La coroplathie dans l’histoire des collaborations artisanales
Historiographie entre la fin du xixe siècle et aujourd’hui
p. 89-98
Résumés
Les figurines de terres cuites se caractérisent par un paradoxe. Elles sont présentées d’une part, comme de la « pacotille » et sont, d’autre part, louées pour leur « grande finesse ». Les premières études sur le matériel coroplathique sont menées à la fin du XIXe siècle, lorsque les figurines arrivent en nombre dans les musées ou chez les grands collectionneurs. C’est à ce moment-là que l’on commence à prendre conscience de l’importance archéologique de ces productions et que plusieurs thématiques de recherche, sur la fonction ou encore les procédés de fabrication, sont développées. Ce n’est qu’ensuite, dans le deuxième quart du XXe siècle, que l’on observe un regain d’intérêt pour les petites figurines. Bien que le sujet soit toujours marginal, on commence à voir certains chercheurs se spécialiser sur ces productions à l’instar de D. B. Thompson. On dépasse, par exemple, la seule vision d’histoire de l’art pour s’intéresser aux gestes et au processus de production. On observe finalement dans le dernier quart du XXe siècle une multiplication des publications et des problématiques : le matériel issu des fouilles archéologique est étudié ou repris et les figurines sont alors appréhendées comme étant issues d’un processus artisanal ; l’organisation de la production est questionnée, on tente d’identifier l’atelier du coroplathe et, au-delà des objets eux-mêmes, on s’intéresse aux producteurs.
The terracotta figurines are characterized by a paradox. They are presented on the one hand as “cheap junk” and, on the other hand, praised for their “great finesse”. The first studies on coroplastic material were carried out at the end of the 19th century, when figurines arrived in large numbers in museums or among major collectors. It is at this point that one begins to realize the archaeological importance of these productions and that several research themes, on the function or even the manufacturing processes, are developed. It was only then, in the second quarter of the 20th century, that there was a resurgence of interest in small figurines. Although the subject is still marginal, some researchers begin to specialize in these productions like D. B. Thompson. For example, beyond the sole vision of art history, scholars focuse on gestures and on the production process. Finally, in the last quarter of the twentieth century, we can observe a multiplication of publications and issues: material from archaeological excavations is studied or taken back and the figurines are then considered to have come from an artisanal process; the organization of production is questioned, the workshop of the coroplath is being identified and, beyond the objects themselves, the producers are the object of growing interest.
Entrées d’index
Mots-clés : coroplathie, historiographie, collections, catalogues, archéologie de la production, technique
Keywords : coroplastic, historiography, collections, catalogues, archaeology of production, technics
Remerciements
Cet article doit beaucoup aux lectures attentives, aux commentaires, à la précieuse aide et à la patience de Hélène Aurigny, Laura Rohaut et Véronique Chankowski que je tiens tout particulièrement à remercier ici.
Texte intégral
Introduction
1Les figurines de terres cuites se caractérisent par un paradoxe. Elles sont dans de nombreux cas présentées comme des « objets communs », de la « pacotille » et dans le même temps sont louées pour leur qualité de fabrication ainsi que pour leur « grande finesse »1 suscitant intérêt et admiration. E. Pottier et S. Reinach dans leur ouvrage sur la nécropole de Myrina expliquent que les figurines peuvent être faites à la main et au moule2. Dans le second cas, celles-ci sont « la création des modeleurs de terre cuite qu’on appelait des coroplathes, c’est-à-dire ceux qui modèlent les korai (jeunes filles) »3. Il fallut attendre ces dernières décennies pour que le travail portant sur ces productions de terre cuite, et notamment la coroplathie, trouve une place à part entière dans le domaine des études antiques4. Pour les premières études menées sur ce matériel, à la fin du XIXe siècle, il ne s’agissait évidemment pas d’un champ de la recherche majeur, à l’instar de ce que l’on pouvait observer pour la grande sculpture, art « noble ». Ainsi, l’idée générale dominante en cette fin du XIXe siècle et début du XXe siècle est que les figurines appartiennent à une « branche secondaire de l’art »5. Une différenciation est alors instaurée entre la grande et la petite statuaire, la première étant de l’art, la seconde n’étant qu’une proposition dérivée de ce dernier. Les figurines n’entraient pas encore pour les chercheurs dans la catégorie des objets d’artisanat mais étaient reléguées à la sphère des objets de collection perçue comme secondaire.
