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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral 1. Introduction 2. Les données de fouilles de la ZAC Besagne/Dutasta 3. Les tombes de la ZAC Besagne/Dutasta et de la zone piétonne 4. Les résultats des fouilles de Besagne/Dutasta, Lafayette, les Ferrailleur 5. Conclusion Notes de bas de page Auteurs

    Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Partie I. Données générales et archéologiques

    Jean-Pierre Brun et Michel Pasqualini

    p. 7-99

    Texte intégral 1. Introduction 1.1. Données générales 1.1.1. La ville et le port 1.1.2. Les sources écrites 1.1.3. L’origine du nom 1.1.4. Le « territoire » de Toulon 1.2. L’archéologie 1.2.1. Historique des recherches 1.2.2. Topographie de l’agglomération (fig. 8) Les inscriptions funéraires 1.2.3. L’agglomération du Haut-Empire 2. Les données de fouilles de la ZAC Besagne/Dutasta 2.1. Les sondages (fig. 11 et 14) 2.2. Besagne, Tour et rue du Mûrier, rue Félix Brun, stade Mayol 2.2.1. Sondages 2, 9, 10 2.2.2. Stratigraphie 2.2.3. Le matériel 2.3. Besagne, le port et ses aménagements 2.3.1. Introduction 2.3.2. Description d’ensemble des vestiges bâtis et de la stratigraphie Phase 1 Phase 2 état A Ilot VIII Ilot VII Phase 2 état B (fig. 26a et b) Phase 3 état A (fin iie/iiie siècles) (fig. 29) Phase 3 état B (fig. 32) Épaves 3-4 et 6 Phase 4 (fig. 35) Phase 5 (fig. 36) Îlot VIII Voie E Phase 6 2.4. Secteur de l’ancienne école Lafayette et des Ferrailleurs (fig. 38) 2.4.1. Introduction 2.4.2. Description d’ensemble des vestiges bâtis et de la stratigraphie Phase 1 état A (fig. 42) Phase 1 état B (fig. 43) Ilot II Ilot III Ilot IV Phase 1 état C (fig. 57) Ilot II Ilot III Ilot IV Phase 2 Phase 2 état A (fig. 60) Ilot I (fig. 61, 62) Îlot II Les arrière-boutiques Pièces de stockage Ilot III (fig. 78, 79) Ilot IV (fig. 80) Ilot VI (fig. 87, 88) Phase 2 état B (fig. 91) Ilot I Ilot II Ilot III Îlot IV Phase 3 (fig. 100) Ilot I Ilot II Îlot III Îlot IV Phase 4 (fig. 115)  Îlot I Îlot II Rue B Îlot III Îlot IV Phase 5 (fig. 124) Îlot I L’îlot II Îlot III Îlot IV Phase 6 Îlot II Îlot III Îlot IV Phase 7 Phase 8 3. Les tombes de la ZAC Besagne/Dutasta et de la zone piétonne 3.1. Les tombes du ier au ive siècle de notre ère 3.1.1. Ancienne école Lafayette (Phase 5) Description des tombes Tombe 1 Tombe 2 Tombe 3 Tombe 4 (fig. 133) Tombe 5 Tombe 6 Tombe 7 (fig. 134, 135) Tombe 8 Tombe 9 Tombe 10 Tombe 11 Tombe 12 Tombe 13 Tombe 14 Tombe 15 Tombe 16 Tombe 17 (fig. 136) 3.2. Les tombes de la zone piétonne 3.3. Etude de la population inhumée 4. Les résultats des fouilles de Besagne/Dutasta, Lafayette, les Ferrailleur 4.1. Chronologie des fouilles 4.1.1. Besagne 4.1.2. Lafayette 4.2. Évolution d’ensemble du quartier 5. Conclusion 5.1. Le contexte géographique et historique de Telo Martius portus 5.1.1. Le territoire de Telo Martius aux ier-iie s. de n. è. 5.2. Entrepôts, magasins et hangars de stockage Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    Besagne. Evocation des aménagements portuaires de la phase 2

    (G. Chapelin, CJB, Naples, USR 3133 - CNRS/EFR).

    1. Introduction

    1.1. Données générales

    1.1.1. La ville et le port

    1L’actuelle agglomération de Toulon se trouve au fond d’une rade spacieuse limitée côté terre par des montagnes et des collines qui l’enserrent de près : d’est en ouest, la colline de Lamalgue (entre 40 et 70 m d’altitude), le Coudon (700 m), le Mont Faron (563 m), le Mont Caume (804 m), le baou de Quatre Ouro (524 m) et le massif de Notre-Dame-du-Mai (330 m). Vers l’est la dépression permienne, séparant le massif ancien des Maures au sud-est des collines calcaires au nord-ouest, relie la côte à l’axe Fréjus-Aix-en-Provence.

    2La rade, protégée des vents et des coups de mer, est le principal atout du port : positionnée sur les routes maritimes juste avant le franchissement du Cap Sicié qui marque la limite entre les régimes des vents dominants d’est et ouest, elle permettait aux navires d’attendre le vent favorable pour doubler le cap. La rade se divise en deux parties (fig. 1 et 2). Quand on vient du large, on entre dans la grande rade (rade des Vignettes) en passant entre le cap de Carqueiranne et le cap Cépet. Ce cap marque la pointe de la presqu’île de Saint-Mandrier qui est reliée au massif du cap Sicié par un tombolo de sable. De la rade des Vignettes qui sert de mouillage pour les bateaux par temps de Mistral, on pénètre dans la petite rade par une passe entre les pointes de l’Eguillette/Balaguier et celle de la Mitre. Cette morphologie résulte de la submersion par la mer d’une série de petites vallées. C’est sur le rivage nord de la petite rade de 800 hectares que Toulon s’est développé.

    Fig. 1. Vue aérienne de Toulon à partir du cap Sicié

    (photo M. Heller 2009).

    Fig. 2. Carte oro-hydrographique schématique de Toulon et de ses abords

    (D’après www.var.gouv.fr, cartographie des cours d’eau).

    3Des contraintes géographiques et topographiques nombreuses ont longtemps pesé sur le développement de la ville : éloignement des principaux axes de communication terrestre, isolement du reste de la Provence par des massifs montagneux difficilement franchissables surtout depuis l’ouest, manque d’espace au pied du Mont Faron pour développer l’habitat, insalubrité des embouchures marécageuses du Las et de l’Eygoutier qui l’encadrent à l’ouest et à l’est et dont les alluvions concouraient à l’envasement de la rade1.

    4Rien des origines romaines ne transparait dans le plan de la ville moderne ; aucun vestige, aussi modeste soit-il, n’est conservé. Jusqu’à la guerre de 1939-1945, le plan de Toulon reflétait son histoire récente depuis la fin du Moyen Âge. Entourée de boulevards qui suivaient le tracé de l’ancienne enceinte, la ville comprenait deux parties séparées par le boulevard de Strasbourg. Au sud, la vieille ville médiévale prise entre la rue d’Alger et le cours Lafayette et, de part et d’autre, les agrandissements plus réguliers des xvie/xviie siècles. Au nord, le quartier aménagé au xixe avec ses rues en damier, sa grande place et son jardin public illustre la prospérité d’une ville commerçante et surtout militaire étroitement liée au développement de l’arsenal et à celui des premières expéditions coloniales (fig. 3 et 4). Le tissu urbain était encore corseté par les remparts édifiés à partir d’Henri IV, ­agrandis vers l’ouest par Vauban, puis vers le nord en 1852. Les aménagements les plus récents ont fait éclater l’espace urbain hors des contraintes imposées par les remparts et, à l’heure actuelle, seuls les panneaux routiers indiquent que l’on quitte Toulon pour pénétrer sur le territoire des villes voisines de La Seyne, Ollioules, Le Revest, La Valette ou La Garde.

    Fig. 3. Toulon à la fin du Moyen Âge

    (D’après Forget 1983).

    Fig. 4. Plan de Toulon d’époque moderne où se discernent encore les extensions du xviie s. et du xixe s. ainsi que le tracé des fortifications

    (D’après Demangeon 1948).

    5Le relief est en fait la dernière contrainte imposée à l’urbanisation qui au fil des ans change irrémédiablement l’aspect que la ville tenait de sa fonction de port militaire à partir de la fin du xvie siècle.

    6Ces transformations à répétition, détournement des cours d’eau qui obstruaient le port, construction des remparts, urbanisation, font qu’il est devenu aujourd’hui difficile d’imaginer l’aspect des lieux, surtout en bord de mer, durant l’Antiquité et le Moyen Âge2.

    1.1.2. Les sources écrites

    7L’Itinéraire maritime d’Antonin, dont la compilation peut être attribuée aux ve-vie siècles mais qui dériverait d’un original plus ancien maintes fois remanié, situe Telo Martius portus entre Pomponianis portus (Porquerolles ou Port-Cros ?) et Taurento portus (Le Brusc à Six-fours)3.

    8Au ive siècle, la Notitia Dignitatum (in partibus occidentis, 11, 72) y situe un procurator Baphii Telonensis Galliarum, donc un fonctionnaire chargé de la gestion d’une teinturerie de pourpre.

    9Au ve siècle, Toulon devient un évêché. Les listes épiscopales qui commencent en 441 s’arrêtent vers 680 pour ne reprendre qu’en 879. Toutefois des mentions indirectes citent Toulon durant cette période. Ainsi le testament d’Abbon en 739 mentionne le domaine de Cronia in pago Tolonense, comportant des vignobles et des olivettes.

    10Quelques documents de la fin du Moyen Âge ont permis de restituer assez fidèlement la topographie du Toulon médiéval. Cette image a d’ailleurs fortement influencé la perception que l’on se faisait de Telo Martius tant au niveau des aménagements littoraux que de l’espace qu’occupait l’agglomération4.

    1.1.3. L’origine du nom

    11Toulon est un hydronyme. La formation du nom antique, Telo Martius, est à rapprocher de celle de Narbo Martius, Narbonne. Telo est le nom d’une divinité indigène des eaux. Cet hydronyme est assez répandu dans la région. La source Saint-Antoine, la plus importante des environs, située au nord de Toulon à l’entrée de la vallée de Dardennes, est peut-être à l’origine du toponyme. Des monnaies, des bassins et un fragment de sculpture y furent découverts à la fin du xixe siècle. Ces monnaies et les traces d’aménagements qui y furent constatés ainsi que le petit autel découvert à proximité indiquent des pratiques cultuelles. est-ce suffisant pour prétendre que cette source a alimenté Toulon dans l’Antiquité et a contribué à la création du nom de la ville ? Quoi qu’il en soit, même si d’autres sources plus proches sont connues (Saint-Martin, Saint-Philippe), celle de Saint-Antoine a été, depuis le Moyen Âge, la principale source d’alimentation en eau douce de la ville. Peut-être alimentait-elle la fontaine découverte en 1986 sur le quai antique à Besagne, grâce à un aqueduc dont nous avons identifié une branche plus à l’est dans les fouilles de l’ancienne école Lafayette5.

    12Aucune source écrite, jusqu’à la création de l’évêché, ne nous renseigne sur le statut juridique de ce port (un vicus ?) dont nous savons seulement qu’il se trouvait sur le territoire de la colonie d’Arles. L’archéologie nous révèle une agglomération organisée, à l’économie prospère et un port comportant des aménagements notables sous forme de quais, d’entrepôts et d’établissements à caractère commercial (auberges, tavernes, boutiques, ateliers).

    13L’histoire récente de Toulon le montre : le développement de la ville s’est fait par à-coups. C’est ainsi qu’aux xive et xve siècles, Toulon prend le pas sur sa rivale Hyères en conservant d’autorité le siège de l’évêché. Au xvie siècle, le choix par le roi de son site pour implanter arsenal et chantier naval entraina une mutation de son développement.

    14On peut très bien imaginer que Telo Martius est née d’événements du même ordre lors de la réorganisation du territoire qui suivit la défaite de Marseille contre César et la création de la colonie d’Arles : nécessité de trouver un débouché économique à un arrière-pays en pleine expansion avec le développement de la culture de la vigne et dans une moindre mesure de l’olivier dès le ier siècle de notre ère et aussi d’assurer à Arles, rivale de Marseille, un relais sur les routes maritimes. On note d’ailleurs qu’à la montée en puissance de Toulon à l’époque romaine fait pendant le lent dépérissement de sa voisine Olbia, ancien comptoir marseillais6. Mais quelles qu’en soient les causes, la création et l’expansion urbaine de Toulon romaine ont peu d’équivalents dans les agglomérations secondaires de Narbonnaise, sans doute parce que l’éloignement d’Arles, du fait de l’étirement vers l’est de son territoire, a donné à Toulon une certaine autonomie en la forçant à développer ses propres structures économiques sans qu’elle bénéficie pour autant d’un statut particulier7.

    1.1.4. Le « territoire » de Toulon

    15L’ager telonensis, le territoire de Toulon à l’époque romaine, peut être extrapolé à partir des limites de diocèse que l’on connaît à partir des xiie-xiiie siècles (fig. 5).

    Fig. 5. La cité d’Arles et son territoire

    (DAO A. Pasqualini).

    16Avant la conquête romaine, la région de Toulon, où l’on ne relève aucune trace de peuplement en bord de mer à l’emplacement de la ville actuelle, faisait partie du territoire des Camatulici8, puis de Marseille après 1259. Plus tard, lorsque l’agglomération apparaît, elle fait partie de la civitas d’Arles. Au ve siècle l’évêché est créé en distrayant une partie du territoire de cette cité. Dans ces périodes tardives, un locus Telonensis commence à être évoqué dans les actes des conciles.

    17Le territoire est aussi délimité par un relief très marqué. Au nord le désert du Grand Cap, à l’est le massif des Maures forment des limites naturelles nettes. À l’ouest Toulon s’ouvre largement sur la plaine de Sanary, à l’est le resserrement de la dépression permienne entre Carnoules et Pignans, point d’inversion des cours d’eau, matérialise aussi une limite naturelle dont l’agglomération romaine de Pignans pourrait marquer les confins vers le nord-est. On retrouve d’ailleurs l’ensemble de ces limites dans le tracé du diocèse qui inclut Sanary, Néoules, Forcalqueiret, Sainte-Anastasie, Rocbaron, Puget, Carnoules, Collobrières et Bormes10.

    1.2. L’archéologie

    1.2.1. Historique des recherches

    18Les premières mentions de découvertes archéologiques à Toulon remontent au xvie siècle avec les écrits du Père Isnard11. Par la suite, de nombreuses autres découvertes sont mentionnées par plusieurs auteurs de façon plus ou moins heureuse. Généralement la volonté de tirer un parti historique maximum de la découverte de quelques tombes, tronçons de murs et autres vestiges a fait oublier à la plupart d’entre eux la nécessité de les décrire fidèlement. Si l’on peut admettre que les descriptions du Père Isnard soient imprécises ou mal interprétées, on s’explique moins l’absence de documents exploitables pour des découvertes plus proches de nous telles que celles des Minimes et du Champ de Mars dans les années 1960.

    19Dans cet ensemble assez décevant se trouvent tout de même des travaux qui méritent notre attention. Ainsi le xixe siècle nous livre-t-il quelques plans et comptes-rendus fidèles.

    20C’est le cas de la domus avec mosaïque découverte lors de la construction du théâtre12. En 1868, J.-P. Revellat, ingénieur des travaux publics de la ville de Toulon, donne le plan d’une tombe à incinération, l’inventaire et les dessins des objets qu’elle contenait. À la même époque, O. Teissier reporte, sur un plan de la ville, le tracé d’une voie romaine découverte à l’occasion des mêmes travaux. Deux ans plus tard, Revellat publie à nouveau plan, dessins et inventaire du matériel d’une autre tombe à incinération (fig. 6). À la fin du même siècle et au début du suivant, en 1897 et 1905, R. Vidal, dont il faut saluer l’ordre et la clairvoyance, reprend l’ensemble des découvertes faites à Toulon et donne un inventaire et une description détaillée des tombes découvertes lors de grands travaux d’assainissement13.

    Fig. 6. Voie et tombes, plan établi au xixe s.

    (D’après Revellat 1868).

    21D’autres découvertes ont bien sûr eu lieu après la 2e Guerre Mondiale, notamment lors de la reconstruction mais elles ne suscitèrent que peu d’intérêt. Seul M. Gérard, à partir de 1966, date de la création de l’antenne du Centre de Documentation Archéologique du Var, collecta systématiquement le matériel archéologique, se déplaça pour voir les vestiges et les décrivit. Cependant, faute de moyens, aucune de ces découvertes ne donna lieu à des recherches plus poussées, l’ensemble restant au stade de la découverte fortuite mentionnée dans les informations de la revue Gallia (fig. 7).

    Fig. 7. Liste des découvertes archéologiques faites à Toulon entre 1482 et 1984

    (D’après Pasqualini 1987).

    22Ce n’est qu’en 1978, à l’occasion de la création d’une zone piétonne, que les archéologues purent intervenir à une plus grande échelle. La nature des travaux, remplacement des réseaux d’assainissement, d’eau, de gaz et d’électricité dans les rues, ne facilita pas les investigations. Mais malgré ces conditions difficiles, nous pûmes relever les premiers plans et surtout les premières stratigraphies de l’archéologie toulonnaise14.

    1.2.2. Topographie de l’agglomération (fig. 8)

    23On considérait encore récemment que le Telo Martius portus de l’Itinéraire maritime d’Antonin ne devait avoir eu qu’une importance mineure au début de l’Empire et que ce n’était qu’à l’époque paléochrétienne que l’agglomération portuaire aurait grossi au point de devenir un évêché attesté par la signature de l’évêque Augustalis au concile d’Orange en 441.

    24Les fouilles menées entre 1985 et la fin des années 1990 montrent que ce schéma ne reflète pas la réalité. En effet, les découvertes réalisées dans les quartiers des Ferrailleurs, de Besagne, à l’ancienne poissonnerie, sous l’îlot Magnaque, dans la rue Bastide-Bonnetière, dans la rue Pierre Sémard et au bas de la rue des Riaux montrent que l’agglomération portuaire du iie siècle s’étalait autant le long du rivage que la ville du xviie siècle. Ces fouilles ont révélé la présence ­d’aménagements portuaires montrant une activité soutenue non seulement durant les trois premiers siècles de notre ère mais aussi au cours de l’Antiquité tardive, comme en témoigne le mobilier récolté dans les dépotoirs. Cette activité est due au rôle qu’assumait alors le port situé au débouché naturel d’un arrière-pays où se développaient à la même époque de nombreux domaines agricoles, notamment viticoles15.

    Fig. 8. Vestiges connus de la ville romaine reportés sur le fond cadastral contemporain

    (DAO J.-P. Brun et Fr. Laurier).

    25La cartographie des tombes dessine à grands traits les limites de l’agglomération romaine pour le Haut-Empire et l’Antiquité tardive. Entre les ier et ive siècles de notre ère, les zones funéraires se concentrent à l’est vers la Porte d’Italie et au nord, le long de l’actuel boulevard de Strasbourg. Durant l’Antiquité tardive, on observe un regroupement des cimetières aux abords de l’actuelle cathédrale. Il s’agit là d’un changement radical qui marque l’émergence d’un nouveau pôle d’attraction, probablement le nouvel évêché (fig. 9).

    Fig. 9. Emplacement des tombes découvertes à Toulon depuis le xviiie siècle

    1 : Champ de Mars, route, d’Italie (1784). 2 : Cimetière « neuf » (1835). 3 : Visitation (1851). 4 : Gare (1857). 5 : Théâtre (1859). 6 : Lycée (Peiresc) (1867). 7 : Maison Dauphin (1868). 8 : Maison Ricord (1891). 9 : Notre Dame d’Entrevignes. 10 : Rue Molière (1895). 11 : Vieux Musée (1895). 12 : Rue H. Duprat (1897). 13 : Palais de Justice (1950). 14 : Rue Hoche (1930). 15 : Rues Corneille/Berthelot (1905/1978). 16 : Place C. Auban (1905/1978). 17 : Rue Poncy (1905/1978). 18 : Rue C, Vezzani (1978). 19 : Rue R, Andrieu (1978). 20/21 : Ecole Lafayette/Porte d’Italie (1986).

    (D’après Brun, Borréani 1999 et Pasqualini 1987, DAO Cl. Pasqualini).

    26Depuis le xvie siècle, on peut estimer que plus de quatre cents tombes ont été découvertes, celles de 1978 et 1986 comprises. Les descriptions qui ne concernent qu’un petit nombre de cet ensemble font surtout référence à des inhumations. Deux incinérations seulement ont fait l’objet de comptes rendus précis16. Les autres tombes, mal décrites, n’ont jamais suscité d’étude particulière. Il est vrai qu’outre l’hétérogénéité et l’imprécision de la documentation, la difficulté de les rattacher à un contexte leur a enlevé une grande partie de leur intérêt. De plus, il est peut-être abusif de rapprocher des tombes sûrement liées à l’agglomération et d’autres qui en paraissent éloignées (Gare, Notre-Dame d’Entrevignes, Cimetière, Claret...) et qui pourraient correspondre à des habitats ruraux.

    27Les implantations funéraires respectent à peu près l’axe est-ouest repéré au nord de la vieille ville par Octave Teissier en 1868. Des concentrations s’observent à l’est vers les portes Notre Dame, d’Italie et le Champ de Mars, à l’ouest dans les environs du théâtre. Aucune tombe du Haut-Empire n’est signalée à l’intérieur du tracé de l’enceinte médiévale tel que défini par O. Teissier en 1869. Les tombes les plus anciennes, des incinérations, ainsi qu’un probable mausolée, ont été découvertes en bordure de l’axe est-ouest, au niveau de l’avenue Colbert et à l’ouest du Couvent des Prêcheurs17.

    28À l’est de la Porte d’Italie, l’association d’incinérations et d’inhumations en grand nombre est une situation classique aux ier et iie siècles après J.-C. C’est près du théâtre municipal qu’ont été découvertes les tombes antiques les plus tardives qui n’ont apparemment aucun rapport avec les cimetières médiévaux18.

    29Plus près de nous, en 1978, vingt-cinq inhumations de l’Antiquité tardives ont été découvertes, lors des travaux consécutifs à la création d’une zone piétonne en centre ville. Par ailleurs les fouilles de l’ancienne école Lafayette ont révélé en 1986, par la découverte d’une vingtaine d’inhumations, une extension au sud-est de la porte d’Italie de la zone cimetériale déjà observée au xixe siècle.

    Les inscriptions funéraires

    30Sur les huit inscriptions funéraires anciennement signalées à Toulon, une seule est localisée précisément : avenue Colbert. Il s’agit de l’épitaphe de Cornelia Novella, l’unique d’ailleurs dont on n’a pas perdu la trace après sa découverte (CIL, XII, 5758) (fig. 10). Les autres étaient réemployées dans des constructions ; façade de maison dans la « ruette » Chabert ( ?) (CIL, XII, 393), église Notre-Dame (CIL, XII, 696), cave du Chapitre (CIL, XII, 394) ; ou dans des remblais, Champ de manœuvre (CIL, XII, 5761), rue Hoche19. On ne sait rien de précis de cette dernière simplement entrevue lors de travaux en 1936 et tout de suite égarée. L’inscription trouvée dans le jardin Marin (CIL, XII, 5759) ne provient peut-être pas de Toulon même mais de ses environs immédiats, le quartier du Pont-du-Las.

    Fig. 10. Épitaphe à Cornelia Novella (CIL, XII, 5758)

    D(iis).M(anibus). /Corneliae. Novellae. /coniugi. amantissima[e et] /pudicae.et.omnium /rerum. praetiosissi[mae] /que vixit.ann.xxx [///] Iulius Viator [uxori su]/ae. incompa[rabili].

    (Photo M. Pasqualini).

    31Ces rares inscriptions n’apportent que peu de choses à la connaissance de Telo Martius. Celle de Cornelia Novella, que l’on est tenté de placer au iie siècle, provient d’une zone où sont signalées les tombes les plus anciennes. Elle pourrait provenir d’un monument funéraire en bordure de la voie qui longeait l’agglomération au nord. L’inscription CIL, XII, 696, qui mentionne un personnage officiel de Telo Martius, est le seul indice concret de l’appartenance de Toulon à la civitas d’Arles : Quintus Iulius Memor ( ?), fils de Quintus, de la tribu Teretina fut édile, duumvir, pontife et flamine de la colonie d’Arles. L’épitaphe est dédiée par son parent Quintus Licinianus.

    1.2.3. L’agglomération du Haut-Empire

    32À l’intérieur de la demi-ellipse formée par les nécropoles du Haut-Empire, les fouilles anciennes et récentes offrent les linéaments d’un urbanisme qui s’étendit progressivement le long du rivage à partir d’une zone centrale, entre la rue d’Alger et le Cours Lafayette (fig. 8, 9). À la différence des villes fondées pour établir des colonies latines ou romaines, aucun cadre urbanistique n’a été imposé à l’origine : l’agglomération s’est développée de façon spontanée, même si le tracé des rues a quelquefois été régularisé au iie siècle.

    33Afin de replacer les résultats des fouilles de Besagne dans leur contexte, nous donnons d’emblée un aperçu de cet urbanisme, nous réservant d’en discuter les points saillants en conclusion.

    34Vers l’est, il semble que l’agglomération romaine ne s’étende pas au-delà de la « Butte des Ferrailleurs » : commencent ensuite les marécages de l’Eygoutier et la nécropole de la Porte d’Italie. Il est possible que le sommet de la butte ait porté des vestiges d’habitat mais le terrain fut arasé après la 2e Guerre Mondiale. Sur la pente sud de la butte, nous avons mis au jour une portion d’îlot d’habitation que nous avons dénommée îlot I. Les murs présentent une orientation nord-sud qui se retrouve dans la partie orientale de l’îlot II. Ce dernier est séparé de l’îlot I par une zone où les vestiges ont été détruits par une large tranchée ouverte en 1937 pour faire passer une voie de chemin de fer reliant la gare SNCF au port20. Le changement d’orientation des murs que l’on constate dans l’îlot II implique l’existence d’une rue nord-sud qui aurait été détruite par la tranchée.

    35L’îlot II, bordé au nord par la rue A, est séparé de l’îlot III par la rue B et de l’îlot IV par la rue C. L’îlot II abritait des boutiques, des ateliers, un entrepôt de marchand de vin et des habitations. L’îlot III fut d’abord occupé par des habitations puis par des entrepôts. L’îlot IV qui comprenait notamment des thermes est détruit à l’est et au sud par la tranchée du chemin de fer et par le Stade Mayol ; la rue D le séparait de l’îlot V, presque totalement détruit par les fortifications du xvie siècle.

    36Au-delà vers l’ouest, nous avons attribué à un îlot VI les vestiges trouvés sous le bastion des fortifications, essentiellement un impluvium mosaïqué ; nous ne connaissons aucune des limites de cet îlot. Ensuite, la zone portuaire de Besagne, au nord du quai, a été divisée en trois îlots : VII et VIII séparés par une ruelle et IX, sur le côté oriental du quai. Des restes de murs et de sols en opus signinum que nous avions entrevus en 1985 lors de travaux de voirie au sud du Cours Lafayette doivent faire partie d’un autre îlot appelé X.

    37En continuant le long du rivage vers l’ouest, les zones fouillées sont trop discontinues pour qu’on puisse attribuer des numéros logiques aux îlots d’habitation partiellement mis au jour. Sous les immeubles de la rue Magnaque détruits pendant la 2e Guerre Mondiale, une opération archéologique réalisée en 1999 a dégagé un îlot urbain romain bordé par une rue à portique sous lequel ouvraient des boutiques. À peu de distance à l’ouest, à l’angle de la rue Bastide et de la rue des Bonnetières, deux rues antiques bordées par deux îlots d’habitation ont été dégagées en 1988. Ce secteur, plus proche du centre originel de l’agglomération, a été occupé depuis le ier siècle jusqu’à nos jours avec une interruption entre les viie et xiiie siècles.

    38Le centre de l’agglomération devait se situer sous la cathédrale et à ses abords : en 1904, une tranchée dans la rue Jean Aicard (ancienne rue des Prêcheurs), entre la rue Saint-Vincent et l’impasse Cathédrale, mit au jour, à 3 m sous le sol actuel, des fondations de murs dont un était bâti en grand appareil de grès ; un des blocs présentait la base d’un pilastre dorique21. Il pourrait s’agir d’un mur latéral de temple. La découverte dans le même secteur d’une table d’autel et d’une plaque de chancel paléochrétien montre qu’un édifice de culte chrétien, probablement la cathédrale, fut édifié au cours de l’Antiquité tardive

    39Plus à l’ouest, le long du rivage, la construction d’un parking souterrain à la rue des Riaux en 1993 permit la découverte du prolongement du quai du ier siècle en gros troncs de chênes analogue à celui mis au jour dans la fouille de Besagne. Ce quai fut élargi au iie siècle et des entrepôts pour les céréales furent édifiés sur sa partie nord. Un autre parking souterrain, rue de l’Equerre, fournit l’occasion, en 1993, de mettre au jour la suite du quai formé de troncs de chênes et des appontements en bois22.

    40Selon que l’on identifie les vestiges romains de Notre-Dame-d’Entrevignes à l’intérieur de l’Arsenal, comme un quartier d’habitation ou comme une villa suburbaine, on atteint ou non la limite occidentale de l’agglomération qui, au iie siècle, devait mesurer environ 1,5 km de longueur est-ouest, pour une largeur maximum de 250 m et souvent moins. La superficie occupée serait donc d’une trentaine d’hectares. De cette agglomération, nous n’avons dégagé en 1985-1987 que l’extrémité orientale. Du fait du modèle de développement vers l’est et vers l’ouest à partir d’un noyau central, ce quartier ne peut pas être considéré comme représentatif de l’histoire de la ville mais il est le témoin de son expansion maximale entre le ier et le iiie siècle.

    2. Les données de fouilles de la ZAC Besagne/Dutasta

    2.1. Les sondages (fig. 11 et 14)

    41La Zone d’Aménagement Concertée couvrait deux quartiers totalement différents à l’époque moderne. À l’est, la butte des Ferrailleurs, à l’extérieur des remparts de la fin du xvie siècle ; à l’ouest, Besagne, une zone urbanisée à l’intérieur des remparts. Besagne correspond à l’ancien bourg médiéval de Saint-Jean ou Saint-Michel. Situé à l’est du rempart médiéval (Cours Lafayette), on y accédait par le portail Saint-Michel23. L’autre quartier doit son nom à la présence jusque dans les années 1970 de baraquements de ferrailleurs. Dans ce même quartier, depuis la construction des remparts au xvie siècle, divers aménagements ont notablement changé la configuration du terrain. À l’origine il présentait une pente naturelle assez faible et régulière. La construction des fortifications de la fin du xvie siècle mais surtout les aménagements liés à la création de la demi-lune en avant de la porte d’Italie au xviiie siècle ont donné au terrain l’aspect d’une butte. Plus récemment, en 1937, une voie de chemin de fer reliant la gare au port marchand et une route à travers fortifications et demi-lune ont littéralement coupé le quartier en deux avec d’un côté l’école Lafayette construite après la dernière Guerre Mondiale et de l’autre la Butte des Ferrailleurs. Ces travaux, d’abord de fortification, puis d’aménagement urbain, du xvie siècle à nos jours, ont entrainé des découvertes archéologiques sur lesquelles nous avons peu de détails24.

    Fig. 11. Toulon, vue aérienne au moment des fouilles. La ZAC occupe le quart de la photo en bas et à gauche.

    De la gauche vers la droite, le cours Lafayette, l’angle est du port, le stade Mayol

    (Photo archives CAV).

    42Les fouilles extensives de Besagne et de l’école Lafayette, réalisées entre 1986 et 1988, furent précédées, du 15 mars au 2 novembre 1985, par une campagne de sondages (36 en tout) destinés à évaluer le potentiel archéologique des 3,7 hectares de la Z.A.C. (fig. 12). Les sondages 6, 7, 11 et 24, bien que programmés n’ont pas pu être réalisés. Les sondages 1 à 5, 8 à 10, 12 à 15, 30 à 32 furent effectués à l’emplacement du quartier de Besagne. Les sondages 16 à 23 et 21, 22 portèrent sur les terrains des écoles des Minimes et Lafayette alors désaffectées. Les sondages 25 à 29 et 33 à 36 vérifièrent la présence de vestiges sur la butte des Ferrailleurs (fig. 13)25. Plusieurs sondages révélèrent des niveaux stériles ou totalement bouleversés, d’autres furent largement étendus lors des fouilles extensives de 1986 à 1988.

    Fig. 12. Besagne au moment de la destruction des bâtiments épargnés par les bombardements de 1944 et du centre social des Minimes construit en 1960.

