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    Presses universitaires de Paris Nanterre
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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Le processus de légitimation de la gymnastique médico-pédagogique asilaire Gymnastique médico-pédagogique et gymnastique scolaire, pratiques similaires La gymnastique au centre d’une pédagogie active et concrète De la construction à l’apparition de nouveaux enjeux Notes de bas de page

    Une histoire de l’éducation physique dans les instituts médico-éducatifs 1838-1909

    Ce livre est recensé par

    • Julien Fuchs, Revue d’histoire de l’enfance « irrégulière », mis en ligne le 24 novembre 2020. URL : https://journals.openedition.org/rhei/5457 ; DOI : https://doi.org/10.4000/rhei.5457
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    Table des matières

    L’âge d’or de la gymnastique médico-pédagogique

    p. 253-276

    Texte intégral Le processus de légitimation de la gymnastique médico-pédagogique asilaireLa gymnastique rudimentaire des invalidesLa petite gymnastique (de Pichery)La grande gymnastique Gymnastique médico-pédagogique et gymnastique scolaire, pratiques similaires La gymnastique au centre d’une pédagogie active et concrète De la construction à l’apparition de nouveaux enjeux Notes de bas de page

    Texte intégral

    On ne connaît pas complètement une science tant qu’on n’en sait pas l’histoire.
    Auguste Comte, Cours de philosophie positive, 1830-1842.

    1À partir de l’année 1892 et jusqu’en 1909, le traitement médico-pédagogique des enfants idiots dans les asiles-écoles se perfectionne. Durant cette période, il devient un modèle exemplaire d’éducation et d’instruction spéciales pour ces enfants. Cette période coïncide avec une intense activité législative et particulièrement dans le domaine scolaire qui, selon l’inspecteur général de l’instruction publique de l’époque, Félix Pécaut (1828-1898), correspond à une « France pédagogique ». On assiste également à des débats réformateurs sur l’école et l’éducation physique. La gymnastique devient obligatoire dans les écoles et des finalités lui sont attribuées : hygiéniques ou sanitaires (régénération de la race) ; économiques et industrielles, conscriptives, etc.1 Avec l’ouverture de l’école à la pratique physique se pose alors le problème de ses objectifs scolaires et par la suite celui de sa pédagogie2. La pénétration du gymnaste Laisné, à partir de 1847, dans les établissements médicaux de Paris et sa place d’inspecteur, se conjugue avec l’action médicale, politique, éducative et scolaire poursuivie par le réformateur Bourneville. Cette conjoncture aboutit à la fin du xixe siècle, à une forme élaborée de la gymnastique médico-pédagogique asilaire. Celle-ci apparaît comme le point d’ancrage du système d’éducation à tous les âges et tous les stades du développement de l’enfant et de l’adolescent idiot.

    Le processus de légitimation de la gymnastique médico-pédagogique asilaire

    2La nomination de Bourneville en 1879 à la tête de la nouvelle section spéciale des enfants idiots va relancer le processus d’éducation et d’instruction des enfants idiots et donner une nouvelle direction à la gymnastique médico-pédagogique. Nous sommes sous la IIIe République (1870-1940), une période marquée par la transformation du système éducatif : promulgation des lois de Ferry sur l’enseignement scolaire et de la loi du 27 janvier 1880 qui rend obligatoire l’enseignement de la gymnastique dans tous les établissements d’instruction publique de garçons dépendant de l’État. La gymnastique est déjà un enseignement obligatoire en 1872 dans les écoles de Paris3. Par ailleurs, un décret de 1869 a officialisé la création du diplôme de maître de gymnastique et cette pratique fait partie des programmes des écoles primaires, des lycées et des écoles normales d’instituteurs4. À Paris, en 1883, la direction de l’éducation physique est confiée à Napoléon Laisné5, placé sous l’autorité du directeur de l’enseignement primaire de la Seine. Il est également chargé de l’organisation du « cours normal de gymnastique pour le personnel des instituteurs et des institutrices des écoles primaires communales ». Ce service d’inspection est complété par trois sous-inspecteurs et trois sous-inspectrices6. En 1880, Laisné indique qu’à Paris, « plus de quarante-cinq mille enfants des deux sexes sont exercés régulièrement à la gymnastique, et le nombre des professeurs, hommes et femmes, approche de cinq cents7 ». À côté des instituteurs adjoints et titulaires chargés spécialement de cet enseignement moyennant une indemnité versée par la ville de Paris, des professeurs spéciaux8 sont également recrutés, surtout, à l’origine, pour les établissements scolaires supérieurs à la scolarité élémentaire proprement dite. C’est l’une des particularités de Paris que de disposer d’un grand nombre de ces établissements : écoles primaires supérieures, collèges, cours complémentaires, écoles professionnelles en tout genre. D’autres professeurs spéciaux sont également recrutés : professeurs de chant, de dessin, de travaux manuels, de langues étrangères, etc.9 À la même époque, Bourneville s’intéresse activement aux questions éducatives. De 1881 et au moins jusqu’à 1895, il est membre de la délégation cantonale du Ve arrondissement de Paris10. Il est également membre de la commission de l’Enseignement du conseil municipal de Paris11. Dans les différents asiles-écoles de Paris et de sa région, comme à l’époque de Séguin, la gymnastique est enseignée à tous les élèves et à tous les âges. À Bicêtre, le programme d’éducation physique est organisée pour les trois groupes : les enfants idiots invalides du service d’enseignement primaire ; les enfants idiots valides de la petite école ; les enfants imbéciles, arriérés et autres de la grande école. Il a pour objectif de permettre à l’enfant idiot d’être autonome pour tous les actes de la vie quotidienne et sociale : « Nous voulons qu’il puisse exécuter des mouvements indispensables à son existence journalière12. » L’éducation physique est enseignée dans des gymnases créés pour la plupart par Laisné : gymnase ouvert en 1849 à l’hôpital des enfants-malades et à la Salpêtrière ; gymnase couvert en 1852 à l’hôpital des enfants-malades, en 1853 à la Salpêtrière et en 1854 à Bicêtre et à l’hôpital Sainte-Eugénie. À la section spéciale de Bicêtre, l’activité est enseignée chaque matin.

    La gymnastique rudimentaire des invalides

    3D’après Jules Voisin, « presque tous les idiots sont en retard pour la préhension des objets, la marche, la course, etc. Ce retard dans la fonction musculaire est un indice d’idiotie et frappe surtout les parents. Il y a cependant quelques idiots chez lesquels le sens musculaire existe de bonne heure et, sous ce rapport, nous ne remarquons aucune différence entre eux et les enfants normaux13 ». Dans le service d’éducation primaire, une partie des enfants idiots gâteux et invalides sont considérés comme incurables. Bourneville donne une description de ces élèves de la fondation Vallée (tout à fait comparable au service des enfants de Bicêtre) : elles sont « semblables à des êtres végétatifs, ne se servant pas de leurs mains, dépourvues d’attention, ne prononçant aucun mot, tiqueuses et gâteuses14 ». Toutefois, la plupart de ces enfants sont susceptibles d’une amélioration, même à un degré notable, au point d’arriver à ce qu’ils ne soient plus considérés comme des incurables. Pour ces jeunes, une éducation motrice élémentaire est mise en place pour leur permettre d’être autonome pour les actes élémentaires de la vie quotidienne (station debout, marche, préhension, etc.). Cette éducation physique vise notamment à l’éducation de la marche. Pour préparer les membres inférieurs à cette activité, les enfants sont soumis à des frictions stimulantes et à de légers massages des muscles : « On fortifie leurs membres en exerçant successivement chaque jour toutes les articulations (exercices des jointures), en leur faisant des frictions stimulantes, du massage, etc.15 » Cette forme de pratique est initiée par Napoléon Laisné dès 1849 auprès des enfants idiotes de la Salpêtrière16. Il s’agit de la gymnastique kinésithérapeutique que ce gymnaste a développée dès 1847 auprès des patients choréiques (voir première partie du livre). Ce dernier propose également ce programme aux enfants de constitution normale : « Je voudrais encore que les enfants fussent frictionnés légèrement à nu, sur tout le corps, au moins deux fois par jour17. » En complément des massages et frictions, le gymnaste ou le personnel de l’établissement exerce sur les différentes articulations des membres inférieurs des enfants idiots invalides, des mouvements alternatifs de flexion et d’extension. Il s’agit d’une gymnastique passive dont le but est de leur donner toute la souplesse que la fonction exige. Ces pratiques sont complétées par un premier exercice de mouvement qui consiste à asseoir l’enfant dans un fauteuil-balançoire spécial (inventé par Séguin), les jambes étant étendues en avant et maintenues dans cette position par le fauteuil lui-même, de telle façon que la plante des pieds va frapper une planche verticale élastique et faisant tremplin18. Cet exercice vise à donner de la souplesse, de l’élasticité, de la force aux membres inférieurs. Il constitue également une préparation à supporter le poids du corps et il éveille et développe la sensibilité de la plante des pieds. Plus tard, l’enfant est dressé sur ses pieds, soutenu sous les bras par des gens de service, mais également à l’aide de barres parallèles spéciales (les barres sont abaissées ou élevées suivant la taille de l’enfant). À ce même agrès, l’enfant est exercé à faire des petits pas et à sauter. Si cela s’avère nécessaire, il peut être placé dans un corselet de bois qui le prend sous les aisselles ; le corselet glisse sur les deux barres parallèles19. Lorsque le sujet est arrivé à faire un effort de progression, on le met dans un chariot qui le soutient également sous les bras et lui facilite la marche et ses déplacements. Bourneville indique que « pour régulariser la marche de ceux qui ont des mouvements irréguliers, incoordonnés, précipités, nous les faisons marcher sur une échelle plate appliquée sur le sol et dont les montants et les échelons sont remplacés par des planches de 15 à 20 cm de largeur, espacées de 12 cm20 ». Les enfants sont également exercés à la montée et la descente des escaliers, avec un petit escabeau double qui sert également à apprendre à sauter. Le médecin indique que dans ce groupe des idiots gâteux, épileptiques ou non mais invalides, un deuxième sous-groupe est composé d’un petit nombre d’enfants et d’adolescents (arrivés tardivement et dont l’incurabilité est reconnue) de 14 à 16 ans « qui ne peuvent plus être que l’objet de soins hygiéniques21 ». Au service d’éducation primaire, dès que les enfants marchent sans aide, ils sont envoyés à la petite école, d’abord le matin, puis toute la journée. Ils sont alors exercés à une nouvelle gymnastique.

