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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Introduction 1. Aux origines du type de la Dame assise argienne 2. La Dame assise de l’Aphrodision d’Argos 3. La chronologie de la Dame assise argienne Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Quand on a la terre sous l’ongle

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Le trône de terre : la Dame assise argienne dans le matériel de l’Aphrodision d’Argos

    Hélène Aurigny

    p. 149-162

    Résumés

    Le matériel coroplathique de l’Aphrodision d’Argos compte 10 000 documents, dont environ 6500 fragments du type qu’on appelle Dame assise. Sa confection relève essentiellement du modelage, parce que cette dame est fabriquée de façon très simple d’une bande d’argile à laquelle des pieds sont ajoutés à l’arrière et qu’elle est pourvue d’une tête pincée dans l’argile ou moulée et collée sur le corps modelé. Si l’on peut donc facilement différencier ces deux séries à tête modelée ou moulée, en revanche les innombrables variantes rendent bien difficile le classement typologique ou chronologique précis d’un type à la longévité exceptionnelle dans l’artisanat et les pratiques votives d’Argos. Après avoir envisagé les origines de ce motif habituel dans la petite plastique d’argile archaïque, on s’interrogera sur les critères typologiques, iconographiques ou stylistiques qui permettent d’une part de proposer des regroupements et d’autre part de réfléchir à une mise en ordre chronologique, en utilisant les éléments de contexte et les comparaisons disponibles.

    The coroplastic material of the Aphrodision of Argos numbers 10,000 documents, including about 6,500 fragments of the so-called seated lady type. Its making is essentially modeling, because this lady is made in a very simple way from a strip of clay to which feet are added at the back and it is provided with a head pinched in the clay or molded and glued to the modeled body. Therefore, we can easily differentiate these two series with modeled or molded head, but on the other hand the innumerable variations make it very difficult to establish a precise typological or chronological order of a type with exceptional longevity in the craftsmanship and votive practices of Argos. After having considered the origins of this usual motif in small archaic clay plastic, we will question the typological, iconographic or stylistic criteria which allow, on the one hand, to propose groupings and, on the other hand, think about a chronological order, using the contextual elements and available comparisons.

    Entrées d’index

    Mots-clés : Argos, terre cuite, coroplathie, modelage, Grèce archaïque, sanctuaire, Aphrodite, Dame assise

    Keywords : Argos, terracotta, coroplastic, modelling, archaic Greece, Sanctuary, Aphrodite, seated lady

    Texte intégral Introduction 1. Aux origines du type de la Dame assise argienne 1.1. L’âge du bronze ancien 1.2. Époque mycénienne 1.3. Époque géométrique 1.4. La Dame assise dans la sculpture grecque du VIIe siècle 2. La Dame assise de l’Aphrodision d’Argos 2.1. Le sanctuaire d’Aphrodite La fouille et les structures du sanctuaire 2.2. Les Dames assises : une fabrication simple, mais non standardisée Le montage du corps Préparation et polychromie 2.3. Classer les Dames assises 3. La chronologie de la Dame assise argienne 3.1. Le « dépôt de fondation » 3.2. La céramique argienne 3.3. Autres datations proposées 3.4. Figurines en contexte funéraire Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    Introduction

    1Le matériel coroplathique de l’Aphrodision d’Argos est riche de 10 000 documents1, dont la majorité relève de la technique du modelage. Ceci s’explique par la présence d’environ 6500 fragments du type qu’on appelle Dame assise2. C’est un champ d’exploration privilégié pour la réflexion sur le modelage, parce que cette dame est fabriquée de façon très simple, le plus souvent avec une bande d’argile à laquelle des pieds sont ajoutés à l’arrière et une tête pincée dans l’argile, ou moulée et collée sur le corps modelé. Si ce modèle très sommaire est le plus courant, la Dame assise présente de nombreuses variantes plus élaborées que cette contribution montrera au fil de son développement. Cette variété même, et en premier lieu l’existence d’une série à tête modelée et d’une série à tête moulée, rendent difficile le classement de ce matériel pléthorique, d’un point de vue typologique autant que d’un point de vue chronologique. D’une part, les données stratigraphiques de l’Aphrodision ne permettent pas d’avoir une chronologie assurée ; d’autre part, rares sont les contextes précis pour les publications de ces figurines typiquement argiennes et les études manquent également de points d’ancrage chronologiques sûrs3. Il faudra donc rassembler les éléments typologiques, iconographiques ou stylistiques qui permettent de mettre en évidence l’évolution de ce type typiquement argien.

    2Ainsi, une rapide synthèse sur les origines du motif de la Dame assise permettra de le replacer dans une réflexion plus large sur les manières de représenter un corps féminin assis. Une présentation des Dames assises de l’Aphrodision et de la manière dont on peut les classer apportera un éclairage sur les choix faits par les artisans coroplathes ; seront enfin rassemblés les indices permettant de préciser la datation des Dames assises.

    1. Aux origines du type de la Dame assise argienne

    3Si la Dame assise est très populaire dans l’art grec archaïque, elle tire ses origines des nombreux exemplaires de l’âge du Bronze : l’art mycénien en a donné de nombreuses variantes, aux côtés des figurines en phi et en psi qui forment la grande majorité des figurines. Le motif de la déesse trônant est même dans l’iconographie mycénienne un emprunt fait à ses prédécesseurs minoens, voire néolithiques.

    1.1. L’âge du bronze ancien

    4Les recherches sur l’image de la Dame assise ne manquent pas pour les plus cultures les plus anciennes de l’espace égéen. Le motif de la figure féminine assise, parfois entourée d’autres figures humaines ou animales qui lui confèrent un statut de divinité, est largement présent dans le répertoire créto-mycénien et a fasciné les chercheurs pour des raisons sûrement plus religieuses qu’artistiques.

    5La représentation de la Dame assise est connue depuis le néolithique et matérialisée d’une part par la figurine crétoise de Hiérapétra (néolithique moyen ou récent, 6000-4300)4, représentée les jambes croisées l’une sur l’autre, d’autre part par la figure féminine à l’enfant de Sesklo en Thessalie5. Assise sur un tabouret haut à quatre pieds, elle embrasse sur sa poitrine un enfant dont le corps et les bras sont distinctement modelés. Le corps de la femme et de l’enfant, ainsi que le siège, sont entièrement recouverts de lignes peintes brunes6. Elle provient d’un contexte d’habitat.

