Chapitre 1. Les autorités françaises et chinoises face aux besoins de main d’œuvre
p. 13-27
Texte intégral
1La Grande Guerre conduisit le gouvernement français à intervenir fortement dans des domaines que l’État délaissait jusqu’alors, puisqu’il dut notamment organiser ce que certains auteurs appellent la mobilisation industrielle, et donc intervenir aussi bien sur l’organisation de l’appareil de production que sur celle du marché du travail. Convergèrent alors la recherche de main d’œuvre engagée par le gouvernement français, soucieux d’allouer aux entreprises les ressources indispensables, et la volonté d’une grande partie de la classe politique chinoise de voir évoluer le statut international de la Chine. Si le recours à la main d’œuvre chinoise provoqua des dissensions récurrentes au sein du gouvernement et de l’administration française, il offrait aux autorités chinoises l’opportunité de se rapprocher des Alliés.
Les besoins récurrents de main d’œuvre
2La prolongation de la guerre qu’aucun état-major n’avait prévue obligea les autorités françaises à répondre aux demandes toujours croissantes de matériel de toutes sortes du haut commandement tout en prenant en compte la satisfaction des besoins essentiels de la population civile. La guerre de tranchées au cours de laquelle les armées s’enterrèrent de part et d’autre d’une ligne de front qui s’étendit rapidement de la frontière suisse à la Mer du Nord, et les tentatives de percée aussi vaines que meurtrières absorbèrent des quantités considérables de matériel. Le renforcement des moyens défensifs et offensifs des uns entrainait de façon symétrique et quasi automatique celui des autres. Il fallait donc produire toujours plus et toujours dans l’urgence. Selon Rémy Porte, la planification d’avant-guerre avait prévu que la production de poudre B devait atteindre 24 tonnes par jour au 61e jour de la mobilisation puis rester stabilisée à ce chiffre. Or, elle était déjà de 50 tonnes par jour en décembre 1914 et s’éleva à 500 tonnes par jour trois ans plus tard1.
3À titre d’illustration, le tableau ci-dessous présente les fabrications de quelques matériels produits au cours de la guerre.
Principaux matériels fabriqués
Matériels | Fabrications 1914-1918 |
Avions | 52 000 |
Canons de 75 | 17 300 |
Cartouches | 6 300 000 000 |
Chars | 5 300 |
Fusils-mitrailleurs | 225 000 |
Mitrailleuses | 87 000 |
Pièces d’artillerie lourde | 6 700 |
Source : Rémy Porte, La mobilisation industrielle « Premier front » de la Grande Guerre ? Saint-Cloud, SOTECA 14-18 Éditions, 2005, p. 303.
4Les besoins militaires s’appliquaient à toutes sortes de fournitures. Ainsi, 10 millions de chemises et 20 millions de paires de chaussettes furent livrées aux armées françaises au cours du seul hiver 1917-19182. Répondre à de telles exigences impliqua une transformation profonde de l’appareil de production sous l’impulsion de l’État. Il fallut recourir largement à l’industrie privée et adapter les équipements existants, ou créer de toutes pièces usines et ateliers de fabrication, planifier les programmes de production, revoir et organiser les circuits de distribution des matières premières indispensables, d’autant que l’invasion allemande avait privé la France d’une partie de son industrie et de l’essentiel de sa production de charbon3. Mais il fallait aussi disposer de la main d’œuvre nécessaire alors que la mobilisation avait largement vidé les usines et que « le grand quartier général réclamait, chaque mois, de 150 000 à 200 000 hommes pour compenser les pertes du front (morts, disparus, prisonniers, blessés, malades)4 ».
5Les textes d’avant-guerre avaient prévu que 50 000 ouvriers seraient employés aux fabrications de guerre à l’issue de la mobilisation. Pourtant, les besoins de l’économie de guerre furent tels qu’au 31 décembre 1917, 1 672 000 personnes travaillaient dans les usines de guerre5.
6Les autorités furent amenées à multiplier les démarches afin que ces usines puissent disposer du volume dont elles avaient besoin. Inversion politique majeure, l’État prit en charge l’organisation et le fonctionnement du marché du travail ainsi que le recours massif à l’immigration alors que celle-ci était assurée jusqu’alors par le patronat pour faire face à la pénurie de main d’œuvre, l’État s’étant limité à mettre en place un dispositif de contrôle des étrangers et à définir les conditions d’acquisition de la nationalité française.
7Les premières mesures prises concernèrent le renvoi dès le début du mois d’octobre 1914 de soldats et d’officiers dans les usines, puisque les armées françaises étaient confrontées depuis quelques semaines à une grave pénurie de munitions. Mis en œuvre selon différentes modalités uniformisées par la loi Dalbiez du 17 août 19156, ces renvois donnèrent lieu à des tensions vives et persistantes entre le ministère de l’Armement et des Fabrications de guerre d’une part et le haut commandement d’autre part, l’un comme l’autre ayant besoin d’effectifs et notamment des mêmes spécialistes. Au 31 décembre 1917, 528 250 ouvriers militaires se trouvaient dans les usines, dont 412 745 dans l’industrie privée et 115 505 dans les établissements de l’État7.
