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    Plan détaillé Texte intégral 1. Sites et contextes 2. Typologie et technique 3. Ithyphallisme et pudenda : interprétation en contexte de la théorie des cultes de la fertilité Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Quand on a la terre sous l’ongle

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Un « très grossier travail » Étude des figurines de terre cuite modelées dans les sanctuaires spartiates (VIIe-Ve s. av. J.C.)

    Adrien Delahaye et Aphrodite Vlachou

    p. 317-327

    Résumés

    Les figurines archaïques de terre cuite modelées des sanctuaires spartiates sont regroupées dans des catégories typologiques aux limites assez larges et semblent avoir souffert d’un désintérêt relatif par rapport au reste de la culture matérielle laconienne. Ces figurines, présentant pourtant une variété certaine, étaient produites localement et ont été trouvées exclusivement en contexte votif, autant d’éléments qui justifient une étude comparative et contextualisée, à même de replacer ces productions dans le champ des productions péloponnésiennes et de proposer une interprétation de leur fonction votive.

    The archaic handmade terracotta figurines from the Spartan sanctuaries are grouped in typological categories with rather broad boundaries and seem to have suffered from a relative lack of interest compared to the rest of the Laconian material culture. These figurines, however, show a certain variety, were produced locally and were found exclusively in votive context, all of which justify a comparative and contextualized study, in order to put these productions in the field of Peloponnesian contemporary productions and propose an interpretation of their votive function.

    Entrées d’index

    Mots-clés : Sparte, terre cuite, coroplathie, modelage, Grèce archaïque, ithyphallisme, grotesque, religion

    Keywords : Sparta, terracotta, coroplastic studies, modeling, archaic Greece, ithyphallism, grotesque, religion

    Texte intégral 1. Sites et contextes 2. Typologie et technique 3. Ithyphallisme et pudenda : interprétation en contexte de la théorie des cultes de la fertilité Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    1Paul Perdrizet, à propos des fragments de statuettes en terre cuite découverts lors des premières fouilles du Ménélaion au XIXe siècle, parlait « de très grossier travail », synthétisant ainsi en peu de mots le mépris dont ces productions faisaient l’objet1.

    2Les figurines de terre cuite anthropomorphes et zoomorphes constituent l’une des catégories d’offrandes votives les plus représentées dans les sanctuaires du monde grec antique. Respectant tantôt des normes iconographiques standardisées et partagées à un niveau panhellénique, tantôt des caractéristiques spécifiquement locales, elles apparaissent comme un indicateur fiable de la nature du culte rendu et du degré d’appropriation de ce dernier par la communauté qui le possède et le fréquente. Les types de figurines, ainsi que les techniques utilisées peuvent varier selon la période, la région, la cité ou le sanctuaire. Ces variations sont autant le fruit des intentions, des besoins, des croyances et des préférences des dédicants, que des produits et techniques maîtrisés et proposés par les ateliers de production, qu’ils soient locaux ou non.

    3Dans le Péloponnèse, ces variations peuvent être observées dans plusieurs cas, comme dans celui des figurines de terre cuite modelées consacrées dans les sanctuaires du nord-est de la péninsule pendant la période archaïque2. À Sparte, ces productions sont offertes de l’époque géométrique jusqu’au IVe siècle. Si les statuettes moulées peuvent généralement être considérées comme une catégorie d’objets miniaturisés, au même titre que les milliers de vases miniatures, ce n’est pas le cas de leurs variantes modelées. Produites localement, elles possèdent un spectre chronologique beaucoup plus restreint, de la fin du VIIIe au milieu du Ve siècle. Les types vont des scènes de genre de type béotien aux animaux3, mais l’essentiel se compose de figurines aux traits grotesques, voire obscènes. Leur signification, tout comme leur utilisation, restent en bonne partie énigmatiques. Ces productions n’ont jamais fait l’objet d’une étude d’ensemble spécifique, ni même, le plus souvent, d’un décompte exhaustif dans les rapports de fouilles.

    1. Sites et contextes

    4Les fouilles des sanctuaires spartiates de l’époque archaïque ont révélé au moins 3373 exemplaires de figurines modelées, mais les quantités varient considérablement d’un site à l’autre, sans parler de l’absence ou des lacunes des décomptes (fig. 1). Comme souvent en matière d’archéologie laconienne, les premières découvertes remontent aux fouilles du sanctuaire d’Orthia au début du XXe siècle4. Les 309 exemplaires entiers ou fragmentaires se répartissent en deux types principaux : les figures féminines debout – à la tête parfois moulée (fig. 2)5 – et les figurines entièrement modelées à la main6. Au Ménélaion, les fragments mentionnés par P. Perdrizet n’ont fait l’objet d’aucune publication, ni d’aucun inventaire7. Les fouilles britanniques de 1909 et 1973-1976 ont cependant révélé 300 figurines datées de la fin de l’époque géométrique (fig. 2) à la fin du VIe siècle8. L’acropole de Sparte, en particulier son sommet sur lequel était situé le sanctuaire d’Athéna Chalkioikos, a fourni 15 exemplaires publiés9. À l’Amyklaion – le sanctuaire d’Apollon à Amyclées –, E. Buschor et W. von Massow mentionnent des figurines modelées, mais une seule est publiée10. La reprise des fouilles depuis 2005 par A. Delivorrias et S. Vlizos a néanmoins récemment fourni les premiers exemplaires de type grotesque du site11. À Sparte même, des figurines archaïques ont été mises au jour sur les sites de l’herôon de la rue Stauffert12 et du dépôt votif de la rue Thermopylon13. Enfin, un lot exceptionnel de 2740 exemplaires a été découvert à Tsakona, au nord-est de la ville de Sparte, sur un site qui pourrait être le sanctuaire de Zeus Messapeus14.

    Fig. 1 – Tableau quantitatif des figurines modelées des sanctuaires spartiates.

    SanctuaireTotal figurines humaines modelées
    Artémis Orthia309
    Ménélaion300*
    Acropole15
    Amyklaion5**
    Tsakona2740
    Eileithyia2
    Heroon Stauffert ?
    Rue Thermopylon2
    TOTAL3373
    * Figurines modelées et moulées non distinguées
    ** Figurines non décomptées lors des cinq premières campagnes de fouilles

    Fig. 2 – Table des styles laconiens céramiques archaпques et classiques, établie par les auteurs sur la base de Droop 1929, Lane 1933 et Boardman 1963.