    6Le Bronze ancien est marqué par la production des figurines cycladiques. Les plus belles Dames assises cycladiques de marbre proviennent de Naxos ou de ses environs. Ce groupe est formé notamment de six figurines complètes ou fragmentaires provenant du cimetière d’Aplomata à Naxos, et une de chacune des îles d’Ios, d’Amorgos, d’Eubée et de Crète. Ces figurines sont attribuées aux variétés de Kapsala ou de Spédos et sont datées de la période du Cycladique ancien II. En partie à cause de ces figurines exceptionnelles, le contexte d’Aplomata paraît renvoyer à des pratiques inhabituelles de dépôt rituel peut-être séparé du moment de l’ensevelissement7.

    7À l’âge du Bronze moyen, on trouve fort peu de figures féminines assises ; les types féminins assis se développent surtout dans le monde mycénien.

    1.2. Époque mycénienne

    8C’est évidemment une forme bien documentée  dans la petite plastique mycénienne : près d’une centaine d’exemplaires avaient été rassemblés par P. Amandry il y a plus de 30 ans8, ce qui en fait une catégorie bien représentée, même si elle reste bien moins abondante que les figurines debout en phi ou en psi. Les contextes en sont cultuels, funéraires et domestiques.

    9La tradition de figurines assises est vivante surtout en Béotie et en Argolide à l’époque mycénienne9 ; elle se développe dans le cadre des palais mycéniens continentaux dont l’apogée se situe entre 1350 et 120010. On trouve dans la Grèce mycénienne des figures féminines en trône et des trônes vides, dont on laissera l’interprétation de côté11. Parmi les figurines assises, on distingue des trônes à dossier plein et des trônes à dossier ajouré, sans qu’il y ait de différences de date. Les figurines assises suivent le développement des figurines en phi, puis en psi, puis en tau12 ; en revanche on ne trouve guère de personnage féminin assis parmi les statuettes de dimensions supérieures.

    10S’il n’est pas question de s’attarder sur les nombreux exemplaires mycéniens de Dames assises13, il est intéressant de constater que la multiplicité des types et des contextes rend une interprétation précise difficile14 : elles ne peuvent être considérées comme des simples offrandes votives, mais jouaient vraisemblablement un rôle dans les actes rituels liés aux différents aspect du culte : « à la fois déesses, prêtresses et adorantes, parfois considérées comme des sortes d’amulettes, elles formeraient un lien entre le monde présent et l’au-delà »15.

    11On n’abordera pas ici le cas des figurines aux bras levés typiques de la production crétoise de la fin de l’âge du bronze mais qui ne constituent pas des modèles directs de nos figurines archaïques.

    1.3. Époque géométrique

    12Si le type disparaît à la fin de l’âge du Bronze et au début de l’âge du Fer, il resurgit néanmoins à la fin du VIIIe siècle au géométrique récent et ses rapports avec les modèles mycéniens sont étroits. La série s’inspire du type A mycénien, avec siège à dossier plein et trône tripode ; les exemplaires se trouvent aussi plutôt en Attique et en Béotie. On peut distinguer d’une part des exemplaires proches des modèles mycéniens, comme la statuette de Berlin 1078316 tenue pour mycénienne mais ressemble plutôt à des figurines du VIIIe siècle.

    13À l’époque géométrique se développent aussi d’autres types de Dames assises qui renouvellent le type mycénien tripode. Théodoros Iliopoulos, dans sa thèse de 2011, en dénombre quelques exemplaires conservés dans les musées, toujours datées de la fin du VIIIe siècle dont le meilleur exemple est la figurine de Callithéa, conservée au Musée National d’Athènes17, assise sur un trône quadripode18. À la quinzaine d’exemplaires en terre cuite, il convient d’ajouter quatre ou cinq figurines de bronze montrant des personnages féminins montés sur des chevaux19.

    1.4. La Dame assise dans la sculpture grecque du VIIe siècle

    14C’est toutefois au VIIe siècle que le type revient, avec la « naissance » de la grande plastique dans le monde grec : en Crète, en Asie Mineure, dans les Cyclades, quelques occurrences, plus souvent isolées, montrent le succès du motif de la Dame assise dans la grande sculpture, bien que les modèles en soient rarement repris en argile20.

    15Si l’on s’intéresse plus particulièrement au Péloponnèse, on s’aperçoit que le type de la Dame assise y est fréquent en pierre, mais aussi en argile, en ivoire et sur les reliefs. La ronde-bosse fournit ainsi quelques œuvres comme la statue d’Hagiorgitika21, en Arcadie, ou d’Asea22, ou quelques Dames assises de petite taille en pierre provenant de Sparte23. On n’entreprendra pas ici d’énumérer les très nombreuses figurines de terre cuite de Corinthe, de Pérachora, d’Arcadie, figurant des Dames assises à la fin du VIIe siècle et au VIe siècle.

    16Ce cadre est très large et demanderait évidemment une étude plus approfondie. Mais il me semble qu’il permet de mettre en perspective l’étude des figurines de l’Aphrodision d’Argos en rappelant quelques points. D’abord, la représentation de la Dame assise est ancienne et constitue une tradition dans le Péloponnèse et en Argolide. Ensuite, du point de vue du type et de sa fabrication, il n’y a pas vraiment de tradition établie. On trouve des sièges tripodes comme des sièges quadripodes, et la technique de fabrication diffère largement de l’époque mycénienne, où le trône fait à part peut être de très grande taille par rapport à la figurine, à l’âge du fer où le rapport d’échelle entre siège et figurine est plus équilibré.

    17Je laisse délibérément de côté la question de la relation entre ces représentations de figures féminines assises et les sources littéraires qui mentionnent un certain nombre de statues de culte représentant les divinités sur un trône24 : je ne m’interroge donc pas sur leur valeur religieuse, sacrée, initiatique qui n’apporte guère d’information sur la technique du modelage.

    2. La Dame assise de l’Aphrodision d’Argos

    18Le matériel argien fournit, quoi qu’il en soit, une documentation abondante et d’ailleurs le type de la Dame assise a reçu une attention nouvelle à l’occasion de l’étude d’un lot de figurines de Némée. Signe Barfoed en 2013 a bien mis en évidence l’importance de la Dame assise pour Argos et l’Argolide, dans un article au titre évocateur : « the mystery of the seated goddess »25.

