Version classiqueVersion mobile

L’Homme et l’Animal au Maghreb, de la Préhistoire au Moyen Âge

 | 
Véronique Blanc-Bijon
, 
Jean-Pierre Bracco
, 
Marie-Brigitte Carre
, 
et al.

Chasse et jeux du cirque

Les bêtes sauvages et la chasse en Ifrîqiya au Moyen Âge

Mohamed Hassen

Résumé

Étant une des qualités naturelles de l’homme, la chasse est pensée différemment selon s’il s’agit du prince ou du roturier. Ce thème sera traité en trois axes :
– le chasseur ;
– les types de proie : les animaux sauvages, qui ne sont pas toujours nuisibles, sont très variés : bêtes fauves (lion, tigre, loup), bêtes douces (herbivores, mordants, animaux à griffes, reptiles) ;
– les méthodes et les techniques de chasse : les équipements, la chasse aux animaux, la ruse.
Quelle est donc la place de la chasse dans la société ifrîqiyenne au Moyen Âge et son effet sur la faune et la flore ?

Texte intégral

1Au Moyen Âge, la chasse n’intéresse pas seulement les pratiques et le matériel utilisé, mais aussi tout un système humain, animal et écologique codifié, avec un rituel et une législation connue. Le terme générique pour désigner à la fois la chasse et la pêche en langue arabe est al-sayd. D’autres termes ont un sens plus précis, tels que la chasse à vol (al-qans), la chasse à courre (al-tard). La chasse revêt à la fois des aspects socio-économiques, culturels et écologiques, qui concernent les différentes catégories sociales.

2Les fonctions de la chasse sont multiples :

  • La chasse comme sport constitue un moyen de divertissement ou d’apprentissage de l’art de guerre et un entraînement au combat.
  • Elle a aussi une fonction utilitaire : la consommation des produits carnés, l’emploi des peaux et des fourrures dans la confection des vêtements ou bien dans la fabrication des outres, gourdes et seaux1. Toutefois, la fourrure du castor (samour) signalée à Kairouan vers 307H / 919-920 serait une importation des pays slaves (al-Mâlikî éd. 1983, t. II, 147). Quant à l’utilité de la faune dans la pharmacopée médiévale, elle est bien attestée par les ouvrages de médecine.
  • La chasse assure aussi la protection des cultures et du bétail contre les bêtes sauvages, les prédateurs.

3Et sa relation avec la flore en place est dialectique. Malgré la fréquence d’un certain type de gibier près des agglomérations, comme le lièvre par exemple (al-Mâlikî éd. 1983, t. II, 18), on ne retrouve la majorité des bêtes sauvages que dans les forêts. Il faut noter que les forêts ont connu un net rétrécissement à partir du ixe siècle à la suite d’une forte urbanisation et qu’à la fin du Moyen Âge les zones forestières les plus célèbres se sont concentrées au nord, dans les régions de Tabarka, de Bône, du Jurjura et dans les montagnes entourant Bougie qui demeurent un véritable parc zoologique où abondent les singes et les guépards (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 51).

  • 2 Dhana Abu ‘Adallah al-Hasan b. al-Husayn, K. al-Bayzara, rédigé vers 385/995 (traduit en français (...)

4Malgré l’existence d’ouvrages orientaux sur les animaux (k. al-Hayawân d’al-Jâhidh) et de manuels cynégétiques (k. al-Masâyid wa-l-matârid), les Maghrébins n’ont pas consacré de livres spécifiques à ce sujet. Par ailleurs, les ouvrages sur al-Bayzara, dont celui rédigé par le grand fauconnier du calife fatimide al-‘Azîz bi l-lâh2, de même que al-Mansourî fî al-bayzara, al-Bayzara fî al tuyûr wa jumlat awsâfihâ attribué à Ibn al-Khatîb, ne concernent que l’art de volerie.

  • 3 Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 353 : kitâb al-sayd, K. al-dhabâ’ih ; al-Burzuli éd. 2002.

5Outre les sources historiques classiques, on peut glaner quelques données dans les ouvrages juridiques, et plus particulièrement dans les chapitres réservés à la chasse dans les kutub al-nawâzil qui font une nette distinction entre les animaux domestiques (ahlî) et sauvages (wahshî)3.

6En partant des sources littéraires, plus particulièrement juridiques, et des données iconographiques, certains aspects de ce thème pourraient être mieux élucidés, quoique le rapport entre l’animal et l’homme demeure un thème peu étudié (Lombard 1969, 572-592 ; Ben Ouhiba 2002). Qui est le chasseur au Moyen Âge ? Quels sont les types de gibier chassés ? Y a-t-il une évolution dans les techniques de chasses utilisées ? Autrement dit, quels sont la place de la chasse dans la société ifrîqiyenne au Moyen Âge et son effet sur la faune et la flore ?

Ceux qui chassent

7Chasseur depuis les temps les plus reculés de l’Histoire, l’homme du Moyen Âge n’est plus conditionné seulement par la recherche de la nourriture, mais aussi par la distraction, l’apprentissage de l’art guerrier, la contribution à la santé physique et morale (Le livre de chasse de Gaston Phébus, 5). D’où une nette distinction entre la chasse des princes et celle des roturiers, quoique les données textuelles restent presque muettes sur la deuxième catégorie.

Le prince-chasseur

  • 4 Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 431 : le hadith cité est man lazima al-sayda lahâ.

8Contrairement à la chasse pratiquée par les ruraux, la chasse pratiquée par les notables est mal vue par la jurisprudence malékite4. Toutefois, elle est considérée comme étant une activité princière, qui exige force, courage et endurance. Les émirs pratiquent d’habitude la chasse au vol ou à courre. Non seulement le combat mené contre les bêtes féroces demande d’énormes efforts pour déjouer les ruses de l’animal, mais aussi de grandes dépenses afin de subvenir aux charges des accompagnateurs (esclaves, veneurs) et des meutes (ou troupes de chiens dressés pour la chasse à courre), fournir les armes et outils nécessaires et préparer un repas digne du nom de l’émir. En outre, le coût des constructions et des aménagements en pleine campagne, destinés à la chasse, était fabuleux.

9Habituellement, la journée de chasse s’interrompait par un festin accompagné de chants et de danses ; la table préparée selon les traditions culinaires était bien garnie en aliments et en boissons.

  • 5 Un jour, l’émir ayant consommé beaucoup de vin prit la mer près de Sousse en état d’ivresse et s’é (...)

10Le prince aghlabide Muhammad II, qui a gouverné l’Ifrîqiya entre 250H/864 et 261H/875, passait déjà à l’âge de 13 ans et demi de longs moments à la chasse à la grue (gharnouq) à Sahlîn, près du lac Kelbia. Ce qui lui valut le titre d’« homme aux grues » : Abû al-Gharâniq. Dans cet endroit, on lui construisit un château qui lui a couté une somme exorbitante, de quelques 30 000 dinars or (Ibn ‘Idhârî éd. 1983, t. I, 114 ; Nuwayrî éd. 1978, t. 24, 126 ; Bahi 2002, 237 ; Talbi 1985, 290-291)5.