    Dans l’angle gauche de la photo, l’immeuble moderne est appelé « Tour du Mûrier »

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    43Dans le quartier de Besagne, les sondages 2, 9, 10 et 15, entre le boulevard Dutasta et l’avenue de Besagne, atteignirent des dépotoirs riches en mobilier archéologique dont nous présentons ici les éléments les plus remarquables. Ces sondages concernaient une zone qui, pour des raisons techniques liées au déroulement du chantier de construction de la ZAC ne put être fouillée en 1986, mais elle fit l’objet d’une surveillance avec interventions ponctuelles lorsque le chantier de construction l’atteignit en 198826.

    44Trois secteurs firent en revanche l’objet de fouilles approfondies : Besagne/Mayol (2 400 m²), Ecole Lafayette (5 000 m²), Les Ferrailleurs (600 m²). À Besagne (secteurs 4 à 8), des aménagements portuaires ainsi que cinq épaves (deux en 1986 et trois autres en 1988) furent découvertes. Sous l’école Lafayette (sondages 20 à 22) et sous la butte des Ferrailleurs (sondage 27), des îlots d’habitations, d’ateliers et d’entrepôts étaient en partie protégés par le glacis du rempart moderne.

    2.2. Besagne, Tour et rue du Mûrier, rue Félix Brun, stade Mayol

    2.2.1. Sondages 2, 9, 10

    45Dans ces sondages, les fortes remontées d’eau ont rendu impossible toute fouille. Cependant quelques observations importantes ont pu être faites (fig. 12 et 15 ; partie II, Céramiques).

    Fig. 13. Butte des Ferrailleurs, vue du chantier

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 14. Plan des sondages préalables de 1984 et 1985 reportés sur fond cadastral

    (DAO Cl. Pasqualini).

    Fig. 15. Besagne : l’équipe constituée de quelques salariés de l’AFAN, du Centre Archéologique du Var et de nombreux bénévoles

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    46Les maisons du début du xviie siècle étaient construites sur un terrain gagné sur la mer. Les niveaux marins sous-jacents recelaient des dépotoirs très riches en matériel attestant une activité intense entre le iie et le ve siècle de notre ère, la majorité du matériel datant cependant des iie et iiie siècles. Les amphores, très abondantes, se partageaient entre celles, majoritaires, de Narbonnaise et celles importées d’Afrique du Nord et de Méditerranée orientale. Parmi les céramiques utilitaires se trouvait une forte proportion de vaisselle d’origine italique et africaine. Entre les niveaux les plus récents (niveau III) et ceux de l’Antiquité (niveau I) s’étaient constitués des dépôts marins stériles (niveau II) laissant supposer une désertion des lieux après le ve siècle.

    47Nous ne présentons ici que les éléments les mieux conservés et les plus caractéristiques du niveau I qui ont été dessinés ; il s’agit essentiellement de céramiques utilitaires locales ou importées et d’amphores (Partie II, Céramiques).

    2.2.2. Stratigraphie

    48La stratigraphie permet de déterminer cinq phases.

    • Phase 1. Au ier siècle, la mer couvrait l’emplacement du sondage.
    • Phase 2. Durant les iie et iiie siècles, d’importants remblais furent apportés pour gagner du terrain sur la mer.
    • Phase 3a. Aux iiie/ive siècles, époque où le terrain fut stabilisé, les traces d’une occupation proche sont décelables sous formes de tessons de céramique et de verre.
      Phase 3b. Les ve/viie siècles sont marqués par des fosses dépotoirs.
    • Phase 4. À une époque indéterminée du Moyen Âge, des pieux en bois sont plantés ; ils correspondent aux fondations d’édifices disparus.
    • Phase 5. Au xviie siècle apparaissent les maisons du nouveau quartier. Des fondations de murs et deux puits appartiennent à cet état.

    2.2.3. Le matériel

    49Les niveaux des ier/iie siècles ont livré un matériel abondant27 dans lequel nous retiendrons entre autres une inscription peinte sur amphore Gauloise, Pic(atum) Vet(us) DCL Potitior(um)28. Le nom des Potitii se retrouve à sept reprises en Narbonnaise, il est notamment attesté à Arles sur une inscription peinte sur amphore Potito Arelatensium.

    50La fouille a livré, dans les fosses à détritus de la phase 3b, un ensemble d’objets de l’Antiquité tardive29. De récents travaux ont fait grandement progresser les connaissances sur les céramiques et le verre de cette époque30. À Toulon, les verreries et les amphores plaident pour un contexte datant des vie et viie siècles ; la céramique commune et la sigillée claire D importée d’Afrique suggèrent plutôt le vie siècle.

    51Le monnayage était peu abondant. À côté de petits bronzes de la fin du ive siècle de notre ère, on note la présence de monnaies de Marseille frappées antérieurement à 49 avant J.-C. dont une tétrobole en argent (Partie II, Le mobilier, Monnaies). Peut-on voir dans ces monnaies un témoin de la remise en circulation d’un monnayage ancien comme l’a suggéré Claude Brenot ? En ce cas, « la raréfaction de la circulation comme de l’émission des signes monétaires » pourrait en être la cause31.

    2.3. Besagne, le port et ses aménagements

    2.3.1. Introduction

    52Le chantier archéologique de Besagne, entre la rue Félix Brun et la rue du Mûrier, fut réalisé en deux temps. Au printemps et à l’été 1987, nous avons élargi le sondage 5 de 1986, ouvrant une fenêtre d’étude de 50 m de longueur par 40 m de largeur. Puis, au printemps 1988, la surveillance des travaux du chantier de construction a offert la possibilité de l’élargir à 70 m au sud du premier chantier (fig. 8 et 16). L’espace dégagé était occupé par le plan d’eau, la voierie, le quai et des édifices qui ont été divisés en secteurs au fur et à mesure de la fouille (secteurs 1 à 30).

    Fig. 16. Besagne, vue des fouilles en cours prise de la « Tour du Mûrier »

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    53En limite nord du chantier, des bâtiments ont pu être dégagés, mais seulement sur quelques mètres de profondeur, du fait de la présence d’une rue moderne. Ces constructions se divisaient en deux îlots, VIII à l’ouest et VII à l’est, ouvrant sur la voie E (secteurs 13/9) et sur le quai (secteur 5) (fig. 17). Nous avons pu reconnaître la façade complète de l’îlot ouest mais seulement une partie de l’autre. Les deux îlots ont la même orientation mais leurs façades ne sont pas alignées, celle de l’îlot VII débordant de deux mètres par rapport à celle de l’îlot VIII. Pour autant que le plan trop partiel de l’îlot oriental permette d’en juger, ces deux îlots diffèrent légèrement dans la disposition des aménagements internes, mais ils présentent tous les deux un portique en façade fermé aux extrémités et ils sont séparés par une ruelle F (secteur 14). Ce passage, large hors œuvre de 1,50 m, est emprunté par un collecteur (12).

    Fig. 17. Le Port. Détail des vestiges

    (D’après les relevés de terrain de M. Borréani, J.-P. Brun, P. Lecacheur, M. Pasqualini, archives CAV, DAO Cl. Pasqualini).

    54En arrière des portiques, des seuils larges de près de 3 m dans l’îlot VIII et 3,50 m dans l’îlot VII, donnaient sur quatre espaces larges de 4,70 m dans l’îlot VIII (secteurs 22, 21, 25 et 9) et un seul large de 6 m dans l’îlot VII (secteur 16). Ces espaces dont nous ne connaissons pas la profondeur ont d’abord été interprétés comme des boutiques du fait de la largeur des seuils et de la particularité de la seule pierre de seuil conservée, marquée par une longue rainure, comme dans les boutiques de Pompéi. Cependant la similitude de ces aménagements avec ceux observés à Toulon même, dans la fouille des Riaux, et à Olbia dans l’îlot VI, indique qu’il s’agit d’espaces longs et étroits. La symétrie parfaite dans l’organisation de l’îlot VIII et l’emplacement de ces bâtiments ouvrant sur le quai évoque plutôt des installations de stockage, magasins ou entrepôts, connus d’ailleurs dans tous les ports de la Méditerranée32.

    55Au sud des îlots s’étendait un espace large de 22 m comprenant la voie E (large de 7 m) et le quai 5 (large de 15 m), retenu par des troncs d’arbres (phase 2 état A) (fig. 18). Dans un second temps, le quai primitif fut doublé par un mur en pierres (quai 7 en phase 2 état B). Perpendiculairement à la bordure du quai, une estacade, construite sur deux barques remplies à ras bord de pierres et volontairement coulées (épaves 1 et 2), s’avançait dans le plan d’eau (secteur 6).

    Fig. 18. Besagne, vue des troncs maintenant le quai 13

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    56Au printemps 1988, l’élargissement du chantier de creusement du parking souterrain immédiatement au sud de la zone déjà fouillée a amené la découverte d’autres épaves et aménagements portuaires. Etant donné l’urgence et les conditions de travail, nous n’avons pu faire mieux qu’une surveillance de travaux de terrassement et une fouille rapide des épaves. Un terre-plein (secteur 11) avait été construit en phase 3 par apport d’importants remblais de pierres, sable et terre reposant sur des fascines (fig. 19 à 21). Au sud-ouest de ce terre-plein, le port (secteur 30) était encore en eau aux iiie/ive siècles alors que la partie nord (secteur 6) était déjà atterrie. Cette zone du port était alors utilisée comme cimetière de bateaux de commerce de moyen tonnage. Trois épaves ont été fouillées (épaves 3-4, 6 et 7)33 ; elles semblent avoir été abandonnées sur place où elles ont fini par s’envaser et se démembrer.

    Fig. 19. Besagne, Îlot VII, coupe générale nord-sud à travers les espaces 22, 23, la voie/quai 13 et le plan d’eau 5/6

    (D’après relevés de terrain de M. Borréani, J.-P. Brun, P. Lecacheur, M. Pasqualini, archives CAV, DAO Cl. Pasqualini).

    Fig. 20. Besagne, coupe générale nord-sud à travers l’îlot ouest, la voie/quai 13 et le plan d’eau 5/6

    (D’après relevés de terrain de M. Borréani, J.-P. Brun, P. Lecacheur, M. Pasqualini, archives CAV, DAO Cl. Pasqualini).

    Fg. 21. Besagne, coupe nord-sud à travers le plan d’eau 5/6, épaves 1 et 2

    (D’après relevés de terrain de M. Borréani, J.-P. Brun, P. Lecacheur, M. Pasqualini, archives CAV, DAO Cl. Pasqualini).

    2.3.2. Description d’ensemble des vestiges bâtis et de la stratigraphie

    Phase 1

    57Quelques couches paraissent immédiatement antérieures aux structures bâties. Le matériel qu’elles contiennent est datable de la fin du ier siècle de notre ère. Pour éviter les incohérences créées par des pollutions dues notamment au mouvement des eaux, nous avons choisi de lier les Us ayant livré du mobilier à la phase 2 état A. On peut supposer que ce mobilier peu abondant mais qui concentre beaucoup d’éléments de la fin du ier siècle illustre l’interface entre le début des aménagements et la mise en service du port à cet endroit. L’analyse palynologique de prélèvements effectués dans un niveau de vase stérile, pris entre le substrat géologique (gravier consolidé) et la première couche contenant du matériel archéologique, donc antérieure à cet état, montre un environnement naturel encore peu perturbé, même si un début d’anthropisation est décelable34.

    58De cette phase antérieure ou contemporaine du chantier des premières constructions, la stratigraphie sous l’îlot VIII est surtout marquée par des remblais de terre rouge et des aménagements temporaires sur le substrat, probablement liés aux travaux de construction : trous de poteaux (Us130 sous la pièce 2)35, foyer sous la pièce 16 (Us1618). Sous la voie E (secteur 13), plusieurs remblais forment l’assise de la chaussée (Us1356 : terre caillouteuse ; 1322 : argile marron, cailloutis ; 1323 : pierres). Dans la zone du plan d’eau (secteur 6), ces niveaux sont marqués par des couches de vase grise déposées sur le substrat (Us635 ; 642 : fig. 22, 23 ; Us643)

    Fig. 22. Besagne, Phase 1, Us642, cordage rejeté dans le port

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 23. Besagne, Phase 1, Us642, niveau marin jonché de débris

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    59Le matériel le plus ancien de la phase suivante, phase 2 état A, se caractérise par l’absence de sigillées italiques anciennes et de formes de sigillées sud-gauloises antérieures aux années 60. On peut donc placer les premières manifestations d’une présence humaine organisée après Claude-Néron et le début de la construction des aménagements portuaires à l’extrême fin du ier siècle ou au début du iie siècle.

    Phase 2 état A

    60Lors de la phase 2 état A, aucun décalage significatif ne semble exister entre l’édification des deux îlots VII et VIII, la mise en place de la voie E, du quai et de l’estacade constituée de deux barques coulées intentionnellement à sa perpendiculaire : l’ensemble fait partie d’un projet unitaire de grande ampleur puisqu’on retrouve les mêmes techniques à la même époque en plusieurs endroits du rivage, à la rue des Riaux et à celle de l’Équerre (fig. 24).

    Fig. 24. Besagne, Phase 2, quai et appontement, les bateaux 1 et 2 coulés lestés de pierres à la perpendiculaire du quai

    Entre les îlots VII et VIII, la partie amont du collecteur 12 est contemporaine des constructions initiales. Cet égout débouche au-delà de la voie pour s’épandre sur le quai où une rigole devait prendre le relais jusqu’au plan d’eau. Le trop-plein de la fontaine 15, ajoutée lors de la phase 2 état B dans l’angle oriental du portique ouest, se déversait aussi dans ce collecteur.

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    61La voie E, large d’environ 7 m passait devant les deux îlots. Aucune transition entre la voie et le terre-plein du quai, large de 15 m, n’était perceptible sinon dans la nature de sa surface parsemée de déchets organiques dont de nombreux copeaux de bois montrant que cet espace était utilisé pour la construction navale, l’entretien et la réparation des bateaux.

    62Le quai, gagné sur la mer, mesurait 15 m de large. Il était aménagé de manière très rudimentaire et simple : de gros troncs de chênes lièges, brut d’abattage (no 2 à 6), étaient couchés parallèlement au rivage et retenaient des remblais de gravats (structure 60). D’autres troncs plus petits étaient placés perpendiculairement (no 1 et 7). Immédiatement au nord de la première file, d’autres troncs (no 8 à 24) étaient disposés moins régulièrement. Au sud du quai, le faible tirant d’eau permettait d’échouer des barques, mais les bateaux de haute mer devaient être amarrés à des estacades perpendiculaires faites de pieux et de planches. L’une d’elles avait été établie à partir de deux horeiae volontairement coulées et remplies de blocs de pierre. Elle se détachait perpendiculairement au quai et servait aux chargements et déchargements des marchandises.

    63De toute évidence ces aménagements n’avaient rien d’ostentatoire mais seulement un objectif pratique ne nécessitant pas de gros investissements. Pour autant cette méthode de construction a nécessité l’arrachage de nombreux chênes liège et leur transport. Cette variété de chêne poussant sur des sols cristallins, ils ont probablement été amenés par flottage depuis les terrains primaires qui bordent la baie, du cap Sicié à l’ouest de la rade à la pointe de La Mitre, au Cap Brun, voire à la Colle Noire à l’est. Il en va de même pour les blocs du remblai retenu par les troncs et pour ceux remplissant les bateaux : leurs particularités géologiques montrent qu’ils ont été apportés des mêmes endroits36.

    64Les constructions reposent sur le sol naturel de graviers indurés. La pente de cette surface est d’abord relativement modeste dans la partie nord du chantier, puis augmente dans la partie sud, où elle se retrouve immergée et recouverte de sédiments et de remblais apportés de main d’homme, au moment de l’établissement de la voie et du quai. À partir de là, le défrichement des basses pentes du Faron mettant à nu les sols lessivés par les eaux de ruissellement chargées en sédiments et détritus, les apports sédimentaires charriés par le Las et l’Eygoutier, les rejets de cargaisons de bateaux ou ceux générés par les activités artisanales pratiquées à proximité ont contribué au colmatage du port au rythme de l’essor de la ville37.

    65Les contraintes naturelles ont probablement imposé de réaliser les aménagements portuaires afin de créer une rupture de pente et permettre l’accostage mais la nature des travaux et la décision de les réaliser selon un plan d’ensemble découlent de l’organisation politique et économique de la cité d’Arles. Les évolutions postérieures marquées par l’envasement et la construction du quai en pierre sont marquées par les changements que l’on constate en observant le collecteur 12 : trois étapes sont bien visibles. La première correspond à son tracé initial qui s’avance jusqu’au terre-plein du quai, une seconde voit son prolongement jusqu’aux troncs de chênes liège et une dernière montre que le collecteur s’avance dans les niveaux d’atterrissement du port qui ennoient les troncs et l’estacade construite sur les barques.

    66Les aménagements de la phase 2 état A sont datés du début du iie siècle par le mobilier trouvé sous les sols et par celui des premières couches de dépotoir déposées contre le quai dans les Us504, 505, 705, 707.

    Ilot VIII

    67L’îlot VIII, dégagé sur 23,50 m d’est en ouest et approximativement sur 8 m du sud au nord, se compose de quatre pièces, numérotées 22, 21, 25, 8 d’ouest en est. Elles sont groupées par deux et séparées par le couloir 2. La façade comporte un portique fermé à ses deux extrémités par des murs. Les limites de la zone fouillée nous privent de la stratigraphie des pièces, mais celle du portique était conservée bien qu’en partie bouleversée par les récupérations de l’Antiquité tardive et par les fondations des immeubles du quartier de Besagne à l’époque moderne.

    68Dans les pièces elles-mêmes, il n’est pas sûr qu’il faille mettre l’absence de sols construits sur le compte de ces bouleversements car ils étaient peut-être constitués de planchers de bois comme cela a pu être observé dans d’autres entrepôts. Les murs des pièces, larges de 0,40 m, sont liés entre eux et les chaînages d’angle sont soignés. Ils sont bâtis à la chaux, à double parement de petit appareil de calcaire régulier, avec blocage interne de mortier et reposent sur des fondations débordantes coulées dans des tranchées de 0,50 m de large. Quelques traces d’enduits muraux en mortier de chaux, très usés, étaient encore présentes par endroits.

    69Portique (pièces 23/1/2/3/18)

    Le portique mesurait 4 m de large. Il était clos à ses deux extrémités par les murs 1 à l’ouest et 103 à l’est qui sont les prolongements des murs latéraux de l’îlot. Au sud, en façade, leurs retours 2 et 119 et les bases des piliers 14, 3, 6, 21 soutenaient la couverture. L’entraxe des piliers avoisine les 3 m. Chaque pilier comporte un parement et un blocage interne en mortier de chaux, reposant sur une fondation débordante en appareil régulier en calcaire longue de 1,20 m et large de 0,40 à 0,50 m. Ces piliers ne sont pas alignés exactement sur les piédroits des entrées des entrepôts et ceux qui font face au couloir 2, les piliers 3 et 6, présentent un entraxe limité à 2 m. Le sol, défoncé par des fosses tardives, était composé de remblais de terre rouge et de cailloutis, jonché de cendres (remblais : Us114, 117, 118, 119, 121, 208-213 ; sol : Us115, 116, 1802, 1804, 1810)

    70Pièce 22

    La pièce 22 mesure 4,50 m de large ; sa profondeur est inconnue. La pièce est limitée à l’ouest par le mur 1 et à l’est par le mur 17, laissant au sud un seuil large de 3 m. À l’angle des murs 1 et 2, à l’extérieur, le bloc 34 doit être interprété comme un chasse-roue indiquant qu’une rue ou un passage bordait l’entrepôt du côté ouest.

    71Pièce 21

    La pièce 21 est mitoyenne de la précédente, séparée par le mur 17. Elle mesure 4,50 m de large ; sa profondeur est inconnue. Le passage de l’entrepôt au portique est matérialisé par le piédroit 16 lié au mur 17 et le piédroit 12 lié au mur 11 qui clôt la pièce à l’est.

    72Couloir 2

    Cet espace, large de 1,50 m hors œuvre, sépare l’îlot en deux parties symétriques. Il est bordé par le mur 11 mitoyen de la pièce 21 et le mur 8 mitoyen de l’espace 25. La construction des murs 11 et 8 est identique aux précédents. Rien n’indique la présence d’un seuil à l’entrée, ni même s’il s’agit d’un couloir ou plutôt de l’amorce d’un escalier en bois donnant accès à un niveau supérieur.

    73Pièce 25

    Les pièces 25 et 8 forment un ensemble symétrique aux pièces 22 et 21. Les piédroits du mur 8 et du mur 18 encadrent le seuil ouvrant sur le portique. Le mur occidental 8 et son retour sont en grande partie spoliés sauf l’extrémité sud, comme le mur 19. Comme pour les pièces 22 et 21, le retour 18, lié au mur 19, servait à la fois de piédroit à la pièce 25 et à la pièce suivante 8.

    74Pièce 8

    Cette pièce mitoyenne de la pièce 25 par le mur 19 est fermée à l’est par le mur 103 qui se prolonge au sud et ferme le portique à l’est. Le piédroit 114 encadre, avec le mur 18, le seuil de la pièce 8 qui ouvre sur le portique. Le sol était formé de terre noire rubéfiée par endroits (Us808, 813, 815) reposant sur des remblais de terre caillouteuse rouge à noire (Us812, 814, 816).

    Ilot VII

    75Seulement une centaine de mètres carrés de cet îlot a pu être dégagée. Situé à l’est de l’îlot VIII, il en est séparé par la ruelle 14 parcourue par le collecteur 12. Les constructions ont la même orientation que l’îlot VIII mais la façade est décalée de 2 m par rapport à celui-ci. En arrière d’un portique 19 dégagé sur 10 m de long et 4 m de large, fermé à l’ouest, se trouve un espace 16. Les sols sont formés de terre damée et chaulée (Us1601, 1612 et 1614) sur des remblais de terre caillouteuse noire à rouge (Us1607, 1610, 1611, 1613) ; une cruche (Us1608) posée dans un trou creusé dans le sol 1601 contenait une monnaie de Domitien. La pièce 16 ouvrait sur le portique par un seuil large de 3,50 m ; elle correspond probablement à un entrepôt dont le plan est quasiment identique à ceux de l’îlot ouest mis à part la largeur qui est plus grande (6 m).

    76Un autre entrepôt devait s’étendre à l’est de la pièce 16 mais les constructions de la phase 2 état B ont rendu illisible le plan primitif en créant les pièces 17 et 27.

    77Le portique 19 est de construction similaire à celui de l’îlot VIII ; il est aussi fermé à son extrémité ouest par un mur (M108). Un refend de ce mur (M110) et deux bases de piliers (M116 et 117) soutenaient la toiture. Toutefois à la différence des murs du portique de l’îlot VIII, le mur 108 n’est pas chaîné au mur de l’entrepôt 16 et son angle sud-ouest est matérialisé par un dé de pierre. Ce bouchage dont la logique veut qu’il ait été effectué en cours de chantier semble appartenir à la phase 2 état A et correspondre à un procédé de construction.

    78La ruelle F et le collecteur 12

    Les îlots VIII et VII sont séparés par la ruelle F empruntée par un collecteur 12. Les deux murs délimitant le collecteur mesuraient une quarantaine de centimètres et étaient bâtis contre les murs 103 de l’îlot VIII à l’ouest et 108-109 de l’îlot VII à l’est, mais ils faisaient partie du même programme de construction. Ces deux murets qui devaient supporter les dalles de couverture du collecteur (disparues) se prolongeaient au-delà du portique sur une longueur de 7 m. La canalisation se déversait sur le quai, au sud de la voie E, probablement dans une rigole à l’air libre

    79La voie E (secteurs 9 et 13)

    La voie était grossièrement empierrée ; elle portait des traces du passage de charrois sous forme de profondes ornières creusées dans les gravats et les galets apportés pour stabiliser la bande de roulement. La ruelle F s’embranchait à la perpendiculaire en direction du nord. À l’angle sud-ouest de l’îlot VIII, le bloc 34, probablement un chasse-roue, suggère qu’un passage ou une voie s’embranchait à l’ouest de l’îlot VIII.

    La stratigraphie de la voie montre douze niveaux de chaussée et d’ornières constitués surtout de galets, d’éclats de taille, de sable, de tessons de céramique, de gravats dans une matrice de terre argileuse marron (Us1316 à 1350)38.

    80Le quai 5

    Le quai 5 a été gagné sur la mer par des remblais maintenus par un double alignement de gros troncs de chênes liège. Les troncs avaient été halés depuis la mer et disposés sur une double rangée de 7,50 m de large, parallèle au rivage (rangée sud : troncs 2 à 6 ; rangée nord : troncs 13 à 24). L’espace entre ces rangées était rempli par d’autres troncs perpendiculaires (troncs 1, 4, 7, 16) ou parallèles (tronc 8), en général plus petits entre lesquels avait été déposé un remblai de pierres et d’épaisses fascines de sarments de vignes (Us 502 : argile jaune et gravier ; Us509 et 510 : pierres).

    Une estacade formée de deux horeiae volontairement coulées et chargées de blocs se greffait à la perpendiculaire du quai (voir partie III). Ceinturée de pieux verticaux et, prolongée de manière plus classique par un double alignement de pieux supportant une surface de planches, elle mesurait 18 m de longueur sur 4 m de largeur.

    Les céramiques découvertes lors de la fouille des niveaux marins se répartissent de part et d’autre des barques. La manière dont se sont constitués ces dépotoirs suggère que la plupart des objets ont été perdus et brisés au moment des opérations de chargement ou déchargement des bateaux. Le comblement du port était formé à la fois de blocs de pierres, notamment de schiste (Us503, 507, 508), de niveaux de sable marin et de débris végétaux (Us641 : sable gris, galets, sarments de vignes ; Us619, 632 : sable gris ; Us623 : végétaux) ainsi que de couches de dépotoir (Us640 formée d’amphores Dressel 20) (fig. 25).

    Fig. 25. Besagne, Phase 2, Us641, fragments d’amphores de Bétique de type Dressel 20 jetés dans le port

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Phase 2 état B (fig. 26a et b)

    Fig. 26a – Le Port, phase 2, état initial de la fin du ier siècle et modifications du iie siècle.

    a) Détail des vestiges (M. Borréani, J.-P. Brun, M. Pasqualini, DAO A. et Cl. Pasqualini, archives CAV) b) Restitution Hypothétique (G. Chapelin, CJB, Naples, USR 3133 – CNRS/EFR).

    81La phase 2 état B regroupe les évolutions des structures de la phase 2A au cours du iie siècle. On ne peut que donner les datations relatives de ces transformations qui ne sont pas toutes contemporaines.

    82Contre le portique de l’îlot VIII, au débouché de la ruelle F sur la rue E, une fontaine 15 fut implantée après 118 de notre ère. La cuve mesurait 2 m de côté. Ses murs, très abîmés, présentent un double parement irrégulier à blocage interne ; larges d’une trentaine de centimètres, ils étaient fondés dans la voie E (secteur 13). Le fond de la cuve, en béton de tuileau hydraulique, est légèrement plus haut que le niveau de la voie (sur le niveau de chaussée Us15.10). Son orifice de vidange (14) était relié à une canalisation composée d’imbrices qui aboutissait dans le collecteur 12. Un dépôt monétaire, contenu dans un étui en alliage cuivreux, était scellé sous le fond de la fontaine. Il était posé contre le mur 101, dans le remblai Us15.05 (terre jaune à noire, grasse, rubéfiée par endroits : fig. 27, 28) recouvert par la couche de béton de tuileau du fond du bassin (Us1501, 1502). L’étui contenait deux monnaies d’or (placées au sommet de la pile) et trente-quatre deniers d’argent frappés entre les règnes de Vitellius et celui d’Hadrien. La dernière monnaie ayant été frappée en 118 après J.-C., la fontaine est sûrement postérieure mais, dans la mesure où le dépôt est volontaire, il est probable que la dernière monnaie précède de peu sa construction.

    Fig. 27. Besagne, Phase 2, voie 13, fontaine 15, Us1505, détail du dépôt monétaire découvert dans la fondation de l’angle sud-ouest de la ­fontaine 15

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 28. Ensemble des monnaies constituant le dépôt

    (DAO A. Pasqualini, d’après cliché Ch. Durand, CCJ/CNRS).

    83À l’intérieur de l’îlot VII, la construction du mur 120, légèrement décalé vers le sud par rapport au mur 110, marque la transformation du bâtiment à l’est de la pièce 16. Le mur 115 et son retour 122 déterminent un espace 17 large de 2 m, en retrait de 2 m sur la façade et ouvrant sur un espace 27. L’entrée dans la pièce 17 se faisait par une porte large de 1,20 m qui semble avoir été pourvue d’un seuil monolithe (113) découvert sur le côté nord de la fosse de spoliation 49. On pénétrait dans l’espace 27 par un passage large de 1,50 m. Le sol était recouvert d’un lit de chaux (Us1701) reposant sur un remblai de terre gravillonneuse marron rouge (Us1702). Alors que le mode de construction des murs de l’entrepôt 16 est identique à celui de l’îlot ouest, les murs des espaces 17 et 27 sont en revanche bâtis à la chaux à double parement sans blocage interne.

    84Au niveau du quai, l’envasement progressif du port rendit le premier quai (5) inutilisable dans la première moitié du iie siècle après J.-C. Un muret très rudimentaire, fait de pierres sèches (schiste), le remplaça 3 m vers le sud (quai 7 : murs 61 et 63), jusqu’à ce qu’il se ruine et soit envasé à son tour. Sa construction nécessita le prolongement du collecteur 12 afin qu’il continue de déboucher dans le plan d’eau. Deux murets furent bâtis à la chaux pour supporter une couverture de dalles de pierres en partie conservée.

    85Le dépôt monétaire de la fontaine 15, daté au plus tard de 118 par une monnaie d’Hadrien, et le prolongement du collecteur 12, rendu nécessaire par l’avancée progressive du rivage, ponctuent la phase 2B qui s’achève à la fin du iie siècle. Le matériel des couches d’occupation est marqué par la présence de quelques spécimens de sigillées claires B de la vallée du Rhône et l’apparition des importations africaines fines et culinaires (voir partie II, Monnaies et Céramiques).

    Phase 3 état A (fin iie/iiie siècles) (fig. 29)

    Fig. 29. Besagne, Phase 3 état A

    (M. Borréani, J.-P. Brun, M. Pasqualini, DAO Cl. Pasqualini, archives CAV).

    86À la fin du iie siècle, alors que les bateaux de la première estacade s’effondraient, le portique de l’îlot VIII fut divisé par des cloisons légères, bâties en terre et en bois, probablement en opus craticium. Les murs 13, 4, 5, 20, 15, 31 définissent des espaces 23, 1, 2, 3,18 qui respectent à peu près la symétrie des magasins 22, 21, 25, 8 et l’entrée 2. Il s’agit de murs à double parement sans blocage interne liés à la chaux. Le seul mur dont une partie de l’élévation était conservée, le mur 4, suggère qu’il s’agit de cloisons à pans de bois. La fonction de ces nouveaux espaces en avant des magasins pourrait correspondre à des ateliers : lors de la phase 3B, la pièce 1 semble avoir été une officine de tabletier (fig. 30, 31a et b).

    Fig. 30. Besagne, Phase 3 état A, les portiques cloisonnés des îlots VIII et VII.

    L’atelier de tabletier se trouvait dans l’espace 1 de l’îlot VIII.

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 31. a. Besagne, Phase 3 état A, îlot VII, détail de l’aménagement de l’atelier de tabletier

    (J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 31b. Besagne, Phase 3 état A, îlot VII, plan de l’atelier de tabletier

    (DAO A et Cl. Pasqualini, archives CAV).

    87Le cloisonnement du portique rompt la perception primitive d’unité d’un bâtiment de plan symétrique. En effet les quatre nefs regroupées par deux semblent devenir indépendantes les unes des autres et l’entrée 2 ne paraît plus avoir de rapport avec leur fonctionnement. On peut supposer que, dès l’origine, il s’agissait de l’emplacement d’un escalier donnant accès au premier étage. Alors que les magasins ne fournissent aucun repère stratigraphique comme pour la phase précédente et pour les mêmes raisons, les nouveaux espaces livrent, malgré les bouleversements postérieurs, quelques indices de datation. Il en va de même pour les niveaux marins, peu nombreux, mais riches en mobilier. En revanche la voie E et l’îlot VII n’apportent rien à cette phase, même si ces espaces, comme d’ailleurs la fontaine 15, étaient encore utilisés, mais sans modification de plan.