2L’étude des figurines de terre cuite, en tant que production consécutive d’un travail manuel, a donc été peu abordée pendant très longtemps. Nous examinerons donc, à travers l’historiographie, l’évolution de l’étude de ces figurines et le cheminement qui les a menées de l’histoire de l’art à l’histoire et à l’économie. Nous considérerons tout d’abord la mise en place de la recherche sur les figurines de terre cuite et les premières études, sous la forme de catalogues, qui participaient à cette orientation d’histoire de l’art. Plusieurs problématiques furent posées mais les questions plus techniques, à orientation économique ou sociale, interrogeant le processus de création ou le fonctionnement des ateliers ne furent qu’effleurées et très largement mises de côté. Nous étudierons dans un second temps le changement de statut des figurines qui ne furent plus perçues comme appartenant à cette « branche secondaire de l’art »6 mais comme objet d’une discipline de recherche. Si certaines problématiques sont toujours d’actualité, et toujours sujettes à d’intenses discussions, les orientations et les objectifs des études sont renouvelés. L’apport des nouvelles technologies va également en ce sens permettant des examens plus précis et plus approfondis de certains points qui étaient jusqu’alors relégués au second plan. La coroplathie est alors vue comme partie prenante d’un monde artisanal en mouvement et connecté. C’est dans ce cadre que sont interrogées l’identité des producteurs, l’organisation de l’atelier, et la place de la coroplathie dans ce monde par le biais des relations et collaborations entre différents médias et producteurs.
1. Mise en place de la recherche sur les figurines de terre cuite
1.1. Les premières recherches : la figurine, objet de collections et de catalogues
3L’indifférence aux figurines de terre cuite, conséquence du paradoxe présenté précédemment, doit être relativisée. Une partie de l’histoire des figurines de terre cuite se déroule, et commence, chez les grands collectionneurs. C’est ce que résume bien S. Besques lorsqu’elle explique que les figurines sont longtemps « restées des bibelots d’étagères, agréables ou curieux »7. L’un des meilleurs exemples de la pratique de collection est l’activité du Marquis de Campana (1809-1880) qui regroupa une grande quantité de terres cuites, principalement originaires d’Italie du Sud8.
4C’est surtout dans le cadre des musées que l’on voit apparaître dans la première moitié du XIXe siècle quelques études portant sur ce qui est appelé par S. Reinach et E. Pottier les « terres-cuites asiatiques »9. Ainsi, pour ces quelques études, essentiellement des recueils ou des descriptions, J. Martha explique que « les catalogues de d’Agincourt, T. Combes et Panofka sont d’une époque où l’on soupçonnait à peine l’importance archéologique de ces objets et portent tous sur des collections restreintes où faute d’indications précises et de représentations analogues, l’auteur est réduit à énumérer successivement les figurines dans un ordre quelconque, sans pouvoir distinguer les grecques des italiennes, ni les ranger par séries méthodiques »10. C’est par l’engagement de plusieurs chercheurs, comme J. Martha notamment, que l’étude des figurines de terre cuite connaît ses véritables débuts. Il convient d’ajouter à ce nom celui de L. Heuzey. Ensemble, ils font partie de ceux qui ont exprimé un intérêt pour ces petites statuettes et qui ont, dès l’origine, développé plusieurs thématiques et problématiques de recherche. Nous devons ainsi à J. Martha le premier catalogue raisonné fondé sur une nouvelle classification créée devant l’inexistence de ce type de méthode11. Il abandonne l’idée de les trier par sujets ou par chronologie car ces données sont encore à la fois trop imprécises et sujettes à débat, et choisit finalement un rangement par grands ensembles géographiques12. Il explique en effet posséder un corpus suffisant pour procéder à ce type de classification, malgré plusieurs provenances inconnues.
5Par la suite, L. Heuzey dans son ouvrage sur les figurines de terre cuite du musée du Louvre daté de 188213, indique la nécessité de travailler sur la plus grande quantité de figurines possibles représentatives des principaux centres de production14. C’est le début des études comparatives pour la coroplathie. L. Heuzey, dans son étude sur les figurines, s’attache notamment à l’évolution du vêtement, très important pour ce type de production. « Nous voulons nous retrouver face à face avec les hommes d’autrefois », écrit-il, « les voir tels qu’ils étaient, dans la diversité de leurs usages et de leurs costumes »15. Son utilisation des styles lui permet de mettre en place des chronologies.
6Deux sites seront primordiaux pour l’émergence de l’étude des figurines de terre cuite : Tanagra en Béotie et Myrina en Asie Mineure. Pour le premier, il convient de citer le travail de M. Collignon qui, dans son Manuel d’archéologie grecque, prend en compte des figurines de Tanagra quelques années seulement après leur découverte en 188116. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une publication, cela dénote, à la fois l’innovation du chercheur et l’intérêt pour les terres cuites. L’autre grand site essentiel intervenant dans la découverte pour le monde de l’époque des figurines de terre cuite est celui de Myrina en Asie Mineure. Le matériel de fouille, mentionné dans les rapports publiés dans le Bulletin de correspondance hellénique dès 188217 fut publié en 1887, soit cinq années après la fin des opérations, sous la forme d’un catalogue mais laissant de côté le contexte et le terrain18. Par ailleurs il faut souligner que le catalogue était toujours fait avec cette orientation muséale : les figurines, par leur transfert au musée du Louvre ont été déconnectées de leur terrain, dans leur étude même, par la rédaction d’un catalogue purement muséographique19.
