient artificiels, superficiels10.
34Ce jugement sans appel montre que la question posée par les Universités populaires est profonde.
35Les enjeux sont donc multiples. On saisit l’ancrage dans le contexte socio-historique : la progression du mouvement ouvrier et la revendication de l’instruction. On voit la finalité humaniste ou émancipatoire et les implications politiques qui peuvent être contradictoires. La classe politique dominante espère contenir le développement du mouvement ouvrier, alors que ceux qui sont sans pouvoir espèrent en acquérir.
36La participation même des ouvriers est révélatrice : seule l’élite ouvrière peut-elle y prendre une part active au détriment des moins instruits et des moins disponibles ? La relation entre les ouvriers et les intellectuels est aussi clairement posée. Cette expérience laisse percer une aspiration forte d’un savoir émancipatoire et d’une relation interactive entre personnes issues de milieux sociaux différents.
LES UNIVERSITÉS POPULAIRES CONTEMPORAINES
37Après la Première Guerre mondiale, certaines associations relancent l’Université populaire, comme c’est le cas à Bourges avec Simone Weil en 1935. Après la coupure du second conflit mondial, le mouvement se développe en 1963 en Alsace avec l’Université populaire du Rhin, en s’inspirant des Volkshochschülen allemandes. Les Universités populaires sont maintenant très présentes en France. L’Association des Universités populaires de France (affiliée à une association européenne) revendique soixante adhérents, mais il y en a plus en réalité car de nouveaux réseaux très actifs créés depuis 2000 n’en font pas partie : l’Université populaire de Caen et ses affiliées, l’Université de Tous Les Savoirs, l’Université inter-âges, l’Université populaire de l’eau et du développement durable, l’Université populaire du goût … Le Musée des arts premiers a inauguré l’Université populaire du Quai Branly à l’automne 2007. Le Parti socialiste envisage d’en ouvrir une. L’engouement est grand.
- 11 . Defraigne Tardieu Geneviève, « L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir éman (...)
38À l’été 2008, le centre de conférences de Cerisy-la-Salle organise un colloque intitulé Les Universités populaires hier et aujourd’hui. Un effort est fait pour provoquer la rencontre et l’échange entre des représentants de certains de ces réseaux d’Universités populaires, montrer leur origine historique et discuter leurs visées et spécificités11. La pérennité des Universités populaires est frappante. Celle de Lille, fondée au xixe siècle, a fonctionné de façon ininterrompue et est très vivante. À l’issue de ce colloque, un site Internet est créé afin de donner plus de visibilité et de clarté à cette multiplicité d’offres tout en respectant l’identité et la spécificité de chaque réseau.
39Il est à noter que plusieurs de ces initiatives sont nées à la suite du choc ressenti dans le pays lors de la présence d’un candidat du Front national au second tour de l’élection présidentielle en 2002.
Dynamisme, diversité et disparité
40Il y a une grande diversité et même une disparité parmi les réseaux des Universités populaires et avec les quelques Universités populaires qui n’appartiennent pas à un réseau. Nous ne les passerons pas toutes en revue mais nous mentionnerons certaines d’entre elles dont les caractéristiques sont utiles à notre propos.
L’Association des Universités populaires de France
- 12 . Rambaud Denis, Jannerat Marc, Apprendre avec plaisir. Refonder les relations sociales. L’éducatio (...)
- 13 . En 1947, création de la Fédération française des associations culturelles ; en 1992 création offi (...)
41L’Association des Universités populaires de France12 fonctionne depuis de nombreuses années13. Cet organisme d’éducation populaire procure des savoirs théoriques et pratiques, propose à tous un enseignement ou des activités selon la curiosité, les talents, les compétences de chacun. Il veut promouvoir le lien social et la citoyenneté, en souscrivant à trois principes de l’éducation populaire : la non-sélectivité de l’accès aux activités, la contribution au développement local et la reconnaissance de la diversité des modes de fonctionnement.
