Contributions et micro-contributions aux projets Wikimédia face à la théorie de l’engagement
p. 45-54
Texte intégral
Présentation du contexte et de l’objet d’étude
1La contribution à Wikipédia suppose un certain apprentissage. Il faut apprendre le wikicode1, ainsi que les rudiments de ce qui permet de structurer la connaissance sur ces projets en ligne. Bien sûr le champ d’apprentissage ne se limite pas à ces deux aspects. Il est sans doute intéressant d’apprendre d’autres aspects du fonctionnement du projet, les différents rôles2 qui maintiennent l’encyclopédie Wikipédia, le projet Wikimédia le plus connu, ou encore ses principes fondateurs. Il y a donc une multitude de choses à apprendre avec toutefois un prérequis qui semble incontournable : le wikicode. Quand bien même les sujets de contribution sont par la suite orientés vers la maintenance (typographie, orthographe, etc.), il est indispensable de connaître cette syntaxe. Son apprentissage peut se faire seul devant la machine, au gré des premières contributions, parfois dans la douleur. Il peut se faire également dans des ateliers dédiés organisés par des personnes aguerries en contribution à Wikipédia, mais cette option paraît moins fréquente.
2Depuis 2015 environ, l’écosystème des projets Wikimédia, tout comme celui d’autres projets libres comme le projet de cartographie libre OpenStreetMap, voit émerger des outils de contribution permettant de contribuer sans ou avec extrêmement peu de prérequis. Ce type de contribution sera appelé dans ce document, micro-contribution en opposition à la contribution « traditionnelle » précédemment explicitée. Nous tenterons d’inventorier un certain nombre de micro-contributions avec comme critère l’ajout de contenu à un projet libre sans toutefois de phase d’apprentissage significative notamment du wikicode.
3Une fois ces deux types de contribution bien identifiés, c’est-à-dire la contribution « traditionnelle » d’une part, qui demande un apprentissage plus ou moins long d’un certain nombre de connaissances indispensables pour participer, et d’autre part la micro-contribution qui permet d’ajouter du contenu sans préalable en termes d’apprentissage, nous pouvons nous intéresser aux raisons, aux motivations de ces participations bénévoles.
4La contribution « traditionnelle » (qui suppose un apprentissage) et la micro-contribution sont-elles animées par les mêmes motivations ? Ce questionnement peut être mis en perspective avec ce qu’on appelle la théorie de l’engagement. En effet, s’il serait aisé grâce à une série d’entretiens de savoir comment les personnes interrogées ont appris à participer et de déterminer leurs rapports à un mode de contribution « traditionnelle » ou à un mode de micro-contribution, il est plus difficile de connaître et de comprendre les raisons et motivations de ces interventions. D’abord car les raisons d’un engagement ne sont pas toujours claires et connues de l’individu lui-même. C’est pourquoi nous explorerons cette théorie de l’engagement en utilisant l’outil que constituent les régimes de contribution ; ceci pour finalement comparer les régimes qui semblent déterminer la contribution « traditionnelle » à ceux impliqués dans la micro-contribution. Ainsi nous pourrons réfléchir à la réponse apportée en termes d’engagement et de motivation à contribuer, par la micro-contribution. Cela permettra également de réfléchir à ce qui distingue contribution « traditionnelle » et micro-contribution en termes d’engagement.
Méthodologie
5Après avoir précisé ce qui distingue la contribution traditionnelle de ce que nous appelons ici « micro-contribution », nous chercherons à définir au plus juste cette dernière notion, notamment en pointant son absence de besoin d’apprentissage préalable. Nous chercherons ensuite à inscrire les motivations à contribuer ou à micro-contribuer dans un cadre théorique commun qui en l’occurrence est celui de la théorie générale de l’action (ou théorie de l’engagement) du sociologue Laurent Thévenot. Le recours à sa typologie des régimes d’engagement permettra enfin de réfléchir à ce qui distingue et à ce qui rassemble contribution et micro-contribution dans les motivations préalables à agir.