7Du côté de la recherche allemande, il convient de présenter succinctement l’énorme travail de F. Winter qui est chargé en 1889 par la direction de l’Institut archéologique allemand d’établir un catalogue typologique des terres cuites classiques. Ce volume, Die Typen der figürlichen Terrakotten20, paru en 1903 est le troisième d’une série déjà composée des terres cuites de Pompéi, d’une part, et de Sicile, d’autre part, publiés dans la première moitié des années 1880. C’est un travail de longue haleine de 15 ans pendant lesquels F. Winter voyage dans toute l’Europe pour voir, étudier et dessiner les collections des musées et des collectionneurs. Ce catalogue, ne prenant en compte que les figurines, présente de façon diachronique les productions modelées, antérieures aux moules et appelées primitives, puis les productions datées entre les VIe et IVe siècles et enfin les figurines hellénistiques et romaines. À l’intérieur de chaque partie, on observe une des premières typologies morphologiques s’appuyant donc en premier lieu sur la forme et permettant d’effectuer des comparaisons intéressantes. Les lieux de découvertes et autres questionnements, développés encore très généralement, sont regroupés et restreints à l’introduction.
8Si nous avons déjà vu dans la seconde moitié du XIXe siècle que le développement de l’étude des figurines était très lié à celui de l’archéologie, cette tendance se confirme au changement de siècle. Plusieurs méthodes archéologiques mettent ainsi en évidence les visées de la discipline : il devient important pour les chercheurs de l’époque de sortir des thèmes habituels pour explorer de nouvelles voies. M. Collignon qui participera au développement de l’archéologie dans les universités françaises, et dont nous avons déjà parlé, explique que celle-ci « étudie en effet une faculté spéciale de l’homme : celle qui lui permet de transformer la matière, d’y imprimer la marque de sa pensée ou de la faire servir à l’expression d’un sentiment »21. Cette phrase aurait pu être destinée à la seule production de terre cuite. La transformation de la matière, la présence de marques, de différentes formes, et la transmission d’émotions sont des problématiques qui ont interrogé et qui interrogent encore les chercheurs travaillant sur les productions de terre cuite.
1.2. Les premières problématiques : technique et fonction
9Dans toute cette période s’étalant entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle et correspondant à la mise en place de cette nouvelle discipline par les chercheurs, on observe l’émergence de plusieurs problématiques de recherche. Certaines sont toujours étudiées aujourd’hui. Un des plus grands questionnements que l’on observe à cette époque est probablement celui de la fonction des figurines, notamment celles que l’on trouvait en contexte funéraire, puisque les contextes cultuels furent découverts plus tardivement. J. Martha déjà en 1880 dans les premières pages de son catalogue de figurines du Musée archéologique d’Athènes fait mention des deux camps s’opposant sur cette question, « sujet de vives controverses »22. Il s’agissait de savoir si les sujets représentés avaient une vocation plutôt religieuse ou profane. Si ces deux camps s’affrontent, plusieurs chercheurs préfèrent adopter une position plus neutre et modérée. C’est par exemple le cas d’A. Veyries23 qui refuse cette approche du sujet et présente un point de vue économique. C’est en effet selon lui la nécessité d’avoir une production économique intense qui a poussé les coroplathes à choisir des sujets adéquats à ce type de fonctionnement. Malheureusement ce questionnement économique faisant alors appel à des réflexions sur l’organisation du travail des coroplathes n’ira, à cette époque, pas plus loin que ce fondement. D’un point de vue plus technique, des remarques sont également formulées sur les procédés de fabrication. J. Martha, repris par E. Pottier et S. Reinach, décrit la fabrication des figurines modelées comme simple24. Il s’attarde ensuite sur les figurines moulées qu’il présente de façon similaire25. Si la question de la retouche a par ailleurs été abordée en 1887 par E. Pottier et S. Reinach dans leur ouvrage sur la nécropole de Myrina, ces modifications apportées à la sortie du moule n’ont pas fait l’objet d’interrogations plus approfondies sur l’identité du fabriquant ou sur l’organisation de son atelier26. L’étude de ces détails permet de parler des marques et signatures que l’on peut trouver sur les figurines, se rapportant alors à l’étude de l’atelier comme lieu physique de fabrication. Finalement, le rapport entre les figurines de terre cuite et les autres artisanats a été repéré sans être approfondi27.
10Pour conclure sur cette présentation des prémices des recherches coroplathiques, il est nécessaire de remettre en évidence le contexte scientifique de ces propositions. Comme nous l’avons vu précédemment, ces premières études sont principalement publiées sous la forme de catalogues, ou d’articles reprenant ce format. Les questions qui nous intéressent ne sont donc généralement qu’évoquées au détour de la présentation générale des séries de figurines : aucun article et encore moins un ouvrage n’est destiné à l’étude spécifique de ces problématiques. L’émergence de ces questions commence un peu avant le milieu du XXe siècle et ces dernières connaîtront un véritable développement dans la seconde partie du même siècle.
