Émile Mayrisch et les débuts ratés de l’électrométallurgie au Luxembourg à la veille de la Grande Guerre
p. 49-64
Texte intégral
1Jusqu’à nos jours, la naissance du groupe sidérurgique des Aciéries Réunies de Burbach-Eich-Dudelange (Arbed) est invariablement présentée par l’historiographie luxembourgeoise comme étant l’aboutissement soi-disant inéluctable d’une dynamique linéaire et déterministe animée au plus haut point par le « génie » d’Émile Mayrisch1. N’en déplaise aux chantres de la légende dorée, la réalité est autrement plus complexe et moins glorieuse. Au lieu d’une belle épopée brodée autour du savoir-faire, de la clairvoyance et de l’infaillible justesse des décisions de l’élite patronale, les archives d’entreprise nous montrent en effet une fusion constitutive entre les Mines du Luxembourg et des Forges de Sarrebruck à Burbach, la Société en commandite des Forges d’Eich, Le Gallais-Metz & Cie et les Hauts-fourneaux et Forges de Dudelange dictée par une série de revers dus à des erreurs d’appréciation et une gestion laxiste qui, en 1911, contraignent les capitalistes propriétaires des trois compagnies à repenser leurs stratégies industrielles respectives.
2Un des éléments de réflexion qui leur donnent du fil à retordre consiste en l’avenir de la métallurgie électrique en passe de quitter le stade expérimental pour entrer dans la phase de son application industrielle. La nouvelle technologie finira-t-elle vraiment par révolutionner la sidérurgie classique, notamment au bassin sarrois-lorrain-luxembourgeois ? C’est du moins ce que croient ses plus fervents adeptes à l’aube du xxe siècle. Mayrisch est de la partie. Littéralement électrisé par une méthode qui promet le raffinement des aciers Thomas à grande échelle, le directeur général de l’usine de Dudelange n’a toutefois pas en vue que les seuls bénéfices commerciaux de l’innovation ; son intérêt consacré à la chose est autant stimulé par l’ambition personnelle de s’élever sur un pied d’égalité avec les barons du fer de la Ruhr.
L’Eldorado présumé de la sidérurgie électrique au Sud-Ouest
3Sans même songer aux perspectives riantes momentanément dégagées par les essais de réduction directe du minerai dans un four à électrodes (en quête d’une échappatoire à l’absence de gisements houillers en Italie, Ernesto Stassano avait entrepris des tests qui – s’ils avaient réussi – auraient pu délivrer également la Lorraine et le Luxembourg de leur dépendance des livraisons de coke belge et allemand), la jeune filière électrique envoûte d’emblée nombre d’ingénieurs métallurgistes persuadés que la nouvelle technologie aura, bien davantage encore que l’introduction du convertisseur Thomas, le pouvoir de renverser les rapports de force entre les grands centres de fabrication du fer en l’espace du Zollverein (union douanière des États germaniques2).
4Leur conviction repose sur une argumentation, ou plutôt : une prophétie excessivement optimiste. Tandis que les usines du Nord-Ouest rhénanwestphalien façonnent de l’acier fin, soit en consommant des minerais de fer riches d’Espagne ou de Suède acheminés au pied des hauts-fourneaux par la voie maritime et fluviale, soit en recourant au procédé Siemens-Martin (SM), pour lequel un dense réseau ferroviaire et d’innombrables industries transformatrices fournissent la ferraille (rails élimés, roues usées, chutes, riblons, etc.), les forges du Sud-Ouest lorrain-luxembourgeois doivent nolens volens se borner à souffler de l’acier Thomas de médiocre qualité fabriqué à base de minettes pauvres d’extraction locale : le fret excessif leur interdit l’usage massif des mélanges avec de la mine importée de la périphérie européenne ; l’absence d’un véritable marché de mitrailles entrave la prolifération des fours SM. En se servant cependant de l’électricité comme source de chaleur, elles pourraient contourner les inconvénients rencontrés. Grâce à des températures supérieures à mille degrés atteints dans les réchauds récemment mis au point, il devient loisible d’éliminer d’une manière contrôlée la quasi totalité des impuretés renfermées tant dans la fonte produite à partir du minerai phosphoreux que dans l’acier réalisé selon la méthode Thomas. Sans rien changer ni aux équipements existants ni aux procédés usuels, il suffira simplement aux entreprises de la région de compléter le déroulement de leur production traditionnelle par un passage des coulées au fourneau électrique pour obtenir au final une marchandise aux propriétés sinon identiques, du moins très proches de l’acier Martin, voire du fameux acier au creuset de chez Krupp.
