En plein champ ?
La ville, son espace et ses seigneurs, entre enracinement et itinérance du pouvoir (Italie centrale, fin du Moyen Âge)
p. 261-292
Texte intégral
À l’heure où le présent volume doit être imprimé, en novembre 2016, l’Italie centrale subit toujours les tremblements de terre désastreux qui la dévastent depuis l’été. Notre contribution est dédiée à ses habitants, à ceux de Camerino tout particulièrement. Ayant dû se résoudre à évacuer leur ville, ils opposent à cette épreuve un grand courage et une immense dignité.
1Dès la fin du Duecento, les formes de pouvoir personnel se multiplièrent dans les villes de l’Italie centro-septentrionale. Si la plupart de ces expériences seigneuriales furent de courte durée, nombre d’entre elles parvinrent à se maintenir pour prendre, dès la première moitié du xive siècle, un net tournant autoritaire1. Une inscription délibérée dans l’espace civique accompagna souvent l’établissement de la domination politique et sociale, au fil de séquences dont la recherche a mis en lumière la chronologie générale2. La continuité prima tout d’abord. Les seigneurs du Trecento établirent leurs résidences dans les espaces centraux traditionnels des pouvoirs urbains et communaux, auxquels ils devaient rester associés. Ils y demeurèrent longtemps, après même que, en bien des lieux, furent élevées les citadelles qui devaient leur servir à contrôler la ville autant qu’à s’en protéger. Ils ne commencèrent à s’installer dans ces forteresses de façon stable, avec leur entourage, qu’à partir des dernières décennies du siècle. Une distance put alors être marquée. Ayant renforcé leur hégémonie et établi une légitimité qui dépendait de moins en moins de la communauté civique, les domini purent faire le choix de la périphérie citadine où, à proximité des murailles, ils avaient édifié de puissants châteaux. Les exemples des da Carrara à Padoue, des Gonzague à Mantoue ou, pour une date plus avancée, des Sforza à Milan, peuvent être classiquement évoqués3. Jamais pourtant, un modèle unique de résidence seigneuriale ne prévalut. Les paysages urbains restèrent variés et les habitations seigneuriales – pour beaucoup pleinement intégrées dans le tissu urbain – diverses, comme le furent les formes politico-institutionnelles des suprématies personnelles. Il faut attendre le milieu du Quattrocento pour voir apparaître une césure avec les pratiques du xive siècle. Auparavant partagé au sein d’une même famille, le pouvoir tendit à devenir dynastique et transmissible par primogéniture. Comme lui, les domus du seigneur gagnèrent en cohésion. Elles furent construites en des ensembles architecturaux autonomes, cohérents, concentrant des fonctions de résidence, d’administration, de gouvernement et de défense. Elles se distinguèrent par des éléments militaires ou ornementaux, mais aussi par les espaces – places et rues – laissés vacants autour d’elles, les séparant du bâti voisin. Concurrençant ceux qu’avait créés la commune, s’y substituant parfois, elles devinrent les principaux pôles du pouvoir sur la ville et ses environs. Elles pouvaient néanmoins ressortir de types divers, alternatifs ou complémentaires, bien identifiés par Marco Folin : la place forte réaménagée en demeure somptueuse, le palais neuf « à l’antique » ou bien la villa suburbaine, voire rurale4.
2 Pour partie, les éléments que propose notre contribution prennent place dans le mouvement général que nous venons d’esquisser. Ils se situent parmi les continuités et les ruptures des liens unissant le pouvoir seigneurial à l’espace urbain. Ils informent plus particulièrement de la persistance, peu spectaculaire mais riche de sens, de l’implantation du seigneur au cœur du champ spatial et politique des villes d’Italie centrale. De celles-ci, trois retiennent plus particulièrement l’attention, chacune le centre d’une petite seigneurie monocitadine contrôlant des territoires et des communautés bien au-delà de ses remparts, au sein de l’État pontifical : la Foligno des Trinci, la Fabriano des Chiavelli, la Camerino des da Varano. Après des décennies de domination entrecoupées d’interruptions et d’exils, ces trois familles parvinrent à instaurer de véritables régimes seigneuriaux dans leurs villes respectives à la fin du xive siècle5. Tous s’effondrèrent dans la décennie 1430. Celui des da Varano se releva après une dizaine d’années mais ce fut pour mieux disparaître quand le siècle suivant commença.
3Au cours de cette histoire tumultueuse, les archives seigneuriales se perdirent presque complètement. Quelques traces persistèrent, dont un profit peut être tiré. Notre propos s’appuie sur une documentation écrite hétérogène constituée de mentions éparses et des registres isolés issus de fonds où le hasard les fit échouer, ainsi que sur les témoignages monumentaux conservés. Ces sources composent un pâle halo grâce auquel nous espérons éclairer quelques aspects d’un phénomène associant étroitement l’enracinement du pouvoir seigneurial dans le tissu urbain et son itinérance à travers les territoires dominés.
4Le cheminement proposé s’effectuera en trois étapes. La première abordera les séquences de l’implantation des familles seigneuriales dans les lieux des pouvoirs urbains, puis la deuxième traitera d’une modalité spécifique de cette intégration, l’accrétion de bâtiments hétérogènes en un même complexe. La troisième étape, enfin, replacera les principales domus citadines au sein du réseau plus large des résidences du seigneur à la ville et à la campagne.
5À Fabriano comme à Foligno, le cœur battant de l’identité civique et du pouvoir politique était constitué par la grande place de la commune6. Les Chiavelli s’installèrent sur celle de leur terra au plus tard vers 13107. Leurs demeures y côtoyèrent alors les principaux édifices d’un régime populaire dont, avec le temps, ils se posèrent comme les continuateurs8. Là, en un ensemble cohérent, se dressaient le palais du podestat élevé sur une arche monumentale entre 1255 et 12609, la grande fontaine publique à vasques polygonales construite au milieu des années 128010 et, un peu en retrait sur la hauteur, le palais des prieurs11. Les événements qui rythmaient la vie politique de la ville se déroulaient au centre de cet espace. Les statuts communaux du milieu du xiiie siècle disposaient qu’au début de son gouvernement, le podestat prêtât serment « in platea comunis ante palatium in contione generali12 ». Les demeures de la famille dirigeante se situaient en outre dans la proximité directe de deux des principaux édifices religieux de Fabriano, la collégiale San Venanzio placée sous le vocable du saint patron de la terra et l’imposante église des Mendiants, dont la construction s’étendit tout au long du Trecento jusqu’à permettre que l’édifice constituât à lui seul tout un côté de la place13. En un siècle et demi, la platea comunis fabrianaise s’établit comme le lieu emblématique de l’identité civique. Elle le fut avant la seigneurie, elle le demeura après elle. Elle rassembla les monuments du culte divin et du gouvernement des hommes, à travers lesquels vivaient la mémoire et le destin que partageait la communauté dans le ciel et sur la terre. En y établissant leurs demeures, les Chiavelli entendaient être des acteurs à part entière de ces dynamiques. Un choix similaire d’inscription dans l’espace civique fut effectué par les Montefeltre à Urbino, avec les demeures d’Antonio, ou par les Trinci à Foligno, avec les maisons d’Ugolino III et de ses fils14. Dans le dernier tiers du Trecento, au moment où ils obtenaient le vicariat pontifical au temporel et, partant, l’élargissement de leurs pouvoirs politiques, militaires et judiciaires accompagné de la reconnaissance de leur domination par une instance supérieure, les Trinci s’installèrent au centre de leur cité15. Ils conservèrent les habitations qu’ils occupaient auparavant dans la contrade voisine d’Ammanniti – lesquelles apparaissent encore dans la documentation notariée des années 1410 comme les domus veteres du seigneur16 –, mais ils établirent leurs résidences principales sur la Place Vieille de Foligno. Ils se trouvaient là dans le voisinage immédiat de la cathédrale Saint-Félicien et des palais publics. Peu avant 1380, ils commencèrent à demeurer dans le palais des chanoines accolé à l’ecclesia matrix17. Des membres importants de la famille l’occupaient encore après plusieurs décennies puisqu’en 1416, Constanza, l’épouse du seigneur Ugolino III décédé l’année précédente, conservait sa solita residentia à l’ombre du campanile18. Cependant, depuis les premières années du xve siècle, le même Ugolino s’était lancé dans l’achat d’un ensemble proche de bâtiments, de tours et de maisons. Il l’étoffa au fil des années, le restructurant, y associant de nouvelles acquisitions et des constructions nouvelles19. Autour de 1410, l’agrégat ainsi constitué pouvait être désigné comme les domus novae magnifici domini Ugolini20. Il s’étendait sur tout le côté nord de la platea vetus communis, à la perpendiculaire des antiques complexes cathédral, à l’Est, et communal, à l’Ouest, auxquels il fut directement relié par des ponts couverts21. Il fermait désormais l’espace où, de longue date et pour longtemps encore, devaient se jouer les grands moments de la vie civique, religieuse et économique de Foligno. Les « demeures nouvelles » restèrent la première habitation urbaine de la famille seigneuriale jusqu’à l’effondrement de celle-ci, en 1439.
