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Partie 1. Être humain

p. 19-20


Texte intégral

1Qu’est-ce qu’être humain ? Cette question s’entend en plusieurs sens. On peut tout d’abord reconnaître en elle la question anthropologique fondamentale : qu’est-ce que l’humain ? Traditionnellement, la philosophie s’est employée à y répondre en produisant une définition de l’humain, qui énonce sa différence essentielle avec l’animal, sous la forme d’une caractéristique universellement partagée par les individus appartenant à l’espèce humaine et uniquement par eux. Pourtant, du langage à la technique, en passant par la conscience de soi et la culture, la liste des potentiels critères de définition de l’humain est fort longue, sans que l’un d’eux n’ait jamais fait l’unanimité. Le caractère indéfinissable de l’humain serait-il par conséquent le seul critère susceptible de le définir, comme l’a suggéré Max Scheler, fondateur de l’anthropologie philosophique ? La biologie de l’évolution semble en outre opposer une fin de non-recevoir aux ambitions philosophiques d’une définition de l’humain, en nous informant que l’être de l’humain n’est jamais qu’une vue abstraite prise sur un processus de devenir. Est-il toutefois certain que les sciences, qu’on les dise naturelles ou humaines, puissent si aisément se passer de toute définition de l’humain ?

2D’autre part, demander « Qu’est-ce qu’être humain ? », c’est aussi demander ce qu’est l’être dans le cas de l’humain. Si l’on admet en effet que l’ontologie constitue un champ fondamental de la philosophie, au nom de quelle exception devrait-on mettre en question, au sein de cette ontologie générale, une ontologie régionale ayant l’humain pour objet ? Enfin, demander ce que c’est que d’être humain, c’est aussi explorer le monde de l’humain, interroger le sens de la vie humaine. Or, cette question ne peut plus être aujourd’hui posée comme si le monde humain constituait une sphère séparée d’une autre sphère unifiée qui serait la nature : l’anthropologie contemporaine, à travers ce qu’il est convenu de désigner comme son « tournant ontologique », nous invite à considérer une pluralité d’ontologies et à faire place aux relations multiples que les humains entretiennent avec les non-humains.

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