42La notion de savoir partagé y est développée. Cette dynamique consiste à encourager chacun dans sa curiosité à découvrir, à apprendre lors de cours orientés vers les loisirs culturels ou la formation professionnelle, à continuer sa formation au-delà de l’enseignement scolaire pour devenir un citoyen libre et responsable. Il y a là une démocratisation de l’accès à une formation continue sur une longue durée, pour un large public et sur l’ensemble du territoire français.
43L’Université populaire ne délivre pas de diplômes ou de titres officiellement reconnus à la fin de la formation. Elle complète et diversifie les savoirs proposés par l’éducation formelle. L’accent est mis sur l’instruction par le moyen des cours et sur l’éducation par les autres activités adjointes.
44S’il n’y a pas de sélectivité dans l’accès aux activités, celle-ci risque de s’exercer de fait. Assister à des cours magistraux nécessite toutes sortes de prérequis qui ne sont pas un obstacle pour la grande majorité des personnes ayant suivi une scolarité satisfaisante, mais qui en sont un pour les autres. Lorsqu’il faut payer pour accéder aux cours, l’obstacle financier va jouer également contre le but affiché de l’accessibilité à tous.
45La dimension de la citoyenneté varie certainement en fonction des activités et des cours. La transformation sociale est amorcée par l’éducation et par les changements qui s’opèrent chez les individus, mais la dimension collective du changement social ne semble pas un but clairement affiché.
L’Université de Tous Les Savoirs
- 14 . Sans porter le nom d’Université populaire, cette initiative s’en rapproche. Elle est spécialement (...)
46Initiée en l’an 2000, l’Université de Tous les Savoirs14 organise des cycles de conférences par les plus grands spécialistes dans l’esprit du bilan encyclopédique et du questionnement d’avenir. Quarante à quatre-vingts conférences sont organisées tous les ans à l’université de Paris V René Descartes avec une fréquentation moyenne de 750 personnes. Cette association a pour but de diffuser les savoirs actuels vers le grand public par tous les moyens techniques. Les conférences sont disponibles gratuitement sur le réseau Internet et éditées en livres de poche.
47Il n’y a pas de remise en cause de ces savoirs reconnus mais un effort pour les diffuser, ce qui constitue incontestablement une nouvelle donne. Mais la gratuité ne permet pas à elle seule l’accès à tous de ces savoirs. Il faut une solide formation intellectuelle pour pouvoir bénéficier de cette offre. L’aspect de transformation sociale n’est pas évoqué comme un but en soi, mais ce nouveau type de diffusion du savoir en lui-même en est une.
L’Université populaire de Caen et ses affiliées
- 15 . Corcuff Philippe, « L’alliance conflictuelle de l’universitaire et du peuple », in Agora, revue d (...)
48Elle a été initiée en 2002 par le philosophe Michel Onfray, en revendiquant la filiation à l’Université populaire de Deherme. Le but est de démocratiser la culture en conjuguant l’exigence du savoir, la gratuité, l’interactivité. La culture y est essentiellement centrée autour de la philosophie. Cette initiative a essaimé puisque huit autres Universités populaires ont été créées à sa suite. Celle de Lyon a été créée en 2005. Philippe Corcuff15, cofondateur, déclare qu’il s’agit de rendre accessibles des savoirs critiques à un public qui n’aurait pas ou plus accès à l’université classique. L’Université populaire est ouverte à tous sans condition d’âge ou de diplôme ; elle se tient dans l’amphithéâtre d’un lycée technique. Les cours sont disponibles gratuitement sur Internet. Les enseignants, bénévoles, ayant un fort ancrage universitaire, dispensent des cours en sciences sociales, philosophie, littérature, avec le souci de ne pas rester dans l’académisme. Les savoirs critiques sans légitimité universitaire sont également recherchés. Il y a une heure de cours magistral suivie d’une heure de débat, trois fois par semaine, pouvant réunir jusqu’à 200 personnes.
49Il s’agit, selon le cofondateur de l’Université, de maintenir l’équilibre entre la transmission des savoirs constitués et la discussion critique de ces savoirs comme de la parole exclusive de l’enseignant. Il se situe dans une épistémologie équilibrant distanciation scientifique et engagement social. Il n’y a pas de coproduction du savoir comme c’est le cas dans une autre Université du réseau où de petits ateliers philosophiques permettent cette démarche.