8L’emploi des prisonniers de guerre fut envisagé dès le mois de septembre 19148. Malgré le refus initial opposé par les agriculteurs auxquels il fut proposé, parce que cette aide était considérée comme immorale, et les réticences de certains officiers, il se développa rapidement au fur et à mesure des prises. Ainsi, en juillet 1916, sur près de 100 000 prisonniers, environ 36 000 d’entre eux étaient employés dans les usines de guerre, 26 500 dans l’agriculture et 15 000 relevaient du ministère des Travaux publics et des Transports.
9Dès le mois de juin 1915, Albert Thomas, alors sous-secrétaire d’État à l’Artillerie et aux Munitions, incitait le ministre des Colonies et celui de l’Intérieur à faire recruter par les Gouverneurs Généraux des travailleurs indochinois, malgaches et algériens. Les résultats des démarches entreprises en Algérie se révélant insuffisants, de nombreux Algériens furent enrôlés par le biais de la réquisition autorisée par le décret du 14 septembre 1916. Les Résidents du Maroc et de la Tunisie, sous couvert du ministre des Affaires étrangères, furent chargés d’envoyer en France des ouvriers marocains et tunisiens pour les usines de guerre mais également pour l’agriculture. Au total, 78 560 Algériens, 35 500 Marocains, 18 250 Tunisiens, 49 000 Indochinois et 4 500 Malgaches vinrent en France participer à l’effort de guerre9.
10Les besoins étant toujours croissants, le service de la main d’œuvre étrangère du sous-secrétariat d’État à l’Armement et aux Munitions (rattaché au ministère de la Guerre lors de sa création en septembre 1915, il devint le ministère de l’Armement et des Fabrications de guerre en décembre 1916, toujours sous la direction d’Albert Thomas), en lien avec le ministère des Affaires étrangères, fut amené à organiser le recrutement de travailleurs italiens, grecs, suédois, polonais, portugais, monténégrins, serbes et espagnols. Il chercha également à embaucher des Belges qui s’étaient réfugiés en Hollande10, et sollicita les autorités russes qui ne purent répondre favorablement à ses demandes de main d’œuvre, étant confrontées aux mêmes déficits, qu’elles tentaient d’ailleurs de combler en recrutant des travailleurs chinois11. Selon Gérard Noiriel, environ 300 000 étrangers ont été introduits dans l’industrie française par cet organisme12. Ils rejoignaient ainsi des Espagnols, des Italiens ou des étrangers d’origine diverse déjà présents sur le sol français ou qui s’y présentaient spontanément.
11Au moment de la mobilisation, seuls les établissements de l’État (constructeurs et poudreries) employaient du personnel féminin : 4 800 ouvrières, auxquelles s’ajoutèrent 8 400 ouvrières dont l’embauche était prévue par les cahiers de mobilisation. De nombreuses mesures ont été prises pour inciter les industriels à embaucher la main d’œuvre féminine et faciliter son intégration dans les usines de guerre. Si les rémunérations restaient maintenues à des niveaux inférieurs à celles perçues par leurs homologues masculins pour des niveaux de qualification équivalents, elles étaient supérieures à celles pratiquées dans les autres secteurs d’activité. Un an après le début de la guerre, cet effectif avait doublé et atteignit 400 00013 à la fin des hostilités.
12L’État développa un réseau d’offices de placement à partir du mois de novembre 1914. Il s’agissait de faciliter l’emploi des femmes, des chômeurs et des réfugiés belges très présents en France, notamment en Normandie. Quelques mois plus tard, une circulaire du ministre de l’Intérieur supprimait le versement des allocations aux chômeurs et aux réfugiés qui refusaient un emploi correspondant à leurs aptitudes et convenablement rémunéré14.
13Enfin, le ministère de la Guerre recruta environ 37 000 Chinois. Les tentatives pour embaucher des ouvriers japonais n’aboutirent pas, les salaires demandés ayant été estimés trop élevés15.
14Ces démarches étant plus ou moins improvisées, le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale institua en septembre 1915, sur la demande d’Albert Thomas, une commission interministérielle de la main d’œuvre auprès de son département chargée de les coordonner. Présidée par le directeur du travail, elle rassembla des représentants des différents ministères ayant à prendre en charge
d’une part, le placement des chômeurs, des réfugiés, des mutilés, et, d’autre part, le recrutement de la main d’œuvre nationale, coloniale ou étrangère […] ainsi que l’utilisation rationnelle et la protection de cette main d’œuvre16.
15Sur proposition du ministre, ils furent rejoints le 20 mai 1916 par les représentants des principales organisations patronales et ouvrières17. Réunie au départ pour régler aussi rapidement que possible les problèmes de main d’œuvre, elle fut ensuite consultée à propos des contrats et conventions relatifs au recrutement et à l’emploi de la main d’œuvre et notamment des travailleurs chinois. Elle fut remplacée le 25 novembre 1916 par la conférence interministérielle de la main d’œuvre, présidée par Henry Béranger, sénateur radical-socialiste. Celle-ci étendit ses compétences en tentant de mettre en place un programme d’adaptation des ressources aux besoins, et élargit sa composition en intégrant des responsables de services jusque-là non représentés (Inspection des prisonniers de guerre, Direction des mines…). Elle eut naturellement à connaître ce qui affectait la main d’œuvre étrangère, coloniale et chinoise.
