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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral 1. Remarques générales 2. Techniques de fabrication 3. Figurines modelées 4. Terres cuites moulées et modelées 5. Terres cuites de taille moyenne - terres cuites funéraires Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Quand on a la terre sous l’ongle

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Techniques de fabrication des terres cuites : le cas de Marion (Chypre) à l’époque classique

    Eustathios Raptou

    p. 213-226

    Résumés

    Cet article tente de présenter les différentes catégories de terres cuites que nous rencontrons à la période classique dans le territoire du royaume de Marion, au Nord-Ouest de Chypre, et d’identifier les différents procédés de leur fabrication. Pour mieux se situer dans l’espace et dans le temps, on fait aussi référence à ce que nous observons dans le matériel de la fin de la période archaïque. On constate alors que les techniques traditionnelles de modelage persistent, auxquelles s’ajoute le moulage, qui va de pair avec l’introduction des types communs de l’iconographie grecque qui s’adaptent plutôt à une idéologie religieuse locale. L’influence de l’art classique, en dehors de la répétition des formes banales des figurines récurrentes dans tout le monde grec, aboutit à Marion à un raffinement des formes locales, inégalé à Chypre, et plus apparent dans les grandes terres cuites funéraires qui constituent l’expression la plus classique de l’art chypriote.

    The aim of this paper is an attempt to present the different categories of terracottas that we encounter during the Classical period in the territory of the kingdom of Marion, in northwest Cyprus, and to identify the different procedures used in their manufacture. To be better situated in space and time, we also refer to what we observe in our material from the end of the Archaic period. We observe that traditional hand working techniques persist, to which moulding is added, which goes together with the introduction of Greek, fairly common iconographical types, which are then adapted to local religious ideology. The influence of Classical art, apart from the repetition of uninspiring forms of common figurines recurring throughout the Greek world, resulted in a refinement of local forms in Marion, unequalled in Cyprus, and more apparent in the big funerary terracottas, which constitute the most classic expression of Cypriot art.

    Entrées d’index

    Mots-clés : terres cuites, période archaïque, période classique, Marion, Chypre, technique, fabrication

    Keywords : terracottas, Archaic, Classical, Marion, Cyprus, Techniques, Manufacturing

    Texte intégral 1. Remarques générales 2. Techniques de fabrication 3. Figurines modelées 4. Terres cuites moulées et modelées 5. Terres cuites de taille moyenne - terres cuites funéraires Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1L’antique Marion, siège d’un royaume local au Nord-Ouest de Chypre, se trouve sur le territoire de la bourgade actuelle de Polis Chrysochous, aujourd’hui chef-lieu de cette partie de l’île située dans la vallée fertile de la rivière Chrysochou. L’exploitation des ressources agricoles de la région et des forêts épaisses de ses montagnes, mais avant tout celle des gisements cuprifères qui se situent à l’Est dans la localité de Limni, ont contribué à l’essor économique de la cité-royaume aux périodes archaïque et classique1. Les richesses accumulées dans la ville antique font que la région détient aujourd’hui des réserves inépuisables de matériel archéologique notamment de l’époque classique, période de sa plus grande prospérité. Les partenaires commerciaux de Marion étaient essentiellement les cités grecques – en premier lieu Athènes – qui ont inondé la ville de leurs produits et de nombreux objets d’art, comme en témoignent les résultats des fouilles conduites dans la région. Ce rapprochement avec le monde grec a contribué à l’hellénisation de la culture de Marion à un tel degré qu’au IVe s. av. J.-C. le géographe Skylax de Karyanda, qui nous donne une des très rares sources écrites sur la ville, attribuait à Marion, conjointement avec Salamine, le titre d’Hellénis, la « Grecque »2.

    1. Remarques générales

    2Le matériel que nous présentons ici a été trouvé dans des fouilles d’urgence que nous avons entreprises à Polis Chrysochous et ses environs (carte), une région qui connait actuellement un développement urbanistique sans précédent. Les sites concernés sont les suivants : Polis-Marathéri, une localité qui se trouve dans le secteur nord de l’agglomération moderne et qui se situe à peu près au même endroit qu’un sanctuaire archaïque et classique fouillé par la mission américaine de l’Université de Princeton3. Près des ruines de ce sanctuaire qui a été détruit, selon les fouilleurs, lors de la conquête ptolémaïque de la ville, un bothros a été localisé ; celui-ci aurait appartenu soit à ce même sanctuaire, soit à un autre qui se situerait à proximité4.

    3Un deuxième ensemble provient des sondages d’une fouille préventive effectuée dans le voisinage de l’église byzantine d’Ayios Andronicos, dans le secteur Sud-Ouest de Polis Chrysochous. La fouille, qui n’a pas été exhaustive, a été entreprise dans le cadre de l’aménagement d’un jardin qui occupe actuellement le site5.

    4Dans les environs de Polis Chrysochous, correspondant à la chôra de la cité-royaume de Marion, des ensembles de terres cuites ont été trouvés au Nord-Est, près du village de Yialia (carte). La plus importante des découvertes est celle faite dans la localité de Photies, au Nord du village, où un sanctuaire rural, qui a fonctionné de la période archaïque jusqu’à la période hellénistique, a été localisé6. Un autre sanctuaire périphérique a été localisé au Sud de ce même village, à Ayios Philimon, un site aujourd’hui perdu dans la forêt épaisse. Le sanctuaire antique a été occupé par une église médiévale, aujourd’hui en ruines, dont les fondations contenaient des terres cuites. Du matériel de remploi a également été trouvé dans les murs et les sols7.

    Carte : Région de Polis Chrysochous avec les différents sites

    (© département des Antiquités).

    5Enfin, un important ensemble de terres cuites a été progressivement constitué à la suite d’une série de prospections que nous avons entreprises à Limni, localité située près des mines antiques. Le matériel recueilli en surface indique qu’un sanctuaire ou un établissement comportant un lieu de culte aurait existé à cet endroit, en relation avec les mines avoisinantes8.