    La petite gymnastique (de Pichery)

    4Lorsque ces enfants deviennent valides, ils sont exercés à la gymnastique de Pichery (une variante de la gymnastique passive suédoise)22. Cette pratique vise notamment à l’éducation de la main, en soumettant les élèves à des exercices de motricité fine des doigts (tenir dans ses doigts des bâtonnets, des planchettes et des boules de tailles différentes). Elle est utile pour « les actes de la vie journalière ou tous les actes utiles de la vie commune » pour s’habiller, boutonner, lacer, se peigner, se laver…23 Jules Léandre Pichery24, promoteur de cette forme d’activité physique, imprégné des doctrines de Ling25 (l’inventeur de la gymnastique suédoise), propose de remplacer l’antagoniste26 par une machine (l’opposant), pour l’exécution de mouvements doubles. Cette méthode apparaît à l’interface entre la gymnastique passive ou semi-passive (le malade exécute un geste en opposition à l’action de résistance du membre tenu par le gymnaste) et la gymnastique de mouvement (sans contraintes physiques extérieures). Elle est composée d’échelles jumelles et de chaînes élastiques avec des ressorts-à-boudin, munies à leurs extrémités soit d’une poignée, soit d’une boucle pouvant s’adapter à un crochet fiché dans un mur27. Pichery perfectionne ce procédé inventé vers 1862 par le gymnaste Defrançois28. Puis, pour diffuser son modèle dans les écoles de la République, il fait des expériences vers 1879 auprès des enfants de Bicêtre29. Fort de ses résultats et avec l’appui de Bourneville, il obtient de faire des essais dans une école communale30. À la suite de ces expérimentations, le conseil municipal décide en 1887, de développer ce modèle de gymnastique d’abord dans 20 écoles puis, dans 400 écoles de 250 à 300 enfants31. Le procédé est également utilisé à l’hôpital Cochin dans le service du docteur Dujardin-Beaumetz. À Bicêtre, la gymnastique de Pichery consiste à permettre aux élèves de saisir et maintenir un échelon dans chaque main avec l’aide de l’institutrice ou des surveillantes, et de réaliser différents mouvements avec les jambes. Si l’enfant rencontre des difficultés, une intervenante l’aide à maintenir ses doigts accrochés aux barreaux de l’échelle. Cette pratique physique sert à l’éducation de la main, mais elle permet également d’acquérir des notions spatiales par l’exécution de mouvements : en position debout, assis en avant, en arrière, s’accroupir, etc. Enfin, elle contribue au perfectionnement du langage par la répétition par l’élève dans l’action des mots relatifs aux exercices pratiqués. Elle vient également compléter l’éducation de la marche et développe la force musculaire. Lorsque l’enfant a appris ces différents exercices élémentaires, on lui enseigne des mouvements d’extension du corps en avant et en arrière. Puis l’élève est invité à réaliser des exercices de plus en plus complexes en posant les pieds sur les premiers échelons. Enfin, une partie de ces mouvements est exécutée non plus avec des échelles mais avec des poignées suspendues à des ressorts. D’après Voisin J., ce système n’est applicable qu’à un petit nombre d’individus réunis, « le professeur ne peut s’occuper que de quatre à six élèves en même temps32 ». Comme l’affirmait déjà Séguin en 1838, ce programme d’éducation physique apparaît comme fondamental et préalable au développement des autres facultés : « On peut affirmer que le peu d’intelligence que l’on arrive à développer chez l’idiot est dû à la gymnastique : gymnastique passive au début chez l’idiot profond, par le massage et les mouvements imprimés aux membres pour la préparation à l’éducation des mouvements volontaires, etc.33 » D’après Bourneville, à la petite école et à l’école complémentaire, tous les enfants sont exercés depuis 1879 à cette gymnastique, à l’exception de ceux qui viennent du groupe des invalides qui viennent apprendre à lire34. Un des instituteurs de Bicêtre, M. Boyer, a imaginé pour les élèves de la petite école complémentaire, un exercice pour aider certains enfants à réaliser les mouvements d’ensemble. Il s’agit de « deux barres d’entraînements, tenue à chacun, de ses extrémités par de petits moniteurs, entre lesquels on place l’enfant à éduquer. On lui fait saisir la barre et, bon gré, mal gré, il est obligé de suivre les moniteurs dans tous leurs mouvements de bras35 » : flexions de l’avant-bras, en deux temps ; mouvement vertical des bras avec flexions en quatre temps, etc. Une fois que l’enfant idiot arrive, sans résistance, à suivre ces mouvements qui sont d’abord passifs, pour devenir insensiblement actifs, il passe aux barres à sphères, avec lesquelles il répète les mêmes exercices. Toutefois, il n’est plus guidé que par l’imitation. Viennent ensuite les exercices aux haltères et aux massues. Enfin, il exécute les exercices à mains libres qui sont les plus difficiles pour ce type d’enfant. « Cette gymnastique spéciale, employée par nous à l’institut médico-pédagogique, est utilisée avec succès dans la petite classe complémentaire36. » Certains élèves de ces deux écoles (avant 13 ans) font régulièrement les exercices de la grande gymnastique (la gymnastique scolaire)37. Outre la gymnastique, des jeux sont proposés : les jeux de tonneaux, boules, passe-boules, croquets, quilles, etc. Ils complètent l’éducation de la main et le développement du coup d’œil38.

    La grande gymnastique

    5À la « grande école » qui comprend en 1887, 208 élèves âgés de 13 à 17 ans et plus, c’est « la grande gymnastique » (pour les « grands », comme dans les collèges et les lycées) qui est mise en place. Cette gymnastique concerne également certains élèves de la « petite école ». En 1898, Bourneville indique que 20 élèves de cette dernière ont pratiqué régulièrement la « grande gymnastique » (de mouvement et aux agrès). Elle est mise en œuvre avec un accompagnement en chansons, ou de tambour, d’harmonium, ou bien encore avec la fanfare39 de Bicêtre. Dans cet établissement, c’est M. Goy, maître de gymnastique formé par Laisné, qui enseigne l’activité trois fois par semaine avec l’aide, comme tous les autres intervenants, d’un ou plusieurs infirmiers du service. Ce professeur propose des mouvements aussi variés que possible et il en introduit des nouveaux. Vers 1906, M. Goy est remplacé par un autre professeur de gymnastique, André Van Kerberghen. Bourneville indique que ce dernier intervient à la fondation Vallée une fois par semaine, le samedi. Sa leçon est répétée les autres jours sans lui par les surveillantes, mesdames Bohain et Quatre40. Avec cette gymnastique, dès que les idiots peuvent se servir de leurs membres on les rassemble par groupes établis d’après leur degré d’éducation musculaire, pour réaliser les exercices de mouvements dit du plancher (aucun appareil suspensif). Cette activité a une importance capitale non seulement pour l’éducation du système musculaire et l’exercice des divers sens (toucher, vue, etc.), mais encore pour la formation du caractère et de l’intelligence. Il s’agit d’une théorie41 de la gymnastique qui s’appuie sur celle développée vers les années 1830 par Amoros, le promoteur de la gymnastique en France42. La démarche pédagogique utilisée pour cette grande gymnastique ne diffère guère de celle utilisée dans les écoles. Il s’agit d’exercices réalisés par commandement et par imitation (copier l’exercice sur son voisin), accompagnés de chants ou rythmés par l’harmonium ou la fanfare43. Chaque phase d’exercice est indiquée par un ou plusieurs chiffres prononcés à voix haute par le professeur ou un élève instruit. Après de nombreuses répétitions, lorsque ces chiffres sont mémorisés, ils sont remplacés par le rythme du tambour44. « Un grand nombre de manœuvres se font en commun et, pendant leur exécution, le maître et les élèves chantent un air à trois ou quatre temps très accentué, suivant que l’exercice lui-même se décompose en deux, trois ou quatre temps. Les petits malades, rangés par pelotons, sont entraînés par le rythme et l’imitation45. » Enfin, les mouvements sont progressifs, séparés, puis assemblés et conçus dans un esprit militaire : exercice d’ordre, marches, formations, etc.46 Ce programme n’est pas différent de celui qui est proposé aux élèves dans les écoles, comme le souligne de nouveau Laisné : « Je vais traiter d’abord de la gradation des exercices généraux, appliqués aux constitutions normales. […] Viennent ensuite les enfants de neuf ans à douze ans. […] Les marches un peu soutenues par petits pelotons et toutes espèces de mouvements et petites manœuvres exécutés en marchant et en bon ordre, seraient d’excellents exercices pour les habituer à la discipline47. » Elle se singularise par une démarche pédagogique qui articule une forme d’intervention par la répétition régulière, la discipline et des principes d’adaptation matériels ou humains. Il s’agit d’un entrainement quotidien, Thulié mentionne dans le titre de son ouvrage qu’il s’agit d’un dressage48. C’est-à-dire un conditionnement des comportements. Cette gymnastique est complétée par des cours d’escrime délivrés par un militaire, prévôt du fort de Bicêtre (98 enfants ont pratiqué durant l’année 1902) et une activité de danse (polka, mazurka, scottishs, danses de caractères, quadrille français) pour 60 enfants, dirigée par l’un des instituteurs, M. Landosse49. Pour compléter cette activité, une société de gymnastique interne au service a été créée pour permettre aux élèves de participer aux concours50 de gymnastique organisés dans la région parisienne. Le premier a été organisé au gymnase Voltaire par les élèves des lycées et collèges de Paris. Le deuxième par la municipalité de Kremlin-Bicêtre. Bourneville indique en 1888 que le bataillon de gymnastique a pris part à différents concours et a obtenu déjà 15 médailles51. En 1898, 22 élèves font partie de la Société et prennent part à différents concours organisés par les villes du département52. En 1902, ils sont 21 à participer au concours organisé par la commune de Bicêtre. Ils obtiennent deux médailles53. Les premières sociétés de gymnastique apparaissent dans l’est de la France. En 1870, il n’existe en France que 36 sociétés de gymnastique, dont 17 en Alsace, elles sont 205 en 188254. Elles se fédèrent en 1873 en Union des sociétés de gymnastique de France (USGF). Elle donne chaque année une fête fédérale dans une ville de province, où sont invitées les fédérations étrangères et qui est généralement présidée par le chef de l’État. La première a eu lieu en 1875, à Paris55.