6Dans la Camerino de la fin du Moyen Âge, l’espace urbain se structurait autour de deux grands pôles. La documentation de la seconde moitié du xive et du début du xve siècle permet d’en esquisser les contours. Dans la partie orientale de la cité, le premier noyau se composait de l’ecclesia matrix Santa Maria Maggiore et de ses alentours. Dans la partie occidentale, le second était constitué d’une juxtaposition d’espaces associant, d’une part, la place de l’assemblée avec le palais du capitaine du Peuple et celui de la commune qu’un passage couvert reliait à l’église San Francesco et, d’autre part, la place Sant’Angelo, avec l’église bénédictine éponyme et la trasanna, le banc de la justice communale22. Complémentaires, les deux centres permettaient que s’entretint la cohésion du corps civique. Les places Saint-Ange, Sainte-Marie-Majeure et de l’assemblée comptaient parmi les quatre « places de la commune » énumérées par les statuts urbains23. Sur la place de la cathédrale, au début du Quattrocento, le podestat et le capitaine prononçaient leur admonitio. Ils devaient y faire rappeler devant la population assemblée les mesures contre le crime infâme. Plus généralement, les délits commis là étaient punis avec le même degré de sévérité, exceptionnel, que celui prévalant in platea Sancti Angeli24. À partir d’un noyau d’habitations en partie fortifié, établi par eux non loin de l’église majeure depuis la seconde moitié du xiiie siècle, les da Varano étendirent leur emprise spatiale sur Camerino. Ils accrurent le rôle politique de la place Sainte-Marie tandis qu’ils développaient le complexe de leurs demeures où, en certaines occasions, les conseils de la commune pouvaient se réunir autour des seigneurs25. Le processus d’extension des bâtiments peut être décomposé en plusieurs séquences dont la dernière s’acheva à la fin du xve siècle. Nous reviendrons sur ce point.
7Avant cela et à la suite des exemples qui viennent d’être développés, deux ensembles de remarques peuvent être exposés. Le premier concerne l’implantation des résidences seigneuriales dans des lieux constitutifs de l’identité civique. Dans les cas évoqués, elle traduisait une décision que renouvelèrent chacune en leur temps les générations qui se succédèrent, celle de manifester à travers l’intégration dans le tissu urbain la pleine appartenance de la famille dominante à la communauté, à son histoire, à ses valeurs. Si un tel parti pris modifia l’ordonnancement des espaces publics où s’inscrivait la prééminence seigneuriale et, partant, reformula le discours dont ces espaces étaient porteurs, il n’en était pas moins un choix contraint. La pesanteur matérielle des constructions était forte, tout comme l’était l’inertie de leurs usages sociaux et de leurs significations collectives26. Le choix renforçait une autre continuité, celle-là politique, dans laquelle les seigneurs se plaçaient en regard des organes communaux. La double intégration géographique et institutionnelle dans les lieux de la commune fut opérée par bien des familles seigneuriales d’Italie centrale. Elle fonctionna durablement. Après les années 1320 qui leur permirent d’asseoir leur pouvoir et jusqu’au début du xve siècle qui vit leur chute, à Cortone, les Casali résidèrent eux aussi à proximité du palais communal27. À proximité et non à l’intérieur du palais, au contraire de ce que firent Azzone Visconti dans le Broletto Antico de Milan, les Alidosi dans le Palais Vieux de la commune d’Imola après 1365, ou encore Pandolfo Malatesta dans le Broletto de Brescia en 140728. Dans les cas étudiés ici, l’option retenue consistait précisément à désigner la continuité et l’association, non à signifier la césure et la substitution. La position du maître de la ville dépendait de la légitimité de la commune. Celle-ci lui déléguait tout ou partie de son auctoritas et contribuait à construire en sa faveur un consentement populaire grâce aux réunions maintenues de ses conseils ainsi qu’à la médiation recherchée de ses élites29. L’incorporation de la domination seigneuriale au système communal s’observe avec netteté dans les moments où les demeures des signori devenaient un des lieux de l’exercice du pouvoir de la commune. Un registre de délibérations couvrant les années 1425-1433 laisse ainsi voir que, dans la Foligno de Corrado III, le dernier des seigneurs Trinci, les conseils de la ville se réunissaient tantôt dans le palais des prieurs du Peuple, tantôt dans les maisons voisines voulues par Ugolino III, selon que le dominus les présidât ou non en personne30.
8La commune offrait en outre à la famille dirigeante un appareil administratif qui conserva un rôle-clef jusque dans un Quattrocento avancé. La cohérence, l’autonomie, l’efficacité voire l’utilité de structures seigneuriales de gouvernement propres n’avaient aucun caractère d’évidence. Longtemps, la seigneurie resta encastrée dans la commune, dans une des formes institutionnalisées ductiles que le corps politique avait choisies. Ce corps restait irréductible aux dirigeants qui étaient issus de lui. Nous n’évoquons ici qu’une autre des facettes de ce phénomène complexe : la production documentaire. La concernant, l’emploi persistant des hommes et des techniques de la commune, celui, donc, du notariat, a été mis en lumière par des travaux décisifs portant sur les chancelleries qui fonctionnèrent sous des régimes bien établis, tel celui des Gonzague aux xive et xve siècles31. Dans les petites seigneuries du Duché de Spolète et de la Marche d’Ancône, les fragments de la documentation issue des institutions publiques locales laissent voir qu’une typologie large des écrits servant au gouvernement des hommes connut une semblable permanence. Celle-ci toucha aussi bien des livres de compte de la commune et des registres des grâces octroyées par des seigneurs, que des copies de bulles pontificales adressées à ces derniers et conservées dans les archives publiques. La personnalisation prononcée du pouvoir de Corrado III Trinci ne remit pas en cause l’auctoritas, l’arbitrium et la potestas dont était détenteur le conseil du Peuple et de la commune en matière d’établissement d’actes authentiques. Il appartint à l’organe collégial suprême, en 1430, d’autoriser celui qui était à la fois le chancelier de la commune et celui du seigneur, Benedetto de Rocchettis, à mettre sous forme étendue tout écrit conservé in archivio communis32. En 1401, Rodolfo III da Varano accorda au maître Marano di Vanuccio des exemptions fiscales qui confirmaient tout l’intérêt qu’il pouvait y avoir à exercer l’art de la médecine à Camerino. La bonne santé du corps civique était une des responsabilités du dirigeant et celui-ci agissait en l’espèce, précisait l’acte de concession dont Marano bénéficia, en vertu de l’autorité qu’il avait reçue du conseil de la commune et du Peuple de la cité. Le document fut établi dans les résidences seigneuriales par le camérier de la commune, par ailleurs notaire aux reformationes33. En l’état des recherches, les archives fragmentaires n’éclairent ni dans le détail de son fonctionnement ni dans ses évolutions le processus d’élaboration des documents par le pouvoir civil de Camerino. Des signes notables de l’encastrement seigneurial au sein des structures et des espaces de la commune se laissent cependant observer dans le troisième quart du xve siècle. Il n’était encore ni possible ni souhaitable de se passer des premières et de négliger les seconds. En 1465, Giulio Cesare da Varano jouissait seul d’un pouvoir fort. La mort opportune de son cousin Rodolfo l’année précédente venait de l’affranchir du gouvernement collectif pratiqué, non sans de vives tensions, par ses ascendants. Parmi les dossiers que le dominus dut suivre se trouvait celui d’un litige de confins opposant Camerino à Foligno. Vieille de plusieurs décennies, la querelle touchait aux intérêts territoriaux des deux cités et piquait leur fierté. Elle était d’autant plus épineuse que les espaces contestés se trouvaient au point de passage de deux provinces pontificales : Foligno appartenait au Duché de Spolète, Camerino à la Marche d’Ancône. Le règlement fut confié par le pape à son légat dans le Duché, le cardinal Richard-Olivier de Longueil, qui reçut de Camerino un registre épais où avaient été copiées les pièces dont la ville entendait qu’elles appuyassent ses prétentions34. Parmi les nombreux écrits choisis figuraient un extrait du catasto où apparaissaient des terrains possédés jadis par Berardo III da Varano35, et différentes rubriques des statuts communaux36. Les documents avaient été extraits par des notaires en 1464 puis présentés au juge des affaires civiles de la commune, Domenico di Berardo da Cingoli. Flanqué du podestat, le magistrat en avait autorisé la publication à destination du légat alors qu’il siégeait, comme à l’accoutumée, au bancus iuris, sous la loggia publica – la trasanna – de la place communale Sant’Angelo37.
9 Plus brève, une deuxième série de remarques concerne la façon dont les familles seigneuriales prirent place dans les espaces les plus signifiants de la ville. Leurs demeures n’étaient pas des forteresses. Elles avaient la robustesse caractéristique des habitations de la noblesse urbaine et incorporaient, comme elles, des hautes tours rectangulaires. Mais elles étaient percées de nombreuses baies et n’offraient à leurs occupants ni l’abri de murs crénelés ni celui de fossés ou de pont-levis38. En outre, ainsi que l’a justement souligné Marco Folin, les places fortes érigées à l’intérieur des murailles civiques ou à cheval sur elles ne furent généralement pas plus utilisées par les seigneurs comme résidence principale que comme siège stable d’une administration spécifique, avant le tournant des xive et xve siècles39. La concentration des tâches militaires et résidentielles, de représentation et de gouvernement fut mise en œuvre dans certains cas spectaculaires à partir des décennies centrales du Quattrocento. Elle s’observa avec le Castel Sismondo de Rimini40 ou l’ancien Castel San Giorgio de Mantoue, où Ludovic Gonzague transféra sa cour en 1459-146041. Le principe de séparation des lieux et des fonctions perdura cependant longtemps, à travers les différentes formes de domination seigneuriale. Dans la cité de solide tradition communale qu’était Gubbio, la ville la plus importante de ses domaines, Frédéric de Montefeltre reçut en don en 1480 un ancien palais public dont il devait faire sa demeure. Il confia la tâche de le transformer à Francesco di Giorgio Martini tout en ordonnant, par ailleurs, la rénovation du cassero voisin, élevé au xive siècle, qui, accolé aux murs d’enceinte, surplombait le nouveau palais ducal auquel il fut relié. La résidence du seigneur ne fut pas établie dans une citadelle42 : elle ne devait pas inspirer la méfiance ou la peur, elle ne devait pas laisser croire que le maître ressentait la défiance ou la crainte. Sans doute la remarque vaut-elle également pour les trois petits régimes qui sont au cœur de notre propos. Juchée sur une colline, Camerino était en elle-même une place forte. En dépit des oppositions parfois violentes qui ponctuèrent leur seigneurie de la fin du xive au début du xvie siècle, malgré les rivalités entre les membres de la famille, les tensions politiques et les révoltes armées, ce n’est qu’après la prise de la ville par César Borgia, en 1502, qu’une forteresse fut construite. Elle fut élevée à l’extrémité méridionale du promontoire, à l’exact opposé de la cathédrale et des anciennes demeures varanesques. Greffon étranger à la cité, séparée de celle-ci par d’imposants ouvrages défensifs, elle représentait l’option contraire à celle choisie avec constance par les membres de la dynastie déchue, au refus qui avait été le leur de s’enclore afin que fût répétée leur appartenance au corps de la ville et de ses citoyens. Quelques décennies plus tôt, au milieu du xve siècle, Leon Battista Alberti avait donné une formulation théorique claire au discours que les pratiques architecturales et urbanistiques avaient proclamé longtemps avant elle. Il reprenait dans le De re aedificatoria la distinction traditionnelle du gouvernement légitime du prince et du pouvoir usurpé du tyran, pour associer au second la forteresse (arx) et au premier la résidence (domus, aedes ou regia), une résidence, insistait-t-il, qui devait être située au centre de la ville et accessible à tous43.
