Version classiqueVersion mobile

Le dolmen du Villard, Lauzet-Ubaye (04) et le contexte funéraire au Néolithique dans les Alpes méridionales

 | 
Gérard Sauzade
, 
Aurore Schmitt

Avant-propos

Xavier Delestre

Texte intégral

1Pour le public, le mégalithisme reste sans doute encore et toujours attaché à la préhistoire de l’Ouest de la France et à la Bretagne en particulier, plutôt que la région Sud-Est, espace privilégié de la romanité. Pourtant, en Provence-Alpes-Côte d’Azur pas moins de 120 monuments mégalithiques ont été recensés. Parmi eux, on trouve les célèbres hypogées de Fontvieille (Bouches-du-Rhône) qui constituent un ensemble exceptionnel.

2De prime abord, certains pourraient également être tentés de considérer que l’on connaît tout sur les dolmens et que le savoir constitué au fil des ans suffit largement pour considérer ce dossier aujourd’hui clos. Régionalement, les travaux collectifs de recherches menés dernièrement sur les hypogées de Fontvieille ou bien encore la publication de la fouille du dolmen de Goult en Vaucluse ont pu montrer combien un regard nouveau fondé sur des expertises plurielles pouvait livrer des données inédites. Des recherches qui sont à l’origine d’une révision et de compléments de nos connaissances sur le sujet.

3C’est, dans cette même logique que se place l’ouvrage consacré au dolmen du Villard (Lauzet-Ubaye, Alpes-de-Haute-Provence) dont les fouilles ont révélé quatre grandes périodes chronologiques (Campaniforme, Bronze ancien, Bronze moyen et Bronze final).

4En premier lieu, je voudrais souligner la qualité de l’iconographie qui vient appuyer avec force et justesse un texte maîtrisé. Cette documentation précise et judicieusement sélectionnée est le reflet à la fois de l’excellence des observations faites lors de la fouille et de la rigueur des expertises conduites par la suite. Avec cette documentation, la communauté scientifique dispose de toutes les informations utiles pour une parfaite compréhension du dossier archéologique.

5Mais, cette publication va au-delà d’un compte rendu de fouille. Elle offre une synthèse sur le mégalithisme alpin qui demeure peu étudié en France. Elle montre aussi combien la fouille méthodique d’un tel monument peut apporter des éléments nouveaux à la réflexion collective. Bien sûr, il y a tout ce que l’on peut tirer comme informations sur le plan de l’architecture du monument mais surtout sur sa fonction. Les auteurs reviennent ici en « décortiquant » le comblement caractérisé a priori par un amoncellement désordonné de restes osseux humains conservés dans la chambre sépulcrale sur des questions fondamentales liées aux pratiques funéraires. Comment faire la distinction entre une sépulture collective et des sépultures plurielles ? Peut-il y avoir dans le même temps coexistence de sépultures plurielles ou collectives et sépultures individuelles ? Ces interrogations ouvrent des questionnements particulièrement importants pour mieux appréhender la mort dans ces sociétés du IIIe millénaire. Ces pratiques funéraires, de même que les objets qui les accompagnent et forment ce que l’on nomme des dépôts funéraires, permettent de poser la question des influences culturelles entre différentes aires géographiques. À ce propos, les auteurs présentent une très utile synthèse sur le Campaniforme montrant à la fois l’importance de ce sujet pour la période considérée mais aussi la persistance des questionnements notamment quant à l’origine de ce phénomène culturel (méridionale ou septentrionale ?) représenté de manière très symbolique par des gobelets en céramique.

6Cette publication rédigée sous la direction de Gérard Sauzade et Aurore Schmitt par la somme des données réunies, la précision de son contenu, de son argumentaire scientifique, de ses synthèses sur le mégalithisme alpin et le Campaniforme constitue un travail qui, j’en suis certain, s’inscrira dans la littérature archéologique régionale comme une référence importante pour la poursuite des travaux sur ce sujet.

7Elle met un point final à un travail initié dans les années 1980 par Gérard Sauzade que je tiens à remercier chaleureusement d’avoir, bien que retiré de la vie professionnelle, souhaité conduire à son terme cette étude sachant qu’une recherche n’est véritablement achevée pour son auteur que par une publication.

8Je forme enfin le vœu que tous ceux qui auront entre les mains ce travail de recherche collectif mesurent la spécificité de ce métier d’archéologue. Un métier qui nécessite la mise en œuvre de méthodologies appropriées et des savoirs partagés pour faire à partir d’un travail d’équipe pluridisciplinaire parler les archives du sol. Ce livre est une belle leçon qui ne peut une fois encore que faire amèrement regretter les destructions engendrées par des fouilles clandestines menées par des individus en mal d’aventures ou de profit.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Lire

Open access

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search