2. Nouvelle étape de la recherche
2.1. Le changement de statut de la coroplathie : nouvelle discipline spécialisée, l’apport de D. Burr-Thompson
11C’est à partir de la fin de la première moitié du XXe siècle, que l’on observe un premier regain d’intérêt pour ces petits objets. Cela passe notamment par les tanagréennes et autres séries de figurines de ce type. Mais l’élan est de nouveau lié à l’archéologie et est indéniablement consécutif aux grandes fouilles menées sur l’agora d’Athènes par les Américains, débutées en 1931. Malgré les études mentionnées précédemment, le caractère assez anonyme de ces petites figurines de terre cuite, encore considérées comme un art mineur au milieu du siècle, doit être gardé à l’esprit, surtout lorsque la comparaison est faite avec la grande sculpture ou les vases peints. Mais c’est à partir de cette période que certains chercheurs ont fait de ce sujet le travail de leur vie, comme ce fut par exemple le cas de D. Burr Thompson28. Présente lors des fouilles de l’agora d’Athènes, D. Burr Thompson publiera dans la même décennie plusieurs articles sur les terres cuites. C’est en 1934 que sort The Terra-cottas from Myrina in the Museum of Fine Arts, Boston qui, selon J. Uhlenbrock, sert de fondation pour les travaux sur les terres cuites29. Un changement méthodologique est en effet à noter avec les travaux qui ont précédé : si ces derniers prenaient plus généralement la forme de catalogue, les propositions de Thompson sont quant à elles liées à une perspective archéologique30, et offrent une vision renouvelée des problématiques de la coroplathie. Elle publie par ailleurs une étude de cette dernière de façon indépendante de la sculpture monumentale, bien qu’elle soit consciente de l’importance du lien entre les deux types de production. Elle poursuit sur les collaborations artisanales en 1939 dans The Journal of the American School of Classical Studies at Athens lorsqu’elle publie un article sur le rapport entre le travail du métal et travail de la terre, "Mater Caelaturae: Impressions from Ancient Metalwork"31. C’est le début d’études et de considérations dépassant la seule vision d’histoire de l’art pour entrer dans la recherche du geste et plus généralement dans des perspectives de production artisanale : la figurine n’est plus un objet unique mais est issue d’une fabrication et appartient à un plus grand ensemble, celui de l’atelier et plus généralement celui du monde artisanal. Cette période, marquée par les travaux de Burr Thompson, marque donc un tournant pour l’étude des figurines de terre cuite par deux aspects. Dans un premier temps, ces dernières se démarquent plus franchement de la grande statuaire et, si elles restent tout de même proches de celle-ci, elles possèdent à présent des études stylistiques qui leur sont propres. Dans un second temps, ces recherches plus approfondies et concentrées sur les objets dans leurs détails amènent les chercheurs à aller plus loin et à entrer dans des considérations qu’ils n’avaient jusque-là qu’effleurées. Ce type de travail sera poursuivi après la seconde guerre mondiale, au début de la seconde moitié du siècle. Nous allons voir que les travaux examinant les figurines comme appartenant à un processus artisanal suivent deux grands axes. L’un est plus orienté sur la fabrication, tandis que l’autre s’intéresse aux ateliers et aux artisans32 ; les deux sont très souvent mêlés dans les études.
2.2. Troisième quart du XXe siècle : une archéologie de la production33
12D. Burr Thompson poursuit le travail commencé dans la première moitié du siècle34, par une série de publications qui font date : les dix articles "Three Centuries of Hellenistic Terracottas", publiés entre 1952 et 1966, sont l’étude des figurines découvertes lors des fouilles de l’agora athénienne. La chercheuse met en évidence le développement des styles, de l’iconographie et des techniques des coroplathes athéniens. Elle publie ensuite en 1963 Troy: The Terracotta Figurines of the Hellenistic Period. Cette étude, en lien avec le terrain, est louée pour sa minutie et sa précision35 et, en plus de lier les figurines à leur lieu de découverte, tente de restituer le contexte de la production coroplathique et plus largement de la production artisanale d’Ilion36. Nous observons donc très progressivement une ouverture des questionnements abordés au sein des études coroplathiques aux problématiques de production.