5Les adeptes de l’électrométallurgie ne manquent pas d’insister simultanément sur un atout complémentaire : le coût de l’affinage des aciers lorrains-luxembourgeois est présupposé être assez modique parce qu’on continuera à employer comme matière première la mine autochtone disponible en abondance et partant, peu chère, alors que le surcroît d’énergie consommée par les équipements additionnels sera à son tour fourni dans des conditions avantageuses. On n’aura qu’à récupérer les gaz de hauts-fourneaux et les transformer en courant au moyen d’une génératrice. Tant parmi les professionnels de la branche qu’au milieu des économistes, des voix s’élèvent ainsi pour aller jusqu’à prédire que le Sud-Ouest parviendra sous peu à relayer la Ruhr comme centre de l’industrie lourde du Reich. La résonance positive de leurs conjectures audacieuses est au demeurant amplifiée par deux évolutions de plus en plus difficiles à concilier. D’un côté, la consommation d’aciers spéciaux augmente chaque jour au fur et à mesure que les ateliers mécaniques, les fabriques d’outils, les constructeurs de machines, le secteur automobile naissant et surtout, l’armée et la marine de guerre dévorent des tonnages de plus en plus impressionnants. En admettant qu’on ne change pas de mode de production, cette envolée de la demande se répercutera inévitablement sur le quantum des roches ferrugineuses que le Zollverein doit se procurer à l’étranger et ce, à une époque où précisément, d’un autre côté, les réserves ibériques s’épuisent et les envois de manganèse scandinave se compliquent (introduction des premières restrictions à l’exportation ; flambée des prix provoquée par les gros achats auxquels se livrent depuis peu les forges du Royaume-Uni). Au lieu de chercher des appoints à l’extérieur, en Russie, aux Indes ou dans d’autres parties éloignées du monde, l’Allemagne a par conséquent intérêt à s’affranchir d’un ravitaillement de moins en moins sûr et sans cesse plus dispendieux. Et voilà comment, dans un contexte d’insécurité générale avivé par la montée des tensions internationales, l’acier électrique fabriqué à partir de fontes Thomas ordinaires apparaît soudain comme une espèce de deus ex machina. Selon certains auteurs très confiants en les retombées salutaires du nouveau procédé, celui-ci ne rééquilibrera pas seulement la balance commerciale en autorisant l’industrie à économiser un montant annuel supérieur à 150 millions de marks dépensés à l’acquisition des minerais de qualité ; il offre en outre une opportunité de rapprocher l’empire de Guillaume II de l’idéal autarcique d’autant plus cher aux militaires que le danger d’un conflit armé en Europe se profile à l’horizon3. Bref, en campant sur la minette, les forges de la Lorraine, du Luxembourg et de la Sarre voisine seront les heureux gagnants des mutations qui sont en train de se dessiner. Leurs patrons n’auront qu’à s’en féliciter. Ils ont devant eux « un avenir grandiose »*, affirment bien des spécialistes de renom convaincus de l’entrée imminente du Sud-Ouest dans un âge d’or4.
6Absolument séduit par ce genre de chant des sirènes, Émile Mayrisch n’hésite pas à agir en conséquence. En été 1905, il accepte de faire le long voyage au Nord d’Uppsala exprès pour voir de ses propres yeux un four à induction expérimental monté à Gysinge par Frederik Adolf Kjellin. La rencontre avec un des pionniers de l’électrosidérurgie a dû l’impressionner. Plutôt que de se contenter d’admirer les exploits du Scandinave, il se laisse aller à contracter une option pour un brevet en signant tout de go avec la Mettalurgiska Patent Aktie Bolaget de Stockholm un accord qui fixe « la redevance à payer par tonne d’acier fabriqué avec droit de vente dans tous les pays ». Fort heureusement, le Luxembourgeois prend garde de subordonner l’acquisition définitive de la licence à l’accomplissement préalable d’une série de tests à l’échelle industrielle censés être effectués prochainement dans un fourneau plus sophistiqué « en voie de construction » en Suisse5. La clause suspensive le préserve de maintes déconvenues pécuniaires, car la technique de l’induction est rapidement déclassée par d’autres procédés concurrents nettement plus performants.
7Toujours est-il qu’un coup de tête de l’espèce est symptomatique du comportement de Mayrisch. Le « grand chef », comme se plaît à l’appeler son épouse Aline, est un homme d’action au tempérament impétueux. En vrai fonceur, il n’a pas la patience de peser longuement le pour et le contre de ses choix ; il veut des résultats palpables, de préférence tout de suite. Or, depuis sa nomination au poste de directeur général à Dudelange en 1897, son désir ardent d’ériger la forge en un établissement à la pointe du progrès se heurte à la pusillanimité et à la parcimonie, excessives à son goût, du conseil d’administration dominé par la génération précédente des fondateurs de l’entreprise. Ayant atteint un certain âge, ces messieurs inclinent à gérer les acquis ; tant qu’ils tiennent les commandes, il n’y a pas lieu de penser à des investissements de quelque envergure, ne serait-ce que pour opérer le remplacement des équipements surannés qui souvent datent encore des débuts de l’usine au milieu des années 1880. L’aciérie Thomas par exemple est « totalement démodée »*. L’impression qu’en a recueillie Hermann Röchling en dit long. Lors d’une visite des lieux, le patron de Völklingen en Sarre note dans son carnet de voyage qu’à Dudelange on souffle « alternativement »* avec six convertisseurs « d’une contenance dérisoire [de 10 tonnes] et tous passablement vétustes »*, desservis de surcroît par une « grue hydraulique désespérément lente, à tel point que les lingots coulés arrivent au blooming singulièrement refroidis6 »*.

Fig. 1 : Lorsqu’en 1897 Mayrisch prend la direction de l’usine de Dudelange, la plupart des installations sont passablement démodées. Le nouveau patron aimerait changer cela… ; dès le départ, il rêve de hisser la forge au même niveau de perfectionnement que les forges rhénan-westphaliennes.
