Les édifices de bains de la colonie d’Ostie
Gli edifici termali della colonia di Ostia
The bath buildings of the colonia of Ostia
p. 317-338
Résumés
Par le nombre d’établissements de bains retrouvés en bon état de conservation, la ville d’Ostie, port de la Rome antique, est l’un des sites romains les mieux adaptés à l’étude de cette catégorie d’édifices. Ces derniers témoignent d’une époque où l’organisation interne et l’architecture des bains ainsi que les techniques employées à leur utilisation avaient atteint leur pleine maturité. Ils attestent aussi bien la vie quotidienne des habitants que les évolutions démographiques et urbaines de la colonie du Tibre et son rapport au système portuaire depuis le début de l’époque impériale jusqu’au déclin de la ville à la fin de l’Antiquité.
Grazie ai numerosi stabilimenti balneari ritrovati in eccezionale stato di conservazione, la città di Ostia, porto di Roma, è un caso studio eccezionale. Queste terme testimoniano di un periodo di piena maturità costruttiva come si evince dall’analisi dell’articolazione interna e delle caratteristiche architettoniche, e dalle tecniche utilizzate per il loro funzionamento. Attraverso tali edifici è inoltre possibile ricostruire la vita quotidiana degli abitanti, gli sviluppi demografici e urbani dell’antica colonia romana e il suo rapporto con il complesso portuale dal primo impero fino al declino della città alla fine dell’Antichità.
The town of Ostia, the port of ancient Rome, is one of the best possible Roman sites in which to study bath houses, given the number of such establishments discovered in a good state of preservation. They stand as evidence of an era when the architecture and internal organisation of baths, as well as the manner in which they were used, had reached full development. They reflect both the everyday life of the inhabitants as well as the demographic and urban changes of the settlement on the Tiber and its relationship with the port system, from the beginning of the Imperial Period until the decline of the town at the end of antiquity.
Entrées d’index
Texte intégral
1À partir de la fin de la République, les établissements de bains ont constitué une catégorie de monuments essentielle au bon fonctionnement des villes romaines ; ils n’étaient pas seulement des lieux d’hygiène, mais aussi des lieux de détente, essentiels à l’art de vivre à la romaine. Avec 34 édifices de bains actuellement répertoriés, sans prendre en compte ceux de la zone de Portus et du Litus Laurentinum, la ville d’Ostie représente un lieu exceptionnel pour l’étude de ces monuments, tant du point de vue typologique (statut des édifices, étude des plans et organisation des parcours), du point de vue technique (étude des méthodes d’alimentation en eau, modes de chauffage et autres éléments nécessaires à la bonne marche de ces établissements) que du point de vue urbain (emplacements et rôles des bains dans la ville).
2Dans l’histoire des bains romains, les exemples d’Ostie font partie majoritairement de la période médio-impériale, c’est-à-dire une période où ils ont atteint leur maturité définitive, aussi bien dans leurs formes, techniquement, que dans la manière de se baigner. Ils diffèrent donc des exemples retrouvés dans les sites du Vésuve (Pompéi, Herculanum et Stabies) détruits en 79 apr. J.-C., témoins de la période précédente où les bains étaient encore dans une phase d’élaboration, proche des concepts développés par Vitruve dans la seconde moitié du Ier s. av. J.-C.
1. Le paysage balnéaire : répartition topographique et phases chronologiques
3La répartition des complexes de bains dans la ville intra-muros et extra-muros est assez uniforme, à l’exception d’un rectangle localisé au centre de la ville, entre le decumanus maximus au sud et le Tibre au nord (fig. 1). L’un d’entre eux, le bain de la Capanna Murata, est même situé dans le « trastevere ostiense », c’est-à-dire dans le quartier aménagé en rive droite du fleuve (Pellegrino et al. 1995a, 517-524 ; Pellegrino et al. 1995b, 399-400). Une majorité d’entre eux étaient des établissements de fréquentation publique (thermes publics et bains publics), une minorité était d’accès plus ou moins privé (bains d’association ou bains domestiques…). Insérés dans le tissu urbain, on retrouve associé à ces monuments toute une série de contextes et d’activités divers (échoppes, tavernes...).
Fig. 1 - Plan de répartition des bains à Ostie

G. Poccardi d’après le plan de 1949 d’I. Gismondi et O. Visca, révisé en 1961 par G. Pascolini, puis par M. A. Ricciardi en 1996.
4La fourchette chronologique concernant cette catégorie d’édifices est comprise entre la fin du Ier s. av. J.-C. et le début du VIe siècle ; l’ensemble de ces établissements ne constitue pas un corpus homogène, n’ayant pas tous fonctionné au même moment. Toutefois, la grande majorité des édifices mis au jour appartient aux phases médio et tardo-impériales (IIe - IV e siècles) en raison de la restructuration de la ville au début de la période antonine.
5Nos connaissances sur ces édifices proviennent presque exclusivement de données archéologiques associées aux quelques données épigraphiques comme les inscriptions dédicatoires, les timbres sur briques et tuyaux en plomb.
6Il ne faut pas oublier les quelques attestations littéraires, qui, si peu nombreuses soient-elle, n’en sont pas moins des éléments d’un certain intérêt pour notre dossier. Elles ont longtemps constitué les seules sources d’information que nous avions en notre possession sur une quelconque activité balnéaire à Ostie : la construction d’un lavacrum Ostiense par Antonin le Pieux (SHA, Antoninus Pius, VIII, 2-3) ; la présence de bains en bord de mer protégés par une digue aux alentours de l’an 200 (Minucius Felix, Octavius, IV, 5) ; l’existence d’un balneum dans la villa maritime des Laurentes de Pline l’Ancien et de trois balnea meritoria (payants) dans le vicus voisin de sa propriété (Pline le Jeune, Lettre à son cher Gallus, II, 17, 11-12, 1 et II, 17, 26) ; enfin, un balneolum situé dans le territurio Hostense, don à l’évêque d’Ostie par l’empereur Constantin et un certain Gallicanus lors de la construction de la cathédrale de la ville dédiée aux Saints Apôtres Pierre et Paul et à saint Jean-Baptiste, sous le pontificat de Sylvestre (314-335)1. En 387, alors que Saint Augustin, préférant résider à Ostie, loin de l’activité frénétique de Portus, était dans l’attente d’un navire pour retourner en Afrique, sa mère Monique qui l’accompagnait décéda brusquement. Il essaya d’oublier sa tristesse en allant aux bains et cela sans grand succès (Saint Augustin, Confessions, IX, 12, 32).
7Mais l’étude des bains à Ostie se base principalement sur les vestiges de monuments dégagés et une majorité d’entre eux est à placer à l’époque antonine (96-192). Ce phénomène est lié à une réorganisation de la majeure partie de la ville à partir du règne de Domitien avec le relèvement de plus d’un mètre des niveaux de certains quartiers, suivi d’une expansion rapide de celle-ci sous les Antonins. Cette nouvelle ville a détruit en grande partie l’ancienne et c’est pour cette raison que le tissu balnéaire du Ier siècle et surtout de la période tardo-républicaine nous est en grande partie inconnu. À la fin de la période antonine, celui était homogène. La période sévérienne ne vit pas la construction de nouveaux bains ; en revanche, plusieurs d’entre eux ont subi d’importants travaux de réfection et de réaménagement nécessaire à leur bon fonctionnement. La période tardive (250 - 500) n’a pas été, dans un premier temps, réellement une période de rupture. Les grands complexes thermaux ont continué à fonctionner normalement pendant tout le IV e siècle, ainsi que la majorité des bains publics secondaires. En même temps, la ville vit la construction de petits complexes, principalement concentrés dans sa partie occidentale, en particulier le long de la via Severiana, en bordure de mer, au-delà de la Porta Marina, en complément des thermes de la Marciana et du bain du Silène déjà existants : le petit bain du Squelette, le bain aménagé dans l’îlot des thermes de la Marciana, le bain de l’édifice b et le bain de Musiciolus (Poccardi 2006, 167-186 ; Pavolini 1980, 113-122 ; Turci 2016, 161-171 ; David 2018, 31-44). Le déclin de l’activité balnéaire n’intervint qu’à partir du V e siècle, en même temps que celui de la ville dans son ensemble. Pourtant, dès le milieu du IIIe s. apr. J.-C., Ostie n’était plus réellement un centre portuaire et commercial, mais s’était transformée de plus en plus en ville résidentielle destinée à loger une partie du personnel travaillant dans l’administration portuaire.