13Elle est rejointe par plusieurs autres chercheurs, grandes figures de la discipline, qui contribuent également au renouvellement méthodologique, technique et problématique. C’est en 1952 que R. V. Nicholls publie dans l’Annual of the British School at Athens un article sur les notions de type, de groupe et de série en coroplathie, "Type, Group and Series: A Reconsideration of Some Coroplastic Fundamentals". Il explique que les terres cuites, et notamment celles de la période archaïque, ont largement été négligées37. Il définit ou redéfinit à cette occasion les termes et notions de type, de groupe et de séries. Ses propositions permettent également d’ouvrir sur d’autres considérations comme le contexte et les techniques de fabrication des figurines, conçues en très grand nombre, selon un procédé mécanique38. Cette concentration sur l’aspect technique de la fabrication des figurines faites au moule constitue le socle des études ultérieures sur le surmoulage, le principe de production dérivée, et par suite sur d’autres « considérations sociales »39. Cela constitue une avance significative de l’étude des terres cuites en tant que discipline indépendante40.
14Parallèlement, les publications de catalogues de musées ou de sites de fouille et les ouvrages généraux sur les figurines continuent d’étoffer la bibliographie. L’apport probablement le plus important de S. Besques, conservatrice au musée du Louvre, est son immense Catalogue raisonné des figurines en reliefs en terre cuite grecs, étrusques et romains commencé dès le milieu du XXe siècle. Le premier volume, traitant des époques préhellénique, géométrique, archaïque et classique est publié en 195441. Il est suivi d’un deuxième volume, en 1963, se concentrant sur Myrina42. Enfin, un troisième et quatrième tome, ce dernier en deux volumes, publiés respectivement en 197143, 198644 et 199245, détaillent les époques hellénistiques et romaines dans les différentes régions du bassin méditerranéen. L’excellente connaissance de l’auteur des collections du musée du Louvre permet de réunir dans ces ouvrages des milliers de pièces regroupées par cité puis par sujet et enfin par type. Il faut souligner la précision du travail, notamment concernant la provenance des lots et des collections, ainsi que leurs localisations et numéros d’inventaires. S. Besques publie également en 1963 un ouvrage, Les Terres Cuites grecques46, réservé aux petites figurines présentant une histoire de la coroplathie, des origines à la fin de la période hellénistique. Dans une première partie, elle se concentre sur l’aspect technique et la fabrication des figurines. Une deuxième partie est dévolue à une étude chronologique et géographique des ateliers. L’intérêt de l’ouvrage vient principalement de la troisième partie réservée aux collections de terres cuites publiques et privées, à leur commerce et surtout à l’identification des faux.
15En ce qui concerne les publications liées aux sites archéologiques, le travail très attendu d’A. Laumonier publié en 1956 se démarque. Il s’agit du vingt-troisième tome de l’Exploration archéologique de Délos : Les figurines de terre cuite47. Si les quelque 1400 figurines et fragments sont encore présentés sous la forme d’un catalogue chronologique faisant suite à une introduction détaillant les lieux de découverte, cette publication pose plusieurs questions fondamentales concernant la datation ou encore l’origine de la matière première.
16Outre-manche, R. A. Higgins suit une voie similaire à celle de S. Besques puisqu’il publie en 1967, quelques années après la conservatrice française, un petit ouvrage général sur les terres cuites, Greek Terracottas48. À la suite d’une introduction présentant les problématiques liées à ces productions, nous retrouvons une organisation chronologique et géographique des productions, maintenant habituelle. De même, il publie à partir de 1954 un catalogue des terres cuites du British Museum, Catalogue of the Terracottas in the Department of Greek and Roman Antiquities, British Museum49. Grâce à plus de 1500 pièces, il présente la riche collection de figurines du musée. L’organisation classique des catalogues est conservée avec une introduction générale discutant la fabrication, la cuisson et l’histoire des terres cuites précédant un catalogue chronologique et géographique. L’auteur poursuit en 1959 avec une présentation des vases plastiques des VIIe et VIe siècles et des lécythes du IVe siècle50. En 1970, enfin, il reprend la question de la couleur des terres cuites abordé dans son ouvrage de 196751 dans un article intitulé "The Polychrome Decoration of Greek Terracottas"52 se plaçant en précurseur d’études qui se multiplient largement à partir des années 1980.
17Ainsi que nous avons pu l’observer, cette (re)naissance des études sur les figurines est particulièrement visible par la croissance très importante des publications sur le sujet observée surtout depuis une quarantaine d’années. C’est sous l’impulsion des chercheurs qui se spécialisent sur le sujet et par l’apport continu de catalogues venant des musées et de sites de fouilles que l’étude des figurines de terre cuite devient une véritable discipline.