    88Dans le secteur 6, au niveau de l’estacade formée par les barques, une partie du bordé de l’épave de l’horeia 1 s’ouvrit, laissant échapper une partie de son remblai de pierres. Un caisson formé par des fragments de bordé de navires maintenus par des pieux et rempli avec des pierres et des fragments d’amphores fut construit à ce moment-là (Us620). Il s’agit du fondement d’un autre appontement qui doubla le premier, désormais en mauvais état. Cette partie du port s’envasa totalement dans le courant du iiie siècle (sable et végétaux dans les Us611, 612).

    89À l’extrémité orientale du quai 7, le collecteur 12 fut à nouveau prolongé dans sa partie basse, dépassant largement le deuxième quai. Ce nouveau tronçon s’incurve nettement vers l’ouest dans l’angle formé par le quai 7 et le terre-plein 11. Ce dernier est en fait un remblai de pierres, de sable et de gravier déversé sur des fascines au sud-est du quai 7. La datation de cet aménagement, à la fin du iie siècle, est déduite du rapport entre ces remblais et les installations portuaires (Us676, 677, 678, 679, 680, 681). Le terre-plein 11 a pu être suivi vers le sud sur 33 m, puis il dessinait un angle droit et il était à nouveau parallèle au rivage sur une longueur supérieure à 25 m environ (limite de la zone fouillée)39.

    90Le collecteur 12 est le seul indice permettant de dater de manière relative ce remblai par rapport aux constructions 10 et 24 qui l’accompagnent.

    91Au cours de la même phase, une construction (espaces 10/24) fut édifiée sur le terre-plein 11. On ne connait pas la nature de ce bâtiment situé en limite est de la fouille, mais il pourrait s’agir de l’extrémité d’un nouvel îlot (dénommé IX).

    Phase 3 état B (fig. 32)

    Fig. 32. Besagne, Phase 3 état B

    (M. Borréani, J.-P. Brun, M. Pasqualini, DAO Cl. Pasqualini, archives CAV).

    92Dans la seconde moitié du iiie siècle furent effectuées les dernières modifications observées dans les constructions de l’îlot VIII. Un bassin 123 fut construit à proximité de l’angle occidental de l’îlot. Seul le fond maçonné était conservé, mais sa position, dans ce qui semble avoir été un passage ou une rue, incite à l’attribuer à une fontaine, à moins qu’il ne s’agisse de l’équipement d’un atelier construit sur l’ancien espace public.

    93Les murs 22 et 23 furent aussi édifiés au sud du portique de l’îlot VIII, désormais cloisonné ; ils délimitaient un nouvel espace 4 en avant de l’entrée de la pièce 1. Cet espace constitue une entrée en chicane à la boutique 1 marquée par un seuil à rainure. La boutique comportait un aménagement rudimentaire constitué d’un foyer bâti 9 et d’un bloc de débitage 10 posés à même le sol Us105 et interprétés comme les vestiges d’un atelier de tabletier.

    94Durant la phase 3 état B, cette partie du port est encore active comme le montre la fréquentation de la voie E (9/13), le cloisonnement du portique de l’îlot VIII et des ajouts ponctuels empiétant sur la voie. En revanche le colmatage du plan d’eau, marqué par le dépôt de couches de vase et de végétaux, s’accentuait et des coques de navires abandonnés encombraient l’espace40 (Us 661, 668, 660/662, 669). Dans ces couches, alors que la prédominance des productions régionales tournées et modelées était la règle depuis le début de la constitution des dépotoirs portuaires, les céramiques modelées culinaires locales sont fortement concurrencées, dès la phase 3 état A, par les importations africaines et de façon plus anecdotique, à partir de la phase 3 état B par des céramiques culinaires provenant d’Italie et de Méditerranée orientale. La présence de productions provenant de Lyon et de céramiques modelées à décor vertical lissé marque aussi cette période.

    Épaves 3-4 et 6

    95L’épave 3-441 est conservée sur 8 m de long et 3,50 m de large. La quille est conservée sur 5,60 m, l’étambot sur 2,70 m. Une tablette à écrire en bois appartenant peut-être à l’épave, car découverte plaquée contre une membrure42, porte la marque pyrogravée d’un dispensator impérial ayant exercé ses fonctions entre 209 et 21143 (fig. 33, 34). L’épave 3-4 reposait sur une couche de vase Us661 datée du début du iiie siècle ; elle était recouverte par une couche de gravier et de sable mêlés (Us660/662) datée du milieu du iiie siècle. Ces niveaux contenaient des sigillées de type claire B de la vallée du Rhône et des importations africaines de type claire C déterminant une fourchette chronologique allant du début au milieu du iiie siècle.

    Fig. 33. Besagne, phase 3 état B, épave 3-4

    (Photo M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 34. Besagne, Phase 3 état B, épave 3-4, revers d’une tablette à écrire datée entre 209 et 211, portant la marque pyrogravée dans un cadre circulaire d’un procurateur impérial : Olympi/Auggg N/nn ver/nae dis/pensator (France 1999)

    (Photo Ch. Durand, CCJ/CNRS).

    96L’épave 6 comportait une quille conservée sur 7,50 m de longueur reposant sur la couche de vase Us668 ; elle était recouverte par une couche de gravier et de sable mêlés Us669. L’horizon chronologique est semblable à celui de l’épave précédente.

    97La présence de ces deux épaves montre que cette partie du port était devenue, dans la seconde moitié du iiie siècle, un cimetière de bateaux abandonnés ; l’activité portuaire s’était probablement déplacée vers l’ouest.

    Phase 4 (fig. 35)

    Fig. 35. Besagne, Phase 4

    (D’après relevés de terrain de M. Borréani, J.-P. Brun, M. Pasqualini, DAO Cl. Pasqualini, archives CAV).

    98Au ive siècle, des traces très nettes (monnayage, céramiques) indiquent que la voie était toujours utilisée (Us906 et 1310, 1313 et 1314). Dans les îlots VIII et VII, les vestiges sont plus ténus (Us1602 à 1605) et rien n’assure que les bâtiments de ce secteur soient toujours occupés. Devant l’îlot VIII, le creusement du puits 26 barrant presque l’accès à l’espace 3 en avant du magasin 25 signifie sans doute que la fontaine voisine n’était plus alimentée et donc que sa surverse était devenue inutile. Le collecteur 12 était en cours d’obstruction mais fonctionnait encore, un drain sommaire tracé au travers de la voie E se jetant dans le canal ; les bâtiments étaient partiellement ou totalement abandonnés car aucun sol n’est postérieur au iiie siècle44. Seule la voie paraît échapper au délabrement du quartier. Pourtant les dépotoirs qui se constituent plus au sud dans le port livrent encore un mobilier abondant et un aménagement sommaire : l’estacade ( ?) 62, faite de fragments de bordés de navires et de planches maintenues par des pieux est construite dans le plan d’eau. Les couches Us600, 660, 662 et 663 constituées de sable, gravier, pierres, vase et végétaux contenaient des céramiques couvrant une large période allant du iie au ive siècle.

    99Cette étape ultime de l’atterrissement du plan d’eau à cet endroit est marquée par l’abandon d’un nouveau bateau, l’épave 7, un fond de carène comportant la quille et une partie de paroi en mauvais état. Conservée sur 6 m de long, elle reposait sur la couche de vase Us672 du ive siècle et elle était recouverte d’une couche de sable et de gravier Us670, datée aussi du ive siècle.

    100Cette phase de l’Antiquité tardive est marquée par la présence de sigillées africaines claire D en grand nombre à partir de la phase 4, notamment sur la voie E et dans des proportions moindres dans l’îlot ouest. Rapidement les sigillées luisantes de la vallée du Rhône s’ajoutent aux importations africaines. La sigillée africaine de type D fournit un jalon chronologique pour l’abandon de l’épave 7. L’absence de dérivées des sigillées paléochrétiennes suggère que ces niveaux archéologiques ne sont pas postérieurs au ive siècle.

    Phase 5 (fig. 36)

    Fig. 36. Besagne, Phase 5

    (D’après relevés de terrain de M. Borréani, J.-P. Brun, M. Pasqualini, DAO Cl. Pasqualini, archives CAV).

    101La phase 5 marque la phase d’abandon et de destruction des bâtiments. Elle était matérialisée par des couches de gravats. L’absence de matériel datable oblige à situer cette phase entre la dernière occupation attestée au ive siècle et les traces de réoccupation et surtout de récupération de matériaux qui s’intensifient au vie siècle.

    Îlot VIII

    102Dans cet îlot, les couches de destruction, contenant des pierres, des tuiles, des enduits peints rouges et verts, des scellements au mortier de chaux, recouvrent les vestiges jusqu’à l’arase des murs dans toutes les pièces (Us101, 103, 201, 302, 303, 401, 805, 806, 810, 1806).

    Voie E

    103La voie est aussi recouverte de gravats parfois pris dans une matrice de colluvions (Us1311, 1312). Le collecteur 12 et le canal d’évacuation de la fontaine 15 sont à cette date totalement obstrués (Us1402).

    104Les dérivées des sigillées paléochrétiennes sont présentes en petit nombre dans la phase 4. Malgré leur petite quantité, elles confirment que les phases 5 et 6 sont postérieures au ive s. Parmi les céramiques communes, celles à pâte brune augmentent à partir de la phase 3 du fait de la présence des productions ligures. Les communes à pâte grise tardive apparaissent à partir de la phase 4 sur la voie E. Pour cette période il s’agit de mobilier utilisé sur place, le port totalement atterri fournissant particulièrement peu de céramiques à cette époque.

    Phase 6

    105Aux vie et viie siècles, de nombreuses fosses furent creusées à partir de sols qui furent ultérieurement détruits et que nous n’avons pas retrouvés sauf dans l’îlot VII (fosses Us106, 108, 109, 125, 203, 605, 802, 811, 1001 à 1005, 1007 : spoliation du mur 24, US1801, 1606, 1617, 2502, 2601). Les lambeaux de sols conservés attestent que cette zone fut réoccupée, au moins temporairement, au cours de cette période (sols de la phase 6 dans l’îlot VII : Us1903, 1906). Certaines fosses résultent de la spoliation de murs pour récupérer des pierres ; d’autres ont été creusées pour des raisons qui nous échappent. Dans un second temps, elles ont toutes servi de dépotoir. Les fosses de spoliation des constructions confirment la présence d’éléments de décoration en marbre : on a découvert deux fragments d’inscriptions sur plaque de marbre et un torse de statue de Silène qui ornait peut-être à l’origine la fontaine 15 (dans l’Us802 : pierres, terre grisâtre, fig. 37). L’action des récupérateurs montre que les activités se sont déplacées vers d’autres secteurs de la ville devenue évêché depuis plus d’un siècle. Ces secteurs en cours de réorganisation, qui se groupaient probablement aux abords de la cathédrale actuelle, nécessitaient des matériaux de construction que l’on allait chercher dans les anciens quartiers abandonnés. Le même phénomène est observable dans le secteur de Lafayette où certaines maisons sont toutefois encore occupées.

    Fig. 37. Fosse, Us902, inscription fragmentaire découverte sur la voie E à proximité de la fontaine 15 (voir : partie II, paragraphe 1.1, fig.1.2)

    106Dans le plan d’eau, des niveaux de plages et de remblais qui alternaient sable, vase, végétaux, graviers sont attribuables à la phase 6 (Us664 à 667, 669, 673, 674, 675) ; ils contenaient des amphores orientales tardives et des DSP du ve siècle.

    2.4. Secteur de l’ancienne école Lafayette et des Ferrailleurs (fig. 38)

    Fig. 38. Plan schématique des fouilles de l’ancienne école Lafayette et de la Butte des Ferrailleurs

    (DAO J.-P. Brun, archives CAV).

    2.4.1. Introduction

    107Ce secteur d’habitat avait été repéré dès 1937 lors de la construction d’une voie de chemin de fer reliant la gare SNCF au port45. En 1985, nous avons procédé d’abord à des sondages (no 20 et 22) qui se sont avérés fructueux et que nous avons par la suite largement étendus jusqu’à aboutir à une vaste aire ouverte mesurant environ 5 000 m2 (fig. 39a et b) Pour l’essentiel, ce quartier d’habitation a été construit dans le dernier quart du ier siècle après J.-C. et il a été densément occupé jusque vers le milieu du iiie siècle. Par la suite, un secteur a été utilisé comme cimetière à la fin du iiie et au début du ive siècle alors que d’autres continuaient d’être occupés au cours de l’Antiquité tardive. À l’époque de son extension maximale, au iie siècle, la zone dégagée comprenait quatre îlots d’habitation I, II, III et IV séparés par des rues A, B, C, D. Étant donné la divergence d’orientation de l’îlot I par rapport à l’îlot II nous faisons l’hypothèse de l’existence, entre ces deux îlots, d’une cinquième rue qui aurait été détruite par la tranchée de la voie ferrée.

    108L’évolution de cette zone peut être divisée en huit phases. La phase 1 désigne les premières habitations dans la seconde moitié du ier siècle. La phase 2 est caractérisée par une réorganisation urbaine comportant notamment la construction d’entrepôts, d’ateliers et de maisons plus vastes au cours du iie siècle. La phase 3 voit des réorganisations notables avec la création d’un aqueduc et d’une boulangerie au début du iiie siècle. La phase 4 correspond à de grands travaux dans l’îlot II : murs puissants, bassins, salle à abside : il pourrait s’agir de la construction inachevée de thermes publics. La phase 5 est marquée par l’abandon des habitations et entrepôts et par l’utilisation de la partie nord du site comme cimetière. La phase 6 est surtout marquée par des fosses et des tranchées à l’emplacement des anciens murs remplies de terre noire, contenant du mobilier des ve et vie siècles. La phase 7 correspond à des fréquentations du Moyen Âge et la phase 8 aux remparts de la fin du xvie siècle.

    Fig. 39.

    a. Vue aérienne des fouilles Besagne-Dutasta et Lafayette (d’après Brun, Borréani 1999). b. Vue plongeante sur les fouilles en cours de l’ancienne école Lafayette (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    109La phase 1 caractérise l’urbanisation du quartier durant l’époque flavienne. Contrairement à ce que nous avions écrit en 1999, nous ne pensons plus désormais que la phase 1 état A se limite à un fond de cabane car le surcreusement de la pièce 112, considéré alors comme une phase à part, s’inscrit à une quarantaine de centimètres à l’intérieur du cadre dessiné par les murs 326, 331, 333 et 334 qui existaient donc déjà. Par conséquent, la phase 1 correspond à un plan concerté d’extension vers l’est de l’urbanisme de Telo Martius : dès l’origine, le quartier comprenait déjà les rues, des séries d’au moins deux maisons dans l’îlot II, d’au moins trois autres dans l’îlot III, et des habitations en nombre indéterminé dans l’îlot IV. Nous avons donc décidé d’attribuer à la phase 1A la construction de la maison III,1, légèrement antérieure à la phase 1B ; elle est située à l’ouest de la maison III,2 qui s’appuie sur elle. La phase 1B groupe l’essentiel des constructions d’époque flavienne et la phase 1C des aménagements réalisés ultérieurement.

    2.4.2. Description d’ensemble des vestiges bâtis et de la stratigraphie

    Phase 1 état A (fig. 42)

    110Un ensemble de murs (M318, 338, 339) formant la partie orientale d’une habitation a été mis au jour au nord-ouest de l’îlot III. Très abîmés par les fortifications modernes, ces murs semblent dessiner l’extrémité d’une habitation (III,1) dont les sols avaient disparu. Il n’a été trouvé aucun objet dans les pièces 105, 106, 118 ou 133 qui puisse aider à dater ces structures qui précèdent de peu celles de la phase 1B (fig. 40).

    Fig. 40. Lafayette, phase 1, état a, îlot III. Vue au premier plan de la première maison recoupée par l’entrepôt de la phase 2A

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Phase 1 état B (fig. 43)

    111Au cours de la phase 1 état B, les terrains de Lafayette firent l’objet d’une urbanisation concertée, marquée par la création de rues délimitant des îlots quelque peu irréguliers mais dans lesquels des maisons modestes furent édifiées sur un modèle similaire repéré au moins deux fois dans l’îlot III. Les constructions de cette phase sont caractérisées par des sols en terre et des murs à base de pierres calcaires liées à l’argile rouge surmontée d’une élévation en terre crue (fig. 41). Des îlots se dessinent : îlot II séparé de l’îlot III par la rue B et îlots II-III séparés de l’îlot IV par la rue C. La rue C, au sol de gravier creusé d’ornières, était alors bordée par un trottoir large d’une cinquantaine de centimètres. Dans l’îlot III, les vestiges ont été en partie préservés par les remblais des entrepôts de la phase 2 mais le site antique a été totalement détruit par les remparts modernes à une vingtaine de mètres à l’ouest de la rue B.

    Fig. 41. Les constructions de cette phase sont caractérisées par des murs à base de pierres liées à l’argile surmontée d’une élévation en terre crue et des sols de terre

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 42. Toulon, Lafayette, Les Ferrailleurs, plan état 1, état A

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 43. Toulon, Lafayette, Les Ferrailleurs, plan phase 1, état B

    (DAO J.-P. Brun).

    Ilot II

    112Dans l’îlot II, les vestiges de la phase 1 état B sont mal conservés. Il semble avoir été occupé par deux habitations séparées dont les façades occidentales ont été ensuite détruites pour rectifier la rue lors de la phase 2A.

    113La maison II,1 comprenait au moins deux pièces (2 et 11) et une cour (3). La cour s’étendait jusqu’au mur 9A, au mur 6 et au nord jusqu’au mur 18 (fig. 44, 46). Ce dernier est très dégradé mais il est possible qu’il se prolonge jusqu’au tronçon de mur 14 qui est dans son alignement. Le sol de la cour était recouvert d’une épaisse couche de charbons de bois et de cendres (Us312-314). La pièce 11 ouvrait à l’est par un seuil large de 2 m pavé de tuiles ; elle s’appuyait sur un mur de clôture qui a été détruit et remplacé lors de la phase 3 par le mur 4B (fig. 45). La pièce 2 qui n’était probablement qu’un appentis ouvrant sur la cour comportait un puits (puits 222) profond de 3,30 m. D’un diamètre de 1 m environ, il présentait à la base un élargissement à 1,10 m et possédait à mi-hauteur (à 1,08 m du fond) une cavité profonde de 0,60 m permettant de prendre appui pour monter et descendre. Le comblement (Us214 à 218) a livré un abondant matériel (sigillées sud-gauloises et africaines, céramiques à paroi fine, amphores gauloises).

    Fig. 44. Ancienne école Lafayette, plan détaillé de la maison II, 1 et emplacement de la coupe 1

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 45. Ancienne école Lafayette, pièce 11 de l’îlot II

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 46. Ancienne école Lafayette, coupe 1

    (DAO J.-P. Brun.)

    114Dans la partie sud du terrain s’étendait une seconde maison (II,2) apparemment assez vaste mais mal connue car gisant sous les murs et les sols des états postérieurs (fig. 47). Dans la pièce 34, on peut attribuer le premier sol Us3424 à cette phase : il est lié à un premier état du mur 57 (M57C) en partie conservé sous le mur 57A-B de la phase 2A, notamment dans les zones où ce dernier est détruit et le laisse entrevoir ; il s’agit, comme dans les autres constructions de cette phase, d’un mur en pierres sèches. Le sol 3424 était couvert d’une couche d’occupation (Us3423) formée de terre grasse et cendreuse contenant des panses d’amphores gauloises.

    Fig. 47. Ancienne école Lafayette, plan de la maison II,2

    (DAO J.-P. Brun).

    115Dans la pièce 46 se trouvait un atelier de travail du fer. Les premiers niveaux sur le substrat associent une fosse (Us4619) remplie de pierres, de charbons de bois et de scories de fer à un sol Us4614 lié aux murs 77 et 79.

    Ilot III

    116Les habitations de l’îlot III sont mieux conservées et comprennent quatre unités indépendantes.

    117Les maisons III, 2 et 3 paraissent édifiées sur un plan similaire : on y accédait par un couloir ouvrant sur la rue B et débouchant dans une cour autour de laquelle s’ordonnaient les pièces d’habitation (fig. 48, 49).

    Fig. 48. Ancienne école Lafayette, plan de l’îlot III

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 49. Ancienne école Lafayette, coupe 4

    (DAO J.-P. Brun).

    118Au nord-est de l’îlot s’étendait la maison III,2. Limitée par les murs 307 (et 312 ?), 317, 326 et 338, elle s’étendait sur un espace de 15,20 m du nord au sud par 16,50 m d’est en ouest. Le mur 319 s’appuyait contre le mur ouest de la maison III, 1 (M338 de l’état 1A) (fig. 50).

    Fig. 50. Ancienne école Lafayette, vue générale de la maison III,2

    (Photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    119La maison ainsi définie comportait une entrée 111 débouchant sur la cour 115 mesurant 9 m de largeur pour une longueur supérieure à 11 m. Sur la cour ouvrait la pièce 108-109 qui communiquait avec la pièce 101A par un seuil large d’un mètre. La pièce 102A pouvait ouvrir directement sur la cour. Le porche d’entrée 111 était assez large (2,70 m) pour permettre le passage de charrettes ; il était doté d’un caniveau (328) évacuant les eaux de pluie et les eaux usées de la cour vers la rue B. Les sols étaient constitués du substrat aplani sur lesquels quelques tessons de céramique, une monnaie de Marseille et un as de Claude ont été découverts (Us10805).

    120La pièce 101A abritait le bassin 377, enduit de mortier de tuileau, mesurant 1 × 0,85 m (fig. 51). Doté d’une petite cupule centrale, il pourrait s’agir de la cuve d’un petit pressoir (plutôt à huile car de petite dimension) qui aurait disparu totalement à cause de l’arasement des vestiges.

    Fig. 51. Ancienne école Lafayette, bassin 377 dans la pièce 101a de la maison III,2

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    121La maison III, 3 mesurait environ 13,80 m de large pour une longueur supérieure à 18 m (la partie ouest est détruite). Comme la précédente, elle comportait une entrée 114 débouchant sur une cour 117. Sur la cour ouvraient les pièces d’habitation 112, 113 et 116. On pénétrait dans la cour 117 par le porche 114 disposé similairement à l’entrée 111 mais d’une moindre largeur (2 m). La cour (8,80 par plus de 8 m), au sol de terre, était dotée de deux puits (puits 371, 376) : ils n’ont probablement pas fonctionné en même temps, mais nous n’avons pas pu déterminer un ordre d’usage, le matériel de leur comblement étant similaire.

    122Au nord de l’accès 114 se trouvait une première pièce 113 au sol de terre puis une seconde 112 dont le sol était surcreusé (fig. 52). Ce creusement mesure environ 3,60 × 3,40 m, pour une profondeur de 0,30 m par rapport au sol environnant. La couche argileuse qui tapissait le fond (Us10825 = 20-082546) montrait un foyer lenticulaire en surface ; elle a livré de la sigillée italique (marque Cn.Atei) et sud-gauloise (marque Of Mommo). Cette couche contenait aussi 22 pesons dont l’accumulation indique probablement l’existence d’un métier à tisser dans cette pièce. La couche suivante (Us10824) correspond à un second sol d’argile de cette même phase, puis lors de l’état 1C, la partie surcreusée fut remblayée par une couche de pierres calcaires et de schiste vert (Us10823) pour établir le sol 10819.

    Fig. 52. Ancienne école Lafayette, surcreusement du sol de la pièce 112 de la maison III,3

    Une image contenant sol, noir et blanc, plein air, nature Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    123Au sud de la maison III,3, s’étendait un espace non bâti (123) dont le sol (Us12304) a livré des pesons empilés dans une panse d’amphore (trois piles de quatre pesons). Cette découverte porte à 101 le nombre de pesons trouvés dans les couches de la phase 1. Une telle concentration semble indiquer que des tisserands habitaient dans le quartier.

    124À l’espace 123 succédait un bâtiment III,4 situé à l’angle des rues B et C (fig. 53, 55). La salle 130, mesurant 11 × 7 m, était précédée par un portique ouvert sur la rue C formé de deux antes (dont un conservé : M361) et de deux poteaux de bois cylindriques reposant sur des dés de pierre (l’un est conservé : 360) (fig. 54). Sous le portique se trouvait la fondation d’un aménagement dont le plan en L (M357) est analogue à celui des comptoirs maçonnés comme on en connaît à Pompéi, à Ostie et à Olbia (fig. 56). Ces dispositions et l’emplacement de la maison à un carrefour laissent penser que ce bâtiment était une taverne où l’on débitait des boissons et probablement de la nourriture. Les aménagements de la phase 2 état B amélioreront son confort sans changer sa destination. L’espace entre le mur nord du bâtiment III,5 (M355) et le mur 354 pourrait être une arrière-salle (ultérieurement transformée en deux pièces) mais l’état de conservation du mur 355 ne permet pas de savoir s’il comportait un seuil à l’endroit où le couloir 127 sera aménagé durant l’état B de la phase 2. Il pourrait aussi s’agir d’une remise ou d’une écurie.

    Fig. 53. Ancienne école Lafayette, plan de l’îlot III, maison III,4

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    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 54. Ancienne école Lafayette, îlot III, Phase 1B, bases de pilier en avant du bâtiment III.4

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    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 55. Ancienne école Lafayette, coupe 5

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    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 56. Ancienne école Lafayette, îlot III, phase 1B, fondation du comptoir maçonné sous le portique de l’auberge III,4

    Une image contenant ciment, sol, Matériau composite, nature Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Ilot IV

    125Dans cet îlot, quelques murs plus anciens que la construction de l’ensemble IV,1 au cours de la phase 2 ont été décelés : les murs 160, 102A et 82. Ils sont trop isolés pour dessiner un embryon de plan. Les constructions devaient s’étendre jusqu’au rivage, dont nous ne connaissons pas l’emplacement dans ce secteur, du fait de la présence du Stade Mayol.

    Phase 1 état C (fig. 57)

    Fig. 57. Ancienne école Lafayette, phase 1, état C

    (DAO J.-P. Brun).

    126La phase 1 état C voit quelques modifications.

    Ilot II

    127Dans la maison II,1, on ne décèle aucun changement. Dans la maison II,2, l’atelier de métallurgiste de la pièce 46 continua de fonctionner : une banquette édifiée en pierres et argile (M78) fut construite en réutilisant la partie ouest du mur 79 et en détruisant sa partie est (structure en pierres Us4616 recouverte par le sol Us4615 puis par la couche de cendres et de scories de fer Us4611). Dans la partie nord de la pièce qui n’était pas encore limitée par les murs 50 et 48, se trouvait une fosse circulaire 256 profonde de 0,90 m par rapport à la banquette et la couche 4611 ; cette fosse (peut-être un puits ?) passait sous les murs 50 et 67 qui furent construits sur son comblement de pierres (Us4610). Au sud, la banquette était liée au sol 4614 qui était creusé par une tranchée aux bords irréguliers longue de 3,40 m et large de 0,60 m. La tranchée était remplie de charbons de bois et de scories de fer (Us4613) (fig. 58) La présence de scories de fer et la configuration de la banquette font penser à une forge. On a envisagé que la fosse (ou le puits ?) 256 ait servi de bassin de trempe mais aucun dépôt ferrugineux n’a été trouvé au fond de son comblement.

    Fig. 58. Ancienne école Lafayette, phase 1, état C, îlot II, maison II.2, ­aménagements de l’atelier de métallurgiste de la pièce 46

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    128Plus au sud, la pièce 56 a livré deux sols qu’on peut attribuer à cette phase (Us5606 et 5607) ; la seconde couche, très charbonneuse, contenait des scories de fer et semble en rapport avec la forge de la pièce 46.

    129Dans la partie sud de la maison, un portique donnant au sud sur une cour fut construit au cours de la phase 1 état C : il en subsiste un pilastre engagé à l’extrémité du mur 91 et deux bases de piliers en pierre (96 et 183). Il devait se poursuivre vers l’est mais ce secteur a été détruit lors de la construction de la voie de chemin de fer en 1937.

    Ilot III

    130Dans la maison III,2, le mur nord a été refait (M309) lors de la phase 1 état C car il présente un décrochement à la jonction entre les murs 307 et 308 ; il pourrait avoir remplacé le mur 312 dont seul un tronçon aurait subsisté (fig. 59). Dans la pièce 102, une réserve de tuiles fut déposée contre le mur 309 (Us10209). La pièce 103A forme un couloir limité par les murs 310, 312 et 314 à l’ouest et par les murs 311, 313 et 315. Il semble que la maison ait été dotée alors d’une entrée secondaire, piétonne, permettant d’accéder à l’espace vide situé au nord (espace 21).

    Fig. 59. Ancienne école Lafayette, phase 1, état C, îlot III, maison III.2 recoupée par les fondations des constructions postérieures

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    131Dans la maison III,3, les sols de terre furent refaits (Us10818 = 11218 et 11318). La pièce 113 fut intérieurement embellie par des enduits de chaux plaqués sur les murs de pisé à base de pierres. Bien que son état de conservation soit très mauvais, il semble que la pièce 116 ait aussi été transformée de la même manière.

    132Le bâtiment III,4 n’a pas connu de changement enregistré par la stratigraphie.

    Ilot IV

    133Nous n’avons pas de certitudes sur d’éventuelles évolutions survenues dans l’îlot IV. Tout au plus peut-on penser que la partie occidentale du mur 102 qui limite l’îlot au nord pourrait avoir été édifiée à cette période.

    Phase 2

    134La phase 2 marque une mutation dans l’urbanisme survenue dans la première moitié du iie siècle. Les îlots qui avaient été construits progressivement furent rebâtis de façon plus rigoureuse. Sans qu’on puisse assurer que ces transformations soient toutes exactement contemporaines, elles participent d’un projet global. Les deux principales caractéristiques de ces constructions résident dans une tentative générale de régulariser le plan des îlots et dans l’emploi presque systématique de l’opus caementicium, jusqu’alors très peu utilisé. La volonté de rectifier les alignements est nette dans la voirie : la rue B, à l’origine un peu sinueuse, fut élargie, les anciennes maisons étant détruites ou leurs façades reculées. De nouvelles façades linéaires et presque parallèles furent édifiées, tandis que la chaussée était complètement refaite. Les rues, aux chaussées empierrées, étaient bordées de trottoirs et la rue B comportait dans sa partie basse un égout. Dans la partie sud de la rue D, un sondage a montré que la rue avait été créée, lors de la phase 2A, sur un secteur gagné sur le rivage (remblais de pierres et de fascines formées de sarments de vigne).

    Phase 2 état A (fig. 60)

    Fig. 60. Ancienne école Lafayette et Butte des Ferrailleurs, phase 2 état A

    (DAO J.-P. Brun).

    Ilot I (fig. 61, 62)

    Fig. 61. Butte des Ferrailleurs, îlot I, plan 1 :200

    (d’après relevés de terrain de M. Pasqualini, DAO J.-P. Brun).

    Fig. 62. Butte des Ferrailleurs, vue générale de l’îlot I

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    135Au cours de la phase 2A, un nouvel îlot, dénommé I, fut construit dans la partie orientale du terrain fouillé (secteur dit “des ferrailleurs” : espaces 201, 202, 203, 204, 205, 206, 207, 209 211, 212, 213, 214 ; Us20546, 20547, 20117, 20116, 21103).

    136Malgré la petite superficie dégagée, nous avons pu constater que les constructions, presque systématiquement spoliées, étaient de plan régulier et appartenaient à une habitation. Les pièces 201, 202 et 203 ouvraient sur un espace à l’air libre 205 ; d’autres pièces très arasées s’étendaient vers le sud. L’orientation des murs, qui diverge de celle des îlots donnant sur la rue B, se retrouve dans la partie orientale des pièces de l’îlot II. Elle pourrait être liée à celle d’une rue située entre les îlots I et II qui aurait été détruite par la construction de la voie ferrée en 1937.

    137La pièce 201, incomplètement dégagée, était délimitée au nord par le mur 405, à l’ouest par le 406, au sud par le 407 (fig. 63). Un seuil 441 était aménagé dans le mur 407. Le piédroit avait été arraché. Les murs 405 et 407 étaient bâtis de la même façon : double parement de pierres sèches avec blocage interne. Le mur 406, moins large que les précédents, 0,40 m au lieu de 0,50 m, était bâti à la chaux. Son mode de construction, double parement sans blocage ou simples pierres en boutisse, évoque une cloison. Un enduit de chaux, grossièrement lissé et d’épaisseur irrégulière recouvrait les murs à l’intérieur. Il s’arrêtait au niveau de la surface Us20108.

    Fig. 63. Butte des Ferrailleurs, îlot I, coupe 11 nord-sud des pièces 201 et 204, entre les murs 405 et 418

    (d’après relevés de terrain de M. Pasqualini, DAO J.-P. Brun).