8En complément des attestations littéraires et du dégagement des édifices, l’exploration archéologique du site a permis la découverte de nombreuses inscriptions. La plus ancienne attestation épigraphique de l’existence d’un édifice de bains à Ostie provient d’une inscription retrouvée à l’est des horrea Epagathiana qui parle d’un balneum financé par un certain Cartilius Poplicola, personnage le plus influent de la colonie à l’époque augustéenne (CIL, XIV, 4711). Cette inscription est antérieure de plus d’un demi-siècle aux premiers complexes mis au jour à Ostie (thermes des Provinces et bain de l’Envieux), qui datent des grands travaux de la fin de l’époque julio-claudienne. À l’époque antonine, plusieurs inscriptions mentionnent l’existence de thermes : une première signale que l’empereur Antonin le Pieux (117-138) versa un supplément de deux millions de sesterces pour l’achèvement d’un complexe que l’empereur Hadrien (138-161) avait commencé à faire édifier (CIL, XIV, 98 = ILS 334) ; une seconde mentionne l’existence de thermes et des portiques adjacents construits par ces mêmes souverains et rénovés par P. Lucilius Gamala après un incendie qui détruisit l’édifice2. Toutefois, c’est entre la fin du IIIe siècle et le début du V e siècle que nous avons le plus de témoignages épigraphiques concernant des rénovations dans les grands ensembles thermaux, entreprises gérées par les préfets de l’annone, en qualité de responsables du ravitaillement de Rome, au nom des empereurs régnants : restauration d’un édifice thermal par un empereur, probablement Probus (276-282) par l’intermédiaire d’un personnage anonyme, praefectus annonae et vice agente praefectorum praetorio3 ; peut-être la restauration d’un complexe thermal sous les empereurs Constans et Constance II (340-350) (CIL, XIV, 135), rénovation des thermes Maritimes sous les empereurs Valens, Gratien et Valentinien II (375-378) par Fl. Proculus Gregorius aux frais de la caisse de la colonie d’Ostie4, et des thermes de M. Gavius Maximus par Fl. Octavius Victor et Ragonius Vincentius Celsus5. La dernière attestation d’une activité balnéaire à Ostie date du début du VIe siècle. Il s’agit de la restauration de la partie froide des thermes de la Marciana, au-delà de la Porta Marina dans laquelle ont été retrouvés des timbres mentionnant le roi ostrogoth Théodoric (493-526) (CIL, XIV, 1664).
2. Répartition topographique des édifices de bains d’Ostie en fonction de trois grandes périodes chronologiques
(* : Ier siècle apr. J-C. ; ** : période antonine ; *** : Antiquité tardive)
2.1 La trame balnéaire au Ier s. apr J.-C. : 3 complexes de bains
Thermae des Provinces (Regio II)* : règne de Claude (41-54), puis les thermae Domitiani (Regio II)*
Balneum de l’Envieux (V, v, 2)*
Balneum du Nageur (V, x, 2)*
2.2 La trame balnéaire à l’époque antonine : 21 complexes de bains
Balneum de la via del Pino (Regio I)**
Thermae du Forum ou de M. Gavius Maximus (I, xii, 6)**
Thermae de la place de la Statue héroïque (I, xiii)** : peu de traces évidentes
Balneum du Buticosus ou balneum Herculi (I, xiv, 8)**
Balneum du Mithra (I, xvii, 2)**
Balneum des Cisiarii (II, ii, 3)**
Thermae de Neptune (II, iv, 2)**
Balneum de la « Basilique chrétienne » (I, i, 3)**
« Thermes Maritimes » (III, ix, 1)**
Balneum de Sept Sages (III, x, 2)**
Balneum de la Trinacrie ou balneum Serapi (III, xvi, 7)**
Balneum Matidiae du « Palais Impérial » (Regio III)**
Balneum du Phare (IV, ii, 1)**
Balneum de la via di Iside (IV, v, 6)**
Balneum des Six Colonnes (IV, x, 11)**
Balneum du Silène (IV, ix, 1)**
Thermae de la Marciana ou de Porta Marina (IV, x, 1)**
Balneum de la Capanna Murata dans le Trastevere ostien**
Balneolum de la domus de Jupiter fulminator, (IV, iv, 8)**
Balneum de l’Envieux (V, v, 2)*
Balneum du Nageur (V, x, 2)*
Balneum de la villa de Procoio à Pianabella**
2.3 La trame balnéaire au IV e siècle et au-delà : 27 complexes balnéaires
Thermae du Forum ou de M. Gavius Maximus (I, xii, 6)**
Balneum du Buticosus ou balneum Herculi (I, xiv, 8)**
Balneum du Mithra (I, xvii, 2)**
Balneum de la via della Foce (I, xix, 6)***
Balneum des Cisiarii (II, ii, 3)**
Thermae de Neptune (II, iv, 2)**
Balneum de la « Basilique chrétienne » (I, i, 3)**
Balneolum de la maison des Dioscures (III, viii, 1)***
« Thermes Maritimes » (III, ix, 1)**
Balneum de Sept Sages (III, x, 2)**
Balneum de la Trinacrie ou balneum Serapi (III, xvi, 7)**
Balneolum de l’entrepôt (III, xvii, 1)***
Balneum de la domus du Port (Regio III)***
Balneum Matidiae du « Palais Impérial » (Regio III)**
Balneum du Phare (IV, ii, 1)**
Balneum « Byzantin » (IV, iv, 8)***
Balneum de la via di Iside (IV, v, 6)**
Balneum des Six Colonnes (IV, x, 11)**
Balneum du Silène (IV, ix, 1)**
Balneolum du Squelette (IV, ix, 4)***
Thermae de la Marciana ou de Porta Marina (IV, x, 1)**
Balneum des thermes de la Marciana (IV, x, 2)***
Balneum de l’édifice B (IV, xv, 1)***
Balneum de Musiciolus (IV, xv, 2)***
Balneum de Persée (Regio IV)***
Balneum du Philosophe (V, ii, 11)***
Balneolum près de la Porta Romana***
3. Les commanditaires et les propriétaires
9Nous n’avons que peu d’éléments pour déterminer qui sont les personnes qui ont été à l’origine de la construction ou de la restauration des bains. Pour la période précédente, nous savons que les empereurs Hadrien et Antonin le Pieux sont intervenus personnellement pour la construction d’un grand ensemble thermal, identifié comme étant les actuels thermes de Neptune6. Grâce à la découverte d’une estampille sur un tuyau de plomb associée à des inscriptions tardives de la fin du IV e, voire du début du V e s. apr. J.-C., nous savons que les thermes du Forum ont été financés par M. Gavius Maximus, préfet du prétoire d’Antonin le Pieux durant la seconde partie de son règne. Les grands complexes thermaux d’Ostie ont donc été l’œuvre des plus hauts personnages de l’Empire, faveur accordée en raison de l’importance d’Ostie comme chef-lieu du complexe portuaire de la capitale.
