Quand les dents deviennent parure
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Texte intégral
1Dans la grotte Bourrouilla (Arancou, Pyrénées-Atlantiques), petite cavité magdalénienne du piémont pyrénéen, plusieurs dents de bouquetin sciées ont été découvertes. Il s’agit de six incisives d’individus adultes et de quatre dents de cabris qui présentent la particularité d’avoir été sectionnées alors qu’elles étaient encore en place sur la mandibule : un sciage réalisé depuis leur face vestibulaire a permis de diriger la cassure lorsque les dents ont ensuite été détachées par flexion. La rangée de dents ainsi obtenue, encore insérées dans le tissu conjonctif, a pu constituer un objet de parure, selon les propositions de F. Poplin (1983). Ornant les corps et les choses, ces dents pouvaient être portées ensemble en pendentif à même la peau, cousues sur des vêtements ou le reste de l’équipement, comme sur des bourses à aiguilles par exemple. À Arancou, on a retrouvé 46 incisives sciées appartenant à d’autres espèces (boviné, cerf, chamois, renne), rapportables elles aussi aux occupations du Magdalénien moyen ou supérieur du gisement (Chauvière 2006).
2Les incisives de bouquetin, dents relativement longues, minces et arquées, ont également été percées pour être transformées en éléments de parure. Les perforations, simples ou multiples, sont alors situées à l’extrémité ou le long de la racine. Quelques fois, des stries parallèles décorent la couronne et/ou la racine des dents, comme dans le cas des incisives magdaléniennes de la grotte de Praileaitz I (Deba, Guipuscoa ; Vanhaeren & D’Errico 2017).
3Qu’elles aient été sciées ou percées, les dents de bouquetins utilisées dans la parure sont en définitive peu nombreuses, sans être rares, des deux côtés des Pyrénées. D’âge essentiellement magdalénien, elles constituent également une partie de la parure solutréenne (grotte de Combe-Saunière ; Castel et al. 2006) ou badegoulienne (abri Fritsch ; Peschaux 2017), entre autres exemples.
Auteurs
Office du patrimoine et de l’archéologie du canton de Neuchâtel – Section Archéologie, Laténium, CH 2068 Hauterive, Suisse – francois-xavier.chauviere[at]ne.ch
Ingénieure d’Études MC, Service Régional de l’Archéologie Grand Est, site de Châlons-en-Champagne, ministère de la Culture – UMR 5608 TRACES, 51037 Châlons-en-Champagne Cedex – morgane.dachary[at]culture.gouv.fr
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