    138La pièce 202 avait été en partie détruite par une fosse creusée récemment (fig. 64). Elle était limitée à l’ouest par le mur 409 à double parement, au nord par le mur 405 totalement arraché, à l’est par le mur 406 décrit plus haut et au sud par les murs 407 et 408 à double parement liés à la terre. Ils encadraient le seuil 440 détruit par une fosse ultérieure. La pièce était traversée par le caniveau 417 dont le fond était tapissé de fragments de poteries, les côtés non enduits étaient formés de petites pierres bâties à la chaux, ainsi que des fragments de tuiles et de dolium.

    Fig. 64. Butte des Ferrailleurs, îlot I, pièce 202 vue du nord

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    139La pièce 203, incomplètement fouillée, était limitée à l’ouest par le mur 411 fondé profondément mais totalement spolié, au sud par les murs 410 et 408 à double parement liés à la terre. Ces deux derniers murs délimitaient le seuil 439. Le sol d’utilisation 20302 était contemporain du mur 409.

    140L’espace 204 était limité à l’ouest par le mur 412 et son large radier dans lequel étaient remployés de nombreux éléments de construction, au sud par le mur 418 à double parement avec appareil régulier et blocage interne bâti à la chaux, au nord par la pièce 201.

    141L’espace 205 était ceinturé à l’ouest par le mur 411, au sud par les murs 415 et 418, à l’est par le mur 412, au nord par les murs 407, 408, 410, déjà décrits ou spoliés (fig. 65). À différents niveaux apparaissaient des pierres servant probablement de bases de piliers rudimentaires (413, 414, 434, 427, 429, 435 et 428). La structure 426 semble être la fondation d’un four domestique : il n’en subsistait qu’une surface rubéfiée limitée à l’ouest par un muret de fragments de tegulae qui s’appuyait sur le mur 408, à l’est par la paroi du caniveau 417. Ce dernier débouchait dans la tranchée 442, creusée en partie dans le substrat et aboutissant à l’ouest au puits 421 qui n’était pas parementé (fig. 66). Deux murets ( ?) liés à l’argile jaune (M424 et 425) venaient s’abuter contre le mur 415.

    Fig. 65. Butte des Ferrailleurs, îlot I, pièce 205 vue du sud

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 66. Butte des Ferrailleurs, îlot I, coupe 14 de la pièce 205, entre les murs 410 et 415

    (d’après relevés de terrain de M. Pasqualini, DAO J.-P. Brun).

    142L’espace 206, apparemment une cour ou une aire de service ouverte, n’a pas été entièrement fouillé. Seul un puits (422), et une fosse (443), ont pu être dégagés. On ne connait que les limites sud et est. Au sud, le mur 415, conservé en fondation, présentait un double parement et blocage interne lié à la chaux. À l’est le mur 411, totalement spolié, était apparemment de construction identique au mur 415. Le puits 422 et la fosse 443 ont certainement été utilisés lorsque les murs 411 et 415 étaient debout mais leur comblement est tardif.

    143Les espaces 212, 214 et 215 n’ont pas été fouillés. Dans les pièces 205, 207, 209, 211 et 213 les murs 411, 430, 433, 434, 445, 435 et 437 étaient spoliés. Pour autant que l’on pouvait encore l’observer, les murs 430, 433, 434, 435 et 437 s’accolaient aux murs 411 et 415 qui semblent plus anciens. Les murs 431 et 444 qui délimitaient la petite pièce 214 étaient accolés au mur 434. Les murs 430 et 431 étaient les seuls à être en partie conservés. Le mur 430 était construit avec un double parement et un blocage interne lié à la chaux. Le mur 431 était construit à partir d’éléments de récupération (fragments de tuiles, d’amphores) liés à la chaux. Dans la pièce 207, deux fosses creusées dans le substrat et un foyer (432) qui les couvrait en partie, ont été fouillées. Le foyer était aménagé dans une section de dolium et sa sole était tapissé de fragments de même nature (fig. 67).

    Fig. 67. Butte des Ferrailleurs, îlot I, pièce 207, foyer 432 construit avec des fragments de dolia

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Îlot II

    144Dans la partie nord de l’îlot II, on ne sait si la maison II,1 était encore occupée car on n’a que peu de vestiges de cette époque du fait de l’arasement des structures dans cette partie haute du terrain. Il ne subsiste plus en effet que des lambeaux de sols et des fosses dans la zone 3-4-30 (où sera installé un portique lors de l’état 3). Deux grandes fosses (217-218 et 219) ont été creusées pour une raison inconnue de part et d’autre du mur 6 préexistant mais encore en élévation : elles ont été retrouvées comblées d’une grande quantité d’amphores gauloises, de gravats et de scories de fer (Us303-308-309).

    145Il est donc probable que, dès cette époque, cette partie de l’îlot ait été unie à l’ensemble II,2 qui était occupé par un marchand de vin : les fosses remplies d’amphores gauloises pourraient correspondre à des rejets de conteneurs usagés et cassés.

    146La partie méridionale de l’îlot est d’interprétation délicate. Elle était alors occupée par un vaste ensemble II,2 qui comportait plusieurs boutiques ouvrant sur la rue B (pièces 34, 46 47, 56, 59), une salle de stockage à piliers 14/44, une installation artisanale dans la pièce 51 et des pièces d’habitation, certaines pavées en opus signinum (pièces 38, 45). La façade sur la rue B était formée par un long mur M17 qui connut plusieurs phases suivant l’évolution du quartier ; construit en opus vittatum (M17A), il comportait, à l’origine, de larges ouvertures pour les boutiques ; ces baies furent ensuite bouchées (M17D), puis le mur fut doublé en phase 3 par le mur M17B supportant un aqueduc.

    Les boutiques (fig. 68)

    Fig. 68. Ancienne école ­Lafayette, phase 4, îlot II, maison II,2, coupe sud-nord le long du mur 17, de l’ancienne pièce 56 au nouveau bassin 6.

    Les reconstructions de la phase 4 sont indiquées en bleu

    (DAO J.-P. Brun).

    147À l’emplacement de la pièce 34 construite lors de la phase 2 état A, se trouvait une boutique caractérisée par son large seuil bouché en phase 3 (largeur : 2,85 m) (fig. 69). Le sol de cette époque (Us3421 en argile rouge, bien lissé, posé sur un hérisson de pierres Us3422) est en relation avec les murs de cette phase (M50). Comme la boutique 34 donnait accès à la pièce 14/44 qui était une salle de stockage d’amphores vinaires de Cnide à la fin de la phase, on peut émettre l’hypothèse qu’il s’agissait de la boutique d’un marchand de vin ou un débit de boisson (aucune trace de comptoir bâti n’a été repérée, mais un comptoir en bois est possible).

    Fig. 69. Ancienne école ­Lafayette, vue générale de la maison II,2 depuis l’ouest.

    On observe la boutique 34 et sa cave à vin 14/44. En haut à droite se trouve la pièce à abside 32 construite lors de la phase 4.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    148Immédiatement au sud se situait la boutique 46 au sol en terre (Us4609 qui reposait sur un remblai d’éclats de taille des blocs calcaires issus de la construction des murs de la pièce) (fig. 70). Caractérisée par son large seuil (2,65 m), cette boutique n’a livré aucun indice sur sa destination.

    149Au sud, reliée par un seuil ouvert dans le mur 70, se trouvait une autre boutique (pièce 47) limitée par les murs 67, 70 et 86 (fig. 70). Les sols, formés d’une succession de lentilles de sable, de cendres et de fins remblais (Us4706 à 4710) témoignent d’une longue utilisation mais n’ont pas livré d’indice autorisant son attribution à une activité précise. Tout au plus remarque-t-on deux foyers (Us4707 et 4708). Cette boutique était reliée par une ouverture dans le mur 67 à la pièce 51.

    Fig. 70. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2.

    Vue depuis l’est des pièces 46 et 47.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    150La boutique 47 était suivie par la pièce 56 (limitée par les murs 86, 91 et 94) qui pourrait avoir été un espace de rangement.

    151À l’angle de l’îlot, la boutique 59 utilisait une partie de la cour de la phase 1C alors fermée par une cloison (M92) s’appuyant sur le pilier 183. Le seuil de la boutique est large de 2,80 m. Sa destination reste inconnue.

    Les arrière-boutiques

    152À l’est de la rangée des boutiques se trouvaient des pièces de service et de stockage. Une première rangée de pièces 7, 53, 48, 51 et 57 correspond à des arrières-boutiques aux sols de terre, sans aménagement particulier sauf la pièce 51. Les sols en terre battue sont parfaitement plans et lisses comme par exemple celui de la pièce 48 (Us4804). Cette dernière était reliée à la pièce 51 limitée par les murs 67, 72 et 70 ; elle est divisée en deux par une mince cloison 74 (ép. 0,15 m) (fig. 71). Au nord de la cloison s’étendait un sol en terre battue et au sud, un sol en béton de tuileau (Us5104) (fig. 72). Ce dernier comportait un bourrelet en arc de cercle divisant la pièce longitudinalement. Le sol de partie ouest et nord-ouest de la pièce présentait une pente aboutissant à un cuveau 215 mesurant 0,90 × 0,45 m pour une profondeur de 0,50 m. La partie sud de la pièce a été détruite lors de la construction d’une cuve ou citerne (pièce 50) au moment des travaux de la phase 4, effaçant tout indice dans cette zone. Il ne s’agit pas d’une fullonica47 car le cuveau n’était pas bordé de murets permettant au foulon de s’appuyer pendant le foulage48. Le cuveau situé au bas d’une pente était destiné à recueillir un liquide49. L’installation ne comportait aucun bassin de rinçage. L’hypothèse d’une foulerie étant définitivement écartée, doit-on envisager qu’il s’agit d’une petite installation de foulage de raisin pour faire du vin ? Le contexte, une maison et des boutiques probablement occupées par un marchand de vin, s’y prêterait. Toutefois, les vestiges ne correspondent en rien aux fouloirs connus à cette période et nous n’avons pas trouvé de dolia destinés à la fermentation du vin50. Il n’y a donc pas d’explication évidente, mais le contexte suggère une hypothèse : cette salle aurait pu contenir des cuves de bois et le cuveau aurait pu servir à recueillir le vin lors de fuites. Des cuveaux analogues sont en effet connus dans les installations vinicoles d’Aquitaine51 et du Languedoc52. On pourrait objecter à cette hypothèse la relative précocité de l’installation qui remonterait à la première moitié du iie siècle ; toutefois, on sait que le tonneau s’est répandu en Gaule dès la seconde moitié du ier siècle avant J.-C. et Cicéron, rapportant que Pison allait ­acheter son vin à la cuve du marchand de vin, emploie le mot cupa qui désigne une cuve en bois, ou peut-être déjà un tonneau53.

    Fig. 71. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, plan et coupe des pièce 50 et 51

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 72. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, pièce 51, sol en béton de tuileau (Us5104) en pente vers le cuveau 215 et divisé en deux par un bourrelet nord-sud.

    La partie sud de la pièce a été détruite lors de la phase 4 par la construction de la cuve ou citerne 50.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    153Au sud de la pièce 51, la pièce 60 pourrait constituer une entrée à laquelle on accédait par un large seuil ouvrant sur la rue C et la pièce 57 devait faire la liaison entre l’entrée et les pièces 51, 47 et 56. Au sud, le mur 99 fut construit en empiétant sur la rue C : dénommé 61, il s’agit probablement du stylobate d’un portique formant la façade de l’îlot.

    Pièces de stockage

    154Une troisième rangée de pièces était située à l’est des précédentes. Elle comprenait les pièces 14-44, 54 et 58 (fig. 73). Ces deux dernières étaient arasées au niveau des fondations et leurs sols n’étaient pas conservés. La pièce 54 pourrait avoir été une cour donnant accès à la salle 14/44. Elle devait être bordée au sud par la pièce 58. Au sud, l’espace 73 était très détruit et difficilement interprétable. Les bases de piliers 187 et 188 ne sont connues que par leurs fondations ; nous ne sommes pas sûrs que ces piliers soient contemporains ni qu’ils soient attribuables à cette phase54.

    Fig. 73. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, phase 2A.

    Vue depuis le sud des pièces 14-44 et 54 en arrière des boutiques 34 et 46.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    155La pièce 14-44 est la seule bien conservée (fig. 74, 75). Mesurant intérieurement 8,10 × 5 m, elle était ceinturée par quatre murs 9A, 35, 57 et 84 construits en même temps en opus caementicium à parement de petit appareil. Ces murs sont bordés intérieurement par une fondation maçonnée large de 0,80 m environ (61, 62, 63, 64). Cette fondation supportait dix bases de piliers maçonnés régulièrement espacés (sept sont conservés, les trois bases de piliers situés au sud étant détruites ; dimensions : environ 0,55 × 0,45 m). Au centre de la salle, un rectangle mesurant environ 6,60 × 3,50 m comportait deux autres piliers alignés sur ceux bâtis sur la fondation M61-63. Sur le sol de terre argileuse (Us1408) situé à l’altitude de la fondation débordante M61-64, nous avons pu repérer dans la partie nord de la pièce, seule préservée, les traces de trois alignements plus clairs, espacés de 0,75 m, correspondant à des aménagements disparus, probablement des compartiments ou étagères en bois (fig. 76). Le plan de la pièce avec la fondation débordante et les douze piliers s’explique par l’existence de voûtes couvrant la salle. La pièce 14-44 était donc un entrepôt voûté et doté de compartiments. Vers la fin du iie ou au début du iiie siècle, cette pièce était utilisée pour stocker une centaine d’amphores de Cnide. Cette fonction d’entrepôt d’amphores à vin pourrait remonter à la construction de cette pièce lors de l’état 2A. Tout le complexe pourrait être lié au commerce d’import-export et de détail du vin. Un entrepôt analogue, plus ancien de près d’un siècle, a été découvert à Olbia55.

    Fig. 74. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, pièce 14/44 : cave à vin (phase 2), remplacée par la suite par un four à pain (phase 3) et flanquée du four 250 (phase 3)

    (DAO J.-P. Brun)

    Fig. 75. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, pièce 14/44 (phase 2) et four à pain 31 (phase 3)

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 76. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, pièce 14/44, phase 2 A.

    Dans la partie nord de la pièce, trois bandes parallèles, espacées de 0,75 m, correspondent à des aménagements disparus, ­probablement des compartiments en bois.

    (photo J.-P. Brun/­M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 77. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, pièce 14/44, phase 2 A.

    Dans la partie nord de la pièce, trois bandes parallèles, espacées de 0,75 m, correspondent à des aménagements disparus, probablement des compartiments en bois.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    156Le mur 35, d’orientation nord-sud, divise l’ensemble des bâtiments : en effet les pièces situées à l’est de ce mur ouvraient vers l’est, probablement sur une cour ou une rue détruite par les travaux de la voie ferrée. Cet ensemble comprend les pièces 35, 36, 37, 38, 43 et 45 dont les sols sont constitués d’une dalle en opus signinum et la pièce 33-55, au sol de terre (fig. 77). Les pièces aux sols en opus signinum ont leurs murs recouverts d’enduits arasés au niveau des sols. Il s’agit de pièces d’habitation, pour la plupart des chambres. On accédait à la pièce 36 depuis la pièce 35 par une porte ménagée dans le mur 37, et de même dans la pièce 35 par une porte donnant sur la pièce 37. Les pièces 38 et 45, en grande partie détruites par les travaux de construction de la pièce 32 lors de la phase 4, ouvraient aussi sur l’espace 37 ou son prolongement. La pièce 43 était bâtie en saillie par rapport au mur 9A remontant à la phase 1B ; son orientation diverge de ce dernier mur et elle est conforme à celle des pièces situées plus au sud ; il est vraisemblable qu’elle ouvrait aussi sur la pièce 37 qui pourrait être un portique, mais cette zone fut presque totalement détruite lors de la construction de la voie ferrée. Si la pièce 37 était une galerie, l’ensemble des pièces d’habitation borderait une cour ou un jardin situé au sud-est. La pièce 33-55, au sol en terre, fut très endommagée lors de la construction de la pièce 32 lors de la phase 4. Il n’est pas exclu qu’il s’agisse d’un espace découvert donnant de la lumière aux pièces 54, 36 et peut-être 38 et 45.

    Ilot III (fig. 78, 79)

    Fig. 78. Ancienne école Lafayette, îlot III, plan restitué de l’entrepôt III,5

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 79. Ancienne école Lafayette, vue d’ensemble de l’îlot III à l’ouest de la voie B

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    157Dans l’îlot III, la phase 2 état A fut marquée par l’arasement des maisons III,1, 2 et 3 pour laisser la place à un vaste ensemble d’entrepôts (III,5), très bien construit mais seulement conservé en fondation (opus caementicium coulé dans des tranchées profondes de 0,60 m en moyenne par rapport au niveau conservé et atteignant partout le substrat fait de cailloutis consolidés). Les élévations des murs, les sols et la partie occidentale des bâtiments de cette phase ont été détruits lors des terrassements préalables à la construction des remparts modernes. L’ensemble a été édifié d’un seul bloc après le règne de Trajan : le comblement des tranchées de fondation du mur 304 a livré en effet trois monnaies de bronze, une d’Auguste, l’autre au nom de Germanicus et la troisième de Domitien dans l’Us10204 ainsi qu’un as de Trajan frappé après 106, associé à une coupe Hayes 3A en sigillée claire A dans l’Us10302.

    158Trois corps de bâtiments étaient disposés autour d’une vaste cour centrale (120) mesurant 19 m de largeur pour une longueur inconnue. On accédait à la cour par au moins deux entrées. Une d’elles (109), ouvrant sur la rue B, devait être dotée d’un portail dont rien n’a subsisté. L’autre, probablement l’entrée principale de l’entrepôt (133), ouvrait au nord sur un espace 110 qui semble n’avoir été limité que par un muret 378 de grosses pierres calcaires bordant la chaussée de la rue B vers l’ouest. Le bâtiment est complet vers l’est : le mur 337 possède deux angles ; si l’entrée 133 se trouve au centre du complexe, il faut restituer un bâtiment symétrique s’étendant vers l’est.

    159Au nord de la cour se trouvait un bâtiment III,5A comprenant quatre pièces (101, 102, 103, 105-107) et mesurant 20,45 × 8,95 m (soit 69 × 30 pieds). Trois d’entre elles sont allongées et une carrée (pièce 101 : 7,80 m de côté à l’intérieur).

    160À l’est de la cour s’étendait un bâtiment III,5B mesurant 21,40 × 11,70 m (soit environ 72 × 40 pieds), divisé en deux par une file axiale de dés de maçonnerie. Ces fondations mesurent environ 1,20 × 1 m ; elles formaient la base de piliers supportant la toiture ou un premier étage56.

    161Au sud de la cour, un bâtiment III,5C, plus étroit (largeur : 6,20 m), s’étendait vers l’ouest mais il fut détruit par les remparts modernes à six mètres du bâtiment III,5B.

    162Des entrepôts de ce type sont connus dans tous les ports maritimes et fluviaux, les plus emblématiques étant ceux de Rome, d’Ostie57 et de Vienne (Rhône)58. L’absence de murets supportant les sols, comme on peut en voir à Ostie et à Toulon même dans les entrepôts de l’îlot des Riaux, indique qu’il ne s’agit pas d’entrepôts pour les céréales. La disparition des sols nous prive de toute indication sur leur destination, mais le vin est une possibilité car Telo Martius était à l’interface entre l’arrière-pays essentiellement viticole aux iie et début du iiie siècles et les trafics méditerranéens.

    163Dans la partie sud de l’îlot, le bâtiment III,4 semble avoir continué de fonctionner jusqu’à la phase 2 état B sans changement notable par rapport à la phase 1 état C.

    Ilot IV (fig. 80)

    Fig. 80. Ancienne école Lafayette, plan de l’ îlot IV, phase 2, état A

    (DAO J.-P. Brun).

    164Au cours de la phase 2 état A, les constructions de la phase 1états B-C (retrouvées très lacunaires) ont été arasées ou intégrées dans un complexe comportant des thermes décorés de mosaïques et une grande cour.

    165Par une porte donnant sur la rue C, on entrait dans l’espace 66 et par lui dans les espaces 69-72-89 aux sols en opus signinum. La pièce 89 comptait au moins une colonne en maçonnerie stuquée et peinte en rouge (177) (fig. 81). L’espace 71, au sol en opus signinum, correspond à un impluvium relié à l’égout 140 dallé de tuiles ; au niveau des pièces 77 et 82, le caniveau faisait un coude (égout 133) avant de se jeter dans le collecteur 195 qui recevait aussi les eaux de l’égout 174. Le collecteur 195 était un large canal creusé dans le substrat caillouteux ; il devait se déverser sur le rivage, dans la zone occupée aujourd’hui par le stade Mayol et donc inaccessible.

    Fig. 81. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 2, état A, détail de la pièce 89 avec la colonne 177

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    166Un petit couloir 87, en pente, mettait en communication la pièce 89 avec un ensemble thermal aux sols surélevés59 (fig. 82, 83). On pénétrait par un seuil en pierre dans le frigidarium 83 couvrant environ 21 m2 (5,70 × 3,70 m). Son sol était recouvert d’un pavement en mosaïque retrouvé dégradé et réparé en plusieurs endroits (fig. 84). Le tapis central était blanc entouré d’une bordure noire. La mosaïque fut une première fois restaurée dans l’Antiquité avec des tesselles blanches semées au hasard de tesselles noires. Plus tard, les parties les plus usées, devant le seuil, furent remplacées par des plaques de marbre provenant du décor des salles thermales. Ces réfections ne sont pas datées et ont dû s’échelonner sur une longue période ; elles sont probablement attribuables aux phases 3 et 4.

    Fig. 82. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 2, état A. Plan des thermes

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 83. Ancienne école Lafayette, coupe 10 ouest-est au sud de l’îlot IV, de la voie D à la pièce 74

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 84. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 2, état A, mosaïque du frigidarium 83

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    167Au nord du frigidarium se trouvait une baignoire froide 84 aux parois et au sol enduits de béton de tuileau formant une petite natatio. Sa longueur n’est pas connue car toute la partie est fut détruite à une époque indéterminée ; on peut émettre l’hypothèse qu’elle ne se prolongeait pas au-delà de l’alignement du mur 131 car il existait, dans cette partie, un mur 129 non aligné avec le mur 138. À l’est du frigidarium, deux pièces sur hypocauste supporté par des pilettes de briques rondes correspondent à un tepidarium (pièce 80) et à un caldarium (pièce 81) (fig. 85). Ces deux pièces étaient chauffées par un praefurnium doté d’une chaudière reposant sur un massif maçonné. Un solium était probablement placé dans la partie sud de la pièce 81, au plus près du praefurnium 85. Les eaux usées des thermes étaient collectées par les égouts 140-133 puis 174.

    Fig. 85. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 2, état A, détail des thermes. Pièces sur hypocauste 80 et 81 et praefurnium 85

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    168Au nord-est des thermes, les pièces 63, 64, 65, 67 et 68 pourraient être des chambres. Elles comportaient des sols en terre, mais la pièce 63 reçut un sol en mortier de tuileau à un moment donné de son histoire (phase 2B ou 3 ?).

    169La partie méridionale du complexe était occupée par une cour au sol en terre battue 94-97-98 entourée de portiques périphériques dont les piliers de bois reposaient sur les dés de pierre 165, 166 et 168 (la quatrième base fut enlevée ultérieurement). La cour ouvrait au sud, sur une rue ou sur un quai, par une porte charretière large de 2,70 m et dotée de deux piédroits en grand appareil ultérieurement récupérés (171-172) (fig. 86). Le matériel des couches de fondation contient des céramiques datables de la fin du ier et du début du iie siècle.

    170La nature de ce complexe n’est pas assurée. Nous avons d’abord pensé à une demeure dotée de thermes privés et d’une cour de service. Mais rien dans le plan ne rappelle les demeures d’époque romaine ; la colonne et l’impluvium ne suffisent pas à faire un atrium. L’emplacement, près du rivage, à un angle de rue et face à une taverne (III,4), l’existence d’une grande cour à portiques pouvant accueillir des voyageurs et leurs montures, les thermes en position centrale qui font penser à de petits bains publics (accessibles par l’entrée 91-87 avant la construction de la pièce 88 et par la pièce 89), sont compatibles avec une interprétation comme auberge60. Cela expliquerait l’existence de plusieurs entrées : outre le portail charretier de la cour, on pouvait pénétrer dans le complexe par une porte donnant sur la rue D, au niveau de l’espace 75-91 qui pourrait être une petite cour et par une autre porte donnant sur la rue C au niveau de la pièce 66. Les pièces dotées de sol en opus signinum (69, 72 89) seraient des pièces de réception ou des salles à manger ouvrant sur l’impluvium 71. Quant aux chambres, elles pourraient se situer à l’est de la pièce d’entrée 66 (pièces 63, 64, 65, 67, 68) et/ou à l’étage. Le complexe rappellerait mutatis mutandis certains aspects des praedia de Iulia Felix à Pompéi où la propriétaire avait fait installer un restaurant et de petits thermes pour la clientèle61. On pourrait aussi rapprocher notre ensemble, certes modeste, du « caravansérail » de Martigny qui comprenait une vaste cour, des entrepôts, des salles de réception et des thermes62.

    Fig. 86. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 2, état A, thermes et cour à portique 98, accessible à partir de la voie C

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Ilot VI (fig. 87, 88)

    Fig. 87. Ancienne école Lafayette, vestiges très arasés d’une maison découverte à 70 m à l’ouest de l’îlot III.

    Détruite au xvie siècle lors de la construction du bastion Saint-Jean, il n’en subsistait qu’un bassin d’agrément mosaïqué ménagé dans le substrat.

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 88. Ancienne école Lafayette, îlot VI, plan de l’îlot VI

    (DAO J.-P. Brun).

    171Les vestiges très arasés d’une maison, supposée appartenir à un îlot VI, ont été mis au jour à l’ouest de l’îlot III, séparés de lui par une zone mesurant environ 70 m de largeur où les vestiges romains avaient été détruits au xvie siècle lors de la construction du bastion Saint-Jean. De cette habitation, il ne subsistait plus qu’un bassin, creusé dans le substrat (fig. 89). Ses murs étaient en opus caementicium et le fond était recouvert d’une mosaïque gris foncé unie mesurant 6 × 4,90 m. L’eau recueillie dans le bassin qui semble correspondre à un impluvium s’écoulait par un tuyau de plomb dans un réceptacle mesurant 0,85 × 0,75 m de côté, lui aussi pavé d’une mosaïque gris foncé unie (fig. 90). De ce bassin, un caniveau dallé de tegulae conduisait l’eau dans un collecteur également constitué de tuiles et couvert de dalles de pierres. En amont, le collecteur longeait le bassin et recevait sur sa gauche un tuyau en céramique évacuant l’eau d’un autre bassin totalement arasé. Le collecteur a pu être suivi sur une vingtaine de mètres en ligne droite ; au-delà, il avait été détruit par les travaux des fortifications. Il est probable qu’il devait déboucher sur le rivage distant d’une soixantaine de mètres. Aucun mobilier n’a été recueilli dans les fondations de cette structure qui devait former le centre d’une demeure relativement luxueuse. Son mode de construction permet toutefois de la dater du Haut-Empire.

    Fig. 89. Ancienne école Lafayette, îlot VI, impluvium

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 90. Ancienne école Lafayette, îlot VI, détail du déversoir de l’impluvium avec son tuyau de plomb

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Phase 2 état B (fig. 91)

    Fig. 91. Ancienne école Lafayette, Phase 2 état B, plan des vestiges

    (DAO J.-P. Brun).

    Ilot I

    172Les constructions de la phase 2A continuèrent d’être utilisées en phase 2 état B. Cette occupation est marquée par la présence de céramiques culinaires africaines de type Raqqada LIII, Hayes 196 et 197.

    Ilot II

    173Au cours de la phase 2 état B, la maison II,2 fut étendue vers le nord à l’emplacement de la maison II,1 qui avait été absorbée dès la phase 2, état A. On construisit alors un vaste portique « 3-4-8-15-30 » mesurant environ 6,50 m de largeur pour une longueur de l’ordre de 23 m. La partie est du portique et la partie ouest de la pièce 43 étant détruites, le raccord entre les deux n’est pas clair. Nous faisons l’hypothèse que le portique s’appuyait sur la pièce 43 construite lors de la phase 2A en saillie sur le mur 9A qui, lui, remonte à la phase 1B. Les piliers du portique reposaient sur six fondations maçonnées (no 7A à 7F) (fig. 92). Le portique ouvrait au sud sur un espace mesurant seulement 1,80 m de largeur.

    Fig. 92. Ancienne école Lafayette, phase 2 état B, maison II,2 extension nord de la maison II,2 par le portique « 3-4-8-15-30 »

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    174Peu de modifications eurent lieu lors de la phase 2B dans le reste de la maison. Dans la boutique 34, le sol fut nettement exhaussé par des remblais de pierres (Us3420 et 3418) séparés par une couche d’argile (Us3419). Le but était de rehausser le niveau du sol pour installer le caniveau 216 servant à l’évacuation des eaux usées. Ce caniveau comporte un avaloir en forme d’entonnoir vers lequel convergent les pentes du sol en mortier de tuileau (Us3416-17). Il semble donc que la pièce avait besoin d’être périodiquement nettoyée à grande eau, ce qui est compatible avec une boutique de marchand de vin débitant du vin à la cuve ou en tonneaux (fig. 93).

    Fig. 93. Ancienne école Lafayette, Îlot II, maison II,2, phase 2 état B, boutique 34 : sol avec caniveau d’évacuation des eaux usées 216.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    175Dans la boutique 46 dont le large seuil (2,65 m) était encore ouvert, un nouveau sol fut aménagé (Us4608 sur remblai Us4609) : il était recouvert de chaux et de lentilles de cendres.

    176Dans la pièce voûtée 14/44, un nouveau sol d’argile fut déposé (Us1405) sur un hérisson de pierres calcaires minutieusement exécuté (Us1406). La phase 2B a duré jusqu’au début du iiie siècle. Une centaine d’amphores de Cnide étaient entreposées dans la cave 14/44 (Us1404) lorsqu’une partie de la maison a brûlé dans le premier quart du siècle et ces amphores, qui devaient reposer sur des étagères, se sont écrasées sur le sol et ont subi l’action du feu (fig. 94)63. Le four à pain 31 fut construit sur la couche d’amphores cassées au cours de la phase 3. À l’état B de la phase 2, il faut aussi rattacher les Us3004, 3005, 3006 qui comblent la fosse 219 : elles contenaient de nombreux fragments d’amphores gauloises et des briques.

    Fig. 94. Ancienne école Lafayette, phase 2 état B, maison II,2, niveau d’incendie de la pièce 14/44 au début du iiie siècle

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Ilot III

    177Lors de la phase 2B, aucune transformation notable ne fut réalisée dans les entrepôts (ou du moins l’état d’arasement ne permet pas d’en déceler). En revanche, la maison III,4 fut remplacée par une nouvelle construction (III,6) aux murs en opus caementicium et aux sols en opus signinum. L’ensemble, très homogène, forme un bloc rectangulaire de 13,25 × 10,80 m. (fig. 95, 53, 54). Il ouvrait au sud sur la rue C par une vaste pièce (126-130-131) dotée d’une ouverture large de 4,30 m et dont le sol était bétonné (Us12605 reposant sur un hérisson de pierres Us12606). Cette pièce comportait un comptoir en L partiellement conservée de la structure antérieure (le M356 fut à moitié rasé et recouvert par le sol en béton Us12605 et le M357 fut intégralement conservé). Dans l’axe de la pièce s’ouvrait le couloir 127 au sol bétonné donnant accès à quatre pièces aux sols en opus signinum. Elles étaient disposées deux par deux de part et d’autre du couloir. Les deux pièces orientales 124 et 125 mesuraient 4,10 × 3,30 m intérieurement (fig. 96). Un seuil, conservé dans la pièce 124, a une ouverture de 1,20 m. À l’ouest, les pièces 128-129 étaient un peu plus étroites : 3,60 × 3,30 m. Bien qu’on n’en ait pas trouvé trace, l’existence d’un premier étage accessible par un escalier de bois est probable. Un tel escalier pourrait éventuellement prendre place dans la pièce 126.

