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    Plan détaillé Texte intégral Un espace urbanisé : la formation du tissu urbain de la couronne de Castille Des centres pluri-fonctionnels Des forces politiques dans l’État monarchique : les nobles villes de Castille Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Entre deux rives

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Les villes de Castille dans l’Europe urbaine méditerranéenne au Moyen Âge (XIe-XVe siècle)1

    Denis Menjot

    p. 391-428

    Texte intégral Bibliographie Bibliographie Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1La Péninsule ibérique, conquise par les Romains à partir du iie siècle avant J.-C., est une région anciennement et fortement romanisée et donc urbanisée et municipalisée, tout particulièrement dans les zones méridionales et levantines2. Les provinces et les villes qui composaient l’Hispanie comptaient parmi les plus riches de l’Empire et aux dires d’Isidore de Séville avaient fourni à Rome ses meilleurs empereurs, ceux du second siècle (sans oublier Théodose au ive siècle) et des philosophes comme Sénèque, le poète Marcial, l’orateur Quintilien, l’agronome Columelle. Les cités hispano-romaines subirent des transformations stucturelles avec l’implosion de l’Empire romain et l’unification de la péninsule par les Wisigoths, mais le modèle antique a survécu3. Elles ont été plus profondèment affectées par la conquête musulmane qui bouleversa aussi bien la morphologie que les sociétés et les réseaux urbains avec l’intégration pour des siècles de la partie la plus urbanisée de la péninsule dans un nouveau modèle d’urbanisation4.

    2Comme dans les autres régions d’Europe occidentale, la ville médiévale commença à éclore au xie siècle dans les royaumes chrétiens péninsulaires et sa floraison se poursuivit jusque dans les dernières années du xiiie avant qu’une succession de fléaux et des problèmes structurels viennent l’arrêter sans toutefois empêcher que ses formes essentielles se perpétuent pendant encore au moins deux siècles5. Cette périodisation est parfaitement synchrone, avec la Reconquista, un autre mouvement de longue durée, mais sans autre équivalent dans l’histoire de la période médiévale que la Drang nach Osten germanique en pays slave. La « reconquête », qui ne commença vraiment à prendre de l’importance qu’à partir du xie siècle et s’interrompit pendant plus de deux siècles en 1266 après l’intégration du royaume de Murcie à la couronne de Castille, allait faire naître au contact entre les royaumes chrétiens du nord de la péninsule Ibérique et al-Andalus une limite qui fut désignée en romance, sous le nom de frontera. À la suite notamment des travaux des historiens nord-américains qui se penchaient dans les années 60 et 70 sur leur Far West6, cette frontière a donné lieu à de très nombreuses recherches qui l’ont fait percevoir comme le processus original de formation et de développement aussi bien de l’économie, de la société que de la vie politique et culturelle de la chrétienté ibérique toute entière.

    3L’image traditionnellement véhiculée depuis plusieurs décennies des villes castillanes médiévales est celle d’agglomérations très largement conditionnées par la frontière avec l’Islam et la reconquête qui leur auraient donné des caractéristiques bien spécifiques dans l’Europe urbaine, à savoir : l’hyperthrophie d’un systèrme défensif, la domination sur un ample territoire, l’importance des activités agro-pastorales et guerrières, la mobilité sociale, la prépondérance économique, sociale et politique d’une oligarchie d’hidalgos et de caballeros et la jouissance d’un droit particulier inscrit dans un fuero qui leur concédait une large autonomie. Jean Gautier-Dalché a rejeté cette vision dans une première approche comparative publiée en 1990 dans laquelle il concluait que : « la ville de l’Espagne chrétienne relève dans ses caractéristiques fondamentales d’un ‘’modèle’’ occidental d’agglomération urbaine… il n’y a, stricto sensu, ni un modèle, ni un ou des types de cité que l’on pourrait qualifier d’hispaniques7 ».

    4Les travaux sur les villes de la couronne de Castille se sont multipliés depuis ce dernier quart de siècle, ils ont enrichi considérablement le champ du savoir et permettent une approche plus fine de l’ensemble des phénomènes urbanistiques, économiques, sociaux, culturels et politiques impliqués par une histoire « totale » des villes ibériques8. Mais ce foisonnement de recherches dispersées en une multitude de publications, dont certaines confidentielles, a tendance à estomper les perspectives d’ensemble qu’il est pourtant indispensable de dégager. C’est l’objet limité de cet article de présenter à grands traits quelques caractéristiques générales des villes de la couronne de Castille, la plus vaste, la plus peuplée et la plus développée des entités politiques péninsulaires, pour les situer dans l’Europe urbaine et plus spécialement parmi les villes méditerranéennes auxquelles ce colloque est consacré9. Je centrerai mon propos sur trois aspects : la ville dans son espace territorial, ses fonctions, ses rapports avec le pouvoir royal et la noblesse10, en indiquant seulement en notes une brève sélection de travaux généraux11.

    Un espace urbanisé : la formation du tissu urbain de la couronne de Castille

    5Dans un espace aussi profondément méditerranéen et romanisé que la péninsule Ibérique, la ville reste un élément fondamental et garde une importance considérable tout au long du Moyen Âge. Aux ixe et xe siècle, les chroniques décrivent les premières opérations de récupération du territoire en indiquant seulement les noms de villes reprises aux musulmans12. La titulature des rois qui figure dans les préambules des actes émanant de la chancellerie contient plus de villes que de territoires ; ainsi Alphonse X s’intitule « roi de Castille, de León, de Tolède, de Cordoue, de Séville, de Murcie, de Jaén, de l’Algarve, seigneur de Biscaye et de Molina ». Selon la conception romaine, le royaume est donc toujours conçu comme un ensemble de villes.

    6L’urbanisation s’est faite en plusieurs étapes maintenant bien étudiées13. L’expansion territoriale chrétienne se traduisit au ixe siècle principalement par la réoccupation de León et la fondation en 884 par le comte Diego Porcelos, sur ordre d’Alphonse III, de la ville neuve de Burgos sur la frontière orientale du royaume de Léon avec le comté des castillos – d’où dérive Castille – pour contrôler l’ancienne voie romaine qui à travers les Pyrénées joignait le Toulousain et l’Aquitaine au Duero. À partir du xie siècle, l’expansion s’accompagna tout au long du chemin, qui depuis les Pyrénées menait au tombeau de l’apôtre saint Jacques en Galice, de la création de tout un chapelet de nouveaux « bourgs », dotés de franchises et peuplés en partie de gens venus d’Outre-Pyrénées, au passage d’une rivière : Puente la Reina, Logronõ, Santo Domingo de la Calzada, Belorado, Ponferrada, Puertomarín, au pied d’un castrum : Castrojeriz, Carrion, autour d’un monastère : Sahagún, ou d’un siège épiscopal : Astorga, Nájera14. L’afflux des pèlerins constituait un facteur déterminant de développement car l’hébergement de tant de gens de passage cristallisait un peuplement plus ou moins important de petits marchands et d’artisans. Les études récentes tendent toutefois à minimiser l’ampleur du mouvement d’urbanisation le long du camino qui ne se transforma pas en un véritable rosaire de villes. Dans la genèse de ces dernières, les historiens ont mis en évidence le rôle du commerce à longue distance en plus de celui du pèlerinage. Ils ont montré également que des agglomérations se développèrent aussi sur les voies de pèlerinages secondaires, comme Oviedo et Lugo qui connurent une croissance par adjonction de bourgs périphériques et sur d’autres routes commerciales de la région, comme Zamora et surtout Valladolid15.

    7À la fin du xie siècle après que les chrétiens eurent repoussé la frontière du Duero au Tage et pris Tolède, en 1085, il convenait de créer des lignes de défense avec des forteresses reliant la ville à l’ancien royaume de Léon et abritant des troupes vivant sur le pays en l’exploitant et en organisant des razzias en territoire ennemi. Dans ces Extrema Durii, la solution a consisté pour la monarchie à concentrer les immigrants dans quelques villes fortifiées dotées d’une charte de privilèges (fuero) et d’un territoire (alfoz) très étendu dont elles devaient assurer la mise en valeur et la défense. Ce système de repeuplement n’avait pas d’antécédents. Les fondations les plus importantes sont Ávila (1087), Ségovie (1088), Salamanque (vers 1100), toutes trois érigées en évêchés, Sepúlveda (1076) et Soria. Chaque ville formait une entité administrative autonome (conciliun/concejo) et se chargeait de repeupler son finage en créant des villages de colons auxquels elle distribuait des lots dans des opérations dont on n’a conservé aucune trace documentaire. La colonisation primitive fut le fruit de gens venus souvent en groupes, attirés dans cette terre de liberté des régions du Duero, de la Rioja, de Biscaye, de Navarre, de Galice et de Léon, secondairement de mozarabes et de juifs d’al-Andalus ; les Francos n’arrivèrent qu’au xiie siècle. On trouve aussi quelques serfs cherchant la liberté et des individus ayant eu maille à partir avec la justice car ils jouissaient de l’amnistie dans ces régions frontalières. Ces villes étaient partagées en nombreux quartiers-paroisses (collaciones) – on en compte pas moins de 35 à Soria – car les différents groupes d’immigrants s’y étaient établis avec leur église.

    8Ce sont ces fondations qu’il y a un peu plus de 50 ans, dans un article fondateur, J.M. Lacarra baptisait du nom de « villes frontière16 ». Il individualisait ainsi une nouvelle catégorie d’agglomérations qui présentaient des caractéristiques urbanistiques, institutionnelles, sociales, économiques et culturelles originales dans le grand mouvement d’urbanisation que connurent la Castille et l’Occident entre le xie et le xiiie siècles. À la suite de cet historien, l’historiographie a eu tendance à considérer que nous étions en présence d’une forme originale d’urbanisation, entendue comme

    l’apparition d’une formation dont on peut réduire les traits généraux aux caractéristiques d’un modèle, qui s’inscrit sur le sol dans une topographie particulière, qui s’imprime dans une société structurée, qui s’exprime par des institutions et se traduit par un genre de vie et une culture17.

    9Ce serait une des différences de l’Espagne dans le monde urbain médiéval. Au milieu du xiie siècle, la séparation du royaume, en deux entités, le royaume de León à l’Ouest et le royaume de Castille à l’est, conduisit les deux souverains à imposer une politique de regroupement des populations au sein de centres urbains fortifiés de part et d’autre de la nouvelle frontière18, comme dans la Tierra de Campos dans laquelle neuf villes furent fondées entre 1157 et 123019.

    10Vers la même période commença l’urbanisation de la façade atlantique nord de la Péninsule ibérique, délaissée jusqu’alors à cause de ses potentialités agricoles limitées, de l’absence de commerce maritime, de la menace des pirates et de l’émigration de paysans vers le sud. Le roi, et plus rarement un seigneur ecclésiastique ou laïc, y implantèrent de nouvelles villes à partir du xiie siècle. Les premières apparurent entre 1140 et 1197 en Álava où sont dénombrés 23 fondations (xiie-xive siècle). Sur la côte cantabrique naquirent au xiie siècle, Santillana, Castro-Urdiales, Laredo, Santander, San Vicente de la Barquera qui connurent un développement rapide20 ; en Guipúzcoa, 25 agglomérations dont San Sebastian (xiie-xive)21, 21 en Biscaye (xiiie-xve), une vingtaine en Galice (xiie-xiiie) dont Ribadeo, Vivero et la Corogne (1208). Dans les Asturies, un « repeuplement urbain tardif » connut son apogée dans la seconde moitié du xiiie siècle sous Alphonse X, et se traduisit par le regroupement de la population rurale dans 25 polas22. Ce même roi créa dans la Manche en 1272, une ville neuve, Villareal – aujourd’hui Ciudad Real – pour faire contrepoids à la puissance des ordres militaires, très bien possessionnés dans la région23.

    11L’avancée des chrétiens en Andalousie après leur victoire sur les Almohades à las Navas de Tolosa en 1212, fit entrer en quelques années de grandes villes islamiques dans la couronne de Castille, Jaén, Ubeda, Baeza, Cordoue (1236), Séville (1248), Murcie (1266) dont les citadins musulmans furent expulsés ou regroupés dans des faubourgs et remplacés par des colons entre lesquels furent répartis par la monarchie des maisons en ville et des lopins de terres dans le finage mais dont l’installation était rendue difficile par l’insécurité endémique. Á cette époque le pouvoir monarchique s’était renforcé et les villes perdaient leur efficacité comme instruments de colonisation et de défense, sauf celles situées dans les zones frontalières, comme Baeza, Ubeda, Jaén dans lesquelles on appliqua le modèle de peuplement des extrema durii24.

    12La floraison urbaine en Castille n’est qu’une des manifestations de la croissance continue de l’Occident depuis au moins le début du xie siècle25. Elle s’est nourrie, comme dans l’ensemble du continent, de la réussite agricole et de l’expansion démographique ainsi que de la volonté des puissants de concentrer la population dans des centres créés ou non ex-nihilo. S’y sont ajoutés des facteurs particuliers comme les progrès du grand commerce et la promotion des pèlerinages. Tous ces facteurs ont concouru conjointement, indépendamment, ou successivement, et à des degrés divers, à l’éclosion puis à l’épanouissement des villes mais leur combinaison spécifique explique le différentiel de croissance et la singularité de l’histoire de chacune d’elles.

    13La défense de la frontière eut seulement une importance plus grande pour la fondation ou la refondation de quelques villes dans les Exterma durii au xie siècle. Mais elle n’est qu’un élément qui n’explique que peu l’urbanisation de même que la morphologie, les structures matérielles et la croissance urbaine assurée par d’autres fonctions. Le cas de Burgos, synthétisé par Yolanda Guerrero, est à ce titre éclairant. Ville neuve fondée fin ixe siècle, c’est sa conversion en une des principales villes du chemin français qui transforma le bourg en un grand centre du commerce international du nord de la Castille avec l’apport financier de francos qui s’y étaient installés et stimulé par la demande des pèlerins et des colons. L’ouverture de la façade atlantique convertit Burgos en point d’arrivée des marchandises de nord de l’Occident, en centre de redistribution des celles-ci vers l’intérieur de la Castille et en pôle de l’économie castillane, ouvert sur les marchés internationaux26. Faute de ces facteurs de développement, d’autres villes de fondation comme Sepúlveda, Sigüenza, Soria, ou encore Avila restèrent de petites villes.

    14Le volontarisme politique des souverains qui se manifeste par l’octroi d’un statut juridique fut toujours un facteur essentiel dans la formation du réseau urbain castillan. Dans les royaumes de Léon-Castille, la fondation de villes fut l’instrument privilégié de la politique de repeuplement des monarques sous une double forme, « expansive », dans le sillage de la Reconquista, et « intérieure », par la colonisation des terres en arrière de la frontière27. Les souverains ont toujours considéré qu’il était de leur devoir de peupler leurs royaumes et précisent dans les préambules de certaines chartes de peuplement que fonder une agglomération « accroît l’honneur du royaume et sa richesse28 ». Ce rôle du roi renvoie à des référents romains, puisqu’aucune ville n’existait (même si l’agglomération était grande) si elle n’avait pas été « fondée » et que son « fondateur » ne lui avait pas donné une charte qui constituait son acte de naissance juridique. « La ville n’est pas seulement une agglomération de cives, ce qui en fait une civitas, elle doit son existence à un civis, le premier le conditor qui la fonde, la fait naître et lui donne ainsi une existence juridique29 ». Ces cités jouissaient donc d’un droit inscrit dans un fuero, octroyé par le roi au moment de la fondation et quelquefois completé et amendé par la suite. Ce droit particulier leur accordait d’importantes franchises judiciaires, économiques et fiscales destinées à attirer et à retenir les colons, indispensables à la mise en valeur et à la défense du territoire.

    15L’armature urbaine castillane incluait donc des agglomérations très diverses par l’étendue du périmètre urbain, le nombre des habitants et l’étendue du territoire extra-muros qui dépendaient d’elles30. La superficie intramuros pouvait aller de quelques hectares – parfois moins de 2 en Galice, dans les Asturies et au Pays basque – à 100 ou plus et jusqu’à 287 à Séville. Toutes les villes possédaient un territoire extra-muros, appelé alfoz – terme d’origine arabe utilisé dans les régions au sud du Tage – ou tierra – dont les limites étaient marquées par des bornes. Au nord du Duero, l’étendue des tierras était relativement faible : 196 km à Mondonedo, ville épiscopale de Galice, 297 à Saint Sébastien. Au sud du fleuve, elle atteignait souvent plusieurs milliers de kilomètres carrés : 2 000 pour Cáceres, 8 900 pour Ávila, 12 000 pour Séville. La ville exerçait un contrôle direct et total sur les terres qui la jouxtaient immédiatement et sur une partie des espaces incultes – bois et pâtis – de leurs alfoces : c’était le termino. Le reste du territoire se répartissait entre des villages et des hameaux : aldeas, lugares ou pueblos qui en assuraient la défense et la mise en valeur ; on en dénombre 319 dans la tierra d’Ávila et 91 dans celle de Ségovie. Dans ces régions septentrionales, l’ensemble ville plus tierra formait une comunidad de villa y tierra, unies institutionnellement, ce qui n’est pas sans analogie avec les relations nouées entre la ville italienne centro-septentrionale et son contado31. Les paysans des alfoces, en dépit de leur subordination au conseil de la ville, conservaient un certain niveau d’autonomie de gestion dans les affaires qui les concernaient : surveillance et protection du territoire et des biens communaux, répartition de la charge fiscale. Des agglomérations de type urbain pouvaient être rattachées à une ville plus importante qui devenait leur seigneur collectif à qui elles devaient aide militaire et financière ; telle était la situation de Miranda de Ebro par rapport à Burgos. Au cours des xive et xve siècles, l’oligarchie urbaine se tailla des seigneuries dans ces alfoces et privatisa des aldeas malgré la résistance des communautés urbaines qui en appellaient régulièrement aux monarques.