Les prises de décision des autorités françaises
16L’introduction de la main d’œuvre chinoise en France donna lieu à de vives divergences au sein du gouvernement français et alimenta des dissensions persistantes entre directions ministérielles qui se prolongèrent jusqu’en 1919. Les divergences furent multiples. Elles portèrent aussi bien sur la répartition des compétences des uns et des autres dans cette opération et sur les modalités de son déroulement que sur le principe même d’un tel recrutement. En dehors de ceux opposés à cette introduction, les positions des ministres impliqués dans cette opération s’inscrivaient dans une logique largement induite par l’exercice de leur responsabilité ministérielle. D’ailleurs le changement des titulaires à la tête des ministères et des directions ministérielles – la direction des troupes coloniales, huitième direction du ministère de la Guerre, et la sous-direction des affaires internationales et des unions consulaires du ministère des Affaires étrangères – ne modifia pas les positionnements en présence.
17C’est très logiquement le ministre de la Guerre, soutenu activement par Albert Thomas, qui porta ce projet puisque ces ouvriers étaient destinés aux usines de guerre. La prolongation de cette forme particulière que revêtit la guerre de tranchées généra d’importants besoins de main d’œuvre dans la zone du front. Il fallut en effet intensifier les travaux de toutes sortes (consolidation des tranchées, construction d’abris, installation des cantonnements, création et entretien des voies de communication…) qui occupèrent de façon accrue les militaires du Génie alors que l’extension de la guerre des mines lancée dès le début de l’année 1915 nécessitait une intensification de l’emploi de ces compagnies. Devant faire face à la pénurie des effectifs, la direction du Génie, quatrième direction du ministère de la guerre, suggéra au ministre l’emploi de cette main d’œuvre comme auxiliaires des compagnies du Génie dès le mois de mars 1915. Interpellé par l’Association des employeurs de main d’œuvre dans les ports de France, qui avait manifesté au cours du mois de mai 1915 son intention de faire venir dans les ports des ouvriers chinois pour le déchargement des bateaux18, et soucieux de ne négliger aucune ressource dont les usines de guerre avait le plus grand besoin, il invita le ministre de Affaires étrangères à faire procéder à une enquête sur les possibilités de ce type de recrutement. Conforté par une étude de la direction des troupes coloniales19 qui confirmait les résultats des investigations menées par Conty, ministre de France à Pékin, il décida l’envoi d’une mission en Chine dirigée par le Lieutenant-Colonel Truptil (cf. annexe 1.1), malgré l’opposition du ministre des Affaires étrangères et de celui du Travail et de la Prévoyance sociale. Il entendait ainsi accélérer la prise de décision gouvernementale et contrôler le déroulement des opérations sur place alors que des divergences commençaient à se faire jour au sein du gouvernement.
18Le ministre des Affaires étrangères considérait inapproprié l’envoi de cette mission. Conty, soutenu par les services du ministère, eux-mêmes souvent relayés par le ministre, estimait que le cadre légal en vigueur en Chine ne permettrait pas au gouvernement français de parvenir à ses fins. L’application de l’article 9 de la convention de Pékin du 25 octobre 1860 conclue entre la France et la Chine, autorisant « tout Chinois qui voudrait aller dans les pays situés au-delà des mers pour s’y établir ou y chercher fortune de s’embarquer, lui et sa famille s’il le veut, sur les bâtiments français20 » ne produirait que des effets limités, largement inférieurs aux besoins. Il convenait de procéder par engagement contractuel impliquant l’assentiment des autorités chinoises. Or celles-ci, pour des raisons que nous verrons plus loin, exigèrent que le recrutement soit opéré par une personne ou une société privée, agissant à titre privé21, ce que contredisait le statut militaire de cette mission. Même si celle-ci prétendait agir à titre privé, le secret couvrant son statut ne pourrait guère être préservé, plaçant ainsi Conty et ses interlocuteurs chinois qu’il convenait de ménager, dans une situation inconfortable. De plus, si le ministre admettait que les principales décisions relatives aux conditions d’engagement et à l’affectation de ces travailleurs relevaient des prérogatives du ministre de la Guerre, il estimait que la prise en charge de cette opération incombait naturellement à ses services. Ceux-ci multiplièrent les griefs à l’encontre de la direction des troupes coloniales dont ils contestaient les décisions, et de la mission Truptil qu’ils estimaient évidemment incompétente.
19Outre ses réserves sur l’envoi de cette mission, Albert Métin, radical, ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, exprima de profonds désaccords avec la méthode que celle-ci s’employait à mettre en œuvre. Poursuivant les négociations initiées par le ministre de France à Pékin avec de hauts dignitaires chinois, Truptil confia à l’un d’entre eux, Liang Che Yi22, le soin d’assurer le recrutement des travailleurs, moyennant une rétribution de ses services. Ce dernier constitua pour la circonstance une société privée, la Compagnie Huimin, que les documents d’archives dénomment syndicat Wei Min – appellation qui sera utilisée dans cet ouvrage – avec Wang Ko Ming, directeur de la Banque Industrielle de Chine. Ce syndicat avait la charge du recrutement et à ce titre devait percevoir une somme fixe (son montant varia au cours des négociations) pour chaque homme recruté. Bientôt rejoint par des membres du gouvernement et de hauts dignitaires qui y voyaient le moyen de réaliser de fructueuses affaires, il était considéré par le ministère des Affaires étrangères comme un puissant levier ayant prise sur le gouvernement chinois et « pouvant ainsi déjouer les manœuvres des allemands pour entraver (le) recrutement23 ». Albert Métin redoutait que cette compagnie fût davantage préoccupée par la recherche de bénéfices plutôt que par le soin à apporter au recrutement auquel elle pouvait procéder sans aucune sélection. Ainsi, les chinois embauchés parmi lesquels ne manqueraient pas de se glisser « des éléments indésirables24 », pouvaient ne présenter aucune garantie « au point de vue professionnel et moral » et les agissements délictueux de quelques-uns jeter le discrédit sur l’ensemble de cette communauté. Il souhaitait que leur nombre soit réduit à ce qui était strictement indispensable25 et s’opposait également à la durée de leur séjour en France, estimée trop longue, telle qu’elle était prévue au début des négociations (cinq ans)26.