    Gymnastique médico-pédagogique et gymnastique scolaire, pratiques similaires

    6À la jointure du xixe et du xxe siècle, à des degrés divers, la gymnastique est diffusée dans la plupart des grands domaines de la société : la médecine, l’armée, l’école, etc. Pour les enfants malades, la gymnastique utilisée se différencie en fonction, d’une part, de leurs difficultés physiques et intellectuelles et, d’autre part, en fonction des objectifs visés par les promoteurs : rééducation, éducation, soins, etc. Pour les enfants idiots, l’éducation physique médico-pédagogique qui tente de s’institutionnaliser à la fin du xixe siècle ne se différencie guère pour une large part de celle développée dans les écoles de la République. Déjà au milieu du xixe siècle, lorsque Séguin invente le modèle médico-pédagogique, la gymnastique, qu’il utilise s’appuie essentiellement sur les travaux d’Amoros, à l’exception des exercices périlleux56. Cette gymnastique se développe progressivement dans la plupart des asiles de la région parisienne sous le contrôle de Napoléon Laisné. Ce dernier apparaît comme un personnage central du développement, entre 1847 et 1875, de la gymnastique en France57. Il coordonne l’action de ses adjoints (Mlle Pieffe, Mlle Lebègue58, M. Goy) à la Salpêtrière, à Bicêtre et dans les autres hôpitaux de Paris. À Bicêtre, en particulier, tous les enfants et adolescents, à l’exception des enfants invalides ou présentant des troubles de la motricité, suivent un enseignement de la gymnastique plutôt comparable et conforme à la gymnastique développée dans les établissements du ministère de l’Instruction publique de l’époque. Avec l’instauration de la IIIe République se mettent en place les lois scolaires (pour le primaire) et un renouveau marqué pour la gymnastique. La loi Georges du 27 janvier 1880 confirme ce renouveau en rendant l’enseignement de la gymnastique « obligatoire dans tous les établissements d’instruction publique de garçons dépendant de l’État, des départements et communes59 ». En 1880 et 1881, deux manuels (garçons et filles) sont rédigés par une commission centrale de la gymnastique et sont distribués dans toutes les académies. Avec ces documents se concrétise un enseignement de la gymnastique à l’école primaire : exercices élémentaires, marche, courses, sauts, équilibres, natation, exercices militaires (école du soldat sans arme, avec instruction des élèves en ordre serré et mécanisme des mouvements en ordre dispersé et exercices de revues, défilés, marches militaires, orientation, tir)60. Dix ans plus tard, un deuxième manuel reprend et complète le premier61. Dans ce dernier, il est indiqué que l’éducation physique est enseignée au même titre que l’éducation morale et l’éducation intellectuelle62. À Bicêtre, tous les élèves de la grande école sont soumis à tous les exercices qui composent « la gymnastique des mouvements, la meilleure de toutes63 ». Aussi bien dans les asiles-écoles que dans les écoles publiques, l’éducation physique a pour but le perfectionnement de l’homme. Elle utilise une gymnastique de mouvement dite de plancher ou de pied ferme, composée de séries d’exercices gradués qui convient à tous les âges et aux deux sexes (mouvements de la tête, des bras, des poignets, du tronc, des jambes, mouvements composés des bras et des jambes, etc.)64. Les exercices de cette gymnastique sont réalisés par une démarche de type militaire : le professeur commande à un nombre d’élèves placés en rang. Il tient compte de l’âge des élèves et il organise des groupes de niveau : mouvements simples et composés, cadence lente ou plus rapide, mouvements décomposés ou non, etc. Ces exercices sont complétés par des courses en rang, suivant un itinéraire géométrique avec des changements de direction sur ordre. Le professeur, directeur de l’école d’anthropologie, Thulié, indique dans son livre qu’à Bicêtre, le professeur de gymnastique enseigne une gymnastique de plancher et les exercices qu’il présente dans son ouvrage sont identiques à ceux mis en place dans les écoles65. Comme il est précisé dans le manuel de 1891, les mouvements peuvent être également réalisés avec des agrès. À Bicêtre, cette gymnastique aux appareils (ceux-ci sont complets dans cet établissement) est également enseignée66. Comme dans les écoles, les exercices peuvent être exécutés en chantant67. Ce dernier est enseigné par M. Sutter depuis le 1er janvier 1895. Si un vêtement spécial n’est pas obligatoire, on note qu’à la fondation Vallée68, toutes les filles portent une tenue identique. Laisné indique que c’est à partir de mars 1851 que toutes les filles de l’asile-école de la Salpêtrière ont eu un costume de gymnastique69. Durant cette période se développe des sociétés de gymnastique qui poursuivent des objectifs hygiénique, et sociaux70. Dans le département de la Seine, une association départementale de ces sociétés est mise en place (la première en France) en 1876, sous la présidence de Joseph Sansboeuf (futur président de la ligue des patriotes et de l’USGF)71. La société de gymnastique de l’asile-école de Bicêtre est créée, dans les années 1888, pour prendre part aux différents défilés et concours de la région. En 1882, sont créés officiellement en France des bataillons scolaires dans les écoles primaires (au-dessus de 12 ans) et secondaires. Ils rassemblent des élèves pour les exercices gymniques et militaires pendant la durée de leur séjour dans l’établissement. Mais, dès 1890, sous les critiques et l’hostilité de l’opinion publique, une vaste campagne est menée pour les transformer en bataillons de gymnastique72. En 1899, la société des jeux extra-scolaires du service de Bourneville fusionne avec celle de gymnastique et 45 enfants participent à des rencontres et concours : les lendits73. Un de ces concours a été organisé au lycée Voltaire, en 189974. La fanfare de l’asile-école, composée de 17 exécutants accompagne la société de gymnastique et participe elle-même à des concours de musique75. À Paris, à partir de 1890, après avoir supprimé la gymnastique au portique, se met en place une gymnastique « combinant marches, jeux scolaires et gymnastique de l’opposant ». Les appareils de Pichery sont rejetés en 1892 (le principe des agrès à ressorts n’est plus d’actualité) et remplacés par le programme national du 2 août 189076. Toutefois, les exercices aux échelles sont encore en vigueur pour les élèves de 11 à 13 ans dans le Manuel d’exercices physiques et de jeux scolaires de 191977. Cette gymnastique est également maintenue dans les asiles-écoles de la région parisienne bien après cette date de 1892. Elle est encore pratiquée en 1904, à l’asile-école de la Salpêtrière78.

    7L’éducation physique mise en place dans les asiles-écoles et notamment à Bicêtre, est une discipline qui s’appuie en grande partie sur les programmes développés dans les écoles de la République. Elle participe à l’amélioration des capacités physiques et intellectuelles, « au point de les rendre aptes à vivre en société79 ». L’enseignement de la gymnastique à l’école primaire progresse peu, à l’exception des grandes villes comme Paris80. Il est plus développé dans les collèges et lycées. La gymnastique à l’asile-école de Bicêtre est en place depuis les années 1843. Elle sert de socle de base à l’enseignement des autres matières. Les gymnastes formés par Laisné ont à leur disposition des installations adaptées (gymnase de plein air et gymnase couvert). Les enfants idiots de Bicêtre bénéficient d’un enseignement de qualité que beaucoup d’établissements scolaires n’ont pas à cette époque. Les intervenants, tout en s’appuyant sur les instructions officielles, ont su développer et perfectionner les exercices pour les adapter à tous les enfants dont ils ont la charge (gymnastique rudimentaire, petite gymnastique, grande gymnastique).

    La gymnastique au centre d’une pédagogie active et concrète

    8Lorsque Séguin invente et expérimente le traitement médico-pédagogique à partir de 1838, le programme est bien en place sur le papier. Ces successeurs vont poursuivre plus ou moins sa méthode. L’arrivée de Bourneville en 1879 va permettre de développer la méthode dans une institution modèle. L’asile-école de Bicêtre apparaît alors comme un centre expérimental ou tout ce qui est construit est pensé pour faciliter l’éducation et l’instruction de tous les enfants et adolescents idiots de 3 ans à 17 ans et plus, y compris ceux qui sont le plus en difficulté. Entre 1899 et 1902, les techniques qui constituent la méthode médico-pédagogique forment un ensemble homogène, avec des bases solides dont la transmission est assurée par le biais d’une intensive formation.

    9Le programme des activités proposé à Bicêtre et dans les autres établissements de la région parisienne, repose sur la théorie de Séguin qui consiste en une compénétration des activités motrices, sensorielles et intellectuelles : « L’éducation doit embrasser : 1° l’activité (motilité et sensibilité) ; 2° l’intelligence ; 3° la volonté, qui correspondent aux trois aspects de l’être humain, le sentiment, l’esprit, la moralité. L’activité est le sentiment traduit en acte ; l’intelligence est la fonction de l’esprit ; la volonté est la spontanéité moralisée. […] L’éducation de l’activité doit précéder celle de l’intelligence, etc.81 » Séguin précise que l’idiotie est « une affection chronique de tout ou partie des masses nerveuses » et que le « cerveau est lui-mêmelesièged’uneaffectiongraveetperturbatricedesfonctionspsychologiques82 ». En conséquence, sa théorie consiste à mettre en place diverses gymnastiques (sensorielles et intellectuelles) et l’emploi d’excitants mécaniques, intellectuels et passionnels pour tirer les idiots de leur asthénie et pour modifier la constitution des masses nerveuses. L’épine dorsale de ce programme d’activité repose sur l’éducation du physique. « Il faut se servir de ce centre moteur puis psycho-moteur, pour développer les autres centres rudimentaires83. » Ce discours va à l’encontre des travaux de Fauché qui écrit que « ce n’est pas non plus du côté de l’éducation des idiots que l’on trouve trace d’un rapport entre motricité et psychisme84 ». Il apparaît au contraire que les actions menées auprès des enfants idiots sont sources de réflexions sur les rapports qui peuvent s’établir entre l’activité du sujet, son intelligence et sa volonté. Sans chercher l’origine d’une théorie psycho-motrice, Séguin s’efforce de développer une action cérébrale en opérations intellectuelles, par la mise en place de diverses gymnastiques (sensoriales et physique).