Inventaire non-exhaustif de supports possibles de micro-contribution
6Commençons notre inventaire par le projet de cartographie libre OpenStreetMap. Il existe dans son écosystème plusieurs projets annexes de contribution dont MapSwipe3 qui prend la forme d’une application mobile. Le principe est le suivant : des images satellites sont proposées à la personne utilisant l’application mobile. Ces images sont divisées en carrés. Si la personne identifie dans un carré une zone d’habitation, une route ou une rivière, elle sélectionne le carré. Sinon elle s’abstient de le faire. Ce mode de contribution qui ne demande quasiment aucun prérequis cartographique constitue une forme de « crowdsourcing de second niveau » pour reprendre la formulation usitée sur la page dédiée sur le wiki d’OpenStreetMap4. Bien que la finalité de cette forme de contribution ne soit pas un ajout de contenu direct à OpenStreetMap (il correspond plutôt à un défrichage utilisé par d’autres projets comme le projet de cartographie humanitaire HotOSM5, qui ajoute du contenu directement à la base OpenStreetMap), la participation unitaire peut se faire en quelques secondes et sans prérequis. L’utilisation de l’application est totalement intuitive. Bien sûr, la personne utilisant l’application peut passer des heures à effectuer des milliers de micro-contributions via cette application. Le point important est qu’aucune initiation n’a été nécessaire pour contribuer.
7À partir de 2011, un concours de photographie international nommé « Wiki Loves Monuments » (WLM) est organisé par le mouvement Wikimédia. Dans chaque pays participant, une liste de monuments à illustrer est publiée. Par exemple pour la France, il s’agit de la liste des monuments historiques répertoriés dans la base Mérimée. L’organisation met alors en place divers outils comme des cartes indiquant les monuments historiques sans illustration sur Wikimedia Commons6. Sans prérequis particulier, il est aisé pour une personne qui n’a pas de connaissance particulière du monde Wikimédia d’identifier un besoin de photographie d’un monument historique proche de chez elle, de prendre la photographie et de la téléverser sur Wikimedia Commons via le formulaire simplifié. Cette relative aisance d’utilisation qui permet de contribuer à l’écosystème Wikimédia sans connaissance particulière est d’ailleurs confirmée par diverses données : 1 400 personnes n’ayant a priori jamais contribué auparavant participent à au moins une des trois éditions 2011, 2012, 2013, uniquement pour WLM France7. Si on considère le concours à son échelle mondiale, environ deux tiers des participants à l’édition 2012 n’avaient jamais édité les projets Wikimédia auparavant8. On s’aperçoit donc que les outils techniques relatifs à ce que nous appelons ici « micro-contribution » semblent favoriser des individus non investis dans la contribution « traditionnelle ». Se poserait également la question du taux de rétention de ces nouveaux contributeurs : la micro-contribution se mue-t-elle dans la durée en contribution « traditionnelle » ?
8Un exemple très proche, dans un contexte local, concerne l’illustration des rues de Lyon. En 2019, un projet du groupe local lyonnais a mis à disposition une carte dynamique, générée à partir des données du projet Wikidata et indiquant les rues déjà illustrées et celles qui n’avaient pas d’illustration sous licence libre sur Wikimedia Commons9. De façon similaire au contexte Wiki Loves Monuments, des personnes éloignées de la contribution Wikimédia, sans connaissance particulière de la contribution, ont pu participer et ajouter du contenu aux projets Wikimédia.
9Le dernier exemple concerne cette fois le Wiktionnaire, un des projets de dictionnaires de la Wikimedia Foundation. Un outil en ligne, Lingua Libre10, disponible depuis 2018, permet à tout un chacun d’enregistrer facilement des mots ou des listes de mots. Sans prérequis particulier, une personne qui n’a potentiellement aucune connaissance des projets Wikimédia ni du Wiktionnaire peut enregistrer des mots. Ceux-ci seront alors publiés sur Wikimedia Commons sous licence libre. Dans un second temps, un robot (un programme automatisé) indiquera ce fichier audio sur l’entrée correspondante du Wiktionnaire11.
