Marseille
Une ville et son territoire, XIe-XIVe siècle
p. 293-324
Texte intégral
1Le territoire de Marseille, que voilà un bel inconnu. Non le diocèse, non plus que les aires de domination de la famille vicomtale puis de la commune du xiiie siècle, ou de rayonnement de l’abbaye Saint-Victor ou encore du commerce marseillais. Tous domaines amplement documentés, comme la ville stricto sensu dans ses murailles médiévales et ses faubourgs, de mieux en mieux connus. Mais bien plutôt l’aire immédiate placée sous sa dépendance, ce qui conduit à questionner la nature et les structures de cette dernière. Que n’a-t-on dit sur cette « étroite banlieue », pour citer Élisée Reclus1, ce bassin surplombé par de forts reliefs, puissants massifs karstiques et leurs annexes insulaires, parcouru par trois principaux réseaux hydrographiques, l’Huveaune, le Jarret et les Aygalades2, devenu un territoire communal de 23 000 hectares en 1789 ! Sur sa superficie d’abord, qui tranche quelque peu avec d’autres finages de cités voisines (Aix 18 600 hectares ; Avignon, 6 500 hectares), sauf Arles (et ses 75 900 hectares) qui règne sur une trompeuse Camargue issue d’un récent remodelage littoral. Une aire marseillaise où la grande ville semble avoir fait longtemps le vide. Un espace toujours jugé pauvre, trop pentu, trop sec, trop caillouteux, où l’on va chercher l’origine de l’orientation commerciale de l’économie marseillaise, selon la bonne doctrine des libéraux de la Monarchie de Juillet qui en furent les premiers historiens. Et voilà forgée l’image d’une ville médiévale, commerçante par nécessité, tournée vers l’extérieur et la mer, y compris pour son ravitaillement. Certes, c’est bien un port. Mais à trop regarder les délibérations communales, qui privilégient sans doute les moments d’exception, on peut se prendre à un jeu stérile. Si l’on veut faire autre chose que de ressasser des lieux communs, tenter de lancer une enquête sur les modes de contrôle, de peuplement et d’exploitation du finage marseillais et de ses marges, on se heurte à nombre de difficultés. D’abord, aucune étude d’ensemble n’est disponible3, sinon d’anciennes monographies à l’image du campanilisme local qui les motive souvent, éparpillées et fort inégales, malgré le recours précoce aux outils intellectuels positivistes, et desquelles se distinguent très nettement les travaux de Joseph Billioud et Édouard Baratier sur le vignoble marseillais4. Parmi l’ample bibliographie récente où brillent les archéologues, rares sont les approches élargissant le propos à la zone extérieure aux murailles et aux faubourgs, mais il y a tant à faire il est vrai5. Les sources écrites se prêtent mal à la cartographie et, du reste, en dépit des très estimables travaux de Jean-Anselme-Bernard Mortreuil († 1876) ou de Bruno Roberty († 1950), outils toujours fondamentaux6, la toponymie ancienne du territoire marseillais réclamerait une étude précise assortie d’une cartographie diachronique7. En outre, la commune actuelle de Marseille n’a pas bénéficié d’opérations archéologiques aussi denses que celles du centre historique8. Bien plus, l’urbanisme aberrant qui y règne depuis la seconde moitié du xxe siècle compte au nombre de ses forfaits quantité probable de destructions irrémédiables. Les fouilles s’avèrent fort rares et les données peu diffusées encore. Notre propos, centré sur la période allant du xie au début du xive siècle et sur les structures, délaissant les questions démographiques et d’économie agraire, sera donc programmatique, dans l’espoir de susciter d’autres perspectives, en particulier auprès de l’archéologie qui s’avère d’un apport déterminant en ces domaines.
2La maîtrise de l’étendue par une communauté quelconque consiste avant tout en effort de désignation et de délimitation. Les seconds sont déterminants au regard des premiers : c’est en prenant conscience de ce qu’ils ne sont pas, que la ville et son aire d’influence se déterminent dans l’espace et se nomment. Il conviendrait d’en dresser une typologie, en fonction des instances qui sont alors à l’œuvre : notamment pouvoirs seigneuriaux, ville en tant que réalité politique, ses élites et leurs intérêts particuliers. Mais pour Marseille, on manque cruellement de travaux de détail pour la période médiévale.
Pratiquer, nommer, borner
3Au regard du vocabulaire concernant le plat-pays marseillais, existe-t-il une désignation générique, qui le caractérisait dans son ensemble, en termes de territoire ? Une première strate lexicale, héritée des structures du pouvoir carolingien en donne l’illusion, en parlant de pagus Massiliensis, comitatus Massiliensis, ager Massiliensis, une terminologie qui renvoie aux structures diocésaines et fiscales9 mais dont la dimension spatiale demeure floue. En fait, ce mode de désignation met plutôt en avant un ensemble de droits et de juridictions dans la diversité de leurs modalités d’exercice, et s’avère tout à fait impropre à une représentation spatiale10. Du reste, la domination vicomtale, entre la fin du xe et celle du xiie siècle, s’inscrit dans ce schéma, et n’a pas non plus généré d’appellation spécifique, terra vicecomitalis et vicecomitatus Massiliensis étant d’usage tardif et ne revêtant pas de signification spatiale11. De son côté, l’affirmation d’une autonomie communale dans la première moitié du xiiie siècle correspond-elle à la genèse d’un districtus ou d’un tenementum ? À Avignon, ne trouve-t-on pas déjà en 1125 le terme de territorium appliqué à la ville, qui traduirait dans l’étendue sa capacité juridictionnelle12 ? À Marseille comme ailleurs, districtus est en effet associé à l’exercice d’une juridiction et d’une contrainte, prolongeant juridiquement la cité en l’aire qui relève de son droit. Aussi est-il propre, en association avec l’idée de territoire, soit à caractériser des désignations générales, telles tenementum sive districtus ou infra territorium Massilie, soit à distinguer diverses zones de juridictions seigneuriales puis communales, comme districtus civitatis superioris, terminos averiorum civitatis vicecomitalis Massilie13. Y compris suburbium, ces termes soulignent avant tout l’exercice d’une domination mais, hors de la ville elle-même où ils prennent un tour spatial comme le suggère la divisio de 122014, ils ne semblent pas renvoyer d’emblée à un bornage précis, et on demeure incapable d’un évaluer l’amplitude jusqu’à une date tardive. Le territoire de la ville met du temps à s’incarner.
4Du reste, pour la commune urbaine, l’environnement immédiat de la cité ne semble pas une préoccupation importante, si l’on en juge par le dispositif réglementaire du milieu du xiiie siècle15. Ce dernier montre certes la mise en place d’un personnel spécialisé dans l’application des statuts sur le territoire avoisinant, les bannerii, camperii vel extimatores talarum. La ville ne se préoccupe de son plat-pays qu’à propos de certains intérêts vitaux bien précis, au nombre de trois : en premier lieu, la question des eaux, avec les canaux, biefs et jarrets, ou celle des jardins et du maraîchage, toutes deux liées ; ensuite, la protection du ravitaillement et du commerce des denrées, soit pour éviter l’exportation des céréales, signe courant de la présence ou de la crainte de déficits vivriers, soit pour contrer l’importation de vins et raisins, et protéger le commerce local ; enfin, le problème de la divagation et circulation du bétail, des dégâts sur les cultures, à l’appui des bans et mises en défens16. Dans le lexique statutaire, une seule expression renvoie à l’idée d’une domination territoriale, d’un centre et d’une périphérie structurés : « pro utilitate communis et castrorum civium Massilie », à propos du contrôle de l’exportation des céréales et de l’importation des vins17. C’est du reste par ce biais là, celui d’une interdépendance, que se constitue juridiquement un territoire marseillais, ce que soulignent les mises en œuvre de délimitations matérielles.
5L’appropriation passe ainsi par la démarcation, processus qui privilégie plus que tout autre la pratique de l’étendue, autrement dit le finage. Il se manifeste en premier lieu par la désignation de repères visuels. Leur inventaire raisonné dans les sources écrites reste à dresser, mais on peut en tenter une première approche typologique, du reste assez commune. Ils s’expriment par un appellatif ou un toponyme, sans que l’on sache toujours si ce dernier désigne un pôle (habitat par exemple) ou un quartier. Figurent tout d’abord les dépressions et bassins, avec la Vallis Sancti Baudilii/Bauzilii attestée dès le viiie siècle, la Vallis Massilie, la basse vallée de l’Huveaune à partir de Saint-Menet, placée sous la domination des moines de Saint-Victor ; la Vallis Legonana ou Liguagnana, attestée en 1057, le bassin du prieuré Saint-Julien, polarisé autour de son ecclesia et son castrum, où la domination de la cathédrale est signalée dès le xie siècle18. S’y ajoutent les principaux reliefs, avec la montanea Stellis, qui barre le territoire marseillais au nord, et Marseilha Veyra au sud, qui est munie d’une gardia en 130219 ; ainsi que l’hydrologie, avec de nombreuses mentions de sources, cours d’eau, paluds et du rivage de la mer. Enfin, viennent les réseaux, soit de circulation, avec la via publica et sa destination, un habitat ou un point d’ancrage (une église principalement), ou encore le violum, le chemin ou le sentier, soit de parcellaire, avec l’indication de confronts, d’autres terres, vignes, jardins déterminés par leur possesseur ou leur statut (condamina episcopi, terra helemosine), les bois, hermes, gasts, garrige.
6Une première modalité de la démarcation caractérise les formes les plus anciennes d’appropriation domaniale. Elle s’applique à l’époque où la villa est le principal outil de désignation d’un lieu habité et exploité, renvoyant sans doute davantage à un certain usage de l’étendue en contexte de faible densité démographique, qu’à un mode particulier d’exploitation, à moins qu’il ne s’agisse aussi d’un archaïsme du scribe en certain contexte, ecclésiastique notamment. Ces domaines ruraux relèvent en effet soit de la cathédrale, soit des moines de Saint-Victor. Il s’agit moins d’habitats ou de zones polarisées, que d’aires domaniales fort anciennement pratiquées, localisées à la périphérie de la cité. D’ailleurs, ce mode de désignation aboutit souvent au xiiie siècle en celle de tenementum, qui renvoie à un ressort seigneurial. On dénombre la villa de Feian/Feihans, au-dessus de Mazargues, à La Couffone, qui est encore qualifiée de villula en 1218, et qui relève du prévôt du chapitre cathédral en 129620. La villa Sarturiano, dans la zone de Saint-Barnabé, Saint-Pierre et Saint-Jean-du-Désert, paraît en décembre 971, à l’occasion d’une donation d’une vigne qui y est localisée21. Elle relève du chapitre au plus tard en 1176, et le toponyme Sarturian est alors qualifié de tenementum22. On peut leur adjoindre une Villa Vetus à Séon, signalée à travers une localisation de 1180, qui pourrait suggérer une forme d’abandon23. Enfin et surtout, voici la villa de Caravaillan ou Carvillan (Carbilianus, Carvilianus), acquise par les moines victorins en 84024, située dans la zone de Sainte-Marguerite et Valbarelle, entre Huveaune et reliefs méridionaux. C’est la seule qui nous ait transmise une procédure significative de ces premières formes d’appropriation de l’espace. Vers 1015-1045, l’abbé de Saint-Victor réclama la restitution de terres où s’étaient implantés des alleutiers, ce qui donna lieu à un plaid devant les vicomtes25. On entreprit alors une délimitation de la villa, dont on inventoria les principaux repères : Monte Cacumina au sud, l’Huveaune, un ancien mausolée, le ruisseau d’Albareta, et divers reliefs (Cotes). Le domaine se perpétua et s’accrut de divers autres droits et équipements : des acquisitions diverses dans les années 1030 et 104026 ; après la reconstitution de leur emprise et la soumission des alleutiers, les moines bénéficièrent de cessions opérées par l’évêque, qui y ajouta des donations de dîmes relevant de l’église Saint-Mitre de Carvillan en 104727 ; les religieux installent un moulin vers 104528. Puis les terres de Carvillan sont gagées par Saint-Victor aux juifs de Marseille et rachetées en juin 1185 par l’un des bienfaiteurs des victorins, l’évêque d’Antibes Foulque29. En 1229, la zone paraît désormais sous le terme de tenementum30 et elle est toujours équipée en moulins, notamment celui de Vivaud31. Au xie siècle, démarquer repose sur de grandes unités topographiques, repères généraux plutôt que bornes : en contexte de faible densité démographique, la villa est une aire d’emprise à la périphérie mouvante, propre à la constitution d’un territoire en archipel.