10Pour qualifier les résidences seigneuriales, le terme de « domus » (« case » en vernaculaire) était bien loin d’être l’apanage des trattatistes du Quattrocento, penseurs, acteurs et promoteurs intéressés d’une redéfinition exclusive de l’architecture44. Il était employé quotidiennement dans la documentation normative, les actes de la pratique et des sources narratives aussi courantes que les chroniques urbaines. Les quelques éléments qui leur sont consacrés dans la deuxième étape de notre cheminement permettent de souligner une nouvelle caractéristique matérielle des demeures des seigneurs, associée à un autre aspect du pouvoir de ceux-ci.
11Pour les périodes haute et centrale du Moyen Âge, le substantif « palatium » évoquait le pouvoir suprême, impérial ou royal. Il conservait en cela le lien qui le rattachait à son origine romaine antique. Dans les villes de la péninsule, il désignait d’abord la résidence de l’empereur puis par glissement, autour du milieu du xiie siècle, en Lombardie en particulier, celle de l’évêque qui tirait profit des faiblesses du souverain45. Aux premiers temps d’une autonomie communale que consacra la victoire contre Frédéric Ier, bien des lieux de réunion des conseils et organes du nouveau pouvoir urbain restèrent liés à des édifices religieux, épiscopaux avant tout. Beaucoup d’autres, cependant, furent établis dans des maisons louées pour l’occasion, des résidences nobiliaires, voire des édifices construits à cette fin encore que dépourvus de monumentalité. Comme le pointe Jean-Claude Maire Vigueur :
les choses chang[èr]ent radicalement […] au cours des deux dernières décennies du xiie siècle. C’est alors, mais alors seulement, que l’on assiste, de la part des communes, à la construction ex novo d’édifices auxquels elles entend[ir]ent conférer les physionomies d’un véritable palais et qui d’ailleurs pour la première fois pr[ir]ent le nom de palatium, jusque là réservé, on le sait, aux résidences de l’empereur et des évêques46.
12Cette « structure indispensable à l’instauration d’une nouvelle pratique de la politique », « ce lieu apte à garantir une nouvelle forme de gouvernement47 » reçut donc une dénomination à valeur de manifeste. Celle-ci proclamait que, là où elle s’était imposée, la commune confiante dans ses moyens et son avenir, était de fait comme de droit un interlocuteur central pour tous les pouvoirs qui s’exerçaient localement ou régionalement dans la péninsule. Dans la ville, elle entendait être le centre principal – si ce n’est unique – de l’espace politique. Aussi, au sein des contextes urbains façonnés par les institutions communales avant que ne se développassent les seigneuries, le terme palatium ne fut-il pas utilisé sans réticence pour qualifier les demeures de la famille dominante. Le moment et l’étendue du glissement sémantique, lorsqu’ils peuvent être situés, sont des indices précieux de la transformation qui s’opéra dans le rapport de la communauté au pouvoir seigneurial. Au cours du xve siècle, à Ferrare, la chancellerie des Este avait recours au nom de « palais » quand les chroniqueurs locaux évoquaient, eux, à propos des mêmes habitations seigneuriales, divers corps de fabrique48. Une cité plus petite comme l’était Foligno offre un autre éclairage sur ce choix lexical hautement signifiant. Parmi les résidences des Trinci implantées autour de la Place Vieille, seules celles du complexe cathédral apparaissaient de façon récurrente dans les datations topiques des actes notariés comme un palais. L’appellation découlait directement, pensons-nous, de ce rattachement à l’ecclesia matrix. Les expressions « palatium maioris ecclesie Fulginei », « palatium canonicorum maioris ecclesie » ou « palatium canonice Fulginei » étaient utilisées – sans que le terme plus neutre de domus soit écarté – depuis les années 1380 pour qualifier ces habitationes de Corrado II ou Ugolino III49. Après 1410, Ugolino se transféra dans le nouveau complexe qui apparut, semble-t-il de manière quasi exclusive, comme les domus ou domus novae du seigneur50. Les palais restaient d’abord les maisons liées à l’évêque et ses chanoines, et les édifices publics où, notamment, logeaient les prieurs du Peuple et le podestat. Les notaires de la commune n’avaient aucune hésitation terminologique, qui, rédigeant les riformationes dans les années 1420 et au début des années 1430, mentionnaient que les réunions des différents conseils communaux avaient lieu tantôt « in domibus residentie magnifici domini Corradi », tantôt « in palatio dicti communis, solita residentia dominorum priorum civitatis »51. De la même façon, les statutari de Camerino firent-ils référence, dans la rédaction de 1424 du corpus des normes communales, à la résidence des seigneurs place de la cathédrale comme aux « dom[us] dominorum de Varano52 ». Un dernier élément peut être apporté en complément de ce développement. Trois ans après la chute des seigneurs de Foligno et l’exécution de Corrado III, les anciennes maisons des Trinci passèrent dans l’escarcelle de la Chambre apostolique. Le gouverneur pontifical s’y installa avec sa cour. Bien que leur aspect extérieur et leur organisation interne n’eussent pas subi de transformation majeure, elles devinrent alors un palais, tant, localement, aux yeux des scribes des délibérations communales qui les évoquèrent sans attendre comme le « palatium domini gubernatoris », que, régionalement, à ceux du successeur de Pierre et de ses scripteurs qui utilisèrent pour les qualifier des expressions telles que « palatium nostrum in civitate Fulginei53 ». L’occupant, son auctoritas et son degré d’autonomie politique faisaient bien le palais, et non la taille ou la morphologie de la construction54.
13 Les palais élevés par les communes de Popolo à la charnière des xiiie et xive siècles se distinguèrent de leurs prédécesseurs par la monumentalité et la cohérence architecturale qui leur furent données. Qu’ils fussent construits ex novo ou qu’ils se vissent, comme celui de Pérouse, dotés de façades unifiant des agrégats antérieurs, ils apparaissaient comme des blocs imposants, unifiés, démarqués nettement de leur environnement par leur décoration extérieure et les espaces ouverts les entourant55. Par contraste, jusque dans un xve siècle avancé, nombreuses étaient les demeures seigneuriales comme celles des Trinci qui restaient des assemblages plus ou moins complexes de bâtiments variés élevés à différentes dates56. Ces domus étaient, selon l’expression de Marco Folin, des « grappes d’habitations – maisons, tours, magasins, espaces diversement enclos », « dispersées et composites », traversées de passages, de cours et parfois de rues, interconnectées, constituant parfois de véritables quartiers57. Elles avaient comme autre caractéristique d’être une propriété collective, ainsi que tendait à être considéré le pouvoir détenu par la famille dominante et partagé entre plusieurs de ses membres. Les maisons pouvaient abriter plusieurs branches du groupe familial hégémonique dont quelques figures étroitement apparentées – père et fils, frères, oncles et neveux, selon des configurations variables – exerçaient une des co-seigneuries qui fleurissaient encore dans le courant du xve siècle.