    10Le programme est élaboré sur la base d’un cursus qui articule une progression en âge et en capacité et qui s’adresse aux enfants dès 4 ans jusqu’aux adolescents85. L’activité physique mise en place suit ce cursus en partant de l’acquisition de la marche, de la préhension et complétée par une gymnastique pratique qui tourne autour des tâches de la vie quotidienne : s’habiller, se boutonner, se lacer, se peigner, se laver, etc. La gymnastique des fonctions du mouvement s’articule également avec l’éducation des fonctions sensorielles (les cinq sens). Toute en réalisant ces diverses activités, l’enseignante introduit par une pédagogie active (faire et en même temps acquérir des notions) les mots qui caractérisent les éléments utilisés dans les activités : adverbe indicateur, connaissance du matériel, etc. Les progrès obtenus par la répétition quotidienne de ces différentes activités permettent à la plupart des enfants de s’engager dans des travaux de plus en plus scolaires où la part de l’intellect est plus importante : la petite école, la grande école. Pour les plus grands, c’est une gymnastique de mouvements qui est utilisée. Elle offre l’avantage de permettre par le commandement, la répétition et par la simple imitation, de réaliser des mouvements de plus en plus complexes. Par exemple, un enfant nouveau ou à éduquer de manière spécifique est placé entre deux élèves habitués (qui deviennent ses moniteurs) dont il doit suivre les mouvements86. Cette gymnastique renforce le concept d’une pédagogie comportementaliste87 et l’idée de normaliser le corps, les attitudes et les comportements (un conditionnement à l’image du dressage) pour faciliter l’intégration de l’élève dans la société. D’où l’idée de créer une société de gymnastique et de faire participer les élèves aux différents concours au même titre que les autres élèves des écoles. Dans la forme d’organisation, on retrouve cette idée à travers la structuration des locaux et de l’emploi du temps. ÀBicêtre, lorsqu’on pénètre dans la cour, on trouve à gauche le service des soins de propreté et du traitement du gâtisme, avec une salle à l’intérieur de laquelle se trouve une suite de sièges d’aisances où sont placés à heure fixe les enfants du service. Cette salle est complétée par des bidets, des bains de siège, des lavabos, des armoires, etc. On trouve également une salle contiguë au réfectoire qui permet aux enfants de venir par groupe, se laver la figure et les mains. Tout est fait dans la construction pour permettre à une catégorie d’enfants de suivre un programme d’activité dans son environnement proche et dans des locaux spécialement adapté à ses possibilités.

    11À côté de cette pédagogie comportementaliste de l’apprentissage, se développe une autre forme, basée sur la participation active à la manière de « l’Éducation nouvelle88 ». L’enseignement primaire est alors conçu de façon dynamique et il est soutenu par de nombreuses leçons de choses dans un environnement aménagé89. Nous retrouvons cette forme d’éducation particulière dans la pratique des exercices physiques à travers l’éducation de la parole : l’enfant agit sur le plan moteur et en même temps qu’il fait, il apprend les mots qui correspondent à ses actes. Des exercices sont inventés pour faire découvrir des notions à travers l’éducation du toucher : plonger sa main dans l’eau tiède puis chaude, pour acquérir les notions de température ; passer la pulpe des doigts sur différentes surfaces (rugueuses, douces, en bois, en soie, etc.). L’éducation de la main et de l’œil favorisée dans des situations de jeux : jeu de balles, du passe-boules, du tonneau, de boules, de volants, des briques, etc. L’enseignement scolaire s’appuie également sur une gamme d’exercices adaptés et facilitateurs. Par exemple, les surfaces sont étudiées à partir de figures en bois (discrimination tactile) et complétées par la promenade dans le jardin à la découverte des massifs et des pelouses taillés en forme de figures géométriques. Tout ce qui est enseigné à l’école est étudié par l’observation à partir de la leçon de choses90 dans les jardins de la section (jardin des fleurs, potager, verger, céréales, plantes fourragères, vignoble, bois, le maraîcher de l’hospice), les promenades (musées, expositions, jardin des plantes, jardin d’acclimatation, etc.) Partout plantes, arbustes, arbres, etc., portent une étiquette. Pour favoriser ces apprentissages, les enseignants conçoivent différents matériels (puzzles, tableaux, mannequins, gabarit, affiches)91. Chaque enfant dispose d’un cahier scolaire sur lequel sont consignés, tous les trimestres puis tous les deux mois et enfin une fois par mois, l’ensemble des exercices réalisés. Ces livrets sont joints aux photographies des enfants réalisés tous les ans ou tous les deux ans92. Tous les actes de la vie quotidienne font l’objet d’un travail éducatif. Par exemple, la mise de la table pour le déjeuner permet d’effectuer l’opération de « placer le mot sur la chose », de disposer le couvert, de placer l’étiquette qui porte le mot qui désigne l’objet. Des projections de plaques photographiques illustrent ou complètent les leçons de choses, d’histoire ou de géographie.

    12Les différentes formes de gymnastique sont étroitement imbriquées dans un système où toutes les situations pédagogiques mises en place s’appuient ou servent d’appui à une ou plusieurs disciplines (éducation de la parole, éducation intellectuelle, éducation des sens, etc.) La gymnastique proposée dans les asiles-écoles aux différents âges et difficultés des élèves idiots s’inscrit donc dans un processus d’éducation et d’instruction où toutes les disciplines s’articulent. Ce système définit ainsi le concept du traitement médico-pédagogique.

    De la construction à l’apparition de nouveaux enjeux

    13Le processus de spécialisation médicale qui se développe tout au long du xixe siècle fait naître une spécialisation de la maladie mentale avec son propre procédé thérapeutique. Ce traitement ne vise pas comme la plupart des autres maladies à soigner à partir d’un diagnostic formel qui localise le mal par des lésions apparentes. En l’absence de ces dernières, il s’attache à réduire les effets de la maladie (les délires) sur la base d’un traitement moral qui s’apparente à une forme de prise en charge pédagogique. Une sous spécialité se met en place à l’égard des idiots. Mais en l’absence de délire, les médecins n’ont pas de prise sur cette maladie. Dès lors, l’idiot est considéré comme incurable. Sur le fait que l’idiotie est une maladie de l’altération du développement qui apparaît dès la naissance, quelques médecins vont s’attacher à tenter de modifier cet état par une prise en charge médicale et pédagogique. Cette approche particulière de la maladie aboutit à la création d’asiles-écoles, à la mise en place d’un procédé médico-pédagogique, à l’émergence d’un corps de spécialistes (première forme de l’éducateur spécialisé, de l’institutrice-infirmière), au développement d’un modèle de gymnastique pour des enfants de 4 ans à 18 ans et plus, à des procédures et des techniques d’intervention et à la production de rapports, etc. Vers la fin du xixe siècle, cette forme de sous-spécialité médicale, malgré les résistances des acteurs de la spécialité de référence, tente d’imposer en France ce modèle médico-pédagogique pour les enfants idiots. La gymnastique, de par son action sur la mobilisation fonctionnelle (motilité et sensations)93 et concrète du sujet dans tous les actes de sa vie, apparaît comme la base de ce procédé pédagogique. C’est sur cette mise en action motrice de l’élève que les pédagogues construisent l’éducation spéciale. Il s’agit de l’élaboration d’une prise en charge structurée dans tous les actes de la journée de l’enfant et durant toute sa présence dans l’établissement (4 ans à 18 ans). Cette éducation spéciale s’appuie sur le développement d’un savoir moteur instinctif, qui par la répétition, facilite la découverte pratique de notions élémentaires ; puis le développement d’un savoir élémentaire acquis qui permet le passage vers des notions plus abstraites, les idées ; enfin, un savoir et des connaissances qui servent de support à un engagement social et professionnel de l’individu.

    14Avec la consolidation de la IIIe République, se clôt un cycle commencé en 1789, en même temps que s’ouvre celui de l’État social moderne. C’est l’émergence d’un nouvel ordre tant social que politique, avec la montée inexorable d’un interventionnisme d’État qui s’appuie sur les nouvelles élites94. Durant cette période, jusque dans les années 1914, se développe dans la société française un ensemble numériquement considérable d’institutions d’encadrement idéologique d’organes du devoir95. Ces structures (associations, comités, ligues, sociétés de patronage, etc.) s’attachent essentiellement à l’éducation des enfants et des adultes, au nom de la « prévoyance sociale » (assister est un devoir, éduquer c’est prévoir)96. Une « nébuleuse réformatrice » explore et cherche à modifier une multitude de « chantiers » en friches : le chômage, l’enfance anormale, l’aménagement de l’espace urbain, le logement social, l’assistance sociale, la condition féminine, etc.97 C’est ainsi que l’hygiène, les soins, l’éducation, l’instruction, la gymnastique, etc., sont pris dans cette spirale d’actions réformatrices où de nombreux acteurs tentent d’imposer leurs idées (médecins, politiques, pédagogues…). On assiste à toute une série d’innovations institutionnelles (semi-officielles) où se discutent et s’élaborent des propositions pratiques et théoriques dans les grandes institutions : l’école, l’armée, l’université, l’hôpital… En cette fin de xixe siècle, l’instruction des enfants, y compris des enfants anormaux, et l’éducation physique sont au centre d’une conjoncture pivot qui intéresse de nombreux groupes sociaux.

    15À ce stade de nos investigations, il nous faut désormais examiner la légitimité du traitement médico-pédagogique des enfants idiots, d’une part à l’intérieur du champ médical et des institutions religieuses et, d’autre part, face à l’émergence d’un champ scolaire et à l’apparition de nouveaux acteurs (éducateurs scolaires et psychologues). Nous assistons à une mobilisation progressive de la communauté politique, scientifique, médicale et éducative en faveur des enfants idiots, arriérés, imbéciles, crétins, qui prend forme à partir d’une nouvelle dénomination de ces jeunes sous le terme générique « d’enfants anormaux ». À la période où s’engage une dynamique intellectuelle autour de ces enfants se développe dans le même temps un mouvement en faveur de la santé publique98. À la jointure du xixe et du xxe siècle à des degrés divers, la gymnastique est diffusée dans la plupart des grands domaines de la société : la médecine, l’armée, l’instruction, les institutions de justice, etc. Pour les enfants anormaux, la gymnastique utilisée se différencie en fonction, d’une part, de leurs difficultés physiques et intellectuelles et, d’autre part, en fonction des objectifs visés par les promoteurs : rééducation, éducation, soins, etc. Cette gymnastique pour les enfants anormaux se trouve confrontée aux luttes de pouvoir qui s’installent entre les différents protagonistes et les domaines auxquels appartiennent les institutions qui les prennent en charge : instituts nationaux pour sourds-muets et aveugles, services spéciaux d’asiles, services spéciaux d’hôpitaux, écoles primaires, etc. Dans le même temps, des promoteurs en recherche de légitimité, pénètrent le champ scolaire pour développer une psychologie expérimentale. L’un d’eux, Alfred Binet, développe des tests visant à définir un seuil d’éducabilité en réponse à la question du moment : l’enfant anormal relève-t-il d’une prise en charge médicale ou d’une prise en charge scolaire ? Telle est la question dans les dernières années du xixe siècle et au début du xxe. À travers cette question, se dessinent, de nouveaux enjeux scientifiques et politiques de l’enfance anormale et de l’avenir du modèle médico-pédagogique et de sa gymnastique, que nous allons traiter dans une troisième et dernière partie ayant pour titre : « De la gymnastique médico-pédagogique asilaire à l’éducation physique scolaire. »

    Exercice de la coordination de la marche sur l’échelle plate sous le contrôle de Bourneville, vers 1900, à l’institut médico-éducatif de Vitry-Sur-Seine. Collection Musée d’histoire de la médecine, Paris.