7L’ancienneté de cette forme domaniale pose la question de la polarisation de l’habitat dans l’aire suburbaine. Elle est fort malaisée à percevoir, et s’exprime principalement par la mention de points d’encadrement de la population, comme les églises, ou à l’occasion de la délimitation de juridictions seigneuriales. L’exemple de Séon, un domaine relevant de la cathédrale, est significatif d’un procédé qui s’achemine désormais vers un bornage32. C’est en premier lieu l’église Saint-André qui paraît dans les sources, au xie siècle33, avant que le toponyme ne lui soit associé en 1190 (Sancti Andree de Seong), puis employé seul (Seoing en 127634). Cette évolution terminologique, dont on connaît les limites, pourrait suggérer une mutation classique de groupement autour d’un pôle ecclésial. Ce développement, sans doute aussi démographique, et l’exercice de juridictions seigneuriales dans une zone de marge et de probables conquêtes agraires, conduisent à définir des limites précises : en juillet 1180, un arbitrage de l’évêque de Toulon attribue ainsi à son homologue de Marseille le territoire de Séon, mais en réservant les droits du chapitre35. On place alors des bornes (posuimus/effecimus terminos) : la Vallis Garnerii, la voie, le relief, la mer, distinguant ce qui est au nord et à l’ouest, vers Gignac, avec des dîmes et des tasques, que l’on attribua au chapitre, et ce qui semble au sud (versus casales Ville Veteris), avec des droits semblables, accordé à l’évêque. À l’issue sans doute de la polarisation d’un habitat autour d’un espace de culte, et dans un contexte d’expansion des terres cultivées, c’est sans doute à l’émergence d’un territoire similaire à celui des castra ruraux que l’on assiste alors, à l’échelle d’un territoire suburbain.
8Dans le cas de la villa de Carvillan et du territoire de Séon, les délimitations à l’œuvre, mais selon des procédés et des modes de désignation différents, concourent à fragmenter l’espace domanial suburbain au gré d’une occupation accrue de l’espace rural, d’une pression sur la terre et d’une « seigneurialisation » des pouvoirs ecclésiastiques. Il conviendrait également de dresser un tableau précis des decimarie des diverses églises du territoire marseillais, qui s’inscrivent aussi dans ces processus36. Ces démarcations s’adaptent à un monde rural en développement, mais concernent une échelle locale, celle de la pratique courante de l’étendue et des juridictions.
9En revanche, les délimitations générales sont tardives et concernent au plus tôt la fin du xiiie siècle37. Elles correspondent à deux nouvelles conditions : un espace cultivé où le saltus et l’heremum sont de plus en plus marginalisés, de périphérie intérieure ils deviennent périphérie extérieure ; un développement juridictionnel dont le champ d’exercice nécessite l’élaboration d’un territoire.
10La divisio vicecomitatus Massiliensis de 1212 signale un premier jalon de ce dernier phénomène, lié à de profondes mutations de l’économie seigneuriale. La pratique ancienne de l’indivision au sein de la famille vicomtale depuis la fin du xe siècle n’est plus tenable dès lors que se sont constitués en son sein des rameaux distincts aux intérêts concurrents. Cette divisio procède aussi de la monétarisation de l’économie seigneuriale et du cadre juridique de l’échange qu’elle a occasionné. Dès la fin du xiie siècle, le fort endettement des vicomtes, tout comme celui des moines victorins du reste, suscite de nombreux placements en gages. Or, la responsabilité du débiteur étant en droit personnelle, tout comme les implications de la solidarité, s’avèrent nécessaires l’identification stricte des biens et par là leur délimitation. Aussi la divisio de 1212 consiste-t-elle à définir trois lots, à l’appui d’un arbitrage prononcé le 14 juin, attribués par tirage au sort le 13 octobre suivant aux trois lignages héritiers des droits vicomtaux, représentés par Roncelin, Hugues de Baux du chef de sa femme Barrale, Giraud Adhémar au titre de son épouse Mabile38. Ces composantes se composent chacune de parcelles, d’éléments monumentaux et de demeures, assortis de l’énumération des censitaires et de le rente qu’ils procurent, et surtout de castra dont le pivot est celui d’Aubagne39. Certaines prérogatives demeurent communes, comme la possibilité de faire circuler les troupeaux. Mais la terminologie employée en 1212 relève de la juridiction seigneuriale plutôt que de territoire40. On divise totam terram vicecomitatus ressortissant au dominium des membres du lignage, et les affaria ne sont qu’en partie des unités topographiques, selon le droit ou le prélèvement concerné. Cette opération, qui relève par bien des aspects du droit privé, ne concourt nullement à déterminer la zone placée sous la dépendance de la ville.
11La délimitation globale de cet ensemble est une préoccupation plus tardive, des dernières décennies du xiiie siècle, alors que Marseille est sous le contrôle de la cour royale qui administre aussi ses marges. Borner n’est pas affaire bilatérale, cela nécessite un tiers, ne serait-ce que l’institution juridique de ce qu’est une borne et une garantie. L’affaire est motivée par l’exercice d’un statut fondé sur le privilège du commerce du vin, ce qui implique la détermination d’un ressort : il s’agit donc de la définition d’un ban à la demande du conseil de ville41. La limite qui en procède est censée sauvegarder des intérêts économiques et répond à un besoin précis. Le territoire ainsi borné constitue-t-il pour autant un ressort général pour toutes sortes de juridictions, y compris fiscales ? On l’ignore pour le moment. Il semble qu’au cours du temps, il finisse par le devenir, comme le souligne son rappel régulier jusqu’au xvie siècle.
12Cette démarcation générale s’effectue en plusieurs étapes. Charles d’Anjou avait reçu une supplique du conseil invoquant le statut municipal interdisant l’importation de vin étranger à Marseille, ce qui nécessite d’en borner le territoire42. Le roi ordonne donc au sénéchal d’y pourvoir le 9 novembre 1275, avec l’aide de probes hommes, et de faire en sorte que le territoire de Sala relève bien de celui de Marseille, puisqu’il est soumis à la justice de la cour43. Le 27 octobre 1276, sans doute en lien avec l’opération précédente et les oppositions qu’elle a pu susciter, le roi demande au sénéchal de régler des conflits de délimitation des territoires d’Allauch, Saint-Julien et Saint-Marcel44. Mais ce n’est que le 20 janvier 1279, que le sénéchal Jean de Burlats demande au viguier Isnard d’Agoult de procéder à un bornage pour ces trois zones45. L’opération est menée le 3 mars suivant et associe le baile de Bertrand de Baux Avellino pour Saint-Marcel. Elle considère les trois territoires périphériques qui ont émergé : Saint-Marcel, Saint-Julien, une zone de contact entre les limites les villes hautes et basses, et Allauch, et enfin ce dernier castrum qui intègre Château-Gombert et Saint-Mitre en prenant acte de l’expansion de la seigneurie du chapitre cathédral. Mais ces procédures s’avèrent insuffisantes. En 1289, une nouvelle opération est nécessaire, suite à une autre supplique du conseil de ville, et débouche sur le rappel des limites de 127946, ce qui est à nouveau invoqué le 27 février 129047. Mais persistent les conflits avec les Baux Avellino48, ainsi qu’avec les moines de Saint-Victor sur la terre de la Sala et son vignoble49. Le 18 mars 1294, une procédure est à nouveau engagée, associant le prévôt et seigneur d’Allauch Guillaume de Ferrières, le précenteur Jean Bonifacii prieur de Saint-Julien, Bertrand de Baux, seigneur de Saint-Marcel, les syndics de l’abbé de Saint-Victor et de l’abbesse de Saint-Sauveur, les procureurs de la ville basse et de la ville haute, ainsi que des probi homines50. Elle est longue, tributaire de plusieurs reports jusqu’en août 1294. Le 14 de ce mois, de nombreuses bornes sont finalement posées51. Ces limites d’une grande précision, adaptée à l’ère d’un parcellaire densément structuré et obtenue à la suite d’un effort de consensus, définissent un périmètre d’une dizaine de kilomètres autour de la ville, depuis la chaîne de l’Étoile et le territoire de Septèmes, le littoral jusqu’à Port-Miou et le massif de Marseilleveyre à l’ouest et au sud, celui de La Gardiole, en excluant toutefois Saint-Julien et Saint-Marcel. Elles ne correspondent pas à l’aire d’influence directe de la ville dans son ensemble, mais à une certaine pratique de l’espace, à un finage. Elles demeurent stables et sont encore confirmées en 155152. Tout autant que l’emprise spatiale de la cité, ses démarcations prennent acte de l’émergence de territoires castraux périphériques, aux mains de seigneurs détenant d’importantes prérogatives juridictionnelles.
Réseaux
13La ville qui construit ainsi son territoire s’est avérée un facteur d’émergence d’un lacis d’habitats ruraux périurbains, en favorisant des processus de polarisation autour de points de contrôle fortifiés ou ecclésiaux. Dans la première moitié du xiiie siècle, un réseau dépendant est déjà en place. Le relevé des castra du diocèse établi par la cour comtale dans les années 1240, mentionne alors Saint-Marcel, Allauch et Aubagne, ainsi que Revestet, le plus proche de la cité, au sud du port53. Cependant, il obère un habitat interstitiel lui-même polarisé, autour de lieux de culte principalement, et à l’hagiotoponymie dominante, ainsi que des structures fortifiées éphémères.
14On peut classer ce réseau castral selon des degrés de dépendance à l’égard de la ville. Une lointaine périphérie comporte des castra dont les territoires échappent au contrôle de la cité, mais dont l’émergence lui est liée. Certains se trouvent dans le diocèse marseillais, mais tous relèvent de la viguerie d’Aix au xive siècle. S’y distinguent tout d’abord des habitats castraux étroitement placés dans l’orbite urbaine, ce qu’illustre la présence de droits seigneuriaux des moines de Saint-Victor, des vicomtes et des évêques, ou encore une emprise plus ou moins durable des élites nobles de Marseille. Gardanne, dont le toponyme renvoie à une fortification, est attesté dès 1022 comme castrum doté d’une église Saint-Pierre. Il est placé sous la seigneurie vicomtale, Roncelin en 1195 puis Giraud Adhémar en 1212, avant de passer par mariage à Hugues de Baux, et être vendu à la cour avant 130554. Bouc comporte également de nombreux biens de Saint-Victor, mais il se trouve jusqu’en 1238 sous la haute seigneurie d’un notable marseillais, Anselme Fer, de même Aillane et les castra de Gignac, Cabriès et Trébillanne, avant d’être acquis par la cour55. Les Pennes abrite des possessions et droits épiscopaux, tandis que Septèmes paraît longtemps faiblement structuré, autour soit de l’église de Fabregoules, soit d’un castellum. Au xive siècle, Carry et Châteauneuf entrent dans cette aire d’influence, avec leur acquisition par la ville peu après 1372, avant leur cession à un lignage de récente noblesse, les Favas, en 139356. Ensuite, une série de castra marque les confins méridionaux de l’influence arlésienne, tant de l’Église cathédrale que des seigneurs de Baux. Ainsi de Châteauneuf (Castro Novo de Ruffo), dépendant des Baux Berre et de leurs fidèles locaux les Ruffi, et en partie du chapitre d’Arles au milieu du xie siècle. Gignac est cité comme castrum et comme église dès le xie siècle, et se trouve placé sous la coseigneurie de Saint-Victor, des chanoines d’Arles et du Temple. Enfin, l’Église d’Aix est fortement implantée à Simiane et Collongue, de même que Saint-Victor, mais sous la seigneurie comtale. Un castellum et Sainte-Marie de Venel, le site de la Roqua avec l’église Sainte-Marie, ainsi que celle de Saint-Pierre de Collongue charpentent le territoire.
15La périphérie immédiate se caractérise par les nécessités du contrôle des accès au bassin marseillais. Les sites castraux gardent les vallées franchissant les reliefs, et relèvent des trois principales et plus anciennes puissances seigneuriales : vicomtes, cathédrale et moines victorins, dont les patrimoines furent fortement imbriqués jusqu’au la fin du xie siècle. À partir du dernier tiers du xiie siècle, ces pôles s’insèrent dans de solides réseaux structurés par la fidélité et l’hommage. Ners est un castrum implanté sur un site de route. Il dépend de l’évêque à partir de 1257, et le prélat y reçoit les hommages des seigneurs locaux57. De même Pichauris, un site de motte castrale. Saint-Marcel doit peut-être son nom à la cité : le castrum Massiliense et castellum Massiliense de 105758 aurait dérivé en hagiotoponyme selon certains érudits59. Une fortification est probable dès le début du xie siècle, et l’habitat est mentionné dès les années 1030, le castellum en 1057. Il s’agit d’un site de hauteur où se dressent le fortalicium et une église Saint-Michel dès 1287. Saint-Victor s’est établi autour de l’église Saint-Marcel, comme le signale un acte de 125760. À la fin du xie siècle, le domaine est sous seigneurie vicomtale, et en 1194 Hugues Fer y exerce les juridictions au nom des vicomtes61. En 1212, leur héritier Roncelin avait conservé Saint-Marcel lors de la divisio, mais il dut le céder à Saint-Victor dès novembre 121262, les moines n’en prenant possession qu’en novembre et décembre 121863. Dans les années 1220, ce site stratégique est l’objet de plusieurs conflits opposant la commune à l’abbaye Saint-Victor et aux Baux64. En 1243, le castrum passe à la cour par donation de Gilbert de Baux65. Allauch relève de la prévôté qui achève d’enserrer les lignages locaux sous son emprise féodale à la fin du xiie siècle66. Aubagne, cité sous la forme Albanio dès le ixe siècle, qualifié de villa en 1005 et de castrum en 106067, est placé sous la domination vicomtale depuis la fin du xe siècle, mais comporte aussi des droits de l’évêque signalés au milieu du xie siècle68. Du reste, cette seigneurie s’avère des plus dynamiques69 : après les premières cessions vicomtales dès 1069, la zone s’étendant de la vallée de l’Huveaune jusqu’à la mer est reconnue par ce lignage comme juris episcopi en 111970. En 1163, l’église d’Aubagne dépend du chapitre cathédral, et ses revenus constituent la prébende de l’archidiacre, tandis que le prévôt exerce sa seigneurie sur le castrum et son dominium sur les Baux71. Aubagne constitue alors le chef d’un réseau castral comprenant Gémenos, Julhans, Cuges et Roquefort. Quant à la terra de Cassis, elle dépend de Roquefort, et un castrum n’y paraît que dans les années 1360.