    DateStyle
    700-650Laconien 0 (style transitionnel)
    650-620Laconien 1
    620-580Laconien 2
    580-525Laconien 3
    525-500Laconien 4
    500-425Laconien 5
    425-375 ?Laconien 6

    2. Typologie et technique

    5Bien que la majorité des types se retrouve dans plusieurs sanctuaires, chaque site présente un assemblage propre. La typologie établie pour le matériel du sanctuaire d’Orthia par R. M. Dawkins constitue encore à ce jour le cadre référentiel des études sur la coroplathie laconienne15. Les figurines du sanctuaire étaient généralement recouvertes d’une barbotine noire, rouge ou brune, mais, en raison de l’acidité et de l’humidité du sol d’une part, mais aussi de la porosité de l’argile et de la cuisson incomplète d’autre part, ce « vernis » a le plus souvent disparu. Ces altérations ne sont néanmoins pas propres aux figurines, puisqu’elles concernent aussi le vernis des vases voisins dans chaque couche16. Ce constat amenait R. M. Dawkins à émettre l’hypothèse que l’argile et le vernis utilisés pour la réalisation des figurines étaient les mêmes que ceux employés pour les vases figurés et à vernis noir, ce qui démontrerait la production locale de ces figurines. L’une des implications secondaires de cette hypothèse est la possibilité d’une complémentarité des activités de potier et de coroplathe au sein d’une même unité de production, mais cette supposition ne peut, à l’heure actuelle, être vérifiée archéologiquement17. L’examen attentif du corpus du sanctuaire amène cependant à nuancer les dires de R. M. Dawkins, puisque les lits d’argile utilisés pour les figurines modelées ne correspondent que rarement à cette trame générale, valable surtout pour les productions moulées. La couleur varie, en fonction de la cuisson, du beige rosé au rougeâtre, mais une argile bleu-gris peut à l’occasion être observée. Cette dernière provient d’une autre argilière qui n’est pas encore identifiée, mais dont l’utilisation est attestée dans la céramique commune et les vases miniatures laconiens18.

    6Parmi les deux groupes de figurines modelées, le type III – daté du VIIe siècle – représente peut-être Orthia, selon des modalités qui la rapprochent de la femme assise argienne19. Le trône présente un saillant à l’arrière et sur les côtés, des pieds relativement hauts, des bras aplatis sur le devant, les mains sont posées sur des accoudoirs se terminant en disques verticaux et la tête, grossièrement modelée, est couronnée d’une masse de cheveux regroupés ou d’un polos. Ce groupe de 16 exemplaires n’existe que sur ce site20. Le type XIII, daté de 640 à 500, est beaucoup mieux représenté et regroupe une grande variété de sous-catégories21. Le groupe XIII.A – anthropomorphe – comprend 293 figurines, essentiellement masculines, divisées en deux sous-groupes, A1 et A2. Le type A1 se caractérise par une tête ronde, des côtés du visage aplatis, un nez et un menton proéminents et une bouche qui n’est pas toujours représentée. Les techniques employées pour les yeux vont des cercles incisés ou évidés au simple trou percé, en passant par l’adjonction de deux petites masses argileuses (fig. 3). La forme générale de la tête est souvent obtenue par le pincement vertical de la boule d’argile entre le pouce et l’index, le menton étant obtenu par un étirement et le nez par une combinaison de ces deux techniques. Une tête et des bras rudimentaires sont ajoutés à un corps en colonne, qui s’évase pour fournir une base stable à la figurine, sur le modèle des figurines mycéniennes en Ψ et en Χ22. Les visages ne possèdent généralement pas de signes distinctifs, mais de rares exemplaires présentent néanmoins un souci d’individualisation, comme dans le cas des personnages aux traits simiesques23.

    Fig. 3 – Type XIII.A1 masculin ; Orthia. Photographie Éphorie des Antiquités de Laconie – Bureau régional

    (© Ministère grec de la Culture et des Sports / Fond des Ressources Archéologiques).

    7Le type A7 du cavalier, les jambes écartées sur sa monture24, est également connu à l’Amyklaion25, sur l’acropole26 et dans les dépôts votifs du Ménélaion27. Au sein du corpus de ce dernier, un exemplaire se distingue par le port d’un grand masque conique percé de deux orifices pour les yeux28. Ce cavalier appartient à un groupe (A) de figurines datées de la fin du VIIe siècle, réalisées en argile blanche29. Cette dernière ne correspond pas aux lits d’argile connus en Laconie, ce qui a amené les fouilleurs britanniques à la conclusion que ces objets avaient été importés. Un autre groupe de cavaliers, daté de la fin du VIe et du Ve siècle (C) est également attesté au Ménélaion30. Cette datation plus tardive est confirmée par l’observation de l’argile et des modes de cuisson. L’argile utilisée est rouge, sableuse et friable ; elle ne présente ni les mêmes qualités de composition, ni la même cuisson que les figurines antérieures sur le site. Ces différences traduisent l’utilisation d’une argile et de techniques différentes de celles utilisées pour la céramique fine laconienne31, signe potentiel du déclin supposé de ces productions modelées après le VIe siècle. Enfin, alors que le sexe des figurines de cavaliers est généralement présumé masculin, ces exemplaires tardifs du Ménélaion présentent un contrepoint intéressant. Les cavaliers de ce sanctuaire consacré au culte de Ménélas et d’Hélène y chevauchent en effet parfois leur monture de côté, en amazone, ce qui pourrait indiquer la représentation d’une Hélène cavalière32. On opposera cependant à cette théorie l’existence de variantes dans le sanctuaire d’Orthia, au visage parfois moulé, et datées de la seconde moitié du VIIe siècle33.