    6En ce qui concerne les terres cuites déposées dans les tombes, le matériel recueilli est bien plus limité9, exception faite de la nécropole à Ambeli tou Egglezou, au Sud-Est de Polis, qui a donné un matériel très riche. Il s’agit pourtant d’un cas particulier puisque les terres cuites ont été trouvées en surface, au-dessus des tombes, où elles auraient été utilisées lors de cérémonies funéraires10.

    2. Techniques de fabrication

    7L’absence dans la région d’une pierre de qualité aurait conduit les ateliers locaux à se tourner vers le travail de l’argile. Ainsi, le nombre de terres cuites mis au jour est impressionnant, s’élevant à plusieurs dizaines de milliers comme l’attestent tant les fouilles de la mission américaine que celles du Département des Antiquités11. Toutes les tailles y sont représentées de la statuaire colossale aux figurines de petites dimensions12.

    8En ce qui concerne les pâtes céramiques des sites examinés ici, en l’absence d’analyses scientifiques, l’observation et l’identification des pâtes ont été effectuées à l’œil nu. La plus fréquente est une pâte rougeâtre dure avec des inclusions noires. On rencontre aussi une pâte de couleur rouge clair, avec une nuance orangée avec également des inclusions noires ; et une autre encore plus claire, tirant vers le jaune. Les mêmes pâtes se rencontrent dans les sites fouillés à Polis, ainsi que dans le matériel recueilli à Limni. Font exception certaines des terres cuites trouvées à Ambeli tou Egglezou qui se distinguent aussi du reste du matériel par leur qualité supérieure.

    9En dehors de Marion, à la périphérie de la ville, à Yialia-Photies, on rencontre des pâtes différentes, ce qui laisse supposer la présence d’ateliers locaux à cet endroit. La pâte la plus caractéristique et la plus fréquente est rouge foncé ou brun/rouge, dure et rugueuse avec des inclusions blanches. À côté d’elle on rencontre des pâtes moins dures, telle une pâte de couleur orangée légère, et une autre de couleur rouge/orange. Enfin, une pâte jaune clair et tendre, assez épurée, concerne une série de terres cuites archaïques relativement peu nombreuses. On trouve des pâtes proches de celles de Yialia à Ayios Philimon, ce qui n’est pas surprenant étant donnée leur proximité. L’examen des pâtes et des types iconographiques montre qu’il y avait des ateliers locaux et que des échanges existaient entre eux. Des échanges avec des ateliers plus lointains existaient peut-être aussi, mais il est trop tôt, à ce stade de l’étude, pour se prononcer à ce sujet.

    10Si on essaye de classer notre matériel selon les techniques de fabrication on se rend compte de la difficulté. On ne peut que souscrire au constat fait il y a longtemps par Marguerite Yon à propos des terres cuite archaïques, à savoir qu’il est impossible de les classer selon leur technique en catégories bien définies et imperméables, en raison de la plasticité de la pâte qui permet à la fois la souplesse des mouvements et l’usage de plusieurs procédés techniques13. C’est ce que nous constatons en essayant de définir la typologie de notre matériel qui s’étend sur la période classique, et dont les techniques de fabrication évoluent très peu. Toutefois, on peut tenter de distinguer certaines grandes catégories auxquelles appartiennent nos terres cuites. Cependant, il ne s’agit pas d’une liste complète ou exhaustive car le matériel est en cours d’étude :

    1. Figurines modelées. Des cavaliers et des figurines féminines debout aux bras levés.
    2. Figurines moulées pleines et modelées. Des figures féminines de type grec, de tradition archaïque ou classique.
    3. Terres cuites de taille moyenne aux techniques multiples. Des figures féminines aux bras levés. Terres cuites funéraires de grande taille. Des femmes assises et des hommes assis ou allongées en banqueteurs.

    3. Figurines modelées

    11Elles sont nettement majoritaires dans notre matériel archaïque et continuent d’être produites à la période classique. Bien qu’on puisse repérer un large répertoire iconographique, leur majorité concerne des cavaliers, des ‟déesses” aux bras levés et des figures féminines debout.

    12La catégorie des cavaliers est la plus nombreuse dans notre matériel de Maratheri, comme elle l’est aussi dans le matériel des fouilles américaines de la même zone, et on les distingue selon le style et la date14. Leur taille est variable mais toujours de petites dimensions et la technique de production est simple : les animaux ont le corps modelé en plein, avec les pieds et la queue faits séparément à la main et rajoutés (fig. 1) ; les chevaux ont dans la majorité des cas la tête moulée et retouchée, puis rajoutée au corps de l’animal avant la cuisson (fig. 2). Toutefois, il arrive que des têtes animales soient modelées. Le même procédé est suivi pour les cavaliers dont le corps (pour ceux qui ont été trouvés détachés de l’animal) se distingue par la courbe que forme le haut des pieds (fig. 1c), qui indique que la figure était assise sur le dos du cheval. Les corps sont en général modelés mais les têtes peuvent être issues d’un moule, dont on distingue plusieurs types15.

    Fig. 1 – Polis – Maratheri (a, b, c MMA 662/587, 590, 1148), et Polis – Limni (d), Cavaliers

    (© E. Raptou).

    Fig. 2 – Polis – Maratheri, Tête de cheval (MMA 662/585)

    (© E. Raptou).

    13Des cavaliers se retrouvent à Ayios Andronicos où ils semblent être peu nombreux16 ; en revanche, ils sont nombreux dans notre matériel recueilli à Limni. Bien qu’il s’agisse d’un matériel de prospection, les figurines de cavaliers y sont très présentes : elles font penser à des offrandes effectuées dans le sanctuaire d’une divinité honorée dans les sanctuaires urbains17. Au contraire, le type du cavalier est absent de notre matériel de Yialia-Photies et de celui d’Ayios Philimon18.