10Pour les bains secondaires, il est difficile de se prononcer. Dans quelques complexes, nous avons retrouvé une partie de la tuyauterie en plomb portant des timbres épigraphiques : balneum du Phare, balneum du Nageur, balneum des Cisiarii, « thermes Maritimes », balneum Matidiae du « Palais Impérial » et balneum tardif situé près du bassin portuaire. Ces inscriptions sur les fistulae aquariae nous feraient connaître le nom des propriétaires des édifices et des artisans ayant fabriqué ces objets7. Il faut ajouter à cette liste le bain de la Trinacrie, probablement lié au sanctuaire de Sérapis et le bain de Buticosus, lié à celui d’Hercule.
3.1 Approche typologique
11Ces bains ne rentrent pas tous dans une même catégorie d’établissements.
3.2 Les grands ensembles thermaux
12Ce sont les grands complexes publics, fruit de l’évergétisme impérial ou de grands personnages, qui sont les seuls à pouvoir être dénommés « thermes ». Ce n’étaient pas de simples bains, mais ils possédaient des aménagements supplémentaires comme des palestres pour les sportifs et des espaces annexes consacrés à des activités indépendantes de la pratique balnéaire (bibliothèques, salles de réunions, …).
13À Ostie, quatre ensembles entrent dans cette catégorie. Ils sont placés sur un axe est-ouest, matérialisé grossomodo par le decumanus maximus : les thermes des Provinces construits sous l’empereur Claude (41-54), mais détruits et remplacés par un nouveau complexe sous Domitien (81-96), lui-même remplacé par les actuels thermes de Neptune sous l’empereur Hadrien et Antonin le Pieux ; au centre de la ville, signalons la présence de thermes très peu documentés datés du règne de l’empereur Hadrien situés sous la place de la Statue héroïque et des thermes du Forum attribués à M. Gavius Maximus, préfet du prétoire de l’empereur Antonin le Pieux8 ; enfin les thermes de la Marciana au-delà de la Porta Marina à l’ouest9.
14Dans le secteur oriental de la ville, l’ensemble thermal dénommé « thermes des Provinces » fut construit au milieu du Ier s. apr. J.-C. au niveau de la via dei Vigili, à l’est d’un grand réservoir d’eau lié probablement à l’arrivée de l’aqueduc. Celui-ci fut rasé en raison de l’élévation des niveaux de la ville sous l’empereur Domitien (81-96). Toutefois, les fouilles menées dans la via dei Vigili ont permis de mettre au jour une partie des structures de ce complexe dont la schola labri du caldarium de type vitruvien, dont le labrum fut lui aussi retrouvé (fig. 2).
Fig. 2 - Plan des thermes des Provinces

G. Poccardi d’après D. Vaglieri, NSA, 1912.
Avec le relèvement des niveaux à la fin du Ier s. apr. J.-C., ce premier complexe fut rasé et remplacé par un nouveau complexe construit plus à l’ouest, dans le cadre de l’aménagement d’un nouveau quartier (Zevi, Granelli 1999, 80-82). Celui-ci fut lui-même remplacé par les actuels thermes de Neptune sous le règne des empereurs Hadrien (117-138) et Antonin le Pieux (138-161) dans le cadre du réaménagement du quartier (Heres 1978, 93-112). Le complexe occupe l’ensemble d’un îlot d’une superficie d’environ 4500 m2 (dont 2300 m2 pour le bloc balnéaire), délimité au sud par le decumanus maximus, au nord par la Caserne des Vigiles, à l’est par la via dei Vigili, et à l’ouest par la via della Fontana. Il a été bâti au-dessus du complexe d’époque domitienne dont une partie des structures a été reprise en fondation par le nouveau complexe. L’établissement s’organise autour d’un bloc balnéaire occupant la partie orientale de l’îlot et une vaste palestre à portiques sur trois côtés, aménagé au-dessus du vaste réservoir d’eau, dans sa partie occidentale. Contrairement à la règle commune, le secteur froid a été placé au sud, près des entrées du complexe, alors que la série de quatre pièces chauffées alignées a été installée au nord. Comme tous les complexes balnéaires d’Ostie, les thermes de Neptune ont subi des modifications et rénovations. La première est probablement datée de la période sévérienne avec le renforcement des structures des pièces chauffées et l’installation d’un grand réservoir à l’angle nord-est du complexe. L’étude des timbres sur briques permet aussi d’affirmer que le complexe a été sérieusement remanié et son organisation modifiée dans la première moitié du IV e s. apr. J.-C. (Heres 1979, 35-42). C’est probablement à cette période qu’il faut placer l’abandon et le démontage du caldarium 15, peut-être en raison d’une faiblesse de la structure de la voûte, et la création d’un nouvel espace chauffé à l’intérieur du frigidarium 10 pour compenser cet abandon. Ces modifications ont provoqué une importante perturbation du parcours balnéaire, isolant ainsi la pièce 9 du couloir d’accès au secteur chauffé par laquelle certains baigneurs, venant de la palestre ou des vestiaires méridionaux, pouvaient éviter de traverser le frigidarium 10 à l’aller. Il a aussi fallu réinstaller un nouveau caldarium, dont on voit encore les deux baignoires, dans l’ancienne étuve 14 et aménager à l’intérieur de l’ancien caldarium 15 désaffecté, et entièrement démonté, de nouveaux emplacements pour recevoir deux chaudières destinées à chauffer l’eau des baignoires du nouveau caldarium 14. Ces importants travaux furent complétés par l’aménagement d’une nouvelle pièce chauffée 10b empiétant sur l’espace du frigidarium 10. Celle-ci a été séparée, mais pas isolée de la pièce froide, par la construction de deux murs et a été dotée d’un hypocauste directement relié à un four, dont l’espace de service n’est que le prolongement du couloir ouest empiétant sur l’angle nord-est de la pièce 9. Cette nouvelle pièce, identifiée à un nouveau tepidarium, permettait de recréer une série de quatre pièces chauffées, les fonctions étant décalées vers le sud par rapport à l’organisation initiale (fig. 3).
Fig. 3 - Plan des thermes de Neptune

G. Poccardi d’après NSA, 1913, 12.
Le plus important complexe de la ville, situé près du forum, sont les thermes du Forum (I, xii, 6) (Bloch 1953, 412-418 ; Zevi 1971, 449-480 ; Cicerchia, Marinucci 1992). Il s’agit d’un établissement de plan semi-symétrique à parcours continu (secteur froid symétrique au nord et secteur chauffé asymétrique au sud) couvrant un espace de 7000 m2 environ (dont 4500 m2 pour le seul bloc thermal). Nous connaissons le nom de son commanditaire, M. Gavius Maximus, préfet du Prétoire de l’empereur Antonin le Pieux entre les années 150 et 161, grâce à deux inscriptions : la première provient d’un timbre sur un tuyau en plomb découvert dans la palestre, près de la pièce 1 ; la seconde est une inscription qui daterait du règne de l’empereur d’Occident Honorius (395-408)10. Le complexe thermal connut plusieurs rénovations et restructurations impliquant des modifications de son organisation interne, en particulier à la période tardive, c’est-à-dire au IV e siècle, voire au début du V e siècle (phase III). Ces opérations ont été attribuées à des préfets de l’annone dont certains noms sont connus comme Ragonius Vincentius Celsus (385-389) et Fl. Octavius Victor11. La principale modification concerne la pièce 15 interprétée traditionnellement comme un solarium, mais ayant eu peut-être la fonction de tepidarium d’entrée : elle a été ensuite isolée du reste du secteur chauffé, réduisant celui-ci à cinq pièces et expliquant de fait le comblement du bassin 16 et sa transformation en nouveau tepidarium d’entrée du secteur chauffé. Malgré cette amputation, le complexe conserva un itinéraire continu sinistrogyre. Le complexe a vu le rajout d’absides débordantes à la piscine nord du frigidarium 6 et à la baignoire sud du caldarium 19, la première empiétant sur la via della Forica et la seconde empiétant sur la palestre (fig. 4).
