Le site

1La grotte d’Urdiales est localisée dans le village du même nom, dans la localité de Castro Urdiales, dans la zone est de la communauté autonome de Cantabrie (Espagne). Elle s’ouvre dans le réseau karstique du « Alto de San Andrés », petite colline calcaire du Crétacé inférieur (calcaire aptien) qui renferme également la grotte décorée d’El Cuco. Si celle-ci est connue depuis plusieurs décennies (García Guinea 1968), ce n’est qu’en 1999 qu’a été découverte la grotte d’Urdiales. Ce sont, en effet, des travaux de construction réalisés chez un particulier (sur le terrain duquel se trouve l’ouverture de la grotte) qui, en ouvrant le plafond de la grotte, ont permis à E. Muñoz et R. Montes Barquín d’y accéder, pour le compte de la Science.

2La grotte d’Urdiales est une résurgence de faible développement, constituée de trois étages dont deux sont actuellement soumis à une activité hydrique. Les motifs pariétaux sont localisés à l’étage fossile supérieur, dont la longueur est de 44,6 m pour une largeur moyenne de 3,8 m et une hauteur comprise entre 2 et 3 m. Culturellement, les œuvres figuratives relèvent de conventions graphiques surtout connues au Magdalénien supérieur. Cela semble confirmé par les datations par ¹⁴C-AMS obtenues sur l’un des bisons du Grand Panneau, situé immédiatement à gauche du panneau du bouquetin et du cheval (Valladas et al. 2013) : 12 750 ± 110 BP (GifA-11454) soit 15 177 ± 210 cal BP. Néanmoins, la présence d’un quadrupède indéterminé rouge et de tracés digitaux pourrait indiquer l’existence d’une phase plus ancienne.

3Les sondages réalisés dans la grotte n’ont pas apporté d’indices d’occupation humaine. La fonction d’Urdiales semble donc être uniquement liée à son dispositif pariétal.

1a. Grotte d’Urdiales (Castro Urdiales, Cantabrie, Espagne).

1b. Grotte d’Urdiales (Castro Urdiales, Cantabrie, Espagne).

L’art préhistorique d’Urdiales

4La grotte d’Urdiales renferme un dispositif pariétal constitué de près de quarante-huit représentations, peintes ou gravées, concentrées entre les salles 2 et 3, dans un espace réduit. Les dessins noirs, réalisés par un trait simple au charbon de bois, prédominent sur les gravures et, plus encore, sur les quelques peintures à l’ocre rouge.

5Le thème du bison est largement majoritaire (n = 20), avec des représentations peintes en noir (n = 19) et une gravée, sur le total des figures animales (n = 25). L’ensemble est complété par des représentations de chevaux (deux très nets, gravés, et deux douteux, des quadrupèdes en rouge et noir) et par une unique représentation de bouquetin, gravé. Le reste du dispositif comprend des groupes de tracés digitaux, des traits – peints ou incisés – et des disques, points et taches (rouges, en général).

La représentation de bouquetin d’Urdiales

6L’unique représentation de bouquetin (Montes Barquín et al. 2005 : 61) est située à l’entrée de la salle 3 ; elle est associée à un cheval gravé, placé au-dessus d’elle, et à un disque rouge placé sous ses pattes arrière.

7Elle a elle-même été gravée sur une couche d’argile de décomposition de la roche calcaire encaissante, partiellement indurée. La gravure a été réalisée d’un trait simple et unique, profond de 2 à 4 mm. Ce bouquetin, vu de profil, est pratiquement entier si l’on considère que certains reliefs naturels en complètent la silhouette. L’animal, vu de profil, regarde vers l’intérieur de la grotte. Sa tête est détaillée d’un œil ovale et d’une barbiche, très pointue. La corne et une partie de la ligne cervico-dorsale ne sont pas gravées, mais des reliefs naturels semblent les dessiner. Néanmoins, le tracé du cou est gravé d’un trait avec reprise. L’animal possède un ventre proéminent, une patte avant et une patte arrière très sommaires (le petit trait devant celle-ci ne permet pas d’évoquer une deuxième patte). Une incision fine traverse le ventre de l’animal à l’arrière de la patte antérieure. Mais ce trait semble antérieur à la figure puisqu’il est recoupé par la ligne du ventre. Enfin, sous la ganache, vers la base du cou, on remarque une petite zone rouge.

8Sur le plan stylistique, ce bouquetin présente, comme le cheval auquel il est associé, les caractères typiques des figurations pariétales et mobilières du Magdalénien supérieur (ce que confirment les datations ¹⁴C-AMS) avec son aspect sommaire, très synthétique, mais encore très expressif et naturaliste.

2. Grotte d’Urdiales (Castro Urdiales, Cantabrie, Espagne).

Inventaire

Urdiales 1

auteurs : R.M.B., E.M.F.

art pariétal

• Culture : Magdalénien supérieur

• Identifiant : Figure n^o 20 (Montes Barquín et al. 2005)

• Localisation : Entrée de la salle 3, paroi droite

• Support : Calcaire, argile de décomposition indurée, paroi

• Technique : Gravure

• Dimensions (figure) : L. 360 mm x h. 245 mm

• Bouquetin représenté : Complet

• Profil ou vue : Profil gauche

• Genre : Mâle

• Description cornes : Une corne, courte, sans anneaux, simple courbure (utilisation relief naturel)

• Style : Naturaliste

• Compo./association : Associé à un cheval gravé (au-dessus) et à un disque rouge (sous les pattes arrière). Un long trait vertical traverse le ventre à l’arrière de la patte antérieure, mais ce trait est antérieur au bouquetin.

• Description : Ce bouquetin de profil est presque entier. Des éléments sont gravés (tête, œil, barbiche, cou, début de la ligne cervico-dorsale, ventre et pattes) et d’autres sont marqués par des reliefs naturels (corne, ligne cervico-dorsale). La barbiche signale un mâle. Le ventre est convexe, et les pattes inachevées sont sommaires. Un petit trait devant la patte postérieure pourrait être une seconde patte. Par son aspect à la fois sommaire et naturaliste, la figure est caractéristique du Magdalénien supérieur. Elle est située à 1,18 m de hauteur par rapport au sol actuel.
  Montes Barquín et al. 2005

1. Grotte d’Urdiales (Castro Urdiales, Cantabrie, Espagne).