Phototypie de Charles Bernhoeft vers 1890. Don de Reginald Neuman
8Bon gré mal gré, Mayrisch avait dû supporter le gâchis, en attendant que la disparition de la vieille garde, survenue en peu de temps entre la fin de 1903 et le début de 1905, le délivre des rigueurs financières paralysantes. Les nouvelles nominations successives, entre autres celle de son lointain parent Norbert Le Gallais, le commanditaire des forges d’Eich situées aux portes de la capitale du Grand-duché, et surtout, la promotion en juin 1905 du banquier luxembourgeois Charles Simons à la présidence du conseil sont sous cet angle de vue de bon augure7. Après tout, Simons partage des conceptions industrielles proches de l’expansionnisme effréné en vogue chez August Thyssen, Hugo Stinnes, les frères Adolf et Emil Kirdorf et bien d’autres capitaines de la Ruhr qu’il côtoie en raison de ses relations professionnelles avec la Bankhaus Sal. Oppenheim et la Schaaffhausen’scher Bankverein à Cologne. Aussi la date du périple suédois de Mayrisch, quelques semaines à peine après la clôture du processus de rajeunissement au sein de l’organe suprême de la compagnie dudelangeoise, n’est-elle pas due au hasard. Elle coïncide avec le débridement d’un directeur général qui estime que son heure est arrivée.
9L’euphorie du moment débouche durant les mois à venir sur un plan de modernisation complet à la hauteur des ambitions du maître de forge. Rien que le coût de l’opération est parlant : il s’élève à quinze millions de francs, au bas mot ! Certes, un tiers du montant est réservé à un échange de titres ; il n’en reste pas moins que le solde de dix millions, intégralement affecté à la finalisation du double objectif « de la réfection et de l’augmentation de la force productrice de l’usine », représente à cette époque-là une somme impressionnante8. Son importance ne s’explique pas seulement par l’ampleur des travaux envisagés, mais aussi par le penchant mégalomane de Mayrisch qui se manifeste notamment de manière flagrante avec l’aciérie flambant neuve qu’il projette. Pour des raisons de prestige, il aurait aimé en confier l’exécution au réputé Axel Sahlin du non moins renommé bureau d’études américain Kennedy, Sahlin & Company Ltd. En plus, plutôt que de s’accommoder de quatre cornues Thomas de 20 tonnes – comme l’entendait son conseil d’administration – il aurait voulu doter la future pièce maîtresse de l’usine à la fois d’un four Martin et d’un réchaud électrique destinés à compléter la batterie des convertisseurs. Au prix « fantastique »* du quadruple des débours mis en compte au départ, il doit cependant déchanter9. Le signal d’alarme actionné par son président l’oblige à faire appel aux lumières de son ingénieur en chef Hubert Hoff, un ex-professeur-assistant de la RWTH-Aachen, pour édifier finalement une aciérie conventionnelle redimensionnée à la baisse. Quant aux équipements SM et électrique, leur installation est ajournée sine die.
10Pendant près de trois années, le dossier ne connaît plus de suites apparentes. Absorbé par d’autres besognes, Mayrisch semble avoir refréné son ardeur pour les fours à électrodes lorsque, subrepticement, au début de l’automne 1908, il convoque d’une manière impromptue ses proches collaborateurs et les invite à se prononcer sur la nouvelle technologie. La versatilité du grand chef met la plupart de ses subordonnés en mauvaise posture. Peu ou pas du tout éclairés sur les développements actuels en la matière, ils se taisent à plus forte raison que, intuitivement sceptiques au sujet de l’efficacité réelle du procédé électrique, ils « tremblent de peur »* devant un « patron sévère »* qui « peut être ravissant, s’ils lui parlent de choses qui le mettent en joie »*, mais qui, au cas contraire, « peut être tellement mal disposé, que ses hommes préféreraient se sauver s’ils en avaient le moyen10 »*. Hoff ose quand même s’exprimer. Au risque de vexer son supérieur, dont il sait pertinemment qu’il avait lorgné les fours Kjellin, l’Allemand se prononce sans ambages contre la technique de l’induction. À son avis, s’il fallait choisir, il opterait – quoique sous moult réserves – pour un four à arc. Encore faudrait-il savoir quel est le meilleur des systèmes présentement proposés par différents constructeurs.
Voyage d’études dans l’univers émerveillant des inventeurs
11L’opinion mitigée de Hoff qui, sans être carrément hostile à la filière électrique formule néanmoins des critiques sévères à l’encontre de ses nombreuses imperfections, inquiète le directeur général. Quelques jours plus tard, il donne à son ingénieur l’ordre de faire sa valise. Mayrisch aimerait qu’il l’accompagne en voyage. La ballade mène les deux hommes d’abord en Haute-Savoie, à Ugine. Paul Girod, un industriel d’origine suisse, les y attend pour leur montrer son établissement équipé de trois fours réalisés d’après ses propres plans. D’une contenance réduite à 300-400 kilos, ils fonctionnent tous suivant la méthode du réchauffement direct moyennant un arc électrique qui jaillit d’une électrode en carbone introduite par la voûte du fourneau et manuellement réglable en hauteur par le fondeur qui peut de la sorte intervenir à tout moment dans le déroulement du processus d’affinage. Mayrisch n’a pourtant d’yeux que pour l’extraordinaire « propreté de l’aciérie »*. Quelle différence avec les poussières et la crasse à Dudelange ! Il n’arrête pas d’en parler à table lors du repas offert par son hôte dont il est d’emblée « totalement charmé »*. À vrai dire, il aurait bien voulu démarrer sur le champ une production similaire au Grand-duché, … si la méfiance de Hoff n’avait pas quelque peu freiné sa fougue. À l’encontre de son patron, l’Allemand se montre en fait peu impressionné par la personnalité de Girod, et moins encore par ses ouvertures prévenantes dictées par des soucis passagers de liquidité qui le poussent à pratiquer « une politique généreuse en matière de vente des licences de ses brevets11 ». La retenue de l’ex-professeur est doublement motivée. D’un côté, il a rapidement décelé quelques faiblesses de taille des équipements employés à Ugine, et puis, avant de se prononcer, sa curiosité innée lui donne envie d’examiner d’autres engins dont les créateurs font parler d’eux.