    16Les villes structuraient donc l’espace de la couronne de Castille dans une trame au maillage plus ou moins serré selon les régions mais qui était en place à la fin du xiiie siècle32. Pour renforcer leur pouvoir, les souverains ont encouragé le processus d’urbanisation et les villes du roi ont contribué à construire l’identité de la couronne « plus que la fidélité nobiliaire33 ». Les conditions dans lesquelles s’était tissé le tissu urbain : « renaissance » de cités d’origine romaine, fondation de villes neuves, intégration et transformations de villes hispanomusulmanes, rendent compte, pour une large part, des structures des villes et de leur évolution ainsi que de leurs rapports avec les autres pouvoirs : royauté, noblesse et Église.

    Des centres pluri-fonctionnels

    17Ces agglomérations castillanes étaient toutes des centres qui remplissaient différentes fonctions plus ou moins diversifiées et développées et dont l’importance variait dans chacun d’eux. Dès le xiiie siècle, dans un semis de petites villes marché et/ou de réduits défensifs, émergèrent des villes plus importantes qui, à la fonction économique, ajoutaient des fonctions administratives, religieuses et culturelles dans un réseau qui se hiérarchisait.

    Fonction militaire

    18Toutes les villes avaient une fonction défensive plus ou moins affirmée et leur fortification était un phénomène général en Europe pour la protection des populations contre l’insécurité. Dans celles situées pendant un certain temps sur une frontière, comme celles fondées à la fin du xie siècle dans les Extrema durii ou celles situées sur la frontière de Grenade à partir de la seconde moitié du xiiie siècle, la fonction militaire était hypertrophiée car la frontière était toujours potentiellement dangereuse et les cités situées sur cette limite constituaient autant d’appuis logistiques à l’organisation défensive du royaume quand elles n’étaient pas aussi comme Murcie ou Jaén, par exemple, des capitales de districts militaires. Cette militarisation se traduisait dans l’espace et le paysage par la création ou le renforcement d’un système défensif (murailles, palissades, fossés, fortifications de portes et de poternes). Les villes nées du repeuplement expansif entre le Duero et la cordillère centrale, comme Soria, Ávila ou Salamanque s’étaient dotées d’une vaste enceinte car elles devaient servir de refuges aux soldats, aux villageois et aux troupeaux en cas de danger. Les murailles d’Avila, dont la construction débuta sous le règne d’Alphonse XI (1072-1109), mesuraient 12 mètres de haut et 3 mètres d’épaisseur ; elles étaient couronnées de créneaux et renforcées de tours. Des villes de la frontière de Grenade, comme Lorca ou Antequera, furent transformées en forteresses avec l’abandon des quartiers hors les murs et la condamnation de certaines portes. La construction et l’entretien de ce système défensif représentaient pour les finances urbaines des charges considérables, c’était même pour les villes frontalières un gouffre financier, approfondi par le coût de la participation des citadins aux opérations militaires34.

    19Les citadins devaient en effet non seulement assurer la défense de leur ville et de son territoire, en résistant aux sièges notamment, mais participer à l’ost royal dans lequel les milices urbaines servaient à côté des troupes que la noblesse était obligée de lever. Ces milices possédaient leurs propres bannières (pendones) sous lesquelles elles combattaient, sauf Tolède qui servait sous celle du roi, ce qui était pour elle un objet de fierté. Elles étaient composées de caballeros (cavaliers) et de peones (fantassins), les deux categories, fondées sur des critères à la fois économiques et militaires, entre lesquelles les Castillans se répartissaient, mais tous étaient des combattants qui jusqu’au xiiie siècle vivaient de la guerre et pour la guerre et dont le butin constituait une partie importante des ressources35. La « guerre est une industrie », selon l’expression de Jean Gautier-Dalché. Le roi se réservait le quint du butin dont le reste était réparti inéquitablement entre les combattants, les caballeros recevant une part double de celle des peones. Cette source de richesse entraînait une grande mobilité, puisque le piéton qui obtenait les moyens d’acheter un cheval et des armes pouvait devenir caballero.

    20Comme les caballeros urbains avaient réussi, dès la fin du xiiie siècle, à obtenir de la monarchie la conservation de leur statut privilégié en se dispensant du service armé, pour pallier la diminution de ses forces militaires, Alphonse XI, décida, en 1348, à la suite de certaines villes d’Andalousie et de Murcie, et comme cela se pratiquait auparavant en León, de contraindre au service à cheval en acquérant une monture d’une valeur déterminée tous les habitants qui avaient un certain niveau de fortune (cuantía). C’est l’origine, dans les régions méridionales, de la caballería de cuantía, appelée aussi de alarde (montre) parce que les caballeros étaient tenus de montrer régulièrement leur équipement. Elle constitue « l’étape finale du développement de la chevalerie populaire36 ». Ses membres se virent accorder les mêmes privilèges que les autres caballeros urbains, mais à condition d’accomplir leurs obligations militaires.

    21Au xve siècle les milices urbaines jouaient encore un rôle important puisqu’elles allaient permettre au roi de vaincre par les armes et par deux fois, en 1445 et 1465, la noblesse révoltée. Fernando de la Torre, membre du conseil municipal de Burgos, à l’occasion d’une ambassade auprès du roi de France en 1454, déclara, non sans une certaine exagération, que son souverain pouvait en quelques heures mobiliser une armée composée de contingents à cheval et à pied de la noblesse et des villes37. Sous les Rois Catholiques, les villes achevèrent de perdre cette fonction militaire au profit d’une armée de métier38.

    Fonction économique

    22La croissance économique fut vive en Castille jusqu’au milieu du xiiie siècle. Elle était soutenue et en partie financée par l’or et l’argent extorqués aux royaumes de taifas par les parias et les razzias. Elle connut un ralentissement dès la fin du xiiiee siècle, mais le xive siècle, comme dans les autres regions d’Europe Occidentale ne fut pas en Castille un temps de crise et de récession généralisée, mais, dans un contexte de difficultés, une période de rationalisation de l’économie, soutenue par les progrès de la demande intérieure et extérieure39.

    23Les villes castillanes, comme toutes les autres villes médiévales, conservaient un caractère rural avec à l’intérieur des murailles des espaces agricoles et des corrales, enclos enserrant plusieurs maisons, un puits et un parc à bestiaux. Elles étaient d’abord des marchés agricoles. La première influence qu’elles avaient sur leurs territoires était leur attraction en denrées alimentaires, main d’oeuvre, matériaux de construction et matières premières pour ravitailler la population et alimenter l’artisanat. Les villes consommatrices incitaient les campagnes avoisinantes à produire pour elles40, voire à spécialiser leurs productions pour les besoins de leurs habitants et de leurs marchands, ce qui explique le combat des dirigeants pour éviter l’aliénation de certaines parties de l’alfoz à des seigneurs locaux. Cela explique aussi la mise en place de politiques migratoires attractives : distributions de maisons et de terres par la monarchie et les autorités urbaines au moment de la fondation ou de la récupération de la ville, exemption d’impôts royaux et municipaux, concessions d’ateliers, octroi de subventions41. Le manque de main-d’œuvre resta cependant un problème récurrent dans la plupart des villes jusqu’à la fin du Moyen Âge42. Par ailleurs, un certain nombre de citadins exerçaient occasionnellement ou partiellement une activité agricole ; la pluriactivité de la population urbaine apparaît aussi comme un phénomène important dans les agglomérations de la couronne de Castille. S’ils ne travaillaient pas directement la terre, nombre d’artisans participaient au ravitaillement de la ville, les « métiers de bouche » : boulangers, bouchers, taverniers, épiciers et autres métiers victuailliers rassemblaient une bonne partie de la population active.

    24Les villes n’étaient pas seulement consommatrices et les campagnes nourricières, elles étaient aussi productrices et concentraient la presque totalité des activités artisanales, marchandes et financières dont l’essor était stimulé par celui des productions agro-pastorales. La Castille, ne peut plus être considérée comme une périphérie du monde occidental, condamnée à un échange inégal d’exportation de produits primaires et de matières premières pour l’industrie européenne – à commencer par la laine, le vin, la cochenille et le fer – contre l’importation de produits manufacturés destinés à la noblesse43. Comme dans la grande majorité des villes d’Europe occidentale au xiiie siècle, à l’exception de quelques cités d’Italie du Nord et de Flandre, celles du dense semis urbain castillan abritaient un artisanat diversifié dont les productions approvisionnaient dans l’ensemble de façon satisfaisante le marché intérieur, mais alimentaient peu les exportations.

    25L’industrie textile connut un essor appréciable favorisé par la diffusion du moulin à foulon au cours du xiiie siècle et par la quantité croissante de laine fournie par l’expansion spectaculaire de l’élevage ovin44 et même si la plus grande partie était exportée, elle se développa aussi bien dans les villes que dans les campagnes, où elle constituait le complément indispensable des activités agricoles. Cette industrie produisait essentiellement des draps de laine de qualité courante ou assez grossière qui étaient vendues dans la région de fabrication. Les centres les plus notables étaient au xiiie siècle Ávila, Burgos, Palencia – spécialisée dans les étoffes blanches non teintes (blanquetas) – Zamora, Soria, Ségovie et Tolède. Au xive siècle, ces foyers textiles traditionnels furent touchés par la crise et leur production stagna, mais plus au sud se développa rapidement, au xve siècle, une industrie diversifiée de draps de laine merina destinés à l’exportation, à Tolède, Murcie, Ciudad Real, Cordoue, Séville, Baeza Ubeda, mais surtout Cuenca où 7 % à 10 % des habitants de la ville travaillaient dans le textile au xve siècle45. Cette industrie adopta très vite les innovations techniques italiennes et flamandes aussi bien pour le tissage (métiers étroits, draps plus légers) que pour la teinture. Les entrepreneurs urbains utilisaient de plus en plus la main-d’oeuvre rurale, mais ils durent attendre 1462 pour obtenir des Cortès ce qu’ils réclamaient depuis longtemps, que le tiers de la laine produite soit réservé à l’industrie « nationale ».

    26D’autres secteurs manifestaient une grande vitalité au xve siècle, notamment la métallurgie qui se concentrait dans les villes de Biscaye et de Guipúzcoa à proximité des mines de fer. Elle alimentait les fabriques d’armes et les chantiers de construction navale, aussi bien sur le littoral basque et cantabrique qu’à Séville. À Valladolid fleurissaient des industries de luxe (orfèvrerie, fourrure, enluminure) pour la clientèle aisée d’officiers royaux, de letrados et de courtisans qui s’installait dans la capitale administrative du royaume. Le travail du cuir et du bois, la poterie, les métiers liés à la confection, à l’équipement du cheval et du combattant et la construction occupaient une bonne partie des citadins de ces villes militarisées et en plein développement Des villes se spécialisèrent dans certaines productions comme Séville dans les conserveries de thon et la savonnerie ou Tolède dans le parchemin et le papier depuis la fin du xie siècle mais aussi l’armurerie et les draps de soie dits d’Areste.

    27Dès le milieu du xiiie siècle, des groupements organisés d’artisans existaient dans certaines villes castillanes (tisserands de Palencia et de Soria, cordonniers de Burgos), mais l’indigence de la documentation interdit d’en connaître vraiment la nature. Ferdinand III et Alphonse X n’interdirent par les confréries et associations, mais seulement les « mauvaises » qui étaient à leurs yeux celles qui voulaient s’organiser librement, réserver l’exercice de la profession à leurs membres et fixer les prix, ce que les consommateurs qui dirigeaient les villes, les caballeros, ne pouvaient accepter46.

    28Les professions organisées en métiers restèrent très minoritaires, même si leur nombre ne cessa d’augmenter sous les Trastamare. Au xve siècle, ils avaient à leur tête des magistrats particuliers appelés veedores, nommés par les autorités urbaines et renouvelés chaque année par l’assemblée générale des membres du métier. Sur les chantiers et dans les ateliers castillans, on ne distingue que deux catégories de travailleurs, les maîtres et les ouvriers non qualifiés (peones, jornaleros, mozos, criados) où se mêlaient apprentis et valets. Les femmes étaient nombreuses dans le filage, la couture et la boulangerie, trois professions qui apparaissent au féminin dans la documentation47. L’absence de métiers jurés et la faiblesse d’ensemble des métiers, davantage que par des interdictions royales, pourrait s’expliquer par l’insuffisance de main-d’œuvre qui faisait que les maîtres, à la différence de ceux de Flandre ou des cités d’Italie du Nord et du centre, n’avaient pas besoin de se réserver l’exercice de la profession et n’étaient pas assez puissants pour le faire48. Les statuts avaient avant tout pour but d’assurer une production « loyale et vraie ». Pour ce faire, ils s’attachaient surtout à réglementer les normes de fabrication et à en prévoir l’application.

    29Le milieu artisanal apparaît économiquement très hétérogène d’une profession à l’autre et à l’intérieur d’une même profession, mais mis à part quelques rares réussites individuelles, l’immense majorité des artisans se trouvait dans une situation modeste. En Castille aussi, il faut nuancer l’affirmation selon laquelle le bas Moyen Âge, en raison des surmortalités génératrices de hausses des salaires, fut « l’âge d’or de la main-d’oeuvre49 ». La hausse des salaires qui suivit la Peste noire fut bloquée par des ordonnances de la monarchie et vite annulée par les dévaluations monétaires50. Les sources ne livrent guère – et pas avant le xve siècle – que les salaires des travailleurs du bâtiment, qui représentaient en moyenne 2 à 3 % environ de la population active urbaine. À Burgos, Séville, Murcie et Tolède, leurs salaires nominaux connurent une hausse lente et irrégulière que l’on peut estimer à environ 20 % dans la première moitié du siècle, mais compte tenu de la dépréciation progressive du maravédi, cette hausse équivaut à une stagnation puis après 1460 à une diminution des salaires réels51. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que sur les chantiers, l’irrégularité de l’emploi venait toujours compromettre le pouvoir d’achat des travailleurs.

    30La fonction commerciale des villes fut stimulée directement ou indirectement par diverses mesures prises par les autorités. La première réside dans l’assouplissement progressif de la politique protectionniste instaurée par Alphonse X. Ses successeurs, pour augmenter leurs ressources fiscales et sous la pression de la noblesse désireuse d’exporter ses productions agricoles, réduisirent par étapes – et non sans retours en arrière – le nombre de produits interdits à l’exportation aux métaux précieux bruts ou monnayés, aux chevaux et aux céréales52. Les instruments monétaires furent accrus, à partir du règne de Pierre Ier, par la frappe d’une nouvelle pièce, le real d’argent. Les mutations monétaires auxquelles se livrèrent des souverains par manque de métal précieux et pour satisfaire leurs besoins financiers – Henri II en 1369, Jean Ier en 1386, Jean II et Henri IV à plusieurs reprises –, aboutirent à dévaluer fortement la monnaie, ce qui contribua à accentuer l’inflation qui atteignit des chiffres impressionnants dans les années 1465-1474, mais favorisa les exportations. Des foires naquirent au milieu du xiie siècle dans les régions de contact entre l’Espagne humide et l’Espagne sèche et dans les villes du chemin de Saint-Jacques ou proche de celui-ci : Sahagún, Carrión, Miranda de Ebro, Valladolid. Près de quarante, souvent régionales, furent encore créées en Castille par les monarques et les seigneurs entre 1220 et 130253. Au tournant du xve siècle, le régent Ferdinand de Antequera, frère du roi défunt Henri III, en instaura une nouvelle à Medina del Campo, bourgade située au coeur de la Castille, au carrefour de routes venant de Burgos, capitale commerciale du royaume, du Portugal, de l’Andalousie et de Murcie, via Tolède. Ces foires de Medina del Campo prirent rapidement de l’importance et furent promues « foires générales » du royaume en 144454.