Caractérisation de la micro-contribution
10En première approche, nous définissons la micro-contribution comme une contribution à un projet libre de type Wikipédia, qui ne nécessite aucune connaissance particulière de l’édition de ce type de projets. Elle peut être parfaitement isolée dans le temps et ainsi n’avoir aucune suite ni aucune perpétuation dans la durée. Si une micro-contribution peut évidemment être réalisée par un contributeur chevronné, c’est bien la motivation à la réaliser qui nous intéresse ici. On distinguera donc les deux scénarios :
- une micro-contribution effectuée par un parfait néophyte en matière d’édition des projets ;
- la contribution régulière d’un contributeur aguerri (contribution « traditionnelle »).
11Concrètement la micro-contribution peut ici prendre la forme de l’enregistrement d’un mot avec Lingua Libre, ou de la prise d’une photographie d’un monument historique ou d’une rue de Lyon ; elle peut également prendre la forme de l’identification de zone d’habitations avec MapSwipe. Autant de chemins possibles pour ajouter du contenu à des projets libres sans toutefois avoir des connaissances en matière d’édition et de contribution auxdits projets.
12Le propos sera ici de chercher à comparer les motivations respectives qui ont déterminé la réalisation de chacun de ces deux scénarios.
Comprendre les raisons d’une participation contributive
13Un point de départ possible est l’ouvrage de Sandrine Nicourd et Bénédicte Havard Duclos, Pourquoi s’engager ? Bénévoles et militants dans les associations de solidarité12 synthétisant une longue étude de terrain. Certes l’on parle ici de bénévolat dans des structures de solidarité, dans la vie réelle ; surtout le titre suggère une démarche consciente (« Pourquoi s’engager ») alors même que les raisons d’un engagement peuvent échapper au protagoniste concerné au premier chef. Mais cette place accordée a priori à une supposée aspiration individuelle quasi naturaliste est rapidement battue en brèche par les autrices elles-mêmes qui analysent l’engagement comme lié aux différents contextes sociaux : « l’engagement ne se déroule pas hors des contraintes sociales13 ». Ceci pour confirmer s’il en était besoin que l’engagement et les raisons de cet engagement sont bien un champ d’étude sociologique14 et non pas un sujet d’étude psychologique réduit à l’analyse de l’altruisme chez l’individu. Toutefois les études mentionnées ici s’appliquent aux actions de solidarité et restent en cela assez éloignées de notre propos consistant à analyser les raisons respectivement d’un engagement contributif dit « traditionnel » sur un projet en ligne d’une part, et celui relatif à une micro-contribution.
14Bien sûr il existe quelques études qui tentent de comprendre les raisons d’un engagement contributif wikipédien ; on peut notamment citer l’article de Susan Bryant et al. qui date de 200515 : l’étude a impliqué des entretiens avec vingt-deux personnes contribuant fréquemment à Wikipédia (contribution « traditionnelle » donc). Dans cette publication comme dans d’autres16, la méthodologie implique des entretiens de personnes contribuant de manière très régulière.
15Nous sommes donc face à un double problème. D’une part les démarches évoquées ne s’intéressent pas à ce que nous nommons « micro-contribution » ; d’autre part l’entretien laisse la part belle à des appréciations positives pour l’individu (participation à la libération de la connaissance, altruisme, figure du héros généreux) en omettant des aspects mis en avant par Bénédicte Havard Duclos, et Sandrine Nicourd comme le besoin d’établir une continuité biographique ou encore la reconstruction d’une identité (individuelle) blessée17.
16Il est ainsi nécessaire d’aborder la question par une théorie sociale qui puisse englober nos deux types de contribution, contribution « traditionnelle » et micro-contribution, suffisamment pour ne pas avoir à considérer le biais cathartique tel qu’il peut apparaître lors d’entretiens. Ce biais est toutefois à relativiser quand il s’agit de micro-contribution : la personne s’impliquant ponctuellement dans une micro-contribution est peu soupçonnable de souhaiter consciemment ou non inscrire cette participation ponctuelle dans un récit autobiographique.