    2.1. Le sanctuaire d’Aphrodite

    19Bien que le sanctuaire et sa fouille ne soient pas publiés de manière complète, plusieurs présentations du site et du matériel ont été faites, dans le Bulletin de Correspondance Hellénique26 ou il y a quelques années dans un volume de Kernos édité par Clarisse Prêtre sur le donateur, l’offrande et la déesse27. Francis Croissant y rappelait l’histoire de la découverte et son identification comme le sanctuaire d’Aphrodite du Prôn28.

    La fouille et les structures du sanctuaire

    20Situé au sud de l’Odéon romain, le sanctuaire comprend d’abord le temple, un petit édifice dorique du Ve siècle29, dont les fondations sont en partie creusées dans le roc. Il venait prendre place sur un petit oikos archaïque (fin VIIe siècle ?), dont les fondations lui ont été intégrées. Un autel était associé au temple, sur une terrasse délimitée par un grand escalier taillé dans le roc, entre le sanctuaire et l’Odéon ; au sud-est, une stoa d’époque archaïque a été mise au jour30. Toutes ces structures avaient été démontées à la suite de l’édit de Théodose à la fin du IVe siècle (380). Seul le matériel votif déjà enfoui dans les remblais a été retrouvé, il consiste essentiellement dans de la céramique et des figurines de terre cuite. Il faut souligner qu’on dispose à l’Aphrodision d’Argos d’un contexte relativement bien connu pour replacer les figurines de terre cuite, même si les éléments stratigraphiques et chronologiques manquent.

    2.2. Les Dames assises : une fabrication simple, mais non standardisée

    21On s’intéressera aux Dames assises du type A avec ses deux déclinaisons A1 (fig. 1) et A2 (fig. 2), sans traiter le type particulier des « Dames aux étoiles »31.

    Fig. 1 – Figurine inv. 24902 avant et profil, 11 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes N497-0459 ; N497-0460).

    Fig. 2 – Figurine inv. 24967 avant, arrière et profil, 15 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes N497-0429 ; N497-0430 ; N497-0431).

    Le montage du corps

    22Le corps de la Dame assise est formé d’une bande d’argile plate, un peu large en bas, légèrement resserrée à la taille, avec un buste recevant les ornements, les bras tendus et la tête coiffée d’un polos lui-même plus ou moins orné. Les pieds avant du trône sont le plus souvent collés sous la « jupe » du personnage et sont visibles au revers, tandis que les pieds arrière sont ajoutés pour soutenir le corps assis et sont de ce fait souvent décollés (fig. 1).

    23L’examen des types de trônes montre qu’il existait aussi des trônes faits à part sur lesquels la figurine était ensuite assise, avec des figurines très plates, à la taille resserrée, collées sur un trône au dossier bas (inv. 72.1043.25, fig. 3). De nombreux fragments de trône conservent en noir l’emplacement de la figurine décollée, trace d’un collage qui a mal tenu et qui n’a pas facilité la cuisson de l’argile.

    Fig. 3 – Figurine inv. 72.1043.25, avant, 8,7 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes N498-0984).

    24Il existe aussi des trônes plus élaborés, construits avec une plus grande profondeur, quatre vrais pieds distincts de la « jupe », et souvent un corps plus massif ; ils sont ornés de moulures ou de pastilles, notamment sur les accoudoirs. On remarque que les trônes des types A2 sont plus grands et souvent plus ornés, avec des franges indiquant la présence d’une couverture. Un grand soin est apporté à la facture du siège, aux franges, ou aux bordures qui peuvent être incisées et rehaussées par de la polychromie (fig. 4, inv. 74.23.5).

    Fig. 4 – Figurine inv. 20349, avant, 3,2 cm

    (cliché H. Aurigny).

    Préparation et polychromie

    25Certaines figurines anciennes semblent avoir été décorées au moyen du vernis noir cuit avec la statuette (inv. 72.1016.51 ; inv. 24441, fig. 5) ; d’autres ont bénéficié de couleurs posées après cuisson mais plus fragiles.

    Fig. 5 – Figurine inv. 24441, 4,8 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes neg. EfA N498-0474).

    26Comme d’autres figurines, les Dames assises recevaient une couche de préparation blanche32 et un décor polychrome qui n’est malheureusement presque jamais préservé à l’Aphrodision, en raison de l’état de conservation et des conditions d’enfouissement des objets. Quelques rares fragments attestent encore la présence de ces traitements de surface : la figurine inv. 25892 (fig. 6) est une des seules à présenter encore une couche de préparation blanche qui recouvrait à l’origine toutes les figurines. La polychromie rehausse les éléments modelés de la parure (fig. 7b, inv. 26495), mais elle s’y substitue quelquefois, comme sur l’exemplaire inv. 26494 dont le ras-du-cou est uniquement peint en rouge (fig. 7a).

    Fig. 6 – Figurine inv. 25892, 4,9 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes N497-0582).

    Fig. 7 – a : figurine inv. 26494, 5,9 cm : 7-N497-0419 ; b : figurine inv. 26495, 3,4 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes 7-N497-0729).

    27Tous les autres éléments, en particulier la parure, sont soumis à une extrême variabilité et pouvaient être ajoutés à volonté. Les techniques du colombinage, avec un grand usage de la torsade qui en fait presque une catégorie à part (fig.2, inv. 24967, fig. 9), et du pastillage33 sont utilisées pour les nombreuses parures des figurines que sont les colliers, ras-du-cou ou non, les pendeloques, les « pectoraux » qui sont un élément de décor caractéristique de ces figurines argiennes34. La figurine de type A2.04 en est un des meilleurs exemples (fig. 8, 22414).

    Fig. 8 – Inv. 22414, 11,2 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes avant : N497-0462 ; arrière : N497-0463).

    28L’extrême diversité des motifs décoratifs est encore une des spécificités de cet ensemble.

    2.3. Classer les Dames assises

    29L’infinie variété des combinaisons possibles rend donc hasardeux de constituer des groupes. On constate toutefois qu’il existe des combinaisons récurrentes, tant pour les A1 que pour les A2, qui présentent les mêmes associations d’éléments de parure dans une conception d’ensemble similaire. En l’état actuel des connaissances, on se contentera de suggérer quelques groupes qui ne paraîtront pas trop artificiels, avant même d’envisager leurs relations chronologiques.