11À la fin du viiie ou au début du ixe siècle, le gouverneur de Jazîrat Sharîk (cap Bon) avait l’habitude de se rendre dans un hisn (forteresse), sans doute en compagnie de chasseurs, avec chiens et oiseaux de chasse (al-Mâlikî éd. 1983, t. I, 335).

  • 6 À ce propos, Ksour-Essaf, un village proche de Salaqta, signifie « les châteaux aux faucons ».

12Les Fatimides pratiquaient la chasse aux environs de Mahdia, à Salaqta, en utilisant des oiseaux-chasseurs et des chiens de chasse6. Les trois signes de noblesse vantés dans un poème par le prince fatimide Tamîm, fils du calife al-Mu’izz, sont le faucon, le sabre et le calamus (ou calame), autrement dit la chasse, l’art de combattre et le savoir (Ibn al-Mu’izz éd. 1977, 69). Ce caractère noble de la chasse fit que l’émir n’acceptait pas de manger une viande autre que celle provenant du gibier chassé (ibid.). On retrouve ce même comportement en Occident chrétien : le gibier est la viande la plus appréciée par les nobles (Birlouez 2010, 12).

13Dans le même sens, le célèbre poète ziride Ibn Rashîq s’était épris d’une perdrix à laquelle il consacra un poème entier et finit par dire qu’on ne pouvait pas tolérer la chasse de cet oiseau merveilleux (Ibn Rashîq éd. 1996, 119-120).

14Quant au calife hafside al-Mustansir, il avait fait clôturer une vaste réserve dans la région de Bizerte, probablement près du lac Ishkel, qui fut consacrée aux distractions du prince à partir de 650H/1252-53. Accompagné de fidèles esclaves (fi lammatin min mawâlihi al-mukhlisîn) et de fauconniers (ashâbi bayzaratihi), il y pratiquait la chasse à courre à l’aide de chiens sloughi (kilaban slouqiyyatan), de guépards (fuhûd) et d’aigles (al-jawârih wa-l-suqur) (Ibn Khaldûn éd. 1983, t. VI, 628-629).

15De même, le sultan Abû ‘Amr Uthmân (xve siècle) pratiquait ce sport qu’est la chasse à courre deux fois par semaine, et ce tout au long de l’année, en particulier de septembre à mars (Ibn Khaldûn éd. 1983, t. VI, 628-629 ; Brunschvig 1936, 212 ; 1947, t. II, 41). Selon Adorne, « le lundi et le jeudi, il chassait le gibier de plume ou de poil » (Brunschvig 1936, 207). Au mois de septembre, il se déplaçait dans les montagnes de l’intérieur, probablement dans la Dorsale, pour chasser. Adorne ajoute que, « vers l’Occident, le roi possède une grande terre boisée, couverte de forêts, où l’on trouve différentes sortes de bêtes sauvages, telles que lions et fauves du même genre ; il y a par-là de grandes étendues de sable, qui sont dangereuses. On y chevauche durant dix ou douze jours sans y rencontrer ni eau ni être humain. Dans cette région vivent des griffons [animal fabuleux, à corps de lion, à tête et à ailes d’aigle] que le roi fait chasser et mettre à mort une fois par an, au mois de septembre ; autrement, ils saccageraient tout son pays ; habituellement même le roi se rend à cette chasse en personne » (Brunschvig 1936, 211).

Le chasseur roturier, ou la chasse vile

16Contrairement aux émirs et aux notables, la chasse est source principale de nourriture en viande et de commerce pour les paysans qui utilisaient des pièges tels que collets, filets, fosses ou enceintes dans la pratique de cette activité par essence rurale. Les paysans exerçaient ce métier dans des buts lucratifs et utilitaires, pouvant répondre aussi au besoin de tuer les animaux nuisibles. Il semble qu’une certaine spécialisation vit le jour, car les sources font mention de chasseurs de bêtes fauves (s’âid al-sibâ’) et de porcs (s’âid al-khanâzîr) au haut Moyen Âge. Au xve siècle, les chasseurs de fauves sont mentionnés sous le vocable sayyâdî al-wahsh (al-Siqillî, t. I, chap. 1, ms 8a).

17En somme, la chasse est un facteur de différenciation sociale et un paramètre social important. Ce qui se traduit par une législation stricte propre à la chasse.

La législation sur la chasse

Chasse et législation

18Les préparatifs pour la chasse, tout comme pour la guerre, nécessitent le respect de plusieurs exigences :

  • Prendre les précautions nécessaires en ce qui concerne les vêtements, les repas et les lieux de repos afin de se prémunir contre divers dangers.
  • Ne pas porter préjudice aux cultures des paysans.
  • Ne pas utiliser de violence extrême à l’égard du gibier, telles que la torture de l’animal, l’utilisation de poison.
  • La mort des bêtes fauves est soumise à une législation détaillée faisant la différence entre certains animaux domestiques qui sont égorgés (dhabh) et les animaux sauvages qui sont tués différemment : la nécessité d’égorger l’animal avant sa mort dans le premier cas (tadhkya) s’oppose à la mort brutale des bêtes sauvages (‘aqr) (Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 343 ; al-Burzulî éd. 2002, t. 1, 624, 620).

19Dans un but utilitaire, la chasse est autorisée pour la majorité des animaux, y compris les porcs, malgré l’interdiction de manger de cette viande. Les restrictions ne concernent pas en fait la chasse, mais la table. À ce propos le célèbre juriste Muhammad Ibn Sahnûn (m. 256H/869-870) considérait que la chasse de bêtes fauves (s’âid al-sibâ’) et de porcs (s’âid al-khanâzîr) était permise en cas de légitime défense (Ibn Sahnûn éd. 2000, 123).

20En outre, la vente des animaux sauvages est autorisée par la jurisprudence malékite pour l’usage de ses peaux (al-Burzulî éd. 2002, t III, 194). Cela n’a pas empêché à la fin du xiiie siècle le voyageur marocain al-‘Abdarî d’accuser les Ibadites-Nukkârites de Zouara (en Tripolitaine) de vendre des cochons aux commerçants chrétiens qui fréquentaient la région (al-‘Abdarî éd. 1968, 76).

La viande illicite

  • 7 Les carnivores sont définis comme étant « kullu dhî nâb min al-sibâ’, kullu mâ yaftarisu wa ya’qul (...)

21Par contre, les avis sur la consommation de la viande issue de la faune sont partagés. Selon le type d’animal concerné, elle est licite, illicite ou répugnante (al-ibâha wa karâha wa-l-tahrîm). Les animaux sont classés soit en faune sauvage (sibâ’), soit en faune domestique (dawâb). Dans la première catégorie, on distingue les animaux féroces (dhâriya, ‘âdiya) des autres (ghayr al-‘âdiya). La consommation de la viande de carnassiers tels que le tigre, le loup, le léopard, le lion et le chien est interdite, contrairement à celle des ours, renards, hyènes, etc. (Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 359). Les carnivores sont donc considérés à part par les jurisprudences (al-Burzulî éd. 2002, t. I, 638-639, 641)7.

