Joseph de Cadolle (1812-1887)
Itinéraire méconnu d’un amateur d’art montpelliérain du xixe siècle
p. 157-170
Remerciements
Mes remerciements vont en premier lieu aux membres des familles Cadolle, Colbert et Saporta qui m’ont généreusement ouvert leurs archives.
Les personnels des Archives départementales de l’Hérault, du Service régional de l’Inventaire, de la Conservation des antiquités et objets d’art de l’Hérault et de la Conservation régionale des monuments historiques ont rendu possible à divers titres cette étude. Ma gratitude leur est acquise.
Texte intégral
1Parmi les nombreux noms de collectionneurs et d’amateurs d’art montpelliérains du xixe siècle, celui de Joseph de Cadolle n’est presque jamais cité. Pourtant, cet homme discret, passionné par les arts, a joué un rôle non négligeable dans sa ville. La seule publication dans laquelle il apparaît, aussi bien à titre d’auteur que d’acteur engagé, est le Bulletin de la Société de Saint-Jean, revue éphémère trop souvent négligée par les chercheurs1. Cette source reste cependant largement insuffisante pour qui voudrait cerner sa personnalité. C’est au cours de différentes recherches menées sur les collectionneurs et les peintres montpelliérains de la période moderne, ainsi que sur le patrimoine religieux de la ville et de ses environs, que le rôle de Joseph de Cadolle s’est dessiné peu à peu2. Il restait encore à approcher l’homme au plus près pour tenter de mieux le comprendre. Cela ne pouvait se faire que par l’intermédiaire de sa descendance qui a ouvert avec générosité ses archives, permettant ainsi de reconstituer une partie de sa vie privée, sans la connaissance de laquelle son portrait aurait été incomplet.
2En effet, son engagement artistique n’est compréhensible qu’en replaçant cet amateur dans son milieu et son cheminement intime. Joseph de Cadolle est un enfant de l’aristocratie d’avant 1789, qui a grandi dans un temps de restauration nobiliaire rendue possible sous les règnes de Louis XVIII et surtout de Charles X. Il devra affronter pourtant trois révolutions et autant de nouveaux régimes politiques, en bref l’histoire tourmentée de la France du xixe siècle. Si aucun écrit de sa main ne permet d’analyser ses opinions politiques, il ne fait aucun doute, en regard du positionnement de sa famille, que c’est dans une sphère catholique et légitimiste qu’il évolue, ce qui explique peut-être en partie le peu d’attention qui lui a été portée jusqu’à présent. De surcroît Joseph de Cadolle, malgré son goût prononcé pour les arts, qui aurait pu le mettre en marge comme cela arrive souvent, est resté attaché à son milieu, mettant sa passion au service de ses convictions. Ce n’est pas non plus du côté des débats caricaturaux entre modernité et académisme qu’il faut le chercher, mais sur une voie plus originale : le renouveau de l’art chrétien. Joseph de Cadolle devait certainement partager l’opinion d’Henri Delpech, un membre éminent de la Société de Saint-Jean qui professait que « pour nous faire oublier Raphaël, vraiment, M. Courbet ce n’est pas assez3 », mais sa recherche esthétique, bien que critique, se voulait avant tout constructive. La modestie de ce qu’il a laissé – quelques rares œuvres et écrits, aucune collection à proprement parler, des projets inaboutis –, son caractère marqué par une grande modestie et enfin son enracinement social ont largement contribué à marginaliser cette personnalité jusqu’à la faire disparaître des études sur la vie artistique à Montpellier au xixe siècle.
1822-1842. Un début dans les arts
3Né le 20 juillet 1812 à Montpellier, Joseph de Cadolle est issu d’une famille aristocratique remontant au xiiie siècle, originaire du Rouergue. Son père Bernard-Paulin de Cadolle (1773-1853) était implanté à Lunel, où il est né. Sa mère, Agathe de Louet de Calvisson (1774-1840), était fille et sœur des deux derniers seigneurs de Marsillargues. Ce couple Cadolle était officiellement domicilié au château de Marsillargues avant d’acquérir en 1815 celui du Bosc à Mudaison. Le domaine est attesté depuis le xvie siècle et le bâtiment était un édifice du xviiie siècle, voire plus ancien, qui sera largement transformé à la fin du xixe siècle par leur petit-fils Marie-Charles, dans un esprit néo-Renaissance.