20Ce qu’on nomme aujourd’hui la paix sociale régnait alors dans les entreprises, facilitée par le ralliement de la CGT à l’Union sacrée dès le début de la guerre. Jusqu’aux premiers mois de 1915, le nombre de grèves et de grévistes était très faible. Il commença légèrement à croître ensuite mais sans prendre une grande ampleur, du moins jusqu’en 191727. Albert Métin craignait que cet équilibre fragile soit bousculé par l’arrivée non maîtrisée d’une population très peu connue, dont l’intégration dans le monde du travail pouvait s’avérer problématique, alors que l’afflux massif d’étrangers commençait à susciter des remous au sein des milieux ouvriers et populaires28. Ses craintes étaient ravivées par la forte mobilisation ouvrière qui avait prévalu au cours des deux décennies précédentes.
À partir des années 1880 et jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale, une intense mobilisation collective gagne les classes populaires, à tel point que, de toute l’histoire du mouvement ouvrier français, cette époque représente sans conteste l’apogée,
21écrit Gérard Noiriel29. Il fallait impérativement que les usines produisent les quantités demandées dans les meilleurs délais, et donc, éviter tout ce qui pouvait en perturber la bonne marche. Albert Métin veillait aussi à ne pas froisser la CGT, qui, comme nous le verrons, ne pouvant s’opposer à leur venue adopta des positions proches des siennes.
22Conscient de la nécessité de recourir à la main d’œuvre coloniale et étrangère, le ministre du Travail s’appuya sur des travaux de la commission interministérielle de la main d’œuvre pour étayer ses propositions. Ils portèrent notamment sur les deux entreprises qui employaient déjà quelques dizaines de travailleurs chinois avant la guerre : la Caséo-sojaine à Bois-Colombes dans la Seine, fondée par Li Yu Ying (cf. annexe 1.2) en 1908, et la Viscose à Arques la Bataille (Nord) qui les embaucha en 1913. Selon l’étude de la commission, si ces ouvriers donnaient toute satisfaction, c’est parce qu’ils avaient été recrutés avec soin par Li Yu Ying et ses amis, et que les conditions d’accueil avaient été préparées avec attention30. Albert Métin insista en vain pour que la mission s’inspirât de ces méthodes ainsi que du projet de contrat que la commission avait préparé. Ses réserves eurent pour effet de laisser sans suite le projet de recruter 50 000 Chinois présenté le 19 février 1916 par le ministre de la Guerre, sans qu’il soit formellement rejeté pour autant31.
23Par ailleurs, il soutint Li Yu Ying sans réserve lorsque la Société d’éducation franco-chinoise dont celui-ci était le secrétaire général entreprit de recruter des travailleurs chinois. Cette proposition revêtait un intérêt certain à ses yeux puisqu’elle était soutenue par la commission interministérielle de la main d’œuvre au sein de laquelle siégeaient des représentants des organisations patronales et ouvrières. Saisie du projet présenté par Li Yu Ying, la commission émit l’avis suivant :
La commission estime que ce mode de recrutement est préférable au premier (celui impliquant le syndicat Wei Min), car le contrat proposé […] donnerait plus de garanties en ce qui concerne la valeur professionnelle et morale des ouvriers engagés ; il ne soulève aucune des objections qui pourraient être faites au point de vue social au contrat relatif au recrutement des coolies et serait même plus avantageux au point de vue financier. […] La commission émet le vœu que ces propositions soient immédiatement portées à la connaissance de notre Ministre à Pékin et de la mission française et qu’il leur soit recommandé d’en tenir compte et de ne prendre aucun engagement qui soit de nature à mettre obstacle à ce mode de recrutement32.
24Il fut rejoint par son collègue de la Guerre et par celui des Affaires étrangères du moins dans un premier temps33 et avec des réserves. Compte tenu de la confusion politique qui régnait en Chine et du positionnement politique de Li Yu Ying et de ses amis, hostiles au clan au pouvoir, ceux-ci devaient agir à titre privé et il convenait d’éviter toute immixtion d’agent français dans leurs opérations34.
25La controverse qui opposa le ministre de la Guerre à ses deux collègues prit parfois la forme d’un jeu de dupes. Il expliqua au ministre des Affaires étrangères que la présence de Truptil en Chine
serait utile, pour mettre en œuvre les résultats que [Conti] obtiendrait en matière de recrutement, comme représentant technique pour contrôler l’aptitude de la main d’œuvre engagée35.
26Outre qu’il existait sur place les ressources nécessaires à un tel contrôle, il appartenait à Truptil et non à Conti de diriger les opérations de recrutement. Excédé par les réserves du ministre du Travail relatives au caractère militaire de cette mission, le ministre de la Guerre alla jusqu’à lui écrire que « les officiers qui en font partie n’opéreront que dans nos colonies du Tonkin et de la Cochinchine36 ». Affirmation pour le moins surprenante, comme le fut la conclusion que le ministre du Travail en tira, puisqu’il en déduisit que la mission n’opérerait « que dans nos colonies du Tonkin et de la Cochinchine37 ».