    31À partir de la fin du xive siècle, l’essor du grand commerce maritime stimula le développement des ports des côtes du golfe de Biscaye et de l’Andalousie55. Les plus importants de ceux de Cantabrie et du Pays basque se regroupèrent en 1296 dans une fraternité, la Hermandad de la Marina de Castilla dans laquelle Bilbao, fondée en 1300 acquit très vite la primauté comme débouché de Burgos, plaque tournante du grand commerce castillan et entrepôt de la laine56. En 1443, se constitua dans cette dernière une « université de marchands » qui commerçaient avec la Flandre, le Sud de l’Angleterre et la côte française. Ils fondèrent des consulats dans la plupart des ports de la côte française, à Harfleur et Rouen en 1364, à La Rochelle en 1424 et à Nantes en 1430 ; à Bruges, ils s’organisèrent en 1414 en une « nation ». Ils exportaient des laines – sauf en Angleterre –, du fer de Biscaye, des produits tinctoriaux, de l’huile, du vin et des cuirs, des peaux, de la cochenille, de la garance et, secondairement, des produits fabriqués : clous, ancres, objets en cuir. Ils importaient en échange des draps de qualité et des toiles, des harengs de la Baltique, du sel de la Rochelle et quelques produits finis.

    32En Andalousie occidentale, des ports, Séville, Cádiz, Huelva, Jérez, Puerto de Santa María, s’animèrent plus tardivement, dans la seconde moitié du xive siècle, mais connurent une croissance d’une vigueur exceptionnelle au xve siècle, car ils bénéficiaient des richesses de la région en produits agricoles et miniers, du contrôle par les chrétiens du détroit de Gibraltar et de la proximité de la côte africaine. L’impulsion vint en grande partie des marchands-banquiers génois parmi lesquels on trouvait des membres des plus puissantes familles de la cité ligure : Spinola, Grimaldi, Boccanegra, Usodimare et Centurioni dont certains s’installèrent définitivement dans la cité et intégrèrent les rangs de l’oligarchie. Les Génois firent de Séville une grande place financière et un emporium fréquenté par tous les navires qui joignaient les côtes italiennes à la Flandre et à l’Angleterre. Les compagnies toscanes installèrent également une filiale dans la ville, les Datini à la fin du xive siècle et les Médicis cinquante ans plus tard. Par ces ports d’Andalousie, les « Italiens » exportaient en Méditerranée occidentale, mais aussi en Flandre et en Angleterre, des produits primaires : huile, cochenille, cuirs, cire et le mercure d’Almaden dont les Génois obtinrent le monopole d’exportation au milieu du xve siècle. Ils importaient des draps de Florence, de Flandre et de plus en plus d’Angleterre, des toiles, des épices, des soieries. Ce sont aussi les Génois qui animèrent le commerce de Carthagène, le port du royaume de Murcie où ils venaient chercher principalement la laine et la cochenille.

    33Les commerçants italiens ne doivent pas faire oublier les autochtones qui se montraient aussi très actifs, mais qui s’intéressaient plutôt à la côte africaine où ils allaient chercher des esclaves et aussi de l’or, puis aux Canaries dont les trois grandes îles ne furent soumises que sous les Rois catholiques. Les grands marchands castillans, qui appartenaient aux familles de la noblesse urbaine, n’innovèrent pas en matière technique ; ils demeurèrent fidèles aux formes traditionnelles d’associations commerciales, commenda et societas.

    34La brillante expansion du commerce extérieur ne doit pas éclipser celle des échanges intérieurs, importante également, comme en témoigne la forte hausse au xve siècle du produit des impôts sur le volume des ventes (alcabalas) généralisés en 1342 à l’ensemble de la Couronne de Castille par Alphonse XI57.

    Fonctions religieuse, intellectuelle et culturelle

    35Les villes étaient aussi des centres religieux, intellectuels et culturels. L’Église, dont par ailleurs des membres jouaient un rôle important dans le gouvernement du royaume, tenait une grande place dans les villes castillanes où les clercs étaient nombreux. Chaque agglomération comptait de nombreuses paroisses souvent fondées par les différents groupes de colons au fur et à mesure de leur installation. Les grands monastères étaient urbains, comme San Isidoro de León ou saint Benoît de Valladolid, ou suburbains, comme celui de Las Huelgas à la périphérie de Burgos. Les frères mendiants, devenus propriétaires par donations d’une partie croissante du sol urbain, y implantèrent leurs couvents. Lors de leurs déplacements, les rois séjournaient dans ces établissements ou les utilisaient pour réunir les Cortès. Les conseils municipaux tenaient leurs réunions hebdomadaires ou bi-hebdomadaires habituellement dans leur nef ou leur cloître car beaucoup de villes n’édifièrent de maison municipale que très tard au cours du xve siècle. Grand propriétaire immobilier dans la ville et le territoire, l’Église jouait aussi un rôle social, offrant aux familles de l’élite un débouché dans les chapitres ou les monastères, ce qui pouvait aussi avoir un rôle démographique régulateur dans la ville. Les chanoines étaient presque tous issus de la noblesse urbaine. Ils étaient de mieux en mieux formés et les souverains recrutaient parmi eux, chancelier, notaire et greffier. Franciscains et dominicains prirent rapidement la direction spirituelle des sociétés urbaines dont ils étaient issus58.

    36À partir du dernier tiers du xie siècle, à commencer par le chemin de Saint-Jacques, la zone chrétienne de la péninsule – et pas seulement la partie léonaise et castillane – se couvrit d’églises rendues nécessaires par la colonisation et le développement urbain et construites dans le style original qui s’imposait alors en Europe, le roman. Il apparaît comme une rupture avec le passé asturien et mozarabe par le plan basilical des édifices, la construction en appareil régulier, le chevet semi-circulaire, le voûtement en berceau plein cintre et l’abondant décor sculpté et coloré qui couvrait les portails et les chapiteaux. Dans ce réseau, le plus dense d’Europe d’édifices romans, émergent quelques chefs-d’œuvre comme les grandioses cathédrales bâties à Saint-Jacques de Compostelle, Salamanque, Zamora et Ávila, ces dernières, comme la collégiale de Toro, étaient mieux intégrées à la culture locale avec leurs coupoles sur pendentifs surmontées d’une tour lanterne (cimborio) à la croisée du transept59.

    37Art urbain par excellence, le nouveau style gothique qui rayonnait alors en Île-de-France pénétra aussi dans la région où trois grandes cathédrales furent bâties, à Tolède, Burgos et Léon. Mais un art bien différent, le mudéjar, se développa et se diffusa à partir du xiiie siècle, d’abord dans la zone située entre les vallées du Duero et du Tage. Synthèse des techniques constructives des artisans locaux et des conceptions esthétiques des commanditaires, il se caractérise, au-delà de sa grande diversité dans le temps et dans l’espace, par l’emploi systématique de trois matériaux : la brique cuite, le plâtre et le bois et par sa profusion décorative qui déploie jusqu’à l’exubérance son riche répertoire de formes géométriques et végétales, principalement sur les surfaces murales découpées à l’extérieur, principalement sur les absides et les tours, en étages d’arcs entrecroisés, polylobées et polylobulés.

    38L’enseignement est aussi un phénomène urbain. Les écoles épiscopales recommencèrent à fleurir au xie siècle avec la restauration des sièges épiscopaux dans lesquels dès le début du xiie siècle sont attestés dans de nombreux chapitres des magistri parmi les dignitaires. L’Église garda tout au long du Moyen Âge une forte emprise sur l’enseignement et, à la différence de quelques villes italiennes comme Florence, Venise, Milan, Palerme, les élites dirigeantes ne fondèrent pas d’écoles urbaines et ne municipalisèrent pas l’enseignement60. La plupart des municipalités se contentèrent de contribuer au financement du ou, beaucoup plus rarement des maîtres de l’école de grammaire que l’évêque et le chapitre devaient entretenir. Ils enseignaient donc dans l’école épiscopale, dans des locaux de l’Église et sous la tutelle exclusive du maître de l’école épiscopale qui les sélectionnait sans que le concejo ait semble-t-il son mot à dire61.

    39Au xiie siècle des villes comme Ségovie, León puis Tolède à partir de 1160, attirèrent des lettrés venus de différentes régions européennes pour traduire et gloser des ouvrages d’auteurs grecs conservés en traduction arabe. Parmi eux Gérard de Crémone fut l’un des plus prolifiques puisqu’on lui attribue la traduction de 71 ouvrages.

    40Le premier studium fut fondé à Palencia vers 1180 par le roi Alphonse VIII de Castille, celui de Salamanque vers 1218 par Alphonse IX de León, refondé en 1243 par Ferdinand III et qualifié d’Universitas par Alphonse X qui lui donna ses statuts en 1254. Ce dernier fonda aussi des studia à Séville en 1255 et à Murcie, spécialisés dans l’enseignement de l’arabe et à Valladolid vers 1260 ainsi qu’à Tolède, mais l’existence de ce dernier ne fut qu’éphémère comme celui de l’estudio de escuelas generales que Sanche IV institua à Alcalá de Henares en 129362. Fondés par les rois, ces studia n’étaient pas soumis au pouvoir ecclésiastique. Chaque ville au nom du roi, administrait les revenus qui finançaient le studium et qui provenaient généralement des tercias reales (deux neuvièmes de la dîme ecclésiatique). Les autorités urbaines n’intervenaient pas autrement dans les niveaux supérieurs de l’enseignement. Elles ne créèrent pas de colegios mayores. Ainsi les six fondés en Castille entre 1401 et 1521, ne le furent ni par les villes, ni par les rois, mais par leurs conseillers ecclésiastiques, des prélats riches comme Pedro de Mendoza, cardinal d’Espagne63.

    41L’existence d’un studium ne garantit absolument pas l’existence d’une « vie intellectuelle » car les universités furent fondées à l’origine comme des centres de formation professionnelle dans lesquels les étudiants devaient apprendre les disciplines utiles aussi bien pour leurs carrières que pour le bien commun. Cependant, à la différence de l’Italie, ce ne furent pas les oligarchies urbaines mais les universités et les studia des mendiants qui allaient innerver l’humanisme avec des individus comme Alfonso de Carthagène ou Alfonso de Madrigal, tous deux formés à Salamanque64. Mais au moins autant que les mendiants et l’université, et sans négliger leur rôle, la cour fut le lieu qui favorisa le développement de la culture en Castille depuis le règne d’Alphonse VIII (1158-l2I4) et comme elle était itinérante, elle diffusait cette culture lors de ses déplacements et séjours temporaires dans les villes traversées65.

    42Il serait finalement bien artificiel de distinguer une culture que l’on pourrait qualifier d’urbaine dans des villes où les élites étaient très majoritairement composées de caballeros et d’hidalgos66. La noblesse, comme en Italie, vivait en ville. Les membres de la haute noblesse y avaient leur hôtel, comme à Valladolid au xve siècle, le connétable don Alvaro de Luna, les Enríquez, Stúñiga, Guzmán, Manrique, Mendoza, Pimentel, Acuña. Être condamné à vivre dans son château était vécu comme un exil. Qu’ils revendiquent le titre d’hidalgo en insistant sur l’ancienneté de leur lignage et la pureté de leur sang, ou celui de caballero qui renvoyait aux mérites personnels et à l’image du chevalier, les habitants des villes castillanes étaient ou se voulaient nobles67. Seule la ville pouvait leur fournir les moyens d’accéder à cette condition – par le service public, les lettres, l’entrée en clientèle, le service militaire – et de s’y maintenir, et seule la ville leur offrait un cadre adéquat pour manifester aux yeux du monde leur qualité de noble68. Cela explique que la culture urbaine fut nobiliaire et que les villes rivalisaient à l’heure d’obtenir les titres de noble ou de très noble ville et se dotaient de blasons et d’armes, ainsi que d’histoires qui étaient en fait de véritables généalogies attestant leur ancienneté et leurs vertus, c’est-à-dire leur noblesse69. Comme la ville devait son existence au fondateur, il fallait en trouver un dont « le prestige et l’ancienneté permettent d’établir une indiscutable hiérarchie entre les fondations. Or, aux saints ou aux personnages bibliques, les Espagnols ont généralement préféré les héros mythologiques et historiques. Hercule et sa famille apparaissent ainsi comme les premiers fondateurs de villes dans les histoires et chroniques d’Espagne depuis Isidore de Séville au viie siècle70 ». Les plus grandes villes étaient aussi des centres de production artistique et de mécénat collectif et des lieux de grande activité constructrice, les riches citadins suivaient l’exemple des membres de la haute noblesse et des prélats et se faisaient bâtir des hôtels et des chapelles funéraires.

    Des forces politiques dans l’État monarchique : les nobles villes de Castille

    43Les villes étaient des forces politiques par leur puissance militaire, leur richesse, leur poids économique, leur dynamisme, leur domination sur le plat pays et les savoirs qu’elles concentraient, mais elles étaient intégrées avec leurs spécificités dans l’État monarchique qui les avait fait naître. Les gouverner, les doter d’institutions et d’instruments d’action et de gestion, exercer le pouvoir en leur sein étaient donc des enjeux essentiels pour les élites urbaines mais aussi pour le pouvoir monarchique et la noblesse qui renforça sa puissance économique et sociale aux cours des siècles.

    Des concejos : les gouvernements urbains et l’exercice du pouvoir

    44En Castille, la villa ou ciudad – si elle était le siège d’un évêché – était un concilium (concejo en langue vulgaire), forme politique castillane de l’autogouvernement urbain résultant du mouvement d’émancipation dont la dynamique même est un phénomène européen qui a épousé une grande variété de modalités selon les conditions politiques, économiques et sociales. Le terme désignait à l’origine, au début du xiie siècle, l’assemblée des citadins. Il s’applique ensuite à cette communauté elle-même, puis à toute agglomération et à son territoire considérés en tant qu’unité politico-administrative (« commune » au sens actuel du terme), et finit par désigner aussi l’organisme qui a en charge les affaires de la ville, la municipalité71.

    45Les villes acquirent des libertés qui leur furent reconnues dans plusieurs fueros qui fixaient le statut des habitants et précisaient leurs droits et devoirs. Alphonse VI en octroya et en confirma vingt-six dont les plus développés sont ceux de Logroño (1095), Léon (1097) Tolède et Sepúlveda qui établit le « droit de la frontière ». Au xiie et xiiie siècles avec l’essor urbain et l’incorporation des villes musulmanes, les fueros se multiplièrent et leurs dispositions s’étendirent à tous les aspects de la vie urbaine. L’adoption d’un même fuero par différentes agglomérations aboutit à la territorialisation empirique d’un droit local72.

    46En Castille y Léon en fait ou en droit, les villes-frontières, pour qu’elles puissent assurer au mieux leur défense, avaient été dotées d’emblée par les rois d’une large autonomie. Les autres villes royales l’acquirent progressivement à la faveur de la crise politique ouverte à la mort d’Alphonse VI en 1109 sous la pression de l’élite urbaine et avec la bienveillance du pouvoir royal qui cherchait l’appui financier et militaire des populations citadines. L’émancipation fut plus conflictuelle dans les villes de seigneurie ecclésiastique. Saint-Jacques de Compostelle et Sahagún furent le théâtre de révoltes « populaires » au début du xiie siècle. Saint-Jacques connut de nouvelles agitations en 1136 et Lugo au milieu du siècle. Les révoltes débutèrent par des violences contre le seigneur et ses agents. Dans ces trois villes où les Francos étaient nombreux, les burgenses se regroupèrent dans des associations, édictèrent un fuero ou de nouvelles lois et s’érigèrent en tribunal. Ces soulèvements échouèrent, mais peu à peu les habitants furent associés à l’administration de leur ville. Au xiiie siècle, les agglomérations royales et seigneuriales étaient devenues des concejos autonomes par accaparement des pouvoirs jusqu’alors détenus par le monarque ou par le seigneur73. Dans le fuero octroyé à Cáceres en 1229 au lendemain de sa conquête sur les musulmans, il est dit que la ville sera « villa per se et super se », expression qui définit exactement le statut politique de la ville : elle était autonome et s’administrait elle-même.

    47Dans les villes castillanes, qui avaient leur sceau et leur enseigne, symboles de leur autonomie, le pouvoir émanait donc du concilium. Celui-ci réunissait, en principe, tous les chefs de foyer qui possédaient la citoyenneté urbaine (vecindad). Elle était acquise aux fils de vecinos et à ceux qui, propriétaires d’une maison et résidant dans la ville depuis un temps plus ou moins long, y étaient admis par le concejo et inscrits sur la liste des contribuables et des astreints au service militaire. Le concejo prenait toutes les mesures concernant la vie de la cité, mobilisait les hommes pour les opérations militaires, administrait les biens communaux, levait les taxes municipales, répartissait les impôts royaux, élisait les magistrats et surveillait leur gestion.

    48Le pouvoir royal n’était cependant pas totalement absent des villes. Dans celles du nord du Duero, jusqu’au xiiie siècle, un membre de la haute noblesse l’y représentait avec le titre de merino. Il résidait, de façon épisodique, dans le château ou l’alcazar, mais il n’intervenait pas dans les affaires urbaines. Le roi gardait aussi le pouvoir d’octroyer des privilèges et des fueros, des exemptions fiscales, des marchés et des foires, de modifier les limites des territoires communaux, de convoquer à l’ost la milice municipale.