Une théorie de l’action comme grille de lecture
17Se pose donc la question d’une théorie générale sur laquelle s’appuyer pour étudier avec le même référentiel, contribution « traditionnelle » et micro-contribution. Cette théorie attendue doit être une théorie de l’action qui permet d’interroger les motivations à ladite action. Ainsi exprimée notre attente théorique, la sociologie propose en réponse une partie des travaux de Laurent Thévenot particulièrement adaptés à notre besoin présent : celui relatif aux régimes d’engagement. Signalons les travaux antérieurs de Laurent Thévenot conduits avec Luc Boltanski, relatifs eux aux formes de justification, c’est-à-dire aux références utilisées comme argumentation par les individus quand il s’agit de justifier une action, voire de défendre une action dans le cadre d’une dispute ou d’un conflit18. Dans son ouvrage L’Action au pluriel. Sociologie des régimes d’engagement19, Laurent Thévenot a cherché à étendre son analyse à l’action en général, au-delà de la justification utilisée dans le cadre de disputes. La justification devient alors simplement l’un des possibles parmi les divers régimes d’engagement20.
18En première approche, on peut définir l’engagement comme l’ensemble des capacités individuelles à « entrer en relation » de façon coordonnée avec l’entourage impliqué (qu’il soit humain ou matériel) par l’action elle-même. Michel Grossetti propose une définition en quatre axes (reproduite ci-dessous) de ce qu’est un engagement21 :
- la « portée », le fait que l’on s’engage dans une coordination avec soi-même, avec des proches ou avec des ensembles plus larges de personnes ;
- la « quête d’un bien capital » que l’on peut interpréter comme la question de l’enjeu de l’engagement dans la situation, qui ne se réduit pas à des finalités mais inclut « l’assurance de la personne » dans son rapport aux autres et à elle-même ;
- les « dispositions appropriées de l’environnement et de la personne », qui abordent l’ajustement plus ou moins important entre la personne qui s’engage et les autres personnes concernées (et les aspects matériels de l’environnement) en ce qui concerne le sens de la situation ;
- la « promesse » associée à l’engagement, qui concerne le degré d’incertitude de la situation entre « la clôture quiète qui repose en confiance et celle de l’ouverture inquiète éprouvée dans le doute », incertitude fortement liée à la dimension plus ou moins réflexive de l’engagement.
19Sur cette base, Laurent Thévenot propose une typologie de l’engagement qu’il nomme les régimes d’engagement. Les trois régimes d’engagement sont les suivants :
- Le « régime de familiarité » : il correspond à une portée limitée dans la mesure où il s’agit de se coordonner avec son environnement immédiat voire avec soi-même. L’enjeu est celui de la convenance personnelle, le registre étant celui de l’affectif et de l’intime22.
- Le « régime du plan » : ce régime s’inscrit nettement plus dans la durée (comparativement au régime de familiarité). L’enjeu est la réalisation personnelle planifiée. Là où le régime de familiarité passe par l’indicible, l’accord tacite, le régime de plan passera par l’accord explicite voire par des formes contractuelles23.
- Le « régime de la justification » : la portée est ici encore plus large. On retrouve une partie des travaux conduits avec Boltanski. L’enjeu est ici le bien commun et la dimension est publique24.
20Cette grille de lecture proposée, nous pouvons à présent tenter de caractériser contribution « traditionnelle » et micro-contribution grâce au référentiel que constituent les régimes d’engagement. À l’instar de l’exemple historique de Cosimo de Médicis dans les interactions avec les représentants des autres familles de la ville, étudié au prisme des régimes d’engagement par Michel Grossetti25, nous allons à présent tenter d’adopter la même démarche avec respectivement la contribution « traditionnelle » d’une part et avec la micro-contribution d’autre part.
Contribution et micro-contribution au prisme des régimes d’engagement
21Envisageons les trois régimes d’engagement du plus éloigné de l’individu à celui qui est le plus proche de son intimité, en évaluant chaque régime d’engagement dans l’ordre suivant : justification, plan et familiarité.