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    La petite gymnastique, aux appareils de Pichery, animée par les infirmières-institutrices, à l’asile-école de Bicêtre, vers 1900. Collection Musée d’histoire de la médecine, Paris.

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    La grande gymnastique, exercice de défilé en fanfare avec les barres à sphères, à l’asile-école de Bicêtre, vers 1900. Collection Musée d’histoire de la médecine, Paris.

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    La grande gymnastique, mouvements d’ensemble sous le contrôle du maître de gymnastique, M. Goy, à l’asile-école de Bicêtre, vers 1900. Collection Musée d’histoire de la médecine, Paris.

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    La grande gymnastique, mouvements d’ensemble à côté des appareils du gymnase découvert, à l’asile-école de Bicêtre, vers 1900. Collection Musée d’histoire de la médecine, Paris.

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    Exercices de gymnastique avec les appareils du gymnase découvert, à l’asile-école de Bicêtre, vers 1900. Collection Musée d’histoire de la médecine, Paris.

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    Mouvements d’ensemble des filles sous la direction du maître de gymnastique M. Goy, à l’asile-école de la fondation Vallée : vers 1900. Collection Musée d’histoire de la médecine, Paris.

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    Notes de bas de page

    1 Arnaud Pierre, Le Militaire, l’écolier, le gymnaste. Naissance de l’éducation physique en France (1869-1889), Lyon, PUL, 1991, p. 124-125.

    2 Andrieu Gilbert, La Gymnastique au xixe siècle ou la naissance de l’éducation physique (1789-1914), Paris, Actio, 1999, p. 121.

    3 Les initiatives parisiennes en matière de gymnastique remontent au début des années 1840. En 1846-1847, un concours est organisé pour choisir celle des trois méthodes de gymnastique qui sera appliquée dans les écoles communales. Elles sont alors enseignées dans 21 écoles, réparties en trois groupes, à raison de deux fois une demi-heure par semaine. C’est celle de Clias, également « professeur de gymnastique du jeune prince », qui aura la préférence. Destiné à l’origine aux seuls garçons, l’enseignement de la gymnastique rattrape lentement son retard dans les écoles de filles : en 1929, un état des traitements des professeurs d’éducation physique employés par la ville de Paris fait apparaître 92 enseignants, 42 femmes et 50 hommes, dont le service est en général de 20 heures. D’après Garnier Pascale, « Enseigner l’éducation physique à l’école élémentaire, Maîtres et spécialistes des activités physiques : une collaboration en question (1880-2000) », in Staps, n° 58, Montpellier, AFRAPS, 2002, p. 10.

    4 Demenÿ Georges, op. cit., 1909, p. 34.

    5 Napoléon Laisné est inspecteur général de l’enseignement de la gymnastique dans les écoles de la ville de Paris de 1872 à 1892, d’après Demenÿ Georges, op. cit., 1909, p. 109.

    6 Laisné indique qu’il y a trois employés de la sous-inspection, MM. Borot, Le Guenec et Mlle Laisné et deux professeurs spéciaux nommés récemment, Mlles Lefranc Louise et Virey Marie. D’après Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. VI.

    7 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. VI.

    8 Le corps des professeurs de la ville de Paris va se constituer définitivement en 1927 par la mise en place d’un concours, d’après Picq Bernard, « Les professeurs de la ville de Paris », in Images de 150 ans d’EPS. L’éducation physique et sportive à l’école, en France, Zoro Jean (dir.), Paris, Association des enseignants d’EPS, 1986, p. 167.

    9 Garnier Pascale, op. cit., 2002, p. 10-11.

    10 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1895, p. 188. Avis de nomination, mai 1841, octobre 1884, avril 1890, novembre 1893, in Archives de l’Assistance publique, liasse n° 646, manuscrit Bourneville. Les délégations cantonales sont des assemblées de notables nommées par le conseil départemental et chargées de « veiller à la direction morale et intellectuelle des enfants ainsi qu’à la bonne installation matérielle des écoles » du canton. À Paris, les délégués se réunissent au moins une fois par mois, sous la surveillance du maire ou de l’un de ses adjoints.

    11 Vial Monique et Hugon Marie-Anne, op. cit., 1998, p. 95.

    12 Voisin Jules, L’Idiotie. Hérédité et dégénérescence mentale, psychologie et éducation de l’idiot, Paris, Félix Alcan, 1893, p. 260.

    13 Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 258.

    14 Bourneville Désiré Magloire, Recherches cliniques et thérapeutiques sur l’épilepsie, l’hystérie et l’idiotie, Compte rendu du service des enfants idiotes, épileptiques et arriérées de la fondation Vallée, pendant l’année 1906, vol. XXVIII, Paris, Félix Alcan, 1907, p. II.

    15 Ibid., 1907, p. II.

    16 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. 84.

    17 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. XII-XIII.

    18 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 118.

    19 Marquebreucq Fernand, Les Enfants anormaux. Manuel de gymnastique rationnelle, Bruxelles, J. Lebègue et Cie, 1919, p. 58.

    20 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1907, p. II.

    21 Bourneville Désiré Magloire, Recherches cliniques et thérapeutiques sur l’épilepsie, l’hystérie et l’idiotie, Compte rendu du service des épileptiques et des enfants idiots et arriérés de Bicêtre pendant l’année 1897, volume XVIII, Paris, Le progrès médical, Félix Alcan, 1898, p. V.

    22 À la Salpêtrière, « chaque jour, ces enfants sont soumises aux exercices de la gymnastique de Pichery […] Les leçons de gymnastique tiennent une place importante dans notre emploi du temps ». D’après Meusy, op. cit., 1904.

    23 Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 262.

    24 Jules-Léandre Pichery, fils de jardinier, est directeur de gymnases privés à Paris, à Vichy, à Royat, à Aix-Les-Bains, à Nice, à Lyon, etc. Dans ces établissements, il traite par la gymnastique des malades. Il mène une réflexion sur des méthodes de gymnastique principalement médicale (maladies chroniques et incurables) avec des médecins (Barthe, Auguard, Bourneville, etc.) et il est fabricant de matériel.

    25 Per Henrick Ling (1776-1839) trouve d’abord dans l’exercice physique des ressources pour soigner une santé chancelante (paralysie du bras droit). Il invente une méthode dite « gymnastique suédoise » qui insiste plutôt sur le rythme et la coordination par le biais d’enchaînements de groupes et en utilisant des cerceaux, des massues et des petits ballons. Les leçons sont rangées selon des séries de séances journalières. Toutes les parties sont exercées d’après un groupe de mouvement et de famille, à l’aide d’exercices actifs et passifs.

    26 La gymnastique suédoise comprend entre autre des mouvements passifs. Ce sont des mouvements qui se font lorsqu’un ou plusieurs gymnastes (force extérieure) exécutent un mouvement avec ou sur les membres du patient ou sur une partie quelconque de son corps, sans que celui-ci aide ou résiste à son exécution, d’après Bourcart Maurice, Traité de gymnastique médicale suédoise, Paris, Félix Alcan, 1898, p. 2-3.

    27 Pichery Jules-Léandre, Éducation du corps, Manuel de gymnastique hygiénique et médicale, Paris, J.-B. Baillière, 1857, Cité par Collineau Alfred, op. cit., 1884, p. 676. Voir également Pichery Jules-Léandre, Gymnastique de l’opposant uniquement fondée sur l’anatomie et la physiologie de l’homme, Paris, J.-B. Baillière, 1867, p. 100. D’après Collineau Alfred, op. cit., 1884, p. 678.

    28 Henri Defrançois (1826-1893), fondateur de la gymnastique à Reims, surnommé le père de la gymnastique, fut maître d’armes dans un régiment, puis professeur d’escrime au lycée de Reims. Ce promoteur de la gymnastique, dont la réputation se répandit au loin, laissa quelques manuels d’orthopédie, de natation, de gymnastique. Il est l’inventeur d’un genre d’extenseur de salon. Il met également en place des tableaux d’exercices (publiés en 1862). Defrançois Henri, Gymnastique hygiénique. Appareil de salon (système Defrançois), Reims, 1862. D’après Collineau Alfred, op. cit., 1884, p. 677.

    29 Pichery Jules-Léandre, Gymnastique des écoles adoptée par le conseil municipal de la ville de Paris. Système de l’opposant, Paris, Rongier et Cie, 1890, p. 33.

    30 Il fait ses essais dans l’école communale de la rue de Poissy à Paris, sous contrôle d’une commission composée des médecins Bourneville et Blondeau et de l’inspecteur de l’école, Cuissart. Un rapport est effectué à la direction de l’enseignement primaire.

    31 Pichery Jules-Léandre, op. cit., 1890, p. 6-7.

    32 Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 261.

    33 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 167-168.

    34 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., note de bas de page, 1895, p. 50.

    35 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1900, p. LIII-LIV.

    36 Ibid., p. LV.

    37 En 1897, 20 élèves de la petite école et de la petite école complémentaire ont fait régulièrement les exercices de la grande gymnastique, d’après Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. V.

    38 Bru Paul, op. cit., Paris, 1890, p. 289.

    39 La fanfare et l’orphéon (chorale) sont placés sous la direction du professeur de chant, M. Sutter. La fanfare est composée de 17 exécutants, parmi lesquels d’anciens élèves passés sur la section des adultes. Cette fanfare est utilisée lors de la distribution des prix de l’école d’infirmières, de Bicêtre et de la Salpêtrière. Elle accompagne également la société de gymnastique aux concours (Vitry, Alfortville, Chatillon). La fanfare et l’orphéon ont également participé à des concours et ont obtenu des prix.