    14Le nombre élevé de figurines féminines aux bras levés trouvées sur le site de Yialia-Photies ne laisse pas de doute sur le fait qu’il s’agit du type dominant d’offrande votive dans le sanctuaire archaïque19. Il s’agit en général d’une iconographie associée à la Grande Déesse de l’île soit comme une représentation de la déesse elle-même soit comme une prêtresse portant les symboles de la divinité, la coiffure et les bijoux20. La grande majorité des figurines féminines aux bras levés sont modelées en plein, faites selon la technique dite du bonhomme de neige (snowman technique21). Elles sont façonnées à partir d’un cylindre d’argile plein et aplati vers la base, ce qui permet une production en masse (fig. 3) ; cependant, cette technique a ses limites, car elle ne permet la production que de petites figurines et le résultat ne se caractérise pas par la finesse des traits22. On trouve aussi des figurines plates qui ne tiennent pas debout, minoritaires dans notre matériel. Nos terres cuites sont d’une hauteur variable entre 15 et 25 cm, rarement plus grandes, mais elles peuvent atteindre jusqu’à 32 cm dans certains cas isolés. Sur le corps ont été ajoutés les bras, la tête et les traits du visage, les seins et, dans certains cas, des bijoux. Tous les ajouts sont modelés et faits séparément. Sur la grande majorité de nos figurines, un boudin d’argile couronne le front comme un bandeau épais avec ses deux extrémités qui tombent sur les deux côtés, derrière deux pastilles qui représentent les oreilles (fig. 3a). C’est une coiffure récurrente sur les figurines chypriotes, à Palaepaphos, Kourion et ailleurs23. Seul un petit nombre de figurines portent le polos (fig. 3b), la coiffure caractéristique que portent des divinités féminines liées à la fertilité24. Les coroplathes recouraient à la peinture pour rendre les détails, mais les couleurs ont disparu sur la majorité de nos figurines. Des traces de couleurs sont préservées surtout sur le visage où des lignes noires soulignent les caractéristiques faciales ainsi que certains détails des vêtements sur le corps et les bras. La catégorie des figurines aux bras levés de Yialia semble être une création locale, dont on ne trouve pas d’exemplaire dans notre matériel des sanctuaires de Marion ou dans les sites périphériques que nous avons fouillés. Il est aussi important de signaler que ce type d’offrande disparaît du site à la fin de la période archaïque.

    Fig. 3 – a, b : Yialia – Photies, ‘Déesse aux bras levés’ (MMA 660/ 54, 249)

    (© E. Raptou).

    15Toutefois, les figures féminines aux bras levés se rencontrent à Marion, notamment dans le matériel du sanctuaire de Polis-Peristeries, mais il s’agit de figurines dont la pâte et le style ne trouvent pas de parallèles exacts dans notre matériel25. On retrouve cette catégorie à Ayios Andronicos26 et dans un style qui proche de Yialia mais dans une pâte différente. En revanche, le type est absent de nos fouilles de Polis-Marathéri et il n’est représenté que par un seul exemplaire dans le matériel des fouilles américaines du même site27.

    4. Terres cuites moulées et modelées

    16L’usage des moules est un développement important dans la production des terres cuites. Ce procédé de fabrication arrive à Chypre depuis le Levant au VIIe s. av. J.-C. et se répand surtout à la période classique28. Dans nos fouilles, des figurines issues de moule se rencontrent depuis la fin de la période archaïque en nombre restreint et elles se multiplient sensiblement en avançant vers la période classique. Malgré le nombre très élevé de terres cuites moulées qui fait penser à un usage très répandu de ce procédé de fabrication, aucun moule ni prototype n’a été signalé dans nos fouilles29.

    17Graduellement, les figures féminines de style local cèdent la place au type de la koré grecque de style attico-ionien qui apparait à la fin de la période archaïque sous l’influence grecque croissante, sans que les figurines modelées soient complètement retirées.

    18Le moule s’applique sur l’argile fraiche et souvent les marges de la partie moulée ne sont pas travaillées pour enlever l’argile supplémentaire, ce qui leur donne l’aspect d’une plaquette en relief d’épaisseur variable. L’arrière peut être travaillé avec un outil ou avec la main pour égaliser la surface ou pour enlever l’argile supplémentaire. Certaines terres cuites moulées ne tiennent pas debout mais beaucoup ont une base haute qui fait partie du moule. En ce qui concerne les bases on observe que les coroplathes ne suivaient pas une règle unique dans la procédure de la fabrication. La base pouvait être creuse, plate ou bien on pressait l’argile avec les doigts pour former un creux pour que la figure tienne mieux debout.

    19Nos trouvailles montrent qu’un type de koré archaïque grecque semble avoir eu la faveur des coroplathes locaux, puisqu’elle apparait en plusieurs exemplaires dans les sanctuaires urbains comme dans ceux de la périphérie. Il représente une koré debout qui fait le geste caractéristique de tirer de sa main droite une masse de plis de son chiton, l’autre main ramenée sur la poitrine30.

    20L’examen des terres cuites moulées montre fréquemment que le coroplathe est intervenu pour modifier un original sortant du moule, quand l’argile est encore fraîche, visiblement pour la rendre conforme à un goût local ou pour mieux adapter la figure représentée à un autre besoin ou une autre fonction.

    21Ainsi, une koré grecque archaïque peut avoir une tête avec une physionomie et une coiffure caractéristique de la période classique31 ou bien on peut trouver la même figurine de koré avec des bras ajoutés par-dessus ceux d’origine pour montrer une attitude différente de celle du prototype. Ainsi, la koré archaïque peut se transformer en une déesse aux bras levés comme le montre une figurine fragmentaire du sanctuaire que nous avons fouillé à Ayios Andronicos (fig. 4).

    Fig. 4 – Polis – Ayios Andronicos (ΑΓ.Α no 134), koré archaïque aux bras rajoutés

    (© E. Raptou).

    22C’est par le biais de ce procédé que les coroplathes locaux interviennent sur les prototypes de certaines figurines pleines qui reprennent le type de la péplophore debout portant une coiffure pointue, faite à la main et qui n’existe pas sur les originaux grecs. Des exemples complets font partie du lot de figurines trouvées à Ambeli tou Egglezou (fig. 5). Le type de la péplophore debout en position frontale avec les bras le long du corps est un type de terre cuite créée en Attique au début de la période classique, connu comme le deuxième type attique d’après la typologie de Poulsen32, mais notre péplophore est visiblement retravaillée dans un style local. Le visage est certainement issu d’un moule de style différent et de date postérieure à ceux du corps, ce qui montre l’intervention du coroplathe local sur un exemplaire grec.