    30Le problème est la définition des critères : la complexité et la richesse du décor sont bien une manière de classer, mais pas de dater, car cela serait un présupposé un peu naïf de penser que les figurines les plus simples précèdent nécessairement les exemplaires les plus complexes et les plus ornés35. La taille des figurines ne semble pas non plus une notion opérante : elle permet certes de distinguer A1 et A2, souvent plus grandes, mais il y a de nombreuses exceptions36. Dans chaque groupe, les figurines montrent d’importantes variations de hauteur de 5 à plus de 40 cm parfois37.

    31Quelques séries se dégagent néanmoins. Parmi les figurines A1, un groupe de figurines particulièrement simples, au décor sobre, compte de nombreux exemplaires. Ces types simples n’ont – la plupart du temps – pas de trône moulé à part ; leur ornement sommaire est réduit à un pectoral large, plat, qui couvre la poitrine et qui parfois se termine sur les épaules par un arrondi rappelant le disque d’une fibule (fig. 1). Le polos sur la tête est également réduit à sa plus simple expression.

    32Un autre groupe se distingue, qui combine des dimensions plutôt modestes (pas plus de 11 à 12 cm), avec l’emploi de bandes d’argile torsadées pour figurer les mèches de cheveux et une partie des ornements de poitrine (inv. 72.1013.88, fig. 9). Sur ces pièces, le travail semble se faire tout en minutie, comme le montrent les fibules carrées ornées de petites pastilles, les colliers multiples qui forment un plastron sur le buste ou les boucles d’oreilles pastillées.

    Fig. 9 – Inv. 72.1013.88, 6,7 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes N498-0466).

    33En ce qui concerne les figurines de type A2, le problème est distinct car on dispose des différents types de visages pour classer le matériel38. Au-delà des visages, il y a aussi de grandes variations dans la conception de séries de dames assises.

    34Le type A2.04 (inv. 22414, fig. 8), dont le visage est important pour la chronologie39, est associé à une structure anatomique qui diffère du standard habituel des corps. Le corps est ici plutôt massif, avec une taille resserrée qui accentue l’importance laissée au buste, rehaussé par la parure pastillée et modelée qui se déploie en largeur40. On trouve d’autres exemples de ces corps, ainsi qu’une série de bustes à la taille très marquée, en argile fine, et pourvus d’ornements finement détaillés et très minutieux (fig. 10, inv. 25006). Quelle qu’en soit la variété, ces figurines révèlent une volonté de raffinement et d’individualisation des objets.

    Fig. 10 – Inv. 25006, 9,6 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes N497-0477, N497-0478).

    35L’ensemble le plus riche est sans aucun doute constitué par les plus de 240 figurines du type A2.02, au sein desquelles on peut distinguer jusqu’à cinq générations successives41 ; elles illustrent la variété des associations ornementales composées autour d’un même type de visage. Trois exemples suffiront à le faire comprendre (fig. 11 : inv. 20553, inv. 20461, inv. 74.42.26). Sur la première tête, on trouve un petit polos plat, des mèches torsadées et une parure fleurie composée d’une rosette schématique au-dessus du front et deux grandes boucles d’oreille en forme de marguerites. La coiffure est faite de grosses mèches perlées à l’arrière et de petites boucles sur le front. Le deuxième exemplaire (inv. 74.42.26) présente d’abord un visage qui semble flotter au milieu d’une tête et d’un corps aplatis et larges ; une grande nappe de cheveux dorsale est marquée de petits traits horizontaux sur la face avant. La parure cumule de grandes boucles d’oreille en rosettes schématiques et pastillées, un double collier ras-du-cou à trois pendeloques rondes, un collier lisse et un autre torsadé, et un ornement pectoral formé de deux minces filets d’argile au-dessus d’un très large bandeau ; enfin, l’épaule droite est ornée d’une fibule allongée à deux rosettes. La tête inv. 20461 propose une variation sur ce système décoratif, avec un haut calathos cintré qui était entouré d’une bande d’argile ; elle porte des boucles d’oreille en forme de rosettes, un collier à pendeloque en forme de grenade assez naturaliste et des colliers lisses et torsadés. Il n’y a donc pas d’association systématique entre un visage et un type de parure.

    Fig. 11 – Trois figurines de type A2.02 : inv. 20553 (5,8 cm), inv. 20461 (9,3 cm), inv. 74.42.26 (14 cm)

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes N497-1345, N497-0617, N497-1354).

    36De même, la comparaison entre la figurine inv. 74.42.26 et la figurine d’un autre type A2.12 (inv. 22419, fig. 12) confirme que deux types différents peuvent partager de grandes similitudes dans l’économie des ornements : grosses mèches au-dessus du front, nappe de cheveux, colliers, ornement pectoral. On pourrait ainsi multiplier les exemples avec la vingtaine de visages différents identifiés à l’Aphrodision qui étaient donc associés à différents corps et éléments de parure.

    Fig. 12 – Buste inv. 22419, A2.12, 17,2 cm

    (clichés Francis Croissant, École française d’Athènes N497-0616).

    37Si l’on s’intéresse au modelage du type de la Dame assise, on peut constater que les ateliers argiens renouvellent le genre, en proposant un trône à deux ou quatre pieds, avec une place importante accordée au vêtement féminin qui forme dans les types les plus simples l’avant du trône. Ils l’ont largement enrichi de déclinaisons multiples, qu’on a du mal à expliquer autrement que par son succès et le goût, des artisans et des dédicants, pour ces figurines bigarrées.

    38Malgré les nombreuses déclinaisons qui ont réinventé le genre, il n’est pas nécessaire d’imaginer de nombreux ateliers impliqués dans la fabrication de ces figurines. La longévité et la large diffusion des types dans les sanctuaires d’Argos et de la plaine argienne rendent compte du nombre élevé de figurines, qui ont pu évoluer dans les mêmes ateliers au fur et à mesure des modes et des goûts du VIe siècle.

    39Cette longévité des Dames assises argiennes a suscité quelques tentatives de mise en ordre chronologique du matériel ; il est nécessaire d’examiner de quels éléments chronologiques on dispose pour dater les Dames en trône.

    3. La chronologie de la Dame assise argienne

    40Au vu de la longévité et de la diffusion du type, il est compréhensible qu’il y en ait eu de toutes sortes, pour réinventer un genre qui a su continuer à plaire aux visiteurs des sanctuaires. Mais le problème de la chronologie de ce matériel est réel : il faut à la fois classer tout ce matériel dans un ordre interne et trouver des repères chronologiques externes.