    40 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1907, p. XIII.

    41 Voir sur ce sujet (notamment le chapitre 8, « Gymnastique et réforme morale ») Arnal Thierry, op. cit., 2007.

    42 Spivak Marcel, op. cit., 1970, p. 11.

    43 Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 106.

    44 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 172.

    45 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. 115.

    46 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 172.

    47 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. XV.

    48 Thulié Henri, op. cit., 1900.

    49 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. XII.

    50 Premier concours de la ville de Vitry, Bicêtre obtient deux prix : une palme en vermeil pour les exercices d’ensemble et les mouvements individuels ; au deuxième concours organisé à Alfortville, un deuxième prix (médaille d’argent) pour les exercices d’ensemble ; un diplôme et une médaille en vermeil pour le premier prix d’ensemble du concours de Châtillon, d’après Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. XII.

    51 Bru Paul, op. cit., 1890, p. 290.

    52 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. XII.

    53 Harburger Marianne, op. cit., 1973, p. 65.

    54 Arnaud Pierre, « La trame et la chaîne : le réseau des sociétés conscriptives (1870- 1890) », in Revue sport histoire, n° 1, Toulouse, Privat, 1988, p. 71.

    55 « Gymnastique », in Nouveau dictionnaire de pédagogie, Buisson Ferdinand (dir.), Paris, Hachette et Cie, 1911, version électronique, INRP, 2007, p. 2842.

    56 Séguin Édouard, op. cit., 1997, p. 262-263.

    57 Laisné, sur demande d’Amoros, est détaché au gymnase normal de Paris de 1835 à 1838. Il prend la direction des gymnases de lycées de Paris en 1840. En 1846, il est chargé par l’administration de la guerre de dessiner toutes les machines adoptées pour l’enseignement de la gymnastique. Il est maître de gymnastique dans plusieurs hôpitaux parisiens pour enfants à partir de 1847. Il développe une gymnastique médicale et construit plusieurs gymnases dans ces établissements. Il est nommé inspecteur de gymnastique des écoles municipales et communales de la ville de Paris de 1872 à 1880. Il enseigne en 1872 les premiers principes de l’école du soldat et les exercices du plancher sans instruments, avec Eugène Paz auprès des instituteurs de la rive droite de la ville de Paris, etc. Sur sa trajectoire voir Laisné Napoléon, op. cit., 1880.

    58 Clémentine Lebègue, ancienne malade de l’hôpital d’aliénés de Sainte-Marie, devient le 30 octobre 1853, adjointe de Laisné. Ce dernier l’épouse, mais elle meurt quelques années plus tard.

    59 Buisson Ferdinand, Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, 1re partie, tome premier, Paris, Hachette et Cie, 1887. p. 1233.

    60 Manuel de gymnastique et d’exercices militaires, Paris, ministère de l’Instruction publique, 1881. D’après Collineau Alfred, op. cit., 1884, p. 349-350.

    61 Manuel d’exercices de gymnastique et de jeux scolaires, Paris, Imprimerie nationale, 1891.

    62 À propos de la gymnastique pour le dressage des jeunes dégénérés : au premier abord, « la gymnastique a pour but exclusif l’exercice purement physique, le développement des muscles, la précision de leur action, l’assouplissement des articulations, la vitesse et l’acuité du coup d’œil ; toutefois, on se rend compte, en réfléchissant, qu’elle a aussi, et à un degré très élevé, une influence sérieuse sur le moral, qu’elle donne à celui qui la pratique, en même temps que l’agilité du corps, l’agilité de la pensée, la présence d’esprit, le sang-froid, la confiance en ses propres forces, etc. ». D’après Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 167.

    63 Hamon Du Fougeray Étienne et Couëtoux Louis, op. cit., 1896, p. 206.

    64 Paz Eugène, op. cit., 1880, p. 180 et 239.

    65 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 172.

    66 Hamon Du Fougeray Étienne et Couëtoux Louis, op. cit., 1896, p. 206.

    67 Bourneville indique qu’il a été composé pour les enfants, pour l’usage des différents asiles-écoles, un Recueil de chants, qui comprend deux volumes.

    68 Propriété achetée en 1847 par Hyppolyte Vallée, léguée à sa mort au département de la Seine, la fondation Vallée ouvre ses portes en 1890 sous la direction médicale de Bourneville (jusqu’en 1905) qui met en place la même prise en charge médico-pédagogique. Le professeur de gymnastique M. Goy, intervient dans cet établissement et à l’asile-école de Bicêtre.

    69 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. 87.

    70 Arnaud Pierre, op. cit., 1988, p. 42.

    71 « Joseph Sansbœuf (1848-1938) joue un rôle prépondérant dans le mouvement de mobilisation en faveur des exercices physiques qui se développe en France dès l’avènement de la IIIe République. Alsacien né à Guebwiller, il est formé à la gymnastique au sein de ce qu’il est convenu d’appeler la première société de gymnastique de France. Installé à Paris après la guerre de 1870, il opte pour la France en 1872. Comme de nombreux alsaciens, il participe à l’effervescence associative parisienne qui a pour enjeu le relèvement de la patrie et la création de réseaux de soutien aux républicains. Aux côtés d’hommes politiques comme Maurice Barrès, Sadi Carnot, Léon Gambetta ou encore Paul Déroulède et de personnalités comme George Demenÿ, Jean Macé, Paschal Grousset et Pierre de Coubertin, Joseph Sansbœuf peut être considéré comme un personnage trait d’union entre des institutions et des hommes en concurrence. À une époque charnière de l’histoire des exercices corporels en France, l’itinéraire de Joseph Sansbœuf et les engagements qu’il a pris mettent en lumière le rôle des Alsaciens protestataires installés à Paris et l’influence des réseaux qu’ils ont constitués afin que s’opère la régénération de la France et la libération des provinces perdues », in Charpier William, « Joseph Sansboeuf (1848-1938). Itinéraire d’un gymnaste alsacien engagé », in Staps, n° 56, 2001, p. 19-31.

    72 Andrieu Gilbert, op. cit., 1999, p. 82.

    73 Les élèves ont obtenu dans ces concours des médailles de bronze, dont deux pour les exercices de course et deux pour les mouvements d’ensemble. Ils ont également gagné un prix en argent de 25 frs. D’après le rapport de Bourneville de 1899, cit. par Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 107.

    74 Le premier lendit parisien, c’est-à-dire ce grand concours de force et d’adresse ouvert à tous les élèves de France, est organisé par la ligue nationale d’éducation physique du 16 au 23 juin 1889. En 1890, Sansboeuf dirige, sous l’égide de Pierre de Coubertin, le premier concours de gymnastique réservé aux élèves des lycées, collèges et autres établissements de Paris et de Versailles. D’après Charpier William, op. cit., 2001, p. 28-29.

    75 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. XIII.

    76 Archives municipales, Bibliothèque administrative de la ville de Paris, Conseil municipal, 1888, 1889, 1890, 1891, 1896, 1902, 1905, 1908, 1910. Cité par Solal Édouard, L’Enseignement de l’éducation physique et sportive à l’école primaire (1789-1990), Paris, Édition Revue EPS, 1999, p. 164.

    77 Manuel d’exercices physiques et de jeux scolaires, ministère de l’Instruction publique, Paris, Hachette et Cie, 1919, p. 69-71.

    78 Meusy, op. cit., 1904, p. 87.

    79 Hamon Du Fougeray Étienne et Couëtoux Louis, op. cit., 1896, p. 213.

    80 Garnier Pascale, op. cit., 2002.

    81 Séguin Édouard, op. cit., 1997, p. 256.

    82 Ibid., p. 79 et 249.

    83 Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 259.

    84 Fauché Serge, op. cit., 1993, p. 22.

    85 « Il est important pour l’éducation de l’idiot, comme pour celle d’un enfant normal, de commencer cette étude de bonne heure. L’enfant ordinaire commence à deux ans à bien se faire comprendre, tandis que l’idiot ne commence qu’à quatre ou cinq ans à dire quelques mots. C’est à cet âge qu’il faut commencer son éducation », in Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 248.

    86 « On lui fait saisir la barre et bon gré, mal gré, il est obligé de suivre les moniteurs dans tous les mouvements des bras », in Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 104.

    87 Le terme de comportementalisme ou la théorie du béhaviorisme n’apparaît qu’au xxe siècle sous la plume de John Watson (Psychology as the behaviorist views it, 1913). Avec cette théorie, l’apprentissage est expliqué comme une modification du comportement observable ou non, modification résultant de la conséquence d’une réponse à des stimuli, extérieurs (environnement externe) ou à des stimuli intérieurs (environnement interne), sur l’organisme.

    88 Après 1900, un courant réformateur se développe et influence toute la pédagogie en France et à l’étranger. Une expression unique s’est imposée et les réformateurs ont presque tous adopté le mot d’École nouvelle. Cette dernière s’appuie sur les principes d’une pédagogie active et la confiance dans les ressources propres à chacun. Elle prône un apprentissage à partir du réel et du libre choix des activités. Les différents pédagogues de ce mouvement expriment de diverses manières cette nécessité de favoriser l’expérience personnelle. Cette pédagogie a été historiquement expérimentée dans des lieux où les enfants vivaient en permanence : orphelinats ou internats. Adolphe Ferrière (1879-1960) est un pédagogue suisse, qui apparaît comme l’un des fondateurs du mouvement de l’éducation nouvelle, estimait en 1919 qu’une école nouvelle était nécessairement un internat situé à la campagne. La mixité y était également considérée comme un point indispensable. On cite notamment parmi les principaux pédagogues qui ont contribué à illustrer ce mouvement, Rousseau, Pestalozzi, Itard, Séguin, Montessori, etc. Sur ce sujet voir Médici Angela, L’Éducation nouvelle, 2e édition, Paris, PUF, 1951.

    89 Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 99.

    90 Les leçons de choses sont multipliées le plus possible : « Entre les classes et le premier pavillon de dortoirs, le jardin géométrique, planté d’arbustes verts qui seront taillés en cônes, pyramides, cubes, sphères, etc. Entre le premier et le second pavillon de dortoirs, le jardin des surfaces, où des bordures de buis circonscrivent des pelouses ou des jardinets, représentant le triangle, le carré, le rectangle, le losange, etc. », in Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1892, p. 62.