    Fig. 5 – a, b : Polis - Ambeli tou Egglezou (ΜΜΑ 713/13)

    (© E. Raptou).

    23Une grande série de figurines en forme de plaquette comprend des terres cuites qui combinent également moulage et modelage. Ce type de terres cuites a été trouvé en masse à Marathéri où il constitue une offrande votive caractéristique à ce sanctuaire33. Les visages sont toujours moulés et ajoutés à des corps moulés ou, le plus souvent, modelés (fig. 6). Les bras sont le long du corps et le plus souvent à peine indiqués. La hauteur de ces figurines est variable entre 15 à 30 cm, celles-ci représentent toujours des hommes barbus debout sans base. On distingue une grande variété de visages, ce qui permet de les distinguer chronologiquement en fonction de leur style. Il y a des types archaïsants mais le plus souvent on rencontre des visages classiques et idéalisés faisant appel aux modèles de la sculpture grecque du IVe s. av. J.-C (fig. 7) mais le répertoire est trop large pour être traité ici en détail. Sur les têtes on ajoute des chapeaux pointus, des bandeaux, mais il arrive qu’on voie des boucles d’oreilles ou d’autres éléments et quelques fois des traces de couleurs34. Parfois une tête masculine se retrouve sur un corps féminin, ce qui ne semble pas être dû à la maladresse du fabricant (fig. 6a, b)35. Malgré le type des figurines, notamment des têtes qui renvoient le plus souvent à des modèles grecs classiques, il est difficile d’expliquer les modifications effectuées.

    Fig. 6 – a, b, c : Polis – Maratheri, (MMA 662/855, 594, 843)

    (© E. Raptou).

    Fig. 7 – Polis - Maratheri, Têtes de terres cuites détachées des corps (MMA 662/635, 546, 654)

    (© E. Raptou).

    24Les interventions apportées sur certaines des terres cuites leur donnent une apparence androgyne, ce qui soulève la question de la bisexualité de l’Aphrodite Chypriote évoquée par certaines sources écrites tardives et quelques documents figurés. C’est un sujet qui a suscité l’intérêt des auteurs qui y reconnaissent un des aspects multiples de la déesse locale36 ; selon d’autres il n’y a aucune certitude à cela37. Les images bisexuelles qui apparaissent dans l’art chypriote constitueraient des survivances de croyances très anciennes. L’attestation, pour la première fois à Marion, de figurines d’apparence androgyne déposées dans un sanctuaire montre que l’Ouest de Chypre partage des idées qui semblent avoir été plus répandues dans l’île. Toutefois, ce sujet nous éloigne de notre propos. Cette catégorie est caractéristique de Marion à la période classique et elle est produite en grand nombre à la fin de la période. Elle constitue une particularité de la production coroplastique locale puisqu’elle ne trouve pas de parallèle exact dans l’art chypriote ailleurs dans l’île38.

    25Il est intéressant de revenir à Yialia-Photies, où le sanctuaire classique offre un aspect tout à fait différent de celui de la période archaïque. On y observe un grand éventail de types iconographiques différents, pour la majorité des figurines moulées ou des figurines modelées au visage moulé. Les moules utilisés sont toujours de style grec représentant des korés de tradition attico-ionienne, ce qui marque aussi l’abandon du type de la figure locale aux bras levés. Pourtant, ce qui constitue la particularité du sanctuaire est le nombre élevé des représentations de rondes de danseuses qui n’a pas d’égal dans toute la région39.

    26Les figurines moulées, faites le plus souvent de façon rudimentaire, sont collées sur des anneaux ou sur des plaquettes circulaires d’argile pour former des rondes de danseuses (fig. 8). On rencontre des figurines modelées aux visages moulés (fig. 9) mais pour la majorité il s’agit de figurines féminines appartenant à des types iconographiques communs en Grèce, surtout en Attique et ailleurs aussi, aux Ve et IVe s. av. J.-C. Parmi elles, on signale la femme debout soutenant un pan de son himation avec la main gauche (fig. 10), une création du milieu du Ve s. av. J.-C. qui est très fréquente40. Sur le prototype issu du moule, et indépendamment de son style, l’attitude de la figure ou de ses gestes, on ajoute au niveau des épaules des morceaux d’argile pour donner l’impression que les figures croisent leurs bras dans une danse cyclique. Aucun groupe n’a été encore restitué dans son intégralité, mais il semble que le nombre de chaque groupe ne dépassait pas trois ou quatre personnages. Au milieu, on restitue souvent un petit musicien jouant d’un instrument de musique, de la lyre ou du tambourin, autour duquel évoluent les danseuses. Justement, la fouille a donné des figurines de musiciens, qui sont toujours modelées de façon rudimentaire (fig. 11).

    Fig. 8 – Yialia – Photies, une base de groupe de trois danseuses

    (© E. Raptou).

    Fig. 9 – Yialia – Photies, figurines de danseuses modelées aux visages moulés (MMA 655/1394, 1412)

    (© E. Raptou).

    Fig. 10 – Yialia – Photies, Koré, type du Ve s. av. J.-C., moulée transformée en danseuse (MMA 655/43)

    (© E. Raptou).

    Fig. 11 – Yialia – Photies, Joueur de tambourin (MMA 655/1453)

    (© E. Raptou).

    5. Terres cuites de taille moyenne - terres cuites funéraires

    27Une catégorie assez nombreuse concerne des terres cuites de taille moyenne proches de la statuaire d’argile et dont la fabrication combine plusieurs techniques. De manière générale, le corps de la figurine est de forme tubulaire, un cylindre fait au tour, tandis que pour la partie supérieure du corps des techniques différentes sont utilisées. Sur la même figurine peuvent s’ajuster des parties tournées et modelées. Cette technique mixte est attestée pour la production des terres cuites archaïques41 mais c’est une technique très commode pour fabriquer des terres cuites de taille plus grande que les figurines, ce qui fait qu’on la retrouve aussi à la période classique dans toute la région. Le sanctuaire de Yialia-Photies a donné toute une série de terres cuites de taille moyenne dont on a pu restituer certaines presque dans leur intégralité42. Des bras et des pieds faits séparément sont collés sur le cylindre du corps, au sommet duquel un orifice est réservé pour insérer la tête (fig. 12). On a pu restituer certaines têtes à partir de fragments, ce qui nous a permis d’examiner de près la construction de la forme et les étapes du processus de fabrication43. Les têtes sont tournées ou faites au colombage tandis que les détails du visage, les éléments de la coiffure, les bijoux sont modelés et ajoutés. Le même processus est aussi utilisé sur des terres cuites des fouilles américaines à Marathéri44 mais il est largement connu dans la région, à Pomos (fig. 13), Vouni45 et Mersinaki46 et plus loin, jusqu’à Palaepaphos47.