27Quant aux oppositions de principe, elles se manifestèrent nettement au conseil des ministres du 30 mars 1916, lorsque le ministre des Finances refusa catégoriquement la proposition d’Albert Métin de recruter 5 000 ouvriers chinois, alors que la mission Truptil était déjà sur place et négociait depuis plusieurs mois. Outre le coût du transport et le niveau des salaires qu’il estimait exagéré, il n’hésita pas à convoquer les stéréotypes racistes fabriqués par les tenants du péril jaune38 en proclamant qu’il s’agissait d’une « main d’œuvre dont on ne pourra pas se débarrasser après la guerre. Tous les pays où les Chinois sont venus ont été infestés de cette race quelques années plus tard ». Rejoignant son collègue des Finances, le ministre des Colonies réagit avec violence à l’éventualité de l’emploi des travailleurs chinois au Maroc ou en Algérie après la guerre, au cas où leur contrat ne serait pas parvenu à leur terme39. Ces derniers ne faisaient qu’exprimer l’opposition d’une partie des élites civiles et militaires de voir introduits sur le sol français des individus généralement considérés comme étant d’une « race inférieure », susceptibles de contribuer à la dégénérescence de la « race française ». Ainsi, le général Joffre, commandant en chef des armées françaises, refusa par principe, le 21 mars 1915, la proposition du ministre de la Guerre de constituer des compagnies auxiliaires du génie d’étapes avec des travailleurs chinois.
J’ai l’honneur de vous faire connaître que l’utilisation de terrassiers chinois dans la zone des armées présenterait de sérieux inconvénients et qu’il n’y a pas lieu […] d’en admettre le principe40,
28fit-il savoir sans apporter plus de justification. Il fallut toute la pugnacité d’Albert Thomas pour contrer les oppositions et amener le gouvernement à prendre des décisions. Après une longue délibération, il fut décidé au cours de cette réunion du 30 mars 1916, de faire venir 5 000 Chinois dans un premier temps, le recrutement devant se poursuivre si cet essai s’avérait concluant. De plus, celui-ci fut autorisé à recruter en Chine plus de 500 ouvriers spécialistes pour les usines de guerre et les arsenaux.
29Initialement lent et chaotique, ce processus de prise de décision s’accéléra ensuite sous l’emprise des contraintes et la pression des élus. Le rapport du sénateur Henri Béranger, futur président de la conférence interministérielle de la main d’œuvre, sur le recrutement et l’emploi de la main d’œuvre indigène, coloniale et étrangère présenté devant la commission sénatoriale de l’armée et adopté le 20 avril 1916 concluait en mettant l’accent sur « le devoir [du gouvernement] d’organiser le recrutement de la main d’œuvre indigène, coloniale et étrangère ». Il insistait
pour qu’il soit donné suite au recrutement et à l’encadrement, pour l’année 1916, de deux cent mille indigènes de nos colonies d’Afrique et d’Asie et de soixante-dix mille originaires de Chine, dans notre main d’œuvre métropolitaine41.
30Dès le mois de juin 1916, les objectifs de recrutement furent plus précis et un nouvel intervenant fut engagé. Outre les 5 000 ouvriers primitivement prévus, la mission Truptil pouvait en recruter 45 000 supplémentaires si l’essai s’avérait concluant. La Société franco-chinoise d’éducation rationnelle devait également procéder à un premier recrutement de 5 000 ouvriers. Une troisième mission fut confiée au sergent Gérin, affecté à l’atelier de réparation de l’aviation de Saint-Cyr. Ayant séjourné à Canton pendant une dizaine d’années où il créa et développa une grande maison d’import-export, il fit valoir qu’il disposait de relations avec les industriels de la région lui permettant d’obtenir des résultats justifiant son envoi en Chine. Il estimait en effet pouvoir trouver sur place 2 à 3 000 ouvriers spécialistes, en fer, en bois, en voilure provenant des « nombreuses et importantes Compagnies des Docks Maritimes de la région de Canton qui [employaient] un personnel considérable ». Aucune limite quant au nombre d’ouvriers à recruter n’était fixée ; l’administration était prête à accepter tous les spécialistes qu’il pouvait engager42.
31Quelques jours seulement après l’arrivée des premiers travailleurs chinois à Marseille le 24 août 1916, le général Famin (cf. annexe 1.3) ordonna au lieutenant-colonel Truptil d’en recruter 20 000, réduisant singulièrement cette période d’essai laborieusement négociée43. Dans la foulée, le général Joffre, revenant sur ses principes, en réclama 10 000 le 23 septembre 191644, puis entre 40 et 50 000 le 1er octobre, en raison de l’importance des travaux à assurer dans la zone des armées et du manque d’effectif qui affectait les compagnies du Génie45. Puis la machine administrative s’emballa quelque peu sous la pression des urgences auxquelles il fallait faire face. Le général Famin transmit la première demande du haut commandement en prescrivant de porter le recrutement à 30 000 hommes (20 000 pour les usines de guerre et 10 000 terrassiers pour le grand quartier général) le 27 septembre 191646. À peine trois semaines plus tard, l’effectif visé fut porté à 70 000 hommes.