    8Outre ces exemplaires individuels, on relève des compositions associant plusieurs figurines ou bien représentant un personnage engagé dans une action complexe. Dans le sanctuaire d’Orthia ont ainsi été découverts un moschophore, un joueur de flûte et un porteur de sac en travers des épaules (groupe A10)34, mais aussi et surtout les fragments d’une vingtaine de figurines de supposés « boulangers » ou « boulangères » (fig. 4)35. Retrouvés au milieu de tessons d’époque géométrique et archaïque, ces groupes et compositions complexes peuvent être rapprochés des « scènes de genre » béotiennes bien connues par ailleurs36. L’objet du pétrissage n’ayant malheureusement pas survécu, il est, en l’état, difficile de caractériser plus précisément la nature de l’activité manuelle représentée. Le modelage est relativement sommaire, tout comme l’argile utilisée37. Si la couleur est proche de la céramique fine archaïque, les inclusions sont néanmoins beaucoup plus nombreuses. Le Ménélaion a fourni trois figurines similaires38. Datées de la fin du VIIe siècle, elles sont recouvertes d’un vernis noir apposé sur un engobe blanc, selon les procédés utilisés pour décorer les vases à figures noires laconiens de la même période, signe du soin porté à leur réalisation. Ces exemplaires peuvent être rapprochés du fragment d’un groupe en terre cuite trouvé à l’Héraion d’Argos, qui représente trois figures féminines en train de pétrir sur une longue table rectangulaire39. Seule une portion cette dernière est conservée, sur laquelle sont posées deux planches, sur lesquelles se trouvent deux boules de pâte. Au pied de la table, on observe les traces des trois figures modelées grossièrement40. Enfin, les deux groupes modelés retrouvés lors des fouilles du sanctuaire d’Orthia et interprétés comme des offrandes votives à Eileithyia représentent, pour l’un, un couple de divinités liées à la naissance supportant une mère et son nouveau-né, tandis que le second est composé d’une mère tenant son enfant ; ils sont tous deux associés à la théorie de cultes de la fertilité, selon une analogie dont les ressorts peuvent être discutés41.

    Fig. 4 – Type XIII.A10 des « boulangers » ; Orthia. Photographie Éphorie des Antiquités de Laconie – Bureau régional

    (© Ministère grec de la Culture et des Sports / Fond des Ressources Archéologiques).

    3. Ithyphallisme et pudenda : interprétation en contexte de la théorie des cultes de la fertilité

    9Une dernière catégorie typologique, présente dans tous les sanctuaires susmentionnés, est celle des figurines dites « grossières » ou « obscènes », sans que ces termes n’aient jamais été réellement définis. La formule de statuettes « de très grossier travail »42 utilisée par P. Perdrizet résume les ambiguïtés du terme, la grossièreté pouvant désigner tant le caractère rudimentaire de la technique que l’obscénité de la représentation.

    10Le site de l’acropole a fourni des figurines dotées d’un corps en forme de tronc ou de colonne, qui peut être rapproché du XIII.A1 d’Orthia – daté du milieu du VIIe siècle –, à l’exception d’un détail : la représentation d’une poitrine féminine, indiquée par deux protubérances d’argile appliquées après le modelage du corps (fig. 5)43. Le groupe XIII.A6 d’Orthia représente quant à lui des figurines féminines en position accroupie, les jambes écartées, les pudenda – les parties génitales – mises en évidence44. H. J. Rose, dans son étude sur le culte d’Artémis Orthia, s’appuyait sur ce groupe d’artefacts pour soutenir son hypothèse d’une divinité avant tout déesse de la fertilité45. L’une des prérogatives fréquemment attribuées à Artémis est en effet de protéger les femmes en couches46.

    Fig. 5 – Type « colonne » féminin doté d’une poitrine ; Acropole de Sparte

    (Woodward 1928, 83, fig. 4.21).

    11La comparaison avec les autres sanctuaires spartiates permet cependant de nuancer l’association étroite entre ces figurines et la sphère de la fertilité47. Si des figurines dites « grotesques » adoptant la même posture sont attestées au Ménélaion et sur l’acropole, il est difficile d’en préciser le sexe, les incisions des parties génitales n’étant pas visibles48. Seuls les sanctuaires de Tsakona et de l’Amyklaion ont fourni des exemplaires suffisamment explicites (fig. 6-7)49. L’exemplaire de l’Amyklaion présente un corps vigoureusement modelé avec un soin rudimentaire, de larges surfaces portant encore la trace des empreintes digitales sur le torse. Les membres supérieurs et inférieurs sont cassés, mais le départ des épaules, des cuisses, l’orientation des traces d’arrachement et le postérieur aplati indiquent une position assise. On devine des marques de pression pour indiquer le cou et le menton, tandis qu’un outil cylindrique a pu être utilisé pour former la bouche. L’arrière de la tête a enfin été obtenu par une pression à la base de la nuque et un étirement du haut du crâne. Mais l’élément le plus intéressant se situe au niveau de l’entrejambe, où les lèvres sont marquées par deux profondes incisions. L’objet a été découvert à proximité immédiate de deux structures archaïques, dans une couche superficielle perturbée par les activités agricoles modernes qui contenait des tessons allant de l’époque protohelladique à l’époque byzantine tardive, dans une zone où les présomptions de déblais des fouilles antérieures étaient fortes. Cette couche contenait néanmoins du matériel du VIe siècle en quantités écrasantes, dont les concentrations allaient croissant à mesure que l’on approchait de la couche inférieure, homogène et clairement datée de l’époque archaïque, avec un terminus ante quem au milieu du VIe siècle. La figurine ayant été retrouvée dans ces concentrations, l’hypothèse d’une déposition de l’objet à partir du milieu du VIe siècle est à considérer ; cela concorderait avec la datation du VIe au Ve siècle avancée par R. M. Dawkins pour le type XIII.A6 d’Orthia50.

    Fig. 6 – Figurine féminine nue, accroupie et exhibant ses « pudenda » ; Amyklaion. Amykles Research Project N° ΑΜ/Π47. Inédit / non-publié. Photographie Adrien Delahaye

    (© Amykles Research Project. Avec l’aimable autorisation de l’Éphorie des Antiquités de Laconie).

    Fig. 7 – Figurine féminine nue, accroupie et exhibant ses « pudenda » ; Tsakona.

    (Catling et al. 1996, pl. 12a).