14Étendus, éclatés, les agrégats résidentiels n’étaient ni pensés ni construits comme des entités closes sur elles-mêmes. Ils n’avaient pas vocation à se figer en une forme pérenne mais ne devaient pas plus suivre un mouvement régulier d’extension. Leur physionomie est donc difficile à cerner à un instant donné et, plus encore, au cours d’une évolution que l’on doit s’empêcher de penser comme linéaire. Quelques aspects saillants de l’organisation des principales maisons urbaines des da Varano peuvent cependant être perçus à travers deux testaments des xive et xve siècles. Ils nous paraissent typiques de logiques spatiales et sociales structurant les domus domini ou les domus dominorum du temps. Le premier de ces documents fut composé le 28 janvier 1350 par Gentile II da Varano58. Il présente la résidence du testateur, sise dans la contrade de Sossanto, dans le voisinage de la cathédrale Santa Maria Maggiore, comme un îlot composé principalement de trois parties distinctes séparées par de murs intérieurs59. Celles-ci échurent à des petit-fils de Gentile, Giovanni dit Brisefer (Spaccalferro), Venanzio et Gentile III60. Alentours se trouvaient d’autres maisons dont le nombre augmenta ensuite au gré des acquisitions. Le testament couché par l’arrière-petit-fils de Gentile II, Rodolfo III, le 30 août 1418, indique que la double morphologie des domus – des bâtiments associés et des édifices voisins mais non attenants – perdura61. Rodolfo légua à chacun de ses fils qui allaient tenter, après sa mort en 1424 et pendant dix ans, de gouverner ensemble, un groupe de ces mêmes édifices. Dans les grandes lignes, il apparaît que les maisons concernées aient coïncidé avec celles issues de la division de 1350. Il s’agissait de bâtiments occupés par le père, Gentile III, et les oncles de Rodolfo III, des bâtiments sur lesquels celui-ci était parvenu à mettre la main pour renforcer un temps la cohérence d’un patrimoine immobilier considérable au cœur de la cité. Rodolfo III transmit à son propre fils Gentilpandolfo toute la partie des maisons de Sossanto qu’il avait reçue de son oncle Brisefer, le « seigneur Giovanni de bonne mémoire62 ». Mais les blocs ainsi légués n’étaient pas hermétiques. D’une part, ils étaient mités par l’attribution de certaines pièces à d’autres héritiers que celui qui devenait le propriétaire principal de l’un des sous-ensembles. D’autre part, leur jonction était assurée par des espaces internes laissés en indivision – tel un vaste cellier –, ou pour lesquels plusieurs hommes du lignage jouissaient d’un droit d’usage – tels la grande porte, la cour à arcades, l’escalier de pierres, ou encore le pont couvert qui reliait directement les domus à la chapelle familiale dans la cathédrale63. En outre, de grandes écuries et d’imposantes salles de réception où pouvaient se réunir les parents, les alliés et les dépendants, voire les instances de la commune, permettaient que fussent traitées collectivement les questions politiques et militaires touchant aux intérêts communs de cette famille de milites64. La répartition des pièces et des bâtiments, les modes différenciés de propriété et d’usage au sein des édifices assuraient l’interdépendance d’un ensemble disparate et l’unité – nécessaire ou à tout le moins voulue – du groupe.
15Les demeures des Trinci et des da Varano attestent la permanence, jusque dans la quatrième décennie du xve siècle, de traits caractéristiques des résidences que composèrent les seigneurs du Trecento quand ils renforçaient leur pouvoir. Il s’agissait d’ensembles associatifs dont la cohésion avait partie liée avec la domination familiale dès lors qu’elle assurait une emprise sur des portions étendues et stratégiques de la ville, et qu’elle affichait la puissance de la parentèle. Mais, comme l’unité du groupe qui y était installé, celle des demeures était susceptible d’être remise en question, à chaque succession ou à chaque expression violente des rivalités internes.
16Resté seul au pouvoir, Giulio Cesare da Varano adjoignit dans les dernières décennies du siècle le bloc de ses case nuove au vaste complexe hérité de ses prédécesseurs65. Un petit dossier documentaire atteste qu’autour de 1490, le chantier auquel le Florentin Baccio Pontelli apporta vraisemblablement une contribution importante était en voie d’achèvement66. La construction se démarquait des entreprises antérieures par son ampleur comme par sa cohérence stylistique et fonctionnelle. Sa partie la plus imposante comportait une majestueuse cour renaissante à portiques que couronnait un étage percé de fenêtres carrées à croisées. Elle clôtura le côté sud de la place de la cathédrale. Le seigneur et les siens continuèrent à résider dans les case vecchie, le nouvel édifice accueillant les organes du gouvernement et servant à la représentation du pouvoir. Signe de l’évolution de la seigneurie vers le principat, en cette seconde moitié du Quattrocento, les maisons neuves de Giulio Cesare contribuaient à la mutation du pouvoir, à sa personnalisation et à son resserrement dynastique. Les domus s’inscrivirent dans la tendance forte qui, au cours du xve siècle, vit l’uniformisation progressive des bâtiments seigneuriaux anciens et la spécialisation fonctionnelle accrue des espaces internes. Néanmoins, elles ne marquaient pas de rupture tranchée avec les stratégies établies d’inscription et d’expansion dans l’espace urbain. Elles témoignaient elles aussi de la variété et de l’hybridation des modèles de résidence urbaine du seigneur, avant que celui de la reggia princière ne s’imposât à partir du milieu xvie siècle67.
17 La focalisation sur les demeures urbaines et l’enracinement du pouvoir seigneurial dans la cité risque cependant de fausser la perspective embrassant les rapports du pouvoir et de l’espace. Le dernier moment de notre propos voudrait tenter de la rééquilibrer un tant soit peu.
18L’emprise des domini s’exerçait sur la ville ainsi que sur les terre et castra du contado, et, bien souvent, au-delà encore. De vastes ensembles territoriaux, éphémères, hétérogènes et discontinus se constituèrent, dont les seigneurs étaient à la fois la tête et le liant68. Cependant, il serait réducteur de faire de la ville principale la capitale de ces contrées, et des maisons seigneuriales qui s’y trouvaient le siège d’un pouvoir central. Servant ses intérêts et ceux du corps civique auquel il appartenait, le seigneur renforçait la position éminente de sa cité au sein d’un maillage hiérarchisé de communautés urbaines et rurales. Il ne devait cependant pas être seulement le représentant de sa ville, il était le protecteur de toutes les collectivités qui le reconnaissaient comme leur dominus. À travers le territoire, sur de grandes distances et de longues périodes, il se déplaçait. Autour de Mantoue, les Gonzague agissaient de la sorte69. Le seigneur passait d’une habitation à l’autre avec une partie des siens, pour la gestion de ses exploitations agricoles, les impératifs militaires, l’administration des communautés soumises ou ses loisirs. Ses parcours tissaient dans un espace fragmenté l’unité symbolique et politique instituée momentanément autour de sa personne. Nombreuses étaient les résidences où il pouvait faire halte. Les Chiavelli possédaient une domus dans le castrum de Belvedere, place forte clef du dispositif défensif de la commune située aux confins de son territoire. Chiavello Chiavelli y séjournait pour chasser. Autour de 1400, on notait dans les livres des dépenses le coût des chaînes acquises pour les chiens de son petit-neveu et des vêtements spécialement réalisés pour les traques70. À l’occasion de l’une d’elles, en janvier 1401, un page dut porter de Fabriano à Belvedere les provisions qui faisaient défaut71. Il est difficile d’apprécier le temps passé par les seigneurs dans leurs différentes demeures mais plusieurs indices laissent penser que le partage ne se faisait pas nécessairement à l’avantage des domus urbaines. La correspondance des familles dirigeantes avec les communautés du contado, parce qu’elle est datée et marquée du lieu où elle fut produite, peut servir de point d’ancrage à l’enquête. Nous appuyons notre propos sur celle qu’adressèrent à Montecchio quatre da Varano72. De la liasse conservée dans les archives de la petite terra, il ne s’agit pas de faire une lecture naïve. On ne trouvera pas là une image fidèle des pérégrinations des seigneurs, encore moins les éléments d’un modèle généralisable à d’autres situations. Les 145 missives localisées composent un échantillon réduit couvrant les années 1381-1426 mais se répartissant de façon très inégale sur cet intervalle. Elles se concentrent majoritairement sur les années 1382-1384 et 1399-1400. Elles furent produites dans un contexte de forts troubles et mises en registre sur ordre des magistrats de Montecchio, après une sélection dont nous ignorons les critères précis. La conscience de ces biais documentaires n’empêche cependant pas de prêter attention à la tendance qui se dessine au sein du corpus. Certes, Camerino est bien le lieu principal de provenance des lettres mais seulement pour une majorité relative d’entre elles. Un tiers des 145 textes considérés y fut composé. Si l’on procède à un décompte par auteur, les proportions peuvent s’inverser. Un tiers des missives de Rodolfo III à Montecchio73 fut écrit depuis Tolentino, un quart depuis Camerino et un dixième depuis le château de Beldiletto situé dans le district, dans la vallée du Chienti. Il est inutile de poursuivre ce jeu de chiffres dont la représentativité statistique ne saurait être invoquée. L’impression générale est celle d’une circulation importante et régulière. Elle est confortée par la correspondance avec d’autres communes. Ussita recevait elle aussi demandes, conseils et ordres adressés par les da Varano depuis leurs demeures citadines et extra-urbaines. En 1396, les émissaires du petit castrum allèrent trouver Rodolfo III à Tolentino et à Serravalle. En mai 1415, ils apportèrent huit chevreaux au dominus, à Beldiletto d’où, en juin 1417, le vieux seigneur prit des mesures pour l’approvisionnement en blé de la communauté. Quelques mois plus tard, en septembre, il s’adressa à celle-ci depuis Cesapalombo. En novembre 1422, c’était au tour de l’un des cadets de Rodolfo, Giovanni, d’écrire aux gens d’Ussita depuis la rocca de Beldiletto74. La correspondance des da Varano apporte un second élément à notre étude : les instructions que recevaient les communautés soumises en matière de défense, de finance ou de ravitaillement étaient indifféremment données par Rodolfo ou ses fils. À un même moment, les membres de la famille pouvaient se trouver chacun en un point différent des territoires qu’ils dominaient et de là, en chevauchant et en écrivant, les diriger collectivement.