32Toutefois, les évènements de Tientsin, que nous examinerons dans le troisième chapitre de cette partie, perturbèrent sérieusement le recrutement et ne permirent pas au Syndicat Wei Min de prendre un engagement formel de sorte que cette dernière demande ne fut pas formalisée de manière contractuelle47. Néanmoins, elle témoignait de la volonté de l’administration de la Guerre de recourir largement à la main d’œuvre chinoise, répondant en cela à l’insistance des élus.
Le positionnement des autorités chinoises
33Lorsque la guerre éclata, la Chine se trouvait dans une situation de grande faiblesse politique. Assujettie au régime des « traités inégaux » que lui avaient imposé les puissances occidentales et le Japon, elle avait vu sa souveraineté remise en cause par l’octroi de droits et intérêts particuliers dans plusieurs domaines : concessions territoriales, minières et ferroviaires, extra-territorialité des résidents étrangers, administration des douanes, bases militaires… Contrainte d’acquitter de fortes indemnités de guerre après ses défaites, sensiblement alourdies à la suite de la révolte des Boxeurs, la Chine était totalement dépendante financièrement de ces mêmes puissances. En proie à de profondes divisions internes, la jeune république chinoise éprouvait de grandes difficultés à mettre en place un système institutionnel stable et efficient capable d’installer une gouvernance en mesure de s’imposer face à elles.
34Pour autant, l’effondrement du régime impérial s’accompagnait de la naissance d’un sentiment national nouveau ainsi que l’atteste le boycott massif déclenché contre les États-Unis en 1905 pour protester contre le traitement discriminatoire dont étaient victimes les ressortissants chinois48. Une partie des élites politiques, intellectuelles et militaires s’engagèrent dans ce processus visant à dégager la Chine de cette situation de domination et à lui permettre de recouvrer sa souveraineté. Ces élites, parmi lesquelles Liang Che Yi, perçurent la guerre comme une opportunité permettant d’avancer dans cette direction et militèrent pour que la Chine déclarât la guerre à l’Allemagne. Estimant ne pas disposer des moyens politiques, militaires et financiers de s’impliquer militairement dans ce conflit, le président de la jeune république chinoise proclama la neutralité de son pays le 6 août 1914, d’autant que les chambres de commerce, par lesquelles s’organisait la jeune bourgeoisie chinoise et nombre de personnalités influentes étaient opposées à cette implication49.
35Les « vingt et une demandes » présentées par le Japon le 18 janvier 1915 visant à faire de la Chine un protectorat, alors que les puissances européennes s’embourbaient dans la guerre de tranchées, conduisirent les autorités chinoises à se rapprocher davantage des pays de l’Entente. Il leur fallait pour contrer les manœuvres japonaises rechercher leur appui afin d’obtenir une place à la conférence de paix qui ne manquerait pas de se tenir après la guerre et qui leur permettrait de recouvrer ainsi la souveraineté chinoise sur les concessions allemandes dans le Shandong dont s’était emparé le Japon50. Puisqu’elles ne pouvaient appuyer les opérations militaires alliées par des soldats, elles pouvaient leur fournir les travailleurs qu’ils cherchaient partout où ils pouvaient en trouver. Liang Che Yi présenta alors à la France et à l’Angleterre, avec l’accord de son gouvernement, son projet d’envoyer des travailleurs chinois en Europe51.
36Si l’Angleterre déclina d’abord l’offre pour l’accepter ensuite, celle-ci intéressa la France. Ainsi, lorsque Conty fut invité à étudier les possibilités de recrutement en Chine, les contacts s’établirent facilement et les négociations démarrèrent rapidement dans le plus grand secret. La France devait respecter plusieurs conditions :
les Chinois devaient être engagés par une société privée afin de respecter la neutralité proclamée le 6 août, que l’Allemagne surveillait avec attention, et dans un port où l’administration chinoise ne s’exerçait pas, de préférence Hong Kong. Le syndicat central des agriculteurs de France, logé au 42 rue du Louvre à Paris, fut mis à contribution et le lieutenant-colonel Truptil devint pour la circonstance ingénieur agronome. Il était impératif, du moins aux yeux de Conty, de préserver le secret entourant son statut réel, même s’il doutait que cela fût possible52,
ils ne devaient en aucun cas participer aux opérations de guerre. Les autorités exigèrent de la légation qu’elle garantisse, au nom du gouvernement français, le respect de cette clause ainsi que celles relatives à la possibilité de désigner un fonctionnaire chinois qui serait chargé de veiller à leur bien-être en France et à l’application des lois françaises au bénéfice de ces travailleurs53.
37Par ailleurs, elles considéraient ce recrutement avec d’autant plus de bienveillance que le séjour des Chinois en France leur permettrait de s’initier aux méthodes modernes de travail dans différents domaines et donc de contribuer à leur retour au développement de la Chine. Cette implication des autorités, même si elle devait rester dans l’ombre, était inédite. Reflétant l‘isolement traditionnel dans lequel le régime impérial et les élites avaient enfermé la Chine, la dynastie Qing avait promulgué une série d’édits entre 1656 et 1712 interdisant toute émigration54. Le décret de 1712 stipulait que
ceux qui restent de façon permanente à l’étranger sont passibles d’une punition capitale et seront extradés des pays étrangers par les autorités locales et promptement exécutés55.