16Toutefois, au sein du territoire de Marseille, ce réseau castral périphérique plus ou moins pérenne n’épuise pas à lui seul les formes de polarisation. Un habitat interstitiel paraît fortement présent, identifiable d’abord par des lieux de culte, associés à un lexique domanial mouvant, ainsi que par des traces toponymiques d’éléments fortifiés dont la plupart n’ont pas débouché sur une agglomération durable. Dans le premier cas de figure, hormis Saint-Julien (castrum) et Château-Gombert (castellum), la fonction militaire en est absente. Il est probable que cette génération de noms de lieux résulte de la densification des cultures et de la population rurale et se superpose à l’ancien archipel domanial fondé sur la villa. Saint-Thyrse (devenu Saint-Loup au xvie siècle) paraît avec l’église de ce vocable en 1057 et relève du chapitre en 116372. Il s’agit d’une villa en 1216. On y rencontre le toponyme Centrones en 104073 puis 106074, qui désigne un quartier rural. En 1230, face aux revendications de la commune, les droits de l’abbé y sont confirmés par un arbitrage de l’évêque75. On y décèle la présence d’un couvent ou de possessions de moniales, peut-être Saint-Sauveur, en octobre 124076. Sala, au quartier des Contes, est mentionnée dès 1119, et paraît comme domus en 1239. S’y trouve une église Saint-Vincent, sous la dépendance des moines de Saint-Victor. En 1297, Sala dispose d’un territorium qui lui est propre, et l’abbé veille à l’intégrer dans le ressort de la ville, afin de protéger ses intérêts dans le commerce des vins77. Le Canet, cité dès xie siècle est une vallis en 1253, et on y localise l’église Sainte-Marthe. Saint-Giniez, dépendant des moines victorins, est pour sa part un habitat situé sur les versants de la colline de La Garde, avec au xie siècle une église dite juxta montem, domaine qualifié de monasterium en 1057 et de curtis en 111378. Saint-Julien est un site de bassin, dont l’église relève de l’évêque en 1141 puis du chapitre en 1163. Seul cas parmi ce type d’habitat, il est qualifié de castrum en 1281. Saint-Just est cité comme ecclesia dès 1030 puis villa en 116479, en tant que dépendance de l’abbaye Saint-Victor, à la sacristie de laquelle ses revenus sont affectés. Saint-Mitre, ecclesia au début du xie siècle, est une cella des moines victorins en 1113 mais relève de l’évêque en 1163. Elle est dite de Plano Albanea en 1363. Enfin, Château-Gombert est mentionné comme Podium Castelli Gomberti en 1141 et comme ecclesia en 1163. À cette date, celle-ci ressortit du prévôt, et la seigneurie est absorbée par Allauch où ce dignitaire est seigneur majeur. Un faux de 1217, peut-être issu des officines de l’évêque ou de Saint-Victor, s’efforça d’associer ce territoire à Marseille et non à Allauch, à l’appui d’un privilège de Raymond Bérenger80.
17À ces pôles ecclésiaux devenus concurrents dès lors que les patrimoines des abbés, des évêques et des prévôts se sont dissociés, s’ajoute un semis d’établissements fortifiés difficiles à saisir, souvent éphémères et dont le lien avec un habitat groupé reste à déterminer. Il s’agit sans doute d’une première génération castrale avortée. Seule la toponymie en garde l’empreinte81. Ainsi de Rocha Francha, près de Château-Gombert, signalé en 1287 et encore en 136182 ; Rocha Caruscha, associé à un moulin en 1290 (à la Rose, sur le Jarret) ; la Roqueta en 1285 (à Plombières83) ; la Mota (près de Saint-Marcel), qui relève des moniales de Saint-Sauveur, à proximité de possessions victorines, et signalé comme villa c. 1045, puis en 1257 et 135784 ; La Garda ou Belluac, Castelarius Vetus, le Castellas aux Aygalades en 103785, le Castellarius Serreriorum en 1309, le Castelario Vetere attesté dès 1057, à Fontcouverte près de Château-Gombert86, Balma Castelleti à Séon en 1305 ; Esparron à Saint-Marcel en 1299 ; et Croch, qualifié de castrum en 1230, mais non localisé87. On peut rattacher à cet ensemble la Sala de Reniharda, signalée en 1256, aux Trois Lucs, à distinguer de la Sala de Saint-Marcel et Saint-Loup88. Situés au sein de domaines ecclésiastiques, ces points fortifiés correspondent sans doute à une phase de contrôle territorial et domanial fondée sur la maîtrise des axes de circulation et de l’espace, à l’appui d’une population armée dont on perçoit à peine en d’autres lieux les modes de vie, à défaut du statut89. Il s’agit d’un habitat interstitiel, entre la ville et le castrum, dont la typologie ne saurait se fonder sur les seules sources écrites. Celle que nous proposons n’est donc qu’un premier jalon.
18Ces établissements se distinguent d’une autre génération de points fortifiés, qui renvoient plutôt à des constructions isolées de type maison forte, dénommée turris ou bastida, associée à des anthroponymes ou gentilices90. Les processus de croissance du xiiie siècle ou de redéploiement des activités agropastorales au siècle suivant se manifestent par ces nouvelles formes de polarisation, propices à un territoire relativement peu peuplé, mais très fréquenté. Ainsi de la Turris Jordanorum à Séon, en bord de mer, citée en 1291 et devenue la Tour Sommati (auj. Saumaty) au xvie siècle91, les Turres Petri Tortelle en 1302 (à Sainte-Marthe), Aicardi Danielis en 1318 (à Valbarelle), Pellegrini Andree en 1319 (à Arenc), Johannis Boti en 1326 (à Antignane), Petri de Lingris en 1330 (à La Garde), de Ser Enric Bonvin en 1384 (non localisée), Gaufridi Buscarle en 1299, Aregni en 1269 (sur le littoral, à Arenc), Argillerii ou Rissendis de Argilleriis en 1288 et 1286, Raymundi de Soleriis en 1304 (à Mazargues), de Arcubus en 1342 (au Rouet), de même la turris et affar à Babilona (à Saint-Henri), mentionnée en 1254 et qui relève de l’évêque.
19À ce même groupe appartient la bastida, forme largement étudiée en particulier dans ses relations à l’économie urbaine92. Un recensement sommaire en dénombre 18 à Marseille après 1300 : neuf dans la première moitié du siècle, sept dans la seconde, une au xve siècle93. La première attestation de ce terme concerne le territoire d’Allauch, en 1268, lors de l’hommage de Barral de Baux au prévôt94. La turris Jordanorum citée ci-dessus est aussi qualifiée de bastida dès 1298. La bastide est alors le plus souvent associée à une exploitation agricole. Ainsi de la bastida et des 40 quarterées de vignes et de terres constituant un bien franc, mentionnée le 13 octobre 1319, à l’occasion d’une hypothèque de Jean Gravelli, d’une famille de marchands95 ; de même la bastida de Jean Casse († 1390), à Saint-Giniez, comportant deux étages, une chapelle, des jardins, ce qui signale une demeure de plaisance96 ; ou encore celle de Jacques Gaudemard aux Aygalades, une maison et ses vignes citées en 1341. On connaît également la bastide de Camp Long que Pierre Novelli céda au juif Mordacays Cohen en mars 135497. Granica et ses synonymes sont sans doute de sens très voisin, telle la graniga Gauffridenquarum en 1347 (la Granigue, à Saint-Joseph), et l’Orri en 1285 (à Sainte-Marthe).
20Ces diverses formes interstitielles correspondent vraisemblablement à des investissements successifs des élites urbaines dans le plat-pays, en relation avec les fonctions qu’elles ont pu occuper au service des principaux pouvoirs dominant la ville. Le territoire marseillais constitue la zone de prédilection d’implantation seigneuriale et foncière de ces notables. Il s’agit de groupes de fidèles gravitant dans l’entourage des abbés de Saint-Victor et des vicomtes. Dès le xie siècle, des familles d’alleutiers y disposent de fonds. Un certain Lambert Ursonis possède une mansio près de Plombières, avant 108098, tandis que son fils est possessionné dans la villa Carvillan. Les Anselme, des milites liés aux vicomtes, sont présents à Saint-Marcel, et tiennent la châtellenie d’Allauch pour le compte du chapitre cathédral au début du xiiie siècle99. Deux cas plus tardifs se sont traduits par une toponymie durable. Au nord du finage, au sein des possessions épiscopales, s’est implantée une famille investie dans le gouvernement communal de la ville basse, les Gomberti, très actifs au début du xiiie siècle100. Au sud, dans les domaines victorins, un lignage consulaire, les Vivaud, s’affirme au même moment101. En 1259, ils sont en possession d’un moulin sur l’Huveaune, en la personne de Jean Vivaud et d’Hugues102. On pourrait leur rapprocher les Ricau, signalés à Saint-Thyrse, ou encore les Fuveau présents aux Aygalades103. De même, la population juive de la ville est présente dans l’ensemble du finage sous la forme d’emphytéoses et de transactions diverses au xive siècle, notamment dans la viticulture. Ils concernent non seulement les élites, mais aussi divers groupes sociaux, incluant des juifs agriculteurs exploitants. Des concentrations de biens peuvent s’identifier, de même des stratégies de remembrements, sans exclusive territoriale cependant104.
21Entre la réflexion sur l’enchâtellement et les structures castrales, les phénomènes d’agglomération autour des pôles ecclésiaux et funéraires marquant la période antérieure au xiie siècle, et celle portant sur la nouvelle dispersion de l’habitat aux derniers siècles du Moyen Âge, et leurs diverses nuances morphologiques et chronologiques, l’historiographie et l’archéologie ont accordé peu de place aux formes intermédiaires. Le territoire de Marseille semble les avoir largement connues et peut constituer un terrain propice à leur étude. Comme cet habitat interstitiel est particulièrement lié à la seigneurie ecclésiastique, il est relativement bien informé dans les sources écrites.
La seigneurie ecclésiastique
22Au vrai, l’emprise durable de cette seigneurie ecclésiastique sur l’espace rural marseillais est l’une de ses caractéristiques essentielles. La prégnance de l’hagiotoponymie en livre un indice. La plupart des travaux qui se sont attachés aux pouvoirs ecclésiastiques urbains stricto sensu, soit l’évêque, le chapitre cathédral et l’abbaye Saint-Victor, en ont souvent identifié les reculs au profit de la cour comtale puis royale, en omettant la pérennité d’importants domaines ruraux et de hautes prérogatives juridictionnelles hors les murs de la cité. Même après la cession de leurs juridictions urbaines aux Angevins, en 1257 pour l’évêque, 1275 pour Saint-Victor et 1343 pour le chapitre, l’Église de Marseille demeure une puissance considérable105. Elle contrôle une bonne part des rentes foncières tirées du plat-pays et bénéficie au premier chef du vraisemblable développement du marché de la terre marquant les xiiie et xive siècles. Elle œuvre pleinement à l’expansion des terroirs cultivés en s’associant d’autres seigneurs. Au rebours, on notera la faiblesse du domaine communal, acquis des vicomtes puis passé à la cour après les traités de 1257-1262106. Ce domaine royal extérieur à la ville est ainsi concentré dans la partie méridionale du territoire, une aire contrôlée par l’abbaye Saint-Victor à l’origine. On peut en esquisser les contours grâce à l’enquête générale de 1298 dans la viguerie de Marseille107. Il se compose de vignobles et de zones pionnières, recélant des pinèdes et garrigues, des terres frappées de tasques selon les années où elles sont ensemencées. La cour y lève des redevances en argent, quelques tasques ou livres de poivre, et ce sont en grande majorité des vignes, le tout compris entre Mazargues, Sainte-Marguerite, Saint-Giniez, Saint-Loup, sur les versants des collines de Saint-Cyr et Marseilleveyre.