Fig. 4 - Plan des thermes du Forum ou de M. Gavius Maximus

G. Poccardi, d’après Cicerchia, Marinucci 1992, pl. III.
15Enfin, les thermes de la Marciana ou de Porta Marina sont situés, le long de la voie littorale (via Severiana à partir du début du IIIe siècle) à proximité du bord de mer, à l’extérieur de l’enceinte tardo-républicaine. Leur construction est datée de la fin du règne de l’empereur Hadrien (117-138) et le début de celui d’Antonin le Pieux (138-161) suivi de plusieurs campagnes de restauration qui ont entraîné d’importants réaménagements de leurs structures et de leur organisation interne : une première probablement à l’époque sévérienne, une autre à la fin du IIIe siècle, une troisième dans la seconde moitié du IV e siècle et une dernière durant le règne de Théodoric. L’organisation interne de l’établissement s’établit en un bloc balnéaire au sud composé d’un vaste frigidarium 6 au nord et d’une série de pièces chauffées au sud et d’une vaste palestre à portiques au nord. Dans son premier état, on peut penser que le parcours à l’intérieur du secteur chauffé était mixte, c’est-à-dire en partie continu et partie rétrograde. Il devint continu dans un deuxième temps et vit la piscine orientale du frigidarium 6 doublée en surface dès l’époque sévérienne. La construction de la natatio du frigidarium 6 doit intervenir au plus tôt à la fin du IIIe siècle (fig. 5) (Laubry, Poccardi 2008, 275-305). La troisième pourrait être liée à l’inscription (CIL, XIV, 137 = ILS, 5694) mentionnant les travaux effectués par le préfet de l’annone, Proculus Gregorius, aux noms des empereurs Valens, Gratien et Valentinien II (entre 375 et 378) dans les thermae Maritimae12. C’est de cette période que pourrait être daté le pavement de mosaïque à grosses tesselles polychromes et en plaques de marbre du frigidarium 6 (Mannucci 1980, 29-32 ; Valeri 2001, 307-321 ; Turci 2019). Les derniers travaux de rénovation furent effectués sous Théodoric (493-526). On a retrouvé des estampilles sur briques du roi ostrogoth (CIL, XV, 1664 ou 1669). Il s’agit de la dernière attestation concernant des travaux dans des bains à Ostie.
Fig. 5 - Plan de thermes de la Marciana au-delà de la Porta Marina

G.Poccardi, d’après un plan SBAO, sans référence et le plan d’Ostie de I. Gismondi dans Scavi di Ostia - Topografia Generale, Rome, 1953, pl. 14.
3.3 Les bains secondaires : publics et privés
16La majorité des autres bains était de fréquentation publique, mais leur gestion étant souvent assurée par des personnes privées ; ils étaient donc payants comme cela est évoqué pour les trois établissements du vicus Laurentinum situé près de la villa maritime de Pline le Jeune (Pline le Jeune, Lettre à son cher Gallus, II, 17, 26). Répartis dans toute la ville, ils permettaient aux habitants des maisons et plus encore des immeubles, dépourvus de bains, de venir s’y laver et s’y détendre. En revanche, les bains privés, c’est-à-dire réservés à une clientèle restreinte, sont plutôt rares. Le terme même de « fréquentation privée » n’a pas une signification homogène. Nous avons les bains domestiques liés à une domus ou une villa suburbaine (domus de Jupiter fulminator, villa de Procoio à Pianabella, Villa des Laurentes de Pline le Jeune), les bains peut-être liés à une association de métier (balneum des Cisiarii) ou « philosophique ? » (balneum du Philosophe) ou même des bains de sanctuaire (bain de la Trinacrie lié au Serapeum et le bain de Buticosus lié au sanctuaire d’Hercule). Toutefois, le statut d’un bain pouvait changer comme cela semble être le cas pour le bain de Buticosus et le bain de la Trinacrie qui, d’établissements privés dépendant de sanctuaires, sont devenus probablement des établissements publics sans que les propriétaires n’aient changé pour autant. Nous avons aussi l’exemple du petit bain dépendant de la domus de Jupiter fulminator qui connut un fort développement à l’époque tardive pour devenir le bain « byzantin » et qui, de fréquentation privée, est devenu sans doute public. Plus intriguant est le cas du « Palais Impérial », complexe probablement édifié à l’initiative de Matidia la Jeune, nièce de l’empereur Trajan (Spurza 1999, 129-142). Séparé du bassin portuaire d’Ostie par une imposante structure identifiée comme étant les Navalia, cet ensemble du IIe siècle s’organisait principalement autour d’un bain dont l’un des accès donnait probablement sur un embarcadère. Il pourrait être interprété, avec toute la prudence nécessaire, comme un complexe servant à accueillir des voyageurs de haut rang de passage à Ostie. À l’époque sévérienne, celui-ci connut un important développement par l’ajout d’un nouveau corps de bâtiment et la fermeture de l’accès sur le fleuve, modifiant probablement la destination du complexe et donc du bain qui s’y trouvait (fig. 6). Il faut aussi signaler le cas du petit bain dépendant d’un édifice identifié à une domus tardive (Regio III). Ce complexe n’est connu que par un sondage limité (n° 29) réalisé en 2000 par l’équipe dirigée par M. Heinzelmann (Institut allemand de Rome) dans le cadre de l’exploitation des données de la prospection géophysique : il fut mis au jour une baignoire semi-circulaire outrepassée d’un caldarium et juste à côté un tuyau de plomb portant l’inscription mentionnant les noms de Clodius (Celsinus) Adelphius (préfet de la ville en 351) et de son épouse Faltonia (Betitia) Proba. Or, cet édifice est localisé juste au sud du bassin portuaire d’Ostie et pourrait éventuellement, non pas être destiné à un usage privé, mais aux personnes fréquentant le bassin (si celui-ci fonctionnait encore à cette époque !) sur le modèle de ceux mis au jour le long de la via Severiana13.
Fig. 6 - Plan du bain de Matidia du « Palais Impérial »

G. Poccardi d’après Spurza 1999, 130.
17On trouvait aussi dans les grands thermes des espaces de culte comme la grande cella au centre du portique occidental des thermes de Neptune, identifiée peut-être comme un sacellum destiné au culte impérial. Aux thermes du Forum, la palestre méridionale abritait deux petits temples à la destination inconnue. Même dans des ensembles plus modestes, on peut trouver des sacella. Au bain des Six Colonnes (IV, v, 11), un petit sacellum à proximité de l’espace à ciel ouvert est destiné probablement à servir de lieu d’exercice aux clients du bain. Un mithreum a été aménagé dans les sous-sols du bain du Mithra (Becatti 1954, 29-38). L’apparition du christianisme n’a pas bouleversé la pratique balnéaire, sauf pour condamner les excès qui s’y produisaient, condamnation que les « bons » empereurs avaient déjà faite auparavant. La chapelle chrétienne, retrouvée dans la « basilica » du bain du Mithra, semble avoir été aménagée postérieurement à la fin d’activité de l’établissement ou dans une phase de déclin.