22Le régime de justification apparaît dans le cadre d’une contribution au long cours, c’est-à-dire ce que l’on nomme ici une contribution « traditionnelle ». En effet, la motivation à contribuer est d’une part la volonté de développer une connaissance accessible au plus grand nombre et d’autre part de favoriser l’usage de la licence libre26. Dans cette optique l’engagement est déterminé par une motivation relative au bien commun. Difficile de déterminer si c’est également le cas dans le cadre de la micro-contribution : nous y reviendrons plus tard dans une réflexion impliquant régime de justification et régime de familiarité.
23Du point de vue du régime de plan, il est probable que la contribution « traditionnelle » se détermine également par ce régime ; le parcours du contributeur s’inscrivant dans la durée, au point de parler de « carrière de contributeur27 ». A contrario, le caractère discrétisé de la micro-contribution, dont chaque instance ne présume en aucune façon d’une suite possible, va à l’encontre de l’idée même de planification.
24Du point de vue du régime de familiarité, la donne est à nouveau sans doute différente : dans le cadre d’une contribution « traditionnelle » la possibilité de justifier un engagement tout en restant chez soi avec la possibilité de s’impliquer au besoin dans la vie de son foyer correspond à un régime de familiarité qui n’est guère permis par des engagements solidaires qui supposent de sortir de chez soi avec ce que cela implique28. Dans le cas de la micro-contribution, on peut supposer que la négociation individuelle s’appesantit sur deux aspects : la participation peut être isolée (ne survenir qu’une seule fois) et surtout durer très peu de temps. L’investissement personnel est donc très réduit et s’inscrit facilement dans les convenances personnelles. Par ailleurs, ce faible investissement du régime familier permet d’autant plus de justifier l’action entreprise (au sens du régime de justification) : « l’action entreprise [micro-contribution] ne me prend que quelques secondes [régime de familiarité] et en plus je participe au bien commun [régime de justification] ».
Conclusion
25En première approche et même si cela mériterait d’être confirmé par une série d’entretiens par exemple, on peut supposer que des solutions dites « crowdsourcées », qui correspondent à ce que nous avons appelé ici « micro-contribution », impliquent un régime de plan inexistant. C’est-à-dire moins de planification, moins de volonté de « retour sur investissement », moins de volonté de continuité biographique et donc, d’une certaine manière, plus d’altruisme.
26Cette différence notable (présence/absence du régime de plan) entre contribution « traditionnelle » et micro-contribution pose la question de la généralisation de ce type d’outils de « crowdsourcing » et de leur mise à disposition au plus grand nombre ; où quelques secondes contributives par semaine, indolores (régime de familiarité) pour l’individu, bénéficieraient au plus grand nombre et de manière générale à la connaissance libre (régime de justification).
27On peut également remarquer l’intérêt de ce type de contribution face à ce qui est parfois nommé la « carrière » du contributeur ou de la contributrice. Les grandes organisations humanitaires s’intéressent également à la notion de « carrière » de bénévole. On peut par exemple penser à une ONG comme la Croix-Rouge. En effet, comment pérenniser l’investissement bénévole d’individus parfois très bien formés et très expérimentés, qui décident d’interrompre leur bénévolat pour raison personnelle. C’est ce lien indicible entre l’organisation et l’individu qu’il s’agit de maintenir autant que possible entre l’organisation humanitaire et l’individu plus ou moins éloigné dans la durée d’une activité bénévole, pour mieux préparer son retour dès que sa vie personnelle le lui permet.
28De façon symétrique, on peut observer un très haut niveau d’expertise chez nombre de contributeurs ou de contributrices à des projets libres, que parfois des considérations d’ordre personnel éloignent de leurs sujets contributifs préférés. Les « micro-contributions » peuvent alors constituer ce lien indicible entre l’individu et le projet libre. Se rendre utile de temps à autre en contribuant durant quelques secondes éparses à son projet préféré.