23La présence domaniale de l’Église se signale d’abord par son ancienneté : il s’agit sans doute du cadre structuré de l’exercice des pouvoirs sur la terre et les hommes le plus pérenne à Marseille108. Les possessions de Saint Sauveur, d’après une descriptio mancipiorum rapportée par les érudits Antoine de Ruffi et François-Xavier de Belzunce, recélaient des colonicae à Plombières, à Saint-Victor près du Jarret, Sainte-Euphémie, Saint-Baudile, Colombier (à Saint-Barnabé), Cellars, outre divers biens non localisés109. Celles de la cathédrale de Marseille, après l’incorporation du temporel de Saint-Victor, comprenaient deux pôles en 813-814 : la villa Nona ou Campania, aux marges nord, s’étendant sur les communes actuelles de Cabriès, Bouc, Les Pennes, Simiane, Septèmes, et la villa Domadia, au sud du territoire marseillais et dans la vallée de l’Huveaune110. Parmi les possessions victorines, une donation de 840 mentionne aussi la villa Carbilianus111.
24On se heurte toutefois à la difficulté pour suivre le domaine de Saint-Victor dans la durée, compte tenu d’une documentation focalisée sur la deuxième moitié du xie siècle. Pour le territoire marseillais, les informations se résument à de rares concentrations de biens. Ainsi d’un bref des revenus du cellérier, antérieur à 1080112. Les localisations reposent alors sur des toponymes, mais sans référence à un habitat associé. Ils concernent principalement les zones du Canet et de Plombières, le cours du Jarret et le Camas, Saint-Baudile113. Ainsi de la notice sur les biens de l’église Saint-Giniez, de c. 1097-1103114. Les éléments structurants sont ici composés des axes de circulation, des vie selon leurs destinations115 ou leurs caractéristiques116, ou bien de constructions remarquables117. Ce sont des possessions occupées par la vigne (clausum), voisinant avec des terres, paluds, un ferrage à Intervineas, terme qui suppose une proximité de l’habitat ; les prélèvements, tasques et decimum, suggèrent des terroirs en expansion récente, tandis que la présence d’une condamine de l’évêque et de la terre des vicomtes rappelle la longue imbrication des patrimoines des trois grandes puissances seigneuriales. À compter du xie siècle, on perçoit en outre quelques biens fonciers dispersés, à travers les donations aux moines de particuliers : dans un cas, un individu possessionné à Plombières, Saint-Marcel, et sur la rive gauche du Jarret près de l’embouchure de l’Huveaune, et dans d’autres divers possesseurs à Saint-Julien, Saint-Marcel, Château-Gombert, Saint-Thyrse118. Rares sont les sources donnant une vue d’ensemble des biens marseillais des moines victorins. En octobre 1240, sans doute dans le contexte des troubles politiques liés à l’affirmation de la commune de Marseille et de la guerre contre Raymond VII de Toulouse, le comte de Provence place l’abbaye Saint-Victor et ses possessions sous son guidagium, s’engageant à protéger les déplacements des moines, de leurs bêtes, nourriguiers et muletiers, outre les transports liés à leurs moulins (blé, farine) et paroirs. Cela concerne les domaines de la Vallis Massilie, son territoire et ténement, avec les domus de Saint-Giniez, Sala (près de Saint-Marcel) et Saint-Just, une zone horticole à Carvillano (ortus monialium), et la villa du Revest119. Ce sont les principaux pôles domaniaux de l’abbaye, mais on est loin de connaître le détail de son emprise foncière et seigneuriale.
25Le seigneur ecclésiastique le plus récent est sans doute le chapitre cathédral, qui s’est déployé au détriment de la seigneurie épiscopale. Dès le début du xiie siècle, on repère l’acquisition à Saint-Julien d’une part de la vallis Archulas120, et en mai 1131 d’une condamine issue des vicomtes, localisée outre rivière du Jarret121. En 1120, cette expansion est déjà assez dynamique pour se heurter à celle des moines victorins et susciter l’arbitrage de l’archevêque d’Arles122. En 1130, le châtelain d’Allauch, Aicard de Saint-Marcel, doit se placer sous le dominium du chapitre123. Il s’agit là de la principale seigneurie, affiliée à la prébende du prévôt. Cette castellania, dont les chanoines ont le cinquième, est l’objet d’une contestation de la part de ses héritiers en 1173, avec les droits afférents : corvées, fournage, leydes, justices, commerce du vin, du vermillon, pâturages124. Mais dès septembre 1150, les chanoines bénéficient d’une confirmation comtale générale garantissant leurs prérogatives seigneuriales à Allauch, déjà territorium propre gardé par une fortification édifiée sur la colline de Rodinnacum, et leurs autres possessions : le burgus de Saint-Julien, le castrum des Pennes, le quart d’Orvès et d’Évenos125.
26Les autres seigneurs ecclésiastiques s’avèrent secondaires, mais ils mériteraient qu’on leur dédie une étude d’ensemble. Ne disposant pas de hautes juridictions, ce sont avant tout des propriétaires fonciers. La connaissance de leurs domaines est issue de sources dispersées dont le rassemblement peut se révéler illusoire, faisant fi des mutations de biens au fil des temps. Il s’agit tout d’abord des Hospitaliers de la commanderie Saint-Jean. Celle-ci intègre une partie des biens du Temple après 1311 : la Cavalaria Soteyrana signalée dès 1278 et la Cavalaria Inferior, qui ne paraît qu’en 1311 ; la domus de Rocha Francha, avec aussi la Cavalaria Superior en 1310126, qui comporte en 1338 des terres, vignobles et gasts127 ; et le membre de Carpessana avec son district, une bajulia, dans le bassin des monts Carpiagne et Lantin, dont l’église Sainte-Marie relève de l’évêque : il se compose en 1338 de terres, vignobles, pâturages et prés, de restoubles, et exploite amandiers, ruches et huile128. Les établissements charitables et hospitaliers sont également fort présents dans le territoire marseillais. Il s’agit de patrimoines dispersés, issus de donations testamentaires. Celui du Saint-Esprit a constitué le principal de ces domaines, dans la zone de Château-Gombert et du Jarret, à Saint-Marcel et au Canet129 ; la Belle de May paraît en 1405130. Il administre aussi les revenus de l’église de Pomègue, dès le xiiie siècle sans doute131. Quant à Saint-Jacques de Gallice, ses biens font aussi bonne figure, mais ils sont de formation plus tardive, puisqu’ils résultent du legs de son fondateur en 1344, le marchand Bernard Garnerii132. Les monastères urbains ne peuvent rivaliser avec ces puissantes maisons. L’implantation de leurs possessions semble suggérer d’importants transferts de biens et droits depuis l’Église cathédrale, et par-là la protection épiscopale. Les moniales de Saint-Sauveur, qui dès le viiie siècle sont implantées à Saint-Baudile et Sainte-Euphémie, près d’Allauch, sont attestées en 1216 à Saint-Lambert, sous la montagne de La Garde ; elles disposent aussi de Fons Monacharum en 1246 (à La Bégude), Camp Cabassas en 1264 et Canissat en 1424133. Les cisterciennes de Notre-Dame de Sion disposent de la Turrim Boscarle en février 1426134, de droits à Saint-Julien en 1295 et à la Cavalerie Supérieure en 1320. Les Trinitaires quant à eux135, sont possessionnés à l’Hospitalet en 1278, qualifié de domus en 1288136, autrement dit la zone de Saint-Jérôme, Château-Gombert, Saint-Just, ainsi qu’à Saint-Antoine, Saint-Julien, dans la partie épiscopale surtout. Quant aux Mendiants, ils apparaissent fort tardivement dans les sources, tels les dominicains aux Caillols à la fin du xve siècle137.
27Cet espace rural marseillais sous domination cléricale, se caractérise enfin par ses processus d’expansion et d’intensification. C’est ce qu’illustre la seigneurie épiscopale, dont nous avons conservé plusieurs registres de reconnaissances de tenures dès la fin du xiiie siècle. Ces derniers ont été exploités par les historiens de la ville elle-même et de ses représentations, mais plus rarement pour l’étude de son territoire138. Ils nous éclairent ponctuellement sur des terroirs dominés par la cité, au contact de zones pionnières au nord de Séon et aux Aygalades, où le parcellaire semble structuré, les exploitations semées d’un habitat dispersé ou en partie groupé, mais permanent semble-t-il. Ils nous montrent aussi la place d’une paysannerie résidant en ville139.
28Le premier de ces registres concerne la période 1280-1295 avec des additions jusqu’en 1311140. Les reconnaissances sont reçues au palais épiscopal, devant l’évêque Raymond de Nîmes ou son mandataire, son vicaire général et official le plus souvent. Le notaire consigne la nature du bien, ses confronts et ses origines (un achat par exemple). Les reconnaissants semblent pour la plupart résider en ville, si l’on en juge par leurs professions : hommes de loi, artisans, commerçants (des notaires, tailleurs, un apothicaire, des bouchers, charpentiers, un maréchal-ferrant, un tailleur de pierres, un savetier, un peaussier). Hormis ceux qui se trouvent à Marseille, dans les carrerie et insule ainsi que la ferrage de l’évêque, la répartition de leurs biens concerne l’aire de juridiction de la ville épiscopale, avec trois pôles principaux au Canet et Sainte-Marthe, Séon et les Aygalades, la Cavalerie et le Jarret. On y note l’importance du vignoble, la présence d’équipements comme les faysse, les jardins, les clos et les vergers (notamment le clausum cum cassa et clappis, une exploitation avec un terrain enclos de pierres), moulin et parts de moulins. Une bonne partie des terres est frappée de la tasque et du sixième des récoltes, en particulier dans la zone de Séon et Aygalades, aux abords du massif de l’Étoile141. La perception de lods et trézains souligne de nombreuses aliénations récentes et un actif marché de la terre.
29Le registre de 1324-1325 comporte les reconnaissances prêtées à l’évêque représenté par Bertrand de Grollo, son official et vicaire. Il concerne en bonne part Cavallono, le principal quartier de la ville épiscopale, mais aussi des zones rurales plus ou moins éloignées de l’agglomération142. On y note de nombreux éléments d’habitat, des domus, situés sans doute en ville ou ses abords immédiats, mais certaines relèvent déjà du plat-pays143. Séon est également évoqué, avec des maisons bordant les voies, des terres et des vignes récentes144. Les parcelles et les terroirs mentionnent une faycia145, un resac sive viridarium146, le défens de l’évêque, une garrigue confinant des vignes. À Saint-Just, le précepteur des Hospitaliers Saint-Jean dispose d’un affar sous le dominium épiscopal147, et à Cars (Quartz), une maison et une vigne confrontent des champs et les biens des Carmes des Aygalades (heremun fratrum de Aygalatis148). Certains tenanciers disposent de fonds considérables, tel le boucher Antoine de Aquis, qui fait sa déclaration le 7 mars 1325149. Il n’en est sans doute pas directement l’exploitant. Il dispose en effet d’un premier ensemble, pour lequel il doit la sixième partie des récoltes150. S’y ajoutent deux vallonos (celui de Fontis Ebriayga et totum vallonum de Folcherie), et enfin un phaniciem supra Montem, peut-être une figuière. Antoine a acquis récemment un affar d’un certain Guillaume Giraudi, déjà mentionné comme ancien confront dans le vallon de Folcherie (apud Castelar, apud Aygalada), pour lequel il doit un cens de 1896 deniers de royaux payés au 15 août. Pareils milieux urbains sont fortement impliqués dans la rente foncière, non seulement comme emphytéotes et exploitants, mais aussi comme acteurs du marché de la terre, depuis les aliénations jusqu’aux concessions en acapte.