3.4 Organisation spatiale et élaboration des parcours
18Si ces édifices ont des statuts différents, ils ont aussi des organisations spatiales et une organisation interne qui varient souvent d’un monument à l’autre.
19On trouve à Ostie, deux types de plan : le « semi-symétrique » et « l’asymétrique » ou sans symétrie. Le semi-symétrique est un concept très rarement utilisé, car seuls les thermes du Forum ont été conçus selon ce plan. Les autres bains sont donc à classer dans les édifices de plan asymétrique. Si la notion de semi-symétrique implique que l’un des deux secteurs soit symétrique, à Ostie comme dans les exemples italiens ou africains, c’est toujours le secteur froid qui l’est, pour des raisons de facilité et surtout de mise en scène des espaces les plus prestigieux14.
20Un deuxième aspect entre en compte dans la classification des bains, l’organisation du parcours balnéaire. Les bains d’Ostie ont des itinéraires qui sont souvent rétrogrades, c’est-à-dire que le baigneur qui entrait dans le secteur chauffé devait revenir sur ses pas pour en ressortir. Mais à partir de l’Empire, devant le développement de la pratique balnéaire, il a fallu concevoir des itinéraires plus complexes afin de répondre au flux des baigneurs. On trouve donc des itinéraires à parcours continu dans les ensembles les plus prestigieux comme les thermes impériaux de la Capitale. À Ostie, là encore, ce modèle « évolué » est assez rare, seuls les thermes du Forum, les thermes de la Marciana et le petit bain de la domus des Dioscures ont adopté cette solution. Si le parcours continu se retrouve logiquement dans deux ensembles thermaux de la ville, il est plus étonnant d’en voir un dans le bain d’une maison privée, aussi luxueuse soit-elle. En revanche, on trouve une solution intermédiaire qui est le parcours mixte, c’est-à-dire une partie continue, généralement autour des pièces les plus chaudes et une partie rétrograde pour l’entrée et la sortie du secteur chauffé (bain de Buticosus, bain des Cisiarii, bain du Phare). Cette solution intermédiaire nécessite au moins quatre pièces chauffées.
21Comme le plan semi-symétrique vis-à-vis du plan symétrique, l’itinéraire mixte est un sous-produit du parcours continu, puisque la notion de continuité existe, mais sans être appliquée, pour des raisons probablement d’espace.
4. Alimentation en eau
22Les bains sont avant tout des édifices qui se caractérisent par une utilisation abondante de l’eau, leur principale matière première. Le premier problème à aborder est celui des sources d’approvisionnement (Poccardi 2018, 115-128). On dénote trois modes d’approvisionnement : l’eau de pluie, l’eau de la nappe phréatique et l’eau de source. Certains établissements sont parfois alimentés en eau de plusieurs manières ou peuvent changer de mode en fonction des circonstances.
4.1 L’eau de la nappe phréatique
23Dans sa description de sa villa maritime des Laurentes, Pline le Jeune signale la présence d’une nappe phréatique de bonne qualité, malgré la présence de la mer toute proche (Pline le Jeune, Lettre à son cher Gallus, II, 17, 25). Cette eau du sous-sol se situe à Ostie, elle aussi, à faible profondeur, son niveau variant en fonction de la saison (haute en hiver, basse en été)15. L’eau de la nappe phréatique était captée à partir de puits. Il pouvait s’agir d’un simple accès circulaire dont le puisage se faisait avec un seau comme dans le petit bain aménagé tardivement dans l’entrepôt (Reg. III, Is. xvii, 1) de l’époque médio-impériale ou d’un puits plus large dont le système de puisage se faisait par des installations plus sophistiquées (roue à augets ou/et roue à chaîne à godets) pour les complexes balnéaires du IIe siècle. Certains de ces systèmes de captage de l’eau nous sont parvenus en assez bon état de conservation comme au bain de l’Envieux et au bain du Mithra (fig. 7) (Vitruve, De Architectura, X, 4, 3-4). La fouille du puits de captage du bain des Cisiarii a même permis de récupérer des éléments en bois de la roue élévatrice à augets.
Fig. 7 - Bain du Mithra (Reg. I, xvii, 2) : restitution des trois états du système de captage de l’eau de la nappe phréatique

Pascolini 1952 dans Ricciardi, Santa Maria Scrinari I, 1996, p. 155, fig. 236.
24Grâce à sa faible profondeur, cette eau a été utilisée à Ostie dès l’époque archaïque, comme semble l’attester l’existence d’une aqua salvia, source d’eau potable, au niveau de l’aire sacrée républicaine ; elle aurait servi à ravitailler en eau les navires relâchant à l’embouchure du fleuve (Ricciardi, Santa Maria Scrinari 1996, 34-35).
25L’avantage de la nappe phréatique était qu’elle était permanente ; il s’agissait d’une réserve d’eau illimitée, gratuite, facile à puiser et de bonne qualité malgré la proximité de la mer16. Toutefois, son existence posa aussi de sérieux problèmes à la ville au cours de son histoire17. Jusqu’à la construction de l’aqueduc à l’époque d’Auguste ou de Tibère, c’était la seule ressource disponible en quantité importante. Il est donc naturel de trouver à Ostie des bains, principalement de gestion privée, ayant choisi d’assurer par ce biais, une partie, voire la totalité de leur approvisionnement en eau18.
26Le nombre d’établissements à Ostie ayant choisi ce mode d’approvisionnement, à un moment ou à un autre, est de huit : thermes du Forum, bain de Buticosus, bain du Mithra, bain des Cisiarii, bain de la Trinacrie, petit bain dans l’horrea privé (III, xvii, 1), bain des Six Colonnes, bains de l’Envieux et probablement le petit bain du vico del Pino19.
4.2 L’eau pluviale
27Si pour de nombreux auteurs de l’Antiquité, l’eau pluviale était la plus saine20, elle n’a pu constituer qu’une ressource secondaire en raison de précipitations irrégulières, entre les longs étés chauds et secs, entrecoupés de violents orages, et les fortes précipitations à partir de l’automne jusqu’au printemps21. À cela s’ajoutait l’impossibilité de creuser des citernes souterraines pour la stocker en raison de la présence de la nappe phréatique.
28Devant l’impossibilité de stocker cette eau en sous-sol, il fallait donc la drainer vers des réservoirs construits en hauteur, ce qui limitait la capacité de stockage. Le seul avantage technique était d’éviter de devoir soulever l’eau pour créer de la pression, puisqu’elle était déjà canalisée en hauteur.
29Dans le cadre des bains d’Ostie, il ne pouvait donc s’agir que d’une ressource aléatoire, complémentaire de l’aqueduc ou peut-être même de la nappe phréatique. En raison de l’état de conservation des réservoirs balnéaires, il est difficile de déterminer le nombre d’établissements qui possédaient ce mode d’approvisionnement complémentaire, seuls trois exemples sont signalés, dont un seul avec certitude, un dans la partie orientale et deux dans la partie occidentale de la colonie : le bain des Sept Sages et peut-être le bain « Byzantin » et le bain du Nageur22. Dans le premier exemple mentionné, l’ensemble du système de captage de l’eau de pluie est bien conservé (fig. 8).