    12Ces figurines féminines dénudées, dont les organes génitaux ou la poitrine sont soulignés, possèdent des homologues masculins, de loin les plus nombreux. R. M. Dawkins identifiait 64 exemplaires sur le site d’Orthia, datés entre 720 et 50051. Tous présentent des traces d’arrachement au niveau des parties génitales qui indiquent un ithyphallisme. Les types A3 et A4, avec 57 exemplaires, regroupent les figurines ithyphalliques en position accroupie. Le type A552 s’en différencie par la position spécifique des bras, puisque la figure porte la main droite vers ses parties génitales53. Un exemplaire exceptionnel de l’Ashmolean Museum d’Oxford présente une variante (fig. 8)54. Recouvert d’un vernis noir, il possède une tête longue et plate sur le dessus et présente deux dépressions concaves symétriques autour des yeux percés, tandis que le nez, proéminent, est le fruit d’un ajout d’argile étirée. L’état de conservation de l’objet est inédit. Les jambes sont étalées devant le personnage assis sur son postérieur, confirmant les hypothèses sur la posture du type. Il s’agit enfin de l’une des rares – sinon de la seule – figurine ithyphallique du sanctuaire d’Orthia à avoir intégralement conservé son phallos. Accompagné d’une paire de testicules, celui-ci se dresse, disproportionné, à hauteur du menton55. Les membres supérieurs sont malheureusement perdus, mais les épaules et l’orientation des cassures indiquent pour la première fois deux bras entièrement détachés. En l’absence d’informations dans les rapports de fouilles, la datation à partir de la stratigraphie s’avère impossible. La couleur de l’argile, d’un brun orangé, rattache cependant cet exemplaire au reste du type XIII.A et la datation stylistique par comparaison avec le reste du corpus oriente vers une production entre la fin du VIIe et la première moitié du VIe siècle.

    Fig. 8 – Figurine masculine nue, accroupie et ithyphallique ; Orthia. Ashmolean Museum, Oxford. Inv. n° AN1923.165.a, h= 5,8 cm; l= 4 cm.

    (Vafopoulou-Richardson 1991, 12-13, fig. n° 12, pl. 7A).

    13Il serait là encore tentant de lier cette iconographie à la sphère de la fertilité dans le contexte spécifique du culte d’Orthia, mais elle n’est pas spécifique au sanctuaire. Ces types se retrouvent en effet sur l’acropole, à l’Amyklaion et au Ménélaion (fig. 9)56. Dans ce dernier, le groupe B identifié par A. J. B. Wace rassemble 150 offrandes datées du Laconien 2. Leur argile, particulièrement fine, n’est pas rougeâtre mais crémeuse à brun clair, engobée et recouverte d’un vernis noir, qui correspond exactement à la technique utilisée pour la céramique fine. Il notait également que les figurines grotesques du sanctuaire étaient caractérisées par une dimension beaucoup moins ithyphallique que celles d’Orthia. On peut néanmoins opposer le cas d’une figurine découverte lors des fouilles de 1973-1976 qui se rapproche du type A5 d’Orthia57. Vernie de noir, la figure se tient accroupie, une main levée, l’autre sur son sexe, avec un visage rond et aplati, la bouche indiquée par quatre orifices verticaux qui relèvent davantage du trou que de l’incision en raison de l’emploi d’un outil large et non aiguisé.

    Fig. 9 – Figurine masculine nue, accroupie et ithyphallique ; Acropole de Sparte

    (Photographie Éphorie des Antiquités de Laconie – Bureau régional © Ministère grec de la Culture et des Sports / Fond des Ressources Archéologiques).

    14L’approche comparative de ces productions modelées ithyphalliques entre les grands sanctuaires spartiates a été complètement bouleversée par les fouilles de Tsakona. Les 2740 figurines modelées découvertes constituent, de très loin, la première catégorie d’offrandes votives58 et représentent dans 80 % des cas des personnages ithyphalliques. D’une taille toujours inférieure à 8 cm, elles arborent un nez et un menton réalisés au moyen d’un pincement de l’argile entre le pouce et l’index, tandis que les traits du visage, voire les doigts des pieds et des mains, sont rendus par des incisions. On retrouve donc les mêmes techniques que celles employées pour les groupes d’Orthia, mais l’argile utilisée est la même que celle employée pour la céramique vernie et figurée et les traces de vernis noir rapprochent ces productions de celles du Ménélaion. La nuance a son importance, car cette argile n’étant utilisée qu’à partir du VIe siècle, les données du Ménélaion et, plus encore, celles de Tsakona, permettent d’étendre la datation de ces types ithyphalliques au cours du VIe siècle. La découverte de l’essentiel de ces figurines dans le « Building 2 », au sein d’une couche contenant des aryballes miniatures, conforte cette datation.

    15L’essentiel du corpus est constitué de figures aux traits grotesques, monstrueux ou simiesques. Assises, accroupies ou agenouillées, elles sont dotées d’un phallos surdimensionné, lequel est parfois tenu de la main gauche, parfois enlacé avec les deux bras (fig. 10) et, dans de rares cas, non agrippé, le bras gauche étant porté à la tête, tandis que le droit reste posé à terre59. Il existe également quelques rares animaux, mais aussi des figures masculines penchées les deux bras en avant vers un plan de travail bas – comme dans le type dit des « boulangers »60 –, des figures de sexe indéterminé se tenant debout drapées, leurs équivalents nus, des femmes enceintes, mais aussi des figurines accroupies les jambes écartées.

    Fig. 10 – Figurine masculine nue, accroupie et ithyphallique

    (Tsakona. Cartledge 1998, 44, fig. 3.4).

    16Le nombre – impressionnant – de ces figures ithyphalliques dans le sanctuaire, a aussitôt été rapproché de l’hypothèse d’un culte de la fertilité formulée par H. J. Rose à propos d’Orthia61. L’interprétation par H. Catling des quelques figurines de femmes accroupies les jambes écartées comme des femmes accouchant venait renforcer ces présomptions62. Ce dernier poussait encore l’analyse en émettant l’hypothèse d’un culte lié à la reproduction, dans un contexte d’inquiétudes associées à l’oliganthropie spartiate63. Sur ce dernier point, on pourra opposer d’une part que l’existence de ce phénomène n’est pas documentée avant la seconde moitié du Ve siècle et que la diminution des effectifs civiques n’apparaît pas tant due à une baisse de la natalité, qu’aux conditions de maintien du statut de citoyen de plein droit, à travers le versement de la contribution aux syssitia64. D’autre part, on observe qu’un second site identifié comme un sanctuaire de Zeus Messapeus, à Anthochori, n’a pas révélé de matériel similaire65. Il importe enfin de relever la grande dispersion des types masculins et féminins exhibant leur anatomie dans les sanctuaires de Tsakona et d’Orthia, certes, mais aussi sur l’acropole, à l’Amyklaion et au Ménélaion, même en quantités infimes. Hors de Laconie, mais dans l’espace lacédémonien, une statuette ithyphallique de bronze est mentionnée par P. Thémélis en Messénie sur le mont Ithôme66. Des figurines d’argile similaires du VIIe siècle sont par ailleurs connues en Arcadie parmi les offrandes du sanctuaire de Mytikas67, mais aussi à Pétrovouni, qui a fourni un groupe statuaire en bronze de quatre figures ithyphalliques dansant et dotées de têtes animalisées, daté de la fin de la période géométrique68.