2.3. Dernier quart du XXe siècle : multiplication des publications
18À partir des années 1980, nous observons une multiplication des publications sur le sujet aidée par le développement des nouvelles technologies. Par ailleurs, l’arrivée des ordinateurs a permis de mieux gérer une immense quantité de matériel. Les analyses en laboratoires53 permettent ainsi d’étudier, de façon beaucoup plus précise et méticuleuse des points qui ne pouvaient pas être examinés plus en détail précédemment. C’est ainsi, à la demande de S. Besques, qu’une équipe du Laboratoire des Musées de France entreprit une étude sur quelques figurines de terre cuite de Myrina54 afin de « donner une impulsion nouvelle à ces recherches55 ». Dans leurs conclusions, les chercheurs du laboratoire des Musées de France expliquent que les résultats « permettent d’orienter les recherches futures »56. C’est ce qu’explique J. Uhlenbrock : "But while modern scientific procedures have facilitated an understanding of the manufacture and trade of ancient terracottas and their molds, providing a broad perspective across the entire ancient Greek world, terracotta specialists are also turning their attention to questions regarding the identification of individual terracotta workshops, or even the identity of individual coroplasts"57. Deux publications marquent cette nouvelle impulsion que connaît la recherche à partir des années 1980 : les Dossiers d’Archéologie n° 81, L’art merveilleux des terres cuites grecques, publié en 1984 et le second numéro de Topoi daté de 1998. La première, composée d’articles de certains grands spécialistes de la discipline à l’instar de R. Nicholls, D. Burr Thompson, ou S. Besques, montre la constitution de la coroplathie comme discipline indépendante : « Les figurines en argile cuite ne sont pas des bibelots. » La première phrase ne laisse nulle place au doute. Nous sommes loin de la « pacotille » auparavant décrite58. La seconde montre que le développement des études coroplathiques est lié au développement similaire que connaissent plus généralement les études portant sur l’artisanat. L. Martinez-Sève fait d’ailleurs plus particulièrement référence aux fabricants de statuettes et à leur condition59.
19Le développement des travaux sur la coroplathie passe également par les études, ou les reprises, de matériel issu de fouilles de sites archéologiques. Le matériel thasien et son exploitation sont particulièrement représentatifs de ce type d’études. F. Croissant, dont le travail s’orienta sur les petites productions en terre cuite, publia sa thèse sur les protomés féminines archaïques60 en 1983. Le matériel de celle-ci, venant notamment de l’Artémision de Thasos, est classé selon des caractéristiques stylistiques. C’est d’ailleurs par le biais du style que les questions de rapport avec la grande sculpture et de diffusion des productions, ici les protomés féminines, sont interrogées. Deux ans plus tard, en 1985, ce sont quelques 188 objets venant du même sanctuaire qui sont publiés par N. Weill61 dans une étude qui occupe, selon les termes de J. Boardman, une place importante dans l’étude de la plastique62. Suivront ensuite les publications des terres cuites du Thesmophorion63 et de l’Artémision64, de nouveau, éditées en 1996 et 2009 respectivement par A. Muller et S. Huysecom-Haxhi. Le travail mené sur le matériel du Thesmophorion est impressionnant par la quantité de matériel étudié : près de 10 000 fragments de figurines votives. L’organisation de la publication est également intéressante car elle reflète la préoccupation de l’auteur quant aux questions de production. En effet, le corpus présente les « Types reconstitués, éléments pour une étude d’artisanat », preuve de cette « approche tout à fait nouvelle (malgré les travaux pionniers de R. V. Nicholls) et, désormais fondamentale de ce type d’objet d’archéologique »65. Dans la publication de l’Artémision66 ou dans le travail similaire menée par G. Merker67 à Corinthe, les préoccupations et conclusions sont identiques : les figurines sont étudiées en tant que résultat d’un processus artisanal et dans une perspective d’identification de leur lieu de production ainsi que de leur producteur et de son degré de spécialisation.
20Ces problématiques de production artisanale et d’organisation de cette production sont encore tout à fait actuelles puisqu’elles ont fait l’objet d’un supplément du Bulletin de Correspondance Hellénistique sorti en 2016 : Figurines de terre cuite en Méditerranée grecque et romaine. Vol. 1 Production, diffusion, étude68. Ce dernier est consécutif d’un colloque qui s’est tenu à Izmir en 2007. L’espace de l’atelier y est questionné notamment par la présence des outils ou des fours. Ces questions de lieu de production sont plus précisément poursuivies par A. Muller en 2014 dans un article traitant de l’atelier du coroplathe69. Il y présente les techniques de fabrication, influencé par l’héritage de R. Nicholls, ainsi que les outils et installations nécessaires à la production. C’est en cela que, comme G. Merker, il fait également appel à d’autres notions comme la collaboration artisanale. Il présente un lien fort entre les ateliers de coroplathes et les ateliers de potier en premier lieu par les installations70. Il présente par la suite l’organisation humaine du travail à l’intérieur de cet atelier : « Modeste aussi par le personnel employé, car le procédé mécanique du moulage permet à deux ou trois personnes d’assurer une production consistante »71. Quelques années plus tard, en 2017, G. Sanidas travaillant sur la production artisanale, de manière générale72, propose un article sur l’atelier du coroplathe et sa place dans la ville73.