    49Les magistrats municipaux, dont tous les membres du concejo étaient en théorie électeurs et éligibles, apparurent vers le début du xiiie siècle. Leurs attributions étaient judiciaires et militaires, leur mandat annuel. Il s’agissait, dans les villes du nord du Duero, des juges et des alcaldes, dans celles du sud, d’un alcalde par quartier-paroisse et d’un seul juge (juez) qui était désigné, à tour de rôle, par les quartiers. Ce dernier portait l’enseigne et commandait la milice formée par les contingents de chaque quartier. Le concejo élisait aussi, pour assister les magistrats, un écrivain-notaire (escribano), un surveillant du marché et des poids et mesures (almotacen), un exécuteur des décisions judiciaires (alguazil), un administrateur des finances municipales (clavario puis mayordomo) et des jurados dont la fonction apparaît mal définie. Les habitants de l’alfoz ne faisait pas partie de l’assemblée urbaine et ne pouvaient pas être magistrats. Chaque lugar avait son propre concejo et ses alcaldes, élus par lui ou nommés par la ville et dont les compétences étaient limitées. Dans les Extrema durii, les pueblos étaient généralement regroupés à des fins fiscales et militaires, en circonscriptions appelées sesmos.

    50La plus grande partie du réseau urbain castillan était formée de concejos royaux. En Castille, au xiiie siècle, J. Gautier-Dalché estimait leur nombre à au moins 150, dont tous les centres importants. Seules faisaient exceptions, au nord du Tage, les vieilles cités épiscopales de Galice, Compostelle, Tuy, Lugo, Orense et Sahagún qui se trouvait sous la juridiction de l’abbé du monastère ; mais, dans la pratique, le roi considérait prélats et abbés comme ses représentants, et convoquait leurs villes aux cortes. Au sud, par contre, les bourgades de la Manche et de l’Estrémadure actuelle ainsi que les localités secondaires d’Andalousie et de Murcie appartenaient aux ordres militaires. Ces concejos du domaine royal étaient et restèrent les appuis les plus solides de la monarchie. Ils administraient leurs territoires au nom du roi, lui fournissaient des troupes mais surtout des ressources financières. Dans la seconde moitié du xiiie siècle, ils étaient déjà dominés par une oligarchie composée très majoritairement de caballeros de villa, propriétaires de terres et de troupeaux.

    Les villes entre la noblesse et le pouvoir royal

    51À partir de la seconde moitié du xiiie siècle, les concejos allaient se trouver confrontés à une double offensive, celle, d’une part, du pouvoir royal qui s’efforçait d’imposer directement son autorité sur eux sans remettre en cause l’hégémonie sociale et politique des caballeros et celle, d’autre part, de la haute noblesse qui cherchait à agrandir ses domaines au détriment de leur alfoces et à exercer son influence et son contrôle sur les politiques urbaines. Cet affrontement s’est déroulé sur un arrière-fond de conflits qui ont mis aux prises la monarchie et la noblesse et dont les villes ont été à la fois agents, enjeux et victimes74. Elle se fit en plusieurs étapes que je résume sommairement ci-dessous75.

    52Le règne d’Alphonse X inaugura une période d’alliance objective active entre les villes et le pouvoir royal. Le coup d’arrêt donné aux opérations de reconquête au milieu du xiiie siècle priva les Castillans à la fois d’une source de revenus traditionnels et de la mobilité sociale que celle-ci impliquait. Les caballeros qui composaient les élites urbaines allaient donc tenter de transformer leurs privilèges de fait en privilège de droit et de donner à leur situation une base juridique. Leurs aspirations rejoignaient à cette occasion les souhaits du roi de s’assurer le concours d’une milice permanente et un apport financier qui se substituait aux profits de guerre. La couronne sanctionna par une série de privilèges fiscaux, économiques et honorifiques depuis l’exemption des contributions jusqu’à l’octroi de la noblesse, la prééminence sociale et politique des caballeros au sein des communautés urbaines. En échange, les villes fournissaient au souverain l’aide militaire et pécuniaire dont il avait besoin.

    53Les besoins d’argent contraignirent Alphonse X à réunir fréquemment les Cortès pour demander aux procureurs des villes leur consentement pour la levée d’impôts extraordinaires, les servicios, et solliciter leurs conseils sans être en aucune façon tenue de les suivre. Lors des sessions des Cortès les procureurs exposaient leurs pétitions et les mesures qu’ils souhaitaient voire adopter pour y porter remède. De son côté le roi promulguait en Cortès les lois générales pour leur assurer la publicité nécessaire. Ainsi un dialogue s’établit entre le monarque et les concejos. Pour obtenir des subsides, le roi était amené à justifier ses demandes et à rendre compte de sa politique. De leur côté les procureurs le renseignaient sur l’état du royaume par leurs doléances.

    54Dans le même temps Alphonse X multiplia les atteintes à l’autonomie urbaine. Sous des prétextes divers – désordres, justice mal rendue –, et parfois à la demande du concejo divisé, le roi envoya des enquêteurs (pesquisidores, veedores) dans les villes. Il y délégua des juges ou, comme à Burgos, des alcaldes mayores, chargés de la justice d’appel. Alphonse X tenta aussi de substituer aux divers fueros, un code unique, le Fuero Real, qui, inspiré du droit romain, réservait au roi la nomination des principaux magistrats municipaux. Prématurée, la tentative se solda en partie par un échec et le Fuero Real fut retiré mais les intrusions du pouvoir royal dans le gouvernement des villes se poursuivirent.

    55Les troubles de deux minorités successives, de Ferdinand IV, 1295-1301 et d’Alphonse XI, 1312-1325, en plaçant la monarchie dans la dépendance des villes, furent l’occasion pour les concejos de s’affirmer comme force politique à l’échelle du royaume grâce à leur action collective aux Cortès et par l’organisation de ligues urbaines, les hermandades76. En 1282 et 1295 des concejos s’unirent ainsi en des hermandades régionales. En 1315, aux cortès de Burgos, ils décidèrent de créer une Hermandad générale avec un certain nombre de nobles. Celle-ci unit 96 villes et 109 hidalgos. Comme en 1295, il y eut trois ligues : Castille, Léon et Galice, Tolède et Estrémadoure, mais elle avait pour ambition d’être une institution permanente puisque trois hidalgos et trois délégués des villes devaient demeurer en permanence auprès du roi77.

    56À aucun moment les représentants des concejos et les ligues n’ont prétendu modifier l’ordre social et politique existants et même manifesté une attitude anti-nobiliaire, Leur conduite a été inspirée par des réflexes essentiellement conservateurs. Les oligarchies urbaines voulaient un pouvoir royal fort mais respectueux de l’autonomie des concejos, c’est-à-dire de leur propre pouvoir. Elles attendaient du roi – ou des régents qui gouvernaient en son nom – qu’il rétablisse l’ordre en mettant fin aux exactions de la noblesse, qu’il limite ses dépenses dont les villes faisaient les frais en réduisant les traitements et les soldes des combattants nobles, qu’il restitue aux concejos les terres et les lugares qu’il leur avait concédés et qu’il ne procède plus à de nouvelles aliénations ni à des nominations de magistrats étrangers.

    57Les minorités de Ferdinand IV et Alphonse XI n’ont marqué qu’une pause dans le déclin des autonomies urbaines et par la suite les concejos ne retrouvèrent jamais le rôle politique qu’ils avaient joué entre 1295 et 1325 sans parvenir pour autant à obtenir des garanties durables pour leurs franchises et leur libertés car à aucun moment les procureurs aux Cortés n’utilisèrent l’arme qui aurait consisté à refuser l’octroi des subsides. Ils se contentèrent d’en discuter le montant. Les hermandades n’ont jamais regroupé l’ensemble des concejos. Néanmoins, si elles s’étaient perpétuées, elles auraient représenté une menace potentielle pour le pouvoir souverain puisque les forces qu’elles mettaient sur pied échappaient à son contrôle. Mais lorsque le roi, devenu majeur, assumait personnellement le gouvernement, leur raison d’être disparaissait puisque c’était à lui seul désormais que revenait la charge du maintien de la paix intérieure. S’ils ont sauvé le principe monarchique et la personne même du monarque, les concejos en ont également tiré de grands profits quant à leur autonomie et leur rôle politique. Au niveau interne les élites urbaines achevèrent de s’organiser et firent sanctionner par la couronne le monopole qu’elles exerçaient sur les pouvoirs urbains. Dans les villes de Castille et León elles s’organisèrent en lignages qui comprenaient un certain nombre de « maisons » pour se répartir les offices municipaux. Par ailleurs, elles avaient besoin du roi pour maintenir leur prédominance et les avantages qu’elles en retiraient face au commun qui la leur disputait78.

    58Le règne personnel d’Alphonse XI (1325 – 1350) a été marqué par le renforcement de l’autorité monarchique et la consolidation des oligarchies locales. De la reprise en main du royaume date le début du déclin des villes qui commencèrent à perdre leur autonomie politique interne et leur rôle politique externe. Mais cette diminution de pouvoir s’effectua avec l’assentiment des élites, confortées dans leur situation et qui bénéficiaient de la paix retrouvée.

    59Le monarque, qui reprenait la politique d’Alphonse X, ne voulut pas comme lui imposer un fuero valable pour toutes les villes, mais il multiplia les ordonnances sur les questions les plus diverses. En 1348, aux Cortès d’Alcala, il en édicta une dont les articles devaient primer sur ceux des fueros locaux dont plus aucun nouveau ne fut concédé par la suite.

    60En ce qui concerne les gouvernements urbains, l’acte essentiel a été la création du regimiento qui fit passer les attributions du conseil général à un collège de regidores nommés à vie par le roi directement ou sur présentation des regidores en exercice. En nombre variable, de 8 à 16, avec un maximum de 24 selon les villes, ils devaient se réunir deux fois par semaine avec les magistrats – alcaldes et jurados, mayordomo (receveur) – pour régler les affaires de la ville. Ce système fut imposé entre 1326 et 1348 d’abord dans les villes du sud et seules quelques rares villes comme Tolède refusèrent de l’adopter. Il devait rester en vigueur jusqu’au début du xixe siècle.

    61Le regimiento visait à mettre fin aux querelles entre lignages et bandos qui se disputaient le pouvoir dans les villes et à assurer la prépondérance des caballeros. Sa création n’a donc pas été une révolution puisqu’elle consacrait une évolution qui remontait à la seconde moitié du xiiie siècle, mais elle officialisait le monopole politique de l’oligarchie au sein de laquelle elle institutionnalisait au pouvoir un petit groupe, ce qui à terme portait en germe des tensions avec les autres membres des familles de l’oligarchie qui en étaient exclues. Le regimiento n’a pas eu non plus pour conséquence une diminution des compétences des gouvernements urbains qu’il n’a pas transformés en relais du pouvoir royal car les regidores et les magistrats administraient librement la ville qui les rétribuait, mais comme ils tenaient leur pouvoir de la monarchie et non plus du concejo, ils se transformaient en représentants du monarque79.

    62Les Trastamares, qui accédèrent au trône en 1369 avec Henri II poursuivirent la politique d’Alphonse XI80, qui visait à renforcer sur le plan doctrinal et institutionnel le pouvoir royal sur des gouvernements urbains avec l’assentiment de l’oligarchie qui en contrepartie gérait librement de tout ce qui touchait à l’économie et à la fiscalité municipale et participait à la gestion de la fiscalité directe de la monarchie dont les villes subissaient la pression accrue81.

    63Le dialogue fut cependant maintenu aux Cortès qui furent réunies à nouveau avec une certaine régularité à partir de 1367 car les besoins financiers de la Couronne – en proie à la guerre contre le Portugal – ne cessèrent d’augmenter surtout après la défaite d’Aljubarrota en 1385. Pour obtenir des fonds, Jean Ier leur rendit compte de sa politique et accepta même en 1386 qu’une délégation de procureurs veillât à l’emploi des sommes récoltées et examinât ses comptes. Mais ces concessions conjoncturelles furent vite révoquées. Les Cortès jouèrent encore un rôle durant la minorité de Jean II et lors des crises politiques, mais ce ne furent que des rémissions transitoires82. Leur « programme » n’était plus guère que défensif et leurs plaintes contre les abus des agents royaux ne trouvaient que peu d’écho et leur répétition même en révèle le peu de portée.

    64Les souverains prirent aussi l’habitude de nommer, dès les années 1390, dans certaines villes, mais pas toujours contre l’avis des dirigeants, des agents expressément envoyés pour de courtes périodes, les corregidores, qu’ils désignaient eux-mêmes83. Leurs missions étaient toujours temporaires et souvent de courte durée, mais fréquemment renouvelées jusqu’à ce que les rois catholiques fassent du corregidorat une institution permanente, base de l’administration territoriale du royaume.

    65Le règne de Juan II (1406-1454) sonna le glas de l’autonomie urbaine84. Au niveau interne, l’ingérence du pouvoir royal était de plus en plus notable : nomination directe de regidores, concession à des familiers de magistratures urbaines, aliénations de plus en plus nombreuses d’alfoces des villes au profit des membres de la « nouvelle noblesse85 » – ce qui représentait une perte de pouvoir économique pour ces agglomérations –, multiplication des exemptions fiscales personnelles et des privilèges aux institutions aux dépens de l’économie urbaine, autorisation à des Grandes de percevoir des alcabalas au sein des villes du realengo que le roi considérait comme des biens propres86.

    66Le rôle des Cortès déclina rapidement car dès la fin du xive siècle, leur accord n’était plus sollicité pour lever les deux impôts qui représentaient l’essentiel des ressources de la monarchie, l’alcabala et le diezmo douanier87. Alors que le nombre de villes représentées était de 101 à Burgos en 1315, de 91 à Madrid en 1391, Jean II réduisit leur nombre à 17 : Avila, Burgos, Cuenca, Cordoue, Guadalajara, Jaén, León, Madrid, Murcie, Salamanque, Ségovie, Séville, Soria, Tolède, Valladolid et Zamora et limita à deux par ville le nombre de procureurs. À partir de 1422 il accepta de les rémunérer sur le trésor royal et invitait les municipalités à élire des personnes de son choix, souvent des letrados, membres de son conseil, ce qui faisait des procureurs des instruments dociles entre les mains de la monarchie. Rien d’étonnant à ce qu’ils aient défendu le « pouvoir royal absolu » du « roi et souverain seigneur », comme aux cortès d’Olmedo en 1445. Leurs plaintes ne portaient désormais plus guère que sur les abus évidents des justices privées et ecclésiastiques et leurs demandes sur une limitation de l’ingérence du roi dans les gouvernements urbains. Les élites urbaines, conservèrent, toutefois en tant que groupe social spécifique, un certain pouvoir. Ainsi à la fin du xive siècle, le Conseil Royal créé en 1385 comptait parmi ses membres 1/3 de letrados provenant des villes.

    67Les villes allaient jouer à nouveau un certain rôle politique à partir des années 1440 lorsque les classes urbaines actives, sous le nom de comunidades et liguées à nouveau entre elles en hermandades, prirent le parti du roi et s’opposèrent, politiquement, économiquement et même militairement, aux bandos des nobles qui se consacraient essentiellement à l’élevage et à l’exportation de laine, mettant ainsi en péril les économies urbaines basées sur la transformation de cette matière première et le commerce. Mais dès que le pouvoir royal sous les Rois Catholiques parvint à conjurer le danger que représentait la noblesse, il se débarrassa à nouveau de cet allié encombrant ou plutôt l’intégra dans l’État monarchique dont il fit un rouage tout en mettant un terme aux luttes de factions nobiliaires (bandos) génératrices de désordres et aux usurpations de la noblesse88.

    68Alors qu’à la fin du xiiie siècle, les représentants des villes dialoguaient presque sur un pied d’égalité avec le Roi, à la mort d’Isabelle la Catholique en 1504, les villes avaient pratiquement disparu de la scène politique au profit d’une noblesse puissante. Le processus amorcé dans la seconde moitié du xive siècle était arrivé à son terme. Les lignages de la noblesse titrée avaient imposé leur présence et leur domination, sinon leur pouvoir, dans les villes demeurées dans le domaine royal, particulièrement celles de la moitié sud de la Castille, grâce à leur alliance avec les oligarchies locales qui entraient dans leur clientèle et à la nomination par le roi des chefs de lignages aux charges d’alcalde mayor et d’alguazil mayor. Les Grandes avaient agrandi leurs estados au détriment des territoires urbains et certains étaient même parvenus à inclure des villes du realengo dans leurs seigneuries.

    69Les villes étaient dominées totalement par une oligarchie de caballeros et hombres principales, composée de grands propriétaires de terres et de troupeaux, notamment au sud du Duero, auxquels s’ajoutaient de gros marchands et armateurs ainsi que quelques drapiers et letrados dans des agglomérations comme Burgos, Bilbao, Séville et Cadix89. Ils avaient la maîtrise des principaux moyens de production, dominaient le grand commerce, monopolisaient les magistratures tandis que leur fonction militaire et leur savoir en faisaient les auxiliaires indispensables du pouvoir royal90. La patrimonialisation des charges de regidores, qui était devenue une pratique habituelle, fut un élément supplémentaire en faveur de la consolidation de ce groupe oligarchique91.