22D’autres restrictions touchent à la consommation de la viande de bêtes telles que le vautour, le hibou, l’âne sauvage et même le cheval. Il est à noter que les vétérinaires ont consacré des ouvrages complets au cheval, en décrivant plus particulièrement sa morphologie, sa chirurgie et la manière de le dresser et de le soigner (Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 372).

23À la lumière de cette législation et tenant compte de l’évolution du milieu naturel, quels sont les aspects de pérennité et de changement dans l’état de la faune ifrîqiyenne au Moyen Âge ?

La faune sauvage

24Les sources classiques comme Ibn Qutayba (m. 276H/889), al-Jâhiz (m. 255H/868), al-Qazwînî (m. 682H/1283) ont consacré des notices à la zoologie. Il en est de même pour les traités juridiques, depuis le muwatta’ de Mâlik (m. 179H/795), la mudawwana de Sahnûn (m. 240H/854) jusqu’à al-Wansharîsî au xvie siècle.

25Le classement de certains animaux parmi les fauves a posé un problème pour les jurisconsultes. Une responsa évoque ce sujet : la vente d’un furet pour la chasse (bay’ al-nims li l-istiyâd) est-elle assimilable à celle d’un chat (hirr) ou d’un fauve (min jumlit al-sibâ’) ? La réponse fut la suivante : le furet tient du chien, du chat et du fauve, mais il ressemble surtout au chat (Lagardère 1995, 365-365).

Les bêtes sauvages

26On peut opter pour une répartition des animaux selon la conception de Gaston Phébus entre bêtes fauves ou carnassières et bêtes douces ou herbivores.

Le lion

  • 8 Ibn Batouta signale sa présence près des grottes de Tripoli (Rihla, s.d., 340-341).

27La présence du lion est attestée un peu partout durant le haut Moyen Âge : dans les plaines du Kairouanais et celles du littoral (près de Qasr Zyad), les monts de Nefousa, de Bône, de Bougie, au sud de Salé, etc. (Hadj Sadok éd. 1983, 81 ; al-Wazzân éd. 1982, t. I, 76 ; t. II, 265-266)8. L’agressivité de l’animal se ressent davantage durant les saisons chaudes. Il attaque à la fois les troupeaux et les hommes. Dans un village au sud de Salé, « les lions se montrent aux habitants, et les attaquent de jour comme de nuit, et ne se cachent pas dans leurs fourrés. Au village d’Ikisîs est une maison utilisée pour la capture des lions dont on prend parfois, par semaine trois, quatre, parfois plus, parfois moins ». À cause de sa sobriété, de sa férocité et de son courage, il a été choisi comme emblème de l’état fatimide. Il jouit d’une haute réputation aussi bien dans la littérature écrite qu’orale, et les dictionnaires arabes lui ont attribué des dizaines de noms : al-asad, al-sha’s, al-hizabr, al-layth, etc. (Hadj Sadok éd. 1983, 81 ; Ibn Zuhr éd. 1992, p. 25 de la version arabe).

28À travers l’exemple du lion, il est possible d’étudier la perception des bêtes fauves par les chasseurs de l’Ifrîqiya à l’époque médiévale. Cette conception paradoxale est empreinte de peur, de respect, voire même d’alliance.

Le lion, un redoutable agresseur

  • 9 Al-Mâlikî éd. 1983, t. I, 339 : « il lui parla en ces termes : Applique l’ordre que Dieu t’a donné (...)

29Les auteurs rapportent de nombreux récits d’agressions du lion contre l’homme. Toutefois, l’homme peut y échapper par la ruse, ou des prodiges. Dans un texte, il est dit qu’un homme ayant entendu les rugissements d’un lion fit semblant d’être mort ; l’animal passa à côté de lui sans le toucher (al-Shammâkhî éd. 2009, t. II, 483). On raconte aussi que, sur la route de Kairouan au cap Bon, Ismaïl b. Rabâh, un pieux personnage, et ses compagnons furent menacés par un lion ; mais Ibn Rabâh eut la faculté de parler avec le lion et sauva ainsi ses compagnons9.

La lutte contre le lion

30Il semble que les Berbères aient comme tradition d’organiser des spectacles de lutte contre cette bête féroce. Cependant, à part un cas au Maroc signalé par une source tardive, le seul exemple en Ifrîqiya concerne un combat qui opposa un cavalier zénète, Abû Bâdis al-Yakshini, à un lion féroce appelé asad al-sukht, à l’époque d’al-Mu’izz b. Bâdis, au xie siècle Abû Bâdis al-Yakshini fut introduit dans la ménagerie (khân al-sibâ’) et le combat s’acheva par la victoire du cavalier zénète (al-Wisyani éd. 2009, t. II, 588-589 ; al-Shammâkhî éd. 2009, t. II, 568-569 ; Idris 1962, t. II, 749). Ailleurs, le cadavre d’un lion mort apporté au calife fatimide al-Mu’izz servit à une leçon donnée par le calife à son entourage sur les antagonismes : vie et mort, force et faiblesse (al-Nu’mân éd. 1978, 550-551).

La viande du lion à table

31En dépit de l’interdiction de la consommer, les sources littéraires rapportent qu’un homme de Nefousa qui avait tué un lion et une lionne, mangea la viande de cet animal féroce (al-Shammâkhî éd. 2009, t. II, 286).

Le lion, protecteur

32Un accord tacite peut apparaitre parfois entre le lion et l’homme ; il se concrétise par l’obéissance de l’animal à l’ordre donné par le chef militaire. Lors de la fondation de Kairouan en 50H/670, tout comme lors de celle de Tihart en 161H/777-778, tous les animaux sauvages, le lion en tête, obéirent à l’ordre de quitter l’espace réservé à la construction ; ce miracle a été attribué au fondateur. Par ailleurs, certaines villes ont été placées sous le signe du lion : dès sa fondation en 308H/916, deux lions ornaient l’entrée de la ville de Mahdiya.

33À l’échelle individuelle, le lion est signe de bonté plutôt que de méchanceté. On raconte qu’un couple en voyage dans le Jebel Nefousa a été accompagné tout au long de sa route par un lion et une lionne afin de le protéger des différents risques encourus (al-Shammâkhî éd. 2009, t. II, 483).

Le lion, un guerrier utilisé par l’homme

  • 10 Hassen 2007, 56 : « les lions apparurent après que les ennemis touchèrent terre, mais ceux-ci fure (...)

34Connu pour sa vaillance et son courage, le lion était employé dans la guerre au Moyen Âge, par exemple par les Zirides, originaires des régions montagneuses du Maghreb central. Pour faire face à l’agression pisano-génoise de 487H/1080, Tamîm b. al-Mu’izz envoya des lions contre les assaillants à deux reprises10.

35En résumé, la position de l’homme à l’égard du lion est paradoxale : le fauve est à la fois un ennemi redoutable et le protecteur de la cité.