    3.1. Le « dépôt de fondation »

    41La plupart des objets, trouvés en remblai, n’offrent pas de critères stratigraphiques valables. Seul le « dépôt de fondation »42, enfoui sous le temple du Ve siècle, fournit un repère chronologique mais qui n’est qu’un terminus ante quem. On remarque cependant qu’il regroupe des types plutôt anciens et plutôt exceptionnels. Derrière la façade Est du temple du Ve siècle, on a retrouvé un lot de figurines, des vases miniatures, des anneaux de bronze et de terre cuite. Le matériel mériterait un nouvel examen approfondi : par exemple, on trouve des formes comme la coupe à décor de lignes croisées, qui n’existe pas en grand format et qui est largement répandue dans l’ensemble des sanctuaires de l’Argolide (Heraion, Berbati, Tirynthe, Mycènes)43. Le matériel comprend d’autres vases miniatures, comme les coupelles et dinoi décorés, les skyphoi à bord redressé, qui sont caractéristiques des productions argiennes.

    3.2. La céramique argienne

    42La datation de vases miniatures modelés repose sur des comparaisons plus nombreuses et plus sûres que les figurines. Le type de la coupelle miniature à décor de traits ocres ou noirs peut être comparé avec le matériel de Tirynthe récemment étudié44 : on y retrouve la préparation blanche typique (qui n’existe pas sur les vases miniatures corinthiens). La production peut être datée du tout début du VIe siècle, vers 600, et du 1er quart du siècle d’après le contexte de la fouille de Tirynthe, mais il est plus difficile d’estimer la durée de vie et de production de ces vases.

    43L’étude des vases miniatures de l’Aphrodision est en cours et pourrait apporter des éléments de datation pour les figurines45. Comme le montrent plusieurs contributions dans ce volume46, les artisans potiers sont aussi les coroplathes, ou du moins travaillent étroitement avec eux : la catégorie des cratérisques argiens à protomes féminines en sont encore une illustration. Cette forme de vase sur pied haut est ornée de trois protomés féminines, avec le buste sortant de l’épaule du vase. Or, le type de visage est récurrent et peut être rapproché des visages A2.04 qui ont été datés dans le 1er quart du VIe siècle47. Cela confirme donc la datation avancée par G. Ekroth, à la fin du VIIe et au début du VIe siècle48.

    3.3. Autres datations proposées

    44La difficulté à proposer une datation des figurines est certaine, d’une part parce que les chronologies élaborées précédemment ne sont guère convaincantes, d’autre part parce que les éléments extérieurs sont bien maigres pour avoir des dates absolues.

    45Dans un article très novateur publié en 1932 dans l’ABSA, R.H. Jenkins faisait une tentative inédite de classer et de dater les figurines de terre cuite argiennes à partir du matériel de l’Héraion d’Argos, de Pérachora et de la Larissa49. Le groupement en « classes » permettait une première répartition intéressante des figurines, mais la chronologie proposée ne s’avère pas toujours pertinente. C’est le cas notamment de la classe F, comprenant les figurines dites « ornate style », datée à partir de 550 seulement50. La datation se fonde en effet sur le présupposé que les figurines recevraient de plus en plus d’ornements au fur et à mesure de leur production, ce que les exemples même de Jenkins contredisent51.

    46L’étude récente menée par S. Barfoed sur un dépôt anciennement découvert à Némée près du sanctuaire de Zeus appelle également quelques réserves quant à la chronologie. Si elle a le mérite de mettre à l’honneur le type de la Dame assise52, elle fonde sa réflexion sur un ensemble de seulement 13 figurines qui ont disparu53. Elle reprend – sans la démontrer – l’idée d’une multiplication des éléments de la parure avec le temps54 ; elle choisit ses comparaisons d’abord dans du matériel corinthien55. On note surtout une logique contradictoire : après avoir comparé les figurines avec celles de Prosymna datées de la fin du VIIe siècle56, S. Barfoed date les types A1 de Némée de la fin du VIe siècle et du début du Ve siècle, au prétexte que les artisans de Némée auraient créé leur propres types et prolongé la production jusqu’en 47557. En fin de compte, la datation choisie repose sur celle de Jenkins, alors que dans l’étude même, certains vases miniatures argiens sont datés dès la fin du VIIe siècle58.

    3.4. Figurines en contexte funéraire

    47Les figurines de Dames assises découvertes en contexte votif sont presque toujours difficiles à dater. Quelques exemplaires ont toutefois été trouvés dans des tombes, associées à un matériel céramique mieux connu ; ils offrent des points d’ancrage chronologiques importants.

    48Ainsi, deux figurines entières et quelques fragments du type le plus simple de A1 ont été découverts dans le dromos de la tombe XIX de l’ensemble funéraire de la Deiras et sont datées vers la fin du VIIe siècle au vu des tessons qui accompagnaient les figurines59.

    49En SU 76, un sondage d’urgence rue Karaiskaki, près de la caserne, un pithos funéraire cylindrique de 1,90 m (T212), découvert en 1966, contenait deux inhumations dont la première était accompagnée d’un riche matériel, faits de 15 vases corinthiens miniatures, une phiale de bronze et un groupe de terre cuite représentant deux « cuisinières »60 (fig. 13). Une grande Dame assise de type A1 est installée devant une marmite et tient dans la main droite un ustensile plongé dans le récipient, tandis qu’une petite figure assise (une fillette ?) à l’arrière est peut-être occupée à une autre activité culinaire. L’ensemble est daté du tout début du VIe siècle. Le point d’ancrage chronologique est pertinent en particulier pour la coiffure en mèches torsadées : on peut la rattacher plusieurs types à cette chronologie (type A2.02 gen1, type A2.04, type A2.17 encore, et le type A1 à torsades). On constate également qu’un même type de coiffure est largement partagé sur les figurines modelées ou à têtes moulées.

    Fig. 13 – Groupe des « cuisinières » de la tombe T212, 11 cm

    (cliché Philippe Collet, École française d’Athènes N313-261).

    50Cela indique aussi que le type A1 très simple remonte vraisemblablement à la fin du VIIe siècle, mais que le type A2 apparaît peu de temps après, dès le début du VIe siècle. Il n’y a donc pas de décalage chronologique important entre deux séries qui ont continué de se développer de façon concomitante.