30Ce dominium épiscopal est un acteur et bénéficiaire déterminant de l’expansion et de l’intensification des cultures. Les témoins en sont certes dispersés. Nous en évoquerons deux, du xiiie siècle. Le premier concerne une association entre seigneurs ecclésiastiques, conclue au palais épiscopal le 19 avril 1256151. L’évêque, alors Benoît d’Alignan, est le seigneur majeur. Les Templiers, en la personne du commandeur Raymond Baucianus, tiennent des terres sous sa directe « ad Turrem Superiorem Cavalerie », « versus ecclesiam Sancti Mitri », près de Château-Gombert. Ils reçoivent la possibilité de donner en acapte toutes celles tenues dans le territoire de la ville épiscopale, contre un cens de 12 deniers versé au prélat, la moitié de la dîme (le 1/20e) et la tasque sur les terres modestes. Ils pourront confier ces possessions en complant, « pour y planter des vignes ou jardins » et y percevoir un supercens sur les emphytéotes et colons, au titre de l’acapte. L’évêque recevra le cens de 12 deniers, toute la dîme des raisins152, et le Temple aura la moitié du trézain sur toute aliénation de tenure153. On propose en outre une exemption de tasque sur les très petites parcelles. L’intensification concerne aussi le chapitre cathédral. Un deuxième exemple concerne une association en vue de la construction et exploitation de moulins et paroirs sur l’Huveaune, conclue en novembre 1221, entre le prévôt Raymond Julianus, prieur de Saint-Marcel, et Raymond Beroardi de Saint-Marcel154. Leur resclause sera située à terra d’Olona, entre le chemin vieux d’Aubagne et l’Huveaune, qui relève de l’Église. Il traversera la terre de Raymond Beroardi, le verger (un ressac) de La Sagneda, puis la vigne de l’Église, à Sati Trai. On prévoit l’ouverture d’une voie pour se rendre au moulin et à son canal. Raymond reçoit en outre des chanoines le dominium et une part sur une vigne proche de l’Huveaune. L’ensemble confronte des vignes et des vergers. Qu’il s’agisse de cadres juridiques assurant une répartition de la rente agraire entre détenteurs du dominium, et cherchant à stimuler les cultures spéculatives, ou bien de l’intensification de ces dernières via l’irrigation et l’équipement technique, la seigneurie ecclésiastique est partie prenante d’une économie monétarisée tournée vers la ville.
31Il ne s’agit là que d’un premier aperçu. Je n’ai pas abordé nombre de questions économiques. L’ampleur de la tâche me dépasse, c’est certain, et nécessitera désormais des approches micro locales, un inventaire toponymique général, des études de terrain et des monographies. Les sources issues des seigneurs ecclésiastiques (les reconnaissances notamment) et les fonds notariés en seront la matière principale et elles appuieront d’éventuelles prospections archéologiques que nous appelons de nos vœux, et qui bouleverseront sans doute les typologies ici proposées. Voilà cependant dressé un premier panorama, esquissant un territoire en archipel, longtemps faiblement peuplé, où prévaut la dispersion, mais qui s’est aussi polarisé dès le xe siècle autour de points fortifiés parfois modestes, plus ou moins durables, et surtout de sanctuaires. L’habitat groupé ne parvient à terme qu’en certains points périphériques et, sous la seigneurie de l’Église séculière et de grands laïcs, tels les Baux, successeurs des vicomtes, des territoires concurrents émergent à distance respective de la ville. Celle-ci a tissé un écheveau de relations avec son environnement immédiat : un réseau fortifié défensif qui contrôle ses abords, une zone d’expansion rurale et d’investissements dont le vignoble, particulièrement adapté à une économie fortement monétarisée, constitue l’élément principal, sans négliger le maraîchage et les vergers, l’énergie hydraulique, moulins à farine et paroirs. L’espace agricole marseillais est le lieu d’une intensification bien perceptible au xiiie siècle, recourant à l’aménagement des pentes et à l’irrigation, et d’une extension de l’espace agraire jusqu’aux confins et vallons de ses marges. Il n’a rien d’un pauvre terroir délaissé. On discerne encore mal la place qu’y occupe l’élevage, sans doute non négligeable. Les élites urbaines, issues des milieux marchands et artisans ou d’une noblesse urbanisée, sont particulièrement actives dans ce processus, soit qu’elles en contrôlent les rentes aux côtés des plus anciens seigneurs ecclésiastiques (l’évêque, le chapitre, l’abbé de Saint-Victor), qui demeurent les principaux maîtres du territoire marseillais, soit qu’elles investissent dans la terre sous la directe de ces derniers, soit qu’elles se trouvent à l’avant garde de nouveaux modes d’appropriation et de gestion de l’étendue dont la tour et la bastide sont la traduction. Autant d’éléments qui pourraient concourir à replacer Marseille parmi les autres agglomérations provençales, en rompant avec l’horizon stérile de la ville d’exception.

Fig. 1 - L’emprise domaniale et bénéficiale sur le territoire marseillais, xie-xiiie siècle
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 M. Roncayolo, Marseille, les territoires du temps, Paris, 1996, p. 13, qui cite la Géographie de la France, d’Élisée Reclus, Géographie de la France, Paris, 1877. On doit la plus belle présentation d’ensemble du bassin marseillais au géographe Gaston Rambert : G. Rambert, « Marseille, la formation d’une grande cité moderne », Étude de géographie urbaine, Marseille, 1934, p. 55-79, et p. 109-116 pour l’hydrographie.
2 On trouvera un inventaire et une cartographie précise de l’ensemble des cours d’eau et vallées sèches du bassin marseillais dans G. Aillaud, dir., Marseille, un terroir et ses bastides, Marseille, 2011, p. 20-21. Voir aussi : B. Roberty, Les Jarrets de Marseille, Provincia, 17, 1937, p. 20-25.
3 Celle d’Alfred Saurel († 1887), de seconde main et fondée sur une toponymie non toujours rigoureuse, ne saurait en tenir lieu ; elle est issue de son Dictionnaire des villes, villages et hameaux du Département des Bouches-du-Rhône, Marseille, 1878, concernant en fait le seul arrondissement de Marseille. Le fort essor urbain et industriel de la ville portuaire dans la deuxième moitié du xixe siècle, correspond aussi à une ère de développement de l’érudition locale et à la première génération de travaux systématiques sur le territoire marseillais et sa topographie, qui ne dépassent cependant que rarement la zone alors urbanisée, comme en témoignent les cinq volumes d’A. Fabre, Les rues de Marseille, Marseille, 1867-1869.
4 J. Billioud, « Le vignoble marseillais, du xiiie siècle à l’adduction des eaux de la Durance (1847) », Provence historique, 6, 1956, p. 166-185 ; Édouard Baratier, « Production et exportation du vin du terroir de Marseille du xiiie au xvie siècle », Bulletin philologique et historique du Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, 1959, Paris, 1960, p. 239-249. On notera le peu de place accordé au territoire proche dans les deux volumes classiques dirigés par Gaston Rambert : R. Busquet, R. Pernoud, Histoire du commerce de Marseille, 2, De 1291 à 1448, Paris, 1949, p. 243-253 à propos du vin et des céréales, et É. Baratier, F. Reynaud, Histoire du commerce de Marseille, 2, De 1291 à 1448, Paris, 1951 ; de même, E.-H. Duprat, « Essai sur la topographie de Marseille antique et médiévale », in Les Bouches-du-Rhône, Encyclopédie Départementale, 14, Marseille, 1933.
5 Sans vouloir être exhaustif, nous citerons les principaux jalons et opérations, où l’on trouvera une bibliographie plus précise : M. Bouiron, dir., L’Alcazar, 26 siècles d’occupation suburbaine à Marseille, Document final de synthèse, Marseille, 2001a ; M. Bouiron, dir., Marseille, du Lacydon au faubourg Sainte-Catherine (ve s. av. J.-C.-xviiie s.) : les fouilles de la place Général-de-Gaulle, Paris, 2001b ; M. Bouiron, H. Tréziny, dir., Marseille, trames et paysages urbains de Gyptis au roi René, Actes du colloque international d’archéologie, Marseille, 3-5 novembre 1999. Études massaliètes, 7, Aix-en-Provence, 2001, p. 13-20 ; C. Barra, M. Guillaume, O. Maufras, B. Vasselin, C. Voyez, Les fouilles archéologiques du tunnel de la Major à Marseille (Bouches-du-Rhône), Document final de synthèse, fouille d’archéologie préventive, INRAP, 2004 ; M. Bouiron, F. Paone, B. Sillano, C. Castrucci, N. Scherrer, dir., Fouilles à Marseille. Approche de la ville médiévale et moderne, Paris, 2011. On notera l’étude sur les représentations spatiales à l’œuvre dans les écrits de la pratique, principalement au xive siècle, de D. L. Smail, Imaginary Cartographies : Possession and Identity in Late Medieval Marseille, Ithaca (NY) – Londres, 2000, ainsi que les développements fort précieux pour notre propos de J. Sibon, Les Juifs de Marseille au xive siècle, Paris, 2011, p. 178-192, concernant les modes d’investissements des Juifs marseillais dans la terre.
6 Ils constituent la base de toutes les recherches menées sur le territoire marseillais. J.-A.-B. Mortreuil, Dictionnaire topographique de l’arrondissement de Marseille (Bouches-du-Rhône), comprenant les noms anciens et modernes, Marseille, 1872. B. Roberty, op. cit., 1937, p. 20-25. Sur Bruno Roberty et son fonds demeuré manuscrit pour le Moyen Âge (AD13, 22F), voir la contribution de Daniel Drocourt citée ci-dessous. Nous avons principalement recouru à l’index que l’érudit avait constitué pour sa carte de Marseille : 22F 86 et 22F 19-20.
7 Paradoxalement, le présent travail ne proposera qu’une carte, dans l’attente que des outils de précision nous soient accessibles (numérisation en cours du cadastre de la commune et de ses confins) et d’une base de données toponymique. Les enquêtes de toponymie, présentes dans les travaux de Mortreuil, Roberty et chez C. Rostaing, « La toponymie marseillaise », Marseille, revue municipale, 3e sér., 2, 1948, p. 45-47 ; 8, p. 44-45 ; et 12, p. 55-57, demeurent encore dispersées et méritent une mise à jour complète.
8 D. Drocourt, « Un siècle d’archéologie urbaine à Marseille », in M. Bouiron, H. Tréziny, dir., Marseille, trames et paysages urbains de Gyptis au roi René, Actes du colloque international d’archéologie, Marseille, 3-5 novembre 1999. Études massaliètes, 7, Aix-en-Provence, 2001, p. 13-20 ; M. Bouiron, F. Paone, B. Sillano, C. Castrucci, N. Scherrer, dir., op. cit., 2011, p. 21-33. Le travail de M. Gazenbeek, Le site castral d’Aubagne (Bouches-du-Rhône, Archéologie du Midi médiéval, 8-9, 1990-1991, p. 27-37, fait figure d’exception.
9 B. Guérard, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille, 1, Paris, 1857, 1, p. lv-lxiii.
10 En dépit des tentatives de cartographie proposées par Benjamin Guérard, ibidem, p. lxi-lxiii, pour le comitatus auquel il prête le sens tardif de comté en tant que ressort (et à sa suite G. Lesage, Marseille angevine, Paris, 1950, p. 29). Sur ces questions : F. Mazel, L’espace du diocèse, Genèse d’un territoire dans l’Occident médiéval (ve-xiiie siècle), Rennes, 2008, avec ses contributions, p. 11-21, p. 213-252, p. 367-400.
11 F. Mazel, La noblesse et l’Église en Provence, fin xe-début xive siècle, L’exemple des familles d’Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille, Paris, 2002 ; « Noms propres, dévolution du nom et dévolution du pouvoir dans l’aristocratie provençale (milieu xe-fin xiie siècle) », Provence historique, 53, 2003, p. 131-174 ; 2009, p. 145-166.
12 N. Leroy, Une ville et son droit, Avignon du début du xiie siècle à 1251, Paris, 2008, p. 508-817, à propos de districtus et tenementum.
13 R. Pernoud, Les statuts municipaux de Marseille, Monaco-Paris, 1949 : respectivement, 2, c. 32, p. 106, sur le vignoble ; 6, c. 14, p. 196, pour le bétail ; 6, c. 33, p. 215, à propos des bans ; 6, c. 65, p. 245-246, sur les caprinés.
14 Le terme de divisio/dividere est explicitement employé : dividitur jurisdictio Ecclesie Massiliensis a jurisdictione vicecomitali. J.-H. Albanès, U. Chevalier, Gallia christiana novissima, 2, Marseille, Valence, 1899, n° 221, col. 108-110, V.-L. Bourrilly, Essai sur l’histoire politique de la commune de Marseille, Aix-en-Provence, 1925, p. 315-325, et M. Bouiron, « Les fortifications médiévales de Marseille », in M. Bouiron et H. Tréziny, dir., Marseille, trames et paysages urbains de Gyptis au roi René. Actes du colloque international d’archéologie, Marseille, 3-5 novembre 1999. Études massaliètes, 7, Aix-en-Provence, 2001c, p. 75-92, p. 75-92. La divisio urbaine de 1220 se prolonge indubitablement dans le territoire de Marseille, mais vraisemblablement à l’appui de l’identité du seigneur (l’évêque et le chapitre cathédral, ou bien les vicomtes et les héritiers de leurs droits, dont la commune et l’abbaye Saint-Victor) plutôt qu’en termes strictement topographiques. La carte proposée dans G. Lesage, op. cit., 1950, p. 33, superpose une délimitation juridictionnelle et territoriale extérieure, valable pour la fin du xiiie siècle, et des ressorts seigneuriaux intérieurs dont la traduction spatiale nous paraît hasardeuse.