Autres fauves (sibâ’)

Le tigre (al-nimr)

36Les mosaïques africaines de l’époque romaine nous ont conservé, notamment dans les scènes de combats de gladiateurs, la représentation de cet animal connu à la fois pour sa férocité, sa nervosité et sa malice. Sa peau était recherchée pour la fourrure, réservée aux classes aisées de la société. Il semble que cela eut un effet néfaste sur la présence du tigre dans les forêts d’Ifrîqiya, et les textes en parlent peu. Il est mentionné dans la province de Constantine par al-Wazzân (éd. 1982, t. II, 266) et Marmol (éd. 1984, t. I, 77).

Le guépard (al-fahd)

37À partir du viie siècle, les Arabes apprirent à dresser le guépard, avant qu’il ne le soit pour la chasse. Ce qui explique qu’un auteur irakien de la fin du xiie siècle, ‘Abd al-Rahmân al-Baladî, lui consacra un ouvrage. Au xiiie siècle, il est utilisé par le sultan hafside Al-Mustansir pour la chasse à courre (al-Qazwînî, 350 ; al-Baladî éd. 2013, 5-85 ; Viré 1977, 757-761).

Le loup (al-dhi’b)

38Le loup est souvent associé aux méfaits qu’il cause à l’homme, telle les attaques répétées du cheptel dans les montagnes du Nefousa (al-Shammâkhî éd. 2009, t. II, 346, 354, 397). Les loups sont attirés par les points d’eau, surtout en été. Ce fait est relaté dans des miracles réalisés par les sources, comme celui concernant l’homme qui, voulant puiser l’eau d’un puits, n’avait trouvé qu’un loup pour l’aider à accomplir cette tâche (al-Shammâkhî éd. 2009, t. II, 342). Quoiqu’il soit nuisible aux agriculteurs, le loup est parfois plus apprécié que le lion pour son endurance, son flair et son éveil continu. En outre, il est recherché pour son rôle dans la pharmacopée médiévale.

L’hyène (dhab‘)

39Connue par sa duperie et son manque de courage, l’hyène se nourrit des charognes (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 267 ; Marmol éd. 1984, t. I, 78).

Le renard (tha’lib)

40À la fois rusé et peureux, le renard est principalement chassé pour sa fourrure blanche et noire (Brunschvig 1947, t. II, 235).

Le sanglier

  • 11 Les études zoo-archéologiques ont révélé la présence d’os de sanglier dans les dépotoirs de certai (...)

41Cet animal omnivore est chassé pour mettre fin aux dégâts qu’il commet dans les terres agricoles. Malgré les restrictions religieuses prescrites à l’égard de la viande de sanglier, l’utilisation de son poil est permise ; de même il est vendu aux commerçants européens dans la Tripolitaine (al-‘Abdarî éd. 1968, 76)11.

Le fennec (al-fenec)

42Petit animal carnassier, le fennec a été souvent recherché pour sa fourrure jaune. On le trouve dans les régions sahariennes, aux confins des oasis de Qastîliyya (Jerîd) et dans le territoire des tribus sahariennes de Sinhâja. Dans ces contrées, on chasse des fennecs de la belle espèce (al-Bakrî éd. 1992, t. II, 671, 866 (éd 1965, 49, 104, 322) ; Istibsâr, 112, 159, 214).

Les reptiles

  • 12 Le médecin andalou, exilé à Marrakech en 525H/1131, ordonnait à ses patients la viande des vipères (...)

43Les régions sahariennes sont connues pour la présence de lézards (al-dhabb) qui, en s’enfonçant dans le sable, laissent parfois leur queue traîner hors des grottes. Tout comme la tortue, il pond des œufs et peut vivre 700 ans. Il est recherché pour son intérêt pharmaceutique (Marmol éd. 1984, t. I, 83-84)12.

44Les gros lézards, appelés waral, sont mangés par les nomades de Tripolitaine, après leur avoir coupé la tête qui est empoisonnée.

45En outre, un poison utilisé dans la médecine médiévale est extrait des vipères qui sont considérées, par les jurisconsultes, comme faisant partie des fauves (al-Burzuli éd. 2002, t. I, 638).

Les bêtes douces

46On peut classer les bêtes douces en différentes catégories d’animaux qu’elles soient herbivores, mordantes ou à griffes.

Les animaux herbivores

La gazelle (ghazâla)

47Célèbre pour sa beauté et sa rapidité, la gazelle se rencontre dans les régions sahariennes (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 263 ; Marmol éd. 1984, t. I, 74, 105 ; Marçais et Viré 1981, 375-376). Sa viande et sa peau étaient très recherchées (al-Siqillî, t. I, chap. 2, ms p. 53).

L’autruche

  • 13 Al-Idrîsî éd. 1983, 80-81 ; al-Mansourî fî l’bayzara, éd. 1989, 166-172 ; al-Siqillî, ms 167b ; al (...)

48L’autruche vit dans le désert et pond ses œufs dans le sable. Dans le pays des Sinhâja est mentionnée une réserve d’autruches. « Les gens de ces régions, leur font la chasse à cheval et en attrapent des collections de toutes tailles. Quant aux œufs, dans cette plaine, ils sont en quantité illimitée. On en exporte dans tous les pays ». Selon al-Siqillî, les œufs et le miel profitent à certaines maladies rénales. Les coquilles auraient une valeur prophylactique. On mange la viande de l’autruche, alors que les plumes pourraient servir à faire des éventails et à décorer les maisons. Quant au sébum, il est recherché en tant que remède curatif pour certaines maladies13.

Le chamois (wa‘ l)

49Ce genre de chèvre sauvage des montagnes se rencontre en Numidie et au sud de Tlemcen (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 11, 129 ; Marmol éd. 1984, t. II, 129).

Le cerf (al-ayl)

  • 14 Ibn Sînâ éd. 1999, t. I, 658 ; Ibn al-Baytâr éd. 1874, t. I, 72) ; al-Mansourî fî l-bayzara, éd. 1 (...)

50Il est signalé au sud de Marrakech, à Haha. Le mâle porte des cornes, qui changent chaque année. On croit que la corne du cerf facilite l’accouchement de la femme et protège contre les vipères. En outre, il est recherché pour remédier à certaines maladies dentaires, oculaires, respiratoires et dermatologiques14.

Les agneaux dammâniyya (al-kibâsh al-dammâniyya)

51Ils sont mentionnés par al-Bakrî particulièrement dans la région de Sijilmâsa. Là, cet animal qui atteint la taille d’un mouton ne porte pas de laine, mais du poil ; il est d’une forme plus belle que le mouton (al-Bakrî éd. 1965, 322 ; al-Wazzân éd. 1982, t. II, 264-265).

Les animaux mordants

Le lièvre (al-arnab al-barrî)

52Le lièvre se distingue du lapin par ses longues oreilles et ses pattes postérieures plus longues que les pattes avant. On le rencontre partout, dans les prairies et même à proximité des habitations (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 268 ; Marmol éd. 1984, t. II, 9).