- 16 . Michelet Jules, Le Peuple, Paris, Flammarion, 1992.
50Le caractère populaire de cette Université doit être compris dans un sens bien spécifique : le sens républicain qui renvoie à la notion de peuple souverain. Le peuple doit pouvoir déployer sa raison pour exercer sa souveraineté. Mais là encore, ne peuvent s’intéresser aux cours que ceux qui ont déjà une formation intellectuelle ou qui ont une démarche d’autodidacte. Cette Université populaire n’a pas la vocation de compenser l’échec scolaire. Ce caractère populaire a été largement débattu au colloque de Cerisy-la-salle. Pour les membres de ce réseau, la référence est celle de Michelet dans son ouvrage Le Peuple16 de 1846.
51Le caractère politique de cette Université populaire réside dans l’expérience de transmission, d’appropriation et de discussion critique des savoirs. Cette démarche de « revalorisation de la culture expérimentale », selon Corcuff, tend à renforcer le troisième des piliers du socialisme – l’action parlementaire, l’action syndicale et l’action coopérative. C’est une ouverture pratique de résistance à la marchandisation, dans l’émergence altermondialiste.
L’Université populaire de la cité des 4 000
- 17 . Manifeste de l’Université populaire de la cité des 4 000, « Nouveau millénaire, Défis libertaire (...)
52Cette association a été créée en 2001 par Florence Aubenas, – elle est soutenue par Miguel Benasayag – à l’initiative du Collectif Malgré Tout17, et de l’association Africa, située dans le quartier des 4 000 à La Courneuve en Seine-Saint-Denis, afin de réagir à plusieurs crimes racistes. L’Université populaire a fonctionné plusieurs années, a donné lieu à un café culturel en 2003 puis a cessé. Son principe est néanmoins intéressant. Le terme « Université populaire » ne doit pas laisser entendre qu’il s’agit d’adapter les savoirs universitaires aux personnes qui n’y ont pas eu accès. Le savoir véhiculé par cette Université populaire est « précisément produit par les personnes qui y participent ». Chacun est censé être porteur de savoirs et de savoir-faire multiples qu’il s’agit de mettre au jour. Il faut faire « accoucher » les savoirs dont les personnes sont détentrices sans forcément les nommer comme tels. Il ne s’agit pas non plus d’opposer les savoirs « bourgeois et oppresseurs » aux savoirs populaires. La tâche de l’Université populaire est la « socialisation et l’appropriation des savoirs ». Des enquêtes de « récupération des savoirs » ont eu lieu sur différents thèmes avec le projet de réaliser des brochures pour constituer une bibliothèque populaire.
- 18 . Benasayag Miguel, « Créer ensemble ses propres savoirs », in Le Monde de l’Éducation, n ° 360, 20 (...)
53Miguel Benasayag, inspirateur de cette université, met en garde contre la notion « d’homme de compétence », un homme dont le savoir hyper spécialisé n’a plus de lien avec la réalité. Selon lui l’abandon de l’idéal de l’humanisme des Lumières à la conquête de la connaissance a laissé place à une nouvelle figure produite par la société néolibérale : « l’homme de compétence, figure moderne de la barbarie18 ».
54L’Université populaire des 4 000 va à l’encontre de cet état de fait. Par exemple, en refusant la problématique de l’insécurité et en refusant tout discours préétabli sur le sujet, des jeunes de 18 à 25 ans, répartis en quinze groupes de recherche, ont posé autour d’eux la question : « Comment vivez-vous l’insécurité ? » Ce fut le moyen de passer d’une identité subie à un savoir choisi. Produisant son propre savoir, chacun a pu se défaire de ses préjugés sur l’insécurité. Une jeune femme de l’association Africa a ensuite présenté un exposé sur la souffrance des jeunes en banlieue à un congrès international de pédopsychiatrie. Benasayag conclut :
C’est dans cette perspective que l’université classique et l’Université populaire doivent et peuvent s’agencer. Il suffit simplement d’estimer le savoir dont l’autre est porteur.