    17L’exhibition des pudenda peut également relever d’une symbolique à caractère apotropaïque et ne pas se limiter à la sphère de la fertilité des hommes, des femmes, des champs et des animaux69. Plutôt que la fertilité, c’est davantage la sphère de la sexualité dans son ensemble qui apparaît dans ce corpus, de la masturbation à la maternité. Le phallos est ensuite, dans la religion grecque, le plus souvent associé à Dionysos ou Hermès70. Or, aucune des figurines laconiennes ne peut être directement associée à ces cultes. Les phalloi sont d’ailleurs surtout représentés sur des autels ou des piliers hermaïques, voire portés en procession dans des phallophories, plutôt que déclinés dans la petite plastique71. Les représentations de satyres constituent le seul cas où une association avec Dionysos semble possible. Mais, si cette relation existe dans la série attique, ce n’est pas le cas dans l’iconographie laconienne, où les satyres apparaissent bien plus complexes à interpréter72. Plutôt que d’associer le phallos et sa mise en scène à un culte précis, il importe surtout de considérer sa dimension cathartique73. Les créatures et figurines ithyphalliques portent en germe la perte de contrôle et transgressent les normes de l’emprise sur les corps et les émotions, a fortiori dans la cité de l’enkrateia qu’est Sparte74. Si le sens de cette perte de contrôle est difficile à caractériser pour le culte du sanctuaire de Tsakona – quelle qu’en fût la nature –, il fait sens dans le cadre de celui d’Orthia. L’association de ces figurines avec les textes75, mais aussi avec l’iconographie des satyres, cômastes et créatures simiesques déclinée sous la forme de figurines de terre cuite modelées, de plomb, de vases à figures noires ou encore de masques de terre cuite, renvoie vers une véritable syntaxe visuelle d’une aischrologia festive, érotique et rituelle76. Si l’association entre phallos et pudenda d’un côté et cultes de la fertilité de l’autre est possible, elle n’a cependant rien d’exclusif. L’interprétation des figurines modelées spartiates illustre ainsi parfaitement la dimension plurielle des offrandes coroplathiques en fonction du contexte et du dédicant.

    Bibliographie

    Boardman 1963: J. Boardman, Artemis Orthia and Chronology, The ABSA, 58, 1963, 1-7.

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    Notes de bas de page

    1Perdrizet 1897, 10. Nos plus vifs remerciements vont aux organisatrices du colloque pour avoir accepté d’intégrer notre contribution aux actes. Nous exprimons également notre gratitude envers l’Amykles Research Project et son directeur Stavros Vlizos, pour son aimable autorisation de publier l’exemplaire de l’Amyklaion et à Despoina Nika pour sa connaissance inégalable des rapports de fouilles. Nous souhaitons enfin remercier l’Éphorie des Antiquités de Laconie pour la réalisation des clichés photographiques concernés, l’Ashmolean Museum d’Oxford et Andrew Shapland, ainsi que nos relecteurs dévoués : Énora le Quéré, Charles-Alban Horvais, Christian Mazet et Antoine Chabod.

    2Toutes les dates de cet article seront entendues av. J.-C.

    3Ces figurines animales peuvent être rapprochées des bronzes géométriques laconiens, argiens et corinthiens consacrés à Olympie, dont les premiers exemplaires remontent au milieu du VIIIe siècle. Cette proximité nous a amenés à ne pas les intégrer dans cette étude, afin de nous concentrer sur le groupe des exemplaires anthropomorphes, offerts uniquement à l’échelle locale. Rolley 1992.

    4Dawkins 1929. La question de l’assimilatio entre Orthia et Artémis est sujette à de vives controverses. Le nom « Orthia » est probablement attesté chez Alcman (fr. 119.60-63 Calame) et dans des dédicaces en dipinto sur des vases à figures rouges du Ve siècle, tandis l’association à Artémis n’apparaît pas avant les Flaviens. Aussi avons-nous choisi de ne retenir que le seul nom d’Orthia pour l’époque archaïque. Dawkins 1929b, 28, n. 36 ; 32-34, fig. 18 a-c ; Woodward 1929, 285-286, 293 ; Mazet 2016, 27, n. 53.

    5Type III ; vers 650-580 sur la base de Boardman 1963. Dawkins 1929a, 149-150 datait le type de 700-600. Sur les phases chronologiques de la céramique laconienne, Droop 1908, 46-47.

    6Type XIII ; vers 720540. Dawkins 1929a, 146, 155-159.

    7Perdrizet 1897, 10.

    8Wace, Thompson, Droop 1909, 116-126, fig. 2-5, pl. VI. Catling 1976 ; 1977.

    9Woodward 1928, 8186, n. 17-31.

    10Une figurine de cavalier : Buschor, von Massow 1927, 41 ; archives photographiques du DAI : D-DAI-ATH-Sparta-0128. Voir également 42 et DDAI-ATH-Sparta-0103.

    11N° inv. AM/Π47, 48, 50, 52 et 58 (Amykles Research Project; inédits). Sur l’Amykles Research Project cf. Delivorrias, Vlizos 2012; Vlizos 2018a; 2018b; https://amyklaion.gr/

    12Flouris 1996, 123125.

    13Zavvou 1994. Musée de Sparte, inv. N° 12828γ-δ.

    14Catling 1990a, 24, 30, pl. 6d; Catling 1990b, 286-287, 295, fig. 10-11; Catling 2002, 76-81, fig. 8; Overbeek 1996, 190-191, fig. 12-13. Catling et al. 1996, 293, GG108 pour une présentation du site.

    15Dawkins 1929a.

    16Dawkins 1929a, 145146.

    17Aucune trace d’activités de coroplathes pour l’époque archaïque n’a encore été mise en évidence en Laconie. Quelques indices en faveur de l’existence d’ateliers de potiers à l’intérieur même du tissu urbain spartiate existent, mais aucune fosse de déchets de cuisson n’a encore été mise au jour.

    18Pour la caractérisation de cette argile, Catling et al. 1996, 190, n. 32 à propos du site de Tsakona.