Notes de bas de page
1 Le wikicode est la syntaxe qui permet d’écrire dans MediaWiki, le moteur de wikis utilisé par les projets Wikimédia.
2 Les fonctions d’administrateur, de bureaucrate par exemple sur Wikipédia en français.
4 Version du 3 juin 2019 : https://wiki.openstreetmap.org/w/index.php?title=MapSwipe&oldid=1857745.
6 Accès à la carte dynamique, WLM France : https://wikilovesmonuments.fr/outils/.
7 Sylvain Machefert, Benoît Évellin, « Wiki Loves Monuments. Un concours pour constituer une banque d’images des monuments », in HAL, 2015, p. 61.
8 Lodewijk Gelauff, « New editors thanks to Wiki Loves Monuments », 2012, https://www.wikilovesmonuments.org/new-editors-thanks-to-wiki-loves-monuments/ (consulté le 14/12/2020).
9 https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet:Cimeti%C3%A8res_de_Lyon#Projet_connexe_:_les_rues.
11 Exemple d’un enregistrement Lingua Libre ajouté automatiquement sur l’entrée correspondante du Wiktionnaire : https://fr.wiktionary.org/w/index.php?title=agneau&diff=25876885&oldid=25505494.
12 Sandrine Nicourd, Bénédicte Havard Duclos, Pourquoi s’engager ? Bénévoles et militants dans les associations de solidarité, Paris, Payot, 2005.
13 Ibid.
14 Annie Collovald (dir.), L’Humanitaire ou le management des dévouements. Enquête sur un militantisme de « solidarité internationale » en faveur du Tiers-Monde, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002.
15 Susan Bryant, Andrea Forte, Amy Bruckman, « Why Do People Write for Wikipedia? Incentives to Contribute to Open-Content Publishing », in GROUP ‘05, New York, ACM, 2005.
16 Stacey Kuznetsov, « Motivations of contributors to Wikipedia », in SIGCAS Computers and Society, New York, ACM, vol. 36, n° 2, 2006 ; Paul Zube, Elif Ozkaya, Alcides Velasquez, Cliff Lampe, Jonathan Obar, « Classroom Wikipedia participation effects on future intentions to contribute », in Proceedings of the ACM 2012 conference on Computer Supported Cooperative Work, février 2012, p. 403-406.
17 Bénédicte Havard Duclos, Sandrine Nicourd, « Le bénévolat n’est pas le résultat d’une volonté individuelle », in Pensée plurielle, vol. 1, n° 9, 2005, p. 61-73.
18 Luc Boltanski, Laurent Thévenot, De la justification. Les économies de la grandeur, Paris, Gallimard, 1991.
19 Laurent Thévenot, L’Action au pluriel. Sociologie des régimes d’engagement, Paris, La Découverte, 2006.
20 Michel Grossetti, « Les ressources de l’activité sociale », in SociologieS, Grands résumés, L’Action au pluriel. Sociologie des régimes d’engagement, 2011.
21 Ibid.
22 Ibid.
23 Ibid.
24 Ibid.
25 Ibid.
26 Susan Bryant, Andrea Forte, Amy Bruckman, « Why Do People Write for Wikipedia? Incentives to Contribute to Open-Content Publishing », art. cit.
27 Léo Joubert, « Devenir wikipédien : des carrières de contributeurs ? », Journée d’étude « Wikipédia et les wikis, objets de médiation et de transmission des savoirs », CNAM Paris, juin 2019.
28 Sandrine Nicourd, Bénédicte Havard Duclos, Pourquoi s’engager ? Bénévoles et militants dans les associations de solidarité, op. cit.
Auteur
Benoît Prieur est doctorant en sociologie au Sophiapol (université Paris Nanterre). De formation ingénieur, il est l’auteur de plusieurs ouvrages à propos de développement logiciel publiés aux éditions ENI. Il est par ailleurs wikimédien depuis fin 2010 et contributeur au projet OpenStreetMap depuis 2012.
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Wikipédia, objet scientifique non identifié
Lionel Barbe, Louise Merzeau et Valérie Schafer (dir.)
2015
Wikipédia, objet de médiation et de transmission des savoirs
Lionel Barbe et Marta Severo (dir.)
2021