- 19 . Héber-Suffrin Claire, Giordan André, Savoirs émergents. Quels savoirs pour aujourd’hui ?, Nice, O (...)
55Les « savoirs émergents19 » selon Claire Héber-Suffrin, issus des Réseaux d’échanges réciproques des savoirs, se rapprochent de la production d’un savoir coproduit. Ils sont dans cette mesure plus proches de l’idéal de rencontre et de croisement des savoirs porté par les fondateurs des Universités populaires en France. L’Université populaire de La Courneuve, qui fait émerger les savoirs d’une population exclue et non reconnue pour ses savoirs, est celle qui est la plus proche de notre recherche.
56Les Universités populaires contemporaines sont donc extrêmement diverses, mais elles ont en commun de chercher à ré- pondre aux questions existentielles qui se posaient déjà au xixe siècle et qui ont tourné court. Le contexte sociohistorique est différent mais reste néanmoins important pour comprendre et expliquer la renaissance des Universités populaires. Il s’agit toujours d’accéder plus pleinement à la citoyenneté et de créer un projet réduisant les inégalités culturelles, sociales et économiques. Le système scolaire ne joue pas ce rôle à lui seul. Le développement de la société de l’information et de la communication fait naître de nouveaux besoins, donne de nouveaux moyens mais aussi écarte plus gravement ceux qui n’y ont pas accès. Enfin, l’individuation de la société modifie profondément les relations sociales et prive de références communes et de recherche de sens. Dans ce contexte, l’éducation – au sens de « former », conduire « hors » du modèle dominant – trouve pleinement sa légitimité.
- 20 . Verrier Christian, « La Liberté d’apprendre et d’enseigner dans les Universités populaires », Com (...)
57C’est un effort de résistance à l’information de masse, à l’uniformisation des savoirs au profit de l’émergence d’une multiplicité des savoirs. C’est un effort de diffusion gratuite de savoirs de qualité contre la marchandisation des savoirs. C’est un effort de liaison entre les cultures savantes et les cultures populaires. Même imparfaites, ces tentatives de résistance confèrent un grand intérêt aux Universités populaires20.
Université versus Université populaire
58L’enjeu qui traverse toutes les Universités populaires au xixe et au xxe siècle est la remise en cause du savoir universitaire. La formule « L’homme de compétence, figure moderne de la barbarie », est sans appel. Elle oblige à remettre en cause l’omnipotence du savoir universitaire et à se poser la question de la production et de la validation des savoirs.
- 21 . Il signe l’article « Université » dans l’Encyclopaedia Universalis (http://www.universalis.fr, co (...)
- 22 . Bourdieu Pierre, Passeron Jean-Claude, Les Héritiers, les étudiants et la culture, Paris, Édition (...)
59Touraine définit l’Université comme une « organisation reposant sur des valeurs reconnues comme légitimes et centrales pour la société, étroitement associée à la classe dirigeante et gérée selon des normes décidées par les autorités politiques centrales21 ». Dans ce cas, l’Université fonctionne comme un lieu d’élaboration de code culturel, plutôt que comme un lieu de production de connaissances nouvelles. Bourdieu et Passeron ont aussi dénoncé la fonction de reproduction sociale exercée par l’université22.
60Touraine entrevoit un changement possible à cause du rôle croissant de la connaissance, de la rapidité des changements économiques et sociaux, de l’extension de toutes les formes de participation et de contrôle social qui peuvent s’exercer sur l’université ; changement qu’il souhaite.
61Si ce changement ne se produit pas, l’Université fonctionne comme un conservatoire qui garde et qui enseigne ce qui relève du passé. Elle contribue à créer une image en accord avec les intérêts dominants, et produit un discours dominant et impersonnel. L’Université assume plus ou moins consciemment ce rôle en se donnant la mission de former une élite sociale et aussi en interprétant l’ensemble des informations disponibles, ce qui n’est pas séparable du maintien des inégalités sociales.
- 23 . Également signataire de l’article « Université » de l’Encyclopédie Universalis.