38Considérés comme des déserteurs, des traitres ou des conspirateurs et menacés par leur propre pays d’origine, ceux qui émigraient ne pouvaient plus en espérer aucune protection. Ce n’est qu’en 1893 que cette interdiction qui n’était plus appliquée fut officiellement abrogée. Les occidentaux avaient déjà imposé par les guerres dites de l’opium l’ouverture d’un certain nombre de ports au commerce international dans lesquels des agences montées par des sociétés commerciales occidentales pratiquaient un recrutement intensif, jusque au début des années 1870, afin de répondre aux besoins de main d’œuvre qui se manifestaient en de nombreux endroits. Échappant au contrôle des autorités chinoises, non règlementé et illégal, pratiqué avec l’aide de courtiers chinois qui à leur tour utilisaient les services de rabatteurs locaux liés à la pègre, ce « commerce de coolies » donna lieu à de nombreux abus.
Parmi ceux que l’on embarquait sur les navires à coolies, véritables enfers flottants, beaucoup avaient été enlevés ou amenés à quitter la Chine par la ruse ou la terreur.
39Astreints à de durs travaux, leurs conditions d’existence étaient rendues « plus pénibles encore par les brutalités physiques, dans les plantations de Cuba, du Pérou et des Antilles britanniques56 ».
40La convention de Pékin du 25 octobre 1860, évoquée ci-dessus, conclue après la deuxième « guerre de l’opium » répondait aux exigences française et britannique de voir lever cette interdiction afin de permettre aux Chinois de venir travailler dans leurs colonies. À la demande des autorités chinoises, elle se prolongea par un « Règlement pour le recrutement des émigrants chinois engagés par contrat » signé le 5 mars 1866 par les représentants français, anglais et chinois. Il consacrait les premiers efforts du régime impérial pour mettre en place une règlementation encadrant les pratiques de recrutement, compte tenu des conditions particulièrement déplorables auxquelles étaient fréquemment soumis ces travailleurs jusque-là. Ce texte imposait une autorisation préalable des autorités aux opérations de recrutement (article 2), entendait limiter la durée de l’engagement à cinq ans, garantissait la gratuité du retour à l’expiration du contrat (article 9) et rendait obligatoire l’inscription dans celui-ci des mentions relatives aux conditions de travail (article 8). Bien qu’il ne fût pas ratifié par les gouvernements français et anglais, il constituait une référence et fut utilisé comme telle par les interlocuteurs chinois de Truptil au cours des négociations57.
Notes de bas de page
1 Rémy Porte, La mobilisation industrielle « Premier front » de la Grande Guerre ?, op. cit., p. 59.
2 John Horne, « Ouvriers, mouvements ouvriers et mobilisations industrielles », in Jean-Jacques Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau, dir., Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, Paris, Bayard, 2004, p. 607.
3 L’ouvrage de Rémy Porte déjà cité présente une analyse très détaillée de ce processus, p. 57 et sqq.
4 Vincent Viet, Histoire des Français venus d’ailleurs de 1850 à nos jours, Paris, Perrin, 2002, p. 87.
5 Rémy Porte, La mobilisation industrielle « Premier front » de la Grande Guerre, op. cit., p. 227 et 233.
6 Qu’ils aient été détachés ou mis en sursis, les ouvriers envoyés ou maintenus dans les usines de guerre furent des « affectés spéciaux » c’est-à-dire des militaires dont l’affectation était l’usine de guerre. Ils devaient être employés dans les mêmes conditions que les ouvriers civils de l’entreprise qui les occupait et, à qualification égale, percevoir la même rémunération. Le nombre de circulaires émises rappelant ces principes montre que nombre d’employeurs ne les appliquaient guère. Par ailleurs, la loi stipulait que les ouvriers spécialistes devaient avoir exercé leur profession au moins pendant un an pour être maintenus dans l’usine. La situation de ceux qui ne remplissaient pas cette condition était examinée par une commission mixte composée à part égale de représentants ouvriers et patronaux sous la présidence d’un contrôleur de la main d’œuvre.
7 AN, 94 AP 133, Document intitulé « L’organisation du recrutement et de l’emploi de la main d’œuvre au 1er janvier 1918 », non signé et non daté.
8 Rémi Porte, La mobilisation industrielle « Premier front » de la Grande Guerre, op. cit., p. 258-260.
9 Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France (xixe-xxe siècle). Discours publics, humiliations privées, op. cit., p. 293.
10 AN, 94 AP 133, op. cit.
11 SHD, 7 N 392, Télégramme de l’ambassadeur de France en Russie du 22 février 1916.
12 Gérard Noiriel, Immigration, antisémitisme et racisme en France (xixe-xxe siècle). Discours publics, humiliations privées, op. cit., p. 292.
13 Françoise Thébaud, « Femmes et genre dans la guerre », in Jean-Jacques Becker, Stéphane Audoin-Rouzeau, dir., Encyclopédie de la Grande Guerre 1914-1918, op. cit., p. 617.
14 AN, 94 AP 133, op. cit.
15 Archives nationales du monde du travail (notées ensuite ANMT), 40 AS 40, Commission interministérielle de la main d’œuvre, procès-verbal de la séance du 20 mai 1916.
16 ANMT, 41 AS 8, Arrêté du ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 1er mars 1916.
17 ANMT, 40 AS 40, Commission interministérielle de la main d’œuvre, procès-verbal de la séance du 20 mai 1916.
18 AN, F7-13701, Note de la Confédération Générale du Travail du 14 juin 1915 ; SHD, 7 N 435, Lettre du ministre des Affaires étrangères au ministre de la Guerre du 11 juin 1915.