    19Dawkins 1929a, 146. Pour un point récent sur la femme assise argienne, voir les contributions d’Hélène Aurigny et Anna Banaka dans le présent volume. En Laconie : Bonias 1998, 72.

    20Dawkins 1929a, 149-150, pl. 32.7-11.

    21Dawkins 1929a, 155159.

    22Dawkins 1929a, pl. 40.1-7.

    23Dawkins 1929a, pl. 40.1. Ces figurines aux traits de singes sont également attestées au Ménélaion ; Wace, Thompson, Droop 1909, fig. 2.5.

    24Dawkins 1929a, pl. 40.12. 

    25Buschor, von Massow 1927, 41; D-DAI-ATH-Sparta-0128; ΑΜ/Π58 (Amykles Research Project; inédit).

    26Woodward 1928, fig. 3.25.

    27Wace, Thompson, Droop 1909, 117, 124, fig. 3.35-36, 41, 42, 46, 47; pl. VI.15, 16, 19-23, 27, 29, 31.

    28Wace, Thompson, Droop 1909, 117-118, pl. VI.29.

    29Wace, Thompson, Droop 1909, 119, pl. VI.15, 16, 19-23, 27, 31.

    30Wace, Thompson, Droop 1909, 117126, fig. 3.35-36, 41, 42, 46, 47, peut-être 44-45.

    31Classification Munsell : 7,5 YR 7/4 = rose ; 7,5 YR 6/4 = brun clair ; 5 YR 6/6 = rouge jaunâtre ; 5 YR 5/1 = gris. Sur la caractérisation de l’argile de la céramique fine laconienne, cf. Stibbe 1989, 14.

    32Wace, Thompson, Droop 1909, fig. 3.36, 46. Sur le rôle d’Hélène dans l’éducation des jeunes filles spartiates, voir Hérodote VI.61.3.

    33Dawkins 1929a, pl. 23.7-11.

    34Dawkins 1929a, pl. 40.16-17.

    35Dawkins 1929a, pl. 40.13-15.

    36Szabó 1994, 87, 98-99, 103, 121-126.

    37Farrell 1908, 50, fig. 1, 52.

    38Wace, Thompson, Droop 1909, 123, fig. 4.48, 49, 52. On connaît par ailleurs à l’Héraion de Pérachora trois tables rondes en terre cuite qui appartenaient probablement à de tels groupes de « boulangers ». L’un est daté du VIIe siècle et les deux autres du VIe siècle (Payne 1940, 248, n° 264-266). Les exemplaires de l’Héraion d’Argos et de Tirynthe sont également datés du VIe siècle.

    39Waldstein 1905, 43, n° 279, fig. 86. Aucune datation n’est précisée.

    40Deux autres exemplaires en terre cuite de boulangers argiens ont été publiés par Kourouniotis 1896, 201-216.

    41Farrell 1908, 52-53, fig. 2l; Dawkins 1929b, 51, fig. 29; Waugh 2009, 159160.

    42Perdrizet 1897, 10.

    43Wace, Thompson, Droop 1909, fig. 4.20-21. Dans le sanctuaire d’Orthia, peut-être Dawkins 1929a, pl. 40.2-6.

    44Dawkins 1929a, 156, pl. 40.11 utilise pudiquement le terme à propos des organes génitaux féminins, mais n’hésite pas à parler de « genitals, often ithyphallics » à propos des attributs masculins. On relèvera son refus de publier dans les planches les exemplaires les plus explicites.

    45Rose 1929, 402 ; Waugh 2009.

    46Léger 2017, 12-23.

    47Pour une synthèse sur la question, consulter Des Bouvrie 2009 ; Waugh 2009.

    48Wace, Thompson, Droop 1909, 121, 124, 126, pl. VI.12; Woodward 1928, 83, fig. 4.27-29.

    49Amyklaion : 1 exemplaire ; ©Amykles Research Project, N° ΑΜ/Π47, inédit / non-publié. Tsakona : 15 exemplaires ; Catling et al. 1996, 190, n° 60, pl. 12.a.

    50Dawkins 1929a, 156.

    51Dawkins 1929a, 156, types XIII.A3-5.

    527 exemplaires datés du Laconien 1 (650-620) dans le sanctuaire d’Orthia. Au moins trois exemplaires sur l’acropole : Woodward 1928, 83, fig. 4.27-29.

    53Dawkins 1929a, pl. 40.10.

    54Inv. n° AN1923.165.a. Cf. Vafopoulou-Richardson 1991, 12-13, fig n° 12, pl. 7A.

    55La tête penchée en avant pourrait indiquer la pratique d’une auto-fellation. Athénée XIV.621e-622d, à propos des performances comiques « pré-théâtrales » – notamment à Sparte –, évoque à deux reprises des « autokabdaloi ». L’étymologie du terme renvoie à la stimulation sexuelle individuelle et ces comédiens sont mentionnés aux côtés de « phallophores ». Cf. Younger 2005, 6970.

    56Acropole : Woodward 1928, fig. 4.27-29. Un exemplaire non publié et présenté dans les collections du musée de Sparte est similaire à celui d’Oxford. Amyklaion : AM/Π48 et AM/Π50, inédits / non-publiés. Ménélaion : Wace, Thompson, Droop 1909, 117-126, pl. VI.12.

    57Catling 1976, 40, fig. 43.

    58Seulement 450 vases, dont 347 miniatures selon Catling 1990a, 31.

    59Overbeek 1996, 190. Contra Catling 2002, 79.

    60Supra n. 39.

    61Rose 1929, 402.

    62Catling 1990a, 30.

    63Catling 1990a, 21.

    64Pour un point récent sur les syssitia, se référer à Ruzé 2005 ; van Wees 2018.

    65Christou 1962, 113-115 et Zavvou 2009.

    66Thémélis 1966, 164.

    67Un site identifié comme l’Orchomène mycénienne par Spyropoulos 1982, 114-115.

    68À l’ouest du temple de Poséidon Hippios. Hiller von Gärtringen, Lattermann 1911, 41, pl. XIII.3.

    69Sur la dimension apotropaïque des parties génitales cf. Eusèbe Cés., Prép. Évang., II.3, 31-35. Également Marinatos 1999 ; Olender 1985.

    70Larson 2007, 129-130, 147.

    71Comme dans la pompè des Dionysies athéniennes. Pour une introduction, se référer à Bonnard 2019, 484-485. Pour aller plus loin, cf. Keuls 1985.