19 Dès la fin du xive siècle, les résidences sub- et périurbaines jouèrent un rôle important dans le fonctionnement des seigneuries italiennes. Aux environs de Lucques, Paolo Guinigi disposait du splendide palazzo ai Borghi qu’il fit ériger à partir de 141375. Hors de leur cité, les Este entreprirent de construire des bâtiments destinés au déploiement d’une cour fastueuse. Leur projet connut un « saut qualitatif » au cours des années 1420-1430 lorsque des édifices comme le château de Belriguardo furent réalisés76. Quelques décennies plus tard, autour de Camerino, les castelli de Lanciano, Pioraco ou Beldiletto étaient devenus les principaux nœuds d’un réseau entretenu par Giulio Cesare da Varano. Il en fit, selon l’expression d’Isabella Lazzarini au sujet des demeures extra moenia des Gonzague, « le symbole d’un nouveau modèle de vie courtisane77 ». Beldiletto, la vieille résidence fortifiée élevée au dernier quart du xive siècle fut couverte de nouvelles peintures murales exaltant les vertus militaires des seigneurs, l’étendue de leurs alliances, la solidité de leur dynastie78. De tels lieux étaient le cadre de la pratique aristocratique discriminante de la chasse – à courre ou au vol – qui renforçait la cohésion des élites du temps et, plus encore, attribut du pouvoir, signe de souveraineté, constituait un puissant ressort dans le gouvernement des hommes et la domination des territoires79. Les castelli offraient en outre le locus amœnus où le seigneur mettait en scène le retrait qui devait lui permettre de cultiver l’otium et fréquenter les muses, où il était le centre de sa cour, où il accueillait ses invités. Les lettrés itinérants, prodigues en vers élogieux dédiés à ceux dont protection et argent étaient espérés, contribuèrent à élaborer l’image-type d’un seigneur entretenant un nouveau rapport avec les jardins et la campagne. Les descriptions d’une nature idéalisée étaient façonnées à la lumière de la poésie classique80, au sein d’un ample mouvement que nous ne saurions qu’effleurer ici. Parmi les écrivains qui le constituèrent, plusieurs cherchèrent à se ménager une place auprès des da Varano, comme ils le firent auprès des ducs d’Urbino, des Aragonais de Naples ou des souverains pontifes. Le Florentin Girolamo Benivieni offrit sa Buccolica à l’« illustre principe Iulio Cesare de Varano principe di Camerino81 ». Commentant avec une distance amusée sa démarche, il mit en scène dans le premier églogue une personnification de son propre recueil, qu’il baptisa Phileno. Celui dont le nom signifie « amore di laude », ou « amour de la louange », tente de convaincre son auteur de lui permettre d’aller accomplir un destin de gloire et de richesse auprès de Giulio Cesare da Varano. Malgré son aversion naturelle contre toute vanité et sa crainte de voir calomnier une œuvre imparfaite, l’écrivain finit par céder82. Phileno lui a décrit pour mieux le circonvenir, « au pied du haut Mont Sibyllin », les lieux idylliques où son protecteur l’attend, les vallées paisibles et les prairies en fleurs où les brebis que sont chacun des poèmes qui composent le petit volume pourront paître en toute quiétude83.
20Dans la seconde moitié du Quattrocento, quand la campagne vint à être décrite comme un lieu de jouissance, quand les delizie et les villas avec jardins se multiplièrent, des formes codifiées de sociabilité se développèrent. Elles structurèrent les cours seigneuriales, elles associèrent les grandes familles aristocratiques apparentées entre elles. Loin du centre de la ville, les résidences de campagne étaient des lieux autres de l’exercice et de l’ostentation du pouvoir seigneurial. Sans qu’il faille associer mécaniquement, pour l’y réduire, un type d’espace à une dimension du pouvoir, celui-ci se manifestait là sous d’autres aspects. Il se déployait à travers la singularité dont le dominus se parait grâce à son retrait, comme à travers les légitimités issues de la cohésion familiale, de la continuité dynastique, de l’appartenance aux élites qu’unissaient valeurs et modes de vie spécifiques.
21Issus de la communauté civique qu’ils dirigeaient, Trinci, Chiavelli et da Varano prirent place au cœur de l’espace urbain. Leurs résidences disaient autant leur appartenance au groupe qui leur avait remis le pouvoir que la place hégémonique qu’ils occupaient en son sein. Leurs maisons étaient voisines des palais communaux et des grands édifices religieux, attestant la nécessité longtemps ressentie d’une inscription dans la mémoire et les institutions de la ville. Elles confortaient l’illusion de la stabilité alors même qu’elles assuraient à leurs propriétaires une forte emprise spatiale et qu’elles participaient aux profonds bouleversements des équilibres socio-politiques. La morphologie de ces demeures, amalgames d’édifices anciens et nouveaux restructurés, assurait un développement sans rupture de l’implantation familiale. Elle correspondait en outre à un exercice collectif du pouvoir. Si la centralité urbaine s’imposa aux seigneurs et les conduisit à construire par les pierres, à l’intérieur de l’espace civique, un discours polysémique sur leur gouvernement, elle travaillait non sans tension leur domination qui devait répondre, à une autre échelle, à l’effet centrifuge de vastes ensembles territoriaux. Les domus urbaines n’étaient ainsi qu’un des lieux du pouvoir. Elles ne permettaient son déploiement que dans la mesure où elles appartenaient à un réseau de résidences dont le degré d’intégration aux espaces des communautés urbaines et rurales variait de l’isolement marqué à l’incorporation affichée. Spatiaux et politiques, ces jeux d’emboîtements se trouvaient au cœur des formes originales de pouvoir qu’étaient les seigneuries urbaines. Le maintien et la longévité de celles-ci dépendaient largement de leur capacité à faire coexister ces contradictions.

Fig. 1 - Vue de Fabriano au xviie siècle. Estampe gravée par Matthaus Greuter d’après un dessin de Michele Buti, imprimée à Rome en 1630.
Collection particulière, tous droits réservés.

Fig. 2 - Vue de Fabriano au xviie siècle (détail de l’estampe de Matthaus Greuter).
Au centre, en triangle, la place de la commune avec la fontaine ; à sa gauche, l’église San Francesco ; en bas, le palais du podestat avec l’arche monumentale. À droite (lettre A), l’église San Venanzio devenue cathédrale.
Entre celle-ci et la place, le palais des prieurs. Les demeures des Chiavelli correspondent à l’édifice cubique à deux niveaux (nombre 47), dans l’angle inférieur gauche de la place.

Fig. 3 - Foligno, vue aérienne orientée vers le Nord, au début des années 1960.
Au centre, le complexe cathédral ; à gauche de celui-ci et perpendiculairement à lui, les demeures des Trinci.
D’après une carte postale ancienne, F. Francioli, Foligno – Foto-stampa Angeli, Terni ; collection de l’auteur ; tous droits réservés.

Fig. 4 - Foligno place 1840, Edmond Du Sommerard (1817-1885). Crayon sur papier, 25,7 x 40,5 cm, 1840. Foligno, Museo della Città, tous droits réservés.
À gauche une partie des demeures des Trinci avant l’élévation de la façade néo-classique, puis le pont les reliant au complexe cathédral ; à droite, la façade occidentale de la cathédrale Saint-Félicien.

Fig. 5 - Camerino, les demeures da Varano au début des années 1960 ; aujourd’hui siège de l’université. D’après une carte postale ancienne, L. Conforti, Camerino – Fototipia Berretta, Terni ; collection de l’auteur, tous droits réservés.
À gauche de l’image, la cathédrale Sainte-Marie-Majeure. Les case vecchie da Varano ont subi de grandes transformations depuis la fin du Moyen Âge.
À l’extrême droite de l’image, le portail monumental donnant sur la cour à portiques des case nuove de Giulio Cesare da Varano.

Fig. 6 - Camerino, cour d’honneur des case nuove (vers 1490). Vue depuis le portail donnant sur la place (angle Nord-Est).
Photographie de l’auteur (janvier 2009), tous droits réservés.
Abréviations
Fonds
22ASCF ab : Archivio Storico Comunale di Fabriano
23ASC am : Archivio di Stato di Macerata, sezione di Camerino
24ASCF ol : Archivio Storico Comunale di Foligno (presso l’Archivio di Stato di Perugia, sezione di Foligno)
25ASF ir : Archivio di Stato di Firenze
26ASP a : Archivio di Stato di Parma
27BCVC am : Biblioteca comunale Valentiniana di Camerino
Publications
28AMDSPM : Atti e Memorie della Deputazione di Storia Patria per le Marche
29BDSPU : Bollettino della Deputazione di Storia Patria per l’Umbria
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34CIAPPARONI F. (éd.), 1977, Statuta comunis et populi civitatis Camerini (1424), Naples, Jovene (Pubblicazioni della Facoltà di Giurisprudenza dell’Università di Camerino, 14).
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36SASSI R., 1955, Documenti chiavelleschi, Ancône, DSPM (Fonti per la storia delle Marche).
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Notes de bas de page
1 L’historiographie des seigneuries urbaines italiennes est un champ très vaste dont nous ne saurions rendre compte ici. Nous nous bornons à souligner qu’elle a connu, depuis une quinzaine d’années, un profond renouvellement. Un des éléments-clefs de celui-ci a été la grande enquête collective dirigée par Jean-Claude Maire Vigueur et Andrea Zorzi dans le cadre d’un Programma di Ricerca scientifica di rilevante Interesse Nazionale (PRIN) financé par le Ministero dell’Istruzione, dell’Università e della Ricerca : « Le signorie cittadine in Italia (metà xiii secolo-inizio xv secolo) » (2008-2012). Une collection a été créée chez l’éditeur romain Viella en lien avec ce programme, dont les ouvrages suivants concernent particulièrement notre propos : J.-C. Maire Vigueur, dir., Signorie cittadine nell’Italia comunale, Rome, Viella (Italia comunale e signorile, 1), 2013 ; A. Zorzi, Tiranni e tirannide nel Trecento italiano, Rome, Viella (Italia comunale e signorile, 5), 2013a, en particulier : A. Zorzi, La questione della tirannide nell’Italia del Trecento, 2013b, p. 19-22.