12La tournée continue ainsi au département de la Loire. Les établissements Jacob Holtzer et Cie y exploitent à Unieux un four de 1000 chevaux de la marque Keller-Leleux. Équipé de plusieurs électrodes damées au fond de la construction, il est conçu exprès pour réaliser de « gros tonnages en aciers mi-fins tels que ceux nécessaires à la fabrication des plaques de blindage ou des canons12 ». La différence entre la production largement artisanale pratiquée par Girod et les coulées à proprement parler industrielles réalisées dans des réchauds montés par Charles Albert Keller et Henri Leleux aurait bien entendu été extrêmement intéressante à observer pour des sidérurgistes venus du bassin minier luxembourgeois, mais, hélas, l’installation est à l’arrêt. Un entretien avec les propriétaires de l’usine suffit cependant pour faire comprendre aux visiteurs du Grand-duché que l’appareil est loin de marcher comme il faut.
13Passablement déçus, Mayrisch et Hoff rebroussent alors chemin pour retourner dans les vallées alpestres. Au bourg de La Praz, entre Modane et Saint-Jean-de-Maurienne, ils comptent rencontrer le physicien Paul Héroult, l’inventeur de l’électrolyse de l’aluminium et véritable père spirituel du four à arc moderne pour l’acier13. Nouveau coup de malchance, ou plutôt signe du manque de préparation d’un périple organisé dans la hâte d’un de ces accès d’innovation de Mayrisch qui ne débouchent pourtant que rarement sur une démarche méthodique : le savant qu’on a l’intention de consulter n’est pas chez lui ! Une lettre, un télégramme ou un appel téléphonique auraient suffi pour apprendre que, depuis un certain temps, il est en voyage aux États-Unis d’Amérique où les maîtres de forges, très à l’écoute du Français, l’ont convié afin de les renseigner sur ses trouvailles inédites et les conditions matérielles d’une coopération transatlantique renforcée. Grâce à sa mère restée à La Praz, nos deux sidérurgistes débarqués à l’improviste devant sa villa parviennent au moins à sauver partiellement la mise. La vieille dame très serviable les autorise à explorer à leur guise l’usine de son fils. Mayrisch et son ingénieur y découvrent un fourneau de construction assez récente qui est même en activité le jour de leur passage.

Fig. 2 : Le four à arc construit par Paul Héroult a de quoi convaincre Hubert Hoff. L’appréciation foncièrement positive de l’ingénieur en chef de l’usine de Dudelange n’est cependant pas partagée par son patron ; Émile Mayrisch ne veut rien entendre parler de l’inventeur français à cause de l’indescriptible insalubrité qui règne dans son aciérie !
Collection historique Pechiney, Institut pour l’histoire de l’aluminium
14Cette fois c’est au tour de Hoff d’être épaté. Il est plein d’admiration pour la simplicité fonctionnelle d’un réchaud dont les deux électrodes facilement échangeables sont si bien ajustées que le courant passe de la première à la deuxième en traversant la couche de scories et le bain de métal pour former un circuit fermé. La méthode directe laisse par ailleurs entrevoir la faculté de traiter des volumes relativement importants de plusieurs tonnes (plus tard, elle l’emportera effectivement sur les techniques concurrentes). L’ensemble de ces atouts aurait à la limite eu de quoi dissiper les réticences de l’ingénieur en chef quant à l’électrométallurgie en général. Son maître demeure par contre impassible. Mayrisch n’apprécie guère les équipements d’Héroult, non pas parce que leurs performances auraient prêté le flanc à des objections fondées, mais parce qu’il s’offusque de l’indescriptible insalubrité des lieux. L’établissement savoyard ne dispose même pas des installations sanitaires les plus rudimentaires pour ses ouvriers ! Né dans une famille de médecin, le Luxembourgeois s’en déclare scandalisé.
15Le départ pressé de La Praz à bord du train de nuit pour Turin ressemble du coup à une fuite devant le monde sauvage de la montagne. Dans la pleine piémontaise, Mayrisch et Hoff sont attendus par le « commandant » Stassano. Les nouvelles connaissances obtenues à l’occasion de ce rendez-vous ne valaient toutefois pas le détour puisque son four à arc, inventé à peu près en même temps que celui d’Héroult, recourt à la méthode indirecte du courant qui, au lieu de pénétrer la charge, passe au-dessus entre les pointes des électrodes. Dans le but de pallier les importunités qui en découlent (lisez : dans l’intention de s’assurer que le chargement entier soit uniformément exposé au rayonnement de la chaleur), le dirigeant de la Società Forni Termoelettrici avait accroché sa cuve à un axe rotatif légèrement incliné grâce auquel il obtient le brassage continu de la masse à l’état liquide14. « Une idée très charmante… »*, se contente de noter Hoff dans ses souvenirs de la virée italienne, avant de retenir sèchement, « … mais inapte à l’emploi dans la production de masse15 »*.