21Il s’agit dans ces questionnements d’identifier les différents individus et leurs tâches, et notamment les mouleurs et modeleurs. Ces deux personnages sont distingués par leur habilité et leur technicité artistique. Les recherches menées sur les questions de surmoulage et de production dérivée ont mis en avant cette solution de facilité qui consiste à utiliser une figurine déjà existante pour fabriquer un nouveau moule : « Le façonnage par moulage est l’une des tâches confiées aux subalternes, apprentis et aides »74. Comme D. Burr Thompson l’a mis en évidence, toute figurine présente deux dates, une se référant à l’archétype original, la seconde à la fabrication de la figurine en question75. Outre l’identité du coroplathe est donc cherchée l’identité du modeleur : "the fine design of the mold would of necessity have been based on an archetype made by another first-rate specialist artisan"76. L’identification de ces deux individus permettrait une meilleure compréhension de l’organisation de l’atelier, de la production ainsi que, de manière plus globale, de l’insertion de la coroplathie dans le monde artisanal.
Conclusion
22L’étude des figurines de terre cuite à sa naissance à la fin du XIXe siècle et presque un siècle durant a toujours été laissée au second plan, art mineur caché dans l’ombre des arts nobles. Et pourtant, c’est dans ce contexte anonyme que les premiers questionnements, certains continuant encore de faire débat aujourd’hui, ont éclos. D’objet de collections et de musées à objet archéologique puis à objet d’étude, la figurine a lentement obtenu la reconnaissance des archéologues et historiens pour finalement constituer une discipline à part entière possédant un groupe de recherche, une méthodologie, un vocabulaire et des thématiques qui lui sont propres.
23Trois grandes phases peuvent être dégagées de l’historiographie de la coroplathie en tant qu’objet d’artisanat. Il est évident que, comme tout découpage, il est arbitraire, mais il a le mérite de présenter les différents paliers de l’évolution de la discipline. Celle-ci a tout d’abord émergé par le biais de publications d’histoire de l’art présentant chaque figurine comme objet individuel au sein de grands catalogues. Dans un deuxième temps, les questions techniques, ayant attrait aux questions de moulage, de surmoulages, de prise d’empreintes, ont émergé permettant d’introduire ces figurines dans l’ensemble plus grand des types, des groupes et des séries. Finalement, dans un troisième temps, nous observons l’introduction de questionnements sociaux qui étaient déjà évoqués auparavant mais sans que cela ne soit l’objet de problématiques à part entière. Au cours de ce cheminement, l’archéologie a eu une place prépondérante dans l’émergence de l’étude des figurines de terre cuite. Cela commence d’abord par les découvertes de Myrina et Tanagra à la fin du XIXe siècle, puis ensuite par la fouille de l’agora d’Athènes par les Américains à la fin de la première moitié du XXe siècle. Finalement, la découverte des grands sanctuaires argiens, thasiens ou corinthiens a fourni une quantité de matériel impressionnante. "New informations can be correlated with old, and one can understand more clearly than ever before the artistic personalities of coroplasts and the cultural crosscurrents, religious expression, and social climate responsible for the evolution of the coroplast’s craft in ancient Greece"77. Dans le cadre de ces études, ou suite à ces dernières, les questions d’organisation du travail, l’identité des travailleurs et de leur spécialisation, de collaboration avec d’autres disciplines ou encore de diffusion des productions sont interrogées. La coroplathie, dans ces questionnements mais également dans les réponses qu’elle peut apporter sur les questions plus générales d’artisanat fait alors jeu égal avec les arts nobles et se positionne comme un objet d’étude de choix dans cette perspective. La figurine, en tant qu’objet issu d’une production artisanale, est alors utilisée comme porte d’entrée sur le monde du travail.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1Citation et précédentes : Pottier, Veyries, Reinach 1887, 127.
2Pottier, Veyries, Reinach 1887, 127.
3Burr Thompson 1984, 32.
4Pour une historiographie de la coroplathie, voir Uhlenbrock 1993 ; Caubet 2009 ; Muller 2018, notamment la seconde partie en ce qui concerne la production et les producteurs.
5Pottier, Veyries, Reinach 1887, 141.
6Ibid.
7Besques 1984, 7. La toute première collection de figurines connue au Louvre est celle du chevalier E. Durand et celle-ci est vendue au musée en 1825 : Witte 1836 ; Detrez 2014, notamment 48.
8Reinach 1904.
9Reinach, Pottier 1882b, 389.
10Martha 1880, III. Pour les « catalogues » cités : Combe 1810 ; d’Agincourt 1814 ; Panofka 1842.
11Son Catalogue des figurines de terre cuite du musée archéologique d’Athènes daté de 1880 présente les terres cuites alors exposées au Musée du Varvakeion : Martha 1880, I.
12Les ensembles sont les suivants : Attique, Béotie, Locride Opontienne, Péloponnèse, Îles, Cyrénaïque, Asie Mineure, Provenances inconnues. Voir : Martha 1880, VI.