La tortue sauvage (al-salâhif al-barriya)

53Selon al-Idrîsî, les tortues sauvages peuvent grossir jusqu’à atteindre la taille d’un chameau. Ses œufs servent de remède contre l’épilepsie et la toux (al-Idrîsî éd. 1983, t. II, 236 ; Ibn Sîna éd. 1999, 1, 397, 601 ; al-Qazwînî, 395 ; Maqdish éd. 1988, 236).

Les animaux à griffes

La chèvre sauvage (al-yâmûr, al-jâmûr, al-mâ’iz al-berrî)

54De couleur rougeâtre et portant de deux longues cornes, la chèvre sauvage est plus rapide que le cerf (al-Damîrî éd. 1963, t. II, 408). Des chèvres sauvages sont mentionnées sur l’île de Zembra (Juzur al-Jâmûr) au xve siècle, et à Dar‘â (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 120 ; Hassen 1999, t. I, 200).

L’antilope (al-thawr al-wahshî)

55Des troupeaux de 100 à 200 antilopes sont mentionnés dans le Sahara, aussi bien en Arabie qu’au Maghreb (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 264 ; Marmol éd. 1984, t. I, 73). La chasse de cet animal se fait à courre et est facilitée par le chant et le sifflement (Shâwish 2009, 199). Sa viande est recherchée.

Le lamt

56L’animal appelé lamt se rencontre plutôt à l’Ouest, dans le désert de Sanhâja. Il est décrit par al-Bakrî en ces termes : « Parmi les animaux qui habitent le désert, on remarque le lamt, quadrupède moins grand qu’un bœuf, et dont les mâles, ainsi que les femelles, portent des cornes minces et effilées… Les boucliers les meilleurs et les plus chers sont faits de la peau des vieilles femelles (al-durû’ al-lamtiyya) » (al-Bakrî éd. 1965, 321. Voir aussi al-Wazzân éd. 1982, t. II, 263).

L’âne sauvage (al-himâr al-wahshî)

57Chassé par les nomades (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 264 ; Marmol éd. 1984, t. I, 74), l’âne sauvage se déplace en troupeau dans le Sahara, avec une grande rapidité.

Le cheval sauvage (al-faras al-wahshî)

58Rare dans le désert, les nomades du Sahara utilisent le filet pour l’attraper et en mangent la viande (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 263 ; Marmol éd. 1984, t. I, 72).

Les singes

59Quelques espèces de singes sont mentionnées dans les montagnes de Bougie, de Constantine et du Maroc (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 51, 267-268 ; Marmol éd. 1984, t. I, 78-79).

Les oiseaux

60Le Kitâb al-sayd distingue deux types d’oiseaux : les oiseaux carnivores (sibâ al-tayr) et les oiseaux aquatiques (tayr al-mâ’) qui s’alimentent de poissons. al-Jâhiz ajoute à cette classification les oiseaux granivores (al-Jâhiz, t. I/1, 27).

61La terminologie arabe pour désigner ces oiseaux est riche et mérite un intérêt particulier, en partant notamment des ouvrages d’agronomie tels que ceux d’Ibn Wahshiyya, Filâhat al-hayawânât qui traite de l’élevage des animaux et d’Ibn al-‘Awwâm qui consacre plusieurs chapitres aux oiseaux : les paons (fasl al-tawâwîs wahwa mina al-tayr al-ma’lûf), les canards (fasl al-bark al-ahli wahwa al-batt), les oies (fasl al-iwazz al-ahlî) (Ibn al-‘Awwam éd. 1802, t. II, 692-701 ; Meouak 2005, 145-149). L’andalou Ibn Zuhr (m. 557H/1162) distingue la viande des pigeons de ferme (al-hamâm al-unsi) de celle des pigeons sauvages (al-hamâm al-wahshî) (Ibn Zuhr éd. 1992, 15-16, 51). Les étourneaux de couleur blanche et noire (zarâzîr) sont mentionnés au ixe siècle dans les forêts d’oliviers du Sahel ifrîqiyen, à Khawlân, à l’ouest de Mahdia, et à Mujuqqa (Muzuc) sur la route qui mène de Tunis à Kairouan (al-Mâlikî éd. 1983, t. I, 437 ; al-Bakrî éd. 1965, 89).

62En complément, l’étude de la flore permet aussi de mieux suivre l’évolution de la faune au Moyen Âge. Il semble que la mise en valeur de nouvelles terres et l’extension des cultures durant le haut Moyen Âge ont entraîné le recul de la présence de bêtes sauvages dans les plaines du Centre et du Sud. Certains animaux se sont raréfiés au point d’avoir disparu de la forêt ifrîqiyenne. Par exemple, le lion qui a été signalé durant tout le haut Moyen Âge dans plusieurs régions devient moins fréquent à partir du xiie siècle.

Les méthodes et les techniques de chasse ou les stratégies d’acquisition du gibier

63Les ouvrages de cynégétique font la distinction entre trois types de chasse :

  • Sayd al-mukâbara : affronter la proie de face en utilisant les équipements nécessaires ;
  • Sayd al-mudhânaba : poursuivre la proie et courir après elle ;
  • Sayd al-dasîs : utiliser la ruse pour attraper la proie (Kashâjim éd. 1954, 183-184).

La chasse : armes et équipements du chasseur

64Depuis l’Antiquité, l’arc et l’épée étaient des armes réputées en Méditerranée.

L’arc (qaws, qisiyy)

  • 15 Ibn Hudhayl, Hiliyyat al-firsân wa shiâr al-shujân, 77 [www.al-mostafa.com].
  • 16 Ibid., 78, 83. Le K. al-badâi wa-l-asrâr fî haqîqati al-radd wa-l-intisâr contient aussi plusieur (...)

65L’arc est utilisé pour tirer des flèches (sihâm), des flèches d’arbalète (nushshâb) ou des fléchettes (nibâl). Les Arabes ont apprécié le tir de flèches en temps de guerre et pendant la chasse dès le viie siècle15. Au xive siècle, on distingue en Andalus deux sortes d’arc : l’arc à main, ou arabe, et l’arc à pied, ou franc (franjî). Le premier convient aux cavaliers, alors que le second est utilisé par les fantassins et les chasseurs en particulier pour chasser le lion. De même, les flèches fabriquées pour la guerre diffèrent de celles destinées à la chasse16. Selon Marmol, les Messoufa en Maurétanie utilisaient des flèches pour chasser les antilopes (al-baqar al-wahshi) (Marmol éd. 1984, t. I, 75).

  • 17 Cette technique est mentionnée depuis le iiie siècle (dharbatu bunduq) : Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. (...)

66L’arche de noix (sorte de fronde), appelé bundaqa ou qaws al-bunduq, permet de lancer une pierre ou de l’argile à partir d’un cercle attaché au centre du tendon17. Le poète ziride Ibn Rashîq confirme l’utilisation de cet « arche de noix » en Ifrîqiya (Ibn Rashîq éd. 1966, 124).

La chasse à la lance ou au javelot (al-sayd bi l-rumh)

  • 18 Ibn Hudhayl, Hiliyyat al-firsân wa shiâr al-shujân, 77.