    70Comme dans bien d’autres cités européennes, je le répète, cette élite se voulait noble par ses idéaux et son genre de vie92. Elle se fit construire des hôtels et des chapelles funéraires, elle s’appropria une partie du sol urbain, privatisa des biens communaux et se tailla des seigneuries dans les territoires municipaux pour diversifier ses sources de revenus, acquérir une autosuffisance alimentaire et manifester sa réussite sociale93. L‘alfoz était la zone d’investissement du capital urbain des élites qui contribuaient ainsi au contrôle et à l’emprise de la ville sur son territoire qui se manifestait aussi par le crédit et l’endettement paysan.

    71La Castille – et l’Espagne en général – était un pays de villes et le royaume ne se concevait pour ses habitants que comme un ensemble de villes dont la somme composait le royaume.

    72La ville de Castille relève bien par ses caractéristiques fondamentales, non pas d’un modèle particulier que l’on pourrait qualifier de castillan ou d’« hispanique », ni même d’un modèle occidental général mais d’un modèle occidental méditerranéen. Comme en Italie, en Catalogne et en France du midi, les villes maillaient de façon serrée le territoire de la couronne de Castille. Elles centralisaient la vie économique, sociale, politique, religieuse, culturelle et artistique. Elles organisaient l’espace. Elles étaient le lieu de vie par excellence des hommes y compris de la noblesse foncière. Elles disposaient chacune d’un territoire plus ou moins étendu avec lequel elles étaient étroitement unies, mais qu’elles exploitaient, notamment sur le plan fiscal, en répartissant inégalement en leur faveur les impôts directs. Elles formaient des communautés largement autonomes. Elles étaient dominées par une élite qui monopolisait l’avoir, le savoir et le pouvoir. Elles partageaient avec les autres villes méditerranéenes la continuité avec le passé romain dans lequel elles cherchaient leur fondateur mythique.

    73Dans l’ensemble de l’Europe urbaine méditerranéenne94, les villes de Castille au temps médieval avaient toutefois une série de spécificités que l’on peut énumérer :

    • La prépondérance au point de vue économique, social et politique d’une oligarchie de caballeros, composée principalement de propriétaires de terres et de troupeaux, mais ouverte à des membres enrichis par l’artisanat, le commerce et les « lettres ».
    • En dépit du développement des activités marchandes et artisanales, l’absence d’une « bourgeoisie » – au sens occidental du terme – suffisamment étoffée et forte pour s’imposer comme groupe dominant ou même influent.
    • L’importance de la production agro-pastorale et des profits de guerre comme sources de richesse, de prestige et de pouvoir.
    • La simplicité relative de leurs gouvernements réduits à un conseil et à un groupe de magistrats.
    • L’inexistence d’une dette publique dans leurs systèmes financiers alors que ceux des villes de l’Italie centro-septentrionale, de Catalogne et de Valence s’organisaient autour d’elle.
    • Leur place privilégiée dans l’État monarchique dans lequel elles étaient intégrées.
    • Les relations conflictuelles avec la haute noblesse foncière.
    • La revendication de la noblesse et l’absence d’une culture spécifiquement urbaine.

    74La frontière n’a été qu’un moment plus ou moins bref dans « le temps des villes » de Castille et encore seulement de certaines d’entre elles95. Elle ne fut jamais un l’élément déterminant de la ville dans la Péninsule ibérique et la ville-frontière n’est pas le modèle de la ville ibérique.

    75Cette présentation trop schématique mériterait bien évidemment d’être nuancée régionalement et chronologiquement pour préciser les caractéristiques de chaque ville ou de chaque ensemble régional dans la couronne de Castille composée d’une mosaïque de territoires différents.

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    Notes de bas de page

    1 Cet article doit beaucoup à Adeline Rucquoi que je remercie vivement pour ses nombreuses suggestions lors de nos longues discussions.

    2 P. Le Roux, Romains d’Espagne, Cités et politique dans les provinces, iie siècle av. J.-C. - iiie siècle ap. J.-C., Paris, Armand Colin, 1997 ; P. Le Roux, « La ville romaine en Hispanie », in Actas da Mesa Redonda Emergência e desenvolvimento das cidades romanas no Morte da península Ibérica, Porto, 1999, p. 233-250.

    3 P. C. Díaz, « City and territory in Hispania in Late Antiquity », in Brogiolo et alii, éd., Towns and their Territories between Late Antiquity and the Early Middle Ages, Leiden, Brill, 2000, p. 3-35.

    4 C. Mazzoli, Villes d’al-Andalus, L’Espagne et le Portugal à l’époque musulmane (viiie-xve siècles), Rennes, PUR, 1998.

    5 Pour une vue d’ensemble des villes européennes au Moyen Âge, P. Boucheron et Denis Menjot avec la collaboration de M. Boone, La ville médiévale dans Histoire de l’Europe urbaine, Jean-Luc Pinol, dir., le Seuil, 2003, (rééd. 2012).

    6 Dans la perspective des travaux de F. J. Turner, The Frontier in the American History, New-York, 1920, l’intérêt ancien qui est porté à la frontière l’est dans la perspective d’une saisie globale de l’histoire du Moyen Âge ibérique en tant qu’histoire de la Reconquista. Sur la genèse de la thèse de Turner, voir R.A. Billington, Ray Allen, The Genesis of the Frontier Thesis, A Study in Historical Creativity, San Marino, California, 1971.

    7 J. Gautier-Dalché, « La ville hispanique au Moyen Âge », Concejos y ciudades en la Edad Media hispanica, Il Congreso de Estudios Medievales, Fundación Sanchez-Albornoz, León, 1990, p. 9.

    8 Ces travaux ont fait l’objet de deux bilans historiographiques successifs faits par M. Asenjo González, « La ciudad medieval castellana, Panorama historiográfico », Hispania, L/2, n° 175, 1990, p. 793-808, et « Las ciudades medievales castellanas, Balance y perspectivas de su desarrollo historiográfico (1990-2004) », En la España Medieval, 2005, p. 429-453 ; elle recense près de 500 titres publiés entre 1990 et 2004 et le foisonnement ne s’est pas tari depuis.

    9 Une telle présentation me paraît d’autant plus nécessaire que les manuels généraux et les essais sur les villes médiévales habituellement ignorent ou négligent les villes ibériques, sauf exceptions comme celui cité note 5.

    10 Sur d’autres aspects comme les sociétés urbaines, on pourra se reporter à la brève synthèse très générale et non comparative, proposée par M. F. Ladero Quesada, Las ciudades de la Corona de Castilla en la baja Edad Media (Siglos xiii al xv), Madrid, 1996, et à l’introduction à l’étude des villes de l’Espagne médiévale de M. A. Ladero Quesada, Ciudades de la España medieval. Introducción a su estudio, Madrid, Dykinson, 2010a.

    11 Pour des compléments bibliographiques, on se reportera à la longue liste qui figure dans les travaux cités note 8 et aux publications indiquées dans les travaux que je signale dans cet article.

    12 À commencer par les Chroniques asturiennes (fin du ixe siècle), éd. Y Bonnaz, Paris, CNRS éditions, 1987

    13 Jusqu’à la fin du xiiie siècle par J. Gautier-Dalché Historia urbana de León y Castilla en la Edad Media (siglos ix-xiii), Madrid, Siglo xxi, 1979.

    14 J. Passini, Villes médiévales du chemin de Saint- Jacques-de-Compostelle (de Pampelune à Burgos), Villes de fondation et villes d’origine romaine, Paris, Éd. Recherches sur les civilisations (mémoire n° 47), 1984 ; B. Arizaga Bolumburu, Urbanismo y ciudades de la Edad Media, Del Cantábrico al Duero, Santander, 2002.

    15 El Camino de Santiago y la articulación del espacio hispánico, XX Semana de Estudios Medievales, Estella, 1993, Pampelune, Gobierno de Navarra, Departamento de Educación y Cultura, 1994, p. 247-269.

    16 J. M. Lacarra, « Les villes frontières dans l’Espagne des xie et xiie siècles », Le Moyen Âge, 1963, p. 205-222.

    17 B. Chevalier, Les bonnes villes de France, Paris, Aubier, 1982, p. 11.

    18 J. I. Ruiz de la Peña Solar, « Ciudades y sociedades urbanas en la frontera castellanoleonesa, (1085-1250 circa) », in Las sociedades de frontera en la España Medieval, Saragosse, 1993, p. 81-109.

    19 P. Martínez Sopena, La Tierra de campos occidental, Poblamiento, poder y comunidad del siglo x al xiii, Valladolid, Diputación Provincial, 1985.

    20 J. M. Remolina, « Las villas nuevas medievales de Cantabria », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo, De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, n° 14, 2006, p. 99-114.

    21 B. Arizaga Bolumburu, El nacimiento de las villas guipuzcoanas en los siglos xiii y xiv : morfología y funciones urbanas, San Sebastián, Sociedad Guipuzcoana de Ediciones y Publicaciones, 1978.

    22 I. I. Ruiz de la Peña Solar, Las « polas » asturianas en la edad media : estudio y diplomatario, Oviedo, Universidad de Oviedo, 1981 ; J. I. Ruiz de la Peña Solar, M. S. Beltrán, M. Álvarez, « Las villas nuevas de Asturias. Siglos xii-xiv », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo. De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, 14, 2006, p. 115-138.

    23 R. Izquierdo Benito, N. Ávila Seoane, J. Canorea Huete, J. Molero García, D. Igual Lluis, J. Clemente Ramos, J. Alejandro Eiroa Rodríguez, « Las villas nuevas medievales del Tajo al Guadiana (Castilla-La Mancha y Extremadura) y Murcia (siglos xii-xiv) », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo. De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, 14, 2006, p. 267-308.

    24 Des villes neuves y furent aussi fondées, M. González Jiménez, M. A. Carmona, M. García, J. M. Miura, « Las villas nuevas de Andalucía en la Edad Media (siglos xiii-xvi) », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo. De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, 14, 2006, p. 349-370.

    25 Voir l’essai de synthèse de P. Boucheron, D. Menjot, op. cit., 2003, p. 123-141.

    26 Y. Guerrero Navarrete, 2008a, p. 241-242.

    27 J. Gautier-Dalché, « Les villes neuves dans l’aire castillano-léonaise de la péninsule ibérique », in R. Comba et A. Settia, I Borghi nuovi, Cuneo, 1992 ; P. Martínez Sopena, « Repoblaciones interiores, villas nuevas de los siglos xii y xiii », in Despoblación y colonización del Valle del Duero (siglos viii-xx), IV Congreso de Estudios Medievales de la Fundación Sánchez-Albornoz, 1993, León, 1995, p. 161-187 ; P. Martínez Sopena, J. L Sáinz, C. M. Reglero, V. Muñoz, A. Martín, « Las villas nuevas del norte del Duero : de la Rioja al Bierzo (siglos xii-xiii) », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo. De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, n° 14, 2006, p. 217-238 ; J. L. Sáinz Guerra, Las villas nuevas de Castilla y León, Universidad de Valladolid, Junta de Castilla y León, 2014.

    28 Par exemple, dans le préambule de la charte de peuplement de Santa María del Puerto octroyée par Alphonse X : « … Entendiendo e conosçiendo que dos cosas que son de todas las otras deuen mucho faser los reyes, la vna poblar las tierras yermas aquéllas que conuienen que sean pobladas, porque la tierra sea por ende más rica e más abondada, e la otra labrar las fortalesas que son por labrar, porque se puedan por ende mejor guardar e defender. », cf. H. Sancho de Sopranis, 1981, p. 162-163.

    29 A. Rucquoi, « Le héros avant le saint », in Véronique Lamazou-Duplan, éd., Ab urbe condita… Fonder et refonder la ville : récits et représentations (Second Moyen Âge-premier xvie siècle), actes du Colloque international de Pau, 2009, Presses Universitaires de Pau, 2011, p. 55.

    30 Sur la morphologie des villes, on consultera, F. Benito Martín, La formación de la ciudad medieval, La red urbana en Castilla y León, Université de Valladolid, 2000.

    31 G. Martínez Diez, La obra literaria de Fernando de la Torre, Universidad de Valladolid, 1983 ; J. M. Monsalvo Antón, El sistema político concejil, El ejemplo del señorío medieval de Alba de Tormes y su concejo de villa y tierra, Université de Salamanque, 1988, p. 241-250. J. M. Monsalvo Antón, « Frontera pionera, monarquía en expansión y formación de los concejos de Villa y Tierra : Relaciones de poder en el realengo concejil entre le Duero y la cuenca del Tajo (C.1072 - C.1222) », Arqueología y territorio medieval, 10, 2, 2003a, p. 45-126 ; V. Muñoz Gómez, Las comunidades de Villa y Tierra, Dinámicas históricas y problemáticas actuales, Murcie, Université de Murcie, 2012.

    32 J. A. García de Cortazar, Organización social del espacio en la España medieval, La Corona de Castilla en los siglos viii al xv, Barcelona, Ariel, 1985.

    33 P. Martínez Sopena, « Las villas del rey y las fronteras del reino (ca. 1158-1230) », in J. A. Jara Fuente, G. Martin et I. Alfonso Antón, éd., Construir la identidad en la Edad Media : poder y memoria en la Castilla de los siglos vii a xv, Cuenca, Ediciones de la Universidad de Castilla-La Mancha, 2010, p. 105-144.

    34 Voir les articles sur les dépenses des villes rassemblées par D. Menjot, M. Sánchez Martínez, La fiscalité des villes au Moyen Âge (Occident méditerranéen t. 3, La redistribution de l’impôt, Toulouse, Privat), 2000.

    35 J. F. Powers, A society organized for war, The Iberian municipal militias in the Central Middle Ages, 1000-1284, Berkeley University Press, 1988 ; le fait d’être soumis à l’impôt remplaça au début du xive siècle le critère fondé sur la nature du service militaire et on distingua désormais les caballeros, nobles et les pecheros, contribuables.

    36 J. M. Pérez Prendes, « El origen de los caballeros de cuantía y los cuantiosos de Jaén en el siglo xv », Revista de Derecho Militar, 9, 1962, p. 111-175 ; C. Pescador, « La caballería popular de León y Castilla », Cuadernos de Historia de España, 1964, p. 179-260.

    37 M. J. Diez Garretas, Las Comunidades de Villa y Tierra de la Exremadura castellana, Madrid, Editorial Nacional, 1983, p. 343-360.

    38 M. A. Ladero Quesada, Historia militar de España. Edad Media, Madrid, Laberinto/Ministerio de defensa, 2010b, p. 217-378.

    39 H. Casado Alonso, « Existió la crisis del siglo xiv ? Consideraciones a partir de los datos de la contabilidad de la catedral de Burgos, M. I. del Val Valdivieso », in P. Martínez Sopena, éd., Castilla y el mundo feudal, homenaje al profesor Julio Valdeón, vol. 3, 2009, p. 9-25 ; D. Igual Lluis, « ¿Crisis ? ¿Qué crisis ? El comercio internacional en los reinos hispánicos de la Baja Edad Media », La crisis del siglo xiv en los Reinos Hispánicos, Edad Media : revista de historia, 8, 2007, p. 203-223.

    40 La zone périurbaine était un lieu de culture intensive à haut rendement comme la huerta de Murcie ou la Campiña et la Ribera de Séville, D. Menjot, Murcie castillane, Une ville au temps de la frontière (1243-milieu du xve siècle), Madrid, Casa de Velázquez, Madrid, 2002 ; A. Collantes de Terán Sánchez, « Proyección económica de una ciudad sobre su alfoz, Sevilla a fines de la Edad Media », Archivio Storico del Sannio, 1, 1999, p. 47-64.

    41 Certains repeuplements furent des échecs comme en Andalousie et à Murcie et durent être recommencés, quelquefois à plusieurs reprises.

    42 Aucune ne pratiqua une politique de protection des travailleurs locaux en alternance avec des mesures d’encouragement à l’immigration à la différence de Bologne, A. I. Pini, « La politica demografica “ad elastico” di Bologna fra il xii e il xiv secolo », in A. I. Pini éd., Città medievali e demografia storica. Bologna, Romagna, Italia (secc. xiii-xv), Bologne, 1996.

    43 Comme l’a théorisé F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme xve-xviiie, III, Paris, 1979.

    44 M.-C. Gerbet, Un élevage original au Moyen Âge : la péninsule ibérique, Biarritz, Atlantica, 2000.

    45 Selon P. Iradiel Murugarren, Evolución de la industria textil castellana en los siglos xiii-xvi, Salamanque, 1974.

    46 D. Menjot, « Les métiers en Castille au bas Moyen Âge : approche des “vécus socio-économiques” », in Les métiers au Moyen Âge. Aspects économiques et sociaux, Louvain-la-Neuve, 1994a, p. 205-227 ; J. D. González Arce, Gremios, producción artesanal y mercado : Murcia, siglos xiv y xv, Universidad de Murcia, 2000 ; J. D. González Arce, « De la corporación al gremio, La cofradía de sastres, jubeteros y tundidores burgaleses en 1485 », Studia historica. Historia medieval, 25, 2007, p. 191-219 ; cet auteur considère que les confréries se transforment en « corporations » quand elles acquièrent des compétences juridictionnelles.