    Fig. 12 – Yialia – Photies, Terres cuites de taille moyenne (a, b, MMA 660/259, 364)

    (© E. Raptou).

    Fig. 13 – Pomos – Appourin (District de Paphos), Corps de figure debout

    (© E. Raptou).

    28Pour finir, il nous faut mentionner une catégorie de terres cuites de grande taille, typique de la production classique de Marion qui ne se trouve que dans les nécropoles. Cette catégorie comprend des figures féminines assises et des hommes assis ou allongés en banqueteurs, dans des attitudes qui font penser à des prototypes grecs pris sur des modèles de l’art funéraire (fig. 14)48. Il faut préciser que ces productions ne copient pas les modèles étrangers mais qu’il s’agit de créations originales qui s’inspirent de l’art classique et qui témoignent de l’assimilation de l’art grec par les ateliers de Marion.

    Fig. 14 – Polis – Ayios Demetrios, Terre cuite funéraire (MMA 639/11)

    (© E. Raptou).

    29Elles peuvent atteindre un mètre de hauteur pour des figures assises et on peut parler de statuaire, mais on en trouve aussi de dimensions plus modestes. Ces grandes terres cuites suscitent l’attention des chercheurs mais jusqu’à présent aucune étude stylistique ou portant sur leur mode de fabrication n’a vu le jour. Nos récentes fouilles ont ajouté, à la série déjà grande, plusieurs nouveaux exemplaires, les uns presque complets ou présentant de larges parties de corps ainsi que de très nombreux fragments. Ce nouveau matériel permettra pour la première fois une étude détaillée de leurs modes de fabrication et éventuellement de reconnaître des mains d’artisans et également une réévaluation de cet ensemble funéraire très particulier.

    30La fabrication de ces grandes terres cuites combine le moulage et le modelage. En général les meubles, chaises et lits sont faits de plaques d’argile qui forment un carré ou un rectangle creux sur lequel la figure humaine est montée graduellement avec des petites plaques d’argile ou avec des colombins. Les différents morceaux d’argile sont collés entre eux en les pressant les uns contre les autres avec les doigts. Les fragments qu’on a étudiés montrent le processus de montage, les gestes effectués pour que les morceaux d’argile tiennent ensemble, ainsi que les traces de doigts des coroplathes qui se trouvent partout sur les parties internes des terres cuites (fig. 15). Des morceaux d’argile de taille variable sont ajoutés jusqu’au sommet du corps où un orifice reste ouvert pour y insérer la tête. Le dos de la figure est collé contre une plaque d’argile qui correspond au dossier de la chaise. Des ouvertures au niveau de la taille permettent d’insérer les bras. Ensuite, la surface extérieure est travaillée à la main, les joints dissimulés avec des morceaux d’argile plus fins pour rendre les détails des vêtements, les plis, etc. Des pièces modelées ou moulées s’ajoutent sur les corps, des bijoux, des détails de vêtements, comme les boutons, des objets tenus par les figures, oiseaux, balles, coupes et encore, des détails du décor des meubles, des détails des coussins, etc.

    Fig. 15 – Polis – Ambeli tou Egglezou, Terres cuites funéraires

    a. femme assise ; b. homme allongé

    (© E. Raptou).

    31Les visages sont pressés contre un moule : ainsi on voit la ligne de séparation entre la partie moulée et la partie modelée. L’arrière du crâne est travaillé à la main, on voit les traces de l’outil et un trou d’évent au sommet qui n’est pourtant pas la règle dans ce type de terres cuites (fig. 16a). Au niveau de la tête, on observe un grand travail de modelage : le travail détaillé des coiffures avec des incisions pour rendre les petites boucles sur le front, sur les tempes ; et le travail délicat avec une spatule pour rendre les détails du volume des cheveux (fig. 16b). Des détails faciaux sont aussi ajoutés : les expressions, les rides, etc.

    Fig. 16 – a, b : L’arrière d’une tête travaillée à la main et le devant d’une autre, moulé et retravaillé

    (© E. Raptou).

    32En dernier lieu vient la couleur, dont ne subsistent des traces que sur les figures et les meubles (fig. 17). On observe des traces de blanc et de rouge, mais d’autres couleurs ont aussi été appliquées, comme du jaune pour l’or des bijoux.

    Fig. 17 – Le devant d’un lit de banqueteur peint en rouge

    (© E. Raptou).

    Conclusion

    33Ici s’achève notre parcours sur les sites du royaume de Marion. Pour replacer la technologie coroplastique locale dans le contexte chypriote, on constate qu’à l’époque archaïque les figurines modelées dominent comme c’est la règle dans l’Ouest de l’île. À partir de la fin de la période archaïque et pour la période classique ce sont les figurines moulées de type grec de petites dimensions qui dominent, sans que les traditions locales disparaissent pour autant. Ainsi, les coroplathes locaux interviennent sur des figurines fabriquées à partir de moules importées en leur ajoutant des parties modelées pour les rendre conformes aux croyances locales. Les types iconographiques trouvés dans les sanctuaires de Marion et de sa périphérie se ressemblent, ce qui fait penser que des contacts ont existé entre les ateliers de la région, que les mêmes moules ont pu servir pour leur fabrication et on peut supposer encore des exportations du centre vers la périphérie du royaume. On notera que les comparaisons qu’on peut faire en dehors de la région sont très limitées.

    34Pour les terres cuites de taille moyenne les mêmes techniques que celles de la période archaïque – constatées aussi dans d’autres centres – continuent à être appliquées mais pour des figures d’un style différent. La catégorie qui se distingue est celle des terres cuites funéraires qui est typique de la région de Marion pour la période classique.