    51Il est plus difficile de tracer une évolution au cours du VIe siècle car le reste des données chronologiques n’est ni très précis ni très cohérent. Ainsi, un buste de type A2 d’Asinè est très isolé dans le contexte d’un habitat avec des tessons géométriques61. Une Dame assise de type A1 a été retrouvée dans le matériel d’une tombe du nord-ouest de l’agora d’Argos (tombe IV)62 qui contenait aussi un petit groupe modelé de boulangères (?) avec du matériel vasculaire de la fin du VIe siècle63, voire du début du Ve siècle64. Cela nous renseigne sur la date où un type A1 était encore en usage, pas sa date de fabrication exacte.

    52Nous savons par ailleurs que des figurines modelées étaient encore disponibles à l’époque hellénistique puisqu’un moule de visage modelé a été pris sur l’une d’elles65. Mais il est difficile de savoir si on produisait encore des figurines modelées (pourquoi alors en tirer les moules ?) ou si on moulait des « reliques » de l’époque archaïque.

    53L’étude des Dames assises argiennes suscite de multiples questions : parmi elles, la distribution de ces types dans les autres sanctuaires de l’Argolide et les éventuelles variantes locales constituent des voies qui restent à explorer. La comparaison avec la production corinthienne qui entretient des rapports étroits avec les créations argiennes, pour la coroplathie et pour la céramique, est une des voies qui permettra de préciser la chronologie.

    Conclusion

    54La Dame assise argienne est un type emblématique en ce qu’il révèle le caractère très prolifique du modelage qui se poursuit malgré la concurrence du moulage ; cet exemple d’artisanat argien plaide en faveur de la place du modelage dans la création grecque pour des productions qui ne sont pas identiques mais qui sont pour ainsi dire de masse jusqu’à la fin du VIe siècle. Il reste à réfléchir à la distribution du type en Argolide pour essayer de dégager des récurrences ou des associations entre des sites et des façons de fabriquer la Dame assise. Les 6500 exemplaires de l’Aphrodision apporteront en tout cas leur contribution.

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    Notes de bas de page

    1Le matériel a été découvert et étudié par Francis Croissant qui a bien voulu m’associer à la reprise de l’examen du dossier à partir de 2007. Pour une présentation du sanctuaire et du matériel votif, voir Croissant 2009 ; pour une présentation du matériel coroplathique, Aurigny, Croissant 2016.

    2Terme proposé par Francis Croissant dès 2009 : Croissant 2009, 181. Aurigny 2020.

    3Quand la chronologie n’est pas tout simplement fantaisiste : Barfoed 2013 ; Barfoed 2017.

    4Héraklion, MA (collection Giamalakis 249) : Poursat 2008, 38-39, fig. 22.

    5Néolithique réent II (5000-4300), Athènes, MNA 5937, 16,5 cm. Poursat 2008, 38-40, fig. 25.

    6Fig. dans Ucko 1968, pl. LX ; dessin Iliopoulos 2011, pl. 3.

    7Doumas, Lambrinoudakis 2017, 192.

    8Amandry 1986.

    9Amandry 1986.

    10Poursat 2014, 140-143.

    11Voir Iliopoulos 2011, 295-310. Kranz 1972.

    12Poursat 2014, 203 (avec tableau).

    13L’étude est menée par l’auteur dans le chapitre « Origines et panorama » du mémoire inédit « La dame assise argienne : réflexion sur les origines et les développements d’un « agalma » populaire à partir de l’exemple de l’Aphrodision d’Argos, habilitation à diriger des recherches, soutenue en décembre 2020.

    14Voir bilan et références dans Poursat 2014, 210.

    15Poursat 2014, 210.

    16Kranz 1972, pl. 8,1. Son hypothèse générale est qu’à la fin de l’époque géométrique, les modèles mycéniens sont de nouveau en vogue et en particulier les figurines assises, qui joueront un grand rôle dans la formation de la plastique grecque archaïque. Ainsi, Kranz il diminue l’importance des importations orientales dans ce processus.

    17Inv. 1125.

    18Le trône est quadrangulaire avec un dossier plein et carré, qui se prolonge en deux pieds qui s’évasent, comme à l’avant, où ils sont plus droits. Les bras du trône sont arrondis et renforcés par des étais transversaux. Inv. 1125. Callipolitis-Feytmans 1963, 414, fig. 8f fig. 12. Fin du VIIIe siècle.

    19Les cinq statuettes de bronze peuvent être datées de la seconde moitié, voire de la fin du VIIIe siècle, avec peut-être une évolution sensible entre le style très simple de la figurine de Tégée, les deux figurines de Lousoi plus détaillée et les exemplaires plus élaborés de Samos et d’Olympie. Rolley 1994, 109-110 : datation à la fin du VIIIe siècle de groupes de figurines en bronze d’Olympie et de Samos apparentés à ces cavaliers.

    20Helen L. Alford a rédigé il y a une quarantaine d’années une étude sur la figure assise dans la sculpture grecque archaïque : Alford 1978. Elle fournit une documentation abondante sur le sujet et en propose une distribution géographique synthétique ; elle ne s’intéresse pas aux témoignages de la petite plastique d’argile. Elle recense 79 figures assises sculptées dont la majorité sont ioniennes (Didymes, Milet, Samos) et du VIe siècle. On en trouve également dans les Cyclades (8), en Crète (6 exemplaires en calcaire), dans le Péloponnèse (la plupart en marbre), en Attique (une vingtaine de statues en marbre).

    21Despinis, Kaltsas 2014, n° I, 1, 6, 18-22, fig. 27-31.

    22MNA 6 ; Despinis, Kaltsas 2014, I.1.10, 30-34, fig. 47-50 (notice E. Kourinou).

    23La Genière 1993.

    24Athéna Polias de l’Acropole (par Endoios), Héra de Tirynthe, Héra d’Olympie (Paus 5, 17,1), Athéna Lindia, Léto de Délos, voir dans Iliopoulos 2011.

    25Son apport à notre connaissance de cette série reste limité. Autre article sur ce matériel de Némée : Barfoed 2017.

    26Notamment Croissant 1969 et Croissant 1973.

    27Mise au point et renvoi aux références antérieures dans Croissant 2009.

    28Voir Croissant 1972.

    29Dont les proportions sont proches du Trésor des Athéniens à Delphes.

    30Photographies dans Croissant 1974, 760, fig. 1-2.

    31Elles sont classées dans le type C, (« dames aux étoiles ») qui sont à la fois debout et assises, et qui présentent des spécificités iconographiques avec ces « étoiles » posées sur les bras.

    32Note de vocabulaire : puisqu’elle sert de support à un décor peint, on préfère aujourd’hui parler de couche de préparation plutôt que de couverte ou d’engobe (Muller 1997, 440). Voir Jeammet 2003, 320 (glossaire).