15 Ils est mis en forme en 1253 et subit par la suite une série d’adjonctions. R. Pernoud, op. cit., 1949, p. xli-xlii, livres 1, 2, 3, 5 et 6. Les statuts en eux-mêmes ne sont pas ici le cœur de notre propos, je renvoie pour cela à P. Chastang, F. Otchakovsky-Laurens, « Les statuts urbains de Marseille : acteurs, rhétorique et mise par écrit de la norme », in D. Lett, dir., La confection des statuts dans les sociétés méditerranéennes de l’Occident (xiie-xve siècle). Statuts, écritures et pratiques sociales, Paris, 2017, p. 15-40.
16 G. Lesage, « Les difficultés du ravitaillement de Marseille en blé au xive siècle », Bulletin officiel du musée du vieux Marseille, 56, 1938-1941, p. 3-6 ; L. Stouff, « Nourrir la ville, xiiie-xve siècle », in T. Pécout, dir., Marseille au Moyen Âge, entre Provence et Méditerranée, Les horizons d’une ville portuaire, Méolans, 2009, p. 239-246. Sur le cadre normatif du commerce du vin et des céréales : R. Busquet, R. Pernoud, op. cit., 1949, p. 243-253.
17 R. Pernoud, op. cit., 1949, 1 c. 66, p. 69-70.
18 B. Guérard, op. cit., 1857, nos 53 et 54 ; cet espace a connu une implantation ecclésiale avant 1057 : ubi ecclesia Sancti Juliani videtur esse fundata (ibidem, n° 53) ; cette terra Sancte Marie confronte la villa Sancti Marcelli (ibidem, n° 55).
19 AD13, B 5, fol. 229-231. Sur l’usage des reliefs marseillais comme vigies maritimes et farocium : A. Droguet, « Une ville au miroir de ses comptes : les dépenses de Marseille à la fin du xive siècle », Provence historique, 30, 1980, p. 171-213 ; P. Rigaud, « Tours et farots de Camargue », Delta du Rhône, Camargue antique, médiévale, moderne, Aix-en-Provence, 2004, p. 277-283.
20 AD13, 6G 9, n° 48, en 1218 ; J.-H. Albanès, U. Chevalier, 1899, n° 1287, extrait de AM Marseille, 1 ii 22, fol. 1v. On ne sait s’il faut lui rattacher le toponyme Frianis paraissant en 1350 (AD13, 355E 3, fol. 65).
21 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 107 : la villa confronte en partie une terre fiscale (terra comitale).
22 AD13, 6G 438, fol. 21v.
23 Versus casales [pour casalia] Ville Veteris : J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 180.
24 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 28 : la villa est dite in suburbio Massiliense. Sur la villa de Carvillan et l’église Sainte-Marguerite : E. Arnaud, Notice historique et topographique sur Sainte-Marguerite, Marseille, 1874, p. 29-33 et 55-62, qui recourt surtout à Mortreuil.
25 J.-P. Poly, La Provence et la société féodale (879-1166), Paris, 1976, p. 118-120 et B. Guérard, op. cit., 1857, n° 27 ; H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., Actes concernant les vicomtes de Marseille, Monaco-Paris, 1926, n° 51.
26 B. Guérard, op. cit., 1857, nos 91 et 52.
27 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 30, E. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 133 et J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 115.
28 J.-P. Poly, op. cit., 1976, p. 216.
29 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 1111 et G. Doublet, Recueil des actes concernant les évêques d’Antibes, Monaco-Paris, 1915, n° 112 : parmi les biens désengagés, on repère Carvillanum, Saint-Giniez, Salam, le jardin des moines et les dépendances de Saint-Pierre de Paradis.
30 F. Portal, La république marseillaise du xiiie siècle (1200-1263), Marseille. 1907, p. 206 et B. Guérard, op. cit., 1857, n° 912, en 1230.
31 Il se trouve aux mains de Jean et Hugues Vivaud et de Raolin draperius (est-ce déjà un cognomen ?) le 23 octobre 1259 (cité par Mortreuil, AM Marseille, DD, acte aujourd’hui disparu).
32 Depuis 1153, l’église est à la collation du prévôt, mais elle relève de l’évêque en tant que prieuré (AD13, 6G 438, fol. 2).
33 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 40.
34 AD13, 6G 23, n° 132, vente d’une vigne sujette au laudimium de l’Église cathédrale.
35 J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 180.
36 On en a étudié les effets et le sens pour les zones rurales et urbaines stricto sensu. Ce travail reste à faire pour Marseille. Je renvoie aux références citées dans T. Pécout, « Dîme et institution épiscopale au xiiie siècle en Provence », in M. Lauwers, dir., La dîme, l’Église et la société féodale, Turnhout, 2012, p. 405-466. Plus largement, les sanctuaires du territoire de Marseille réclameraient une étude en soi, qui viendra sans doute, mais qui bénéficie déjà de plusieurs jalons. On dispose de quelques monographies de qualité, par exemple C. J. Von Khoten, Notre-Dame du Rouet ou du Roilh près Marseille, ancien prieuré rural de l’abbaye Saint-Victor, Notice historique, Marseille, 1864 ; Éd. Baratier, « La fondation et l’étendue du temporel de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille », Provence historique, 1966, p. 395-441. Les mémoires inédits suivants fournissent de surcroît une précieuse première approche d’ensemble : R. Zarella, Étude d’une seigneurie ecclésiastique provençale : le patrimoine temporel de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille au xie siècle et dans la première moitié du xiie siècle, DES d’histoire, Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence (dactylographié), 1954, et L. Jouve, Le temporel de l’Église de Marseille avant 1257, DES d’histoire, Faculté des Lettres d’Aix-en-Provence (dactylographié), 1962. Le matériau de base est fourni par les privilèges garantissant leurs possessions à l’Église cathédrale et à Saint-Victor, notamment les diplômes d’Innocent II, du 18 juin 1135 (B. Guérard, op. cit., 1857, n° 844) et de Lucius III, du 5 juin 1182 (J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1857, n° 1108).
37 Ils ont rarement été étudiés dans le détail, si ce n’est par P. Espeut, Une seigneurie ecclésiastique, Allauch des origines à 1595, d’après des documents inédits, Marseille, 1932, p. 65-75, et à sa suite par G. Lesage, op. cit., 1950, p. 27-31.
38 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 930 ; H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 354.
39 Les parts sont désignées du terme affar, qui désigne un ensemble de biens fonciers, droits et juridictions seigneuriaux. Il s’agit de l’une de ses premières attestations. Il est le le plus souvent appliqué à la coseigneurie. Sur la typologie de cette dernière : G. Butaud, « Remarques introductives : autour de la définition et de la typologie de la coseigneurie », Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge, 122-1, 2010, p. 5-12. Sur le statut coseigneurial d’Aubagne en 1212 : L. Barthélemy, Histoire d’Aubagne, chef-lieu de baronnie, depuis son origine jusqu’en 1789, Marseille, 1889.
40 C’est le cas aussi en octobre 1211, quand Roncelin donne à la cathédrale un privilège d’acquisition de biens in toto dominio nostro et jurisdictione nostra et in potestatione seu territorio nostro (J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 201) ; en juillet 1212, lorsque le même cède sa seigneurie à Saint-Victor, totum dominium à Marseille et in toto tenemento eorum (B. Guérard, op. cit., 1857, n° 907) ; de même lorsqu’il abandonne sa seigneurie de Saint-Marcel aux mêmes moines, en novembre 1212, castrum cum suis tenementis (ibidem, n° 905) ; et lors de la cession par Raymond Gaufridi de son huitième de seigneurie à l’universitas et commune Massilie en avril 1216, in civitate et in ipso territorio et districtu (H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 391).
41 P. Espeut, op. cit., 1932, p. 65-75 ; G. Lesage, 1950, p. 27-31.
42 D. de Boüard, Actes et lettres de Charles Ier, roi de Sicile, concernant la France (1257-1284), Paris, 1926, n° 882. AM Marseille, AA 131, n° 2 : lettre du roi au viguier et au conseil de Marseille à ce sujet, le 11 novembre 1275, rappelant de veiller aux intérêts de Bertrand de Baux seigneur d’Aubagne.
43 Précaution sans doute en faveur de l’abbé de Saint-Victor, si l’on en juge par les revendications de ce dernier formulées en 1306 (AD13, 1H 198, n° 984).
44 D. de Boüard, op. cit., 1926, n° 1005. La procédure repose sur l’audition des parties représentant Allauch et Saint-Julien, et vise à ce que Saint-Marcel ne soit pas inclus dans le territoire de Marseille, ce qui permet ici de ménager les Baux, comtes d’Avellino.
45 AD13, 6G 24, n° 139, vidimé en 1346.
46 AM Marseille, BB1, nos 6 et 7, les 28 et 29 avril 1289 ; DD 2, le 21 mai 1289 (pièce fortement endommagée par l’incendie de janvier 1941). Suite à la supplique du conseil de Marseille à Charles II également motivée par les privilèges commerciaux du vin, le roi charge le sénéchal Bertrand Gantelmi d’y pourvoir le 29 mars 1289 ; le 29 avril, sur ordre du sénéchal, le viguier de Marseille Barras de Barras commet des probi homines afin de mener à bien la délimitation, ce qui est achevé le 21 mai suivant.
47 AM Marseille, BB1, n° 5.
48 AM Marseille, DD2 (pièce fortement endommagée par l’incendie de janvier 1941) : lettre du conseil de ville au baile de Bertrand de Baux, le 14 avril 1290 ; procuration du conseil en vue de cette affaire, le 18 juin 1290.
49 Réclamation du procureur de l’abbé, le 4 août 1290, qui propose une nouvelle délimitation pour intégrer Saint-Julien, la Sala, Château-Gombert et Saint-Mitre, avec le détail du bornage envisagé : AM Marseille, FF ?, fol. 82v, registre qui semble disparu, cité par L. Barthélemy, 1882, n° 702 et P. Espeut éd., op. cit., 1932, p. 69 n. 3.
50 AM Marseille, BB 2, n° 2, le 18 mars 1294 ; AD13, 6G 30, n° 181 ; P. Espeut, op. cit., 1932, p. 73-75 pour le bornage d’Allauch, et p. 272-282. Le 12 avril 1294, le sénéchal Hugues de Vicinis écrit au viguier d’Aix Raymond Ruffi et à son collègue de Marseille Guillaume de Cadenet pour les inviter à s’associer le jurisperitus aixois Durand de Trevis. Ce dernier reçoit les commissions respectives des deux viguiers de Marseille et Aix les 21 et 23 avril suivants. Il procède à l’audition des témoins qui se prolonge jusqu’à l’été, ce qui permet de déterminer les limites et le placement des bornes.
51 P. Espeut, éd., op. cit., 1932, p. 272-282. Liste des bornes à Allauch, dressée par P. Espeut, ibidem, p. 73-75.
52 P. Espeut, éd., op. cit., 1932, p. 73-75, à l’aide d’une pièce de 1528. AM Marseille, DD4, 18 juillet 1551, rapport de bornage ; de même DD12, à propos de la zone d’Allauch.
53 J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 191. Revestet correspond sans doute au site du Revest, sur le versant occidental de la colline de La Garde, et où l’abbaye Saint-Victor détient des prérogatives judiciaires. Les juridictions de l’abbé paraissent au travers des procédures de mars-avril 1228 : B. Guérard, op. cit., 1857, nos 899-900 et ind. H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 455. Le Revest est cité comme villa en 1240 : B. Guérard, 1857, n° 1027.
54 M. Chaillan, Recherches archéologiques et historiques sur Gardanne, Paris, 1910, qui insiste sur le règne de René d’Anjou.
55 F. Benoit, Recueil des actes des comtes de Provence (1196-1245), Monaco-Paris, 1925, n° 281, le 9 février 1238.
56 C. Barnel, « Les Favas, une famille de drapiers dans la Marseille angevine (1302-1473) », Provence historique, 39, 1989, p. 377-378.
57 AD13, 5G 9, n° 60, 31 janvier 1254. En 1290, trois milites de Ners prêtent hommage à l’évêque Durand de Tres Eminas, ainsi qu’un citoyen de Marseille qui réside en ville. J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, nos 329-330. G. Giordanengo, « Jean Blanc, feudiste de Marseille, xiiie siècle », Annales de la faculté de droit de Bordeaux I, 2, 1978, p. 71-93, ici p. 77 et 85-88.
58 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 57.
59 Forbin d’Oppède, Monographie de la terre et du château de Saint-Marcel près Marseille, du xe au xixe siècle, Marseille, 1888. Sur l’autre rive de l’Huveaune, dans la zone des Accates, on ignore l’état du peuplement avant l’époque moderne : É. Gouin, Monographie du quartier et de la paroisse des Accates, Marseille, 1900.
60 B. Guérard, 1857, n° 53 : l’église Saint-Marcel, in qua mansiones Sancti Victoris videntur esse fundate.
61 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 302 et B. Guérard, 1857, n° 1112.