    35Il devient clair que notre matériel comprend des productions de diverses qualités, des objets qui s’adressaient à une clientèle au potentiel économique varié, qui se contentait surtout de figurines fabriquées localement.

    36Évidemment, il n’a pas été possible de présenter ici tous les détails recueillis dans la fouille, car cela aurait nécessité une étude plus approfondie. Il est d’ailleurs impossible d’être exhaustif sur un matériel qui vient d’être mis au jour.

    Bibliographie

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    Notes de bas de page

    1Le site de la ville est fouillé depuis 1983 par la mission archéologique de l’Université de Princeton. Pour une présentation générale des monuments et de l’histoire de Marion, Childs 1997 et Childs 2012.

    2La citation « Marion Hellénis » apparaît dans le Stadiasmos, le texte sur les ports de Chypre, daté du IVe s. av. J.-C., voir Childs 2012, 93 et surtout Th. Theodoulou 2006, 63-66 et 103, à propos du port de Marion.

    3Le sanctuaire a été fouillé par la mission de l’Université de Princeton ; voir en dernier lieu, Smith, Weir, Serwint 2012, 168-171.

    4Le matériel est en cours d’étude. Pour une première présentation, voir Raptou 2020, Actes du colloque tenu à l’Université de Graz en septembre 2017.

    5Matériel inédit conservé dans les réserves du Musée Archéologique du District de Paphos.

    6Sur le site de Yialia-Photies voir Raptou 2010, 14-22 et Raptou 2014, 263-268.

    7La découverte faite à Ayios Philimon constitue un exemple de la continuité de la sacralité d’un lieu de l’antiquité jusqu’à la période moderne ; sur ce site, Raptou 2010, 23-25.

    8Matériel inédit, conservé dans les réserves du Musée local de Marion-Arsinoé à Polis Chrysochous.

    9Les terres cuites trouvées par la mission suédoise dans les nécropoles et publiées dans Swedish Cyprus Expedition, datent du Chypro-Classique I (T.15, T.18, T.39) et du Chypro-Classique II (T.21, T. 36, T.58, T. 60) ; un ensemble provient aussi des fouilles inédites de Ménélaos Markidès, conduites en 1916 à Polis-Kaparka, voir Smith 2012, fig. 1.6.

    10La nécropole aurait été en usage de la fin de la période classique jusqu’à la période romaine. Sur la fouille de cette nécropole, voir Raptou 2016 et pour une présentation des différents types des terres cuites trouvées sur ce site voir Raptou 2020, 261-262 ; pour des comparaisons entre Marion et Salamine à propos des cérémonies funéraires de la période classique que nous constatons dans les nécropoles des deux villes, voir aussi Raptou 2019a.

    11Le sanctuaire de Polis-Peristeries a produit à lui seul 25.000 terres cuites et encore 4.000 exemplaires sont considérés comme provenant de Polis-Marathéri, voir Serwint 2015, 228. En revanche le nombre de sculptures en pierre à Marion est très limité, ce que nous constatons dans nos fouilles aussi ; sur l’usage de la pierre à Marion voir Childs 1994, 107-108.

    12Serwint 2000 et Serwint 2012a, à propos d’une statue masculine en terre cuite restituée dans le musée local de Polis Chrysochous, qui mesure environ 3,40 m de hauteur ; voir aussi Raptou 2012, à propos d’une grande statue féminine fragmentaire du site de Marathéri représentant une belle koré archaïque.

    13Yon 1991, 242.

    14À propos des cavaliers dans les sanctuaires de Marion voir Serwint 1991, 214.

    15Il faut signaler que la classification des moules n’a pas de signification chronologique, puisque des prototypes plus anciens peuvent servir pendant très longtemps, Serwint 1996, 101.

    16Une figurine de cavalier au visage moulé, ΑΓ.Α. 220.

    17Le sanctuaire fouillé par la mission américaine à Maratheri aurait été voué au culte commun de deux divinités, masculine et féminine qui, selon des sources écrites de l’époque romaine, sont identifiées à Zeus et Aphrodite, voir Serwint 1992, 384-385 ; les cavaliers sont très nombreux dans les sanctuaires des divinités masculines, particulièrement dans ceux d’Apollon, voir Serwint 1996, 100-101, à propos des cavaliers du sanctuaire d’Apollon Hylatès à Kourion.

    18Pourtant, ce site a donné des figurines d’animaux dont des chevaux ainsi que des fragments de chars.

    19Pour une première présentation des figurines, voir Raptou 2010, 15-16, fig. 1-3 ; le type est discuté dans Karageorghis 1998, VII.5, 9, 10.

    20Karageorghis 1993a, 58, 85-86 ; à propos de la figure aux bras levés à Palaepaphos, voir Leibundgut Wieland, Frey-Asche 2011, 165 et suiv.

    21Sur cette technique, voir aussi la contribution de S. Fourrier dans ce volume.

    22Yon 1991, 243.

    23Karageorghis 1998, pl. V no 2, VII n°5, 9, 10 etc. ; Serwint 1996, 104 ; voir aussi Leibundgut Wieland, Frey-Asche 2011, 54, pl. 11, n°537-540.

    24Pour une analyse sur la signification du polos, d’autres costumes cérémoniaux et sur les représentations des divinités de fertilité voir Şare Aǧtürk 2014, particulièrement 51-52.

    25C’est le plus ancien des sanctuaires fouillés à Marion où le type de la  « Déesse aux bras levés » est le plus fréquent parmi les offrandes, voir Serwint 1992, 391-392, 398, fig. 34 ; Serwint 1991, 217, pl. LVI : d-e ; Sur le sanctuaire de Polis-Peristeries voir Smith 1997, 77-98 et plus récemment Smith, Weir, Serwint 2012 et Serwint 2015, 227-234.

    26On y rencontre des figures de deux types, celles portant la tiare et celles portant le polos (par ex. Α.ΓΑ. 98, 135, 171, 198).

    27Serwint 1991, 215.

    28Yon 1991, 243 ; Bechtsi 2017, 41.

    29Toutefois, des moules de terres cuites sont constatés à Marion et quelques exemplaires ont été trouvés dans les fouilles de la mission américaine, Serwint 2019, 97-98, fig. 5.10 et 5.11.