Fig. 8 - Bain des Sept Sages (Reg. III, x, 2) : restitution du système de captage de l’eau pluviale

Restitution M.A. Ricciardi : Ricciardi, Santa Maria Scrinari I, 1996, 164, fig. 258.
4.3 L’eau de source
30Contrairement à l’eau de la nappe phréatique, immédiatement accessible, cette ressource devait être transportée jusqu’aux établissements de bains de la ville par des aqueducs. Le lieu de captage était situé sur les premières hauteurs des Monts Albains, au niveau du « fosso di Malafede », à 13 km de la colonie23. Elle était transportée jusqu’à la ville par un aqueduc, sur un parcours à très faible déclivité, ce qui fait que la pression d’écoulement du liquide était faible. Cet aqueduc arrivait au sud du grand castellum aquae, daté de l’époque de Domitien (fin du Ier siècle) et desservait les différents quartiers de la ville par plusieurs branches, dont une installée sur l’enceinte tardo-républicaine (Bukowiecki, Dessales, Dubouloz 2008). Il s’agissait d’un lourd investissement géré par les autorités publiques (les empereurs dans le cas d’Ostie) qui rendait peut-être cette eau payante pour les complexes privés. Cette ressource fut utilisée probablement dès la fin de l’époque augustéenne24, voire au début de l’époque julio-claudienne25.
31Sur 34 bains répertoriés à Ostie, il est difficile de préciser le nombre d’établissements qui étaient réellement raccordés au réseau d’adduction public. Si certains cas ne posent pas de problème, d’autres sont plus problématiques en raison d’un manque de preuves matérielles tangibles. Toutefois, des indices forts permettent d’affirmer ce mode d’approvisionnement comme l’absence de puits de captage de l’eau de la nappe phréatique, voire la situation topographique de l’édifice pour certains d’entre eux. Nous pouvons alors penser que 22 établissements étaient reliés au réseau d’adduction public (fig. 9).
Fig. 9 - Tableau des établissements de bains connectés au réseau d’adduction d’eau publique

4.4 L’eau de mer ?
32Une série d’établissements de bains se trouvait en bord de mer, le long de la voie littorale qui deviendra vers 200 la Via Severiana, dont un complexe portant le nom de thermae maritimae. Il est toutefois difficile de démontrer une hypothétique utilisation d’eau salée dans ces établissements par manque complet d’éléments allant dans ce sens. La position de ces bains se fait en fonction principalement de la voie littorale et le vocable thermae maritimae (aujourd’hui attribué aux thermes de la Marciana au-delà de la Porta Marina) renvoie certainement à une position avec vue sur la mer et non pas à une utilisation de l’eau marine.
Le chauffage des bains
33À l’époque des premiers ensembles retrouvés à Ostie (milieu du Ier s. apr. J.-C.), les techniques de chauffage sont arrivées à un stade de perfectionnement pratiquement définitif. Depuis le début du Ier s. av. J.-C., la technique de l’hypocauste s’est généralisée permettant un chauffage efficace des sols, suivi un demi-siècle plus tard par l’invention de la double-paroi (chauffage par les parois) qui fut plus longue à mettre au point. Les établissements d’Ostie sont donc pourvus de tous ces équipements créant une gaine thermique efficace permettant d’obtenir et de maintenir des températures élevées.
34Il existait une autre manière d’améliorer le chauffage des pièces, c’était l’exposition solaire que recommandait Vitruve (De Architectura, V, 11). À Ostie, rares sont les édifices qui ne respectent pas cette règle, en particulier les thermes de Neptune où le secteur chauffé a été placé au nord. Pour pallier cette incohérence, due sûrement à un problème de disposition des espaces par rapport à l’environnement immédiat des thermes, les concepteurs ont atténué cet inconvénient par la réalisation d’un tampon thermique au niveau de la fenêtre nord du caldarium 15 (fig. 10). Ce système d’isolation s’organisait autour d’une double fenêtre disposée entre le caldarium 15 et le couloir de service et le couloir de service et l’extérieur. L’air chauffé par les foyers circulait entre les deux vitres et assurait ainsi une isolation thermique efficace, voire une amélioration du système de chauffage de la pièce (Broise 1991, 64-65).
Fig. 10 - Tampon thermique du couloir septentrional des thermes de Neptune

Broise 1991, 65 fig. 6.
35Il n’y avait pas que les pièces à chauffer, l’eau de certaines baignoires, en particulier celles du caldarium devait l’être particulièrement. Pour chauffer fortement de l’eau, le système décrit précédemment n’était pas suffisant. La première solution était de placer une plaque de métal (testudo alvei) entre le foyer et le bassin, car le métal est un bon conducteur de chaleur. On retrouve de tels dispositifs dans les baignoires de caldaria, mais aussi dans le sol des grandes piscinae calidae : « thermes Maritimes » et bain de la villa suburbaine de Procoio à Pianabella (fig. 11). La seconde solution, encore plus efficace pour chauffer l’eau, était l’utilisation d’une chaudière en métal. Celle-ci était généralement disposée au-dessus de l’un des fours des baignoires du caldarium comme le montre le massif maçonné bien conservé de la baignoire axiale du bain de la Trinacrie (fig. 12) (Broise, Scheid 1987, 100-103), mais parfois au-dessus de foyers autonomes (thermes du Forum, bain du Phare, bain du Philosophe) placés à l’écart. Au bain du Phare, ont été conservées quelques consoles en travertin encastrées dans les parois extérieures au caldarium et destinées à soutenir le tuyau en plomb servant à transporter l’eau de la chaudière à la baignoire (fig. 13).
Fig. 11 - Vue de la piscine chauffée du secteur oriental des « thermes Maritimes »

G. Poccardi.
Fig. 12 - Vue de la structure maçonnée de la chaudière de la baignoire axiale du bain de la Trinacrie

École française de Rome : OT 197.
Fig. 13 - Consoles supportant le tuyau de plomb amenant l’eau chaude de la chaudière aux baignoires du caldarium du bain du Phare

Cliché G. Poccardi.
L’éclairage des pièces
36Si à Pompéi et à Herculanum une partie des bains était encore des monuments obscurs, ce n’était plus le cas à Ostie. Les bains retrouvés à Ostie étant tous postérieurs au milieu du Ier siècle, ils sont donc représentatifs d’une période où les édifices étaient munis de larges baies vitrées décrites par Sénèque (Lettre à Lucilius, 90, 24) en raison de l’obtention de forte température, grâce aux systèmes de chauffage élaborés, ce qui permis de concevoir de grandes pièces surmontées de voûte d’arête percées de grandes baies.
37Il ne nous reste en général de ces ouvertures que la baie aménagée dans le gros œuvre, mais pas le support des vitres. Toutefois, les thermes du Forum constituent un exemple particulièrement intéressant pour comprendre la manière dont étaient agencées les vitres. Nous trouvons un exemple de fenêtre à châssis dans l’étuve 18 : la fenêtre est divisée en trois pans par deux piliers carrés en marbre percés d’une double rangée verticale et décalée de trous de fixation de châssis sur lequel étaient appliqués les panneaux de verre. Cette technique qui date de la construction des thermes, dans les années 150, était celle qui était utilisée couramment à cette époque. Une autre technique est visible sur l’une des deux colonnes de la baie de la baignoire méridionale de forme absidale du caldarium 19 qui montre des traces de mortier réparties en deux lignes verticales26. Ces marques seraient l’attestation de l’existence d’un système de fenêtre par claustra comme cela est encore visible sur la fenêtre méridionale du caldarium des thermes du Sud à Bosra. Ce procédé attesté à Ostie et rarement en Occident serait une importation tardive venant du Proche-Orient romain. La présence de nombreux bains tardifs (fin IIIe - V e s. apr. J.-C.) pourrait, en fonction des conditions de conservation des structures des fenêtres et de la documentation archivée, peut-être nous renseigner sur le caractère exceptionnel ou non de l’emploi d’une telle technique.