    47 R. Córdoba de la Llave, « La femme dans l’artisanat de la péninisule Ibérique », in L’artisan dans la péninsule ibérique, Razo, Cahiers du centre d’études médiévales de Nice, 14, 1994, p. 103-115.

    48 Une autre raison à cette faiblesse « corporative » pourrait résider dans la puissance des organisations des non privilégiés (pecheros) qui avaient un caractère intersectoriel et une base territoriale et topographique, c’est du moins l’hypothèse émise par J. M. Monsalvo Antón, « Gobierno municipal, poderes urbanos y toma de decisiones en los concejos castellanos bajomedievales », Las sociedades urbanas en la España Medieval, XXIX Semana de Estudios Medievales de Estella, 2002, Pampelune, Gobierno de Navarra, 2003b, p. 486.

    49 J.-P. Sosson, « Les xive et xve siècles : un âge d’or de la main d’œuvre ? Quelques réflexions à propos des anciens Pays-Bas méridionaux », in J.-M Cauchies, éd., Aspects de la vie économique des pays bourguignons, 1384-1559 : dépression ou prospérité ? Rencontres de Douai, 1986, Bâle, Publications du centre européen d’études bourguignonnes, 1987, p. 17-38.

    50 M. A. Ladero Quesada, « La política monetaria en la Corona de Castilla (1396-1497) », En la España Medieval, II, p. 79-124, 1988, p. 79-124 ; A. Mac Kay, Money, prices, and politics in fifteenth-century Castile, Londres Royal Historical Society, 1981.

    51 C’est ce qui ressort des articles rassemblés par D. Menjot et A. Rucquoi, « La construction dans la Péninsule ibérique », Cahiers de la Méditerranée, 31, Nice, 1985.

    52 M. A. Ladero Quesada, « Las aduanas de Castilla en el siglo xv », Rivista internazionale di Storia della Banca, 7, 1973a, p. 83-110 ; D. Menjot, « Économie et fiscalité : les douanes du royaume de Murcie au xive siècle » in Les Espagnes médiévales, Aspects économiques et sociaux, Mélanges J. Gautier-Dalché, Nice, 1983, p. 331-348.

    53 M. A. Ladero Quesada, « Monarquía y ciudades de realengo en Castilla. Siglos xii a xv », Anuario de Estudios Medievales, 24, p. 719-774, rééd., Poder político y sociedad en Castilla. Siglos xiii al xv. Seleccion de estudios, Madrid, Dykinson, 2014, 1994.

    54 H. Casado Alonso, « Medina del Campo Fairs and the Integration of Castile into 15th to 16th Century European Economy », in S. Cavaciocchi, éd., Fiere e Mercati nelle Integrazione delle economie europée, Secc xiii-xviii, Florence, Le Monnier, 2001, p. 495-517 ; le cordouan Pero Tafur dans les voyages qu’il accomplit à travers l’Europe et le Proche-Orient entre 1436 et 1439 les comparait à celles d’Anvers.

    55 J. M. Sánchez Benito, La Corona de Castilla y el comercio exterior, Madrid, 1993 ; H. Casado Alonso, Castilla y Europa, Comercio y mercaderes en los siglos xiv, xv y xvi, Burgos, 1995 ; H. Casado Alonso, « Crecimiento economico, redes de comercio y fiscalidad en Castilla a fines de la Edad Media », in J. A. Bonachía Hernando et D. Carvajal de la Vega, éd., Los negocios del hombre, Comercio y renta en Castilla, Siglos xv y xvi, 2012, p. 17-35.

    56 B. Arizaga Bolumburu, « Las actividades económicas en las villas marítimas del norte peninsular », Las sociedades urbanas en la España Medieval, XXIX Semana de Estudios Medievales de Estella, 2002, Pampelune, Gobierno de Navarra, 2003, p. 195-242.

    57 M. A. Ladero Quesada, La Hacienda real de Castilla en el siglo xv, Universidad de la Laguna, 1973b, p. 61-94.

    58 R. García-Villoslada, Historia de la Iglesia en España, II/1 : La Iglesia en la España de los siglos viii-xiv, Madrid, Biblioteca de autores cristianos, 1979.

    59 Sur l’art à l’époque médiévale, on pourra se reporter au manuel de J. Yarza Luaces, Historia del arte Hispánico, II. La Edad Media, Madrid, Alhambra, 1978.

    60 Città e servizi sociali nell’Italia dei secoli xii-xv, Actas del XII congreso de Pistoia, 1987, Pistoia, 1990 ; D. Menjot, 1999, p. 873-900 ; les progrès furent aussi plus tardifs dans le domaine des services urbains : approvisionnement en eau, évacuation des eaux usées, pavage des rues, assistance et charité, installation d’une horloge.

    61 Les exceptions sont rares. Ainsi, en deux occasions à Murcie au début du xve siècle de 1406 à 1409 et de 1415 à 1419, deux bacheliers es-arts, venus de l’extérieur, ouvrirent avec l’aval des autorités municipales, une école de grammaire concurrente de celle de la cathédrale. À Séville au xve siècle, des bacheliers assistaient à l’occasion les licenciés et servaient de professeurs particuliers à des élèves qui les rémunéraient.

    62 M. I. del Val Valdivieso, « La universidad en las ciudades castellanas bajomedievales », in Estudios sobre los origenes de las Universidades españolas : homenaje de la Universidad de Valladolid a la Universidad de Bolonia en su IX centenario, 1988, p. 43-68 ; A. Rucquoi, « Éducation et société dans la Péninsule ibérique au Moyen Âge », Histoire de l’Éducation, 69, 1996, p. 3-36.

    63 A. Rucquoi, « Sociétés urbaines et universités en Castille au Moyen Âge », in D. Poiron, éd., Milieux universitaires et mentalité urbaine au Moyen Âge, Paris, Sorbonne, 1987a, p. 103-117 ; M. I. del Val Valdivieso, « Universidad y oligarquía urbana en la Castilla bajomedieval », in S. Aguadé Nieto, éd., Universidad, cultura y sociedad en la Edad media, Alcalá de Henares, 1994a, p. 147-157.

    64 C. Heusch, « Alfonso de Madrigal, dit “El Tostado”, et la diffusion du savoir des Artiens de Salamanque (première moitié du xve siècle) » ; « Proto-humanisme et élites lettrées dans la Castille du xve siècle », in Patrick Gilli, dir., Les élites lettrées au Moyen Âge. Modèles et circulation des savoirs en Méditerranée occidentale (xii-xve siècles), Presses universitaires de la Méditerranée, 2008, p. 281-302 et p. 303-331.

    65 Sur la culture hispanique en général, voir H. Santiago-Otero, La cultura en la edad media hispana (1100-1470), Lisbonne, 1996.

    66 A. MacKay, « Cultura urbana y oligarcas sevillanos en el siglo xv », Andalucía medieval, actas del I Congreso de Historia de Andalucía, 1976, vol. 2, 1978, p. 163-172.

    67 A. Rucquoi, « La cultura y las élites en la Valladolid medieval », in Valladolid, historia de una ciudad, Valladolid, Ayuntamiento, 1999, p. 175-197.

    68 A. Rucquoi, « La noblesse urbaine en Castille (xiiie-xve siècle) », 106e congrès des Sociétés Savantes, Perpignan, 1981, p. 35-47 ; A. Rucquoi, « Être noble en Espagne aux xive-xvie siècles », in O. G. Oexle et W. Paravicini, éd., Nobilitas. Funktion und Repräsentation des Adels in Alteuropa, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1997, p. 273-298 ; J. A. Bonachía Hernando, « “Mas honrada que ciudad de mis reinos“, La nobleza y el honor en el imaginario urbano (Burgos en la Baja Edad Media) », in J. A. Bonachía Hernando, éd., La ciudad medieval, Aspectos de la vida urbana en la Castilla bajomedieval, Université de Valladolid, 1996, p. 169-212.

    69 À l’imitation des principales maisons nobiliaires de Castille qui dans la même période se construisent une mémoire généalogique, A. Dacosta, J. R. Prieto Lasa, J. R. Díaz de Durana, éd., La conciencia de los antepasados, La construcción de la memoria de la nobleza en la baja Edad Media, Madrid, Marcial Pons Historia, 2014.

    70 A. Rucquoi, « le héros avant le saint », in Véronique Lamazou-Duplan, éd., Ab urbe condita… Fonder et refonder la ville : récits et représentations (Second Moyen Âge-premier xvie siècle), actes du Colloque international de Pau, 2009, Presses universitaires de Pau, 2011, p. 55.

    71 J. Ma Monsalvo Antón, Los concejos de Castilla, siglos xi-xiii, Santander, 1991.

    72 Certaines villes n’obtinrent jamais de fuero à commencer par Tolède à laquelle les rois accordèrent cependant de nombreux privilèges ; elle n’avait pas non plus de concejo, M. A. Ladero Quesada, « Toledo en época de la frontera », Anales de la Universidad de Alicante, Historia Medieval, 3, 1984, p. 71-98.

    73 J. Gautier-Dalché, op. cit., 1990, p. 67-95.

    74 Les conflits avec l’Église furent aussi fréquents, mais, sauf dans les quelques seigneuries ecclésiastiques, ils ne portèrent plus guère que sur l’immunité fiscale des biens ecclésiastiques et des clercs et sur des problèmes de juridiction, M. A. Ladero Quesada et J. Sánchez Herrero, « Iglesia y ciudades », Las ciudades andaluzas (siglos xiii-xvi), VI Coloquio de Historia Medieval de Andalucía, Málaga, 1991, p. 227-264.

    75 Elles sont détaillées par M. A. Ladero Quesada, op. cit., 1994, p. 719-774, rééd. dans Poder político, 2014, p. 333-376.

    76 M. A. Ladero Quesada, « La Corona de Castilla : transformaciones y crisis políticas, 1250-1350 », in Europa en las umbrales de la crisis (1250-1350), XXI Semana de Estudios Medievales de Estella, 1994, Pampelune, 1995, p. 275-322 ; A. Rucquoi, « Pouvoir royal et oligarchies urbaines d’Alfonso X à Fernando IV de Castille », in Genesis medieval del estado moderno. Castilla y Navarra (1250-1370), Valladolid, Ambito, 1987b, p. 173-192 ; H. Casado Alonso, « Las relaciones poder real-ciudades en Castilla en la primera mitad del siglo xiv », in Genesis medieval del estado moderno, Castilla y Navarra (1250-1370), Valladolid, Ambito, 1987a, p. 193-215.

    77 J. M. Mínguez, « Las Hermandades generales de los concejos en la Corona de Castilla (objetivos, estructura interna y contradicciones en sus manifestaciones iniciales) », Concejos y ciudades en la Edad Media hispánica : II Congreso de Estudios Medievales, Fundación Sánchez-Albornoz, 1990, p. 537-567. M. Asenjo González, « Ciudades y Hermandades en la Corona de Castilla : Aproximación sociopolítica », Anuario de Estudios Medievales, 27, 1, 1997, p. 103-146.

    78 Ainsi à Valladolid le commun regroupé dans un parti appelé la voz del pueblo exigea en 1320 d’être représenté au concejo et instaura même par la suite une sorte de gouvernement « populaire » auquel l’élite ne réussit à mettre fin en 1332 qu’avec l’appui du roi, A. Rucquoi, Valladolid en la Edad Media. t. 1 Génesis de un poder, Junta de Castilla y León, 1987c, p. 307-308. Sur les attitudes socio-politiques et les relations entre l’élite et le commun, voir M. I. del Val Valdivieso, Aspiraciones y actitudes socio-políticas, « Una aproximación a la sociedad urbana de la Castilla bajomedieval », in J. A. Bonachía Hernando, éd., La ciudad medieval, Aspectos de la vida urbana en la Castilla bajomedieval, Université de Valladolid, 1996, p. 213-254.

    79 J. M. Monsalvo Antón, « La sociedad política en los concejos castellanos de la meseta durante la época del regimiento medieval. La distribución social del poder », Concejos y ciudades en la Edad Media hispánica : II Congreso de Estudios Medievales, Fundación Sánchez-Albornoz, 1990, p. 357-413 ; M. I. del Val Valdivieso, « Oligarquía versus “común” (consecuencias sociopolíticas del triunfo del regimiento en las ciudades castellanas) », Medievalismo, 4, 1994b, p. 41-58.

    80 Le pouvoir royal poursuivit son oeuvre centralisatrice en créant les instruments nécessaires à cette politique : l’Audiencia (tribunal) (1373), la Chancellerie et le Conseil Royal en 1385, voir D. Torres Sanz, La administración central castellana en la baja Edad Media, Université de Valladolid, 1982.

    81 Les villes se chargeaient de percevoir les pedidos et le cierto des monedas, D. Menjot, « Les villes castillanes et la fiscalité royale : le cas de Murcie sous les Trastamare (1369-1474) », Corona, municipis i fiscalitat a la baixa edat media, Lérida, Institut d’Estudis Ilerdencs, 1997, p. 125-143.

    82 Sur les Cortès, voir les articles rassemblés dans Las Cortes de Castilla y León en la Edad Media, Cortes de Castilla y León, 1988.

    83 A. Bermúdez Aznar, El corregidor en Castilla durante la baja edad media, (1348-1474), Murcie, 1974 : ces agents étaient apparus sous Alphonse XI.

    84 À titre d’exemple pour les relations roi, noblesse et élites urbaines dans une ville, Burgos, voir Y. Guerrero Navarrete, « Rey, nobleza y elites urbanas en Burgos (siglo xv) », in F. Foronda et A.I Manchado, éd., El contrato político en la Corona de Castilla : cultura y sociedad políticas entre los siglos x al xvi, Madrid, Dykinson, 2008b, p. 241-282.

    85 M. C. Quintanilla Raso, « Historiografía de una elite de poder : la nobleza castellana bajomedieval », Hispania, 175, 1990, p. 719-736 ; M. C. Quintanilla Raso, Títulos, grandes del reino y grandeza en la sociedad política. Fundamentos en la Castilla medieval, Madrid, Silex, 2006, chapitre 1.

    86 M. A. Ladero Quesada, « Corona y ciudades en el siglo xv », En la España Medieval, 8, 1986, p. 551-574.

    87 Sur la fiscalité royale, M. A. Ladero Quesada, Fiscalidad regia y génesis del Estado en la Corona de Castilla (1252-1504), Espacio, Tiempo, Forma, Universidad Nacional de Educación a distancia, III-4, 1991, p. 95-136 ; M. A. Ladero Quesada, « Castile in the Middle Ages », in R. J. Bonney, éd., The Rise of the Fiscal State in Europe, c.1200-1815, Oxford University Press, 1999, p. 177-199. Sur les fiscalités urbaines, voir les articles rassemblés dans D. Menjot et M. Sánchez Martínez, La fiscalité des villes au Moyen Âge (Occident méditerranéen), 2, Les systèmes fiscaux, Toulouse, Privat, 1999, p. 223-258.

    88 M. A. Ladero Quesada, La España de los Reyes Católicos, Madrid, Alianza, 2005.

    89 M. Asenjo González, « Las ciudades castellanas al inicio del reinado de Carlos V », Studia Histórica, Historia Moderna, 21, 1999, p. 68 ; R. Sánchez Saus, « Los patriciados urbanos », Medievalismo, 13-14, 2004, p. 143-156.

    90 Ce qui n’empêche pas que les non-privilégiés, sans participer aux gouvernements, puissent par leurs organisations et l’institutionnalisation de représentants, au moins dans des villes de Vieille Castille, constituer un contre-pouvoir, J. M. Monsalvo Antón, op. cit., 2003b, p. 475-488.

    91 Ce groupe restait toutefois toujours ouvert à des nouveaux venus enrichis par le commerce ou promus par la monarchie à l’occasion des nombreux conflits, P. Iradiel Murugarren, « Formas de poder y de organización de la sociedad en las ciudades castellanas de la Baja Edad Media », in R. Pastor y otros, Estructuras y formas de poder en la Historia, Université de Salamanque, 1991, p. 23-49.

    92 D. Menjot, « La classe dominante des villes de l’Occident méditerranéen au seuil de la modernité », En el umbral de la modernidad, Generalitat Valenciana, Valencia, 1994b, p. 181-203.

    93 Ainsi à Burgos, dans la première moitié du xve siècle, la politique d’achat de l’élite se concentra dans une quarantaine de localités ; dans la seconde moitié, les achats furent plus nombreux, plus importants et plus dispersés dans 92 endroits de la province, , H. Casado Alonso, Señores, mercaderes y campesinos. La comarca de Burgos a fines de la Edad Media, Valladolid, Junta de Castilla y León, 1987b, p. 464-467. Au xve siècle, à Séville, les territoires de l’Aljarafe et de la Ribera étaient organisés, contrôlés et exploités par les grandes familles de la ville qui y fondèrent 27 seigneuries qui occupaient 10 % de leur superficie totale et orientèrent leurs productions vers des cultures spéculatives destinées à l’exportation : le vin et l’huile, M. Borrero Fernández, El mundo rural sevillano en el siglo xv : aljarafe y ribera, Séville, 1983 ; I. Montes Romero-Camacho, Propiedad y explotación de la tierra en la Sevilla de la baja Edad Media, Séville, 1988.