67Il s’agit d’utiliser un tube en roseau, ou en bois de hêtre (zân), qui se termine par une flèche en fer (sinân) pour tuer la proie. La technique de tirer ainsi une flèche ou de lancer le javelot demande un apprentissage de cet art appelé : ‘ilm al-rimâya18.

La chasse aux attrapes (al-sayd bi l-ashrâk)

68Un piège (fakhkh ou targ) est utilisé pour chasser gazelles, lapins et oiseaux (Ibn Mankalî éd. 1984, 134).

La chasse au filet (al-sayd bi al-shabaka ou habâla19)

  • 19 Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 351 : « îqâ‘ihî fî al-habâla aw al-fakhkh aw al-mansab (hufar li l-s (...)

69Le filet servait aussi bien pour la pêche que pour la chasse. Une consultation juridique mentionne un filet (nasb) tendu auprès d’un puits en vue de capturer des animaux (bir nusiba ‘alayha li-istiyâd hayawân) (Lagardère 1995, 399). Ces filets permettent d’attraper non seulement des oiseaux, mais aussi des chevaux sauvages et des bêtes fauves dans le Sahara (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 263 ; Marmol éd. 1984, t. I, 72). Dans un texte, il est dit que des gens avaient disposé un filet pour chasser des bêtes sauvages (qawm nasabû li l-wahsh), mais le filet a attrapé une gazelle qui n’a pu s’en défaire que difficilement, après y avoir laissé une patte. Sera-t-il alors permis de manger la viande de la partie délaissée de cet animal ? (al-Burzulî éd. 2002, t. 1, 624).

La chasse au lasso (al-sayd bi l-awhâq)

70Le lasso sert à attraper une bête, et notamment le lion : on jette alors une corde munie d’un anneau au cou de l’animal.

La chasse à courre

71La chasse à courre se fait à cheval, avec des chiens, des guépards ou des faucons. Elle est mentionnée par le jurisconsulte andalou Ibn Habib dès le ixe siècle (Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 342).

Le cheval

72Le cheval est employé comme monture dans la chasse à courre. Le cheval barbe, d’origine berbère, mentionné au ier siècle H/iie siècle, est réputé pour sa solidité et sa rapidité. Toutefois, il semble qu’il ait été sérieusement en rivalité avec le cheval arabe. Hasan al-Wazzân notait que le cheval barbe à l’état sauvage devint, à la fin du Moyen Âge, une espèce rare dans le Sahara maghrébin (al-Bakrî éd. 1965, t. II, 832 ; al-Raqîq éd. 1990, 10 ; al-Wazzân éd. 1982, t. II, 262-263).

  • 20 La viande du gibier qui a fait des efforts est délicieuse, selon les traités d’alimentation : Ibn (...)

73Quant au cheval de chasse arabe, les poèmes pré- islamiques ont beaucoup vanté sa rapidité. Dans un poème d’Imru’ al-Qays (vie siècle), il est question de l’efficacité du cheval arabe pour la chasse aux antilopes ; après la chasse, un banquet était préparé avec la viande du gibier20 (Shâwish 2009, 185).

Les sloughis

74Grands lévriers sveltes et rapides, les sloughis sont des chiens de chasse qui jouissaient de beaucoup de prestige. Ils sont d’efficaces détecteurs de proie par instinct. Les sources arabes accordent beaucoup d’importance à ce chien qui peut attraper lapin, renard et cerf.

  • 21 Sur le chien sloughi, voir : al-Mansourî fî l-bayzara, éd. 1989, 25-105.

75Selon Ibn Sallâm (m. 224H/838), le terme sloughi déjà connu en Orient au iiie siècle H/ixe siècle se réfère à un lieu-dit appelé Sloug situé au Yémen (Ibn Sallâm éd. 1996, t. III, 914). Dans les sources ifrîqiyennes classiques, ce chien est mentionné sous le terme kalb sayd. Habituellement, il est identifié grâce à un signe spécifique, par exemple le collet attaché à son cou (qalâda) (Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 353, 384)21.

76On peut déduire d’une consultation juridique signalée par al-Burzulî (éd. 2002, t. 3, 146) que les chasseurs (al-sayyâdun bi l-kilâb) en général eurent parfois recours à plusieurs chiens. Seulement, l’association du chasseur avec le faucon exige la présence d’un seul chien, et la propriété commune des faucons (ibid., 435).

La chasse au guépard

  • 22 Viré 1977, 758 : « Il est étonnant de constater que le Maghreb et l’Espagne musulmane ne se sont p (...)

77Connu pour sa grande rapidité, cet animal affronte de face sa proie, telle que la gazelle. Lorsqu’il intervient dans la chasse à courre, donc « domestiqué », il a alors besoin d’un dresseur (sâ’is) pour l’entraîner. Cette tradition de chasse est ancienne et remonte à l’époque pré- islamique. Un des chefs de la tribu Bakr, Kulayb b. Wâ’il, utilisait le guépard dans la chasse. Contrairement à l’avis de Fr. Viré, cette technique de chasse a été pratiquée en Ifrîqiya par le sultan hafside al-Mustansir22.

La chasse à l’oiseau de proie

78Les sources distinguent différents oiseaux prédateurs, dont le plus célèbre est le faucon ou al-bâz. Al-bâz est un terme d’origine persane qui désigne un oiseau rapace diurne au bec court et crochu, le faucon. Celui-ci est dressé dans un lieu appelé fauconnerie et accompagne le chasseur lors de ses déplacements pour apprendre à poursuivre le gibier (la gazelle par exemple). Le fauconnier, appelé au Maghreb al-saqqâr, utilise deux à trois faucons dans la chasse. La science qui étudie la fauconnerie se nomme al-bayzara. Cette littérature s’est intéressée à l’anatomie et aux différents types de faucon, tels que al-bâzî, al-saqr.

79La chasse au faucon, qui a acquis un caractère noble, était pratiquée en Ifrîqiya depuis le haut Moyen Âge (Brunschvig, 1947, t. II, 227-228).

La ruse

80Plusieurs techniques utilisent la ruse pour attraper une proie.

  • Al-zabâ’al-zubyatu : consiste à se cacher dans des trous creusés sur les hauteurs et essayer de diriger la bête vers cet endroit (Ibn Sallâm éd. 1996, t. III, 923). Cette chasse est appelée aussi hufar al-sayd ou mansab (Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 351).
  • Al-labâid : les fils de laine trempés dans du vinaigre permettent d’attraper le lion, quand il y enfonce ses griffes (al-Mansourî fi l-bayzara, éd. 1989, 150).
  • Le feu : certains animaux réagissent passivement devant le feu, ce qui en permet plus aisément la capture. En effet, « les lions fuient le feu dès qu’ils le voient et n’osent pas attaquer un homme armé de flambeaux » (Hadj Sadok éd. 1983, 81).
  • Le chant (al-sayd bi al-tatrîb) : le cerf, par exemple, aime entendre chants et sifflements (safîr), aussi une personne l’occupe par cette musique, alors qu’une autre l’attrape par derrière. En ce qui concerne l’hyène, les chasseurs frappent du tambour devant la grotte de l’animal jusqu’à ce qu’ils puissent attacher ses pieds et s’en saisir (al-Wazzân éd. 1982, t. II, 267).