38Les vitres des fenêtres pouvaient être l’objet de dégradations naturelles ou humaines, il fallait donc les protéger. À Ostie, ces dispositifs sont encore visibles sur trois fenêtres, dont deux dans les salles chauffées orientales du bain « Byzantin » et une sur l’abside débordante de la piscine du frigidarium 5 du bain de l’Envieux (Broise 1991, 67-69). Il faut y ajouter la grande fenêtre de la pièce abritant la piscina calida du bain de la villa maritime de Procoio à Pianabella situé juste à l’extérieur de la ville27. Elles sont matérialisées par la présence de consoles en travertin placées de part et d’autre de la baie et percées d’une crapaudine destinée à recevoir la barre de rotation du battant. Dans les bains d’Ostie, seules les consoles inférieures ont été retrouvées, mais la présence de consoles supérieures est obligatoire pour pouvoir maintenir les battants des fenêtres. Les volets étaient donc constitués de deux battants pivotant vers l’extérieur28.
39La présence de volets n’est peut-être pas une règle générale. Dans nos deux exemples, les fenêtres donnaient directement sur un espace public, en particulier pour celle de l’abside du frigidarium 5 du bain de l’Envieux (fig. 14) ; les protéger était donc une obligation.
Fig. 14 - Fenêtre de l’abside débordante du bain de l’Envieux

Cliché G. Poccardi.
40Les espaces de service, lieux que les baigneurs ne voyaient pas ou peu, mais essentiels au fonctionnement du bain, bénéficiaient aussi d’un système d’éclairage. Les ouvertures se caractérisent principalement par des « rimae » et des ouvertures zénithales29. Pour les premières, il s’agit de petites ouvertures dans les murs en forme de biseau qui permettait de bien conserver la chaleur de l’espace de service. On en trouve conservées dans les espaces de service des thermes de Neptune, des « thermes Maritimes », du bain du Philosophe et du bain de l’Envieux. Pour les secondes, il s’agit d’ouvertures carrées situées au sommet de la voûte en berceau des couloirs de service. Nous avons des exemples dans les thermes du Forum et dans le couloir de service du secteur chauffé oriental des « thermes Maritimes ».
41La présence d’une fenêtre ouvrant sur l’espace de service, devant la baignoire du caldarium 15 des thermes de Neptune, n’est due qu’à la volonté de renforcer l’éclairage de la pièce balnéaire, et non pas de l’espace de service. L’éclairage devait donc être aussi assuré par des lampes ou des flambeaux destinés à pallier ce déficit de lumière.
42Ostie est donc un site idéal pour étudier les bains de l’époque impériale. Elle est complémentaire par rapport à nos connaissances des bains à Rome, puisque la capitale est bien connue pour ces grands ensembles impériaux et les nombreux textes parlant des bains de la ville. En revanche, Ostie est un site où l’on peut étudier une trame balnéaire homogène et des ensembles secondaires que nous rencontrons peu dans la métropole. Le port du Tibre est aussi un site intéressant à comparer avec Pompéi, car les derniers exemples de bains de la ville du Vésuve, en particulier les thermes du Centre, sont plus ou moins contemporains des plus anciens ensembles retrouvés à Ostie. Cette association des deux sites permet une analyse de l’ensemble de la période romaine depuis le IIe s. av. J.-C. jusqu’au V e s. apr. J.-C. Cette complémentarité se retrouve aussi dans la différence dans le type de bains rencontrés. Ostie, ville à forte densité de population, possédait une trame balnéaire publique importante, alors que Pompéi, riche cité de Campanie de taille moyenne possédait en revanche un nombre important de bains privés aménagés à l’intérieur de maisons. Cette différence est un indice qui permet de mieux comprendre les populations qui habitaient les deux célèbres cités. Enfin, la comparaison avec Timgad en Afrique du Nord montre les différentes solutions techniques (planimétriques et itinéraires balnéaires) adoptées dans l’élaboration des bains entre une ville densément peuplée au tissu urbain fortement concentré et une cité coloniale d’une riche province d’Afrique, qui, à partir du IIe s. apr. J-C., était à l’avant-garde de l’architecture balnéaire.
43Quel est donc le lien que nous pouvons établir entre ces édifices de bains et le complexe portuaire ? Si les personnes qui les fréquentaient étaient majoritairement des résidents dont les activités étaient le plus souvent en rapport avec le fonctionnement du port de Rome ou des voyageurs de passage à Ostie, contrairement aux quelques exemples retrouvés à Portus (bain de la Lanterne et bain à proximité du môle de Claude), la majorité des bains de la colonie étaient communs à toutes les villes romaines. Toutefois, deux établissements se démarquent : le bain du « Palais impérial » et le petit bain tardif d’une domus située près du port maritime. Pour le premier exemple, il se pourrait que nous soyons en présence, au moins lors de la première phase de fonctionnement au IIe siècle, d’un édifice destiné à l’accueil de personnalités importantes lors d’un départ ou d’une arrivée par mer (voir aussi les thermes du Palais Impérial à Portus). Dans le second cas, il pourrait s’agir d’un petit établissement public, par sa proximité avec le bassin portuaire et malgré le fait qu’il soit tardif, pour être fréquenté par de simples voyageurs. En revanche, les établissements situés le long du littoral n’ont qu’un rapport indirect avec la fonction portuaire, mais plusieurs d’entre eux, de taille généralement modeste, ont été bâtis après l’aménagement de la via Severiana assurant la liaison entre Antium au sud et Portus au nord via Ostie. Nous ne serions pas complets sans évoquer le bain en partie fouillé de la Capanna Murata situé dans un secteur à caractère commercial sur la rive droite du Tibre. Dans ce cas-là, nous pouvons imaginer qu’il était fréquenté par des personnes travaillant en relation avec les entrepôts environnants.
44Si Ostie est une ville portuaire à l’embouchure d’un fleuve qui est le Tibre, le paysage balnéaire reflète peu cette fonction, contrairement à Portus où les quelques bains connus sont imbriqués dans les aménagements du port. Nous noterons tout de même que le phare de Claude, symbole du complexe portuaire romain, apparaît par deux fois, ce qui est peu, sur les pavements de mosaïque de sol de nos édifices : dans le frigidarium du bain du Phare et au centre du labyrinthe représenté dans la cour à péristyle du bain de Matidia au « Palais Impérial ».
Bibliographie
Sources
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Notes de bas de page
1 Liber Pontificalis, XXXIV, 28 : dans la localité d’Acilia, en amont d’Ostie, un secteur porte le nom de « Bagnolo » dérivé du latin « Balneolum » qui signifie petit bain. Y aurait-il un rapport entre la mention du Liber Pontificalis et le nom de cette partie de territoire de la cité ?
2 CIL, XIV, 376 : ce personnage important de la cité, sous le règne de Marc-Aurèle (161-180), était l’arrière-petit fils de P. Lucilius Gamala, le principal personnage de la colonie au milieu du Ier s. av. J.-C.
3 CIL, XIV, 134 : nous suivrons l’analyse de Jones, Martindale, Morris, 1971, p. 1014, anonymus 50, sur l’identification de l’empereur comme Probus et non celle de Jouffroy 1986, 148-149, qui date l’inscription de Caracalla ou de ses successeurs.