62L’université est faite pour l’élaboration critique du savoir, pour sa transmission méthodique et pour sa remise en question perpétuelle. Elle doit être féconde, créatrice et apte à se remettre en cause. On peut parler de véritable « pouvoir universitaire », selon l’expression de Duméry23, parce que la possession et le partage du savoir représentent plus que jamais une force d’avenir pour les citoyens. En ce sens l’université a une grande responsabilité.
- 24 . Rey Alain, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 2000.
63Lorsque le substantif « université » a commencé à être employé au xiiie siècle, il signifiait la totalité et désignait la communauté humaine. Aujourd’hui, on peut estimer qu’il doit représenter et servir la communauté humaine24, ce qui reste à accomplir.
CONCLUSION
64Cette analyse des Universités populaires « hier et aujourd’hui » permet de poser des questions qui vont soutenir notre recherche.
65Les Universités populaires, au sens originel du terme, s’inscrivent dans un projet de transformation sociale en s’efforçant de réduire les inégalités d’accès à l’instruction et à l’éducation. La transformation sociale passe par une action citoyenne. Les moyens de la culture permettent à l’individu de devenir citoyen en développant une conscience autonome, individuelle puis collective. Comment se jouent ces prises de conscience ?
66Les Universités populaires favorisent l’affirmation de la démocratie, en redéployant des liens sociaux et en ouvrant des perspectives d’action politique. Toutefois il y a un risque de normalisation des rapports sociaux, au détriment du rôle d’éveil des consciences, les Universités populaires ayant joué l’un ou l’autre rôle au cours de l’histoire. Comment arriver à une remise en cause des rapports sociaux pour qu’ils soient émancipateurs ?
67Le public visé est le « peuple », c’est-à-dire dans ce contexte les individus les moins cultivés ou éduqués. Cette visée est légitime, mais dans les faits elle est très peu réalisée faute de faire de cet objectif une exigence et une priorité. Cet aspect est un élément majeur de notre problématique. Quel rapport social permettrait réellement d’atteindre « le peuple » ?
68Les Universités populaires utilisent des pédagogies, soit pour instruire, soit pour éduquer. Pour instruire, des instruments rationnels sont appropriés. Pour éduquer et donner les possibilités de remettre en cause l’instruction officielle, des moyens de pédagogie active et des interactions sont à mettre en œuvre. Quel rapport pédagogique établir ? Comment s’affranchir de tous les prérequis non explicités qui interdisent de fait l’accès à de nombreuses actions éducatives ? Comment mobiliser les intérêts et les savoirs existants ?
69À propos de la nature du savoir, faut-il mettre au jour une « culture du peuple » et la magnifier en la gardant distante de la culture lettrée ? Ou bien faut-il considérer tout simplement une transmission du savoir lettré, qui ne renouvelle ni la pensée ni l’action mais qui conforte un savoir du passé et un savoir de l’élite ?
70Faut-il au contraire envisager une troisième voie qui mettrait au jour une culture partagée, afin que le savoir du peuple et le savoir lettré se rejoignent ? Quelle conception du savoir faut-il envisager pour s’aventurer vers cette troisième voie ?
71Se pose fondamentalement la question de la production d’un nouveau savoir. Y a-t-il lieu d’en rechercher la production ? Sur quelles bases peuvent éventuellement se construire de nouveaux savoirs autonomes ? La grande majorité des Universités populaires ne s’aventurent pas sur ce terrain.
72Quant à L’université, son autorité peut être remise en cause en ce qui concerne la légitimation des savoirs, leur transmission et leur diffusion. Elle agit en tant qu’élaboration normalisatrice du code culturel, alors qu’elle devrait surtout agir en tant que production de connaissances nouvelles. Enfin se pose la question de servir et de représenter l’ensemble de la communauté humaine et non une partie de celle-ci, celle qui détiendrait le pouvoir du savoir. Comment tendre vers cet objectif ?