62 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 359 et B. Guérard, 1857, n° 905.
63 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 401 et B. Guérard, 1857, n° 910.
64 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, nos 420 et 463.
65 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 516.
66 H. de Gérin-Ricard, Aperçus sur Allauch (origines et Moyen Âge), Mémoires de l’Académie des sciences, Lettres et Beaux-Arts de Marseille, 1929, p. 95-193 ; P. Espeut, op. cit., 1932.
67 B. Guérard, op. cit., 1857, nos 17 et 137. L. Barthélemy, op. cit., 1889. Aubagne est l’un des rares habitats médiévaux de la périphérie marseillaise à avoir donné lieu à des relevés archéologiques récents : M. Gazenbeek, op. cit., 1990-1991, p. 27-37.
68 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 47, en 1049.
69 F. Mazel, La noblesse et l’Église en Provence (xie-xive siècle), L’exemple des familles d’Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille, doctorat, université d’Aix-Marseille I (dactylographié), 2000, p. 201-204 et 312.
70 B. Guérard, op. cit., 1857, nos 339 et 929.
71 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., Actes, n° 261. En 1177, ce lien entre Église cathédrale et Baux devient une reconnaissance de fief, ad feudum et fidelitatem : F. Mazel, ibid., 2000
72 AD13, 6G 438, fol. 63. J.-J. Cayol, Histoire du quartier de Saint-Loup, banlieue de Marseille, Marseille 1866, p. 13-43.
73 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 52. Il aurait donné le nom de lieu moderne de Saint-Tronc.
74 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 373.
75 B. Guérard, op.cit., 1857, n° 917.
76 Un ortus monialium, appartenant aux moines de Saint-Victor : B. Guérard, op. cit., 1857, n° 1027, le 6 octobre 1240 (ind. F. Benoit, éd., op. cit., 1925, n° 320).
77 En 1306, l’abbé adresse une supplique à Charles II pour réclamer l’insertion de Sala dans le territoire de Marseille et bénéficier des statuts municipaux prohibant les vins étrangers : AD13, 1H 198, n° 984.
78 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, n° 217 et B. Guérard, op. cit., 1857, n° 1100. Voir aussi la notice 1H 66, n° 317, c. 1097-1103, éditée par P. Amargier, Chartes inédites du fonds de Saint-Victor, n° 100, avec une cartographie dans son introduction. Abbé Daspres, Notice historique, topographique et hagiographique sur Saint-Giniez, Marseille, 1874, p. 136-144.
79 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard éd., op. cit., 1926, n° 66 et B. Guérard, Cartulaire, n° 91.
80 AD13, B 42, fol. 234 (copie de 1552), et Pièces authentiques concernant le quartier de Château-Gombert, Marseille, 1877, p. 16-19. Fernand Benoit juge cette pièce non authentique (F. Benoit, éd., op, cit., 1925, n° 27) : outre les erreurs du scribe de 1552, l’eschatocole est un décalque partiel d’un privilège de février 1218 en faveur de Forcalquier (ibidem, n° 26) ; la date de la forgerie est cependant inconnue.
81 Nous la tirons pour l’essentiel du fichier Roberty, AD13, 22F 86.
82 Le 8 octobre 1287, cité par Roberty ; AM Marseille, EE2, fol. 7 paginé 15, novembre 1361 : guardas de Roca Franca.
83 13 décembre 1285, fonds notarié cité par Roberty.
84 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 757 ; 4 septembre 1257, lors d’un accord sur les juridictions seigneuriales, AD13, 351E ; 351E 35, fol. 59.
85 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 53.
86 B. Guérard, Cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor, n° 53.
87 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 917, p. 332.
88 H. de Gérin-Ricard, É. Isnard, éd., op. cit., 1926, nos 541-542, août 1256 : Rostaing d’Agoult y achète un plantarium (vigne récemment plantée) pour le concéder en acapte.
89 D. Mouton, Mottes castrales en Provence. Les origines de la fortification privée au Moyen Âge, Paris, 2008 et La Moutte d’Allemagne-en-Provence : un castrum précoce du Moyen Âge provençal, Arles, 2015.
90 Il convient de distinguer ces toponymes des formes Lo Tor, Thor, Torretum, beaucoup plus anciennes, qui renvoient plutôt à l’oronymie et sont de construction différente, n’étant pas associés le plus souvent à des noms de personnes : les plus anciens sont Thorum de Bonafos en 1273 (à Séon), Lo Tor en 1288 (à Saint-Marcel), Toretum de Helemosina en 1294 (à Château-Gombert), Tor Batallier en 1300 (à Saint-Charles et Garbiers), Tor de La Pineda en 1304 (au Roucas Blanc). Relevé de Roberty, AD13, 22F 86.
91 Fonds Coriolis, cité par Bruno Roberty : AD13, 14E 303, 307 et 309.
92 Les travaux pionniers concernant la bastide ont analysé ce type d’habitat dans la perspective d’une nouvelle dispersion et de la recomposition du réseau castral au bas Moyen Âge, avant de s’y attacher pour les zones péri-urbaines : N. Coulet, « Un village éphémère du pays d’Aix : le Sambuc », Provence historique, 27, 1977, p. 39-57 ; « La naissance de la bastide provençale », in C. Higounet, dir., Géographie historique du village et de la maison rurale, Paris, 1980a, p. 145-159 ; « La bastide provençale au bas Moyen Âge », Archeologia Medievale, p. 55-66, 1980b, p. 55-66 ; Aix-en-Provence : espace et relations d’une capitale, milieu xive-milieu xve s., Aix-en-Provence, 1988, p. 247-271, notamment p. 263-267. On ne dispose de rien d’équivalent pour Marseille.
93 On ne peut s’en tenir à G. Aillaud, dir., op. cit., 2011, p. 74-77 et 78-81, qui confond Tor et Turris.
94 J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 1229 : bastidam sitam ante castrum Alaudi. P. Espeut, op. cit., 1932, p. 37, qui la suppose construite au début du xiiie siècle.
95 F. Michaud, Un signe des temps : accroissement des crises familiales autour du patrimoine à Marseille à la fin du xiiie siècle, Toronto, 1994, p. 138.
96 G. Aillaud, dir., op. cit., 2011, p. 78-81.
97 J. Sibon, op. cit., 2011, p. 187-188.
98 Elle paraît dans la mention d’un confront, via de mansione Ursonis : B. Guérard, op. cit., 1857, n° 40 ; J.-P. Poly, op. cit., 1976, p. 297.
99 J.-P. Poly, op. cit., 1976, p. 297.
100 Bertrand Gomberti, civis de Marseille et non noble, acquiert des droits économiques (milleroles) en 1200 et 1208 aux héritiers des vicomtes, Barrale, Roncelin et Raymond Gaufridi, avant de les revendre à la cour en 1221. Pierre Gomberti est recteur de la confrérie (l’émanation de la commune de la ville basse) en 1215 et attesté jusqu’en 1220 : V.-L. Bourrilly, op. cit., 1925, p. 40, 42, 60, 81 et 90 pour Bertrand, et p. 66 n. 2, p. 75 n. 3, p. 308 et 314 pour Pierre. Il s’agit probablement du même lignage qui s’implante dans la région de Sisteron : P. de Gombert, Histoire des Gombert sur leurs terres en haute Provence, Sisteron, 1998 ; T. Pécout, dir., P. Bernardi, J.-L. Bonnaud, M. Cassioli, A. Mailloux, É. Sauze, J. Stephan, V. Theis, éd., L’enquête générale de Leopardo da Foligno dans le comté de Forcalquier (juin-septembre 1332), Paris, 2017, p. 429-430.
101 Dès 1178, ils comptent un consul. Guillaume Vivaud puis Guillaume Vivaud le Jeune sont recteurs de la confrérie entre 1213 et 1219. V.-L. Bourrilly, op. cit., 1925, p. 75 n. 3.
102 AM Marseille, DD, en octobre 1259 (acte disparu, cité par Mortreuil).
103 Hugues de Affuvello, de la famille seigneuriale de Fuveau sans doute, par un legs en mai 1278 cède une terre à Val de Varris, près des Aygalades : F. Michaud, op. cit., 1994, p. 140-141.
104 J. Sibon, op. cit., 2011, p. 178-192.
105 T. Pécout, « Les évêques de Marseille, de la seigneurie urbaine au service du prince, xie-xive s. », in M. Bouiron, F. Paone, B. Sillano, C. Castrucci, N. Scherrer, dir., Fouilles à Marseille, La ville médiévale et moderne, Aix-en-Provence, 2011, p. 42-46.
106 Sur ces dévolutions : V.-L. Bourrilly, op. cit., 1925, p. 40-42, 60-70 ; M. Zarb, Histoire d’une autonomie communale, Les privilèges de Marseille du xe siècle à la Révolution, Paris, 1961, p. 55-57 ; et, à leur suite, T. Pécout, « Pourquoi Marseille ne fut-elle jamais capitale ? », in É. Malamut, M. Ouerfelli, dir., Villes méditerranéennes au Moyen Âge, Aix-en-Provence, 2014, p. 101-120.
107 AD13, B 1019, fol. 27v-30. Cette enquête est éditée par Marc Bouiron et Juliette Sibon, elle a paru avec son étude précise dans T. Pécout, dir., M. Bouiron, P. Buffo, C. Gadrat, J. Lassalle, A. Olivieri, F. Otchakovski-Laurens, R. Rao, É. Sauze, J. Sibon, éd., L’enquête générale de Charles II en Provence (1297-1299), Paris, 2017, p. 1441-1496. En 1298, les servicia vinearum et aliarum terrarum Massilie relevant de la cour royale, venant après la description des droits économiques puis des cens sur les diverses insule et carrerie de la cité, mentionnent in territorio Massilie : in Malgesc/Malgesco (Mauguies, près de Canteperdrix à Sainte-Marguerite), in Carvillano (Carveillan, à Sainte-Marguerite), Las Cuez (les Cours à Sainte-Marguerite), Las Cabellas (au sommet de Saint-Cyr), in Valle de Solverda, in Montanea Sancti Tronz, juxta montem Sancti Tronz (à Saint-Loup), ad Lasinolioras, in Moloriis (à Menpenti), in Planis prope Massanegues, juxta pinedam (Mazargues), ad Sanctum Tronum, in Valle Crosa, juxta Montem Massilie Veyra (à Saint-Marcel, près du pont de la Barrasse), a las Trella (sans doute la Treille à Saint-Giniez, entre les chemins de Mazargues et du Val Gouffone), a Massane, in Plana Sante Marguerite, in Cantaperdis, Bonavena, in Valle Giraudis (à Montredon), prope Roccam Ruebiam (Roqueribie, à Mazargues ?) juxta pinedam, Blaquerias de Monte Olivo (plutôt à La Valentine, ou encore à Saint-Julien), Plans Ybenne, Sancti Tron, in Valle Sanson qui dicitur Cayron, in Vacaresie, Valle Sansoni, contigüe à la montagne, ad Balmas Laugerii (à Saint-Pierre ou aux Camoins), in Jarreto, in Moleriis, a Coronello (à Saint-Giniez), in Monte Oliveto, a las Cars.
108 J.-P. Poly, op. cit., 1976, p. 83-84 et 101-103. J.-P. Devroey, « Élaboration et usage des polyptiques. Quelques éléments de réflexion à partir de l’exemple des descriptions de l’Église de Marseille (viiie-ixe siècles) », in D. Hägermann, W. Haubrichs, Jörg Jarnut, dir., Akkulturation. Probleme einer germanisch-romanischen Kultursynthese in Spätantike und frühen Mittelalter, Berlin-New-York, 2004, p. 436-472
109 H.-F.-X. de Belzunce, 1747, 1, p. 302 ; F. André, Histoire du monastère Saint-Sauveur de Marseille, Marseille, 1863, p. 6-8.
110 É. Sauze, « Le polyptyque de Wadalde : problèmes de toponymie et de topographie provençales au ixe siècle. Enquêtes de géographie historique en Provence (ixe-xxe siècles) », Provence historique, 34, 1984, p. 3-33.
111 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 28.
112 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 40 : Memoria sive notitia de diversis divisionibus sive partibus terrarum vel vinearum, pertinentium ad cellararium, qui classe les vignobles selon des quartiers, au sein desquels ont donnés des confronts ou des repères topographiques, avec des superficies et l’origine des acquisitions : non longe ab ecclesia sancti Petri, foris portam que vocatur Paradisi circa viam publicam que venit ab ecclesia sancti Tyrsi et vadit in portu Massiliensi ; in Costa Rostagni Constantii ; in Clauso Lamberti ; in Alcipresso ; in Croso Petri Betonis ; ad viam Sancti Michaelis ; in Canneto ; in Plumbearios ; in Podio Calvo ; in Clauso Aicardi Cicute ; in Campo Marcio ; in Sancto Baudilio ; in Intervineas, ad Fontem Iterii ; in Clauso Arlufi ad Viam Longam ; ad fluvium Girreni ; in Prato Longo ; in Morario ; ad Pratum Aucherium ; juxta muros civitatis ; ad Teolarias. J. Billioud, op. cit., 1956, p. 167.