    Fig. 95. Ancienne école Lafayette, îlot III, phase 2 état B, bâtiment III,6 ouvrant au sud sur la rue C

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 96. Ancienne école Lafayette, îlot III, bâtiment III,6, phase 2 état B, pièce 125 ; à gauche, pièce 124 et à droite l’angle nord-est de l’entrée 126/130/131

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    178L’égout 114 mis en place contre la façade est du bâtiment III.6, date de cette période (fig. 97). Cet égout, dallé en tuiles et bordé de murets, fut en effet coupé par l’égout 352 lors de la phase 4 et sa position stratigraphique montre qu’il est antérieur à l’égout 117 (le canal de fuite du moulin hydraulique de la phase 3) (fig. 98). Il devait évacuer les eaux de pluie tombant dans la cour 123, voire des eaux usées venant du bâtiment III,6. Quoi qu’il en soit, son origine fut détruite au nord par l’égout 112-352. La partie basse de la rue, au niveau du carrefour avec la rue C reçut alors un dallage de grandes plaques de calcaire (363) ; six dalles étaient conservées en place ; d’autres furent otées lors des travaux de construction d’un égout d’époque contemporaine traversant cette zone en diagonale. Il n’y avait pas de trace d’autres dalles au nord (dans la rue B) et au sud (dans la rue C).

    Fig. 97. Ancienne école Lafayette, îlot III, bâtiment III,6 et voie B, phase 2 état B.

    L’égout 114 le long de la façade est du bâtiment III,6. Le nouvel égout 107 (au centre) le remplace dans la phase 4.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 98. Ancienne école Lafayette, voie B, phase 2 état B, coupe 6 ouest-est de la voie entre la maison III,6 et la maison II,2, montrant les trois collecteurs en service durant la phase 2B (114) et les phases 3 et 4 (107 et 117).

    (DAO J.-P. Brun).

    179La largeur de l’ouverture sur la rue, la présence d’un comptoir en L et l’emplacement de l’édifice III,6 à un carrefour indiquent qu’il s’agissait, comme le précédent, d’une taverne. De la salle du bar, on pouvait, par le couloir, accéder à quatre pièces indépendantes qui devaient être garnies de lits et utilisées par des prostituées et leurs clients. La distribution de chambres depuis un couloir central est en effet courante dans les établissements construits en vue d’exploiter la prostitution, à Pompéi en VII 12, 18-20 et à Pouzzoles64. Une auberge implantée le long d’une route à Côme (Italie) présente un plan similaire : construite à la fin du ier siècle de notre ère, elle comportait une cuisine ouvrant sur la voie, une salle à manger latérale et un couloir axial donnant accès aux chambres (fig. 99)65.

    Fig. 99. Plan d’une auberge de la fin du ier siècle de notre ère, implantée le long d’une route à Côme (Italie), présentant un plan comparable à celui du bâtiment III,6

    (d’après Cecchini 2004).

    Îlot IV

    180Dans l’îlot IV, aucun changement ne semble attribuable à la phase 2 état B.

    Phase 3 (fig. 100)

    Fig. 100. Ancienne école Lafayette, phase 3, plan des vestiges

    (DAO J.-P. Brun).

    Ilot I

    181Aucune pièce de cet îlot ne reçut de sol en opus signinum. En revanche on note la présence de niveaux charbonneux indiquant la proximité d’activités artisanales. Les modifications dans les constructions et leur utilisation sont datées par des formes de sigillée claire A et de culinaire africaine de la deuxième moitié du iie siècle. La poursuite de l’occupation après la fin du iie siècle, est attestée par des sigillées claires B.

    Ilot II

    182Les transformations de la phase 3 sont nettes dans l’îlot II. Un incendie a ravagé une partie de la maison méridionale dans le premier quart du iiie siècle. Les ruines ont été ensuite déblayées et un ensemble artisanal comprenant une boulangerie et un moulin hydraulique a été édifié.

    183Dans la partie nord de l’îlot II, on ne décèle aucune transformation mis à part la reconstruction des murs 2 et 4B, ce dernier venant s’appuyer sur l’angle du mur 4A. À l’angle des deux rues A et B, la jonction des deux murs fut alors protégée par un ensemble de blocs verticalement plantés en terre de façon à former un chasse-roue (fig. 101). La construction ou reconstruction du mur fut causée par la nécessité de supporter un aqueduc dont on suit la trace sur les murs 4A et B et sur le mur 17B jusqu’à hauteur du mur 189 (fig. 102). La construction des remparts modernes a causé la destruction de la partie située au nord du mur 4A ; on ne sait donc pas comment l’aqueduc franchissait la rue A, probablement sur une arche.

    Fig. 101. Ancienne école Lafayette, îlot II, voie B, Phase 3.

    Chasse-roue aménagé à l’angle des rues A et B.

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 102. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2 et voie B.

    Plan des aménagements de la phase 3 : moulin hydraulique et four de boulanger.

    (DAO J.-P. Brun).

    184L’aqueduc amenait l’eau jusqu’au bassin 12 adossé aux murs 9B et 17A. Le bassin, revêtu de béton de tuileau, présentait des boudins d’étanchéité aux angles ; il mesurait 4,35 × 1,85 m pour une profondeur conservée supérieure à 1 m, donc une contenance supérieure à 8 m3 (fig. 103). Pour supporter la poussée latérale à l’ouest, le mur 17A fut renforcé de contreforts et les portes des boutiques 34, 46 et 59 furent bouchées. L’appareil du nouveau mur bouchant les ouvertures incluait des lits de tuiles, un procédé courant au iiie siècle (fig. 104). Au total, la largeur du mur 17A-B supportant l’aqueduc dépassait un mètre.

    Fig. 103. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, phase 3, bassin 12

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 104. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, phase 3, bouchage du seuil de la boutique 34 par un mur comportant un lit de réglage de tegulae

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    185Le canal d’amenée se poursuivait au sud du bassin 12 jusqu’à un massif de maçonnerie limité à l’est par le mur 189 accolé au mur 17B (fig. 105). La partie ouest de cette structure et la zone s’étendant au sud entre le mur 189 et l’avaloir 39 furent en partie détruites par des travaux ultérieurs. Il ne subsistait plus que l’avaloir 39, situé dans l’axe du massif 189 : il s’agit d’un réceptacle carré mesurant intérieurement 0,65 × 0,44 m qui devait être relié au caniveau 117 (la liaison est détruite). Ce caniveau 117 est tronqué au sud, au niveau de l’angle de l’îlot (angle des murs 17 et 127) par le caniveau 107-112 construit lors de la phase 4. On ne sait donc pas comment s’évacuaient les eaux du moulin, mais il est probable qu’elles étaient dirigées vers le grand collecteur 195 (pièce 74). Peut-être captait-il au passage les eaux de l’égout 117 ; on ne saurait l’affirmer car cette zone fut détruite par le grand égout contemporain coupant le secteur en diagonale. Une meule dormante de moulin hydraulique avait été jetée dans l’avaloir 39 : mesurant 0,65 m de diamètre, taillée dans un bloc de rhyolite, elle est perforée de part en part pour laisser passer le gros fer mettant en rotation la meule supérieure (fig. 106).

    Fig. 105. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, voie B, phase 3, vestiges du moulin hydraulique à l’ouest des boutiques 46 et 47.

    En bas à gauche de la photo, massif maçonné 189 marquant l’aboutissement du canal d’amenée au niveau du moulin disparu, suivi de l’avaloir 39 se déversant dans le collecteur 117 (en bas à droite de la photo).

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 106. Meule dormante du moulin hydraulique découverte dans l’avaloir 39

    (photo, dessin et DAO J.-P.-Brun).

    186L’ensemble de ces vestiges (aqueduc, massif maçonné où devaient se situer les vannes, avaloir de l’eau utilisée, renvoyée dans le canal de fuite 117 et meule dormante) s’explique par leur appartenance à un moulin hydraulique en partie détruit. La position de l’avaloir 39 et du massif 189 implique que la roue motrice verticale devait se situer entre eux : le diamètre de la roue pourrait avoir été de l’ordre de 3 m avec une alimentation à l’épaule. Le palier oriental de l’axe de la roue devait être scellé dans la partie du mur 17B qui fut probablement détruite ultérieurement pour récupérer le bloc. Le palier occidental devait se trouver dans le prolongement du massif 189 totalement arasé à cet endroit. Le puits d’engrenage n’est pas conservé. Il faut restituer une certaine élévation pour le moulin du fait du diamètre estimé de la roue : il est donc probable que la chambre de mouture du moulin se trouvait au niveau de la pièce 34 et que l’on y accédait grâce à une échelle de meunier, comme cela est courant.

    187La construction de ce moulin hydraulique destiné à produire de la farine s’explique par l’installation d’une boulangerie dans les pièces 34 et 44. Dans la boutique 34, un bassin 40 fut construit contre le mur 17B. Limité par les murs 51 et 59 et mesurant 1,45 × 0,75 m, le fond, revêtu de mortier de tuileau Us3407, reposait sur un hérisson Us3408 et un remblai de terre Us3409. Le bassin comportait une évacuation en partie basse limitée par deux tuiles verticales (fig. 107). Il se déversait dans un caniveau dont subsistait un long radier de 0,70 m de largeur et de 0,10 m d’épaisseur 3412. Son débouché n’est pas connu car il est détruit par le pilier du mur 52 construit lors de la phase 4. Le rôle de ce bassin pourrait être d’humidifier le grain avant de le moudre. Des bassins destinés à cet usage sont attestés dans les boulangeries de Pompéi66. Le sol Us3411-3413 correspondant au bassin était fait de terre recouverte de nappes de chaux.

    Fig. 107. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, phase 3. Vue du bassin 40 dans la boutique 34

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    188Un four de boulanger (31) fut construit à cheval sur les pièces 34 et 44 (fig. 75). Le mur 31-57 fut percé par une tranchée longue de 2,90 m, comportant un plan incliné aboutissant à un palier situé à 0,70 m sous le niveau de la sole du four. Les parois et le fond du couloir d’accès, large de 0,90 m, étaient enduits de béton de tuileau (Us3110) (fig. 108, 109) ; ce couloir permettait au boulanger d’enfourner ses pains à hauteur d’homme. À Pompéi, la sole des fours de boulanger est située à une hauteur moyenne de 0,80 m67 ; ici, c’est le sol de travail qui a été abaissé de façon à économiser des matériaux pour la construction du four et surtout afin d’utiliser la couverture formée par la voûte de l’ancienne cave à vin qui devait être encore intacte. Le four était construit sur la couche d’incendie contenant des amphores de Cnide (Us1404) et il englobait les piliers de la salle 44 ; il mesurait extérieurement environ 3 m de longueur et 2,60 m de largeur. Les parois étaient faites de pierres scellées par un mortier d’argile que les chauffes pour la cuisson des pains avaient rubéfié. Ces parois étaient extérieurement irrégulières : le noyau central 255 entourant la sole mesurait entre 0,30 et 0,80 m d’épaisseur ; il était conforté sur le côté nord par le pilier 254 (0,85 × 0,73 m) et sur le côté sud par le mur 46 (0,40 m de largeur). Les deux côtés du couloir d’accès étaient bordés par le mur 41 (0,50 m de largeur) et le mur 256 (0,25 m de largeur). La sole circulaire Us3107, mesurant 1,90 m de diamètre était constituée d’argile lissée et cuite ; elle recouvrait une couche de pierres disposées de chant et noyées dans l’argile ; ce hérisson de pierres Us3108 reposait sur le substrat caillouteux (fig. 110). La bouche du four était pavée avec un fragment de bord de dolium et deux pierres plates. Elle était couverte par un arc voûté dont les deux piliers nord et sud étaient conservés (0,35 × 0,25 m environ). Les murs latéraux du four se prolongeaient jusqu’au mur 31-57 dont le flanc ouest fut conforté par les murs 58 et 30. La sole de cuisson des pains était couverte par une coupole qui n’était pas conservée mais dont le départ était visible.

    Fig. 108. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, phase 3, four à pain 31 avec sa sole circulaire et son accès en pente enduit de béton (Us3110)

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 109. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, voie B, phase 3, coupe 3 ouest-est de la voie B à hauteur de la pièce 38 montrant le mur double 17A/B en façade, les bassins 12 et 6, le four à pain 31 et le four 33

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 110. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, phase 3, radier de la sole du four à pain 31

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    189Un second four, plus rustique, était implanté dans la pièce voisine (33) ; de forme rectangulaire, mesurant 2,50 × 1,70 m, il semble avoir comporté une sole soutenue par un pilier accolé au mur 36 à son extrémité nord et par un bloc d’architecture en son centre (fig. 111). Ce bloc de grès comporte une moulure surmontée d’une sphère : il pourrait correspondre au pignon terminal de la couverture d’un mausolée68. Seule la chambre de chauffe était conservée : le fond creusé dans le sol environnant sur une vingtaine de centimètres, était rubéfié mais ne semble pas avoir beaucoup servi. La bouche du four était formée par des tuiles posées de chant. La fonction d’un tel four n’est pas évidente : il ne peut s’agir d’un four de boulanger puisque la sole est chauffée par dessous mais il pourrait avoir servi à des préparations qui nécessitaient une chambre de chauffe séparée de celle de cuisson.

    Fig. 111. Ancienne école Lafayette, îlot II, maison II,2, phase 3, vue du bloc de grès (pignon de mausolée) soutenant au centre la sole du four rectangulaire 250 dans la pièce 33

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    190La construction du mur 17B a entraîné le bouchage de toutes les portes de boutiques ouvrant sur la rue B et des apports de remblais dans les pièces 34, 46 et 47. Un seul accès à la boulangerie subsistait au sud (entrée 60). Cela semble impliquer que la vente du pain se faisait dans la pièce 59 ou bien que, comme dans certaines boulangeries de Pompéi, l’artisan boulanger vendait ses pains à des marchands ambulants.

    191Dans les pièces 46, 47, 56 et 57, on ne décèle que des aménagements mineurs : le sol de l’ancienne boutique 46 fut remblayé par une couche Us4607 d’argile jaune et le sol de la pièce 47 fut rehaussé (Us4704).

    Îlot III

    192Dans l’îlot III, l’arasement des vestiges ne permet pas de distinguer l’évolution du bâti après la phase 2B.

    Îlot IV

    193Dans l’îlot IV, des transformations importantes ont affecté les pièces 70-71. La colonne 177 fut englobée dans le mur 124. Un nouvel impluvium fut entouré d’un mur bahut 122-12469. Les pièces 69, 72 et 89 furent remodelées par la construction de cloisons 123, 175 et 192.

    194Il est possible que la pièce dallée 88, limitée au nord par le mur M144 en grande partie spolié lors de la phase 6, ait fait partie des modifications de la phase 3 (fig. 82, 112). Cette pièce trapézoïdale (1,75 à 1,30 m × 3,70 m au moins) a reçu un dallage de pierres calcaires complété à l’est par quatre portions de tegulae. Elle ne communique pas avec les thermes mais ouvre sur la cour 91 sans porte. Il pourrait s’agir d’une écurie pourvue d’un sol dallé en pente et d’une large ouverture sur la cour. La substitution de tuiles aux dalles de pierre dans la partie est de la pièce pourrait marquer l’emplacement de la mangeoire qui n’avait pas besoin d’un sol aussi dur. Le dallage en pente permettait un écoulement aisé de l’urine hors du box, maintenant le cheval au sec comme il est recommandé dans les traités anciens70 et modernes71. Les exemples de Pompéi montrent que les écuries sont souvent petites et qu’on y accède parfois à travers les pièces d’habitation, notamment en passant par l’atrium72.

    Fig. 112. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 3, pièce dallée trapézoïdale 88

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    195Le cloisonnement de la cour sud (pièces 94, 97, 98) pourrait dater de la phase 3 (fig. 113) : les piliers du portique furent utilisés pour adosser des murs de pierres liées à l’argile M161, 163 et 167 qui partitionnaient l’espace entre les piliers et les murs du fond (fig. 114) ; ces transformations ne sont toutefois pas précisément datées : elles peuvent aussi bien appartenir à la phase 4 de même que le bouchage du portail d’entrée par le mur 170.

    Fig. 113. Ancienne école Lafayette, îlot IV, transformations de la phase 3, cloisonnement de la cour sud 94/97/98 et bouchage du portail d’entrée par le mur 170

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 114. Ancienne école Lafayette, îlot IV, transformations de la phase 3, les piliers 165, 166, 168 du portique initial servent d’ossature aux murs de pierres liées à l’argile 161, 163 et 167

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Phase 4 (fig. 115) 

    Fig. 115. Ancienne école Lafayette, phase 4, plan des vestiges.

    En bleu les reconstructions de la maison II,2.

    (DAO J.-P. Brun).

    Îlot I

    196Cette phase ne fait que prolonger la phase précédente. La céramique sigillée africaine de type C donne à cette phase un faciès chronologique du iiie siècle et un bronze d’Etruscilla atteste la continuité d’occupation jusqu’au milieu du siècle au moins.

    Îlot II

    197Dans le second tiers du iiie siècle, l’îlot II fut totalement restructuré (fig. 116). Le moulin hydraulique, le four de boulanger (Us3106) et les pièces d’habitation 35 à 38, 43 et 45 furent détruits. Les anciennes boutiques furent en partie remblayées par les gravats de cette démolition (épais par endroit de 0,50 m environ : Us 4702, 4703, 5601, 5602) et de nouveaux murs furent puissamment fondés.

    Fig. 116. Ancienne école Lafayette, phase 4, détail du plan des vestiges montrant, en bleu, les reconstructions de la maison II,2

    (DAO J.-P. Brun).

    198Dans la pièce 34, le bassin 6 mesurant 5,30 × 1,70 m pour une profondeur conservée supérieure à 1 m (contenance supérieure à 9 m3) fut accolé au bassin 12 (fig. 117, 109). Ce nouveau bassin était limité par les murs 10A et 49 solidement édifiés en opus caementicium à petit appareil, intérieurement enduits de béton de tuileau. Le mur 10A fut doté d’emblée de contreforts pour contenir la poussée de l’eau ; il fut renforcé peu après par un autre mur 10B comblant les espaces entre les contreforts. Sur le flanc ouest, il fallut aussi renforcer le mur 17B en remplissant les espaces entre les contreforts pré-existants (M17E). Ce dispositif montre que la profondeur des citernes devait être plus importante que ce qu’il en reste. Si l’on restitue au moulin hydraulique une roue de l’ordre de 2,50 ou 3 m, la hauteur du fil d’eau de l’aqueduc, au niveau des cuves, serait de l’ordre de 1,50 à 2 m au-dessus de l’arase retrouvée. La profondeur des citernes serait donc de l’ordre de 3 m et les capacités de stockage d’eau supérieures aux 15 000 litres mesurables sur le terrain et probablement de l’ordre de 45 000 litres.

    Fig. 117. Ancienne école Lafayette, phase 4, îlot II, maison II,2. Vue du bassin 6 accolé au bassin 12 dans la pièce 34

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    199Dans la pièce 7, la fondation des murs 10A et 10B perça le sol antérieur (couche de mortier de tuileau qui tapissait le fond du couloir d’accès au four : Us3110) et une couche de chaux relativement pure (Us704) recouvrit le comblement du couloir d’accès (Us3102, 3101, 3105) ; elle est visible jusqu’aux murs 9B, 10A, 10B et 30. La surface peu régulière de ce sol Us704, sa faible épaisseur (2-3 cm) et la goulotte d’accès du côté sud qui la transformait en une sorte de bassin de 0,50 m de profondeur indiquent une zone de chantier où l’on préparait le mortier de chaux pour la construction des murs environnants ainsi que du fond et des enduits de la cuve 12.

    200Dans la partie sud de la pièce 34, un ensemble de murs (M48, 52, 53) fut construit dans le même appareil que le mur 49 de la citerne 6. Le mur 52 comportait à son extrémité nord un solide pilier en petit appareil maçonné. Le mur 53 était nettement plus étroit et devait délimiter une nouvelle pièce dont le dessin n’est pas connu car ce mur n’était conservé que sur une longueur de 0,70 m. Les sols correspondant à ces murs faisaient la jonction avec le mur 49 et le sol 704 ; il s’agit là aussi de sols de travail (Us3410, 3406 et 3403) constitués de gravats et recouverts de chaux par endroits (Us3410). Ces sols reposent sur un remblai accumulé contre le bouchage de la porte (Us3405 : terre et cailloutis) et sur une couche de gravats comblant la cuve 40 (Us3404).

    201Plus au sud, dans l’alignement du mur 52, un ensemble de trois murs (M54, 55, 69) de construction analogue à celle des murs 48-53, délimitait une nouvelle pièce 46 au-dessus de la précédente dont les murs furent arasés et en partie épierrés (fig. 118). Le mur 69 devait se prolonger jusqu’au mur 17 mais il a été détruit par la suite. Du côté nord de la nouvelle pièce 46, la construction du mur 48 a nécessité le creusement d’une tranchée de fondation (Us4605) qui coupe les sols antérieurs.

    202La couche Us4601, qui comblait tout l’espace entre les nouveaux murs 48, 54 et 69, était formée principalement de gravats provenant de la démolition des pièces antérieures et utilisés pour remblayer et rehausser le niveau de circulation correspondant aux nouvelles constructions, mais le sol lui-même ne fut pas réalisé.

    Fig. 118. Ancienne école Lafayette, phase 4, îlot II, maison II,2.

    Vue depuis l’est des nouvelles pièces 46 (à droite) et 47 (à gauche).

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    203Au sud du mur 55, une nouvelle pièce 47 était délimitée par le mur 87 qui se raccordait au mur 73. Un mur 88, construit de la même manière, joignait le mur 17 et le mur 73. La pièce fut elle aussi remblayée par des gravats provenant de la démolition de pièces d’habitation et de déchets de travaux (Us4703 contenant des éclats de taille des murs et des enduits muraux provenant peut-être de la démolition des pièces 33, 38 et 45) ainsi que des fours, probablement surtout le four 31 (Us4702 : argile cuite, briques). Le sol contemporain de ces murs repose sur une couche de gravats compactée (Us4701) déposée sur la couche de destruction de la phase précédente (Us4702-4703 que l’on retrouve en Us5602 et 5702). Cette couche se poursuit dans les pièces voisines (Us4601, 4801, 5101, 5601), montrant que les travaux ont été réalisés de façon unitaire.

    204Dans l’angle des murs 56 et 73, le bassin 50 (1,55 × 1,48 m) a été commencé mais non terminé (fig. 119). Les fondations du mur 76 qui entourait le bassin coupent le sol en béton Us5104 remontant à la phase 2A ; dans l’angle des murs 73 et 76, une tranchée de fondation a été creusée puis comblée d’éclats de taille des murs en calcaire nouvellement bâtis (Us5106) ; les enduits et le fond du bassin ne reçurent pas de revêtement en mortier hydraulique. Le mur 76, également réalisé en petit appareil régulier, s’appuyait sur les murs 56 et 73 de même technique. Tout le reste de la pièce 51 fut remblayée par des gravats (Us5101).

    Fig. 119. Ancienne école Lafayette, phase 4, îlot II, maison II,2, détail du bassin 50 inachevé à l’angle des murs 56 et 73 dans la pièce 51

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    205Les structures hydrauliques (aqueduc conservé, bassins 6, 12 et 50) sont à mettre en relation avec la pièce 32, qui n’est conservée qu’en fondation. Sa construction s’est faite au détriment des pièces 33, 38 et 45 qui ont été détruites. La pièce 32 comportait une abside au nord (M80-81) ; ses murs latéraux (M82 et M83) s’arrêtent brutalement à 3,50 m de l’abside. Sur le côté ouest, le mur 86 très incomplet dessine le début d’une autre abside qui semble n’avoir pas été terminée (ou qui a été démolie ?). Ce secteur a été en partie détruit par une grande fosse qui a recoupé la fondation des murs 82 et 86 (fosse Us5504 de la phase 6). On ne sait rien de l’agencement de la partie sud qui a été totalement anihilée par un égout de la première moitié du xxe siècle. À l’intérieur de la pièce 32, aucun sol ne subsistait : l’abside était remplie de gravats reposant sur le niveau de chantier. Il pourrait s’agir d’une pièce thermale chaude dont on aurait commencé les travaux sans les achever : les fondations et une partie des murs auraient été construits ; le sol aurait été surcreusé par rapport à celui des pièces antérieures (33, 38 et 45) pour mettre en place un hypocauste, mais ni le pavement bétonné, ni le système de chauffage n’auraient été réalisés. La destruction des murs en élévation et d’un tiers au moins des vestiges (partie sud-ouest détruite par la voie ferrée en 1937 et partie sud par l’égout de la période contemporaine) empêche toute certitude quant à la destination des bâtiments, mais l’hypothèse la plus probable est qu’il s’agit de thermes publics qui n’auraient pas été terminés. À ces bains se rattacheraient les bassins et les murs 54,55, 69 ainsi que les murs 48, 52, 53 qui délimitent des salles dont les sols ne furent pas posés non plus.

    206Ces travaux de grande ampleur, réalisés avec des maçonneries de grande qualité, sont compatibles avec un édifice public dont la réalisation aurait été entravée par un manque de fonds ou une crise démographique. L’abandon du chantier, avec les murs et les sols non terminés et la surface de préparation du mortier de chaux (Us704), laissa un terrain vague qui fut occupé à la phase suivante par des tombes (phase 5).

    Rue B

    207Dans la rue B, les deux égouts 114 et 117 furent mis hors d’usage et deux nouveaux égouts furent créés : à l’est, l’égout 106 et à l’ouest l’égout 107 venant de l’îlot III (fig. 97). Ils recoupent à la fois les canaux 114 et 117, rendus inutilisables, et le dallage 363 remontant à la phase 2.

    Îlot III

    208Aucun changement n’a été décelé dans l’entrepôt III,5 car la stratigraphie postérieure à l’état 2 fut détruite par la construction des remparts modernes. Dans la partie sud de l’îlot, le bâtiment III,6 ne semble pas avoir connu de changement mais la cour située au nord (Pièce 123) fut dotée d’un préau appuyé au sud contre le mur 342 et reposant sur des piliers dont subsistaient deux bases maçonnées (M341 et M367). Les eaux pluviales furent dès lors évacuées par un nouvel égout dénommé 352 dans la partie située dans la cour (fig. 120) et 107 dans la partie située dans la rue B. Cet égout, bordé de murets de pierres bâties à la chaux, était dallé de tuiles plates et couvert de dalles de calcaire.

    Fig. 120. Ancienne école Lafayette, phase 4. Détail de la jonction entre les égouts (espace 123 de l’îlot III) et 107 de la rue B

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Îlot IV

    209Lors de la phase 4, l’égout 106, dont le fond était dallé de tuiles et dont la couverture était constituée de dalles de pierres fut creusé à travers le mur 102 et la pièce 68. Il prenait son origine sur le trottoir devant la façade nord du complexe de l’îlot IV et devait donc recueillir les eaux pluviales tombant de la toiture couvrant les pièces 63, 65, 66 et 68. L’égout 107 traversait la rue C en diagonale pour pénétrer dans l’îlot IV à travers le mur 102 (fig. 121). Les égouts 106 et 107 confluaient dans l’égout 108, lui aussi couvert de dalles de pierre. Plus au sud, cet égout recueillait au passage les eaux de l’égout 140, plus ancien mais rebranché au niveau d’un nouveau confluent (après abandon de l’égout 133), et celles de l’égout 132 de construction nouvelle, dont le départ n’est pas connu. Ce confluent était très bien bâti avec un pilier central supportant les dalles de couverture et présentant une pointe vers le nord pour canaliser les flux (fig. 122). L’égout 108 terminait sa course dans le collecteur 195 creusé lors de la phase 2 sur une profondeur de 1,20 m dans le substrat. À la fin de la période ou durant la phase 5, ce collecteur s’envasa (Us7402 contenant des sarments de vigne et du mobilier dans de la vase noire).

    Fig. 121. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 4, les collecteurs, vue à partir de la voie C de l’entrée du collecteur 107 dans l’îlot IV

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 122. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 4, support à la jonction des conduites 140 et 132 avec le collecteur 108

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    210Dans l’îlot IV, la phase 4 est aussi manifestée par des exhaussements de sols : dans la pièce 88, une large dalle de calcaire (145) fut déposée sur le sol Us8904 en usage à cette époque (fig. 123). Dans la pièce 89, le sol fut exhaussé (Us8905) et la porte située à l’est (vers la pièce 78) fut bouchée. Dans la pièce 63, le puits 190 paraît avoir été creusé à cette époque à travers le sol Us6302 jusqu’à 1,90 m sous le niveau de la mer ; il pourrait avoir été comblé à la fin de cette période ou au cours de la phase 5 (Us6307 et 6308).

    Fig. 123. Ancienne école Lafayette, îlot IV, phase 4, sol Us8904 de la pièce 88 sur lequel repose une large dalle de calcaire 145

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Phase 5 (fig. 124)

    Fig. 124. Ancienne école Lafayette, phase 5, plan des îlots encore occupés et, au nord-est, le cimetière à inhumations dans l’emprise de l’îlot II

    (DAO J.-P. Brun).

    Îlot I

    211L’îlot I semble abandonné à la fin de la phase 4 mais montre des traces de réoccupation ponctuelle par la suite : il s’agit probablement d’une activité liée à la récupération de matériaux, notamment de métaux. Les niveaux de la phase 5 sont pauvres en matériel mais cette occupation dans les ruines des bâtiments antérieurs est postérieure à la fin du iiie siècle.

    L’îlot II

    212Durant cette phase des tombes envahissent la partie nord de l’îlot et débordent sur l’espace ouvert au nord de l’îlot III.

    Îlot III

    213Dans la partie nord de l’îlot III, les niveaux de sols tardifs avaient disparu : il est possible que les entrepôts III,5 aient continué d’être utilisés mais nous n’en avons aucune preuve. L’état de déréliction de l’îlot II situé juste en face irait plutôt dans le sens d’un abandon d’autant plus que l’édifice III,6 semble délaissé à partir de la fin du iiie siècle. En effet, dans la pièce 125, une couche de destruction (Us12501) recouvrant le béton de tuileau Us12503 contenait, comme mobilier le plus tardif, des antoniniani de la fin du iiie siècle et de la sigillée claire C.

    Îlot IV

    214Dans l’îlot IV, cette phase est marquée par des transformations mineures et des couches d’habitat qui témoignent de la continuité de l’occupation entre la fin du iiie et le ve siècle. Elles sont marquées par la présence de sigillées claires C et D (Hayes 58b et Hayes 87a) ainsi que Late Roman C (Hayes 3). Le puits 190 pourrait avoir été comblé à cette époque.

    Phase 6

    215La phase 6 est principalement marquée par des fosses, certaines destinées à récupérer les pierres des murs, d’autres dont la fonction n’est pas claire mais dont le comblement rassemble des détritus de l’Antiquité tardive (fig. 125). Notre hypothèse de départ était que, au cours des ve-viie siècles, les habitants de Telo Martius seraient venus dans cette zone en grande partie abandonnée pour récupérer des pierres à bâtir. Mais une autre lecture est aujourd’hui envisageable. La réalité est sûrement complexe car, d’une part, on décèle des traces d’occupation sous forme d’aménagements et d’utilisation de puits et, d’autre part, la plupart des couches de cette période, notamment les sols, ont dû être tronquées lors des travaux de construction des remparts (le phénomène est net dans la partie nord du site). Notre perception des niveaux de l’Antiquité tardive est donc biaisée et les fosses retrouvées ne sont probablement que les traces d’occupation d’habitations dont les sols devaient être situées à un niveau stratigraphique plus élevé et qui ont donc été détruits73. Même les spoliations de murs peuvent être interprétées différemment de notre position initiale : les pierres ont pu être récupérées non pas (ou pas uniquement) pour construire des habitations plus près de la cathédrale, mais bien (ou aussi) pour édifier des constructions sur le site même de Lafayette, à une altitude où elles ont pu totalement disparaître lors de la construction des remparts modernes. En tout état de cause, le mobilier des ve et vie siècles (voire du viie siècle représenté par des céramiques modelées d’époque mérovingienne) trouvé dans les fosses témoigne d’une présence de longue durée que nous n’interprétons plus comme seulement due à l’activité de récupérateurs de matériaux, mais bien comme des habitations.

    Fig. 125. Ancienne école Lafayette, phase 6, plan des structures en élévation et des fosses

    (DAO J.-P. Brun).