Retour dans le monde terre à terre du business
16En tout et pour tout, le patron de Dudelange et son accompagnateur ont donc pu contempler endéans une semaine à peu près toutes les techniques jadis proposées par la fine fleur des constructeurs de fours électriques. Reste à savoir quel enseignement ils tirent de l’excursion dans l’univers émerveillant des inventeurs ? Hoff reçoit l’ordre de dresser un bilan détaillé. La pièce reste malheureusement introuvable, mais il y a fort à parier que ses conclusions soient assez proches de celles auxquelles étaient également parvenus ses confrères compatriotes Max Meier et Reinhard Eigenbrodt de la Deutsch-Luxemburgische Bergwerks- und Hütten-AG à Differdange (Grand-duché) : « toute la question est à traiter d’une façon dilatoire »*, ont-ils résumé leur analyse16. À l’instar de Hoff, ils sont certes tentés de croire que la méthode Héroult (Meier avait pu l’examiner de près dans une aciérie à Remscheid) offre les meilleures chances de remporter la course dans la recherche d’un procédé rentable susceptible de trouver à court ou à moyen terme sa place dans une grosse usine intégrée. De là à en venir à la négociation d’un marché avec le constructeur leur paraît néanmoins largement prématuré. Les raisons de leurs atermoiements méritent d’ailleurs d’être relevées, puisqu’elles sont révélatrices d’une différence très nette dans la manière dont ils abordent le sujet : tandis qu’à Dudelange on recourt à une approche quasi-exclusivement technique en faisant appel aux seuls ingénieurs, les Allemands à Differdange veillent à intégrer dans leur appréciation la dimension commerciale en associant de prime abord le directeur des ventes Eigenbrodt à l’évaluation du dossier.
17Ayant subi une formation chez le négociant en gros Carl Spaeter à Coblence, Eigenbrodt n’est pas dupe des prodiges du progrès technique. Il se laisse guider par les seuls chiffres noirs et rouges du livre comptable. Or, il veut bien admettre qu’une décision rapide pour l’achat d’un brevet pourrait être propice à l’heure actuelle où une foison de constructeurs, tous à court d’argent, cherchent à brader leurs fours ; en précipitant la signature d’un contrat de licence on économisera également le paiement ultérieur des droits de patente plus élevés. À l’opposé, le danger d’hasarder l’adoption d’un procédé qui s’avérera peut-être par après inférieur à d’autres, ou le combat coûteux contre les « maladies d’enfance »* d’une technique encore insuffisamment mûrie pourraient à la fin revenir sensiblement plus cher. Outre ces réflexions d’un ordre plutôt général, Eigenbrodt attire l’attention de la centrale du konzern sur un obstacle supplémentaire en relation avec la gamme des commandes exécutées à l’usine :
jusqu’aujourd’hui notre assortiment de produits ne comprend pas d’objets qui exige l’emploi d’un matériau aussi impeccable que celui réalisé au moyen du procédé électrique. Il faudrait donc d’abord créer un débouché à des articles que, pour l’instant, il n’entre pas dans nos intentions d’intégrer au programme de laminage*17.
18Le haut responsable des ventes de la Deutsch-Luxemburgische prêche par conséquent la prudence. En attendant les développements ultérieurs, il préfère rester dans l’expectative.
19Mayrisch obéit en revanche à une logique diamétralement opposée. Prisonnier de la légende dorée née entre-temps à propos de l’introduction au Luxembourg du procédé Thomas pour la déphosphoration de l’acier, il veut à tout prix être le premier à acquérir la licence d’une technologie qui pourrait un jour devenir tout aussi révolutionnaire que les prouesses de Sidney G. Thomas. Le fait qu’Émile Metz soit naguère, en avril 1879, parvenu à obtenir de l’inventeur anglais un règlement à part pour la commandite Metz & Cie à Eich, avait bien valu son pesant d’or ! En devançant de six jours les concurrents allemands des Rheinische Stahlwerke et du Hoerder Bergwerks- und Hütten-Verein, qui s’emparèrent des droits d’exploitation du brevet pour l’ensemble du territoire du Zollverein (Reich + Grand-duché excepté Metz & Cie), le Luxembourgeois avait réussi un double coup de maître. D’abord, le statut séparé de l’entreprise qu’il représentait, et qui, au début des années 1880, rétrocéda son privilège à titre d’apport à la société des Hauts-fourneaux de Dudelange, imposait le versement direct à l’inventeur britannique (respectivement à ses héritiers) de royalties de 1,25 francs, soit 1 mark, par tonne d’acier coulé, tandis que la subordination au régime général valable à l’intérieur de l’espace douanier allemand aurait obligé l’entreprise de s’acquitter d’une redevance de 2,5 à 3,5 marks/t à virer sur les comptes des Rheinische Stahlwerke et du Hoerder Verein. L’addition des économies réalisées jusqu’à l’expiration de la période de protection de l’invention en 1894 est dès lors vite faite : elle s’élève à plusieurs centaines de milliers de francs. Ensuite, à côté du bénéfice mesurable en espèces sonnantes et trébuchantes, la rapidité de l’intervention du commanditaire d’Eich avait rapporté à celui-ci l’aura d’un héros national qui avait non seulement battu les Allemands d’une longueur, mais qui, par la suite, avait même résisté victorieusement aux tentatives répétées des deux firmes d’outre-Rhin de disputer à la maison luxembourgeoise le contrat exceptionnel avec Thomas18. Accéder au rang du protagoniste d’une belle épopée d’un format correspondant – pourquoi pas dans le domaine prometteur de l’électrométallurgie – aurait assurément flatté Mayrisch. À un détail près : Metz, qui n’avait pas immédiatement saisi la portée de l’affaire, s’était mis en route pour Londres seulement après avoir subi les pressions de son épouse alertée par le chimiste de l’usine. Pareil opprobre ne serait jamais arrivé à un battant de la trempe de Mayrisch.