2 É. Crouzet-Pavan, Renaissances italiennes 1380-1500, Paris, Albin Michel (Bibliothèque Albin Michel Histoire), 2007, p. 120-131 ; J.-C. Maire Vigueur, « La politique monumentale des communes et des seigneuries : un essai de comparaison (Italie centrale, xive siècle) », in S. Albonico et S. Romano, éd., Courts and Courtly Cultures in Early Modern Italy and Europe. Models and Languages, Rome, Viella (Études lausannoises d’histoire de l’art, 20 - Studi Lombardi, 8), 2016, p. 51-57.
3 P. Boucheron, « Non domus ista sed urbs, Palais princiers et environnement urbain au Quattrocento (Milan, Mantoue, Urbino) », in P. Boucheron et J. Chiffoleau, éd., Les palais dans la ville. Espaces urbains et lieux de la puissance publique dans la Méditerranée médiévale, Lyon, PUL (Coll. d’histoire et d’archéologie médiévales, 13), 2004, p. 249-284.
4 Ce passage doit beaucoup aux travaux récents et stimulants de Marco Folin, en particulier : M. Folin, « La dimora del principe negli Stati italiani », D. Calabi et E. Svalduz, dir., Il Rinascimento italiano e l’Europa, VI : Luoghi, spazi, architectture, Trévise/Costabissara, Fondazione Cassamarca/Angelo Colla editore, 2010, p. 352-358 ; M. Folin, « Sedes tyranni. Le residenze signorili in Italia (secoli xiv-xv) », in É. Crouzet-Pavan et J.-C. Maire Vigueur, dir., L’art au service du prince. Paradigme italien, expériences européennes (vers 1250-vers 1500), Rome, Viella (Italia comunale e signorile, 8), 2015, p. 40-43.
5 Dernièrement, J.-C. Maire Vigueur, op. cit., 2016, p. 40-41.
6 Nous reprenons ici sous une forme à la fois condensée et mise à jour les éléments qui ont mûri au fil de nos recherches et dont nous avons présenté des analyses dans les contributions suivantes, auxquelles nous nous permettons de renvoyer le lecteur pour plus de détails : J.-B. Delzant, « Au cœur de la cité, Construction et élaboration des palais seigneuriaux en Italie centrale : les exemples de Foligno et de Camerino (xiiie-xve siècle) », in V. Obry et C. Dauphant, dir., Rêves de pierre et de bois. Imaginer la construction au Moyen Âge, Paris, PUPS, 2009, p. 33-46 ; J.-B. Delzant, « Instaurator et fundator. Costruzione della signoria urbana e presenza monumentale del Comune (Italia centrale, fine del Medio Evo) », BDSPU, vol. CIX, fasc. I-II, 2012, p. 300-305 ; J.-B. Delzant, « Instaurator et fundator : édification de la seigneurie urbaine et construction de la ville (Italie centrale, fin du Moyen Âge) », in M. Boone et M. Howell, dir., The Power of Space in late Medieval and Early Modern Europe : the Cities of Italy, Northern France and the Low Countries, Turnhout, Brepols (Studies in European Urban History, 30), 2013, p. 112-116 ; J.-B. Delzant, « Quand les pierres pensent. Remarques sur les messages politiques des demeures seigneuriales dans l’Italie de la Renaissance », Classeur. Revue théorique d’architecture, n° 1 : Le mythe de Pierre, 2016a, p. 159 et 161.
7 La datation topique indique d’un acte notarié qu’il fut établi en 1311 « in platea comunis ante domum Gratie et Gualterii de Clavellis ». R. Sassi, Documenti chiavelleschi, Ancône, DSPM (Fonti per la storia delle Marche), 1955, doc. 3, p. 47.
8 Figures 1 et 2, p. 274, 275.
9 F. Pirani, Fabriano in età comunale, Nascita e affermazione di una città manifatturiera, Florence, Nardini (La società medievale, Saggi e ricerche), 2003, p. 33.
10 R. Sassi, « La data e l’artefice perugino della fontana maggiore di Fabriano », AMDSPM, 7e série, vol. IV, p. 71-82, 1949 ; R. Sassi, « Un altro documento per la storia della fontana romanica nella piazza maggiore di Fabriano », AMDSPM, 7e série, VI, 1951, p. 41-44.
11 Le 5 février 1325, « in palatio dictorum priorum » se trouvaient « solito congragati » le vicaire du podestat et capitaine de la terra, les prieurs des Arts, le gonfalonier et protecteur de la commune et du Peuple, avec huit sapientes viri désignés pour la défense de Fabriano (ASCFab, Riformanze, 2, fol. 1r). Le 2 février 1392, « in palatio habitationis quondam dominorum priorum artium terre Fabriani, in quadam camera ubi est cancellaria dicti comunis », les nouveaux statuts de l’Art de la laine furent approuvés par les prieurs des Arts et le defensor comunis et populi, Guido Chiavelli, en vertu de l’autorité conférée à ces hommes par le conseil de la commune. A. Zonghi, Statuta artis lanae terrae Fabriani (1369-1674), Fabriano, Tipografia Gentile, 1880, p. 44.
12 Nous citons le texte tel qu’il figure sur un bifolio de parchemin, fragment vraisemblable du premier fascicule d’un registre de statuts fabrianais du xiiie siècle. Longtemps réemployé comme couverture d’un registre de notaire, il est aujourd’hui conservé à l’Archivio di Stato de Pérouse parmi les pièces composant le codex 12. Nous l’avons consulté alors qu’il était exposé au Museo della Carta e della Filigrana de Fabriano, dans le cadre de l’exposition documentaire « Il notariato in area umbro-marchigiana. Esperienze professionali e produzione documentaria – secoli x-xviii » (20 juin-21 juillet 2008). Un catalogue d’exposition a depuis été publié : G. Sturba, Il notariato in area umbro-marchigiana. Esperienze professionali e produzione documentaria – secoli x-xviii. Catalogo della mostra documentaria (Fabriano, 20 giugno-21 luglio 2008), Pérouse, Volumnia Editrice, 2011, ainsi que les actes du colloque lié à l’exposition : G. Giubbini, Il notariato in area umbro-marchigiana. Esperienze professionali e produzione documentaria – secoli x-xviii. Atti del convegno, Pérouse, Volumnia Editrice, 2011. Sur ce document et la bibliographie y afférente : G. Avarucci et U. Paoli, Lo statuto comunale di Fabriano (1415), Fabriano, Città e comune di Fabriano, 1999, p. xiii-xvi.
13 R. Sassi, Le chiese di Fabriano, Brevi cenni storico-artistici, Fabriano, Arti Grafiche Gentile, 1961, p. 24-26. La consécration aurait eu lieu en 1398.
14 Concernant les premiers : M. Giannatiempo López, « Antefatti al palazzo di Federico : ritrovamenti, ipotesi », in P. Fiore, dir., Francesco di Giorgio alla corte di Federico da Montefeltro, I, Florence, Leo S. Olschki (Biblioteca dell’« Archivium Romanicum », 317), 2004, p. 147-166.
15 La première attestation de la concession du vicariat in temporalibus sur Foligno aux Trinci date de 1367. Il s’agit d’une bulle d’Urbain V datée du 30 novembre.
16 Ainsi dans la datation topique d’un acte notarié du 17 février 1411, citée par L. Lametti, « Palazzo Trinci : origine, struttura, storia e stile di una dimora signorile dell’inizio del xv secolo », Signorie in Umbria tra Medioevo e Rinascimento : l’esperienza dei Trinci, II, Pérouse, Deputazione di Storia Patria per l’Umbria, 1989, doc. 41, p. 362.
17 Laura Lametti donne comme première mention de cette installation la datation topique d’un acte de 1379. L. Lametti, op. cit., 1989, p. 309 et doc. 1, p. 350.
18 L. Lametti, op. cit., 1989, doc. 52, p. 365. La datation topique de l’acte notarié précise : « Actum in civitate Fulginei in sotetate platee veteris, in porticho domus habitationis infrascripte magnifice domine domine Gostantie de Trinciis, posito in dicta societa iuxta cameram solite residentie infrascripte magnifice domine et claustrum dictarum domorum et campanile maioris ecclesie Fulginei et alia latera. »
19 Figure 3, p. 276. Sur les étapes de la construction des domus seigneuriales, voir L. Lametti, op. cit., 1989 ; L. Lametti, « Il palazzo : dalle preesistenze all’Unità d’Italia », in G. Benazzi et F. F. Mancini, dir., Il Palazzo Trinci di Foligno, Pérouse, Quattroemme, 2001, p. 51-104.
20 L. Lametti, op. cit., 1989, doc. 40 et 42 p. 361-362.
21 Sur les palais publics de Foligno, voir F. Bettoni, I Palazzi Pubblici di Foligno, Pérouse, Quattroemme (coll. « Palatia »), 2014.
22 J.-B. Delzant, op. cit., 2012, p. 302-303.
23 D’après la copie des Statuta et ordinamenta viarum, pontium et fontium réalisée par le notaire Pier Marino Leonardi à la fin du xve siècle. BCVCam, ms. 312, rub. 18, fol. 20r : « Quod nulla persona posit ligare somarium vuel mulum in quibusdam plateis et certis aliis locis. / Item dictus officialis teneatur et debeat vinculo iuramenti plateas communis videlicet plateam sancti angeli et plateam rasenghe, plateam sante marie maioris et sancti dominici remundare […]. »
24 F. Ciapparoni, Statuta comunis et populi civitatis Camerini (1424), Naples, Jovene (Pubblicazioni della Facoltà di Giurisprudenza dell’Università di Camerino, 14), 1977, livre III, rub. 55, p. 204-205 (mesures contre la sodomie) ; rub. 62, p. 210 (dispositions contre les « jeunes dissolus » répétées chaque mois par les officiers de la commune « in platea Sancti Angeli et Sancte Marie Maioris ») ; rub. 67-68, p. 215-216 (alourdissement des peines pour les délits commis sur les deux places sus-citées).