Conclusion

81La cynégétique représente à la fois une activité sportive et une activité de prestige pour les notables, une recherche de produits pharmaceutiques, une nourriture pour les paysans, une protection des régions rurales menacées par les fauves et un secteur lié à tout un circuit commercial. Elle reflète les structures socio-économiques, politiques, culturelles et mentales de la société médiévale en Ifrîqiya, en rapport avec une économie pastorale ; son effet s’est accentué à partir du xie siècle.

82Outre son importance en tant qu’indicateur social, l’activité cynégétique est une manière de contrôler l’espace et un paramètre du territoire appartenant au sultan.

83Certes, l’évolution de la faune et des techniques est lente, mais elle n’a pas été absente pour autant, puisque plusieurs nouveautés ont vu le jour au niveau des équipements, des espèces animales utilisées en appui au chasseur, tels que le chien sloughi, le faucon (al-bâz), le cheval arabe, etc. Mais il faut observer aussi que, peut-être en lien avec cette activité, la faune et la flore ont connu sans aucun doute un net recul durant le haut Moyen Âge (viie -xie siècles).

Bibliographie

Sources

Anonyme, Al-Istibsâr fî ajâ’ib al-amsâr, éd. A.S. Zaghlûl, Alexandrie, 1985.

Anonyme, Al-Mansourî fî al-bayzara, éd. A. Mansour, Carthage, 1989.

Al-‘Abdarî, Rihla, éd. M. Fâsî, Rabat, 1968.

Al-Bakrî, Al-masâlik wa-l-mamâlik, trad. W. McGuckin de Slane, Description de l’Afrique septentrionale, éd. revue et corrigée, Paris, 1965.

Al-Bakrî, Al-masālik wa-l-mamālik, éd. A.P. van Leeuwen et A. Ferré, Tunis, 1992.

Al-Baladî, Kitâb al-fahd, éd. A. Ben Mansour, Tunis, 2013.

Bâziyâr al-‘Azîz bi l-llâh, Kitâb al-Bayzara, éd. M. Kurd Ali et trad. en français par Fr. Viré, Leyde, 1967.

Al-Burzulî, Jâmi masâ’il al-ahkâm, éd. M.H. al-Hîla, Beyrouth, 2002.

Al-Damîrî, Hayât al-Hayawân al-kubrâ, Le Caire, 1963.

Dhana Abu ‘Abdallah al-Hasan b. al-Husayn, Kitâb al-bayzara (Traité sur l’art de la volerie), trad. Fr. Viré, Leyde, 1967.

Gaston Phébus, Le livre de chasse, éd. C. d’Anthenaise, Toulouse, Bibliothèque de l’Image, 2002.

Ibn al-‘Awwâm, Kitâb al-filâha (Libro de agricultura). Su autor el doctor excelente Abu Zacaria Iahia Aben Mohamed ben Ahmed el Awam, sevillano, éd. et trad. J.A. Banqueri, Madrid, 1802, t. II.

Ibn Batouta, Rihla, Beyrouth, s.d.

Ibn al-Baytâr, Al-jâmi’ li mufradât al-adwiya wa-l-aghdhiya, Le Caire, 1874.

Ibn Abî Zayd A., Al-Nawâdir wa-l-ziyâdat, Beyrouth, 1999, t. IV.

Ibn Hudhayl, Hiliyyat al-firsân wa shi‘âr al-shuj‘ân [www.al-mostafa.com].

Ibn ‘Idhârî, Al-Bayân al-Mughrib fî akhbâr al-Andalus wa-l-Maghrib, éd. É. Lévi-Provençal et G. Colin, Beyrouth, 1983 (3e édition), t. I.

Ibn Khaldûn A., Al-‘Ibar, Beyrouth, 1983.

Ibn Mankalî, Uns al-malâ bi wahsh al-falâ, Paris, 1984.

Ibn al-Mu’izz T., Dîwân, Tunis, 1977.

Ibn Rashîq, Diwân, éd. Al-Hawwâri, Beyrouth, 1996.

Ibn Sahnûn M., Ajwiba, éd. Al-‘Alouinî, Tunis, 2000.

Ibn Sallâm Y., Al-Gharîb al-musannif, éd. M. Al-‘Abidi, Tunis, 1996, t. III.

Ibn Sînâ, Al-qânûn fî l-tibb, éd. Dhanawi, Beyrouth, 1999.

Ibn Zuhr A., Kitâb al-aghdhiya (Tratado de los Alimentos), éd. et trad. E. García Sánchez, Madrid, CSIC / Instituto de cooperación con el mundo árabe, 1992.

Al-Idrîsî M., Nuzhat al-mushtâq, éd. Hadj Sadoq, Alger, 1983.

Al-Jâhiz, Kitâb al-hayawân, éd. A.M. Hârûn, Beyrouth, s.d., t. I/1.

Kashâjim Abû l-Fath Mahmûd b. Husayn, Kitâb al-Masâyid wa-l-matârid, éd. M. Sa’d Talâs, Bagdad, 1954.

Al-Mâlikî, Riyâdh al-nufûs, éd. B. Bakkouch et M.A. Mutwî, Beyrouth, 1983.

Maqdîsh, Nuzhat al-andhâr, éd. Zouari et Mahfoudh, Beyrouth, 1988.

Marmol C., Ifriqya (L’Afrique), trad. M. Hajjî et al., Rabat, 1984.

Nu’mân, Al-Majâlis wa-l-musâyarât, éd. H. Feqi et al., Tunis, 1978.

Al-Nuwayrî, Nihâyat al-arab fî funûn al-adab, Le Caire, 1983, t. 24.

Al-Qazwînî, ‘Ajâ’ib al-Makhlûqât, Alep, s.d.

Al-Raqîq, Târîkh Ifrîqiya wa-l-Maghrib, éd. A.A. al-Zaïdan et I.U.A. Mûsa, Beyrouth, 1990.

Al-Shammâkhî A., Kitâb al-siyar, éd. M. Hassen, Beyrouth, 2009.

Al-Siqillî M., Al-Mukhtasar al-fârisî (Bibliothèque nationale de Tunis, manuscrit n° 6249).

Al-‘Umarî, Masâlik al-absâr fî mamâlik al-amsâr, éd. Al-Daylamî, Beyrouth, 1999, t. 20.

Al-Wazzân H. (Jean Léon l’Africain), Description de l’Afrique, éd. M. Hajjî et M. Lakhdhar, Rabat, 1982.

Al-Wisyânî, Siyar al-Wisyânî, éd. M. Bou-Osbana, Muscat, 2009.

Études

Bahi A., 2002, Al-Jughrâfiya al-târikiyya li iqlîm al-Sâhil fî al-‘ahd al-wasît al-mutaqaddim, Thèse de Doctorat soutenue à la Faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis.

Bashir Hasan Radhi M., 1991, « Un manuscrito de origen andalusî sobre tema bélico », Anaquel de Estudios arabes, 2, p. 139-145.