20L’orgueil et la vanité sont du reste probablement les véritables moteurs de l’impétuosité avec laquelle le régisseur de Dudelange poursuit la concrétisation de son plan. Expliquons-nous. Mayrisch aurait certainement donné cher d’être le pair de Thyssen, Stinnes, Kirdorf et consorts. Son admiration nourrie pour les magnats de la Ruhr, auréolés par la splendeur de leurs exploits industriels, n’est toutefois pas exempte d’ambivalence. L’argent et le pouvoir font bien sûr de l’élite des fabricants du Reich des idoles en soi, dont le Luxembourgeois est jaloux et qu’il imite discrètement ; à l’opposé, son amour-propre aiguisé par le chauvinisme antiprussien largement répandu dans les milieux bourgeois du Grand-duché d’antan lui inspire un profond dédain à l’égard de ces étrangers en train d’altérer sa patrie en arrière-cour de leurs empires de charbon et d’acier19. Comme tant d’autres nationaux, il supporte mal leur prétention arrogante de ravaler les producteurs régionaux du bassin de la minette au rang de « quincaillers » condamnés à ravitailler les usines du Nord-Ouest avec des matériaux bruts (lingots, demi-produits) à vilain prix. L’égo de Mayrisch lui interdit de se plier à un tel avilissement. Il estime au contraire qu’il faut remettre ces messieurs à leur place. Pour cela, il suffira de hisser Dudelange au même niveau de perfectionnement que les forges rhénan-westphaliennes. Les fours à électrodes seraient un moyen d’y parvenir sinon la voie royale. Du coup, en initiant la réorientation du bassin de la minette vers la production d’aciers fins, Mayrisch associerait à jamais son nom à l’ouverture d’une nouvelle ère radieuse comme Émile Metz l’avait fait autrefois en relation avec le passage de la fabrication de fonte brute à la coulée d’aciers.

Fig. 3 : Mayrisch supporte mal l’arrogance des magnats de la sidérurgie allemande. Grâce au procédé électrique, il escompte parvenir à démontrer à ces Messieurs qu’ils ont tort de traiter le bassin du Sud-Ouest en arrière-cour de la Ruhr
(Coll. Charles Barthel)
21Sa crainte – on oserait presqu’ajouter : obsessionnelle – de laisser s’échapper une pareille opportunité, l’avait ainsi entraîné à prendre une participation financière chez Girod en dépit des avertissements de Hoff ! Ce dernier apprend la nouvelle seulement plus tard, lors d’un séjour prolongé à Ugine que Mayrisch lui prescrit dans l’espoir de l’amener à reconnaître qu’il a tort d’être défiant à l’endroit du constructeur suisse établi en France. Mais rien n’y fait. Après avoir observé sur place la transformation d’une série continue de charges, le subordonné récalcitrant continue à traîner des pieds. Visiblement énervé, le directeur général change alors de conseiller en se fiant désormais à Nicolas Schock. Fraîchement sorti des Écoles spéciales de Louvain, le fils d’une de ses nièces est de toute évidence supposé lui procurer l’avis favorable dont il a besoin pour remporter enfin l’adhésion du conseil d’administration à ses projets personnels. Nouveau revers. Le jeune homme ne se laisse apparemment pas embarquer dans les desseins de la hiérarchie car, rentré de Savoie, « il fit son rapport et puis, nous n’entendions plus parler d’un four électrique*20 ».