    94 Les derniers apports figurent dans les communications rassemblées et publiées récemment dans la perspective de poser les premiers jalons de notre colloque par É. Malamut et M. Ouerfelli, Villes méditerranéennes au Moyen Âge, Aix-en-Provence, PUP, 2014.

    95 B. Lepetit, Le temps des villes, Villes, histoire et culture, Cahiers du centre de recherches historiques sur la Ville, Université de Strasbourg, n° 1, décembre 1994, p. 7-17. 1994, p. 7-17. Voir aussi D. Pumain et B. Lepetit, Temporalités urbaines, Paris, Economica-Anthropos, 1993.

    Auteur

    • Denis Menjot

      Université de Lyon UMR 5648/CIHAM

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    1 Cet article doit beaucoup à Adeline Rucquoi que je remercie vivement pour ses nombreuses suggestions lors de nos longues discussions.

    2 P. Le Roux, Romains d’Espagne, Cités et politique dans les provinces, iie siècle av. J.-C. - iiie siècle ap. J.-C., Paris, Armand Colin, 1997 ; P. Le Roux, « La ville romaine en Hispanie », in Actas da Mesa Redonda Emergência e desenvolvimento das cidades romanas no Morte da península Ibérica, Porto, 1999, p. 233-250.

    3 P. C. Díaz, « City and territory in Hispania in Late Antiquity », in Brogiolo et alii, éd., Towns and their Territories between Late Antiquity and the Early Middle Ages, Leiden, Brill, 2000, p. 3-35.

    4 C. Mazzoli, Villes d’al-Andalus, L’Espagne et le Portugal à l’époque musulmane (viiie-xve siècles), Rennes, PUR, 1998.

    5 Pour une vue d’ensemble des villes européennes au Moyen Âge, P. Boucheron et Denis Menjot avec la collaboration de M. Boone, La ville médiévale dans Histoire de l’Europe urbaine, Jean-Luc Pinol, dir., le Seuil, 2003, (rééd. 2012).

    6 Dans la perspective des travaux de F. J. Turner, The Frontier in the American History, New-York, 1920, l’intérêt ancien qui est porté à la frontière l’est dans la perspective d’une saisie globale de l’histoire du Moyen Âge ibérique en tant qu’histoire de la Reconquista. Sur la genèse de la thèse de Turner, voir R.A. Billington, Ray Allen, The Genesis of the Frontier Thesis, A Study in Historical Creativity, San Marino, California, 1971.

    7 J. Gautier-Dalché, « La ville hispanique au Moyen Âge », Concejos y ciudades en la Edad Media hispanica, Il Congreso de Estudios Medievales, Fundación Sanchez-Albornoz, León, 1990, p. 9.

    8 Ces travaux ont fait l’objet de deux bilans historiographiques successifs faits par M. Asenjo González, « La ciudad medieval castellana, Panorama historiográfico », Hispania, L/2, n° 175, 1990, p. 793-808, et « Las ciudades medievales castellanas, Balance y perspectivas de su desarrollo historiográfico (1990-2004) », En la España Medieval, 2005, p. 429-453 ; elle recense près de 500 titres publiés entre 1990 et 2004 et le foisonnement ne s’est pas tari depuis.

    9 Une telle présentation me paraît d’autant plus nécessaire que les manuels généraux et les essais sur les villes médiévales habituellement ignorent ou négligent les villes ibériques, sauf exceptions comme celui cité note 5.

    10 Sur d’autres aspects comme les sociétés urbaines, on pourra se reporter à la brève synthèse très générale et non comparative, proposée par M. F. Ladero Quesada, Las ciudades de la Corona de Castilla en la baja Edad Media (Siglos xiii al xv), Madrid, 1996, et à l’introduction à l’étude des villes de l’Espagne médiévale de M. A. Ladero Quesada, Ciudades de la España medieval. Introducción a su estudio, Madrid, Dykinson, 2010a.

    11 Pour des compléments bibliographiques, on se reportera à la longue liste qui figure dans les travaux cités note 8 et aux publications indiquées dans les travaux que je signale dans cet article.

    12 À commencer par les Chroniques asturiennes (fin du ixe siècle), éd. Y Bonnaz, Paris, CNRS éditions, 1987

    13 Jusqu’à la fin du xiiie siècle par J. Gautier-Dalché Historia urbana de León y Castilla en la Edad Media (siglos ix-xiii), Madrid, Siglo xxi, 1979.

    14 J. Passini, Villes médiévales du chemin de Saint- Jacques-de-Compostelle (de Pampelune à Burgos), Villes de fondation et villes d’origine romaine, Paris, Éd. Recherches sur les civilisations (mémoire n° 47), 1984 ; B. Arizaga Bolumburu, Urbanismo y ciudades de la Edad Media, Del Cantábrico al Duero, Santander, 2002.

    15 El Camino de Santiago y la articulación del espacio hispánico, XX Semana de Estudios Medievales, Estella, 1993, Pampelune, Gobierno de Navarra, Departamento de Educación y Cultura, 1994, p. 247-269.

    16 J. M. Lacarra, « Les villes frontières dans l’Espagne des xie et xiie siècles », Le Moyen Âge, 1963, p. 205-222.

    17 B. Chevalier, Les bonnes villes de France, Paris, Aubier, 1982, p. 11.

    18 J. I. Ruiz de la Peña Solar, « Ciudades y sociedades urbanas en la frontera castellanoleonesa, (1085-1250 circa) », in Las sociedades de frontera en la España Medieval, Saragosse, 1993, p. 81-109.

    19 P. Martínez Sopena, La Tierra de campos occidental, Poblamiento, poder y comunidad del siglo x al xiii, Valladolid, Diputación Provincial, 1985.

    20 J. M. Remolina, « Las villas nuevas medievales de Cantabria », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo, De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, n° 14, 2006, p. 99-114.

    21 B. Arizaga Bolumburu, El nacimiento de las villas guipuzcoanas en los siglos xiii y xiv : morfología y funciones urbanas, San Sebastián, Sociedad Guipuzcoana de Ediciones y Publicaciones, 1978.

    22 I. I. Ruiz de la Peña Solar, Las « polas » asturianas en la edad media : estudio y diplomatario, Oviedo, Universidad de Oviedo, 1981 ; J. I. Ruiz de la Peña Solar, M. S. Beltrán, M. Álvarez, « Las villas nuevas de Asturias. Siglos xii-xiv », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo. De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, 14, 2006, p. 115-138.

    23 R. Izquierdo Benito, N. Ávila Seoane, J. Canorea Huete, J. Molero García, D. Igual Lluis, J. Clemente Ramos, J. Alejandro Eiroa Rodríguez, « Las villas nuevas medievales del Tajo al Guadiana (Castilla-La Mancha y Extremadura) y Murcia (siglos xii-xiv) », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo. De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, 14, 2006, p. 267-308.

    24 Des villes neuves y furent aussi fondées, M. González Jiménez, M. A. Carmona, M. García, J. M. Miura, « Las villas nuevas de Andalucía en la Edad Media (siglos xiii-xvi) », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo. De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, 14, 2006, p. 349-370.

    25 Voir l’essai de synthèse de P. Boucheron, D. Menjot, op. cit., 2003, p. 123-141.

    26 Y. Guerrero Navarrete, 2008a, p. 241-242.

    27 J. Gautier-Dalché, « Les villes neuves dans l’aire castillano-léonaise de la péninsule ibérique », in R. Comba et A. Settia, I Borghi nuovi, Cuneo, 1992 ; P. Martínez Sopena, « Repoblaciones interiores, villas nuevas de los siglos xii y xiii », in Despoblación y colonización del Valle del Duero (siglos viii-xx), IV Congreso de Estudios Medievales de la Fundación Sánchez-Albornoz, 1993, León, 1995, p. 161-187 ; P. Martínez Sopena, J. L Sáinz, C. M. Reglero, V. Muñoz, A. Martín, « Las villas nuevas del norte del Duero : de la Rioja al Bierzo (siglos xii-xiii) », in P. Martínez Sopena et M. Mercedes Urteaga Artigas, dir., Las villas nuevas medievales del suroeste europeo. De la fundación medieval al siglo xxi : análisis histórico y lectura contemporánea, Boletín Arkeolan, n° 14, 2006, p. 217-238 ; J. L. Sáinz Guerra, Las villas nuevas de Castilla y León, Universidad de Valladolid, Junta de Castilla y León, 2014.

    28 Par exemple, dans le préambule de la charte de peuplement de Santa María del Puerto octroyée par Alphonse X : « … Entendiendo e conosçiendo que dos cosas que son de todas las otras deuen mucho faser los reyes, la vna poblar las tierras yermas aquéllas que conuienen que sean pobladas, porque la tierra sea por ende más rica e más abondada, e la otra labrar las fortalesas que son por labrar, porque se puedan por ende mejor guardar e defender. », cf. H. Sancho de Sopranis, 1981, p. 162-163.

    29 A. Rucquoi, « Le héros avant le saint », in Véronique Lamazou-Duplan, éd., Ab urbe condita… Fonder et refonder la ville : récits et représentations (Second Moyen Âge-premier xvie siècle), actes du Colloque international de Pau, 2009, Presses Universitaires de Pau, 2011, p. 55.

    30 Sur la morphologie des villes, on consultera, F. Benito Martín, La formación de la ciudad medieval, La red urbana en Castilla y León, Université de Valladolid, 2000.

    31 G. Martínez Diez, La obra literaria de Fernando de la Torre, Universidad de Valladolid, 1983 ; J. M. Monsalvo Antón, El sistema político concejil, El ejemplo del señorío medieval de Alba de Tormes y su concejo de villa y tierra, Université de Salamanque, 1988, p. 241-250. J. M. Monsalvo Antón, « Frontera pionera, monarquía en expansión y formación de los concejos de Villa y Tierra : Relaciones de poder en el realengo concejil entre le Duero y la cuenca del Tajo (C.1072 - C.1222) », Arqueología y territorio medieval, 10, 2, 2003a, p. 45-126 ; V. Muñoz Gómez, Las comunidades de Villa y Tierra, Dinámicas históricas y problemáticas actuales, Murcie, Université de Murcie, 2012.

    32 J. A. García de Cortazar, Organización social del espacio en la España medieval, La Corona de Castilla en los siglos viii al xv, Barcelona, Ariel, 1985.

    33 P. Martínez Sopena, « Las villas del rey y las fronteras del reino (ca. 1158-1230) », in J. A. Jara Fuente, G. Martin et I. Alfonso Antón, éd., Construir la identidad en la Edad Media : poder y memoria en la Castilla de los siglos vii a xv, Cuenca, Ediciones de la Universidad de Castilla-La Mancha, 2010, p. 105-144.

    34 Voir les articles sur les dépenses des villes rassemblées par D. Menjot, M. Sánchez Martínez, La fiscalité des villes au Moyen Âge (Occident méditerranéen t. 3, La redistribution de l’impôt, Toulouse, Privat), 2000.

    35 J. F. Powers, A society organized for war, The Iberian municipal militias in the Central Middle Ages, 1000-1284, Berkeley University Press, 1988 ; le fait d’être soumis à l’impôt remplaça au début du xive siècle le critère fondé sur la nature du service militaire et on distingua désormais les caballeros, nobles et les pecheros, contribuables.

    36 J. M. Pérez Prendes, « El origen de los caballeros de cuantía y los cuantiosos de Jaén en el siglo xv », Revista de Derecho Militar, 9, 1962, p. 111-175 ; C. Pescador, « La caballería popular de León y Castilla », Cuadernos de Historia de España, 1964, p. 179-260.

    37 M. J. Diez Garretas, Las Comunidades de Villa y Tierra de la Exremadura castellana, Madrid, Editorial Nacional, 1983, p. 343-360.

    38 M. A. Ladero Quesada, Historia militar de España. Edad Media, Madrid, Laberinto/Ministerio de defensa, 2010b, p. 217-378.

    39 H. Casado Alonso, « Existió la crisis del siglo xiv ? Consideraciones a partir de los datos de la contabilidad de la catedral de Burgos, M. I. del Val Valdivieso », in P. Martínez Sopena, éd., Castilla y el mundo feudal, homenaje al profesor Julio Valdeón, vol. 3, 2009, p. 9-25 ; D. Igual Lluis, « ¿Crisis ? ¿Qué crisis ? El comercio internacional en los reinos hispánicos de la Baja Edad Media », La crisis del siglo xiv en los Reinos Hispánicos, Edad Media : revista de historia, 8, 2007, p. 203-223.

    40 La zone périurbaine était un lieu de culture intensive à haut rendement comme la huerta de Murcie ou la Campiña et la Ribera de Séville, D. Menjot, Murcie castillane, Une ville au temps de la frontière (1243-milieu du xve siècle), Madrid, Casa de Velázquez, Madrid, 2002 ; A. Collantes de Terán Sánchez, « Proyección económica de una ciudad sobre su alfoz, Sevilla a fines de la Edad Media », Archivio Storico del Sannio, 1, 1999, p. 47-64.

    41 Certains repeuplements furent des échecs comme en Andalousie et à Murcie et durent être recommencés, quelquefois à plusieurs reprises.

    42 Aucune ne pratiqua une politique de protection des travailleurs locaux en alternance avec des mesures d’encouragement à l’immigration à la différence de Bologne, A. I. Pini, « La politica demografica “ad elastico” di Bologna fra il xii e il xiv secolo », in A. I. Pini éd., Città medievali e demografia storica. Bologna, Romagna, Italia (secc. xiii-xv), Bologne, 1996.

    43 Comme l’a théorisé F. Braudel, Civilisation matérielle, économie et capitalisme xve-xviiie, III, Paris, 1979.

    44 M.-C. Gerbet, Un élevage original au Moyen Âge : la péninsule ibérique, Biarritz, Atlantica, 2000.

    45 Selon P. Iradiel Murugarren, Evolución de la industria textil castellana en los siglos xiii-xvi, Salamanque, 1974.

    46 D. Menjot, « Les métiers en Castille au bas Moyen Âge : approche des “vécus socio-économiques” », in Les métiers au Moyen Âge. Aspects économiques et sociaux, Louvain-la-Neuve, 1994a, p. 205-227 ; J. D. González Arce, Gremios, producción artesanal y mercado : Murcia, siglos xiv y xv, Universidad de Murcia, 2000 ; J. D. González Arce, « De la corporación al gremio, La cofradía de sastres, jubeteros y tundidores burgaleses en 1485 », Studia historica. Historia medieval, 25, 2007, p. 191-219 ; cet auteur considère que les confréries se transforment en « corporations » quand elles acquièrent des compétences juridictionnelles.

    47 R. Córdoba de la Llave, « La femme dans l’artisanat de la péninisule Ibérique », in L’artisan dans la péninsule ibérique, Razo, Cahiers du centre d’études médiévales de Nice, 14, 1994, p. 103-115.

    48 Une autre raison à cette faiblesse « corporative » pourrait résider dans la puissance des organisations des non privilégiés (pecheros) qui avaient un caractère intersectoriel et une base territoriale et topographique, c’est du moins l’hypothèse émise par J. M. Monsalvo Antón, « Gobierno municipal, poderes urbanos y toma de decisiones en los concejos castellanos bajomedievales », Las sociedades urbanas en la España Medieval, XXIX Semana de Estudios Medievales de Estella, 2002, Pampelune, Gobierno de Navarra, 2003b, p. 486.

    49 J.-P. Sosson, « Les xive et xve siècles : un âge d’or de la main d’œuvre ? Quelques réflexions à propos des anciens Pays-Bas méridionaux », in J.-M Cauchies, éd., Aspects de la vie économique des pays bourguignons, 1384-1559 : dépression ou prospérité ? Rencontres de Douai, 1986, Bâle, Publications du centre européen d’études bourguignonnes, 1987, p. 17-38.

    50 M. A. Ladero Quesada, « La política monetaria en la Corona de Castilla (1396-1497) », En la España Medieval, II, p. 79-124, 1988, p. 79-124 ; A. Mac Kay, Money, prices, and politics in fifteenth-century Castile, Londres Royal Historical Society, 1981.

    51 C’est ce qui ressort des articles rassemblés par D. Menjot et A. Rucquoi, « La construction dans la Péninsule ibérique », Cahiers de la Méditerranée, 31, Nice, 1985.

    52 M. A. Ladero Quesada, « Las aduanas de Castilla en el siglo xv », Rivista internazionale di Storia della Banca, 7, 1973a, p. 83-110 ; D. Menjot, « Économie et fiscalité : les douanes du royaume de Murcie au xive siècle » in Les Espagnes médiévales, Aspects économiques et sociaux, Mélanges J. Gautier-Dalché, Nice, 1983, p. 331-348.