25 Par exemple, les huit capitaines des Arts et le conseil de surveillance de la cité se réunirent le 6 février 1404 « in caminata dominorum mangnifici domini Berardi nati magnifici domini Rodulfi postia in platea Sancta Marie Maioris » pour écouter une requête que leur adressa Rodolfo III (ASFir, Ducato di Urbino, classe I, n° 13, inserto 3, fol. 64v).
26 É. Crouzet-Pavan, « Le seigneur et la ville : sur quelques usages d’un dialogue (Italie, fin du Moyen Âge) », in Europa e Italia. Studi in onore di Giorgio Chittolini, Florence, Firenze University Press (Reti Medievali. E-Book, 15), 2011, p. 131-132.
27 L. Tanzini, A consiglio. La vita politica nell’Italia dei comuni, Rome-Bari, Laterza (Società e storia), 2014, p. 174-175. Sur la période postérieure, voir C. Pérol, Cortona : pouvoirs et sociétés aux confins de la Toscane (xve-xvie siècle), Rome, École française de Rome (Coll. de l’ÉfR, 322), 2004.
28 M. Folin, op. cit., 2015, p. 32-33 pour la série de ces exemples et la bibliographie les concernant.
29 L. Tanzini, op. cit., 2014, p. 163-186.
30 ASCFol, Riformanze, 24. Ce registre, l’unique disponible pour la période des Trinci, laisse penser que la présence du seigneur était bien le critère déterminant le lieu des réunions. Il fallait que Corrado III fût physiquement présent, et non représenté par son vicaire, pour que les instances collégiales ne se tinssent pas dans le palais des prieurs.
31 La voie a été ouverte par les études pionnières d’A. Bartoli Langeli, La documentazione degli Stati italiani nei secoli xiii-xv : forme, organizzazione, personale, Culture et idéologie dans la genèse de l’État moderne, Rome, École française de Rome (Coll. de l’ÉfR, 82), 1985, p. 35-55, complétées par A. Bartoli Langeli, « Cancelleriato e produzione epistolare », in P. Cammarosano, dir., Le forme della propaganda politica nel Due e nel Trecento, Rome, École française de Rome (Coll. de l’ÉfR, 201), 1994, p. 251-26. Pour les Gonzague : I. Lazzarini, « Pratiques d’écriture et typologies textuelles : lettres et registres de chancellerie à Mantoue aux xive et xve siècles », in G. Castelnuovo et O. Mattéoni, dir., Chancelleries et chanceliers des princes à la fin du Moyen Âge, Université de Savoie, Chambéry (Sociétés, religions, politiques, 19), 2011, p. 77-110. Plus généralement, sur les caractères propres de la documentation seigneuriale, P. Merati, « Elementi distintivi della documentazione signorile », in J.-C. Maire Vigueur, dir., Signorie cittadine nell’Italia comunale, Rome, Viella (Italia comunale e signorile, 1), 2013, p. 421-438 ; sur les chancelleries seigneuriales et la bibliographie les concernant, voir les éléments récemment proposés par G. M. Varanini, « Cancellerie signorili trecentesche dell’Italia settentrionale. Tra notariato e “proto-umanesimo” », in É. Crouzet-Pavan et J.-C. Maire Vigueur dir., L’art au service du prince. Paradigme italien, expériences européennes (vers 1250-vers 1500), Rome, Viella (Italia comunale e signorile, 8), 2015, p. 355-376.
32 J.-B. Delzant, « Domination et participation. Modalités du gouvernement seigneurial dans les villes d’Italie centrale à fin du Moyen Âge », Gouverner les hommes, gouverner les âmes (actes du 46e congrès de la SHMESP, Montpellier, 2015), Paris, Publications de la Sorbonne, 2016, p. 182.
33 ASCam, collezione delle carte, busta I, fasc. 1 (copie de l’époque moderne).
34 ASCam, Confini, busta 7, fasc. 1. Le registre comporte 291 folios.
35 Berardo di Rodolfo III, mort en 1434. Il fut un des oncles de Giulio Cesare.
36 ASCam, Confini, busta 7, fasc. 1, fol. 56v-58r et 67r-71r.
37 ASCam, Confini, busta 7, fasc. 1, fol. 58r-60r, fol. 62r-63v.
38 M. Folin, op. cit., 2010, p. 352-358 ; J.-B. Delzant, op. cit., 2012, p. 304-305.
39 M. Folin, op. cit., 2015, p. 28-31. La périodisation de tels phénomènes nécessite une grande prudence mais il semble que les installations de la famille et de l’administration aient souvent correspondu à des séquences distinctes.
40 A. Turchini, Castel Sismondo, Sigismondo Pandolfo Malatesta e l’arte militare del primo Rinascimento, Cesena, Società Editrice Il Ponte Vecchio (Mirabilia urbis, Tesori di città romagnole, 17), 2003.
41 M. R. Palvarini et C. Perogalli, Castelli dei Gonzaga, Milan, Rusconi Libri S.p.A., Immagini (I Castelli, Architettura fortificata e committenti), 1983, p. 60-70, en particulier p. 67.
42 F. P. Fiore, « Interventi urbani in una signoria territoriale del Quattrocento a Urbino e Gubbio », in J.-C. Maire Vigueur, éd., D’une ville à l’autre : structures matérielles et organisation de l’espace dans les villes européennes (xiiie-xvie siècle), Rome, École française de Rome (Coll. de l’ÉfR, 122), 1989, p. 425-436.
43 L. B. Alberti, L’architettura [De re aedificatoria], éd. G. Orlandi, vol. 1, Milan, Il Polifilo (Classici italiani di scienze tecniche e arti – Trattati di architettura, 1), 1966, livre V, chap. 3, p. 346-347.
44 J.-B. Delzant, op. cit., 2016a, p. 154-158.
45 C. Brühl, Il « palazzo » nella città italiana, La coscienza cittadina nei Comuni italiani del Duecento, Todi, Accademia tudertina (Convegni del Centro di studi sulla spiritualità medievale, 11), 1972, p. 263-282 ; G. Andenna, « La simbologia del potere nelle città comunali lombarde : i palazzi pubblici », in P. Cammarosano, dir., Le forme della propaganda politica nel Due e nel Trecento, Rome, École française de Rome (Coll. de l’ÉfR, 201), 1994, p. 370-378.
46 J.-C. Maire Vigueur, « Les inscriptions du pouvoir dans la ville : le cas de l’Italie communale (xiie-xive siècle) », in É. Crouzet-Pavan et É. Lecuppre-Desjardin, dir., Villes de Flandre et d’Italie (xiiie-xvie siècle). Les enseignements d’une comparaison, Turnhout, Brepols (Studies in European Urban History (1100-1800), 12), 2008, p. 210.
47 J.-C. Maire Vigueur, op. cit., 2008, p. 212.
48 M. Folin, op. cit., 2010, p. 348-349.
49 Parmi d’autres, un acte du 20 avril 1399, « Actum Fulginei in sala palatii maioris ecclesie Fulginatis, habitationis magnifici domini Ugolini de Trinciis de Fulgineo ». L. Lametti, op. cit., 1989, doc. 20, p. 356.
50 Il s’agit là d’une tendance émergeant des actes cités par L. Lametti, op. cit., 1989, p. 350-385. Quelques cas font cependant exception. Le « palatium magnifici domini Nicholay Trincie de Trinciis de Fulgineo », muni d’une « sala longa » et cité le 7 novembre 1419, pourrait peut-être correspondre au palais des chanoines dans la mesure où la « salle longue » est « posita super ecclesiam Fulginatem » (doc. 64, p. 368). En revanche, les « domus et palatium solite residentie infrascripti magnifici domini Corradi de Trinciis » du 16 juillet 1423 ou cet autre palatium du 11 juillet 1428 ne semblent pas être autre chose que les « nouvelles demeures » dans la mesure où la loggia où fut établi le premier de ces actes est localisée « iuxta salam imperatorum » (doc. 72, p. 370), ainsi que l’est la camera où fut rédigé le second (doc. 103, p. 379-380). Il est remarquable que ces occurrences se trouvent sous la plume du même notaire, Francesco d’Antonio, notaire de l’évêque Federico Frezzi pour lequel il travaillait le plus souvent, selon ses datations topiques, « in palatio episcopatus ». Proche du pouvoir, il était parfaitement conscient des enjeux de la dénomination des lieux. E. Laureti, « Negli Archivi, la piccola grande storia », in M. Biviglia, E. Laureti, F. Romani, dir., Il vescovo e il notaio / 2. Regesti e trascrizioni dai protocolli (1410-1416) di Francesco d’Antonio, notaio del vescovo Federico Frezzi da Foligno, Foligno, Centro di ricerche « Federico Frezzi », 2013, p. 20.
51 ASCFol, Riformanze, 24. Pour les résidences seigneuriales, par exemple, fol. 17v (20 juillet 1425), fol. 102v (4 octobre 1426), fol. 150r (8 avril 1428) ; pour le palais des prieurs, par exemple, fol. 15r (15 juillet 1425), fol. 69r (16 mai 1426), fol. 195v (26 février 1430).