    30Le type se rattache au groupe d’Aphrodite de Higgins, datant du début du Ve s. av. J.-C., Higgins 1967, 62. Un exemple complet est signalé dans Serwint 2012b, 202-203, mais le type est connu par deux exemplaires à Peristeries et deux à Maratheri dans les fouilles américaines ; on trouve aussi quelques exemplaires à Ayios Andronicos (par exemple AΓ.Α. 134) et à Yialia-Photies (par exemple MMA 655/1349, MMA 655/1445).

    31Serwint 2012b, 202-203 ; Serwint 2015, fig. 16-17.

    32Higgins 1954, pl. 88, n°673-674; Poulsen 1937, 53, fig. 30-32.

    33Plusieurs dizaines de terres cuites de ce type ont été restituées à partir de fragments dont le nombre s’élève à plusieurs centaines.

    34Une tête de cette catégorie est publiée dans Serwint 1991, 215, pl. LIVa.

    35Sur les changements de genre des figurines, voir aussi Maillard dans ce volume.

    36On se referre notamment à Sophocleous 1985. 

    37Karageorghis, Karageorghis 2002 ; Hermary 2008, 45.

    38La catégorie se rencontre au sanctuaire de Maratheri et elle n’est connue ailleurs que par un seul exemplaire complet à Yialia-Photies, sûrement importé de Marion (MMA 655/1473).

    39Raptou 2010, 21-22, fig. 11-12 ; Raptou 2019b, 83-84, fig. 4.11a-b.

    40Poulsen 1937, 75-76, fig. 44, Higgins 1967, 59, pl. 24F.

    41C’est une technique de fabrication largement attestée à Chypre, voir Yon 1991, Karageorghis 1993b, 102-103.

    42Raptou 2010, 17, fig. 6 ; pour des figurines proches stylistiquement : Karageorghis 1993b, pl. XLVIII.5, XLIX.3-4 (Yeroskipou), L.1 (Stroumbi).

    43Raptou 2015, à propos d’une tête de statue archaïque provenant de Yialia-Photies.

    44Serwint 1991, 216, pl. LVb.

    45Karageorghis 1993b, pl. LXI.3.

    46Karageorghis 1993b, pl. LIX.2-3, LX.1

    47Leibundgut Wieland, Frey-Asche 2011, pl. 20, n°1112, 1114, 1117, 1118, 1123, etc.

    48Flourentzos 1994 ; Raptou 1997.

    Auteur

    • Eustathios Raptou

      Département des Antiquités de Chypre, sraptou[at]hotmail.com

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    L’Homme et l’Animal au Maghreb, de la Préhistoire au Moyen Âge

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    Explorations d’une relation complexe

    Véronique Blanc-Bijon, Jean-Pierre Bracco, Marie-Brigitte Carre et al. (dir.)

    2021

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    1Le site de la ville est fouillé depuis 1983 par la mission archéologique de l’Université de Princeton. Pour une présentation générale des monuments et de l’histoire de Marion, Childs 1997 et Childs 2012.

    2La citation « Marion Hellénis » apparaît dans le Stadiasmos, le texte sur les ports de Chypre, daté du IVe s. av. J.-C., voir Childs 2012, 93 et surtout Th. Theodoulou 2006, 63-66 et 103, à propos du port de Marion.

    3Le sanctuaire a été fouillé par la mission de l’Université de Princeton ; voir en dernier lieu, Smith, Weir, Serwint 2012, 168-171.

    4Le matériel est en cours d’étude. Pour une première présentation, voir Raptou 2020, Actes du colloque tenu à l’Université de Graz en septembre 2017.

    5Matériel inédit conservé dans les réserves du Musée Archéologique du District de Paphos.

    6Sur le site de Yialia-Photies voir Raptou 2010, 14-22 et Raptou 2014, 263-268.

    7La découverte faite à Ayios Philimon constitue un exemple de la continuité de la sacralité d’un lieu de l’antiquité jusqu’à la période moderne ; sur ce site, Raptou 2010, 23-25.

    8Matériel inédit, conservé dans les réserves du Musée local de Marion-Arsinoé à Polis Chrysochous.

    9Les terres cuites trouvées par la mission suédoise dans les nécropoles et publiées dans Swedish Cyprus Expedition, datent du Chypro-Classique I (T.15, T.18, T.39) et du Chypro-Classique II (T.21, T. 36, T.58, T. 60) ; un ensemble provient aussi des fouilles inédites de Ménélaos Markidès, conduites en 1916 à Polis-Kaparka, voir Smith 2012, fig. 1.6.

    10La nécropole aurait été en usage de la fin de la période classique jusqu’à la période romaine. Sur la fouille de cette nécropole, voir Raptou 2016 et pour une présentation des différents types des terres cuites trouvées sur ce site voir Raptou 2020, 261-262 ; pour des comparaisons entre Marion et Salamine à propos des cérémonies funéraires de la période classique que nous constatons dans les nécropoles des deux villes, voir aussi Raptou 2019a.

    11Le sanctuaire de Polis-Peristeries a produit à lui seul 25.000 terres cuites et encore 4.000 exemplaires sont considérés comme provenant de Polis-Marathéri, voir Serwint 2015, 228. En revanche le nombre de sculptures en pierre à Marion est très limité, ce que nous constatons dans nos fouilles aussi ; sur l’usage de la pierre à Marion voir Childs 1994, 107-108.

    12Serwint 2000 et Serwint 2012a, à propos d’une statue masculine en terre cuite restituée dans le musée local de Polis Chrysochous, qui mesure environ 3,40 m de hauteur ; voir aussi Raptou 2012, à propos d’une grande statue féminine fragmentaire du site de Marathéri représentant une belle koré archaïque.

    13Yon 1991, 242.

    14À propos des cavaliers dans les sanctuaires de Marion voir Serwint 1991, 214.

    15Il faut signaler que la classification des moules n’a pas de signification chronologique, puisque des prototypes plus anciens peuvent servir pendant très longtemps, Serwint 1996, 101.

    16Une figurine de cavalier au visage moulé, ΑΓ.Α. 220.