    Îlot II

    216Aucune trace de construction n’a été mise au jour dans cet îlot, mais plusieurs fosses et leur comblement sont attribuables à la phase 6 : Us213, 801, 804, 805, 1103, 1105, 1601, 1602, 3003, 3103, 3208, 3401, 3501, 3605, 3701. Dans la rue B, contre le mur 17, une fosse (Us4903) a partiellement détruit le caniveau 117. À ces fosses aux formes irrégulières s’ajoutent des tranchées de spoliation des murs 6, 18, 35, 84, 87, 88, 93, 223 (Us2801, 4102, 5303, 5804) (fig. 126). Les fosses irrégulières semblent indiquer la présence d’habitations ménagées dans les bâtiments existants encore debout probablement réparés (pièces 14, 34, 35, 36, 37), voire des constructions nouvelles qui auraient été totalement arasées par la suite (fig. 127). L’existence d’habitations est d’ailleurs confirmée par le creusement d’un puits dans l’ancienne pièce 32 (puits 213 comblé par l’Us3208). Les tranchées d’épierrement illustrent quant à elle la nécessité de récupérer des pierres des anciens murs pour en construire de nouveaux sur place ou ailleurs. Le matériel trouvé dans ces fosses couvre les ve et vie siècles (sigillée claire D, DSP, amphores africaines et orientales) et déborde dans le viie siècle avec la présence de modelées mérovingiennes.

    Fig. 126. Ancienne école Lafayette, phase 6, îlot II, fosse de spoliation Us4102 du mur 223 entre le bassin 6 et le mur 49

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 127. Ancienne école Lafayette, phase 6, détail des fosses et murs spoliés dans l’îlot II

    (DAO J.-P. Brun).

    Îlot III

    217Comme il a été dit plus haut, la partie nord de l’îlot ayant été arasée au xvie siècle, on ne peut affirmer qu’elle était encore occupée ou réoccupée. Dans les anciens entrepôts III,5, l’existence de nombreuses vastes fosses comblées à cette période (Us10102, 10202, 10208, 10305, 10401, 10408 à 10411, 10801, 10815, 10820, 10821, 10910, 11420, 11801, 12001) laisse penser qu’elles correspondent à des habitations, d’autant plus qu’elles sont souvent accolées à des murs qui n’ont pas été spoliés et qui donc devaient être encore debout (fig. 128, 49). Trois puits (369, 372, 375) ont été creusés ou utilisés au cours de cette phase dans le bâtiment III,5B : ils peuvent correspondre à autant d’unités d’habitation. Il est donc probable que les anciens entrepôts ont été tranformés en habitations au cours de l’Antiquité tardive.

    Fig. 128. Ancienne école Lafayette, îlot III, maison III,5, phase 6, détail des fosses dans les anciens entrepôts III,5 et le bâtiment III,5B où furent aussi creusés trois puits (369, 372, 375)

    (DAO J.-P. Brun, archives CAV).

    218La spoliation de certains murs tels que le mur 304 interviendrait en toute fin de la phase 6 : le comblement de sa tranchée de spoliation contenait de la céramique modélée d’époque mérovingienne (Us10201).

    219Dans l’édifice III,6, où les murs étaient encore debout au moins par endroits, la couche de destruction de la fin de la phase 4 ou de la phase 5 (Us12501) fut aplanie et un sol établi à sa surface (dans les autres pièces, ce niveau de destruction était détruit) (fig. 129). Un foyer, dallé de tuiles et bordé d’un côté par une plaque de marbre de récupération et de l’autre par le muret 349B, fut implanté dans l’angle sud-est de la pièce 125 (fig. 130). Il était rempli de cendres (Us12502). Le puits 366 dans l’angle nord-est de la pièce 124 fut creusé à cette époque ; le matériel de son comblement montre qu’il fut utilisé jusqu’au ve siècle au moins (Us12401, 12402). Dans la pièce principale 126, un autre puits était utilisé (puits 365) : on y accédait par une fosse oblongue nord-sud. Son comblement contenait de la céramique sigillée claire D du ve siècle et des fragments d’amphores LRA1 (Us12601, 12602, 12603), ­indiquant une longue durée d’usage. Ce bâtiment fut donc lui aussi intensément occupé durant l’Antiquité tardive.

    Fig. 129. Ancienne école Lafayette, îlot III, maison III,6, phase 6, détail des fosses

    (DAO J.-P. Brun).

    Fig. 130. Ancienne école Lafayette, îlot III, maison III,6, foyer dallé de tuiles et marbre à l’angle des murs 351 et 359B dans la pièce 125

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Îlot IV

    220L’îlot IV fut habité durant l’Antiquité tardive sous une forme que nous ne pouvons restituer avec précision. Une couche d’occupation (Us6901), recouvrant un niveau de destruction de la phase 4 ou de la phase 5 (Us6902), montre que la pièce 69 était à nouveau utilisée comme habitat (fig. 131). De même, dans la cour 94, un remblai couvre l’arase du mur 163 édifié lors de la phase 3 ou 4 indiquant la nécessité de rehausser le niveau des sols dans une zone proche du niveau de la mer (Us9401).

    Fig. 131. Ancienne école Lafayette, phase 6, détail des fosses et murs spoliés dans l’îlot IV

    (DAO J.-P. Brun).

    221Le puits 191 fut creusé à cette période ou du moins utilisé durant la phase 6 comme l’indique son comblement (Us6605) ; le creusement de la fosse 6604 qui l’entoure pourrait avoir servi à accéder plus facilement à l’eau (son fond étant situé à 1,70 m sous le niveau de la mer).

    222De grandes fosses (Us6604, 7701, 7801, 7901, 8101, 8201, 8301, 8401, 8901, 8908, 9201, 9303) témoignent probablement de l’existence d’habitations situées à un niveau stratigraphique supérieur et qui ont disparu. L’énorme fosse Us7701, 7801, 7901, 8101, 8201, 8401 a détruit plusieurs murs (M129, 130, 134, 138, 139), la partie orientale de la piscine 84 et de l’égout 140. Sa destination n’est pas claire mais les pierres récupérées des murs ont dû servir à en édifier de nouveaux à un niveau supérieur, comme on le constate dans de nombreuses villes.

    223D’autres fosses correspondent à des tranchées de spoliation de murs qui furent comblées de gravats et de déchets (Us6402, 8509, 9204, 9208, 9705).

    224Dans le quartier d’habitation de l’école Lafayette, comme sur le bord de mer à Besagne, les récupérations et la nature du mobilier des dépotoirs plaident donc pour un maintien des activités portuaires et de l’habitat. La ville était sans doute moins peuplée et moins active (on ne décèle pas de nouvelle construction) mais elle continuait de vivre grâce au commerce, encore que sa fonction d’évêché doit aussi lui avoir apporté un renouveau d’activité au moins religieuse. Si on doit envisager une crise majeure, c’est vraisemblablement plus tard, du viiie au xe siècle.

    Phase 7

    225La phase 7 correspond à la fréquentation du secteur durant le Moyen Âge ; un pégau à bec ponté du xe siècle a été identifié dans l’Us5002. À cette époque, la zone n’était plus habitée mais elle était peut-être occupée par des jardins.

    Phase 8

    226La phase 8 désigne la construction des remparts en 1589. Outre les remparts, le fossé et les murs de contrescarpe, le mur 3 qui coupe les vestiges romains en diagonale appartient à cette phase de même qu’un muret construit au fond de la cuve 6 qui fut vidée à cette période, puis recomblée (Us601). Il est logique que, lors des travaux de construction des remparts, certains murs encore visibles aient été démolis et les pierres récupérées pour les nouvelles constructions (par exemple les murs 72 et 93 et Us4803). Au niveau de la rue D, le mur de contrescarpe des remparts s’approche des murs 149 et 151 et une vaste fosse a alors été creusée pour récupérer des pierres du mur 149 puis comblée (Us9501).

    227Une part de ces pierres calcaires a été brûlée pour obtenir de la chaux pour sceller les pierres des remparts : dans l’ancienne pièce mosaiquée 83, au dessus d’une fosse de la phase 6 (Us8301), un four à chaux fut mis en place. En subsistait le fond d’un diamètre de 2,90 m, marqué par une couche de charbons et de cendres (Us8303) surmontée par une couche de chaux pure (Us8302) (fig. 83).

    3. Les tombes de la ZAC Besagne/Dutasta et de la zone piétonne

    228Nous avons vu plus haut que dès le ier siècle de notre ère, les cimetières s’étirent le long de la voie qui borde la ville romaine au nord. La concentration la plus importante se situe au niveau du quartier de la porte d’Italie et déborde au ive siècle sur l’ancienne école Lafayette. Les quelques inscriptions ainsi qu’un pignon de mausolée découvert dans les vestiges d’un four mal daté, laissent soupçonner la présence de monuments funéraires (fig. 111). Cette configuration perdure jusqu’au ive siècle, malgré les nombreux indices de déprise urbaine. Au ve siècle en revanche, les zones funéraires se regroupent vers le noyau de l’agglomération à partir duquel la ville médiévale va se développer.

    3.1. Les tombes du ier au ive siècle de notre ère

    3.1.1. Ancienne école Lafayette (Phase 5)

    (Jacques Bérato avec Yann Ardagna et Isabelle Bouchez pour l’étude anthropologique)

    229Des tombes à inhumation ont été implantées dans l’habitat abandonné après la phase 4 (fig. 124, et voir partie II, Anthropologie). Elles représentent sans doute l’extension méridionale d’un cimetière plus ancien qui s’étendait vers l’est et le sud à partir de l’actuelle Porte d’Italie. La voie romaine repérée plus à l’ouest au xixe siècle, aux abords du boulevard de Strasbourg, devait emprunter le même tracé que la voie d’Italie à l’époque médiévale et moderne. Avant la construction des fortifications à la fin du xvie siècle, une chapelle Saint-Lazare se trouvait à cet endroit et ses abords étaient occupés par un cimetière depuis le Moyen Âge. Au début des années 1970, un grand nombre de tombes furent détruites lors des terrassements préliminaires à la construction du parking souterrain de la Porte d’Italie (fig. 9, 20/21). Bien qu’aucune fouille n’ait eu lieu, les observations semblent montrer qu’elles dataient de l’Antiquité tardive.

    230Dans les tombes de l’îlot II, les récipients d’accompagnement en céramique commune tournée à pâte claire, micacée ou non, sont tous du même type (fig. 132). Ce sont des cruches piriformes de petites dimensions, entre 4 et 6 cm d’ouverture et de 11 à 18 cm de hauteur ; elles sont présentes aux iiie-ive siècles dans des tombes de la villa Saint-Michel à la Garde74 ; dans la tombe 6 du iiie/vie siècle à Costebelle, Hyères75 ; dans le cimetière de la fin du iiie/ive siècle du Grand Loou II à la Roquebrussanne76 ; dans la tombe no 9 du village de Solliès-Toucas77 et dans les tombes de l’Antiquité tardive du Touar aux Arcs78. Ces récipients n’ont pas qu’un usage funéraire, car on les retrouve dans des cuves de la villa Saint-Michel à la Garde79. Le pot en céramique luisante Pernon 74 est quant à lui datable au plus haut du début du ive siècle.

    Fig. 132. Ancienne école Lafayette, phase 5, vases déposés dans les tombes.

    T1 : cruche à anse rubanée et pied annulaire ; T2.1 et 2 : cruches ; T4 : cruche ; T7.1 et 2 : cruches à anse plate et pieds annulaires ; T7.3 : lampe à huile, type Deneauve VIIA ; T8.1, 3 et 4 : cruches à anse plate et pieds annulaires ; T8.2 : coupe en céramique africaine claire A Hayes 27 ; T9.1 et 2 : cruches à anse plate et pieds annulaires ; T13.1 : pot en céramique luisante type Pernon 74 ; T13.2 : cruche ; T17.1 et 2 ; cruches à anse plate et pieds annulaires (dessin J. Bérato, DAO Ph. Aycard).

    Description des tombes

    Tombe 1

    231Fosse orientée ouest-est creusée dans le substratum de gravier aggloméré. Coffrage en cercueil de bois. Couverture de tegulae à plat posées à l’endroit bord contre bord (marque Herennius). Calage de pierres calcaires et de fragments de dolium. Ossements d’animaux sur les tegulae.

    Une cruche piriforme à anse plate et pied annulaire en céramique à pâte claire déposée entre les deux pieds (fig. 132, T1).

    Tombe 2

    232Fosse orientée ouest-est creusée dans le substratum de gravier aggloméré. Coffrage de tegulae en bâtière posées à l’envers dans le sens de la longueur sur d’autres tegulae à plat.

    Deux cruches piriformes à anse plate et pied annulaire en céramique à pâte claire (fig. 132, T2.1 et 2), au bas des jambes, une applique de ceinture en bronze et un jeton en os au niveau des pieds.

    Tombe 3

    233Fosse orientée ouest-est creusée dans le substratum de gravier aggloméré, contenant un cercueil de bois couvert d’un double lit de tegulae se chevauchant, posées à plat et à l’envers.

    Pas de mobilier associé.

    Tombe 4 (fig. 133)

    Fig. 133. Ancienne école Lafayette, phase 5, tombe 4 ouverte

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    234Fosse orientée ouest-est creusée à travers une couche d’habitat (sigillée sud-gauloise, claire A africaine, claire B) et dans le substratum de gravier aggloméré, avec un ressaut de la paroi sur les côtés pour caler la couverture, en tegulae en bâtière dans la partie supérieure du corps et à plat sur les membres inférieurs.

    235Une cruche piriforme à anse plate et fond plat en céramique à pâte claire avec décor incisé en dents de scie (fig. 132, T4), était déposée à droite du tibia.

    Tombe 5

    236Fosse orientée ouest-est creusée à travers une couche d’abandon d’habitat et dans le substratum de gravier aggloméré. Coffrage de tegulae détruit.

    Absence de mobilier.

    Tombe 6

    237Fosse orientée ouest-est creusée à travers une couche d’abandon d’habitat le sol de la pièce 3 (Us 302) et le mur ouest de la pièce.

    Mobilier résiduel dans le comblement de la fosse.

    Tombe 7 (fig. 134, 135)

    Fig. 134. Ancienne école Lafayette, phase 5, tombe 7

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    Fig. 135. Ancienne école Lafayette, phase 5, tombe 7, détail des offrandes

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    238Fosse orientée ouest-est creusée dans le substratum.

    Cercueil en bois sous tegulae en bâtière, avec sur-joints reposant sur deux rangées de pierres.

    Deux cruches piriformes à anse plate et pied annulaire ou plat en céramique à pâte claire (fig. 132, T7.1 à 3), une lampe et des clous en fer.

    Tombe 8

    239Fosse orientée ouest-est creusée à travers une couche de remblais et dans le substratum.

    Coffrage en bâtière très altéré, trois tegulae posées à l’envers sur le fond de la fosse.

    Trois cruches piriformes à anse plate et pied annulaire en céramique à pâte claire et une coupe en céramique africaine claire A Hayes 27 (fig. 132, T8.1 à 4).

    Tombe 9

    240Fosse orientée ouest-est creusée en pleine terre à travers un sol de chaux et dans le substratum.

    Deux cruches piriformes à anse plate et pied annulaire en céramique à pâte claire (fig. 132, T9.1 et 2) aux pieds.

    Tombe 10

    241Fosse orientée nord-sud, le long du mur 4, creusée à travers un remblai de terre rouge contemporain des constructions romaines.

    Coffrage de tegulae.

    Tombe 11

    242Fosse orientée nord-sud, creusée à travers le remblai d’époque romaine.

    Fosse en pleine terre, une tegula protégeant la tête.

    Tombe 12

    243Fosse en pleine terre orientée ouest-est, creusée à travers le remblai d’époque romaine et le sol Us302.

    Pas de mobilier d’accompagnement.

    Tombe 13

    244Fosse creusée en pleine terre, orientée ouest-est, couverte par trois tegulae posées à plat.

    Un pot en céramique luisante Pernon 74 avec bande blanche ondée peinte et une cruche piriforme à anse plate et pied annulaire en céramique à pâte claire (fig. 132, T13.1 et 2).

    Tombe 14

    245Fosse creusée dans le substratum, orientée ouest-est, détruite par des pilleurs.

    Tombe 15

    246Fosse en pleine terre orientée ouest-est, creusée dans le substratum, vidée durant l’Antiquité tardive (Fosse 803).

    Tombe 16

    247Fosse creusée dans le substratum, orientée ouest-est, bouleversée par une fosse de l’Antiquité tardive (Fosse 213).

    Tombe 17 (fig. 136)

    Fig. 136. Ancienne école Lafayette, phase 5, tombe 17

    (photo J.-P. Brun/M. Pasqualini, archives CAV).

    248Fosse orientée nord-sud, creusée dans le substratum le long du mur 26 de la pièce 500.

    Deux cruches piriformes à anse plate et pied annulaire en céramique à pâte claire (fig. 132, T17.1 et 2) et un clou en fer aux pieds.

    3.2. Les tombes de la zone piétonne

    249Le tableau est complété par la répartition des tombes de l’Antiquité tardive qui ont été mises en évidence dans les rues Jean Jaurès, Racine, Dauphin, Corneille, Hippolyte Duprat, Charles Poncy (18 tombes), Richard Andrieux (7 tombes), de l’Humilité et sous le théâtre (fig. 137, 138). Dans leur majorité les tombes étaient orientées tête à l’ouest. Les tombes devaient être signalées en surface car elles ne se recoupent pas. Ces tombes sont datables du ve au début vie siècle après J.-C.80

    250Depuis, d’autres tombes sous tuiles et en amphores de l’Antiquité tardive ont été mises au jour lors des fouilles de l’îlot Baudin en 201381. Elles confirment l’étendue et la cohérence de cette zone funéraire qui s’étend à toute la partie nord de la ville épiscopale de l’Antiquité tardive. Ces inhumations ne dépassent pas en apparence la fin du vie siècle après J.-C., moment où d’autres cimetières s’organisent en relation avec de nouveaux lieux de culte.

    Fig. 137. Toulon, plan des tombes découvertes en 1978

    (d’après Brun et al. 1978).

    Fig. 138. Coupe stratigraphique des tombes découvertes en 1978 dans les rues Poncy et Andrieu

    (d’après Brun et al. 1978).

    251Rue Berthelot (fig. 137).

    Inhumation sous tuiles en bâtière orientée ouest-est.

    252Place Camille Auban (fig. 137).

    Inhumation sous tuiles en bâtière avec tenons et mortaises en bâtière orientée ouest-est.

    253Rue César Vezzani (fig. 137).

    Inhumation en pleine terre orientée ouest-est.

    254Rue Charles Poncy (fig. 137).

    T.1, 13 et 17 : inhumations sous tuiles en bâtière orientées ouest-est, avec conduits de libations pour les T.1 et 13 constitués d’amphores africaines Keay III/IV (fig. 139, 140).

    T.2, 3, 4, 6, 8, 9, 12 et 16 : inhumations en amphores africaines Keay XXXVA et B, XLII orientées ouest-est (fig. 141, 142).

    T.15 : inhumation sous fragments d’amphores africaines orientée ouest-est.

    T.18 : inhumation sous lauzes orientée ouest-est.

    Fig. 139. Rue Poncy, plan de la tombe 13

    (d’après Brun et al. 1978).

    Fig. 140. Rue Poncy, col d’amphore provenant de la tombe 13

    (d’après Brun et al. 1978).

    Fig. 141. Rue Poncy, plan et coupe de la tombe 12

    (d’après Brun et al. 1978).

    Fig. 142. Rue Poncy, coffrages en amphores

    1. amphore de la tombe 2 ; 2. amphore de la tombe 16 ; 3. col et fond de l’amphore de la tombe 9 ; 4. amphore restituée de la tombe 12.

    (d’après Brun et al. 1978)

    255Rue R. Andrieu (fig. 137).

    T.19, 21, 23 et 26 : inhumations sous tuiles en bâtière orientées ouest-est ; la T. 21 est creusée dans les vestiges d’une habitation du Haut-Empire ; la T. 23 est datable du ve siècle.

    T.20 : inhumation en coffre rectangulaire de lauzes calcaire orientée ouest-est, contenant un couteau en fer.

    T.24 : inhumation en coffre rectangulaire de moellons bâtis orientée ouest-est, englobant la T.25 (fig. 143).

    T.25 : inhumation en amphore africaine Keay XXV orientée ouest-est.

    Fig. 143. Rue Richard Andrieu, plan et coupe des tombes 24 et 25

    (d’après Brun et al. 1978).

    3.3. Etude de la population inhumée

    256Les tombes de la zone piétonne ont fait l’objet d’une étude anthropolique succincte de la part des Dr Arnaud que nous ne reprenons pas ici. L’étude ne concerne donc que les tombes de l’ancienne école Lafayette fouillées en 1986. Les tombes sont orientées est-ouest avec crâne à l’ouest, à l’exception de deux tombes d’orientation nord-sud. Elles devaient être signalées en surface car elles ne se recoupent pas. Le nombre réduit d’individus n’autorise pas des comparaisons statistiques.

    257La cohorte concerne treize sujets adultes matures (un dont l’âge est estimé entre 25 et 35 ans, cinq entre 30 et 59 ans et deux supérieurs à 40 ans), deux matures âgés de plus de 60 ans et un seul sujet immature entre 5 et 9 ans. La répartition des sexes est équilibrée : trois femmes, trois hommes. La stature masculine oscille entre 1,55 m et 1,61 m, avec une valeur plus grande pouvant atteindre 1,79 m. La stature féminine ne concerne que deux valeurs très inégales, autour de 1,40 m et 1,58 m.

    258L’étude paléopathologique met surtout en évidence des signes d’arthrose principalement liés à l’âge de la population, une maladie de Forestier, trois lésions traumatiques, des lésions de surmenage de l’appareil locomoteur du type enthésopathie et un syndrome du cavalier, une lésion de périostite mais pas d’atteinte infectieuse intra-osseuse. L’état dentaire est déficient. Une suture métopique, présente sur trois os frontaux, pourrait avoir un caractère héréditaire et évoquer des liens familiaux entre les sujets.

    259Toutes les tombes de l’Antiquité tardive de Toulon présentent de nombreuses similitudes. Elles sont principalement orientées avec le crâne à l’ouest. Pour la même période au Touar (Les Arcs), dans un espace funéraire rural, les tombes orientées ont toutes le crâne à l’est82. On ne peut dire si cette disposition du corps correspond à un rituel lié à un rite solaire païen d’origine orientale ou avec le début de la christianisation des campagnes.

    260Pour certaines lésions arthrosiques et pour certaines enthésopathies le rôle des facteurs mécaniques doit être pris en considération sans que l’on puisse les attribuer à une activité physique donnée. Les résultats contradictoires de deux séries rurales de l’Antiquité tardive, au Touar (Les Arcs)83 avec une pathologie tendineuse et ostéoarticulaire modeste et celle de Costebelle à Hyères84 avec un nombre élevé d’arthropathies et d’enthésopathies ne permettent pas de les rattacher à des activités physiques spécifiques. Les lésions anatomopathologiques décrites ne se sont pas traduites obligatoirement de façon symptomatique, car on ne peut pas voir le sujet dans son intégralité. Bien que le vécu douloureux de la pathologie ostéo-articulaire de l’homme antique nous échappe, le retentissement fonctionnel a dû rester mineur pour la majorité des sujets et n’explique pas leur décès. Les manifestations paléopathologiques n’apparaissent pas différentes de celle de l’homme d’aujourd’hui.

    261Sachant par référence aux données actuelles que 52 % des adultes de plus de 35 ans présentent au moins une localisation arthrosique, on peut en déduire qu’il existait, comme dans la nécropole Saint Lambert à Fréjus85, un nombre important de sujets adultes âgés. La longévité de cette population plus grande que ce qui est communément admis par certains auteurs est peut-être liée à de meilleures conditions offertes par la vie urbaine.

    4. Les résultats des fouilles de Besagne/Dutasta, Lafayette, les Ferrailleur

    262Les fouilles de Besagne Dutasta qui se sont déroulées de 1984 à 1988 ont concerné la partie orientale de l’agglomération portuaire. De 1985 à 1986, la campagne d’évaluation donna lieu à plusieurs chantiers limités, essentiellement le sondage 15 et le sondage 27. Par la suite la surveillance des travaux de la ZAC fournit l’occasion de compléter les observations sur le colmatage du port. Le sondage 15 atteint les niveaux de comblement du port et le sondage 27 la limite orientale du quartier révélé par les fouilles sous l’ancienne école Lafayette. Nous avons présenté ensemble les chantiers ayant mis au jour les aménagements portuaires, à Besagne, et des quartiers d’habitation et d’entrepôts, en limite orientale de l’agglomération (école Lafayette et Butte des Ferailleurs). Les constructions révélées par ces chantiers, non jointifs du fait des destructions postérieures à l’Antiquité, mais proches les uns des autres, appartiennent au même ensemble.

    263Les constructions antiques se répartissent en une dizaine d’îlots, trouvés incomplets, séparés par des voies. Leur chronologie débute à la fin du ier siècle de notre ère et leur occupation persiste au cours de l’Antiquité tardive. L’abandon du bâti et sa destruction à partir du vie et surtout du viie siècle ne marquent cependant pas la disparition de l’agglomération de Telo Martius qui se recomposa à cette époque à l’emplacement de ce qui deviendra le bourg médiéval.

    264Au Haut-Empire, les espaces bâtis comprenaient des parties habitatives et des zones dévolues à des activités économiques. Malgré la relative régularité de certains bâtiments, les voies suivent un plan qui n’est pas orthonormé, peut-être calqué sur un parcellaire plus ancien, comme à Vaison-la-Romaine86 ou bien l’implantation a été laissée à l’initiative de groupes de personnes sans régulation, ni arpentage. Les aménagements à caractère artisanal ou économique se présentaient sous la forme de boutiques et d’ateliers, puis d’un moulin et d’une boulangerie, mais aussi d’entrepôts, magasins et lieux de stockage. La présence de ces derniers est liée au port et sa fonction commerciale dont témoignent les dépotoirs, comportant de nombreuses amphores et céramiques d’origines variées. Si les constructions renvoient à l’ingénierie romaine, le quai qui a été observé à Besagne, mettant en œuvre des techniques courantes à l’époque, est très sommaire : il s’agit d’aménagements fonctionnels, sans caractère ostentatoire.

    4.1. Chronologie des fouilles

    4.1.1. Besagne

    265Au-delà des datations ponctuelles fournies par chaque type de céramique, les ensembles donnent un cadre plus large permettant de surmonter le problème des pollutions et des possibles erreurs d’identification. L’absence de sigillées italiques anciennes interdit de dater le lotissement de ce quartier et l’aménagement du port avant Claude. Cette datation peut être abaissée jusqu’à la période flavienne du fait de l’absence de formes de sigillées sud-gauloises antérieures aux années 60. L’apparition des importations africaines fines et culinaires marque la phase 2 (fin du ier siècle/début du iie siècle). Il faut pondérer ce constat par le fait que leur présence est presque anecdotique, mis à part dans les niveaux du port des phases 2 et 3. L’apparition de quelques spécimens de sigillées claires de type B de la vallée du Rhône marque aussi le iie siècle.

    266Plusieurs monnaies de la phase 2 état A donnent quelques repères chronologiques précis. Une monnaie de Domitien indique que l’espace 16 de l’îlot VIII est aménagé après 82.

    267Les 36 monnaies du dépôt de la fontaine 15 sur la voie E place l’état 2b au plus tôt en 118. La fourchette donnée par les dépôts de l’espace 16 de l’îlot VIII et de la fontaine 15 est celle qui sépare l’apparition des constructions, après 82, de la construction de la fontaine, après 118, et fournit une indication chronologique indirecte sur l’aqueduc qui alimente ce quartier dans la phase 2.

    268Si l’on peut considérer que la présence de céramiques à couverte métallescente dans la phase 3 résulte sans doute d’une pollution, celle d’un bol en céramique corinthienne à relief est plus conforme à la datation de cette phase. À la fin du iiie siècle, la prédominance des productions régionales communes est la règle : on note la quasi-absence de certaines productions comme les céramiques kaolinitiques du Vaucluse ou du Verdon. En revanche même si elles sont peu nombreuses, il faut noter l’apparition timide, notamment dans les phases 3 et 4, d’un certain nombre de céramiques culinaires provenant d’Italie et de Méditerranée orientale, phénomène typique des contextes portuaires entre la fin du iie et la fin du iiie siècle. On constate aussi, en lien avec le trafic portuaire, la présence de productions provenant de Lyon, comme des mortiers ou des céramiques modelées à décor vertical lissé.

    269Il faut attendre la fin du iie siècle, à partir de la phase 3, pour voir les céramiques culinaires modelées locales, très répandues aux quatre premiers siècles de notre ère, être déclassées par les vases culinaires importés, principalement en provenance d’Afrique. La phase 3 a livré deux monnaies provenant de l’îlot VIII, datées de 154 et 256.

    270L’Antiquité tardive est marquée par la présence de sigillées africaines claire D en grand nombre à partir de la phase 4, notamment sur la voie E et dans des proportions moindres dans l’îlot VIII. Rapidement les sigillées luisantes de la vallée du Rhône s’ajoutent aux importations africaines. Les dérivées des sigillées paléochrétiennes sont présentes en petit nombre dans la phase 6. Elles confirment que les phases 5 et 6 sont postérieures au ive siècle. Parmi les céramiques communes, les quantités de vases à pâte brune augmentent à partir de la phase 3 du fait des importations de Ligurie. Les communes à pâte grise tardive apparaissent à partir de la phase 4 sur la voie E. Pour cette période, il s’agit de mobilier utilisé sur place, le port, totalement atterri, fournissant peu de céramiques à cette époque.

    271Dans le plan d’eau qui s’envase progressivement, des bateaux sont laissés à l’abandon dès la phase 3. Un terre-plein 11 qui accueille les nouvelles constructions de l’îlot IX est créé par l’apport d’importants remblais de pierres, sable et terre stabilisés par des fascines, surtout de sarments de vignes.

    272On note la présence presque anecdotique de vases à paroi fine, de lampes à huile et bols de Corinthe à décor à relief. La faible quantité de lampes et vases à paroi fine interroge mais il faut noter que, jusqu’à la phase 4, l’essentiel du mobilier provient des dépotoirs portuaires. Dans les phases suivantes, à partir du ive siècle, les découvertes se concentrent sur la voie E, et encore, dans des quantités limitées.

    273Les monnaies des phases 4 et 6 donnent quelques repères chronologiques qui complètent ceux fournis par la céramique. La phase 4 a livré un lot de 13 monnaies provenant de la voie E datées entre 321 et 348. La phase 6 offre une série de 25 monnaies du ive siècle et une du tout début du viie siècle.

    274La quantité réduite des vases à paroi fine, uniquement dans les trois premières phases, est due à la chronologie, les productions de ce type disparaissant à partir du iiie siècle. Par ailleurs comme pour les lampes, leur petit nombre et leur état souvent usagé s’expliquent par la nature de cette zone, surtout occupée par des entrepôts et non par des habitations.

    275Les graffittes sur céramiques, peu nombreux, nous renseignent tout de même sur la langue utilisée par certains marins, puisque trois d’entre eux sont en alphabet grec.

    4.1.2. Lafayette

    276Pour la phase 1, les îlots II et surtout III fournissent les plus grosses quantités de mobilier. Les sigillées sud-gauloises, 178 individus, ne remontent pas avant les années 60 de notre ère et sont accompagnées par les premières importations de céramiques d’Afrique du Nord. Si on fait abstraction des autres productions fines très minoritaires et de celles dites communes, nous constatons que les vases en sigillée sud-gauloise dominent aussi bien en nombre de fragments qu’en nombre d’individus. Parmi les céramiques communes, celles à pâte calcaire locales sont majoritaires avec 80 individus. À leurs côtés se trouvent 33 vases en céramique grise du Vaucluse, 23 en commune italique, 66 en culinaire africaine et 33 en modelée varoise. L’association des sigillées gauloises, des importations africaines, des culinaires modelées varoises, nous place au plus tôt à la fin du ier siècle de notre ère. Dans ce contexte portuaire, la sigillée sud-gauloise doit être perçue comme de la vaisselle de table d’usage courant. En revanche, les communes locales, omniprésentes en milieu rural, se répartissent essentiellement entre conteneurs de préparation, de service ou de conservation. Neuf monnaies de la phase 1 couvrent une période allant du changement d’ère au milieu du ier siècle, six appartiennent à la seconde moitié du ier siècle.

    277Dans la phase 2, si les céramiques communes sont plus nombreuses, la vaisselle fine est largement dominée par les 130 vases en sigillée sud-gauloise. Les sigillées africaines de type A associées aux vases culinaires de même origine représentent 54 individus, presque autant que les céramiques communes calcaires locales, qui sont surtout des formes fermées, au nombre de 64 individus. En revanche les culinaires africaines, 34 individus, ne font pas jeu égal avec les culinaires modelées varoises représentées par 42 individus. Ce contexte illustre la situation au iie siècle de notre ère où, comme pour la phase précédente, la présence majoritaire de sigillées sud-gauloise s’explique par un contexte urbain portuaire. Les sept monnaies de la phase 2 sont, quant à elles, datées entre 103 et 144.