    33Muller 2003.

    34Breastband ou Brustschmuck, Barfoed 2013, 85.

    35Contre le point de vue de Jenkins 1932.

    36On connaît des figurines à tête moulée de 5 cm de hauteur.

    37Si l’on compare par exemple inv. 74.23.5 (45 cm restitués) et inv. 72.1094.19 (6 cm).

    38Aurigny, Croissant 2016. Aurigny, Croissant à paraître.

    39Voir ci-dessous.

    40La même décoration se retrouve sur une figurine d’un lieu de culte de l’est de l’agora : Barakari-Gléni 2014, fig. 3, 114 ; Barakari 2015, 423, fig. 3.

    41Aurigny, Croissant 2016, fig. 7.

    42Nom donné à l’ensemble de figurines et de vases déposé dans une fosse sous les fondations du temple classique d’Aphrodite : BCH 1969, 996.

    43Ekroth 2003, 35.

    44Vases M11 et M12, Brüggemann 2015, 201.

    45Il reste cependant difficile de mettre en relation vases et figurines à l’Aphrodision.

    46Voir dans ce volume les contributions d’E. Trinkl, de V. Jeammet et de M. Ramon Ribaud.

    47Aurigny, Croissant 2016, 8-9 ; Aurigny, Croissant à paraître.

    48Ekroth 2013.

    49Jenkins 1932.

    50Jenkins 1932, 39 : il invoque l’influence des productions ioniennes arrivant en Grèce (et en Occident) pour expliquer cette production abondante, très ornée et adoptant une couverte blanche. Critique de Mertens-Horn 1978.

    51Les figurines de la classe B sont aussi ornées, et celles de la classe D ne semblent moins ornées que parce que seules les têtes en sont conservées, privées des riches coiffures, des bustes parés etc.

    52Curieusement appelé « Tirynthian Argive » alors que les exemplaires les plus nombreux sont à l’Héraion d’Argos (2200, contre environ 600 à Tirynthe), voir Aurigny 2020.

    53Barfoed 2017, 650, tableau 1.

    54Barfoed 2013, 86.

    55Barfoed 2013, fig. 2 : figurine de Pérachora au visage corinthien.

    56Blegen 1939, 420. Le contexte de cet autel périphérique de la déesse près de l’Héraion central présente un ensemble daté haut, entre la fin du VIIIe et la fin du VIIe siècle.

    57Barfoed 2013, 99-100 ; Barfoed 2017, 709-710.

    58Barfoed 2017, 703.

    59Deshayes 1966 : « le VIIe siècle nous paraît beaucoup plus probable (que le VIe siècle), étant donné l’abondance des tessons de cette période ou de l’époque immédiatement antérieure qui ont été trouvés dans cette région du site, et la rareté des vestiges du VIe siècle ».

    60BCH 1966, 833-834.

    61Wells 2002, 101, fig. 8.

    62Barakari 1984, groupe modelé Ma 6074, 191, fig. 84d. Aslamantzidou 1985, Dame assise Ma 6037, 193 et pl. 80a.

    63Figure noire attique de dernier quart du VIe siècle.

    64Lécythes attiques 490/480.

    65Banaka-Dimaki 1997, 321-322, fig. 4. L’objet provient d’un contexte d’atelier : atelier A, aux abords de l’agora actuelle.

    Auteur

    • Hélène Aurigny

      Aix Marseille Univ, CNRS, CCJ, Aix-en-Provence, France, helene.aurigny[at]univ-amu.fr

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    1Le matériel a été découvert et étudié par Francis Croissant qui a bien voulu m’associer à la reprise de l’examen du dossier à partir de 2007. Pour une présentation du sanctuaire et du matériel votif, voir Croissant 2009 ; pour une présentation du matériel coroplathique, Aurigny, Croissant 2016.

    2Terme proposé par Francis Croissant dès 2009 : Croissant 2009, 181. Aurigny 2020.

    3Quand la chronologie n’est pas tout simplement fantaisiste : Barfoed 2013 ; Barfoed 2017.

    4Héraklion, MA (collection Giamalakis 249) : Poursat 2008, 38-39, fig. 22.

    5Néolithique réent II (5000-4300), Athènes, MNA 5937, 16,5 cm. Poursat 2008, 38-40, fig. 25.

    6Fig. dans Ucko 1968, pl. LX ; dessin Iliopoulos 2011, pl. 3.

    7Doumas, Lambrinoudakis 2017, 192.

    8Amandry 1986.

    9Amandry 1986.

    10Poursat 2014, 140-143.

    11Voir Iliopoulos 2011, 295-310. Kranz 1972.

    12Poursat 2014, 203 (avec tableau).

    13L’étude est menée par l’auteur dans le chapitre « Origines et panorama » du mémoire inédit « La dame assise argienne : réflexion sur les origines et les développements d’un « agalma » populaire à partir de l’exemple de l’Aphrodision d’Argos, habilitation à diriger des recherches, soutenue en décembre 2020.

    14Voir bilan et références dans Poursat 2014, 210.

    15Poursat 2014, 210.

    16Kranz 1972, pl. 8,1. Son hypothèse générale est qu’à la fin de l’époque géométrique, les modèles mycéniens sont de nouveau en vogue et en particulier les figurines assises, qui joueront un grand rôle dans la formation de la plastique grecque archaïque. Ainsi, Kranz il diminue l’importance des importations orientales dans ce processus.

    17Inv. 1125.

    18Le trône est quadrangulaire avec un dossier plein et carré, qui se prolonge en deux pieds qui s’évasent, comme à l’avant, où ils sont plus droits. Les bras du trône sont arrondis et renforcés par des étais transversaux. Inv. 1125. Callipolitis-Feytmans 1963, 414, fig. 8f fig. 12. Fin du VIIIe siècle.

    19Les cinq statuettes de bronze peuvent être datées de la seconde moitié, voire de la fin du VIIIe siècle, avec peut-être une évolution sensible entre le style très simple de la figurine de Tégée, les deux figurines de Lousoi plus détaillée et les exemplaires plus élaborés de Samos et d’Olympie. Rolley 1994, 109-110 : datation à la fin du VIIIe siècle de groupes de figurines en bronze d’Olympie et de Samos apparentés à ces cavaliers.