73L’Université populaire Quart Monde se situe dans la tradition de l’éducation populaire et des Universités populaires, dans leurs dimensions culturelle, politique et émancipatoire. Cependant elle a opéré une double rupture. D’abord comme toutes les Universités populaires, une rupture par rapport à l’Université faisant autorité en tant qu’institution détentrice du savoir. Nous le montrerons dans la recherche de terrain. Elle a opéré d’autre part une rupture avec la plupart des autres Universités populaires qui demeurent fondées sur un schéma classique de la transmission des savoirs de la personne savante vers la personne ignorante, en restant éloignées de la production de savoir. L’Université populaire Quart Monde opère un renversement dans cette production dans la mesure où les personnes qui vivent la grande pauvreté en sont à la source. Nous le montrerons également.
74Cette remise en cause fondamentale et cette position nouvelle se produisent à cause de l’exigence que demande le fait de s’adresser à un public très éloigné de l’accès au savoir reconnu. Il y a un enjeu fort à considérer au niveau conceptuel ce que sont le savoir et l’émancipation, ainsi que l’articulation entre les deux.
Notes
1 . Condorcet Jean Antoine, « Rapport et projet de décret relatifs à l’organisation générale de l’instruction publique », Présentation à l’Assemblée législative, 20 et 21 avril 1792 (http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/7ed.asp, consulté le 3/03/09).
2 . Verrier Christian, « Éducation populaire, citoyenneté, culture et pédagogie », in Pratiques de formation, Analyse, n ° 49, Paris VIII, 2005, p. 29-48.
3 . Tétard Françoise, « Vous avez dit éducation populaire. Itinéraire chronologique », in Agora, revue de l’INJEP, n ° 44, 2007, p. 76.
4 . Ibid., p. 77.
5 . Mercier Lucien, Les Universités populaires 1899-1914. Éducation populaire et mouvement ouvrier au début du siècle, Paris, Éditions Ouvrières, 1986, p. 20.
6 . Ibid., p. 24.
7 . Ibid., p. 76.
8 . Ibid., p. 78.
9 . Ibid., p. 111.
10 . Ibid., p. 145.
11 . Defraigne Tardieu Geneviève, « L’Université populaire Quart Monde. La construction du savoir émancipatoire », Communication au colloque de Cerisy-la-Salle, Les Universités populaires hier et aujourd’hui, Poulouin Gérard (dir.), août 2008 (Actes du colloque à paraître en 2012 aux Éditions Autrement).
12 . Rambaud Denis, Jannerat Marc, Apprendre avec plaisir. Refonder les relations sociales. L’éducation des adultes en défi, Lyon, Chronique Sociale, 1999.
13 . En 1947, création de la Fédération française des associations culturelles ; en 1992 création officielle de l’AUPF.
14 . Sans porter le nom d’Université populaire, cette initiative s’en rapproche. Elle est spécialement intéressante dans sa capacité innovante de diffusion du savoir.
15 . Corcuff Philippe, « L’alliance conflictuelle de l’universitaire et du peuple », in Agora, revue de l’INJEP, n ° 44, 2007, p. 36-44.
16 . Michelet Jules, Le Peuple, Paris, Flammarion, 1992.
17 . Manifeste de l’Université populaire de la cité des 4 000, « Nouveau millénaire, Défis libertaire », Collectif Malgré Tout (http://www.1libertaire.free.fr/MalgreTout52.html, consulté le 23/01/08).
18 . Benasayag Miguel, « Créer ensemble ses propres savoirs », in Le Monde de l’Éducation, n ° 360, 2007, p. 24-27.
19 . Héber-Suffrin Claire, Giordan André, Savoirs émergents. Quels savoirs pour aujourd’hui ?, Nice, Ovadia, 2009.
20 . Verrier Christian, « La Liberté d’apprendre et d’enseigner dans les Universités populaires », Communication n ° 427, Biennale de l’Éducation et de la Formation, Paris, La Sorbonne, 9-12 avril 1994.
21 . Il signe l’article « Université » dans l’Encyclopaedia Universalis (http://www.universalis.fr, consulté le 01/04/08).
22 . Bourdieu Pierre, Passeron Jean-Claude, Les Héritiers, les étudiants et la culture, Paris, Éditions de Minuit, 1964.
23 . Également signataire de l’article « Université » de l’Encyclopédie Universalis.
24 . Rey Alain, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Le Robert, 2000.
© Presses universitaires de Paris Nanterre, 2012