    278À partir de la phase 3, il faut considérer la majorité des sigillées sud-gauloises comme résiduelles. Seules les culinaires africaines qui rivalisent avec les culinaires modelées varoises, et surtout l’absence de céramiques fines importées d’Afrique, suggèrent une datation au début du iiie siècle. La phase 3 a aussi livré dix monnaies allant de 141 à 180.

    279Mieux fournie en mobilier datable que la phase précédente, la phase 4 associe les importations africaines de type A et C, les claires B, luisantes et métallescentes de la vallée du Rhône, une bonne proportion de culinaires africaines, des communes italiques et de Méditerranée orientale : un contexte du plein iiie siècle. Si les sigillées claires D et les communes grises ne sont pas des pollutions accidentelles, la chronologie pourrait être étendue au début du ive siècle. Les dix monnaies provenant des couches de la phase 4 couvrent une période allant de 132 à 275 de notre ère.

    280La diminution drastique des céramiques dans la phase 5 est à mettre en relation avec la désertion partielle du quartier sur lequel s’étend la zone funéraire de la Porte d’Italie au ive siècle. Les sigillées et les culinaires africaines confirment cette chronologie tardive tandis que l’absence de DSP indique une date antérieure au ve siècle. Les monnaies de la fin du iiie siècle découvertes dans l’îlot IV confirment que l’habitat est encore occupé au moment où le cimetière tout proche commence à s’étendre aux dépens de l’îlot II abandonné.

    281L’augmentation des éléments résiduels dans la phase 6 est proportionnelle à l’augmentation de l’ensemble des céramiques, due certainement à une augmentation de l’activité dans le quartier qui continue d’être habité alors que l’espace funéraire est abandonné au profit d’autres secteurs sans doute liés aux nouveaux lieux de culte, Toulon ayant été élevé au rang d’évêché depuis au moins le milieu du ve siècle. Ce sont les sigillées africaines de type D, les luisantes de la vallée du Rhône qui sont les meilleurs indices chronologiques de cette phase qui a pu courir jusqu’à l’aube du viie siècle.

    4.2. Évolution d’ensemble du quartier

    282Dans le secteur du port, à Besagne, la phase 1 témoigne de la fréquentation du rivage à la fin du ier siècle de notre ère. On devait y tirer des barques au sec mais il n’y avait aucun aménagement. Cette fréquentation est contemporaine de la phase 1 du secteur de l’école Lafayette où l’on assiste à la mise en place de maisons et de rues. Deux maisons présentent un plan similaire lors de la phase 1B : une entrée ouvrant sur une cour dotée d’un puits et entourée de pièces d’habitation. Dans une phase postérieure (1C), certaines améliorations furent réalisées telles que des enduits peints sur les murs de la pièce 112. À l’angle des rues B et C, une taverne fut construite en phase 1B ; ce bâtiment à vocation de débit de boisson et de prostitution sera ensuite modifié mais maintiendra sa fonction jusqu’au milieu du iiie siècle.

    283La phase 2 de Besagne datée du début du iie siècle correspond à de grands travaux d’infrastructure : des troncs de chêne liège furent apportés, vraisemblablement par flottaison, calés longitudinalement le long du rivage et recouverts d’amas de roches provenant essentiellement de terrains primaires, donc probablement de la pointe de la Mitre qui ferme la petite rade de Toulon au sud-est. Le terre-plein ainsi formé (quai 5) était un espace large de 15 m où étaient effectuées les opérations de chargement et déchargement des navires mais aussi de construction ou de réparation de bateaux. Le quai primitif en bois s’envasa rapidement et fut doublé par un mur de pierres, sommairement exécuté (quai 7 en phase 2B). Au-delà s’étendaient le plan d’eau (secteur 6) et un appontement formé par deux barques lestées de pierres et volontairement coulées (épaves 1 et 2). À ces aménagements portuaires étaient associés une voie et des entrepôts. Deux îlots, VIII à l’ouest et VII à l’est, ouvraient sur la voie E et sur le quai 5. Ils étaient séparés par la ruelle F (secteur 14) emprunté par le collecteur 12. Les portiques ménagés en façade des deux îlots donnaient sur les quatre espaces 22, 21, 25 et 9, larges de 4,70 m dans l’îlot VIII et sur l’espace 16, large de 6 m dans l’îlot VII. Ces entrepôts, longs et étroits, devaient faire partie d’un ensemble se poursuivant à l’est et à l’ouest, au-delà de la zone fouillée. Des entrepôts analogues et contemporains, dont un destiné au stockage des céréales, ont été mis au jour dans la fouille de l’îlot des Riaux situé le long du rivage, 450 m plus à l’ouest (fig. 144).

    Fig. 144. Toulon : plan de la fouille des Riaux

    (relevé et DAO F. Laurier, CAV).

    284Datant à peu près de la même époque, la phase 2 de Lafayette est caractérisée par une réorganisation urbaine ­comportant la construction d’entrepôts, d’ateliers et de boutiques. L’îlot II reconstruit fut transformé en négoce de vins comprenant boutique, entrepôt voûté contenant des amphores et peut-être une pièce avec une cuve ou des tonneaux de bois. Les maisons de l’îlot III furent rasées et remplacées par un complexe d’entrepôts ouvrant sur une cour centrale. Lors de la phase 2B, dans la seconde moitié du iie siècle, l’ancienne taverne III,4 fut démolie et remplacée par un établissement comportant non seulement un débit de boissons mais aussi des chambres destinées à la prostitution (édifice III,6). Dans l’îlot IV, les constructions primitives furent aussi démantelées et un ensemble comprenant une vaste cour à portiques, des thermes et des pièces de réception ou de logement fut édifié : nous émettons l’hypothèse qu’il s’agit d’une auberge offrant des services de bain et de restauration aux voyageurs.

    285Cette floraison de constructions qui eut lieu à quelques années de distance dans la première moitié du iie siècle témoigne d’un essor économique fondé principalement sur le commerce du vin, dans une moindre mesure des céréales et peut-être d’autres denrées plus difficilement traçables telles que la viande et les salaisons. L’essor du commerce générait une demande de services de la part de ses acteurs : commerçants, muletiers, marins qui réclamaient des débits de boisson, des lieux de repos et de loisirs (bains, bordels). Comme il est logique, tous ces établissements étaient concentrés près des lieux de chargement et déchargement des navires.

    286Des changements notables eurent lieu au début du iiie siècle. Le plan d’eau du port s’envasait et se remplissait de déchets de toutes sortes ; les navires devaient accoster plus au sud et l’on y accédait par des estacades de bois (phase 3A de Besagne). Dans le secteur de l’école Lafayette, cette période (phase 3) vit des réorganisations : construction d’un aqueduc, d’un moulin hydraulique et d’une boulangerie après qu’un incendie ait ravagé l’entrepôt du marchand de vin de l’îlot II, détruisant une centaine d’amphores de vin de Cnide. La boulangerie fonctionna durant une génération alors que les autres activités semblent avoir continué dans les entrepôts, la taverne III,6 et la probable auberge de l’îlot IV.

    287Vers le milieu du iiie siècle, la boulangerie et le moulin furent détruits et de grands travaux furent entrepris dans l’îlot II (phase 4). Ils pourraient correspondre à la construction de thermes publics caractérisés par de puissants murs, des bassins et une salle à abside. Ces travaux ne furent pas portés à leur terme et le chantier fut abandonné. Dans la même période, le port continua de s’envaser et de vieux bateaux de commerce furent laissés pourrir sur place (phase 3B du port, épaves 3-4 et 6). Ces deux phénomènes doivent être rapprochés : une crise démographique et/ou économique entraîna d’une part l’abandon d’un projet d’établissement thermal public et d’autre part la déréliction de cette partie du port qui n’était pas draguée, ni même entretenue puisque des bateaux y étaient abandonnés. Dans ces conditions, bien que nous n’en ayons pas la preuve du fait de la destruction des sols, nous faisons l’hypothèse que les entrepôts de l’îlot III de Lafayette n’étaient plus utilisés. On constate donc plusieurs signes d’une crise qui aboutit à l’abandon partiel de cette zone de l’agglomération. Seul le complexe de l’îlot IV était encore utilisé, mais on ne saurait garantir qu’il servait encore d’auberge : le portique de la cour fut cloisonné, le rendant inutilisable pour les chevaux et les charrettes.

    288Ce tableau se confirme à la fin du iiie et au ive siècles (phase 5) avec l’utilisation des ruines de l’îlot II comme cimetière. À la même époque, l’îlot IV était toujours occupé et la zone du port de Besagne encore fréquentée (phase 4) : des niveaux de voie sont datés de cette période et des dépotoirs comblaient progressivement le plan d’eau tandis que le bateau 7, abandonné, y sombrait. Les entrepôts semblent alors abandonnés et l’activité commerciale devait donc être très réduite à cet emplacement.

    289À partir du ve siècle commence une période où les bâtiments en ruines furent exploités comme carrières de matériaux pour édifier de nouvelles constructions. La sporadicité de ces travaux de récupération et la complexité des fosses de spoliation empêchent de décrire finement comment ces démantèlements eurent lieu mais la multiplication de ces fosses, qui ne sont que partiellement le résultat de la spoliation des murs, invite à imaginer que le quartier connaît un renouveau d’occupation. Dans le secteur du port de Besagne, la phase 5 datable du ve siècle est marquée par des couches de destruction montrant qu’on a d’abord récupéré les matériaux les plus accessibles : les poutres, les tuiles, les pierres des murs en élévation, laissant sur place ce qui n’était plus utilisable : les enduits peints, les tuiles cassées, les scellements de chaux. Vinrent ensuite, en phase 6, les fosses et les tranchées réalisées pour récupérer les matériaux enfouis : ces fosses recoupent les couches de destruction et montrent donc une certaine postériorité aussi marquée par le matériel qu’elles contiennent. Les céramiques qui en proviennent sont datables des vie et viie siècles. Dans le secteur de Lafayette, la phase 6 est caractérisée par de nombreuses fosses et des tranchées à l’emplacement des anciens murs, ensuite remplies de terre noire contenant du mobilier du ve au viie siècle, mais aussi par quelques couches d’occupation et par l’utilisation d’une dizaine de puits. Ces indices montrent qu’après un temps d’abandon partiel lors de la phase 5, les ruines des bâtiments du Haut-Empire furent réoccupées, réparées et modifiées pour en faire des habitations dont le détail nous échappe en grande partie du fait de la disparition des sols (sauf dans le bâtiment III,6 alors occupé pour un usage nouveau et dans la pièce 69 de l’îlot IV). Cette phase d’occupation dura jusqu’au viie siècle et s’accompagna de nombreuses spoliations de murs.

    290Après ces phases d’occupation et de récupération des matériaux, la zone fut abandonnée en tant que secteur d’habitat : les intempéries finirent de niveler le terrain et il est probable que, durant le Haut Moyen Âge, ces terrains servirent de pâturages ou de jardins. Les quelques traces de fréquentation que l’on décèle (phase 7 de Lafayette) pourraient correspondre à des activités agro-pastorales qui ont dû se perpétuer jusqu’à la fin du xvie siècle, époque de construction des remparts, puisqu’aucune trace d’habitation médiévale n’a été découverte dans les zones où la stratigraphie était conservée (îlots II et IV de Lafayette).

    5. Conclusion

    5.1. Le contexte géographique et historique de Telo Martius portus

    291Le nom de Telo Martius portus donné par l’Itinéraire maritime d’Antonin éclaire la nature de cette agglomération en faisant référence à sa fonction de port. Remarquons toutefois que d’autres portus du même itinéraire étant loin d’être des agglomérations importantes, il semble donc que cette fonction recouvre des réalités variées et ne corresponde pas toujours à un habitat groupé étendu.

    292Face à des textes trop peu nombreux et des découvertes archéologiques aléatoires, comment cerner la dynamique du territoire de Toulon ? Le territoire, naturel ou politique, la genèse des centres de peuplement, leur lien possible avec les agglomérations indigènes, mais aussi grecques plus anciennes, sont-ils des éléments déterminants dans l’interprétation et la qualification des habitats groupés ?87

    293Certains habitats groupés du début de l’âge du Fer proches de Toulon situés sur le littoral ou à peu de distance (Pointe du Mourret sur le cap Sicié, Baudouvin à La Valette, Costebelle sur le Mont des Oiseaux à Hyères) sont délaissés au ive siècle avant notre ère, période où Marseille fonde les « forteresses » de Tauroeis et d’Olbia. En revanche, l’occupation des habitats situés sur les hauteurs en arrière du littoral, comme la Courtine d’Ollioules et le Mont Garou sur le Gros-Cerveau se poursuit jusqu’au ier siècle avant notre ère88. La conquête romaine en 125-123 avant J.-C. conforte le contrôle de Marseille sur le littoral mais n’entraîne pas immédiatement la disparition des habitats indigènes de l’intérieur, même après la fondation de la province de Transalpine, l’établissement d’une garnison romaine à Aquae Sextiae en 122 et la déduction de la colonie de Narbonne en 118.

    294Il semble toutefois que la répression de la révolte des Salyens menée par C. Caecilius vers 90 (Tite-Live, Epit. 73) ait entraîné le siège et l’abandon de La Courtine d’Ollioules, principal habitat fortifié de la région. La situation dans les années qui suivent, jusqu’au milieu du ier siècle, est mal connue : mis à part Tauroeis et Olbia, aucun habitat n’est sûrement attesté durant la première moitié du ier siècle autour de Toulon. Après le milieu du siècle, la défaite de Marseille face à César change la donne. Le territoire côtier de Marseille est alors en grande partie attribué à la colonie d’Arles fondée en 46 : la région de Toulon en forme la partie orientale qui s’étendait jusqu’à la vallée du Réal Martin. La mise en place d’un parcellaire et l’attribution de lots aux vétérans de la colonie entraîna la création de fermes dispersées à l’origine des opulentes villae qui se développèrent au ier siècle après J.-C. Un bon exemple est fourni par la première phase d’occupation de la villa de Saint-Michel à La Garde qui a livré des céramiques campaniennes et modelées ainsi que des amphores Dressel 1A. D’autres habitats de plaine occupés au ier siècle avant notre ère entre Toulon et Hyères, comme celui du chemin des Terres Rouges/Le Prieuré en piedmont est du Faron ou celui du Pas Redon à Cuers, pourraient aussi appartenir aux premières installations de colons italiens alors que les implantations agricoles voisines d’Olbia, comme celle de Costebelle située immédiatement au nord de la colonie marseillaise, ou encore le village de pêcheurs de La Galère sur l’île de Porquerolles restaient dans le giron marseillais89.

    295Les limites des cités d’Arles, Aix et Fréjus sont désormais à peu près assurées90. Le territoire d’Arles s’étirait vers l’est jusqu’à la région de Toulon, afin de morceler la bande côtière dépendant encore partiellement de Marseille et de lui offrir les ressources agricoles de l’arrière-pays. Cette bande sépare les possessions de Marseille et le territoire de la colonie d’Aix, interrompant la zone littorale encore sous dépendance marseillaise dans les zones de Six-Fours/Le Brusc et Hyères. Le territoire de Fréjus s’étend vers l’ouest jusqu’à la vallée de Sauvebonne, au contact de ceux d’Arles et Aix-en-Provence.

    296C’est dans ce contexte que le port de Telo Martius a été créé sans doute pour assurer à la colonie d’Arles un relais maritime sur le littoral. À quelle date ? Il est difficile de le préciser faute de texte et de niveaux bien datés de cette période. Des monnaies de Marseille trouvées sur la plage précédant la construction du quartier de la rue Magnaque à la fin du ier ou au début du iie siècle, et quelques fragments de céramique campanienne résiduels pourraient témoigner de cette phase à laquelle on ne peut encore rattacher aucune structure bâtie91.

    297Le site de Toulon est isolé au nord par le relief, en revanche vers l’ouest les voies de pénétration naturelles permettent de cheminer en direction de Marseille en suivant le littoral via Taurœntum ou par les gorges d’Ollioules via le Beausset. Vers l’est, la dépression permienne donne accès à Forum Voconii et à la voie romaine reliant Fréjus et Aix-en-Provence. Si le site portuaire de Toulon au pied du Faron est exceptionnel, son terroir, parcouru par les fleuves côtiers du Las et de l’Eygoutier, est morcelé par le relief en entités de superficies réduites (fig. 2). À l’ouest de Fréjus, la rade de Toulon est la plus vaste, la mieux abritée et la moins enclavée. Pour un navire à voile venant de l’est, elle offre un hâvre pour attendre le vent favorable permettant de franchir le cap Sicié. Les ports de Taurœntum à l’ouest et de Pomponiana dans les Îles d’Hyères à l’est complètent ce dispositif en offrant des abris alternatifs pour éviter de croiser par mauvais temps dans les parages dangereux de Giens et Sicié92. Le port de Toulon prend donc progressivement, à partir du ier siècle de notre ère, le relais de celui d’Olbia, moins bien situé et dont l’existence est compromise par l’érosion du tombolo ouest de Giens.

    5.1.1. Le territoire de Telo Martius aux ier-iie s. de n. è.

    298Le territoire de Toulon, dont les limites pourraient correspondre à celles du diocèse médiéval, devait être un pagus, terme qui apparait dans le testament d’Abbon en 739 et qui désignerait une entité fiscale93. L’agglomération portuaire, éloignée d’Arles son chef-lieu, disposait d’un territoire économique particulier. En l’absence d’un statut politique privilégié, c’est la conjonction de son rôle d’escale et de débouché d’un terroir agricole prospère qui explique son développement.

    299À l’ouest, la région est exploitée par des villae, comme celle de La Beaucaire ou plus éloignées comme celle des Salettes à la Cadière-d’Azur, ou de petits habitats groupés comme La Pinède ou Le Galentin au Castellet94. Tous ces habitats ont en commun de posséder des pressoirs et des chais à vin souvent de grande ampleur. Le littoral présente aussi des villae maritimes comme celle des Baumelles à Saint-Cyr-les-Lecques ou de Portissol à Sanary et de la Gorguette à Bandol95.

    300À l’est en remontant la dépression permienne, la voie menant à Forum Voconii traverse deux habitats groupés, celui du Pas-Redon à Cuers et celui de Pignans en limite de la cité de Fréjus. Les deux présentent un plan linéaire de part et d’autre de la voie. Leur coexistence avec des mausolées ou enclos funéraires du ier siècle indique la présence de domaines aux alentours de ces agglomérations d’artisans et de petits agriculteurs. À Cuers, le village inclut un atelier de potier produisant notamment des amphores vinaires. À Pignans, l’agglomération comporte des maisons de vignerons, des ateliers de traitement de la laine, des tuileries et des thermes publics. Les origines de Cuers remontent au ier siècle avant notre ère, celui de Pignans n’est pas antérieur au ier siècle de notre ère (au moins dans la partie fouillée). Au ier siècle, les villae se multiplient. De nombreux gisements archéologiques sont connus par des prospections et difficiles à interpréter, mais certains ont pu être explorés par des fouilles. On retiendra la villa du Prieuré/La Condamine à La Valette, celles de Saint-Michel et de la Grande Chaberte à La Garde, du château à Solliès-Pont, de Solliès-Toucas, celles du Grand-Loou à La Roquebrussanne, des Mesclans à La Crau et de La Décapris à La Crau dans la vallée de Sauvebonne, toutes dotées d’installations vinicoles, quelquefois oléicoles et même de moulins hydrauliques et associées à des ateliers de fabrication de matériaux de construction, d’amphores et peut-être de dolia, comme celui du Collet-Long à La Crau96.

    5.2. Entrepôts, magasins et hangars de stockage

    301Dans les agglomérations, les boutiques et les ateliers d’artisans reflètent le dynamisme de l’époque flavienne et antonine, comme les structures agricoles du territoire ou la production céramique. À Toulon, Olbia et Fréjus, boutiques et ateliers sont présents, mais aussi des entrepôts ou hangars. En fonction de leurs capacités, ces espaces de stockage temporaire avant redistribution sont un repère pour l’activité économique97. Les vestiges matériels comme la céramique, les amphores ou les dolia peuvent révéler la nature des produits stockés, leur origine et leur quantité. En l’absence de ces témoins, les dimensions des constructions donnent au moins une idée des quantités stockées.

    302La quantité d’amphores découvertes à proximité des entrepôts du port à Besagne suggère qu’ils accueillaient principalement des contenants de ce type pendant la durée de leur utilisation. Sur 1 269 amphores, plus de 1 000 proviennent des niveaux des ier/iiie siècles, 668 sont des productions gauloises dont 556 Gauloise 4. Les productions orientales et italiques sont peu présentes ; en revanche l’Espagne, avec 174 individus, et l’Afrique avec 112 individus sont des acteurs majeurs. Les importations africaines deviennent même majoritaires à partir du ive siècle. À l’ancienne école Lafayette, l’entrepôt de l’îlot III présente un plan totalement différent des magasins du port avec des espaces répartis sur le pourtour d’une cour. Rien dans la fouille n’indique le type de produits qui y étaient stockés, les amphores découvertes à cet endroit illustrent sans doute avant tout les produits vendus et consommés localement. Sur 1 483 individus, plus de 1 000 proviennent des niveaux des ier/iiie siècles : 573 gauloises, 196 espagnoles et 66 africaines. Les productions orientales, avec 140 individus, sont surreprésentées du fait de la découverte exceptionnelle d’un important lot d’amphores de Cnide, une centaine d’individus, dans les vestiges d’un cellier incendié.

    303Il apparait, à la lecture de ces chiffres, que l’essentiel des amphores manipulées dans le port et celles liées à la consommation sur place sont des amphores Gauloise 4 locales ou régionales. Les importations proviennent avant tout d’Espagne et d’Afrique mais les amphores Cnidiennes et quelques autres venues d’Orient (Beyrouth) et d’Italie montrent que l’approvisionnement, notamment en vins réputés, reflète une certaine diversité découlant de la hiérarchie de la clientèle locale. Il ne faut pas exclure que les circuits d’échange soient complexes puisque le lot d’amphores de Cnide était peut-être en transit vers une autre destination. La vaisselle courante ou fine provenant d’ateliers locaux pour les productions communes mais aussi des ateliers rutènes, espagnols, italiques, africains et grecs pour les sigillées, bols à relief, lampes… invite aussi à considérer que la variété des produits transportés allait bien au-delà des circuits suggérés par les amphores car ils témoignent de relations commerciales portant aussi sur des produits qui laissent peu de traces archéologiques (textile, pelleterie, produits agricoles)98.

    304Enfin, l’étude des épaves de barques et bateaux du port nous donne par leur nature et leurs dimensions, une idée de la densité des échanges commerciaux. Les barques (épaves 1 et 2) sont des bateaux de servitude de port ou encore de pêche, en revanche, les autres épaves (bateaux 3-4, 6 et 7) sont bien des bateaux utilisés dans le cabotage ou la navigation hauturière. Giulia Boetto signale bien un fragment de bordé découvert dans la fouille des Riaux pouvant appartenir à une grande unité avoisinant les quarantes mètres de long, pour autant, les trois fonds de carène de Besagne appartenaient à des bateaux à voile plus modestes n’excédant pas les 15-20 mètres de long et un poids en charge de 70-80 tonnes. Mais déjà leur tirant d’eau en charge de 2,50m leur interdisait de charger ou décharger directement leurs cargaisons sur le quai. La solution était les appontements ou le recours à des barques de servitude. Même si la chronologie des bateaux est tardive, on peut penser que ces derniers sont le reflet du niveau de l’activité économique du port de Toulon et de l’incidence que ce commerce a pu avoir réellement sur l’économie régionale.

    305À Toulon, les deux entrepôts de Besagne en arrière du quai (îlots VIII et VII), avaient des portiques en façade fermés aux extrémités (fig. 145 no 1a). Seule la façade de l’îlot VIII est complète. En arrière du portique le bâtiment est organisé en deux unités doubles munies de larges seuils et séparées par un passage qui donnait accès à un autre espace. À l’est, séparée du premier bâtiment par une ruelle, se trouve l’amorce d’une autre construction (îlot VII), organisée semble-t-il de la même manière mais de dimensions légèrement supérieures. À l’ouest le bâtiment mesure environ 23,50 m en façade, les quatre nefs groupées par deux mesurent 4,30 m de large. Elles sont séparées par un passage étroit large de 1,50 m, couloir ou escalier donnant accès à l’arrière de l’entrepôt ou plus probablement à un étage. À l’est le bâtiment débute par une nef large de 6 m. Quelques vestiges attestent que le portique en façade se poursuit mais, à l’intérieur, la présence de murs rompant la régularité du plan indique l’absence d’une autre nef dans l’alignement de la première ; on aurait donc plutôt des entrepôts multiples, des espaces loués séparément. La façade de ces entrepôts est deux fois plus large qu’à Olbia mais l’absence de données sur leur profondeur empêche de connaître leur superficie. On peut toutefois estimer qu’elle était du même ordre que celle de ceux fouillés en bordure de quai, plus à l’ouest, quartier des Riaux où trois bâtiments allongés mesuraient dans leur phase d’extension optimale environ 20 m × 5,80 m soit 116 m² (fig. 145 no 1b). Comme à Besagne, deux des constructions (2 et 3), séparées par un espace très étroit appartiennent au même bâtiment. Le troisième bâtiment 4 légèrement décalé et séparé du précédent par une ruelle, pour une longueur équivalente serait large de 6,20 m. Un espace central 6, long de 13 m et donc d’une superficie de 80 m², était divisé par un alignement de piliers et équipé d’un plancher de bois supporté par des murets bâtis. La ressemblance des plans de ces bâtiments de stockage suggère que le front de mer, au moins sur les 400 m qui séparent Besagne des Riaux, était bordé d’entrepôts, construits côte à côte pour certains.

    Fig. 145. Entrepôts. Plans des principaux entrepôts mentionnés dans le texte.

    1a : Toulon, Besagne. 1b : Toulon, Les Riaux. 2 : Hyères, Olbia. 3 : Fréjus, Villeneuve. 4 : Fréjus, Valescure 2. 5 : Fréjus, Plateforme. 6 : Toulon, Lafayette

    (DAO A. Pasqualini).

    306Les espaces de stockage de l’ancienne école Lafayette regroupés dans un même bâtiment (îlot III) sont d’un autre type, mais si le plan est plus complet, l’arasement de l’ensemble au niveau des fondations gêne l’interprétation. Tout au plus remarque-t-on qu’ils ne sont pas dotés de murets transversaux pour soutenir d’éventuels planchers, ce qui exclurait les céréales (fig. 145 no 6). Ces espaces, dont le mieux connu mesure 12 × 21 m, soit 250 m² d’emprise au sol, sont inclus dans un complexe mesurant 35 m sur le côté est, et plus de 22 m au nord, donc au moins 770 m². Le bâtiment ouvre sur une voie et s’articule autour d’une cour où devaient être effectués les chargements et déchargements. La principale production de la région à cette période étant le vin, il est possible qu’on y ait entreposé des amphores à vin en attendant leur expédition.

    307Les espaces de stockage de Toulon sont comparables à ceux d’Olbia par leurs dimensions mais sans doute plus nombreux. Ceux mis en évidence dans les petites agglomérations rurales proches sont plus confidentiels. Fréjus donne en revanche une idée de l’importance que pouvaient avoir à la même époque ces constructions dans le contexte d’une colonie de droit romain dotée d’un grand port entièrement aménagé et d’un vaste territoire. À Olbia, plusieurs entrepôts et des boutiques construites au ier siècle de notre ère bordaient la voie est-ouest conduisant à la place centrale. L’îlot VI fouillé en totalité mesure 11,50 × 34,50 m (fig. 145 no 2). Vers 30-60, la partie nord de la maison d’origine est réaménagée pour créer une boutique (espace 9) et un entrepôt où sont stockées des amphores (espaces 7 et 8, environ 10 × 17 m = 170 m²). L’ensemble est détruit par un incendie vers 50-60 de notre ère99.

    308À Fréjus, les entrepôts et espaces de stockage sont plus importants et plus variés que les précédents. Ils sont situés pour certains dans la ville et pour d’autres hors des remparts. Les horrea comme ceux de Villeneuve et de Galliéni/Valescure sont hors les murs à l’ouest en bordure du rivage et à l’est de la ville, le long d’une dérivation de la voie d’Italie orientée vers Saint-Raphaël. À Villeneuve les deux horrea « Augustéo-Tibérien » à deux nefs séparées par des piliers (17,30 × 48,40 m) couvraient une superficie unitaire de 900 m² (fig. 145 no 3)100. Ceux de Galliéni/Valescure, de la même époque, comportent au moins sept salles larges de 7 m et d’au moins 60m en façade côté voie (fig. 145 no 4). Si l’on suppose qu’ils sont identiques à ceux de Villeneuve, il faut restituer une profondeur de 50m pour une superficie unitaire de 350 m² et globale de 3 000 m² environ101. À ces horrea il faut ajouter les sept salles rectangulaires sous la domus palatiale de la Plateforme, d’une superficie cumulée d’environ 620 m² (fig. 145 no 5). À quelques dizaines de mètres à l’ouest, à l’ancienne école des Poiriers, se trouvaient 127 dolia occupant 309 m² dans les ailes nord, est et ouest d’un bâtiment rectangulaire de 950 m² organisé autour d’une cour centrale. Construit vers 90 de notre ère, utilisé jusque vers 120 en l’état, l’espace est réduit de plus de moitié au iiie siècle102. Récemment d’autres entrepôts et boutiques dominant la zone portuaire ont été découverts impasse Turcan. Les fouilleurs pensent que les dolia des Poiriers sont liés à une exploitation vinicole située en ville.

    309Toulon et son marché montrent un dynamisme lié au trafic portuaire entre le milieu du ier et le milieu du iiie siècle parallèle à celui du chef-lieu, Arles. Considérant l’origine des amphores, on retrouve la même variété et la même domination des productions locales que dans les ports d’Arles103. Pour autant, l’éloignement du chef-lieu et un arrière-pays agricole dynamique donnent à Toulon une certaine autonomie, sans toutefois lui conférer l’importance de cités comme Arles, Fréjus ou même Marseille qui bénéficient de vastes aménagements portuaires et de structures de stockage sans commune mesure avec celles de Toulon. L’agglomération portuaire de Toulon est un marché relais sur les routes maritimes et un débouché pour les productions d’un arrière-pays agricole morcelé, mais étendu et riche. Ses espaces de stockage répondent au besoin d’un marché local et s’intègrent aussi dans un réseau selon une organisation commune aux villes portuaires romaines104.

    Ancienne école Lafayette, îlots II, III et IV : phase 1, état C, ébauche d’un premier urbanisme -cf. fig.57

    (G. Chapelin, CJB. de Naples, USR 3133, CNRS/EFR).

    Ancienne école Lafayette, îlots II, III et IV, évocations : phase 2, ébauche de l’apparition de l’entrepôt de l’îlot 3, construction de l’îlot 4, boutiques et cave à vin de l’îlot 2 -cf. fig.60 et 91

    (G. Chapelin, CJB de Naples, USR 3133, CNRS/EFR).

    Ancienne école Lafayette, îlots II, III et IV, évocations : phase 3, ébauche d’une boulangerie est construite dans l’îlot 2, un moulin à eau est actionné par la dérivation d’un aqueduc -cf. fig.100

    (G. Chapelin, CJB de Naples, USR 3133, CNRS/EFR).

    Ancienne école Lafayette, îlots II, III et IV : phase 4, ébauche d’une tentative de réaménagement de l’îlot 2 en ensemble thermal est abandonnée en cours de réalisation -cf. fig.115-

    (G. Chapelin, CJB de Naples, USR 3133, CNRS/EFR).

    Notes de bas de page

    1Peter 1994. Vauban avait été frappé par les apports alluvionnaires de ces deux cours d’eau qui « avaient fait société pour boucher le havre de Toulon ». C’est la raison pour laquelle il fit détourner l’Eygoutier vers la rade des Vignettes et le Las vers Missiessy (d’où son nom actuel de « Rivière Neuve »).

    2Teissier 1873 ; Février 1964, 97 ; Forget 1983.

    3Lugand, 1926, 132 ; Arnaud 2004, 12-15. La question de la date du tronçon de l’Itinéraire entre Rome et Arles a fait l’objet de plusieurs études : René Lugand le datait du ier siècle, mais récemment Pascal Arnaud a révisé la date de sa mise en forme, sur des critères toponomastiques et linguistiques d’une période postérieure au ive siècle et antérieure au Moyen Âge.

    4Itinéraire maritime d’Antonin 505,7 ; 506,1 ; Notitia Dignitatum 11,72 ; CIL, XII, 696 ; Teissier 1868 ; Marion 1869, 41 ; Hefele, Leclercq 1908, 430 §162 ; Palanque 1951, 141 ; Février 1955, 5, 9, 10 et 16 ; 1964, 94-103 ; Barruol 1975, 211 ; Brun 2001b, 221.