13Heuzey 1882.
14 C’est ce que l’on observe dans son catalogue avec le regroupement des figurines orientales, de Grèce ainsi que de Cyrénaïque : Heuzey 1923.
15Léon 1923, 13 ; Pottier 1911, 9.
16Collignon 1881.
17Reinach, Pottier 1882a ; Reinach, Pottier 1882b.
18Reinach, Pottier 1886.
19Ce procédé est assez général et non réservé au musée parisien. C’est ce que montre le catalogue des figurines grecques des musées impériaux ottomans publié en 1908 par G. Mendel (1873-1938) : Mendel 1908.
20Winter 1903.
21Collignon 1877, 13.
22Martha 1880, IV ; Pottier, Veyries, Reinach 1887, 140.
23Citons également l’« opinion moyenne » de L. Heuzey. Il explique ainsi qu’il ne pense pas que les figurines soient uniquement la représentation de dieux souterrains ayant une fonction de protection du défunt. Il met en avant « la multiplicité et la diversité des faits observés. » : Heuzey 1883, III.
24Pottier, Veyries, Reinach 1887, 127.
25Pottier, Veyries, Reinach 1887, 128-129.
26Pottier, Veyries, Reinach 1887, 134.
27Deonna 1908, 35.
28Burr 1934.
29Uhlenbrock 1993, 16.
30Uhlenbrock 2004, 631.
31Muller 1997, 7. D. B. Thompson reprend notamment les propos de Pline "‘Modelling’, said Pasiteles, ‘is the mother of metal-chasing, of making statues, and of carving stone’": Burr Thompson 1939.
32Voir notamment « 2. Archéologie de la production », dans Muller 2018, 156-159.
33Selon les termes d’A. Muller dans son historiographie des études coroplathiques : "Coroplastic studies: what’s new?", Muller 2018.
34Citons également "A Bronze Dancer from Alexandriae" publié dans l’American Journal of Archaeology en 1950, Burr Thompson 1950, où elle démontre les rapprochements pouvant être faits entre la statue de bronze Baker Dancer et des statuettes de terre cuite similaires.
35 Sparkes 1965, 231.
36"The chapter on the craft of the coroplasts at Ilion (pp. 61-6) takes us into their workshops, and Mrs Thompson shows the changing taste of public and craftsman": Sparkes 1965, 231.
37Nicholls 1952, 217.
38Nicholls 1952, 219.
39Caubet 2009, 46.
40Uhlenbrock 1993, 17.
41Besques 1954.
42Besques 1963a.
43Besques 1971-1972.
44Besques 1986.
45Besques 1992.
46Besques 1963b.
47Laumonier 1956.
48Higgins 1967.
49Higgins 1954.
50Higgins 1959.
51Higgins 1967, 4-5.
52Higgins 1970.
53Type de travail mené depuis les années 1950 et poursuivi encore aujourd’hui : Drilhon, Gautier, Lahanier 1984, 61-62.
54Drilhon, Gautier, Lahanier 1981.
55Drilhon, Gautier, Lahanier 1981, 73.
56Drilhon, Gautier, Lahanier 1984, 78.
57Uhlenbrock 1993, 20.
58Dossier d'archéologie 1984.
59« Les coroplathes de Suse. Statut des artisans d’une ville hellénisée » : Martinez-Sève 1998.
60Croissant 1983.
61Weill 1985.
62Boardman 1987.
63Muller 1996.
64Huysecom-Haxhi 2009.
65Hermary 1998, 545.
66Voir le compte-rendu de Martinez-Sève 2011.
67Merker 2000 ; pour une étude plus spécifique de la coroplathie comme industrie voir Merker 2003, 240.
68Muller, Laflı, Huysecom-Haxhi 2016.
69Muller 2014.
70Muller 2014, 73. Sur la collaboration voir également : Croissant 1983, 9 : Il ne faut en effet pas « oublier l’existence derrière chaque série de terres cuites, d’un archétype, c’est-à-dire d’une création plastique individuelle, à laquelle on ne saurait refuser sans arbitraire un statut analogue à celui que l’on accorde, qu’elle qu’en soit d’ailleurs la qualité réelle, au travail d’un sculpteur » ; Burr Thompson 1939.
71Muller 2014, 75.
72Voir notamment Sanidas 2011 ; Esposito, Sanidas 2012 ; Sanidas 2013a ; 2013b.
73"Coroplastic workshop and their integration in the ancien urban space": Sanidas 2017.
74Muller 2014, 75.
75Uhlenbrock 1993, 17.
76Merker 2003, 241.
77Uhlenbrock 1993, 21.
Auteur
-
Éléonore Favier
Université Lumière Lyon 2, UMR 5189 HiSoMA, Maison de l’Orient et de la Méditerranée, eleonore.favier[at]hotmail.fr
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