Ben Ouhiba K., 2002, Al-Sayd bî Ifrîqiya wa-l-Maghrib fî al-‘asr al-wasît, DEA, Faculté des Sciences humaines et sociales de Tunis.

Birlouez E., 2010, À la table des seigneurs, des moines et des paysans au Moyen Âge, Rennes, PUR, Histoire.

Brunschvig R., 1936, Deux récits de voyage inédits en Afrique du Nord au xve siècle, Ibn ‘Abdalbâsit B. Halil et Adorne, Paris.

Brunschvig R., 1947, La Berbérie orientale sous les Hafsides, des origines à la fin du xve siècle, t. 2, Paris, Publications de l’Institut d’Études orientales d’Alger, XI.

Hassen M., 1999, Al-Madîna wa-l-bâdiyaî Ifrîqiya fî al-‘asr al-hafsî, Tunis.

Hassen M., 2007, « Regards croisés Orient – Occident sur la ville de Mahdia », in Atti del Convegno « La città crocevia di incontri in ambito arabo-islamico e mediterraneo. Fonti storiche, letterarie, viaggi, memorie » (Palermo, 31 Ottobre - 3 Novembre 2007), Università degli Studi di Palermo, Alifbâ, XXI, p. 47-62.

Hinnâwi M., 2003, Al-Nidhâm al-‘askarî bi l-Andalus fî ‘asray al-khilâfa wa-l-tawâ’if, Rabat.

Idris H.R., 1962, La Berbérie orientale sous les Zirides, xe-xiie siècles, Paris.

Kindermann H., 1991, s.u. « al-Asad », in Encyclopédie de l’Islam2, t. I, p. 702.

Lagardère V., 1995, Histoire et société en Occident musulman au Moyen Âge. Analyse du mi’yâr d’al-Wanšarîsî, Madrid, Collection de la Casa de Velázquez, 53.

Lombard M., 1969, « La chasse et les produits de la chasse dans le monde musulman (viiie-xie siècle) », Annales ESC, 24/3, p. 572-592.

Marçais Ph. et Viré Fr., 1981, « Gazelles et outardes en Tunisie : reportage en parler arabe de la tribu des Mahâdhba’« , Arabica, 28, p. 369-387.

Meouak M., 2005, « El mundo de las aves en las fuentes árabes medievales », Al-Andalus Magreb, 12, p. 145-149.

Shâwish B., 2009, Wasf al-hayawân fi al sh’ir al-jâhili, Tunis, Faculté des Sciences humaines et sociales.

Talbi M., 1985, L’Émirat aghlabide (trad. en arabe Sayyâdî), Beyrouth.

Viré Fr, 1977, s.u. « Fahd », in Encyclopédie de l’Islam2, t. II, p. 757-761.

Viré Fr., 1991, s.u. « Bayzara », in Encyclopédie de l’Islam2, t. I, p. 1186-1189.

Viré Fr., 1998, s.u. « Sayd », in Encyclopédie de l’Islam2, t. IX, p. 102-103.

Notes

1 Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 377 : « lâ ba’sa an yuthana ‘alayha wa yuj’ala minhâ al-saqâ wa qirbati al-laban wa ziqq al-zayt ».

2 Dhana Abu ‘Adallah al-Hasan b. al-Husayn, K. al-Bayzara, rédigé vers 385/995 (traduit en français par Fr. Viré, 1967).

3 Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 353 : kitâb al-sayd, K. al-dhabâ’ih ; al-Burzuli éd. 2002.

4 Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 431 : le hadith cité est man lazima al-sayda lahâ.

5 Un jour, l’émir ayant consommé beaucoup de vin prit la mer près de Sousse en état d’ivresse et s’égara ; son bateau se retrouva à Pantelleria.

6 À ce propos, Ksour-Essaf, un village proche de Salaqta, signifie « les châteaux aux faucons ».

7 Les carnivores sont définis comme étant « kullu dhî nâb min al-sibâ’, kullu mâ yaftarisu wa ya’qulu al-lahm lâ l-kala’« .

8 Ibn Batouta signale sa présence près des grottes de Tripoli (Rihla, s.d., 340-341).

9 Al-Mâlikî éd. 1983, t. I, 339 : « il lui parla en ces termes : Applique l’ordre que Dieu t’a donné ; attaque-nous sinon laisse-nous partir ».

10 Hassen 2007, 56 : « les lions apparurent après que les ennemis touchèrent terre, mais ceux-ci furent plus rapides… Tamîm b. al-Mu’izz ordonna d’ouvrir les portes et de relâcher les lions… ».

11 Les études zoo-archéologiques ont révélé la présence d’os de sanglier dans les dépotoirs de certains sites fouillés à Igilliz, au Maroc, et à Cordoue aux viiie-ixe siècles.

12 Le médecin andalou, exilé à Marrakech en 525H/1131, ordonnait à ses patients la viande des vipères : Ibn Zuhr éd. 1992, p. 27 (texte arabe) / p. 13 (texte espagnol).

13 Al-Idrîsî éd. 1983, 80-81 ; al-Mansourî fî l’bayzara, éd. 1989, 166-172 ; al-Siqillî, ms 167b ; al-Wazzân éd. 1982, t. II, 276-277 ; Marmol éd. 1984, t. I, 85, 142.

14 Ibn Sînâ éd. 1999, t. I, 658 ; Ibn al-Baytâr éd. 1874, t. I, 72) ; al-Mansourî fî l-bayzara, éd. 1989, 126 ; al-‘Umarî éd. 1999, 20, 36-38 ; Marmol éd. 1984, t. II, 9.

15 Ibn Hudhayl, Hiliyyat al-firsân wa shiâr al-shujân, 77 [www.al-mostafa.com].

16 Ibid., 78, 83. Le K. al-badâi wa-l-asrâr fî haqîqati al-radd wa-l-intisâr contient aussi plusieurs notices sur les arcs et les flèches, et les techniques les plus appropriées pour leurs utilisations : Bashir Hasan Radhi 1991, 139-145 ; Hinnâwi 2003, 260-267.

17 Cette technique est mentionnée depuis le iiie siècle (dharbatu bunduq) : Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 345.

18 Ibn Hudhayl, Hiliyyat al-firsân wa shiâr al-shujân, 77.

19 Ibn Abî Zayd éd. 1999, t. IV, 351 : « îqâ‘ihî fî al-habâla aw al-fakhkh aw al-mansab (hufar li l-sayd) ».

20 La viande du gibier qui a fait des efforts est délicieuse, selon les traités d’alimentation : Ibn Zuhr éd. 1992, 134 de la partie arabe.

21 Sur le chien sloughi, voir : al-Mansourî fî l-bayzara, éd. 1989, 25-105.

22 Viré 1977, 758 : « Il est étonnant de constater que le Maghreb et l’Espagne musulmane ne se sont pas intéressés au guépard et ne l’ont jamais dressé ; il n’y est pas même fait allusion dans aucun des multiples documents, tant arabes qu’européens ». Voir le paragraphe sur le prince chasseur.

Auteur

Faculté des Sciences humaines et sociales, Tunis, Tunisie

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search