    53 M. A. Ladero Quesada, « Monarquía y ciudades de realengo en Castilla. Siglos xii a xv », Anuario de Estudios Medievales, 24, p. 719-774, rééd., Poder político y sociedad en Castilla. Siglos xiii al xv. Seleccion de estudios, Madrid, Dykinson, 2014, 1994.

    54 H. Casado Alonso, « Medina del Campo Fairs and the Integration of Castile into 15th to 16th Century European Economy », in S. Cavaciocchi, éd., Fiere e Mercati nelle Integrazione delle economie europée, Secc xiii-xviii, Florence, Le Monnier, 2001, p. 495-517 ; le cordouan Pero Tafur dans les voyages qu’il accomplit à travers l’Europe et le Proche-Orient entre 1436 et 1439 les comparait à celles d’Anvers.

    55 J. M. Sánchez Benito, La Corona de Castilla y el comercio exterior, Madrid, 1993 ; H. Casado Alonso, Castilla y Europa, Comercio y mercaderes en los siglos xiv, xv y xvi, Burgos, 1995 ; H. Casado Alonso, « Crecimiento economico, redes de comercio y fiscalidad en Castilla a fines de la Edad Media », in J. A. Bonachía Hernando et D. Carvajal de la Vega, éd., Los negocios del hombre, Comercio y renta en Castilla, Siglos xv y xvi, 2012, p. 17-35.

    56 B. Arizaga Bolumburu, « Las actividades económicas en las villas marítimas del norte peninsular », Las sociedades urbanas en la España Medieval, XXIX Semana de Estudios Medievales de Estella, 2002, Pampelune, Gobierno de Navarra, 2003, p. 195-242.

    57 M. A. Ladero Quesada, La Hacienda real de Castilla en el siglo xv, Universidad de la Laguna, 1973b, p. 61-94.

    58 R. García-Villoslada, Historia de la Iglesia en España, II/1 : La Iglesia en la España de los siglos viii-xiv, Madrid, Biblioteca de autores cristianos, 1979.

    59 Sur l’art à l’époque médiévale, on pourra se reporter au manuel de J. Yarza Luaces, Historia del arte Hispánico, II. La Edad Media, Madrid, Alhambra, 1978.

    60 Città e servizi sociali nell’Italia dei secoli xii-xv, Actas del XII congreso de Pistoia, 1987, Pistoia, 1990 ; D. Menjot, 1999, p. 873-900 ; les progrès furent aussi plus tardifs dans le domaine des services urbains : approvisionnement en eau, évacuation des eaux usées, pavage des rues, assistance et charité, installation d’une horloge.

    61 Les exceptions sont rares. Ainsi, en deux occasions à Murcie au début du xve siècle de 1406 à 1409 et de 1415 à 1419, deux bacheliers es-arts, venus de l’extérieur, ouvrirent avec l’aval des autorités municipales, une école de grammaire concurrente de celle de la cathédrale. À Séville au xve siècle, des bacheliers assistaient à l’occasion les licenciés et servaient de professeurs particuliers à des élèves qui les rémunéraient.

    62 M. I. del Val Valdivieso, « La universidad en las ciudades castellanas bajomedievales », in Estudios sobre los origenes de las Universidades españolas : homenaje de la Universidad de Valladolid a la Universidad de Bolonia en su IX centenario, 1988, p. 43-68 ; A. Rucquoi, « Éducation et société dans la Péninsule ibérique au Moyen Âge », Histoire de l’Éducation, 69, 1996, p. 3-36.

    63 A. Rucquoi, « Sociétés urbaines et universités en Castille au Moyen Âge », in D. Poiron, éd., Milieux universitaires et mentalité urbaine au Moyen Âge, Paris, Sorbonne, 1987a, p. 103-117 ; M. I. del Val Valdivieso, « Universidad y oligarquía urbana en la Castilla bajomedieval », in S. Aguadé Nieto, éd., Universidad, cultura y sociedad en la Edad media, Alcalá de Henares, 1994a, p. 147-157.

    64 C. Heusch, « Alfonso de Madrigal, dit “El Tostado”, et la diffusion du savoir des Artiens de Salamanque (première moitié du xve siècle) » ; « Proto-humanisme et élites lettrées dans la Castille du xve siècle », in Patrick Gilli, dir., Les élites lettrées au Moyen Âge. Modèles et circulation des savoirs en Méditerranée occidentale (xii-xve siècles), Presses universitaires de la Méditerranée, 2008, p. 281-302 et p. 303-331.

    65 Sur la culture hispanique en général, voir H. Santiago-Otero, La cultura en la edad media hispana (1100-1470), Lisbonne, 1996.

    66 A. MacKay, « Cultura urbana y oligarcas sevillanos en el siglo xv », Andalucía medieval, actas del I Congreso de Historia de Andalucía, 1976, vol. 2, 1978, p. 163-172.

    67 A. Rucquoi, « La cultura y las élites en la Valladolid medieval », in Valladolid, historia de una ciudad, Valladolid, Ayuntamiento, 1999, p. 175-197.

    68 A. Rucquoi, « La noblesse urbaine en Castille (xiiie-xve siècle) », 106e congrès des Sociétés Savantes, Perpignan, 1981, p. 35-47 ; A. Rucquoi, « Être noble en Espagne aux xive-xvie siècles », in O. G. Oexle et W. Paravicini, éd., Nobilitas. Funktion und Repräsentation des Adels in Alteuropa, Göttingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1997, p. 273-298 ; J. A. Bonachía Hernando, « “Mas honrada que ciudad de mis reinos“, La nobleza y el honor en el imaginario urbano (Burgos en la Baja Edad Media) », in J. A. Bonachía Hernando, éd., La ciudad medieval, Aspectos de la vida urbana en la Castilla bajomedieval, Université de Valladolid, 1996, p. 169-212.

    69 À l’imitation des principales maisons nobiliaires de Castille qui dans la même période se construisent une mémoire généalogique, A. Dacosta, J. R. Prieto Lasa, J. R. Díaz de Durana, éd., La conciencia de los antepasados, La construcción de la memoria de la nobleza en la baja Edad Media, Madrid, Marcial Pons Historia, 2014.

    70 A. Rucquoi, « le héros avant le saint », in Véronique Lamazou-Duplan, éd., Ab urbe condita… Fonder et refonder la ville : récits et représentations (Second Moyen Âge-premier xvie siècle), actes du Colloque international de Pau, 2009, Presses universitaires de Pau, 2011, p. 55.

    71 J. Ma Monsalvo Antón, Los concejos de Castilla, siglos xi-xiii, Santander, 1991.

    72 Certaines villes n’obtinrent jamais de fuero à commencer par Tolède à laquelle les rois accordèrent cependant de nombreux privilèges ; elle n’avait pas non plus de concejo, M. A. Ladero Quesada, « Toledo en época de la frontera », Anales de la Universidad de Alicante, Historia Medieval, 3, 1984, p. 71-98.

    73 J. Gautier-Dalché, op. cit., 1990, p. 67-95.

    74 Les conflits avec l’Église furent aussi fréquents, mais, sauf dans les quelques seigneuries ecclésiastiques, ils ne portèrent plus guère que sur l’immunité fiscale des biens ecclésiastiques et des clercs et sur des problèmes de juridiction, M. A. Ladero Quesada et J. Sánchez Herrero, « Iglesia y ciudades », Las ciudades andaluzas (siglos xiii-xvi), VI Coloquio de Historia Medieval de Andalucía, Málaga, 1991, p. 227-264.

    75 Elles sont détaillées par M. A. Ladero Quesada, op. cit., 1994, p. 719-774, rééd. dans Poder político, 2014, p. 333-376.

    76 M. A. Ladero Quesada, « La Corona de Castilla : transformaciones y crisis políticas, 1250-1350 », in Europa en las umbrales de la crisis (1250-1350), XXI Semana de Estudios Medievales de Estella, 1994, Pampelune, 1995, p. 275-322 ; A. Rucquoi, « Pouvoir royal et oligarchies urbaines d’Alfonso X à Fernando IV de Castille », in Genesis medieval del estado moderno. Castilla y Navarra (1250-1370), Valladolid, Ambito, 1987b, p. 173-192 ; H. Casado Alonso, « Las relaciones poder real-ciudades en Castilla en la primera mitad del siglo xiv », in Genesis medieval del estado moderno, Castilla y Navarra (1250-1370), Valladolid, Ambito, 1987a, p. 193-215.

    77 J. M. Mínguez, « Las Hermandades generales de los concejos en la Corona de Castilla (objetivos, estructura interna y contradicciones en sus manifestaciones iniciales) », Concejos y ciudades en la Edad Media hispánica : II Congreso de Estudios Medievales, Fundación Sánchez-Albornoz, 1990, p. 537-567. M. Asenjo González, « Ciudades y Hermandades en la Corona de Castilla : Aproximación sociopolítica », Anuario de Estudios Medievales, 27, 1, 1997, p. 103-146.

    78 Ainsi à Valladolid le commun regroupé dans un parti appelé la voz del pueblo exigea en 1320 d’être représenté au concejo et instaura même par la suite une sorte de gouvernement « populaire » auquel l’élite ne réussit à mettre fin en 1332 qu’avec l’appui du roi, A. Rucquoi, Valladolid en la Edad Media. t. 1 Génesis de un poder, Junta de Castilla y León, 1987c, p. 307-308. Sur les attitudes socio-politiques et les relations entre l’élite et le commun, voir M. I. del Val Valdivieso, Aspiraciones y actitudes socio-políticas, « Una aproximación a la sociedad urbana de la Castilla bajomedieval », in J. A. Bonachía Hernando, éd., La ciudad medieval, Aspectos de la vida urbana en la Castilla bajomedieval, Université de Valladolid, 1996, p. 213-254.

    79 J. M. Monsalvo Antón, « La sociedad política en los concejos castellanos de la meseta durante la época del regimiento medieval. La distribución social del poder », Concejos y ciudades en la Edad Media hispánica : II Congreso de Estudios Medievales, Fundación Sánchez-Albornoz, 1990, p. 357-413 ; M. I. del Val Valdivieso, « Oligarquía versus “común” (consecuencias sociopolíticas del triunfo del regimiento en las ciudades castellanas) », Medievalismo, 4, 1994b, p. 41-58.

    80 Le pouvoir royal poursuivit son oeuvre centralisatrice en créant les instruments nécessaires à cette politique : l’Audiencia (tribunal) (1373), la Chancellerie et le Conseil Royal en 1385, voir D. Torres Sanz, La administración central castellana en la baja Edad Media, Université de Valladolid, 1982.

    81 Les villes se chargeaient de percevoir les pedidos et le cierto des monedas, D. Menjot, « Les villes castillanes et la fiscalité royale : le cas de Murcie sous les Trastamare (1369-1474) », Corona, municipis i fiscalitat a la baixa edat media, Lérida, Institut d’Estudis Ilerdencs, 1997, p. 125-143.

    82 Sur les Cortès, voir les articles rassemblés dans Las Cortes de Castilla y León en la Edad Media, Cortes de Castilla y León, 1988.

    83 A. Bermúdez Aznar, El corregidor en Castilla durante la baja edad media, (1348-1474), Murcie, 1974 : ces agents étaient apparus sous Alphonse XI.

    84 À titre d’exemple pour les relations roi, noblesse et élites urbaines dans une ville, Burgos, voir Y. Guerrero Navarrete, « Rey, nobleza y elites urbanas en Burgos (siglo xv) », in F. Foronda et A.I Manchado, éd., El contrato político en la Corona de Castilla : cultura y sociedad políticas entre los siglos x al xvi, Madrid, Dykinson, 2008b, p. 241-282.

    85 M. C. Quintanilla Raso, « Historiografía de una elite de poder : la nobleza castellana bajomedieval », Hispania, 175, 1990, p. 719-736 ; M. C. Quintanilla Raso, Títulos, grandes del reino y grandeza en la sociedad política. Fundamentos en la Castilla medieval, Madrid, Silex, 2006, chapitre 1.

    86 M. A. Ladero Quesada, « Corona y ciudades en el siglo xv », En la España Medieval, 8, 1986, p. 551-574.

    87 Sur la fiscalité royale, M. A. Ladero Quesada, Fiscalidad regia y génesis del Estado en la Corona de Castilla (1252-1504), Espacio, Tiempo, Forma, Universidad Nacional de Educación a distancia, III-4, 1991, p. 95-136 ; M. A. Ladero Quesada, « Castile in the Middle Ages », in R. J. Bonney, éd., The Rise of the Fiscal State in Europe, c.1200-1815, Oxford University Press, 1999, p. 177-199. Sur les fiscalités urbaines, voir les articles rassemblés dans D. Menjot et M. Sánchez Martínez, La fiscalité des villes au Moyen Âge (Occident méditerranéen), 2, Les systèmes fiscaux, Toulouse, Privat, 1999, p. 223-258.

    88 M. A. Ladero Quesada, La España de los Reyes Católicos, Madrid, Alianza, 2005.

    89 M. Asenjo González, « Las ciudades castellanas al inicio del reinado de Carlos V », Studia Histórica, Historia Moderna, 21, 1999, p. 68 ; R. Sánchez Saus, « Los patriciados urbanos », Medievalismo, 13-14, 2004, p. 143-156.

    90 Ce qui n’empêche pas que les non-privilégiés, sans participer aux gouvernements, puissent par leurs organisations et l’institutionnalisation de représentants, au moins dans des villes de Vieille Castille, constituer un contre-pouvoir, J. M. Monsalvo Antón, op. cit., 2003b, p. 475-488.

    91 Ce groupe restait toutefois toujours ouvert à des nouveaux venus enrichis par le commerce ou promus par la monarchie à l’occasion des nombreux conflits, P. Iradiel Murugarren, « Formas de poder y de organización de la sociedad en las ciudades castellanas de la Baja Edad Media », in R. Pastor y otros, Estructuras y formas de poder en la Historia, Université de Salamanque, 1991, p. 23-49.

    92 D. Menjot, « La classe dominante des villes de l’Occident méditerranéen au seuil de la modernité », En el umbral de la modernidad, Generalitat Valenciana, Valencia, 1994b, p. 181-203.

    93 Ainsi à Burgos, dans la première moitié du xve siècle, la politique d’achat de l’élite se concentra dans une quarantaine de localités ; dans la seconde moitié, les achats furent plus nombreux, plus importants et plus dispersés dans 92 endroits de la province, , H. Casado Alonso, Señores, mercaderes y campesinos. La comarca de Burgos a fines de la Edad Media, Valladolid, Junta de Castilla y León, 1987b, p. 464-467. Au xve siècle, à Séville, les territoires de l’Aljarafe et de la Ribera étaient organisés, contrôlés et exploités par les grandes familles de la ville qui y fondèrent 27 seigneuries qui occupaient 10 % de leur superficie totale et orientèrent leurs productions vers des cultures spéculatives destinées à l’exportation : le vin et l’huile, M. Borrero Fernández, El mundo rural sevillano en el siglo xv : aljarafe y ribera, Séville, 1983 ; I. Montes Romero-Camacho, Propiedad y explotación de la tierra en la Sevilla de la baja Edad Media, Séville, 1988.

    94 Les derniers apports figurent dans les communications rassemblées et publiées récemment dans la perspective de poser les premiers jalons de notre colloque par É. Malamut et M. Ouerfelli, Villes méditerranéennes au Moyen Âge, Aix-en-Provence, PUP, 2014.

    95 B. Lepetit, Le temps des villes, Villes, histoire et culture, Cahiers du centre de recherches historiques sur la Ville, Université de Strasbourg, n° 1, décembre 1994, p. 7-17. 1994, p. 7-17. Voir aussi D. Pumain et B. Lepetit, Temporalités urbaines, Paris, Economica-Anthropos, 1993.

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    Menjot, D. (2018). Les villes de Castille dans l’Europe urbaine méditerranéenne au Moyen Âge (XIe-XVe siècle). In G. Buti, Élisabeth Malamut, M. Ouerfelli, & P. Odorico (éds.), Entre deux rives. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/books.pup.46410
    Menjot, Denis. « Les villes de Castille dans l’Europe urbaine méditerranéenne au Moyen Âge (XIe-XVe siècle) ». In Entre deux rives, édité par Gilbert Buti, Élisabeth Malamut, Mohamed Ouerfelli, et Paolo Odorico. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2018. doi:10.4000/books.pup.46410.
    Menjot, Denis. « Les villes de Castille dans l’Europe urbaine méditerranéenne au Moyen Âge (XIe-XVe siècle) ». Entre deux rives, édité par Gilbert Buti et al., Presses universitaires de Provence, 2018, https://doi.org/10.4000/books.pup.46410.

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    Buti, G., Malamut, Élisabeth, Ouerfelli, M., & Odorico, P. (éds.). (2018). Entre deux rives. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/books.pup.46210
    Buti, Gilbert, Élisabeth Malamut, Mohamed Ouerfelli, et Paolo Odorico, éd. Entre deux rives. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2018. doi:10.4000/books.pup.46210.
    Buti, Gilbert, et al., éditeurs. Entre deux rives. Presses universitaires de Provence, 2018, https://doi.org/10.4000/books.pup.46210.
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