4Il est difficile de suivre exactement les Cadolle dans leurs domiciles montpelliérains car ils n’avaient pas d’hôtel particulier en propre. Joseph est né rue du Cannau. Ses parents habitèrent ensuite rue du Collège, où ils sont domiciliés à leur mort. Au moment de son premier mariage en 1841, il habitait place Louis XVI (actuelle place Aristide-Briand). Les Cadolle ont en tout cas résidé semble-t-il sans discontinuité sur le territoire de la nouvelle paroisse Notre-Dame-des-Tables, ce qui explique leur attachement à cette église.
5Son goût pour le dessin et les arts s’est certainement manifesté de manière précoce. Après un enseignement reçu au petit séminaire et au collège royal d’Aix-en-Provence entre 1824 et 1828, c’est-à-dire entre 12 et 16 ans, il revient à Montpellier où il reçoit une formation plus poussée, probablement à l’école des beaux-arts. De cette période s’étendant de 1829 à 1832 (il avait alors entre 17 et 20 ans) sont conservés plusieurs dessins qui correspondent aux pratiques habituelles de l’enseignement académique, majoritairement des copies d’après l’antique4.
6Dans les archives ou la correspondance familiale, du moins dans ce qui a été conservé ou communiqué, il n’apparaît pas que Joseph de Cadolle ait rencontré d’obstacles dans sa famille à son penchant pour les arts. Nous ignorons aussi quelles étaient les carrières professionnelles auxquelles songeaient éventuellement ses parents en dehors d’une gestion de leur patrimoine, ou quelles pouvaient être les réelles ambitions du jeune homme en dehors de ses passions artistiques. Il pouvait après tout prétendre à une carrière dans la haute administration, la justice ou bien encore l’armée. Cela étant, on peut supposer que le tournant politique que constitue la révolution de juillet 1830 a certainement affecté son avenir. Désormais, d’autres élites étaient mieux placées pour s’emparer des bonnes places ou faire des affaires. Toutes ces contingences ne semblent pourtant pas détourner Joseph de Cadolle de sa pratique de la peinture, à laquelle il ajoute celle de la sculpture, en parallèle à une connaissance poussée de l’histoire des arts5. En outre, même si nous n’en avons aucune attestation en dehors du musée Fabre, il a certainement fréquenté assidûment les collections publiques nationales ou provinciales6.
7Sa production reste cependant timide. Tout au plus subsiste-t-il de l’année 1836 une modeste peinture par sa taille et sa facture, représentant un bord de mer avec pêcheurs dans le goût hollandais7. La première œuvre d’un peu d’envergure à signaler, quoique relevant du niveau d’un amateur, est une copie en 1839 d’après une gravure du Mariage de la Vierge de Carlo Maratta. Nous ignorons si cette œuvre a été spécialement peinte pour l’église de Mudaison où elle se trouve, paroisse qu’il devait fréquenter très régulièrement pendant ses séjours au Bosc. Une Sainte Famille d’après un maître italien du xviie siècle, toujours de sa main, est conservée au même endroit8.
1842-1853. L’Italie de Cimabue à Raphaël
8Le grand voyage d’Italie auquel tout amateur d’art aspire manquait certainement à Joseph de Cadolle parvenu à l’âge de 30 ans. Son mariage va lui permettre de réaliser ce rêve. Un an après la mort de sa mère, il épouse le 11 novembre 1841 Marie de Grasset (1823-1852), fille d’Eugène de Grasset (1794-1877), grande figure royaliste légitimiste de Pézenas, qui fut maire, conseiller général et député de l’Hérault. Le couple entreprend ce voyage qui va durer trois mois et demi, entre la fin de l’hiver de 1842 et le début du printemps de 1843. Se joignent à eux la sœur de Marie, Gabrielle, et son époux Amédée de Ginestous9, ainsi qu’un célibataire, Louis Chauvet10.