4 CIL, XIV, 137 = ILS, 5694 + n° inv. 11850 (référence à une intervention de M. Turci, que je remercie, lors du V e Seminario ostiense en mémoire de Mireille Cébeillac organisé par l’École Française de Rome et le Parco Archeologico di Ostia Antica, le 21-22 février 2018 à Rome : à paraître dans la Collection de l’EFR).
5 Cicerchia, Marinucci 1992, p. 165-166 et 216 : C1 (n° inv. 19134 et 7026 a-d = CIL, XIV, 4718) et C105 (n° inv. 7025).
6 CIL, XIV, 98 = ILS, 334 et SHA, diuus Pius, 8, 2-3 pour la construction du complexe thermal et CIL, XIV, 376 pour sa rénovation par P. Lucilius Gamala, sous l’empereur Marc-Aurèle (161-180). Il a été proposé de l’identifier aux thermes de Neptune, même si les inscriptions ont été retrouvées dans le secteur de la Porta Marina (Bloch 1938, 113 ; Heres 1978, 101 et Cébeillac-Gervasoni, Caldelli, Zevi, 2006, 142-143).
7 En particulier Barbieri 1953, 151-189 ; Geremia-Nucci 1999-2000, 383-409 ; Geremia-Nucci 2001, 108-113.
8 Cicerchia, Marinucci 1992, Zevi 1971, 449-480 et Heinzelmann 2001, 325-327 (contribution de Granino-Cecere).
9 Grâce à un timbre sur un tuyau en plomb et des inscriptions tardives, nous savons que les thermes du Forum, le plus grand complexe thermal de la ville, ont été financés par le préfet du Prétoire de l’empereur Antonin le Pieux (138-161).
10 Cicerchia, Marinucci 1992, 216-218 et 220-222 : C. 109a-b (n° inv. 39941), C. 106 (n° inv. 7027 a-b, 7555 a-b, 7651 a-b) = AE, 1955, 287 (a-b) et peut-être C. 107b (n° inv. 32188).
11 Cicerchia, Marinucci 1992, p. 165-166 et 216 : C1 (n° inv. 19134 et 7026 a-d = CIL, XIV, 4718), C105 (n° inv. 7025) et C107 (n° 7100 a-b) = SEG, 33, 773.
12 Cette inscription découverte par G. Hamilton n’a pas été trouvée in situ et e monument cité dans l’inscription avait été identifié à tort par C. L. Visconti, au milieu du XIXe siècle, à l’édifice balnéaire portant toujours le même nom de « thermes Maritimes » situé à cheval sur l’enceinte tardo-républicaine.
13 Heinzelmann 2001, 325-327 (contribution de Granino-Cecere).
14 Poccardi 2005, 205-220 : la notion de semi-symétrique dans ces régions va toujours de pair avec la tentative de reproduire en partie un édifice symétrique. Il ne s’agit jamais d’une évolution de l’asymétrie vers le symétrique (cf. thermes de Vergilius Capito à Milet, datés du milieu du Ier s. apr. J.-C.).
15 Ricciardi, Santa Maria Scrinari 1996, I, 14 : il semble que la présence du fleuve n’est pas à l’origine de l’existence de la nappe phréatique.
16 Pline le Jeune, Lettre à son ami Gallus, II, 17, 25 : sa villa de Laurentes ne possédait pas l’eau courante apportée par un aqueduc. Toutefois, l’eau y était abondante, grâce la présence de la nappe phréatique située à faible profondeur sur toute l’étendue de la côte. Il précise aussi que cette eau était de très bonne qualité, malgré la présence de la mer à proximité. Son bain devait donc être alimenté par cette eau gratuite à profusion par l’intermédiaire d’un système de captage constitué d’une roue comme on en voit souvent dans les bains d’Ostie.
17 En hiver, elle remonte et noie les niveaux inférieurs des édifices. Ce problème a incité les autorités romaines à l’époque de Domitien (81-96) à relever les niveaux d’occupation de la ville de plus d’un mètre.
18 Il est intéressant de noter que les Thermes du Forum ont été dotés d’un puits de captage équipé d’une roue élévatrice de 9,60 m de longueur et que ce mode d’approvisionnement a été certainement celui utilisé à l’origine de l’établissement, la connexion au réseau public n’étant que postérieure.
19 Cicerchia, Marinucci 1992, 38-41 ; Mar 1996, 127-133 ; Nielsen, Schioler 1980, 149-160 ; Bedello Tata, Fogagnolo 2005, 115-138 ; Mar 2001, 127-133 ; Ricciardi, Santa Maria Scrinari 1996, I, 143-186 ; Poccardi 2018, 119-123.
20 Celse, De Medicina, II, 18, 12 ; Vitruve, De Architectura, VIII, 2, 1 ; Columelle, De re Rustica, I, 5 - 1-3 ; Palladius, De Agricultura, I, 17, 4.
21 L’hydrométrie actuelle au niveau d’Ostie tourne autour de 773 mm par an avec un maximum en octobre (124 mm) et un minimum en juillet (9 mm) : Ventriglia 1990.
22 Dans le cas du bain du Nageur étudié par Medri, Di Cola 2013, 89, les auteurs ne croient pas à une alimentation complémentaire en eau pluviale de ce bain et de tous les autres établissements de ce genre à Ostie, exception faite du bain des Sept Sages, mais la question reste posée.
23 Nous renvoyons vers le volume de synthèse sur les aqueducs du territoire ostiense : Bedello Tata, Bukowiecki 2006, 463-526.
24 Schmölder 2001, 101, n. 12 et Schmölder-Veit 2009, 89, n. 43 : une fistula en plomb sans inscription, mais retrouvée dans des niveaux datés de la seconde partie du règne d’Auguste (31 av. J.-C./14 apr. J.-C.), fut découverte en 1999 par la mission archéologique de l’université d’Augsbourg dirigée par V. Kockel (que je remercie pour avoir aimablement répondu à ma demande à ce propos) sous la Via del Pomerio, devant les tabernae de l’époque augustéenne, dans le secteur du soi-disant macellum.
25 Ricciardi, Santa Maria Scrinari 1996, II, 248-252, reprennent la thèse d’une opération de la fin du règne de Tibère (14-37), poursuivie sous Caligula (37-41) et Claude (41-54).
26 Broise 1991, 76-77 à propos de l’hypothèse des baies ouvertes développée par T. E. Thatcher dans les pièces du secteur chauffé, en particulier pour les espaces les plus chauds comme l’étuve 18 et le caldarium 19, et la réponse « scientifique » de J. W. Ring, quarante années plus tard, à un problème logique et déjà résolu (Thatcher 1956, 167-264 ; Thatcher 1958, 116-129 et Ring 1996, 717-724).
27 Lauro 1984, 226 : cet espace n’est probablement pas un frigidarium, mais une natatio chauffée ; la pièce du bain froid occupant un espace au nord-est du complexe, pourvu d’une, voire deux piscines.
28 Ce dispositif se retrouve aussi hors d’Ostie : sur les trois fenêtres de la baignoire nord à abside du caldarium des thermes de Constantin à Arles (principalement les consoles supérieures contrairement aux exemples d’Ostie) et sur des fenêtres des thermes du Sud à Bosra (Syrie) (Broise 1991, 66-72).
29 Broise, Scheid 1987, 103-107 : annexe concernant les « thermes Maritimes ».
Auteur
Université de Lille, HALMA, UMR 8164 (ULille, CNRS, MC)
gregoire.poccardi[at]univ-lille.fr
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