    72Delahaye 2016.

    73Bonnard 2019, 484-485.

    74Richer 1998.

    75Pollux IV.104.3-4 ; Hesychius s.v. brydalicha.

    76L’aischrologia peut être définie comme l’ensemble des discours et pratiques transgressifs et obscènes. Xenophon, LP, V.6-7 ; Épictète, Ench., XXXIII.15-16. Sur le singe et son iconographie, voir Lissarrague 1997 ; Mackowiak 2013.

    Auteurs

    • Adrien Delahaye

      École française d’Athènes, asdelahaye[at]gmail.com

    • Aphrodite Vlachou

      Université de Thessalie (Volos), afroditi.vlachou[at]yahoo.gr

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    1Perdrizet 1897, 10. Nos plus vifs remerciements vont aux organisatrices du colloque pour avoir accepté d’intégrer notre contribution aux actes. Nous exprimons également notre gratitude envers l’Amykles Research Project et son directeur Stavros Vlizos, pour son aimable autorisation de publier l’exemplaire de l’Amyklaion et à Despoina Nika pour sa connaissance inégalable des rapports de fouilles. Nous souhaitons enfin remercier l’Éphorie des Antiquités de Laconie pour la réalisation des clichés photographiques concernés, l’Ashmolean Museum d’Oxford et Andrew Shapland, ainsi que nos relecteurs dévoués : Énora le Quéré, Charles-Alban Horvais, Christian Mazet et Antoine Chabod.

    2Toutes les dates de cet article seront entendues av. J.-C.

    3Ces figurines animales peuvent être rapprochées des bronzes géométriques laconiens, argiens et corinthiens consacrés à Olympie, dont les premiers exemplaires remontent au milieu du VIIIe siècle. Cette proximité nous a amenés à ne pas les intégrer dans cette étude, afin de nous concentrer sur le groupe des exemplaires anthropomorphes, offerts uniquement à l’échelle locale. Rolley 1992.

    4Dawkins 1929. La question de l’assimilatio entre Orthia et Artémis est sujette à de vives controverses. Le nom « Orthia » est probablement attesté chez Alcman (fr. 119.60-63 Calame) et dans des dédicaces en dipinto sur des vases à figures rouges du Ve siècle, tandis l’association à Artémis n’apparaît pas avant les Flaviens. Aussi avons-nous choisi de ne retenir que le seul nom d’Orthia pour l’époque archaïque. Dawkins 1929b, 28, n. 36 ; 32-34, fig. 18 a-c ; Woodward 1929, 285-286, 293 ; Mazet 2016, 27, n. 53.

    5Type III ; vers 650-580 sur la base de Boardman 1963. Dawkins 1929a, 149-150 datait le type de 700-600. Sur les phases chronologiques de la céramique laconienne, Droop 1908, 46-47.

    6Type XIII ; vers 720540. Dawkins 1929a, 146, 155-159.

    7Perdrizet 1897, 10.

    8Wace, Thompson, Droop 1909, 116-126, fig. 2-5, pl. VI. Catling 1976 ; 1977.

    9Woodward 1928, 8186, n. 17-31.

    10Une figurine de cavalier : Buschor, von Massow 1927, 41 ; archives photographiques du DAI : D-DAI-ATH-Sparta-0128. Voir également 42 et DDAI-ATH-Sparta-0103.

    11N° inv. AM/Π47, 48, 50, 52 et 58 (Amykles Research Project; inédits). Sur l’Amykles Research Project cf. Delivorrias, Vlizos 2012; Vlizos 2018a; 2018b; https://amyklaion.gr/

    12Flouris 1996, 123125.

    13Zavvou 1994. Musée de Sparte, inv. N° 12828γ-δ.

    14Catling 1990a, 24, 30, pl. 6d; Catling 1990b, 286-287, 295, fig. 10-11; Catling 2002, 76-81, fig. 8; Overbeek 1996, 190-191, fig. 12-13. Catling et al. 1996, 293, GG108 pour une présentation du site.

    15Dawkins 1929a.

    16Dawkins 1929a, 145146.

    17Aucune trace d’activités de coroplathes pour l’époque archaïque n’a encore été mise en évidence en Laconie. Quelques indices en faveur de l’existence d’ateliers de potiers à l’intérieur même du tissu urbain spartiate existent, mais aucune fosse de déchets de cuisson n’a encore été mise au jour.

    18Pour la caractérisation de cette argile, Catling et al. 1996, 190, n. 32 à propos du site de Tsakona.

    19Dawkins 1929a, 146. Pour un point récent sur la femme assise argienne, voir les contributions d’Hélène Aurigny et Anna Banaka dans le présent volume. En Laconie : Bonias 1998, 72.

    20Dawkins 1929a, 149-150, pl. 32.7-11.

    21Dawkins 1929a, 155159.

    22Dawkins 1929a, pl. 40.1-7.

    23Dawkins 1929a, pl. 40.1. Ces figurines aux traits de singes sont également attestées au Ménélaion ; Wace, Thompson, Droop 1909, fig. 2.5.

    24Dawkins 1929a, pl. 40.12. 

    25Buschor, von Massow 1927, 41; D-DAI-ATH-Sparta-0128; ΑΜ/Π58 (Amykles Research Project; inédit).

    26Woodward 1928, fig. 3.25.

    27Wace, Thompson, Droop 1909, 117, 124, fig. 3.35-36, 41, 42, 46, 47; pl. VI.15, 16, 19-23, 27, 29, 31.

    28Wace, Thompson, Droop 1909, 117-118, pl. VI.29.

    29Wace, Thompson, Droop 1909, 119, pl. VI.15, 16, 19-23, 27, 31.

    30Wace, Thompson, Droop 1909, 117126, fig. 3.35-36, 41, 42, 46, 47, peut-être 44-45.

    31Classification Munsell : 7,5 YR 7/4 = rose ; 7,5 YR 6/4 = brun clair ; 5 YR 6/6 = rouge jaunâtre ; 5 YR 5/1 = gris. Sur la caractérisation de l’argile de la céramique fine laconienne, cf. Stibbe 1989, 14.

    32Wace, Thompson, Droop 1909, fig. 3.36, 46. Sur le rôle d’Hélène dans l’éducation des jeunes filles spartiates, voir Hérodote VI.61.3.

    33Dawkins 1929a, pl. 23.7-11.

    34Dawkins 1929a, pl. 40.16-17.