    17Le sanctuaire fouillé par la mission américaine à Maratheri aurait été voué au culte commun de deux divinités, masculine et féminine qui, selon des sources écrites de l’époque romaine, sont identifiées à Zeus et Aphrodite, voir Serwint 1992, 384-385 ; les cavaliers sont très nombreux dans les sanctuaires des divinités masculines, particulièrement dans ceux d’Apollon, voir Serwint 1996, 100-101, à propos des cavaliers du sanctuaire d’Apollon Hylatès à Kourion.

    18Pourtant, ce site a donné des figurines d’animaux dont des chevaux ainsi que des fragments de chars.

    19Pour une première présentation des figurines, voir Raptou 2010, 15-16, fig. 1-3 ; le type est discuté dans Karageorghis 1998, VII.5, 9, 10.

    20Karageorghis 1993a, 58, 85-86 ; à propos de la figure aux bras levés à Palaepaphos, voir Leibundgut Wieland, Frey-Asche 2011, 165 et suiv.

    21Sur cette technique, voir aussi la contribution de S. Fourrier dans ce volume.

    22Yon 1991, 243.

    23Karageorghis 1998, pl. V no 2, VII n°5, 9, 10 etc. ; Serwint 1996, 104 ; voir aussi Leibundgut Wieland, Frey-Asche 2011, 54, pl. 11, n°537-540.

    24Pour une analyse sur la signification du polos, d’autres costumes cérémoniaux et sur les représentations des divinités de fertilité voir Şare Aǧtürk 2014, particulièrement 51-52.

    25C’est le plus ancien des sanctuaires fouillés à Marion où le type de la  « Déesse aux bras levés » est le plus fréquent parmi les offrandes, voir Serwint 1992, 391-392, 398, fig. 34 ; Serwint 1991, 217, pl. LVI : d-e ; Sur le sanctuaire de Polis-Peristeries voir Smith 1997, 77-98 et plus récemment Smith, Weir, Serwint 2012 et Serwint 2015, 227-234.

    26On y rencontre des figures de deux types, celles portant la tiare et celles portant le polos (par ex. Α.ΓΑ. 98, 135, 171, 198).

    27Serwint 1991, 215.

    28Yon 1991, 243 ; Bechtsi 2017, 41.

    29Toutefois, des moules de terres cuites sont constatés à Marion et quelques exemplaires ont été trouvés dans les fouilles de la mission américaine, Serwint 2019, 97-98, fig. 5.10 et 5.11.

    30Le type se rattache au groupe d’Aphrodite de Higgins, datant du début du Ve s. av. J.-C., Higgins 1967, 62. Un exemple complet est signalé dans Serwint 2012b, 202-203, mais le type est connu par deux exemplaires à Peristeries et deux à Maratheri dans les fouilles américaines ; on trouve aussi quelques exemplaires à Ayios Andronicos (par exemple AΓ.Α. 134) et à Yialia-Photies (par exemple MMA 655/1349, MMA 655/1445).

    31Serwint 2012b, 202-203 ; Serwint 2015, fig. 16-17.

    32Higgins 1954, pl. 88, n°673-674; Poulsen 1937, 53, fig. 30-32.

    33Plusieurs dizaines de terres cuites de ce type ont été restituées à partir de fragments dont le nombre s’élève à plusieurs centaines.

    34Une tête de cette catégorie est publiée dans Serwint 1991, 215, pl. LIVa.

    35Sur les changements de genre des figurines, voir aussi Maillard dans ce volume.

    36On se referre notamment à Sophocleous 1985. 

    37Karageorghis, Karageorghis 2002 ; Hermary 2008, 45.

    38La catégorie se rencontre au sanctuaire de Maratheri et elle n’est connue ailleurs que par un seul exemplaire complet à Yialia-Photies, sûrement importé de Marion (MMA 655/1473).

    39Raptou 2010, 21-22, fig. 11-12 ; Raptou 2019b, 83-84, fig. 4.11a-b.

    40Poulsen 1937, 75-76, fig. 44, Higgins 1967, 59, pl. 24F.

    41C’est une technique de fabrication largement attestée à Chypre, voir Yon 1991, Karageorghis 1993b, 102-103.

    42Raptou 2010, 17, fig. 6 ; pour des figurines proches stylistiquement : Karageorghis 1993b, pl. XLVIII.5, XLIX.3-4 (Yeroskipou), L.1 (Stroumbi).

    43Raptou 2015, à propos d’une tête de statue archaïque provenant de Yialia-Photies.

    44Serwint 1991, 216, pl. LVb.

    45Karageorghis 1993b, pl. LXI.3.

    46Karageorghis 1993b, pl. LIX.2-3, LX.1

    47Leibundgut Wieland, Frey-Asche 2011, pl. 20, n°1112, 1114, 1117, 1118, 1123, etc.

    48Flourentzos 1994 ; Raptou 1997.

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    Raptou, E. (2022). Techniques de fabrication des terres cuites : le cas de Marion (Chypre) à l’époque classique. In H. Aurigny & L. Rohaut (éds.), Quand on a la terre sous l’ongle (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/13thx
    Raptou, Eustathios. « Techniques de fabrication des terres cuites : le cas de Marion (Chypre) à l’époque classique ». In Quand on a la terre sous l’ongle, édité par Hélène Aurigny et Laura Rohaut. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2022. https://doi.org/10.4000/13thx.
    Raptou, Eustathios. « Techniques de fabrication des terres cuites : le cas de Marion (Chypre) à l’époque classique ». Quand on a la terre sous l’ongle, édité par Hélène Aurigny et Laura Rohaut, Presses universitaires de Provence, 2022, https://doi.org/10.4000/13thx.

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    Aurigny, H., & Rohaut, L. (éds.). (2022). Quand on a la terre sous l’ongle (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/13tio
    Aurigny, Hélène, et Laura Rohaut, éd. Quand on a la terre sous l’ongle. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2022. https://doi.org/10.4000/13tio.
    Aurigny, Hélène, et Laura Rohaut, éditeurs. Quand on a la terre sous l’ongle. Presses universitaires de Provence, 2022, https://doi.org/10.4000/13tio.
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