    91 Sur toutes ces situations, voir Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 96-113.

    92 Hamon Du Fougeray Étienne et Couëtoux Louis, op. cit., 1896, p. 210.

    93 « Un ensemble d’actes, de fonctions, d’habitudes et de gestes qui constituent la mise en rapport de l’individu avec les phénomènes qui l’environnent », d’après Séguin Édouard, op. cit., 1997, p. 258.

    94 Topalov Christian, « Langage de la réforme et déni du politique. Le débat entre assistance publique et bienfaisance privée, 1889-1903 », in Genèses, n° 23, juin 1996, p. 30.

    95 Muel Francine, op. cit., 1975, p. 62.

    96 Zafiropoulos Markos, Les Arriérés : de l’asile à l’usine, Paris, Payot, 1981, p. 34.

    97 El Boujjoufi Taïeb, op. cit., 2005, p. 44.

    98 Murard Lion et Zylberman Patrick, L’Hygiène dans la République. La santé publique en France ou l’utopie contrariée 1870-1918, Paris, Fayard, 1996.

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    1 Arnaud Pierre, Le Militaire, l’écolier, le gymnaste. Naissance de l’éducation physique en France (1869-1889), Lyon, PUL, 1991, p. 124-125.

    2 Andrieu Gilbert, La Gymnastique au xixe siècle ou la naissance de l’éducation physique (1789-1914), Paris, Actio, 1999, p. 121.

    3 Les initiatives parisiennes en matière de gymnastique remontent au début des années 1840. En 1846-1847, un concours est organisé pour choisir celle des trois méthodes de gymnastique qui sera appliquée dans les écoles communales. Elles sont alors enseignées dans 21 écoles, réparties en trois groupes, à raison de deux fois une demi-heure par semaine. C’est celle de Clias, également « professeur de gymnastique du jeune prince », qui aura la préférence. Destiné à l’origine aux seuls garçons, l’enseignement de la gymnastique rattrape lentement son retard dans les écoles de filles : en 1929, un état des traitements des professeurs d’éducation physique employés par la ville de Paris fait apparaître 92 enseignants, 42 femmes et 50 hommes, dont le service est en général de 20 heures. D’après Garnier Pascale, « Enseigner l’éducation physique à l’école élémentaire, Maîtres et spécialistes des activités physiques : une collaboration en question (1880-2000) », in Staps, n° 58, Montpellier, AFRAPS, 2002, p. 10.

    4 Demenÿ Georges, op. cit., 1909, p. 34.

    5 Napoléon Laisné est inspecteur général de l’enseignement de la gymnastique dans les écoles de la ville de Paris de 1872 à 1892, d’après Demenÿ Georges, op. cit., 1909, p. 109.

    6 Laisné indique qu’il y a trois employés de la sous-inspection, MM. Borot, Le Guenec et Mlle Laisné et deux professeurs spéciaux nommés récemment, Mlles Lefranc Louise et Virey Marie. D’après Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. VI.

    7 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. VI.

    8 Le corps des professeurs de la ville de Paris va se constituer définitivement en 1927 par la mise en place d’un concours, d’après Picq Bernard, « Les professeurs de la ville de Paris », in Images de 150 ans d’EPS. L’éducation physique et sportive à l’école, en France, Zoro Jean (dir.), Paris, Association des enseignants d’EPS, 1986, p. 167.

    9 Garnier Pascale, op. cit., 2002, p. 10-11.

    10 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1895, p. 188. Avis de nomination, mai 1841, octobre 1884, avril 1890, novembre 1893, in Archives de l’Assistance publique, liasse n° 646, manuscrit Bourneville. Les délégations cantonales sont des assemblées de notables nommées par le conseil départemental et chargées de « veiller à la direction morale et intellectuelle des enfants ainsi qu’à la bonne installation matérielle des écoles » du canton. À Paris, les délégués se réunissent au moins une fois par mois, sous la surveillance du maire ou de l’un de ses adjoints.

    11 Vial Monique et Hugon Marie-Anne, op. cit., 1998, p. 95.

    12 Voisin Jules, L’Idiotie. Hérédité et dégénérescence mentale, psychologie et éducation de l’idiot, Paris, Félix Alcan, 1893, p. 260.

    13 Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 258.

    14 Bourneville Désiré Magloire, Recherches cliniques et thérapeutiques sur l’épilepsie, l’hystérie et l’idiotie, Compte rendu du service des enfants idiotes, épileptiques et arriérées de la fondation Vallée, pendant l’année 1906, vol. XXVIII, Paris, Félix Alcan, 1907, p. II.

    15 Ibid., 1907, p. II.

    16 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. 84.

    17 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. XII-XIII.

    18 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 118.

    19 Marquebreucq Fernand, Les Enfants anormaux. Manuel de gymnastique rationnelle, Bruxelles, J. Lebègue et Cie, 1919, p. 58.

    20 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1907, p. II.

    21 Bourneville Désiré Magloire, Recherches cliniques et thérapeutiques sur l’épilepsie, l’hystérie et l’idiotie, Compte rendu du service des épileptiques et des enfants idiots et arriérés de Bicêtre pendant l’année 1897, volume XVIII, Paris, Le progrès médical, Félix Alcan, 1898, p. V.

    22 À la Salpêtrière, « chaque jour, ces enfants sont soumises aux exercices de la gymnastique de Pichery […] Les leçons de gymnastique tiennent une place importante dans notre emploi du temps ». D’après Meusy, op. cit., 1904.

    23 Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 262.

    24 Jules-Léandre Pichery, fils de jardinier, est directeur de gymnases privés à Paris, à Vichy, à Royat, à Aix-Les-Bains, à Nice, à Lyon, etc. Dans ces établissements, il traite par la gymnastique des malades. Il mène une réflexion sur des méthodes de gymnastique principalement médicale (maladies chroniques et incurables) avec des médecins (Barthe, Auguard, Bourneville, etc.) et il est fabricant de matériel.

    25 Per Henrick Ling (1776-1839) trouve d’abord dans l’exercice physique des ressources pour soigner une santé chancelante (paralysie du bras droit). Il invente une méthode dite « gymnastique suédoise » qui insiste plutôt sur le rythme et la coordination par le biais d’enchaînements de groupes et en utilisant des cerceaux, des massues et des petits ballons. Les leçons sont rangées selon des séries de séances journalières. Toutes les parties sont exercées d’après un groupe de mouvement et de famille, à l’aide d’exercices actifs et passifs.

    26 La gymnastique suédoise comprend entre autre des mouvements passifs. Ce sont des mouvements qui se font lorsqu’un ou plusieurs gymnastes (force extérieure) exécutent un mouvement avec ou sur les membres du patient ou sur une partie quelconque de son corps, sans que celui-ci aide ou résiste à son exécution, d’après Bourcart Maurice, Traité de gymnastique médicale suédoise, Paris, Félix Alcan, 1898, p. 2-3.

    27 Pichery Jules-Léandre, Éducation du corps, Manuel de gymnastique hygiénique et médicale, Paris, J.-B. Baillière, 1857, Cité par Collineau Alfred, op. cit., 1884, p. 676. Voir également Pichery Jules-Léandre, Gymnastique de l’opposant uniquement fondée sur l’anatomie et la physiologie de l’homme, Paris, J.-B. Baillière, 1867, p. 100. D’après Collineau Alfred, op. cit., 1884, p. 678.

    28 Henri Defrançois (1826-1893), fondateur de la gymnastique à Reims, surnommé le père de la gymnastique, fut maître d’armes dans un régiment, puis professeur d’escrime au lycée de Reims. Ce promoteur de la gymnastique, dont la réputation se répandit au loin, laissa quelques manuels d’orthopédie, de natation, de gymnastique. Il est l’inventeur d’un genre d’extenseur de salon. Il met également en place des tableaux d’exercices (publiés en 1862). Defrançois Henri, Gymnastique hygiénique. Appareil de salon (système Defrançois), Reims, 1862. D’après Collineau Alfred, op. cit., 1884, p. 677.

    29 Pichery Jules-Léandre, Gymnastique des écoles adoptée par le conseil municipal de la ville de Paris. Système de l’opposant, Paris, Rongier et Cie, 1890, p. 33.

    30 Il fait ses essais dans l’école communale de la rue de Poissy à Paris, sous contrôle d’une commission composée des médecins Bourneville et Blondeau et de l’inspecteur de l’école, Cuissart. Un rapport est effectué à la direction de l’enseignement primaire.

    31 Pichery Jules-Léandre, op. cit., 1890, p. 6-7.

    32 Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 261.

    33 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 167-168.

    34 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., note de bas de page, 1895, p. 50.

    35 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1900, p. LIII-LIV.

    36 Ibid., p. LV.

    37 En 1897, 20 élèves de la petite école et de la petite école complémentaire ont fait régulièrement les exercices de la grande gymnastique, d’après Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. V.

    38 Bru Paul, op. cit., Paris, 1890, p. 289.

    39 La fanfare et l’orphéon (chorale) sont placés sous la direction du professeur de chant, M. Sutter. La fanfare est composée de 17 exécutants, parmi lesquels d’anciens élèves passés sur la section des adultes. Cette fanfare est utilisée lors de la distribution des prix de l’école d’infirmières, de Bicêtre et de la Salpêtrière. Elle accompagne également la société de gymnastique aux concours (Vitry, Alfortville, Chatillon). La fanfare et l’orphéon ont également participé à des concours et ont obtenu des prix.

    40 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1907, p. XIII.

    41 Voir sur ce sujet (notamment le chapitre 8, « Gymnastique et réforme morale ») Arnal Thierry, op. cit., 2007.

    42 Spivak Marcel, op. cit., 1970, p. 11.

    43 Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 106.

    44 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 172.

    45 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. 115.

    46 Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 172.

    47 Laisné Napoléon, op. cit., 1880, p. XV.

    48 Thulié Henri, op. cit., 1900.

    49 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. XII.

    50 Premier concours de la ville de Vitry, Bicêtre obtient deux prix : une palme en vermeil pour les exercices d’ensemble et les mouvements individuels ; au deuxième concours organisé à Alfortville, un deuxième prix (médaille d’argent) pour les exercices d’ensemble ; un diplôme et une médaille en vermeil pour le premier prix d’ensemble du concours de Châtillon, d’après Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. XII.

    51 Bru Paul, op. cit., 1890, p. 290.

    52 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. XII.

    53 Harburger Marianne, op. cit., 1973, p. 65.

    54 Arnaud Pierre, « La trame et la chaîne : le réseau des sociétés conscriptives (1870- 1890) », in Revue sport histoire, n° 1, Toulouse, Privat, 1988, p. 71.