22C’est que Mayrisch essuie vers la même époque d’autres déceptions encore. Malgré lui, il doit par exemple reconnaître que les gaz de gueulard ne suffisent pas pour générer le courant indispensable à l’alimentation et des moteurs, notamment du laminoir, et d’une aciérie électrique. Cet aveu constitue probablement le point de départ de l’introduction d’une requête en faveur de l’obtention d’une concession pour l’édification de deux barrages hydrauliques sur la Sûre inférieure et l’Our dans les Ardennes21. Erreur d’appréciation également en ce qui concerne les débouchés potentiels des aciers fins made in Luxembourg. Nous l’avons évoqué plus haut : le directeur général caresse depuis quelques années le rêve d’installer en outre une aciérie SM. Son argument pour justifier la dépense dérive de la rentrée languissante des commandes de rails. Selon lui, elle serait conditionnée par les exigences accrues des compagnies ferroviaires qui sollicitent des qualités supérieures impossibles à réaliser au convertisseur Thomas, mais « facilement obtenable [sic] aux fours Martin22 ». L’argument du grand chef ne tient cependant pas la route. Lorsque le conseil cède enfin à sa revendication, le nouvel équipement s’avère effectivement être un flop dès le départ, parce que les administrations des chemins de fer du Reich continuent à s’approvisionner auprès des seuls fabricants implantés en terre allemande. Le volume global des ventes de Dudelange demeure ainsi beaucoup trop insignifiant pour déboucher sur une production continue tant soit peu rémunératrice. Il s’ensuit que le four est à l’arrêt la plupart du temps23. Quand on sait en outre qu’à défaut d’amateurs, une bonne partie des coulées Martin est couramment aliénée au prix des qualités Thomas (un document confidentiel parle de la moitié de la production !24), alors on est en droit de se demander quelles pertes aurait entraînées la filière électrique…
23Mayrisch aurait à cet égard dû tenir compte d’un précédent négatif éloquent car, dans l’intervalle, Norbert Le Gallais s’est lancé à tête perdue dans la restructuration de son usine à fontes d’Eich-Dommeldange en y adjoignant quatre fours à induction du type Röchling-Rodenhauser qui fonctionnent d’après le principe Kjellin. Que ce fût précisément son cousin germain qui le devançait a sans nul doute dans l’immédiat été dur à digérer pour le patron de Dudelange ; avec le recul, il peut néanmoins se déclarer heureux de ne pas porter le chapeau d’un fiasco comparable à celui causé par son parent. Abstraction faite d’avoir misé sur la mauvaise technologie, le commanditaire de Le Gallais-Metz et Cie s’est amplement trompé dans ses calculs. Alors qu’il avait espéré parvenir à transformer en acier la presque totalité des 100 000 t/ an de fonte brute crachées par les quatre hauts-fourneaux de son usine, la lenteur excessive de l’affinage permet d’atteindre 10 % à peine du tonnage initial. Encore, afin d’arriver à cette piètre quantité, avait-il fallu improviser en intercalant un mélangeur chauffé au gaz et un four Martin pivotant entre la coulée des fontes et leur traitement final dans le réchaud à électrodes. Le coût de l’investissement s’en trouve multiplié par 3 ou 4. Logiquement, le prix de revient s’en ressent à son tour. Il diminue sensiblement le bénéfice attendu de 3 marks/t. Ce qui plus est, la commercialisation du nouveau produit s’annonce beaucoup plus ardue que prévu. Hormis une poignée de gros clients, comme la Maschinenfabrik-Augsburg-Nürnberg (MAN), la majorité des acheteurs se ravitaille pour ainsi dire au kilo25.

Fig. 4 : L’aciérie électrique érigée par Norbert Le Gallais s’avéra bien vite un flop, qui avait toutefois ceci de bénéfique qu’il rendait les actionnaires des Forges d’Eich plus accessibles à l’idée d’une fusion avec les sociétés de Dudelange et de Burbach
(coll. Charles Barthel)
24Inutile d’insister : l’expérience peu lucrative faite par es Forges d’Eich donne le coup de grâce aux visions exubérantes de Mayrisch. Compte tenu du rapport hors-proportion entre l’énormité du capital à débloquer et la faible plus-value à en tirer, et vu par ailleurs le caractère insensé d’une compétition entre deux entreprises dont l’actionnariat est tout de même majoritairement identique, le conseil de Dudelange décide de renoncer définitivement à l’aciérie électrique réclamée par son directeur général. Celui-ci se plie d’autant plus volontiers au verdict de ses pourvoyeurs de fonds que l’infortune de son cousin germain lui aura vraisemblablement évité de compromettre sa réputation de figure de proue de l’industrie lourde nationale. Bien au contraire !
À quelque chose malheur est bon
25Après avoir été battu dans la course dont l’enjeu est la primauté de l’introduction du procédé électrique au Grand-duché, Mayrisch cherche un exutoire à sa soif de notoriété en changeant radicalement de religion : au lieu d’aspirer à la fabrication d’un matériau sophistiqué à haute valeur ajoutée, il se convertit maintenant aux méthodes américaines de la production en masse des marchandises bon marché. Standardisation et spécialisation deviennent dorénavant ses maîtres mots que – notons-le en passant – Hoff pourrait lui avoir soufflés au lendemain d’un voyage d’études aux États-Unis. Le revirement stratégique sous-entend bien sûr une croissance basée sur des synergies et un effort de concentration grâce à des transferts de productions entre compagnies qui se complètent. La quête ratée pour l’affinement des aciers aura sous cet angle de vue ouvert les yeux au directeur général : si les rails sortis de son usine se vendent plutôt mal, mieux vaudra en déloger le laminage à Burbach en Sarre, dont les maîtres sont aussi en partie propriétaires de la forge de Dudelange. Celle-ci pourra en retour étendre sa gamme de poutrelles tandis que Eich-Dommeldange, également aux mains de la même famille d’actionnaires belgo-luxembourgeois, focalisera son activité sur les moulages de fonte et d’aciers fins.
26Il va sans dire que les désillusions vécues en matière l’électrométallurgie représentent seulement un aspect parmi tant d’autres qui contribuent à préparer le terrain à la fusion constitutive de l’Arbed en 1911 ; toujours est-il qu’il ne faut pas en sous-estimer l’impact. Tout bien pesé, les déboires financiers essuyés en la matière par Norbert Le Gallais ont provoqué la chute sensible des dividendes généreux versés d’ordinaire par la commandite, ce qui incite les sociétaires à tolérer un échange de titres qu’ils avaient encore refusé une demi-douzaine d’années auparavant. Quant à Mayrisch, son échec lui fait tirer le registre d’une politique entrepreneuriale beaucoup plus prometteuse que l’installation d’un four à électrodes. En frayant le chemin à l’éclosion d’une multinationale capable de rivaliser avec les grands de la branche, il parvient non seulement à jeter les fondements de l’entreprise la plus profitable du Luxembourg au xxe siècle, mais encore à poser les jalons d’une évolution qui lui permettra d’inscrire durablement son nom dans les manuels d’histoire européenne au titre de président de l’Entente internationale de l’acier lancée au milieu des années vingt.