113 In Canneto, in Plumbearios, in Podio Calvo, Geirenum fluvium, Campo Marcio, in Sancto Baudilio, Intervineas, in Morario, in Prato Longo, ad Pratum Aucherium.
114 AD13, 1H 66, n° 317, P. Amargier, Chartes inédites du fonds de Saint-Victor, n° 100. Abbé Daspres, op. cit., 1874, p. 136-144. Elle est implantée in ripa maris et délimitée par les lieux-dits in Palude, in valle de Mazargues, le tout placé in territorio Massiliensi.
115 Pour le bref du cellérier : vers Saint-Just, Saint-Julien, le Jarret, l’église Saint-Étienne, Saint-Giniez, l’Huveaune, La Garde ; pour la notice de Saint-Giniez : vers Montredon, in Montem (sans doute la colline de La Garde).
116 Viam Longam, via de Mansione Ursonis.
117 Un moulin, l’église Saint-Romain à Intervineas.
118 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 52, le 23 avril 1040, donation par un laïc, Wicherius, de biens in territorio Massiliense : in Sarturano, in Arcolas, in Centrones, in Plomberas. B. Guérard, ibidem, n° 53, en 1057 : donation par des hommes de Sancto Marcello, Castello Massilie, de vignes in Tribols à Cadanera (Triboux, près de Saint-Marcel, Les Contes-La Valentine, la Servianne), in terra quam appelant Asgos, confrontant d’autres vignes ; in Valle Sancti Juliani, in Tribols, in Ulmeta, in Valle de Legonano ubi Sancti Juliani ecclesia videtur esse fundata, confrontant des vignes et un allodium, à Sorbairosa, ecclesia Sancti Marcelli in quas mansiones Sancti Victoris videtur esse fundate, in Asgo, in Alauzio, ad Fontem Coopertum, près de Castellario Vetere ; B. Guérard, ibidem, n° 54, c. 1057 : in territorio de civitate Massilie, in valle Sancti Juliani ; in loco quem dicunt Liguognano. B. Guérard, ibidem, n° 55, au xie siècle, in valle Sancti Marcelli, confrontant la terre de Sainte-Marie, in valle Liguognana. On notera aussi la mention, en 1035, in territorio ville Albanie (B. Guérard, ibidem, n° 56).
119 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 1027, le 6 octobre 1240 (ind. F. Benoit, éd., op. cit., 1925, n° 320).
120 J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 136, en octobre 1117. Le domaine acquis d’un clerc et de son frère est dit juxta villam Sancti Juliani, il confronte le Jarret, et se localise in suburbio Massilie.
121 J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 1090. La proximité entre le prévôt Aicard et la famille vicomtale favorise les donations en faveur du chapitre.
122 B. Guérard, op. cit., 1857, n° 923, 9 janvier 1120. Les acquisitions des moines dans des zones où l’Église de Marseille était anciennement implantée sont confirmées (à Saint-Just, Sala, la vallée de l’Huveaune entre Aubagne et la mer) ; les dîmes des églises du diocèse de même, mais à Auriol, Les Pennes et Saint-Thyrse, ce sera le statu quo ; ils conserveront les dîmes des églises situés sur leurs domaines, y compris celles des églises qui seraient fondées à l’issue de l’accroissement de leur dominicatura ; les dîmes des Éoures, de Gémenos, de Roquefort, Signe et Cuges restent aux séculiers.
123 J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 143, le 20 août 1130.
124 J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 1100. L’affaire est arbitrée par un chanoine, Aicard de Toulon, et Geoffroi Rostagni, en présence d’un assesseur Pierre Aldebertus (assidente eis in judicio). Les héritiers Guillaume Anselme et ses frères, petits-enfants d’Aicard de Saint-Marcel, affirmaient que le chapitre ne tenait la castellania qu’au titre de gage, avoir été libérés de leurs dettes à l’égard des chanoines, soit par remboursement, soit par cession de revenus en gage, soit par épuisement de la dette, et jouir pleinement de leur honor. Les dettes sont éteintes par les arbitres, la castellania reconnue aux Anselme, mais en tant que beneficium du prévôt, auquel ils doivent prêter serment de fidélité. Sur cette affaire et les lignages concernés : P. Espeut, « Allauch au xiie siècle », Mémoires de l’Institut historique de Provence, 7, 1930, p. 156-162.
125 J. H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 148. La seigneurie du prévôt à Allauch évolue ensuite dans le cadre juridique élaboré par la monarchie angevine : au milieu du xive siècle, elle consiste en l’exercice du merum et mixtum imperium (AD13, 6G 570, enquête sur l’exercice des juridictions à Allauch, en 1354-1358).
126 AD13, 56H 4699.
127 B. Beaucage, Visites générales des commanderies de l’ordre des Hospitaliers dépendantes du Grand Prieuré de Saint-Gilles (1338), Aix-en-Provence, 1982, p. 509-525.
128 Le membre de Carpiagne est désigné sous l’appellation d’affar Hospitalis, par exemple le 31 août 1407 (AD13, 350E 208).
129 L’hôpital est possessionné à Saint-Marcel, Valbarelle et Saint-Mené, au Canet, près de Notre-Dame du Mont. En 1306, on note les domaines ainsi localisés : del Rozell, de Dona Pelegrine, de lo Cros, del Plantier, de Balma Laugier, d’Ayguas Bonas, La Cavalleria, ces trois derniers près de Château-Gombert (AD13, 1HD E1). D’après l’inventaire de 1341 (AD13, 1HD B4), il s’agit d’une ferrage, d’une terre au Canet, de biens à la Cavalerie, à Baume Laugier, aux Molieras, outre les possessions urbaines et celles des territoires d’Aubagne et de Saint-Marcel. Dix-huit domaines ruraux paraissent en 1363-1364 (AD13, 1HD E13, fol. 9). A. Fabre, Histoire des Hôpitaux et des institutions de bienfaisance de Marseille, 1, Marseille, 1854, 1, p. 89-91 et 98 ; M.-D. Glessgen, Lo Thesaur del Hospital de Sant Sperit, Edition eines Marseiller Urkundeninventars (1399-1511), mit sprachlichem und geschichtlichem Kommentar unter besonder Berücksichtigung des Rechswortschatzes, Tübingen, 1989 [1HD D2]. Les chartes antérieures à 1347 comportent de nombreuses transactions, une majorité de vignes, des censives, à Molieras, Tribols, Fontcouverte, Arcs, Caravelle, Bonneveine, Plombières : 1HD B 44 à B 51, entre 1240 et 1347.
130 AD13, 310E 137, fol. 47.
131 J.-A.-B. Mortreuil, op. cit., 1872, p. 184-185, à partir de, en 1306.
132 Bernard Garnerii, marchand, lègue ses possessions à sa fondation hospitalière Saint-Jacques de Gallice, le 30 mars 1344, assorties d’un fonds d’archives personnelles remontant à 1297 (AD13, 4HDB53-B69). D’après le chartrier, il s’agit d’un ensemble de biens dispersés, résultant sans doute d’acquisitions successives, et localisés à : Rives Hautes (faisse), Fontgate (vigne), Colle d’Embouquin (terre et vigne), Sevrières (vigne), Bonneveine (terre et vigne), de même à Antignane, Saint-Bazile (ou Saint-Baudile), Cavalerie Inférieure, Teulet, Canteperdrix (4 HD B42 et B43, entre 1309 et 1333). On dispose aussi d’un relevé de cens depuis 1317 (4 HD B1, 94 folios).
133 AD13, 350E 731, fol. 140. F. André, op. cit., 1863.
134 Les cisterciennes de Notre-Dame de Sion s’implantent en 1242 aux portes de la ville où elles demeurent jusqu’en 1361, entre celle du Lauret et la colline Saint-Michel, après l’absorption par les religieuses de Saint-Pons de Gémenos d’une fondation charitable du prévôt en août 1214 (J.-H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 1141 ; J. Reynaud, « Notes sur l’histoire de la Plaine Saint-Michel », Répertoire des travaux de la Société de statistique des Bouches-du-Rhône, 48, 1911-1920, p. 129-146 et ici 136-137 ; R. Guyonnet-Dupeyrat, « L’abbaye de Saint-Pons de Gémenos, étude archéologique, descriptions des bâtiments conservés », Provence historique, 29, 1979, p. 131-151.
135 G. Cipollone, La casa de la santa Trinità di Marsiglia (1202-1547), Prima fondazione sul mare dell’ordine trinitario, Cité du Vatican, 1981, p. 156-172, 428-429, p. 171.
136 G. Cipollone, op. cit., 1981, n° 217 p. 293. Le bien est toujours cité au milieu du xive siècle (AD13, 50H 14, 28 mars 1352). L’Hospitalet confronte en 1433 la voie vers Allauch, des bois, le Jarret.
137 AD13, 23H 34 : inventaire des titres des Prêcheurs.
138 D.-L. Smail, op. cit., 2000, notamment p. 117-124 ; La topographie socio-professionnelle de Marseille au xive siècle, M. Bouiron et H. Tréziny, dir., Marseille, trames et paysages urbains de Gyptis au roi René. Actes du colloque international d’archéologie, Marseille, 3-5 novembre 1999, Études massaliètes, 7, Aix-en-Provence, 2001, p. 307-316.
139 F. Michaud, « The peasant citizens of Marseille at the turn of the fourteenth century », in K. Reyerson, J. Drendel, dir., Urban and rural communities in medieval France : Provence and Languedoc, 1000-1500, Leiden, 1998, p. 275-289.
140 AD13, 5G 109 (46 folios), avec une tabula territoriorum (fol. 1-1v).
141 Sur les Aygalades, on dispose d’une monographie, centrée cependant pour l’époque médiévale sur des problèmes d’étymologie et sur le couvent des Carmes, outre quelque passages sur les biens ruraux de Marseillais : É. Perrier, Un village provençal, les Aygalades, Marseille, 1919, p. 89-90 et 138-139.
142 AD13, 5G 111 (fol. 26-60).
143 L’une confronte deux autres (près du littoral), une autre avec casal jouxte un four et une autre maison, trois sont contiguës, de même avec un jardin, trois autres confrontent quatre maisons au total, une maison est associée à trois pièces de terres et une planteria et confronte des terres et un chemin.
144 AD13, 5G 111, fol. 18 par exemple.
145 Désigne une terre de forme allongée et le plus souvent une restanque.
146 Le ressac renvoie à une terre voisine d’un cours d’eau.
147 AD13, 5G 111, fol. 51v.
148 AD13, 5G 111, fol. 41v.
149 AD13, 5G 111, fol. 58-58v, reconnaissance prêtée au palais épiscopal, devant Arnaud de Molieriis et Guillaume Bermundi entre autres.
150 Il s’agit de neuf terres, entre 40 et 2 éminées de superficie, et plusieurs autres non détaillées, outre 4 faycias de terres acquises de Jean de Brinonia dans le massif ; elles confrontent presque toutes ce massif de l’Étoile et certaines y sont localisées : apud Fontanyls, apud locum Femine Morte, apud Vallonum de Elre, in Vallono de Folcherie et de Vay Yuntz (c’est là que se situe sa demeure, et se trouvent ici plusieurs autres possesseurs mentionnés en confront, dont des vignes et la terre de Saint-Antoine), supra Vallonum de Balmis.
151 AD13, 5G 111, fol. 52v-54 (et copie 5G 91, fol. 12).
152 La dîme : sur toute quartière vendangée, une charge de raisin de trois paniers et demi devra être apportée à l’évêque par les colons, à leurs frais.
153 Plus exactement, le laudimium de chaque aliénation sera fait par l’évêque sous huit jours, et une moitié du trézain reviendra au Temple. En outre, si une terre tombe en commise pour défaut de supercens, c’est le Temple qui la confisquera mais devra la rétrocéder en acapte sous trois mois et trois jours. Si la commise est prononcée à l’issue de délits commis par les colons, la confiscation reviendra à l’évêque, qui retiendra le prix en cas de revente de la terre sous trois mois et trois jours.
154 La convention est conclue devant l’archevêque d’Arles et ancien prévôt de Marseille, Hugues Beroardus, à Saint-Marcel. L’acte mentionne les parents de Raymond Beroardus, Bertrand et Marie, qui cèdent une vigne au chapitre située à Sati Trai, ainsi que Raymond Beroardus et sa femme Huga, fille de Berengère de Albio, et un Foulque Beroardus. C’est là la parenté de l’archevêque d’Arles. J. H. Albanès, U. Chevalier, op. cit., 1899, n° 1163.
Auteur
-
Thierry Pécout
Université de Saint-Étienne, UMR LEM-CERCOR
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