    20Helen L. Alford a rédigé il y a une quarantaine d’années une étude sur la figure assise dans la sculpture grecque archaïque : Alford 1978. Elle fournit une documentation abondante sur le sujet et en propose une distribution géographique synthétique ; elle ne s’intéresse pas aux témoignages de la petite plastique d’argile. Elle recense 79 figures assises sculptées dont la majorité sont ioniennes (Didymes, Milet, Samos) et du VIe siècle. On en trouve également dans les Cyclades (8), en Crète (6 exemplaires en calcaire), dans le Péloponnèse (la plupart en marbre), en Attique (une vingtaine de statues en marbre).

    21Despinis, Kaltsas 2014, n° I, 1, 6, 18-22, fig. 27-31.

    22MNA 6 ; Despinis, Kaltsas 2014, I.1.10, 30-34, fig. 47-50 (notice E. Kourinou).

    23La Genière 1993.

    24Athéna Polias de l’Acropole (par Endoios), Héra de Tirynthe, Héra d’Olympie (Paus 5, 17,1), Athéna Lindia, Léto de Délos, voir dans Iliopoulos 2011.

    25Son apport à notre connaissance de cette série reste limité. Autre article sur ce matériel de Némée : Barfoed 2017.

    26Notamment Croissant 1969 et Croissant 1973.

    27Mise au point et renvoi aux références antérieures dans Croissant 2009.

    28Voir Croissant 1972.

    29Dont les proportions sont proches du Trésor des Athéniens à Delphes.

    30Photographies dans Croissant 1974, 760, fig. 1-2.

    31Elles sont classées dans le type C, (« dames aux étoiles ») qui sont à la fois debout et assises, et qui présentent des spécificités iconographiques avec ces « étoiles » posées sur les bras.

    32Note de vocabulaire : puisqu’elle sert de support à un décor peint, on préfère aujourd’hui parler de couche de préparation plutôt que de couverte ou d’engobe (Muller 1997, 440). Voir Jeammet 2003, 320 (glossaire).

    33Muller 2003.

    34Breastband ou Brustschmuck, Barfoed 2013, 85.

    35Contre le point de vue de Jenkins 1932.

    36On connaît des figurines à tête moulée de 5 cm de hauteur.

    37Si l’on compare par exemple inv. 74.23.5 (45 cm restitués) et inv. 72.1094.19 (6 cm).

    38Aurigny, Croissant 2016. Aurigny, Croissant à paraître.

    39Voir ci-dessous.

    40La même décoration se retrouve sur une figurine d’un lieu de culte de l’est de l’agora : Barakari-Gléni 2014, fig. 3, 114 ; Barakari 2015, 423, fig. 3.

    41Aurigny, Croissant 2016, fig. 7.

    42Nom donné à l’ensemble de figurines et de vases déposé dans une fosse sous les fondations du temple classique d’Aphrodite : BCH 1969, 996.

    43Ekroth 2003, 35.

    44Vases M11 et M12, Brüggemann 2015, 201.

    45Il reste cependant difficile de mettre en relation vases et figurines à l’Aphrodision.

    46Voir dans ce volume les contributions d’E. Trinkl, de V. Jeammet et de M. Ramon Ribaud.

    47Aurigny, Croissant 2016, 8-9 ; Aurigny, Croissant à paraître.

    48Ekroth 2013.

    49Jenkins 1932.

    50Jenkins 1932, 39 : il invoque l’influence des productions ioniennes arrivant en Grèce (et en Occident) pour expliquer cette production abondante, très ornée et adoptant une couverte blanche. Critique de Mertens-Horn 1978.

    51Les figurines de la classe B sont aussi ornées, et celles de la classe D ne semblent moins ornées que parce que seules les têtes en sont conservées, privées des riches coiffures, des bustes parés etc.

    52Curieusement appelé « Tirynthian Argive » alors que les exemplaires les plus nombreux sont à l’Héraion d’Argos (2200, contre environ 600 à Tirynthe), voir Aurigny 2020.

    53Barfoed 2017, 650, tableau 1.

    54Barfoed 2013, 86.

    55Barfoed 2013, fig. 2 : figurine de Pérachora au visage corinthien.

    56Blegen 1939, 420. Le contexte de cet autel périphérique de la déesse près de l’Héraion central présente un ensemble daté haut, entre la fin du VIIIe et la fin du VIIe siècle.

    57Barfoed 2013, 99-100 ; Barfoed 2017, 709-710.

    58Barfoed 2017, 703.

    59Deshayes 1966 : « le VIIe siècle nous paraît beaucoup plus probable (que le VIe siècle), étant donné l’abondance des tessons de cette période ou de l’époque immédiatement antérieure qui ont été trouvés dans cette région du site, et la rareté des vestiges du VIe siècle ».

    60BCH 1966, 833-834.

    61Wells 2002, 101, fig. 8.

    62Barakari 1984, groupe modelé Ma 6074, 191, fig. 84d. Aslamantzidou 1985, Dame assise Ma 6037, 193 et pl. 80a.

    63Figure noire attique de dernier quart du VIe siècle.

    64Lécythes attiques 490/480.

    65Banaka-Dimaki 1997, 321-322, fig. 4. L’objet provient d’un contexte d’atelier : atelier A, aux abords de l’agora actuelle.

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    Aurigny, H. (2022). Le trône de terre : la Dame assise argienne dans le matériel de l’Aphrodision d’Argos. In H. Aurigny & L. Rohaut (éds.), Quand on a la terre sous l’ongle (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/13tgo
    Aurigny, Hélène. « Le trône de terre : la Dame assise argienne dans le matériel de l’Aphrodision d’Argos ». In Quand on a la terre sous l’ongle, édité par Hélène Aurigny et Laura Rohaut. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2022. https://doi.org/10.4000/13tgo.
    Aurigny, Hélène. « Le trône de terre : la Dame assise argienne dans le matériel de l’Aphrodision d’Argos ». Quand on a la terre sous l’ongle, édité par Hélène Aurigny et Laura Rohaut, Presses universitaires de Provence, 2022, https://doi.org/10.4000/13tgo.

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    Aurigny, H., & Rohaut, L. (éds.). (2022). Quand on a la terre sous l’ongle (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/13tio
    Aurigny, Hélène, et Laura Rohaut, éd. Quand on a la terre sous l’ongle. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2022. https://doi.org/10.4000/13tio.
    Aurigny, Hélène, et Laura Rohaut, éditeurs. Quand on a la terre sous l’ongle. Presses universitaires de Provence, 2022, https://doi.org/10.4000/13tio.
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