Notes de bas de page
1 Voir notamment Félix Chomé, dir., Aciéries Réunies de Burbach-Eich-Dudelange. Un demi-siècle d’histoire industrielle. 1911-1964, Luxembourg, ARBED, 1964, p. 31 et sq.
2 Pays indépendant, le Luxembourg adhère au Zollverein à partir de 1842.
3 Cf. e.a. Ludwig Eschwege, « Revolutionierende Tendenzen im deutschen Eisengewerbe », Luxemburger Wort, 31.05.1910.
4 Michel Ungeheuer, Die Entwicklungsgeschichte der Luxemburgischen Eisenindustrie im XIXten Jahrhundert, Luxembourg, Imp. Kraus, 1910, p. 53. Les citations marquées d’un * sont des traductions de l’auteur.
5 Archives nationales de Luxembourg (ANLux), ARBED-07622, Procès-verbal du conseil d’administration de Dudelange, 10 août 1905.
6 SAARSTAHL [Archives de la Saarstahl AG], B-K042, Nr.298, Röchling’sche Eisen- u Stahlwerke. Reiseberichte über Besichtigungen der Werke – Düdelingen, mars 1906.
7 ANLux, ARBED-07621, Procès-verbal du conseil général de Dudelange, 3 juin 1905.
8 Procès-verbal du conseil d’administration de Dudelange, 25 juin 1906.
9 Hubert Hoff, Erinnerungen aus meinem Leben, Mémoires inédites, Bad Mergentheim, [années 1950] ; voir aussi Archives non inventoriées de l’Arbed (ARBED), Évolution des installations techniques de l’usine Arbed-Dudelange entre 1911 et 1964, sans date.
10 Hubert Hoff, op. cit., p. 49.
11 Franck Gavard-Perret, « Paul Girod d’Ugine : La carrière d’un ingénieur entrepreneur de l’électrométallurgie », Cahiers d’histoire de l’aluminium, 2009-1, p. 108-129.
12 « Le four électrique en métallurgie », La Houille Blanche, 1906-2, p. 31-34.
13 Cf. Philippe Mioche, « Contribution à l’histoire du procédé Bayer. Le procédé à Gardanne 1893-2012 », in Dominique Barjot, Marco Bertilorenzi, dir., Aluminium du métal de luxe au métal de masse (xixe-xxie siècle), Paris, PUPS, 2014, p. 47-64.
14 « État actuel de l’électro-sidérurgie », La Houille Blanche, 1907-5, p. 97-102.
15 Sur l’excursion de Mayrisch et Hoff dans le monde de l’électrométallurgie, voir Hubert Hoff, op. cit., p. 37 et sq.
16 Archiv für Christlich-Demokratische Politik (ACDP), I-220-063/1, Eigenbrodt à Stinnes, [début 1907].
17 ACDP, I-220-051/1, Eigenbrodt et Meier à Stinnes, 23 janvier 1907.
18 Sur l’acquisition du brevet Thomas par Metz & Cie, voir l’exposé circonstancié de Jacques Maas, « Zwischen Kooperation und Konfrontation : Deutsche und luxemburgische Hüttenunternehmen und die Einführung des Thomas-Verfahrens in der luxemburgischen Eisenindustrie », in Manfred Rasch, Jacques Maas, dir., Das Thomas-Verfahren in Europa. Entstehung – Entwicklung – Ende, Essen, Klartext, 2009, p. 133-169.
19 Au sujet de la ruée des konzerns allemands vers la minette, voir e.a. Manfred Rasch, « The Internationalization of the Thyssen Group Before the First World War », in Charles Barthel, Philippe Mioche, Ivan Kharaba, dir., Les mutations de la sidérurgie mondiale du xxe siècle à nos jours, Bruxelles, Peter Lang, 2014, p. 71-92, ici p. 73-78.
20 Hubert Hoff, op. cit., p. 41.
21 ANLux, AE-02415, Mayrisch à Eyschen, 16 novembre 1909 ; requête de Mayrisch, 17 novembre 1909.
22 Procès-verbal du conseil général de Dudelange, 3 mai 1909.
23 ARBED, L’installation est rasée en 1928 après le décès de Mayrisch. Historique et développement de l’usine de Dudelange, février 1951.
24 ARBED, Rapport [de Barbanson] sur la comptabilité, les prix de revient, ainsi que sur l’organisation de la société au point de vue administratif et commercial, 18 février 1913.
25 ARBED, Langers à Chomé, 10 mars 1965 ; ANONYME, Histoire de l’Arbed, manuscrit inédit, [années 1940].
Auteur
Archives nationales de Luxembourg
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les sans-culottes marseillais
Le mouvement sectionnaire du jacobinisme au fédéralisme 1791-1793
Michel Vovelle
2009
Le don et le contre-don
Usages et ambiguités d'un paradigme anthropologique aux époques médiévale et moderne
Lucien Faggion et Laure Verdon (dir.)
2010
Identités juives et chrétiennes
France méridionale XIVe-XIXe siècle
Gabriel Audisio, Régis Bertrand, Madeleine Ferrières et al. (dir.)
2003
Des hommes à l'origine de l’Europe
Biographies des membres de la Haute Autorité de la CECA
Mauve Carbonell
2008