19 SHD, 7 N 435, Note de la direction des troupes coloniales du 23 octobre 1915.
20 Une présentation de cet article se trouve au centre des archives diplomatiques de Nantes (noté ensuite CADN) dans le carton 513 PO-A 123.
21 SHD, 7 N 435, Lettre du ministre des Affaires étrangères du 11 juin 1915.
22 Ancien ministre des Finances, Liang Che Yi, né le 5 mai 1869 dans le Guangdong et décédé le 9 avril 1933 à Shanghai, était directeur général des Douanes et président de la Banque de Communication lorsqu’il constitua le syndicat Wei Min. Secrétaire du président Yuan Che Kai, il dut à la mort de celui-ci le 6 juin 1916, s’exiler à Hong Kong, sous le coup d’accusations graves le mettant en cause dans la banqueroute de la Banque de communication dont les comptes furent soumis à une enquête. Son influence resta néanmoins prépondérante et il bénéficia d’une amnistie en avril 1918 à la faveur du retour au pouvoir de ses amis. Élu président du Sénat en août de la même année, il put s’installer à Tientsin et continuer à s’occuper des affaires du syndicat.
23 Centre des archives diplomatiques (La Courneuve, noté ensuite CAD), Série E, Sous-série Chine, volume 41, Note du 23 janvier 1917.
24 AN, 94 AP 57, Rapport du sénateur Henry Béranger adopté le 20 avril 1916.
25 CADN, 11 ACN 1-1, Commission interministérielle de la main d’œuvre, procès-verbal de la séance du 19 février 1916.
26 AN, 94 AP 120, Note du 11 mars 1916.
27 AN, 94 AP 140, Les grèves et la guerre, rapport de Roger Picard d’août-septembre 1917.
28 AN, 94 AP 57, Rapport du sénateur Henry Béranger déjà cité.
29 Gérard Noiriel, Les ouvriers dans la société française xixe-xxe siècle, Paris, Les éditions du Seuil, 1986, p. 99.
30 AN, 94 AP 135, Lettre du ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 8 décembre 1915.
31 CADN, 11 ACN 1-1, Conférence interministérielle de la main d’œuvre, procès-verbal de la séance du 19 février 1916.
32 CADN, 11 ACN 1-1, Lettre du ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 8 février 1916 ; CADN, 11 ACN 1-2, Lettre du ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 1er septembre 1916.
33 CADN, 11 ACN 1-1, Lettre du ministre des Affaires étrangères du 10 février 1916. Une note du ministère des Affaires étrangères du 13 février 1916 (même référence) destinée à Conty considérait « ce projet de contrat très supérieur au premier (contrat Wei Min) sous tous les rapports ».
34 CADN, 11 ACN 1-1, Note du ministère des Affaires étrangères du 26 mars 1916.
35 CADN, 11 ACN 1-1, Télégramme du ministère des Affaires étrangères du 6 décembre 1915.
36 AN, 94 AP 120, Lettre du ministre de la Guerre au ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 19 décembre 1915.
37 AN, 94 AP 120, Lettre du ministre du Travail et de la Prévoyance sociale du 21 décembre 1915.
38 Cet aspect est traité dans la troisième partie.
39 AN, 94 AP 120, Conseil des ministres du 30 mars.
40 SHD, 7 N 398, Lettre du général Joffre du 21 mars 1915.
41 AN, 94 AP 57, Rapport du sénateur Henry Béranger déjà cité.
42 AN, 94 AP 135, Note du service de l’organisation des travailleurs coloniaux du 16 juin 1916.
43 CADN, 11 ACN 1-2, Télégramme du général Famin du 7 septembre 1916.
44 SHD, 7 N 398, Minute du 23 septembre 1916.
45 SHD, 7 N 398, Lettre de l’État-Major de l’Armée du 1er octobre 1916.
46 SHD, 7 N 398, Cablogramme du 27 septembre 1916.
47 CADN, 11 CAN 1-2, Télégramme du chargé d’affaires du 27 décembre 1917.
48 John King Fairbank, Merle Godman, Histoire de la Chine. Des origines à nos jours, Paris, Éditions Taillandier, 2013, p. 361.
49 Alain Roux, Xiaohong Xiao-Planes, « 1917-1919 : la difficile entrée de la Chine dans la cour des grands », op. cit., p. 219-220.
50 Paul Bailey, “An army of workers : Chinese indentured labour in first World War France”, in Santanu Das, dir., Race, empire and first world war writing, Cambridge, Cambridge University Press, 2011, p. 3 9.
51 CADN, 513 PO-A 123, Télégramme de l’ambassadeur de France du 5 février 1940, établi d’après les archives de l’ambassade.
52 SHD, 7 N 709, Télégrammes de Conty du 3 décembre 1915.
53 CADN, 513 PO-A 123, Lettre du ministre des Affaires étrangères chinois du 6 mai 1916.
54 Guotu Zhuang, « Relations », in Pan Lynn, dir., Encyclopédie de la diaspora chinoise, Paris, Les éditions du Pacifique, 2000, p. 98.
55 Cité par Xu Guoqi, Strangers on the western front. Chinese workers in the Great War, Cambridge, Harvard University Press, 2011, p. 32.
56 L’éditeur, « Diversité du phénomène migratoire », in Pan Lyn, dir., Encyclopédie de la diaspora chinoise, op. cit., p. 61.
57 CADN, 11 ACN 1-5, Télégrammes envoyés par Truptil le 11 février 1916.
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