    35Dawkins 1929a, pl. 40.13-15.

    36Szabó 1994, 87, 98-99, 103, 121-126.

    37Farrell 1908, 50, fig. 1, 52.

    38Wace, Thompson, Droop 1909, 123, fig. 4.48, 49, 52. On connaît par ailleurs à l’Héraion de Pérachora trois tables rondes en terre cuite qui appartenaient probablement à de tels groupes de « boulangers ». L’un est daté du VIIe siècle et les deux autres du VIe siècle (Payne 1940, 248, n° 264-266). Les exemplaires de l’Héraion d’Argos et de Tirynthe sont également datés du VIe siècle.

    39Waldstein 1905, 43, n° 279, fig. 86. Aucune datation n’est précisée.

    40Deux autres exemplaires en terre cuite de boulangers argiens ont été publiés par Kourouniotis 1896, 201-216.

    41Farrell 1908, 52-53, fig. 2l; Dawkins 1929b, 51, fig. 29; Waugh 2009, 159160.

    42Perdrizet 1897, 10.

    43Wace, Thompson, Droop 1909, fig. 4.20-21. Dans le sanctuaire d’Orthia, peut-être Dawkins 1929a, pl. 40.2-6.

    44Dawkins 1929a, 156, pl. 40.11 utilise pudiquement le terme à propos des organes génitaux féminins, mais n’hésite pas à parler de « genitals, often ithyphallics » à propos des attributs masculins. On relèvera son refus de publier dans les planches les exemplaires les plus explicites.

    45Rose 1929, 402 ; Waugh 2009.

    46Léger 2017, 12-23.

    47Pour une synthèse sur la question, consulter Des Bouvrie 2009 ; Waugh 2009.

    48Wace, Thompson, Droop 1909, 121, 124, 126, pl. VI.12; Woodward 1928, 83, fig. 4.27-29.

    49Amyklaion : 1 exemplaire ; ©Amykles Research Project, N° ΑΜ/Π47, inédit / non-publié. Tsakona : 15 exemplaires ; Catling et al. 1996, 190, n° 60, pl. 12.a.

    50Dawkins 1929a, 156.

    51Dawkins 1929a, 156, types XIII.A3-5.

    527 exemplaires datés du Laconien 1 (650-620) dans le sanctuaire d’Orthia. Au moins trois exemplaires sur l’acropole : Woodward 1928, 83, fig. 4.27-29.

    53Dawkins 1929a, pl. 40.10.

    54Inv. n° AN1923.165.a. Cf. Vafopoulou-Richardson 1991, 12-13, fig n° 12, pl. 7A.

    55La tête penchée en avant pourrait indiquer la pratique d’une auto-fellation. Athénée XIV.621e-622d, à propos des performances comiques « pré-théâtrales » – notamment à Sparte –, évoque à deux reprises des « autokabdaloi ». L’étymologie du terme renvoie à la stimulation sexuelle individuelle et ces comédiens sont mentionnés aux côtés de « phallophores ». Cf. Younger 2005, 6970.

    56Acropole : Woodward 1928, fig. 4.27-29. Un exemplaire non publié et présenté dans les collections du musée de Sparte est similaire à celui d’Oxford. Amyklaion : AM/Π48 et AM/Π50, inédits / non-publiés. Ménélaion : Wace, Thompson, Droop 1909, 117-126, pl. VI.12.

    57Catling 1976, 40, fig. 43.

    58Seulement 450 vases, dont 347 miniatures selon Catling 1990a, 31.

    59Overbeek 1996, 190. Contra Catling 2002, 79.

    60Supra n. 39.

    61Rose 1929, 402.

    62Catling 1990a, 30.

    63Catling 1990a, 21.

    64Pour un point récent sur les syssitia, se référer à Ruzé 2005 ; van Wees 2018.

    65Christou 1962, 113-115 et Zavvou 2009.

    66Thémélis 1966, 164.

    67Un site identifié comme l’Orchomène mycénienne par Spyropoulos 1982, 114-115.

    68À l’ouest du temple de Poséidon Hippios. Hiller von Gärtringen, Lattermann 1911, 41, pl. XIII.3.

    69Sur la dimension apotropaïque des parties génitales cf. Eusèbe Cés., Prép. Évang., II.3, 31-35. Également Marinatos 1999 ; Olender 1985.

    70Larson 2007, 129-130, 147.

    71Comme dans la pompè des Dionysies athéniennes. Pour une introduction, se référer à Bonnard 2019, 484-485. Pour aller plus loin, cf. Keuls 1985.

    72Delahaye 2016.

    73Bonnard 2019, 484-485.

    74Richer 1998.

    75Pollux IV.104.3-4 ; Hesychius s.v. brydalicha.

    76L’aischrologia peut être définie comme l’ensemble des discours et pratiques transgressifs et obscènes. Xenophon, LP, V.6-7 ; Épictète, Ench., XXXIII.15-16. Sur le singe et son iconographie, voir Lissarrague 1997 ; Mackowiak 2013.

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    Delahaye, A., & Vlachou, A. (2022). Un « très grossier travail » Étude des figurines de terre cuite modelées dans les sanctuaires spartiates (VIIe-Ve s. av. J.C.). In H. Aurigny & L. Rohaut (éds.), Quand on a la terre sous l’ongle (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/13ti1
    Delahaye, Adrien, et Aphrodite Vlachou. « Un “très grossier travail” Étude des figurines de terre cuite modelées dans les sanctuaires spartiates (VIIe-Ve s. av. J.C.) ». In Quand on a la terre sous l’ongle, édité par Hélène Aurigny et Laura Rohaut. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2022. https://doi.org/10.4000/13ti1.
    Delahaye, Adrien, et Aphrodite Vlachou. « Un “très grossier travail” Étude des figurines de terre cuite modelées dans les sanctuaires spartiates (VIIe-Ve s. av. J.C.) ». Quand on a la terre sous l’ongle, édité par Hélène Aurigny et Laura Rohaut, Presses universitaires de Provence, 2022, https://doi.org/10.4000/13ti1.

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    Aurigny, H., & Rohaut, L. (éds.). (2022). Quand on a la terre sous l’ongle (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/13tio
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    Aurigny, Hélène, et Laura Rohaut, éditeurs. Quand on a la terre sous l’ongle. Presses universitaires de Provence, 2022, https://doi.org/10.4000/13tio.
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