    5Vidal 1897, 66 ; Gaignebet 1940 ; Rostaing 1950, 262 ; Février 1955, 8 ; 1964, 156 ; Gérard 1973, 26-29.

    6Bats 2006.

    7Boyer 1959 ; Barruol 1975, 211 ; Brun 1986, 275 ; Brun, Borréani 1999, 775-830.

    8Pline, HN, 3, 35.

    9Strabon, Géogr. 4.1.5 et 4.6.3.

    10Albanes, Chevalier 1911, IV ; Clouzot 1923 ; Gaignebet 1935 ; Palanque 1951, 141 : Février 1955, 9 ; 1964, 205 ; Barruol 1975, 133 et 211 ; Duval, Février, Guyon 1986, 61 ; sur Pignans : Brun, Borréani 1999, 552-560.

    11Brun, Borréani 1999, 828-829, §95. Le Père E. Isnard rapporte qu’en 1558, aux abords de Notre-Dame-d’Entrevignes, on dégagea des vestiges de constructions romaines qui semblent avoir comporté des thermes mais on ne sait pas s’il s’agit de l’extrémité du tissu urbain ou bien d’une villa.

    12Lafaye 1909, I, 6 no 21.

    13Revellat 1868 et 1870 ; Teissier 1868 ; Vidal 1897, 96 ; 1905 ; Lambert 1884 ; Février 1955, 5 ; Jean 1985.

    14Brun et al. 1978 ; Brun, Borréani 1999, 775-830.

    15Février et al. 1989, 293 ; Brun 1986 ; 2005, 68-77.

    16Revellat 1868 et 1870.

    17Brun, Borréani 1999, 821-823.

    18Février 1955, 19.

    19Inscription sans provenance précise. Brun et al. 1978, 49 ; Brun, Borréani 1999, 785, §19.

    20Gérard 1986.

    21Vidal 1905, 8-9.

    22Brun, Borréani 1999, 775-830.

    23Février 1955, 28-30 ; 1964, 150.

    24Teissier 1868, plan ; Vidal 1897, 94 ; Bonavita 1980, 44 ; Gérard 1986.

    25Gonnet 1980, 292. La toponymie de ces quartiers est moderne ou contemporaine. Au bas Moyen Âge, ces zones étaient occupées par des bourgs nommés Saint-Michel et Saint-Lazare. Le nom des Minimes fait référence à un couvent du xvie siècle, dont le souvenir est perpétué par divers édifices dont une école mitoyenne de l’école Lafayette. Ces deux écoles furent détruites au début des travaux de la ZAC. Besagne est un toponyme qui renvoie à l’immigration italienne et ferait référence à un quartier de Gênes. Dutasta est le nom d’un maire de la ville (Henri Armand Dutasta, maire de 1878 à 1888).

    26Rapport inédit de Marc Borréani et Pascal Lecacheur.

    27Borréani et al. 1988.

    28Liou 1987, 110.

    29Pasqualini 1987.

    30Bonifay 1983 ; 1986 ; Foy 2011.

    31Bonifay 1983, 302 ; Borréani et al. 1988.

    32Marin, Virlouvet 2016.

    33L’épave 5 n’existe pas, ce numéro ayant été attribué par erreur au moment de la fouille.

    34Laval 1993.

    35La mention des bâtiments postérieurs ne sert qu’à faciliter le repérage des Us dans l’espace.

    36Guibal, Serre-Bachet 1993. Voir P. Poupet dans Pasqualini 1987, 173-190.

    37Ce comblement progressif ne semble pas avoir gêné le trafic portuaire à l’époque romaine. Il faut attendre les premiers aménagements militaires de la fin du xvie siècle pour que des solutions soient recherchées avec la construction des darses, des opérations de dragage et surtout le détournement des cours d’eau, le Las vers Lagoubran, l’Eygoutier vers la grande rade, au-delà de la Mitre.

    38Les derniers niveaux reflètent essentiellement l’usage tardif de la voie et la circulation de charrois lourds a provoqué des intrusions dans les niveaux inférieurs. Dans ces derniers toutefois, bien que très usées, les céramiques renvoient au iie s. de notre ère.

    39Ce terre-plein n’a pas pu être relevé en détail car il a dû être rapidement fouillé lors de l’extension du chantier de construction au printemps 1988 : cela explique qu’il soit indiqué en grisé sur le plan (fig. 29) : faute de temps, nous avons pu relever seulement son encombrement au théodolite.

    40L’étude ébauchée au moment de la fouillea été reprise par Giulia Boetto du Centre Camille Jullian d’Aix-en-Provence.

    41La double numérotation de cette épave correspond aux deux fragments de coque découverts côte à côte mais qui se sont révélés appartenir au même bateau.

    42On ne peut pas exclure que la tablette se soit trouvée prise dans les sédiments déposés sur la coque.

    43France 1999.

    44Il reste la possibilité que les sols du iiie siècle aient été encore utilisés et systématiquement nettoyés, mais cela semble peu probable au vu des accumulations de déchets dans la rue.

    45Gérard 1986.

    46Lorsque nous avons fouillé cet ensemble, seuls les murs de l’entrepôt III,5B de la phase 2 apparaissaient et nous lui avions donné le no 108. Ce n’est qu’à la fin de la fouille de ce secteur que les murs de la phase 1 sont apparus : ils avaient été en grande partie spoliés lors de la construction de l’entrepôt postérieur. C’est alors que nous avons dénommé les pièces des maisons de la phase 1 sous les no 108, 111, 112, 113, 114, 115, 113, 117.

    47Brun, Borréani 1999, 791. La mauvaise conservation des vestiges des installations artisanales mais aussi des variantes dans leur conception comme à Fréjus nous incitent aussi à la prudence (Pasqualini, Rodet-Belarbi, Blanc-Bijon 2017, 117-119).

    48Sur les fullonicae, voir Flohr 2013.

    49Pris par l’urgence des travaux, nous n’avons pas fait de prélèvement qui aurait permis aujourd’hui de réaliser une analyse bio-chimique.

    50Sur l’utilisation des dolia dans les installations de production de vin en Narbonnaise, voir désormais Carrato 2017.

    51Comme dans les villae de la Pointe des Minimes à La Rochelle et de la Sarrazine à Cognac (Brun 2005, 109-110).

    52Comme la villa de La Gramière (Brun 2005, 33-34).

    53Cicéron, Pis., 67. Sur ce point voir Tchernia 1986, 33. Sur les tonneaux et leur emploi précoce : Desbat 1991 et Marlière 2002.

    54Les piliers 187 et 188 (ou l’un des deux) pourraient faire partie des grands travaux de la phase 4 dont les fondations sont puissantes (M52 et 87 par exemple). Leur état de destruction ôte tout indice.

    55Bats 2006, 136-154. Dans l’îlot 6 d’Olbia se trouvait une boutique ouvrant sur la rue et adossée à un entrepôt pour le vin. Plusieurs sortes de vin y étaient conservées : des vins en amphore (près de 500, surtout de Narbonnaise, mais aussi 28 d’Italie et 4 de Méditerranée orientale) et du vin en vrac conservé dans un dolium. La boutique et l’entrepôt faisaient partie d’une maison d’un marchand de vin construite vers 30 après J-C et détruite par un incendie vers 70 ; l’habitation s’étendait au sud de l’entrepôt.

    56Dans les grandes villes (Rome, Ostie-Portus, Vienne, etc), les horrea ont un étage auquel on accède par des escaliers ou des rampes : Gros 1996, 467-473 ; Marin, Virlouvet 2016 ; Carrato 2017.

    57Gros 1996, 469-471 ; Boetto et al. 2016.

    58On peut aussi ajouter Valencia (Ribera 2011) et d’autres cités en Espagne (Arce, Goffaux 2011), de Patara en Lycie (Rickman 1971, 132-137).

    59Bouet 2003, 304-305, no 181.

    60Comme à Pompéi il faut envisager l’association, auberge, bordel (lupanar), thermes. Les auberges comportent souvent des salles thermales. À Ambrussum, les probables auberges étaient associées à des thermes. À Fréjus, la fouille des Poiriers a révélé que de petits thermes étaient liés à une auberge ou à un bordel. Les relais routiers avérés sont aussi dotés de thermes, tels ceux de La Quintarié à Clermont-L’Hérault, d’Anse ou d’Elmer en Belgique. Voir Fiches 1989 ; Fiches, Mathieu 2002 ; Pomarèdes, Fabre, Rigoir 2005, 11, fig. 3 ; Ardisson 2013 ; Witrouw 2014 ; Excoffon 2015 ; Le Guennec 2016 ; Medri 2016 ; Leveau 2014 ; 2016a et b.

    61Medri 2016, 106-107.

    62Leveau 2016a ; Le Guennec et al. 2016.

    63Imbert 2002. Cf. L’étude d’Emmanuel Botte dans la partie II.

    64Lontcho 2004 ; McGinn 2004, 232-239, 280 ; Guzzo, Scarano Ussani 2006 ; 2009.

    65Cecchini 2004, fig. 196 ; Le Guennec 2016, fig. 41.

    66Monteix 2016a, 156-157.

    67Monteix 2016b, 20.

    68Il s’agit d’une réprésentation d’urne analogue à celle couronnant le mausolée de L. Aefonius Rufus à Sarsina en Italie ou celle du mausolée de Fourches-Vieilles à Orange. Un fois la famille éteinte, les mausolées même imposants étaient parfois rapidement démantelés. À Cumes, le mausolée de C. Gavius Garra Cavonius érigé à la fin du règne d’Auguste ou sous Tibère fut démoli moins d’un siècle après, lors de la construction de la voie domitienne en 95. Voir Ortalli 1997 ; Mignon, Zugmeyer 2006, fig. 5 ; Brun, Munzi, Botte 2017.

    69Des murs bahut entre les colonnes entourant l’impluvium existent à Pompéi, Fréjus. Pasqualini, Rodet-Belarbi, Blanc-Bijon 2017, 54, fig. 66 et 67a et b.

    70Varron R. R. II, 5, 16 « Le sol, dans les étables à vaches comme dans toutes autres, doit être construit en pierre ou matériaux équivalents, afin de conserver saine la corne de leurs pieds » ; Columelle VI, 23 « Les meilleures étables sont celles dont le sol est pavé ou recouvert de gravier ».

    71L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751, art. écurie) indique : « Communément [les écuries] sont pavées dans toute leur étendue ». Selon Stewart 1883, 18 : « Un dallage est ce qu’il y a de meilleur, aussi bien pour les stalles que pour le passage. Il dure longtemps et se tient facilement propre ».

    72Kastenmeier 2007, 39-41.

    73Sinon comment expliquer la présence, entre autres, de lampes originaires de Méditerranée orientale rares dans notre région et datées de la fin du vie siècle et de la première moitié du viie siècle.

    74Brun et al. 1989, 128-129.

    75Borréani, Brun 1990, 141, fig. 25, 12.

    76Pasqualini 1981.

    77Gébara, Pasqualini 1993, 361-364.

    78Bérato, Palfi, Dugas 1996.

    79Brun et al. 1989, 128-129, fig. 45.

    80Brun et al. 1978 ; Brun, Borréani 1999, 824-828.

    81Molina 2013.

    82Bérato, Pálfi, Dugas 1996.

    83Bérato, Pálfi, Dugas 1996.

    84Palfi, Bérato, Dutour 1994.

    85Bérato, Dutour, Williams 1990.

    86Goudineau 1979, 196-203 et 311-312.

    87Février 1980 ; Petit, Mangin, Brunella 1994 ; Garmy, Leveau 2002 ; Tarpin 2002 ; Favory 2012.

    88Brun, Borréani 1999, 461, 542-546, 695-706, 726-728, 850-852, 852.

    89Brun, Borréani 1999, 104-184, 437-461, 465-467, 478-481, 728-738, 852-854 ; Garmy, Leveau 2002, 82-88 ; Bats 2006, 21-28 ; Chapon et al. 2012.

    90Gascou 1992 ; Brun, Borréani 1999, 132-133.

    91Brun, Borréani 1999, 806.

    92Brun 1992 ; Arnaud 2003.

    93Morabito 2013, 58-62.

    94Brun, Borréani 1999 fig. 52 et 53, 152-153 ; Borréani 2006 ; Valente 2014 ; Carrato 2017, 489-492.

    95Carrato 2017, 557-558.

    96Barillot et al. 2016 ; Brun, Congès 2017.

    97Marin, Virlouvet 2016 ; Pellegrino 2017 ; Bouet 2020, 513-517 fig. 11 à 14, 520-521 fig. 19, 521-522, fig. 20, 555-559, fig. 52 à 55.

    98De ces derniers témoignent les macro-restes végétaux découverts dans les sédiments vaseux du port : figues, noyaux de prunes, pêches cerises, olives, pépins de raisin et sarments de vignes. Les restes ichtyologiques provenaient essentiellement de petits poissons et de thons. Le liège employé pour confectionner des bouchons d’amphore, la poix largement utilisée dans le la protection des coques des bateaux provenant pour le premier du massif des Maures et pour la seconde probablement des « pégoulières » repérées dans les massifs calcaires à l’ouest de Toulon font aussi partie des produits fabriqués et utilisés sur place.

    99Bouet 1996 ; Bats 2006, 23-24, 117-152.

    100Ces dimensions sont supérieures à celles des entrepôts militaires mesurant en moyenne en Gaule 17 à 24 m de long pour 7 à 8 m de large, soit, 98 à 192 m² ou encore à Castillejo III en Espagne 520 m² (26 × 20m) divisés en trois dépôts à double nef de 18 m de long et respectivement 5,60 m, 6,80 m, 6,10 m de large, soit 74 m², 92 m², 81,40 m² de superficie, à Renieblas V de 410 m² (27,30 × 15 m) et 488 m² munis de planchers flottants (28 × 17,40 m).

    101Cette restitution (Cotto 2011) n’est pas retenue dans les synthèses les plus récentes (Excoffon, Carrato 2020 ; Bouet 2020). Voir Rivet et al. 2000, 391 ; Reddé et al. 2006, 113 ; Goudineau, Brentchaloff 2009, 38-39 ; Salido Dominguez 2009, 684-687, fig. 3 ; Cotto 2011 ; Gebara, Digelmann, Lemoine 2012, notice 115, 431 ; Portalier, Bernigaud 2014 ; Excoffon, Carrato 2020.

    102Excoffon 2015 ; Excoffon, Carrato 2020.

    103Nous ne disposons pas de données précises sur Marseille ou Saint-Gervais à Fos en cours d’étude. En revanche, les travaux de David Djaoui sur les amphores issues des fouilles dans le Rhône à Arles permettent une comparaison puisque les amphores vinaires Gauloise 4 représentent à peu-près 40 % de l’ensemble pour plus de 50 % à Toulon comme le montre Emmanuel Botte. Voir Long 2008 ; Long, Piton, Djaoui 2009, 159-191 ; Bigot 2017 ; 2020.

    104Andreau 2010 ; Marin, Virlouvet 2016, 6-8 ; Faure, Tran, Virlouvet 2018, 571-657.

    Auteurs

    • Jean-Pierre Brun

      Collège de France

    • Michel Pasqualini

      CEPAM, CNRS, Université Côte d’Azur

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    1Peter 1994. Vauban avait été frappé par les apports alluvionnaires de ces deux cours d’eau qui « avaient fait société pour boucher le havre de Toulon ». C’est la raison pour laquelle il fit détourner l’Eygoutier vers la rade des Vignettes et le Las vers Missiessy (d’où son nom actuel de « Rivière Neuve »).

    2Teissier 1873 ; Février 1964, 97 ; Forget 1983.

    3Lugand, 1926, 132 ; Arnaud 2004, 12-15. La question de la date du tronçon de l’Itinéraire entre Rome et Arles a fait l’objet de plusieurs études : René Lugand le datait du ier siècle, mais récemment Pascal Arnaud a révisé la date de sa mise en forme, sur des critères toponomastiques et linguistiques d’une période postérieure au ive siècle et antérieure au Moyen Âge.

    4Itinéraire maritime d’Antonin 505,7 ; 506,1 ; Notitia Dignitatum 11,72 ; CIL, XII, 696 ; Teissier 1868 ; Marion 1869, 41 ; Hefele, Leclercq 1908, 430 §162 ; Palanque 1951, 141 ; Février 1955, 5, 9, 10 et 16 ; 1964, 94-103 ; Barruol 1975, 211 ; Brun 2001b, 221.

    5Vidal 1897, 66 ; Gaignebet 1940 ; Rostaing 1950, 262 ; Février 1955, 8 ; 1964, 156 ; Gérard 1973, 26-29.

    6Bats 2006.

    7Boyer 1959 ; Barruol 1975, 211 ; Brun 1986, 275 ; Brun, Borréani 1999, 775-830.

    8Pline, HN, 3, 35.

    9Strabon, Géogr. 4.1.5 et 4.6.3.

    10Albanes, Chevalier 1911, IV ; Clouzot 1923 ; Gaignebet 1935 ; Palanque 1951, 141 : Février 1955, 9 ; 1964, 205 ; Barruol 1975, 133 et 211 ; Duval, Février, Guyon 1986, 61 ; sur Pignans : Brun, Borréani 1999, 552-560.

    11Brun, Borréani 1999, 828-829, §95. Le Père E. Isnard rapporte qu’en 1558, aux abords de Notre-Dame-d’Entrevignes, on dégagea des vestiges de constructions romaines qui semblent avoir comporté des thermes mais on ne sait pas s’il s’agit de l’extrémité du tissu urbain ou bien d’une villa.

    12Lafaye 1909, I, 6 no 21.

    13Revellat 1868 et 1870 ; Teissier 1868 ; Vidal 1897, 96 ; 1905 ; Lambert 1884 ; Février 1955, 5 ; Jean 1985.

    14Brun et al. 1978 ; Brun, Borréani 1999, 775-830.

    15Février et al. 1989, 293 ; Brun 1986 ; 2005, 68-77.

    16Revellat 1868 et 1870.

    17Brun, Borréani 1999, 821-823.

    18Février 1955, 19.

    19Inscription sans provenance précise. Brun et al. 1978, 49 ; Brun, Borréani 1999, 785, §19.

    20Gérard 1986.

    21Vidal 1905, 8-9.

    22Brun, Borréani 1999, 775-830.

    23Février 1955, 28-30 ; 1964, 150.

    24Teissier 1868, plan ; Vidal 1897, 94 ; Bonavita 1980, 44 ; Gérard 1986.

    25Gonnet 1980, 292. La toponymie de ces quartiers est moderne ou contemporaine. Au bas Moyen Âge, ces zones étaient occupées par des bourgs nommés Saint-Michel et Saint-Lazare. Le nom des Minimes fait référence à un couvent du xvie siècle, dont le souvenir est perpétué par divers édifices dont une école mitoyenne de l’école Lafayette. Ces deux écoles furent détruites au début des travaux de la ZAC. Besagne est un toponyme qui renvoie à l’immigration italienne et ferait référence à un quartier de Gênes. Dutasta est le nom d’un maire de la ville (Henri Armand Dutasta, maire de 1878 à 1888).

    26Rapport inédit de Marc Borréani et Pascal Lecacheur.

    27Borréani et al. 1988.

    28Liou 1987, 110.

    29Pasqualini 1987.

    30Bonifay 1983 ; 1986 ; Foy 2011.

    31Bonifay 1983, 302 ; Borréani et al. 1988.

    32Marin, Virlouvet 2016.

    33L’épave 5 n’existe pas, ce numéro ayant été attribué par erreur au moment de la fouille.

    34Laval 1993.

    35La mention des bâtiments postérieurs ne sert qu’à faciliter le repérage des Us dans l’espace.

    36Guibal, Serre-Bachet 1993. Voir P. Poupet dans Pasqualini 1987, 173-190.

    37Ce comblement progressif ne semble pas avoir gêné le trafic portuaire à l’époque romaine. Il faut attendre les premiers aménagements militaires de la fin du xvie siècle pour que des solutions soient recherchées avec la construction des darses, des opérations de dragage et surtout le détournement des cours d’eau, le Las vers Lagoubran, l’Eygoutier vers la grande rade, au-delà de la Mitre.

    38Les derniers niveaux reflètent essentiellement l’usage tardif de la voie et la circulation de charrois lourds a provoqué des intrusions dans les niveaux inférieurs. Dans ces derniers toutefois, bien que très usées, les céramiques renvoient au iie s. de notre ère.

    39Ce terre-plein n’a pas pu être relevé en détail car il a dû être rapidement fouillé lors de l’extension du chantier de construction au printemps 1988 : cela explique qu’il soit indiqué en grisé sur le plan (fig. 29) : faute de temps, nous avons pu relever seulement son encombrement au théodolite.

    40L’étude ébauchée au moment de la fouillea été reprise par Giulia Boetto du Centre Camille Jullian d’Aix-en-Provence.

    41La double numérotation de cette épave correspond aux deux fragments de coque découverts côte à côte mais qui se sont révélés appartenir au même bateau.

    42On ne peut pas exclure que la tablette se soit trouvée prise dans les sédiments déposés sur la coque.

    43France 1999.

    44Il reste la possibilité que les sols du iiie siècle aient été encore utilisés et systématiquement nettoyés, mais cela semble peu probable au vu des accumulations de déchets dans la rue.

    45Gérard 1986.

    46Lorsque nous avons fouillé cet ensemble, seuls les murs de l’entrepôt III,5B de la phase 2 apparaissaient et nous lui avions donné le no 108. Ce n’est qu’à la fin de la fouille de ce secteur que les murs de la phase 1 sont apparus : ils avaient été en grande partie spoliés lors de la construction de l’entrepôt postérieur. C’est alors que nous avons dénommé les pièces des maisons de la phase 1 sous les no 108, 111, 112, 113, 114, 115, 113, 117.

    47Brun, Borréani 1999, 791. La mauvaise conservation des vestiges des installations artisanales mais aussi des variantes dans leur conception comme à Fréjus nous incitent aussi à la prudence (Pasqualini, Rodet-Belarbi, Blanc-Bijon 2017, 117-119).

    48Sur les fullonicae, voir Flohr 2013.

    49Pris par l’urgence des travaux, nous n’avons pas fait de prélèvement qui aurait permis aujourd’hui de réaliser une analyse bio-chimique.

    50Sur l’utilisation des dolia dans les installations de production de vin en Narbonnaise, voir désormais Carrato 2017.

    51Comme dans les villae de la Pointe des Minimes à La Rochelle et de la Sarrazine à Cognac (Brun 2005, 109-110).

    52Comme la villa de La Gramière (Brun 2005, 33-34).

    53Cicéron, Pis., 67. Sur ce point voir Tchernia 1986, 33. Sur les tonneaux et leur emploi précoce : Desbat 1991 et Marlière 2002.

    54Les piliers 187 et 188 (ou l’un des deux) pourraient faire partie des grands travaux de la phase 4 dont les fondations sont puissantes (M52 et 87 par exemple). Leur état de destruction ôte tout indice.

    55Bats 2006, 136-154. Dans l’îlot 6 d’Olbia se trouvait une boutique ouvrant sur la rue et adossée à un entrepôt pour le vin. Plusieurs sortes de vin y étaient conservées : des vins en amphore (près de 500, surtout de Narbonnaise, mais aussi 28 d’Italie et 4 de Méditerranée orientale) et du vin en vrac conservé dans un dolium. La boutique et l’entrepôt faisaient partie d’une maison d’un marchand de vin construite vers 30 après J-C et détruite par un incendie vers 70 ; l’habitation s’étendait au sud de l’entrepôt.

    56Dans les grandes villes (Rome, Ostie-Portus, Vienne, etc), les horrea ont un étage auquel on accède par des escaliers ou des rampes : Gros 1996, 467-473 ; Marin, Virlouvet 2016 ; Carrato 2017.

    57Gros 1996, 469-471 ; Boetto et al. 2016.

    58On peut aussi ajouter Valencia (Ribera 2011) et d’autres cités en Espagne (Arce, Goffaux 2011), de Patara en Lycie (Rickman 1971, 132-137).

    59Bouet 2003, 304-305, no 181.

    60Comme à Pompéi il faut envisager l’association, auberge, bordel (lupanar), thermes. Les auberges comportent souvent des salles thermales. À Ambrussum, les probables auberges étaient associées à des thermes. À Fréjus, la fouille des Poiriers a révélé que de petits thermes étaient liés à une auberge ou à un bordel. Les relais routiers avérés sont aussi dotés de thermes, tels ceux de La Quintarié à Clermont-L’Hérault, d’Anse ou d’Elmer en Belgique. Voir Fiches 1989 ; Fiches, Mathieu 2002 ; Pomarèdes, Fabre, Rigoir 2005, 11, fig. 3 ; Ardisson 2013 ; Witrouw 2014 ; Excoffon 2015 ; Le Guennec 2016 ; Medri 2016 ; Leveau 2014 ; 2016a et b.

    61Medri 2016, 106-107.

    62Leveau 2016a ; Le Guennec et al. 2016.

    63Imbert 2002. Cf. L’étude d’Emmanuel Botte dans la partie II.

    64Lontcho 2004 ; McGinn 2004, 232-239, 280 ; Guzzo, Scarano Ussani 2006 ; 2009.

    65Cecchini 2004, fig. 196 ; Le Guennec 2016, fig. 41.

    66Monteix 2016a, 156-157.

    67Monteix 2016b, 20.

    68Il s’agit d’une réprésentation d’urne analogue à celle couronnant le mausolée de L. Aefonius Rufus à Sarsina en Italie ou celle du mausolée de Fourches-Vieilles à Orange. Un fois la famille éteinte, les mausolées même imposants étaient parfois rapidement démantelés. À Cumes, le mausolée de C. Gavius Garra Cavonius érigé à la fin du règne d’Auguste ou sous Tibère fut démoli moins d’un siècle après, lors de la construction de la voie domitienne en 95. Voir Ortalli 1997 ; Mignon, Zugmeyer 2006, fig. 5 ; Brun, Munzi, Botte 2017.

    69Des murs bahut entre les colonnes entourant l’impluvium existent à Pompéi, Fréjus. Pasqualini, Rodet-Belarbi, Blanc-Bijon 2017, 54, fig. 66 et 67a et b.

    70Varron R. R. II, 5, 16 « Le sol, dans les étables à vaches comme dans toutes autres, doit être construit en pierre ou matériaux équivalents, afin de conserver saine la corne de leurs pieds » ; Columelle VI, 23 « Les meilleures étables sont celles dont le sol est pavé ou recouvert de gravier ».

    71L’Encyclopédie de Diderot et D’Alembert (1751, art. écurie) indique : « Communément [les écuries] sont pavées dans toute leur étendue ». Selon Stewart 1883, 18 : « Un dallage est ce qu’il y a de meilleur, aussi bien pour les stalles que pour le passage. Il dure longtemps et se tient facilement propre ».

    72Kastenmeier 2007, 39-41.

    73Sinon comment expliquer la présence, entre autres, de lampes originaires de Méditerranée orientale rares dans notre région et datées de la fin du vie siècle et de la première moitié du viie siècle.

    74Brun et al. 1989, 128-129.

    75Borréani, Brun 1990, 141, fig. 25, 12.

    76Pasqualini 1981.

    77Gébara, Pasqualini 1993, 361-364.

    78Bérato, Palfi, Dugas 1996.

    79Brun et al. 1989, 128-129, fig. 45.

    80Brun et al. 1978 ; Brun, Borréani 1999, 824-828.

    81Molina 2013.

    82Bérato, Pálfi, Dugas 1996.

    83Bérato, Pálfi, Dugas 1996.

    84Palfi, Bérato, Dutour 1994.

    85Bérato, Dutour, Williams 1990.

    86Goudineau 1979, 196-203 et 311-312.

    87Février 1980 ; Petit, Mangin, Brunella 1994 ; Garmy, Leveau 2002 ; Tarpin 2002 ; Favory 2012.

    88Brun, Borréani 1999, 461, 542-546, 695-706, 726-728, 850-852, 852.

    89Brun, Borréani 1999, 104-184, 437-461, 465-467, 478-481, 728-738, 852-854 ; Garmy, Leveau 2002, 82-88 ; Bats 2006, 21-28 ; Chapon et al. 2012.

    90Gascou 1992 ; Brun, Borréani 1999, 132-133.

    91Brun, Borréani 1999, 806.

    92Brun 1992 ; Arnaud 2003.

    93Morabito 2013, 58-62.

    94Brun, Borréani 1999 fig. 52 et 53, 152-153 ; Borréani 2006 ; Valente 2014 ; Carrato 2017, 489-492.

    95Carrato 2017, 557-558.

    96Barillot et al. 2016 ; Brun, Congès 2017.

    97Marin, Virlouvet 2016 ; Pellegrino 2017 ; Bouet 2020, 513-517 fig. 11 à 14, 520-521 fig. 19, 521-522, fig. 20, 555-559, fig. 52 à 55.

    98De ces derniers témoignent les macro-restes végétaux découverts dans les sédiments vaseux du port : figues, noyaux de prunes, pêches cerises, olives, pépins de raisin et sarments de vignes. Les restes ichtyologiques provenaient essentiellement de petits poissons et de thons. Le liège employé pour confectionner des bouchons d’amphore, la poix largement utilisée dans le la protection des coques des bateaux provenant pour le premier du massif des Maures et pour la seconde probablement des « pégoulières » repérées dans les massifs calcaires à l’ouest de Toulon font aussi partie des produits fabriqués et utilisés sur place.

    99Bouet 1996 ; Bats 2006, 23-24, 117-152.

    100Ces dimensions sont supérieures à celles des entrepôts militaires mesurant en moyenne en Gaule 17 à 24 m de long pour 7 à 8 m de large, soit, 98 à 192 m² ou encore à Castillejo III en Espagne 520 m² (26 × 20m) divisés en trois dépôts à double nef de 18 m de long et respectivement 5,60 m, 6,80 m, 6,10 m de large, soit 74 m², 92 m², 81,40 m² de superficie, à Renieblas V de 410 m² (27,30 × 15 m) et 488 m² munis de planchers flottants (28 × 17,40 m).

    101Cette restitution (Cotto 2011) n’est pas retenue dans les synthèses les plus récentes (Excoffon, Carrato 2020 ; Bouet 2020). Voir Rivet et al. 2000, 391 ; Reddé et al. 2006, 113 ; Goudineau, Brentchaloff 2009, 38-39 ; Salido Dominguez 2009, 684-687, fig. 3 ; Cotto 2011 ; Gebara, Digelmann, Lemoine 2012, notice 115, 431 ; Portalier, Bernigaud 2014 ; Excoffon, Carrato 2020.

    102Excoffon 2015 ; Excoffon, Carrato 2020.

    103Nous ne disposons pas de données précises sur Marseille ou Saint-Gervais à Fos en cours d’étude. En revanche, les travaux de David Djaoui sur les amphores issues des fouilles dans le Rhône à Arles permettent une comparaison puisque les amphores vinaires Gauloise 4 représentent à peu-près 40 % de l’ensemble pour plus de 50 % à Toulon comme le montre Emmanuel Botte. Voir Long 2008 ; Long, Piton, Djaoui 2009, 159-191 ; Bigot 2017 ; 2020.

    104Andreau 2010 ; Marin, Virlouvet 2016, 6-8 ; Faure, Tran, Virlouvet 2018, 571-657.

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    Brun, J.-P., & Pasqualini, M. (2022). Partie I. Données générales et archéologiques. In J.-P. Brun, M. Pasqualini, G. Boetto, & E. Botte (éds.), Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/13ti7
    Brun, Jean-Pierre, et Michel Pasqualini. « Partie I. Données générales et archéologiques ». In Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles, édité par Jean-Pierre Brun, Michel Pasqualini, Giulia Boetto, et Emmanuel Botte. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2022. https://doi.org/10.4000/13ti7.
    Brun, Jean-Pierre, et Michel Pasqualini. « Partie I. Données générales et archéologiques ». Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles, édité par Jean-Pierre Brun et al., Presses universitaires de Provence, 2022, https://doi.org/10.4000/13ti7.

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    Brun, J.-P., Pasqualini, M., Boetto, G., & Botte, E. (éds.). (2022). Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/13tik
    Brun, Jean-Pierre, Michel Pasqualini, Giulia Boetto, et Emmanuel Botte, éd. Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2022. https://doi.org/10.4000/13tik.
    Brun, Jean-Pierre, et al., éditeurs. Toulon (Telo Martius), une agglomération portuaire romaine de la cité d’Arles. Presses universitaires de Provence, 2022, https://doi.org/10.4000/13tik.
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