52 F. Ciapparoni, op. cit., 1977, livre III, rub. 67, p. 215.
53 L. Lametti, op. cit., 1989, doc. 129-130, p. 387 (registre de délibérations pour les 1er janvier et 23 février 1444, avec la référence d’archive suivante : ASCFol, Riformanze, 27, fol. 5r et fol. 11r. Non vidi.) ; doc. 139-140, p. 396 (lettres de Sixte IV, 8 septembre et 6 octobre 1475). Sur l’histoire du palais au xve siècle, après les Trinci : L. Lametti, op. cit., 2001, p. 89-92.
54 Ce qui contribuerait à expliquer une particularité documentaire de la Camerino du xiiie siècle. À quatre reprises durant le mois de décembre 1266, des transactions immobilières furent réalisées au nom et au bénéfice de la commune dans la demeure de Gentile I da Varano. L’édifice accueillit à la même période, alors que Gentile détenait la charge de podestat ou de capitaine de la cité, des réunions des instances de la commune. Cette dernière ne s’était pas encore dotée de son propre palais. Importantes, les opérations de 1266 dont les actes furent ensuite copiés dans le Libro Rosso de la commune, eurent lieu « in palatio domini Gentilis de Varano ». L’emploi du terme « palais » est notable. Il nous semble qu’il peut être compris en lien avec la nature publique de l’opération et des protagonistes, peut-être plus qu’en raison de la structure de l’édifice ou du pouvoir de Gentile qui, à cette date, ne peut être considéré comme le seigneur de la cité. Il n’en reste pas moins que le lexique rend compte du prestige du personnage et de sa position éminente, et qu’il contribue à les renforcer tous deux. Pour la commodité du lecteur, sur les documents cités, nous renvoyons à la récente édition du Libro Rosso : I. Biondi, Il Libro Rosso del Comune di Camerino, Spolète, Fondazione Centro italiano di studi sull’Alto Medioevo (Fonti documentarie della Marca medievale, 7), 2014, doc. 12-15, p. 40-49, plus spécifiquement p. 41, p. 43, p. 46 et p. 48.
55 J.-C. Maire Vigueur, op. cit., 2008, p. 224-226 ; S. Diacciati et L. Tanzini, « Uno spazio per il potere : palazzi pubblici nell’Italia comunale », in S. Diacciati et L. Tanzini, dir., Società e poteri nell’Italia medievale. Studi degli allievi per Jean-Claude Maire Vigueur, Rome, Viella (I libri di Viella, 176), 2014, p. 59-80 ; M. Folin, op. cit., 2015, p. 33. Sur le cas pérugin, M. R. Silvestrelli, « Grandi cantieri e palazzi pubblici : l’esempio di Perugia », in É. Crouzet-Pavan (études réunies par), Pouvoir et édilité. Les grands chantiers dans l’Italie communale et seigneuriale, Rome, École française de Rome (Coll. de l’ÉfR, 302), 2003, p. 105-158.
56 Figure 4, p. 285.
57 M. Folin, op. cit., 2015, p. 34.
58 ASPa, Feudi e comunità, reg. 19 (désormais codice varanesco), fol. 92v-93v.
59 ASPa, codice varanesco, fol. 92v : « cum medietate muri qui dividit partem ipsam ab aliis domibus ipsius testatoris a fundamento usque ad summitatem ipsarum domorum ».
60 Le quatrième petit-fils de Gentile II, Rodolfo II, n’hérita pas de parts des domus de Sossanto pour une raison que nous ignorons. Déjà propriétaire de nombreux biens, il reçut des maisons dans deux autres contrades de la cité, Morrotto et Muralto. Rien ne permet de dire que cette répartition fut in fine défavorable à ce Rodolfo.
61 ASPa, codice varanesco, fol. 320v-322r
62 ASPa, codice varanesco, fol. 321r-321v.
63 ASPa, codice varanesco, fol. 321r-321v.
64 Le testament de 1350 mentionne une sala magna superior et des stalla magna : ASPa, codice varanesco, respectivement fol. 92v et fol. 93r.
65 Figures 5 et 6, p. 286, 287.
66 La documentation concernant cette entreprise a été rassemblée par B. Feliciangeli, « L’itinerario d’Isabella d’Este Gonzaga attraverso la Marca nell’aprile del 1494 », AMDSPM, VIII, 1912, p. 21-50, qui peut être complété par S. Corradini, « Il Palazzo di Giulio Cesare Varano e l’architetto Baccio Pontelli », Studi maceratesi, V : Civiltà del Rinascimento nel Maceratese, 1969, p. 186-220. Voir en outre F. Paino, « The Palazzo of the da Varano Family in Camerino (Fourteenth-Sixteenth Centuries) : Typology and Evolution of a Central Italian Aristocratic Residence », in C. Beattie, A. Maslakovic et S. Rees Jones, dir., The Medieval Household in Christian Europe, c. 850-c. 1550. Managing Power, Wealth, and the Body, Turnhout, Brepols, 2003 (International Medieval Research, 12), p. 335-358 ; J.-B. Delzant, op. cit., 2009, p. 36-43 ; J.-B. Delzant, 2016a, p. 160-161.
67 M. Folin, op. cit., 2015, p. 40.
68 Voir la récente synthèse proposée par G. Taddei, « Le forme di governo personale e signorile sulle città e sui territori sottoposti », in J.-C. Maire Vigueur, dir., Signorie cittadine nell’Italia comunale, Rome, Viella (Italia comunale e signorile, 1), 2013, p. 465-478.
69 I. Lazzarini, « L’itinérance des Gonzague : contrôle du territoire et résidentialité princière (Mantoue, xive-xve siècles) », in A. Paravicini Bagliani, E. Pibiri et D. Reynard, dir., L’itinérance des seigneurs (xive-xve siècles), Lausanne, Université de Lausanne (Cahiers lausannois d’histoire médiévale, 34), 2003, p. 249-274.
70 ASCFab, Clavellorum, 690, fol. 46v (14 mai 1399 : « una catena per la cane de Battisto de Tomasso » pour 4 bolognini, soit 7 s. 4 d.) ; 691, fol. 55r (8 janvier 1401 : « un paio de scharpe dalla chaccia » parmi d’autres articles).
71 ASCFab, Clavellorum, 691, fol. 55v (« Pagai adì x de gennaro [1401] a Villano famillo anconetani vinti che fo per comprare pane per la chaccia quando ando al Belvedere et portolo Brunaccio. 4 l. 4 s. 4 d. »)
72 A. Meriggi, Honorabilibus amicis nostris carissimis. Lettere inedite dei Da Varano di Camerino al Comune di Montecchio (Treia) (1381-1426), Camerino, Università degli studi di Camerino (Per la storia dell’Università degli studi di Camerino, Studi e testi, 3), 1996. Sur les 163 documents publiés, seuls 155 sont des lettres signées par un membre de la famille da Varano : Gentile III, son fils Rodolfo III et les fils de ce dernier, Berardo III et Gentilpandolfo. Pour dix de ces 155 documents, le lieu où ils furent rédigés n’est pas précisé.
73 Elles ne concernent que les années 1399-1400.
74 P. Pirri, « La guàita d’Ussita dall’origine del castello ai giorni nostri », AMDSPM, 3e série, vol. I, fasc. 1, 1916, p. 70, p. 105, p. 115 et p. 123-124.
75 C. Altavista, Lucca e Paolo Guinigi (1400-1430) : la costruzione di una corte rinascimentale. Città, architettura, arte, Pise, Edizioni ETS (Accademia Lucchese di Scienze, Lettere e Arti. Saggi e Ricerche, 9), 2005, p. 83-89.
76 F. Ceccarelli, « Palazzi, castalderie e delizie. Forme degli insediamenti estensi nel Ferrarese tra Quattrocento e Cinquecento », in M. Borella, dir., Il Castello per la città, Milan, Silvana (Gli Este a Ferrara), 2004, p. 73-75 : « un salto di qualità ».
77 I. Lazzarini, op. cit., 2003, p. 264.
78 P. Cruciani, « La Rocca Varanesca di Beldiletto presso Pievebovigliana. Indagine su un monumento da salvare », Castella Marchiae, 3, 1999, p. 32-46. ; V. Gheroldi, « Pitture su scialbo di tema profano per i da Varano », in A. De Marchi et P. L. Falaschi, dir., I da Varano e le arti, I, Ripatransone, Maroni, 2003, p. 459-476 ; A. De Marchi et M. Mazzalupi, « Prosopografie cortesi per i Da Varano, nel castello di Beldiletto », in A. C. Quintavalle, dir., Medioevo : i committenti, Milan, Electa, (I convegni di Parma, 13), 2011, p. 657-672.
79 G. Malacarne, Le cacce del principe. L’ars venandi nella terra dei Gonzaga, Modène, Il Bulino (Il giardino delle Esperidi, 8), 1998, p. 15-19.
80 É. Crouzet-Pavan, op. cit., 2007, p. 279-281.
81 G. Benivieni, Opere di Girolamo Benivieni Firentino [sic]. Novissimamente rivedute et da molti errori espurgate con una canzona dello amor celeste et divino, col commento dello ill. S. conte Giovanni Pico Mirandola distinto in libbri III. Et altre frottole de diversi auttori, Stampato in Venetia, per Nicolo Zopino e Vincentio Compagno, 1522. La Buccolica se trouve aux fol. 77v-109v, la dédicace, au fol. 77v. Nous devons la connaissance de cette œuvre à l’un des nombreux travaux remarquables de précision et d’érudition de Bernardino Feliciangeli : B. Feliciangeli, op. cit., 1912, p. 87.
82 Il s’agit du premier niveau de lecture d’un texte allégorique qui en présente bien d’autres. Il est explicité par Girolamo Benivieni dans son Argomento nella prima Egloga : G. Benivieni, op. cit., 1522, fol. 79r-79v.
83 G. Benivieni, op. cit., 1522, fol. 82r-83r.
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