    55 « Gymnastique », in Nouveau dictionnaire de pédagogie, Buisson Ferdinand (dir.), Paris, Hachette et Cie, 1911, version électronique, INRP, 2007, p. 2842.

    56 Séguin Édouard, op. cit., 1997, p. 262-263.

    57 Laisné, sur demande d’Amoros, est détaché au gymnase normal de Paris de 1835 à 1838. Il prend la direction des gymnases de lycées de Paris en 1840. En 1846, il est chargé par l’administration de la guerre de dessiner toutes les machines adoptées pour l’enseignement de la gymnastique. Il est maître de gymnastique dans plusieurs hôpitaux parisiens pour enfants à partir de 1847. Il développe une gymnastique médicale et construit plusieurs gymnases dans ces établissements. Il est nommé inspecteur de gymnastique des écoles municipales et communales de la ville de Paris de 1872 à 1880. Il enseigne en 1872 les premiers principes de l’école du soldat et les exercices du plancher sans instruments, avec Eugène Paz auprès des instituteurs de la rive droite de la ville de Paris, etc. Sur sa trajectoire voir Laisné Napoléon, op. cit., 1880.

    58 Clémentine Lebègue, ancienne malade de l’hôpital d’aliénés de Sainte-Marie, devient le 30 octobre 1853, adjointe de Laisné. Ce dernier l’épouse, mais elle meurt quelques années plus tard.

    59 Buisson Ferdinand, Dictionnaire de pédagogie et d’instruction primaire, 1re partie, tome premier, Paris, Hachette et Cie, 1887. p. 1233.

    60 Manuel de gymnastique et d’exercices militaires, Paris, ministère de l’Instruction publique, 1881. D’après Collineau Alfred, op. cit., 1884, p. 349-350.

    61 Manuel d’exercices de gymnastique et de jeux scolaires, Paris, Imprimerie nationale, 1891.

    62 À propos de la gymnastique pour le dressage des jeunes dégénérés : au premier abord, « la gymnastique a pour but exclusif l’exercice purement physique, le développement des muscles, la précision de leur action, l’assouplissement des articulations, la vitesse et l’acuité du coup d’œil ; toutefois, on se rend compte, en réfléchissant, qu’elle a aussi, et à un degré très élevé, une influence sérieuse sur le moral, qu’elle donne à celui qui la pratique, en même temps que l’agilité du corps, l’agilité de la pensée, la présence d’esprit, le sang-froid, la confiance en ses propres forces, etc. ». D’après Thulié Henri, op. cit., 1900, p. 167.

    63 Hamon Du Fougeray Étienne et Couëtoux Louis, op. cit., 1896, p. 206.

    64 Paz Eugène, op. cit., 1880, p. 180 et 239.

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    66 Hamon Du Fougeray Étienne et Couëtoux Louis, op. cit., 1896, p. 206.

    67 Bourneville indique qu’il a été composé pour les enfants, pour l’usage des différents asiles-écoles, un Recueil de chants, qui comprend deux volumes.

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    71 « Joseph Sansbœuf (1848-1938) joue un rôle prépondérant dans le mouvement de mobilisation en faveur des exercices physiques qui se développe en France dès l’avènement de la IIIe République. Alsacien né à Guebwiller, il est formé à la gymnastique au sein de ce qu’il est convenu d’appeler la première société de gymnastique de France. Installé à Paris après la guerre de 1870, il opte pour la France en 1872. Comme de nombreux alsaciens, il participe à l’effervescence associative parisienne qui a pour enjeu le relèvement de la patrie et la création de réseaux de soutien aux républicains. Aux côtés d’hommes politiques comme Maurice Barrès, Sadi Carnot, Léon Gambetta ou encore Paul Déroulède et de personnalités comme George Demenÿ, Jean Macé, Paschal Grousset et Pierre de Coubertin, Joseph Sansbœuf peut être considéré comme un personnage trait d’union entre des institutions et des hommes en concurrence. À une époque charnière de l’histoire des exercices corporels en France, l’itinéraire de Joseph Sansbœuf et les engagements qu’il a pris mettent en lumière le rôle des Alsaciens protestataires installés à Paris et l’influence des réseaux qu’ils ont constitués afin que s’opère la régénération de la France et la libération des provinces perdues », in Charpier William, « Joseph Sansboeuf (1848-1938). Itinéraire d’un gymnaste alsacien engagé », in Staps, n° 56, 2001, p. 19-31.

    72 Andrieu Gilbert, op. cit., 1999, p. 82.

    73 Les élèves ont obtenu dans ces concours des médailles de bronze, dont deux pour les exercices de course et deux pour les mouvements d’ensemble. Ils ont également gagné un prix en argent de 25 frs. D’après le rapport de Bourneville de 1899, cit. par Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 107.

    74 Le premier lendit parisien, c’est-à-dire ce grand concours de force et d’adresse ouvert à tous les élèves de France, est organisé par la ligue nationale d’éducation physique du 16 au 23 juin 1889. En 1890, Sansboeuf dirige, sous l’égide de Pierre de Coubertin, le premier concours de gymnastique réservé aux élèves des lycées, collèges et autres établissements de Paris et de Versailles. D’après Charpier William, op. cit., 2001, p. 28-29.

    75 Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1898, p. XIII.

    76 Archives municipales, Bibliothèque administrative de la ville de Paris, Conseil municipal, 1888, 1889, 1890, 1891, 1896, 1902, 1905, 1908, 1910. Cité par Solal Édouard, L’Enseignement de l’éducation physique et sportive à l’école primaire (1789-1990), Paris, Édition Revue EPS, 1999, p. 164.

    77 Manuel d’exercices physiques et de jeux scolaires, ministère de l’Instruction publique, Paris, Hachette et Cie, 1919, p. 69-71.

    78 Meusy, op. cit., 1904, p. 87.

    79 Hamon Du Fougeray Étienne et Couëtoux Louis, op. cit., 1896, p. 213.

    80 Garnier Pascale, op. cit., 2002.

    81 Séguin Édouard, op. cit., 1997, p. 256.

    82 Ibid., p. 79 et 249.

    83 Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 259.

    84 Fauché Serge, op. cit., 1993, p. 22.

    85 « Il est important pour l’éducation de l’idiot, comme pour celle d’un enfant normal, de commencer cette étude de bonne heure. L’enfant ordinaire commence à deux ans à bien se faire comprendre, tandis que l’idiot ne commence qu’à quatre ou cinq ans à dire quelques mots. C’est à cet âge qu’il faut commencer son éducation », in Voisin Jules, op. cit., 1893, p. 248.

    86 « On lui fait saisir la barre et bon gré, mal gré, il est obligé de suivre les moniteurs dans tous les mouvements des bras », in Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 104.

    87 Le terme de comportementalisme ou la théorie du béhaviorisme n’apparaît qu’au xxe siècle sous la plume de John Watson (Psychology as the behaviorist views it, 1913). Avec cette théorie, l’apprentissage est expliqué comme une modification du comportement observable ou non, modification résultant de la conséquence d’une réponse à des stimuli, extérieurs (environnement externe) ou à des stimuli intérieurs (environnement interne), sur l’organisme.

    88 Après 1900, un courant réformateur se développe et influence toute la pédagogie en France et à l’étranger. Une expression unique s’est imposée et les réformateurs ont presque tous adopté le mot d’École nouvelle. Cette dernière s’appuie sur les principes d’une pédagogie active et la confiance dans les ressources propres à chacun. Elle prône un apprentissage à partir du réel et du libre choix des activités. Les différents pédagogues de ce mouvement expriment de diverses manières cette nécessité de favoriser l’expérience personnelle. Cette pédagogie a été historiquement expérimentée dans des lieux où les enfants vivaient en permanence : orphelinats ou internats. Adolphe Ferrière (1879-1960) est un pédagogue suisse, qui apparaît comme l’un des fondateurs du mouvement de l’éducation nouvelle, estimait en 1919 qu’une école nouvelle était nécessairement un internat situé à la campagne. La mixité y était également considérée comme un point indispensable. On cite notamment parmi les principaux pédagogues qui ont contribué à illustrer ce mouvement, Rousseau, Pestalozzi, Itard, Séguin, Montessori, etc. Sur ce sujet voir Médici Angela, L’Éducation nouvelle, 2e édition, Paris, PUF, 1951.

    89 Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 99.

    90 Les leçons de choses sont multipliées le plus possible : « Entre les classes et le premier pavillon de dortoirs, le jardin géométrique, planté d’arbustes verts qui seront taillés en cônes, pyramides, cubes, sphères, etc. Entre le premier et le second pavillon de dortoirs, le jardin des surfaces, où des bordures de buis circonscrivent des pelouses ou des jardinets, représentant le triangle, le carré, le rectangle, le losange, etc. », in Bourneville Désiré Magloire, op. cit., 1892, p. 62.

    91 Sur toutes ces situations, voir Jaeger Marcel et Wacjman Claude, op. cit., 1998, p. 96-113.

    92 Hamon Du Fougeray Étienne et Couëtoux Louis, op. cit., 1896, p. 210.

    93 « Un ensemble d’actes, de fonctions, d’habitudes et de gestes qui constituent la mise en rapport de l’individu avec les phénomènes qui l’environnent », d’après Séguin Édouard, op. cit., 1997, p. 258.

    94 Topalov Christian, « Langage de la réforme et déni du politique. Le débat entre assistance publique et bienfaisance privée, 1889-1903 », in Genèses, n° 23, juin 1996, p. 30.

    95 Muel Francine, op. cit., 1975, p. 62.

    96 Zafiropoulos Markos, Les Arriérés : de l’asile à l’usine, Paris, Payot, 1981, p. 34.

    97 El Boujjoufi Taïeb, op. cit., 2005, p. 44.

    98 Murard Lion et Zylberman Patrick, L’Hygiène dans la République. La santé publique en France ou l’utopie contrariée 1870-1918, Paris, Fayard, 1996.

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    Brier, P. (2019). L’âge d’or de la gymnastique médico-pédagogique. In Une histoire de l’éducation physique dans les instituts médico-éducatifs 1838-1909 (1‑). Presses universitaires de Paris Nanterre. https://doi.org/10.4000/books.pupo.16439
    Brier, Pascal. « L’âge d’or de la gymnastique médico-pédagogique ». In Une histoire de l’éducation physique dans les instituts médico-éducatifs 1838-1909. Nanterre: Presses universitaires de Paris Nanterre, 2019. https://doi.org/10.4000/books.pupo.16439.
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