9Dans une lettre de son père à l’un de ses cousins, principale source d’information sur ce voyage, on sent bien que s’il n’avait tenu qu’à lui, Joseph serait allé en Italie depuis longtemps. C’est bien là la seule allusion, quoique légère, aux entraves familiales qui auraient pu brider les envies de notre amateur : « Ton cousin souhaitait depuis longtemps de faire ce voyage qui a pour lui d’autant plus d’attrait qu’il aime la peinture. Sa jeune femme en mourait aussi d’envie11. »
10Le petit groupe part donc de Montpellier le dimanche 19 février pour embarquer à Marseille sur un bateau à vapeur, Le Tranquille, qui les conduit à Livourne le jeudi 23. Ils visitent ensuite de manière très classique Pise, puis Florence et Sienne pendant la fin février et tout le mois de mars puisqu’ils parviennent à Rome en avril, certainement avec l’intention de faire coïncider leur arrivée avec les fêtes pascales. Leur séjour romain se prolonge encore de deux semaines après Pâques (16 avril), probablement jusqu’au 30 avril, avant de rejoindre Naples où ils passent trois nouvelles semaines de visites. Nous savons seulement avec certitude grâce à un passeport qu’ils se rendent sur la côte amalfitaine le 15 mai12. Ils sont de retour à Montpellier à la fin du même mois. Il n’est guère difficile d’imaginer quel fut le choc de l’amateur, confronté dans les lieux mêmes de leur création à tant de merveilles qu’il ne devait connaître que par les textes et des gravures.
11À son retour d’Italie, comme son père l’atteste, Joseph avait prévu de se lancer dans l’exécution d’une œuvre de grande dimension pour l’église paroissiale de Durfort dans le Gard, qui fut un fief des Cadolle : « Quand tu auras l’occasion de prendre la dimension du tableau de Durfort : à son retour il s’en occupera, ce sera pour lui un long et grand ouvrage. » On ignore en définitive si ce tableau a été réalisé car il n’en subsiste aucune trace, pas même un titre (en rapport avec le vocable de l’église Saint-Thomas ou un tout autre sujet ?). Nous manquons ainsi d’un jalon qui aurait pu nous éclairer sur la direction esthétique empruntée par Joseph après son premier voyage en Italie. Ce manifeste, il faudra patienter une dizaine d’années pour le trouver.
12Après onze ans de vie commune sans qu’une descendance soit venue enrichir leur vie de couple en dehors d’un enfant mort-né, sa femme décède en janvier 1852. L’année suivante, c’est au tour de son père. Joseph de Cadolle vient tout juste d’entrer dans la quarantaine. Cette période de deuil correspond à une œuvre très représentative de son univers esthétique à présent bien affirmé, un Couronnement de la Vierge, destiné à l’intimité de la chapelle du château du Bosc, signé et daté de 185313. Pour ce tableau, il s’est inspiré librement de la fresque du couronnement de la Vierge de Fra Angelico au couvent de San Marco à Florence, un des hauts lieux de la peinture religieuse telle qu’il la concevait. En effet, certainement à la faveur de son voyage en Italie, il s’était passionné pour les primitifs toscans. Cet intérêt pour les écoles dites spiritualistes lui avait aussi fait découvrir les écrits d’un historien d’art peu mis en avant aujourd’hui, Alexis-François Rio (1798-1874). D’origine bretonne, ce dernier participa activement à la réaction catholique au matérialisme et au rationalisme hérités des Lumières et de la Révolution française. Sa première publication remarquée est, en 1836, une histoire de l’art de Cimabue à Raphaël qui a beaucoup influencé les milieux catholiques français mais surtout connu un grand retentissement en Allemagne et en Italie : De la poésie chrétienne dans son principe, dans sa matière et dans ses formes. Forme de l’art, peinture. Ses écrits théoriques ont de même influencé les mouvements nazaréens et préraphaélites, dont Joseph de Cadolle ne s’est pourtant jamais revendiqué14.
1854-1873. Le monde des Boussairolles
13Un peu moins de trois ans après le décès de sa première femme, Paulin de Cadolle épouse le 23 octobre 1854 Cécile de Boussairolles (1827-1863). La famille Boussairolles, une des plus en vue de la ville par sa fortune et sa notabilité, partageait à cette époque les mêmes opinions politiques que les Cadolle. Pourtant, Jacques-Joseph de Boussairolles (1741-1814), l’arrière-grand-père de Cécile, avait assuré un avenir solide et enviable à sa descendance par sa clairvoyance politique, aussi bien sous la Révolution que sous l’Empire, dont il fut un serviteur exemplaire, ainsi que par son sens des affaires. Il para sous la Terreur le coup brutal qui aurait pu être porté aux siens et aux parents de sa future bru, deux familles de noblesse de robe attachées à l’ancienne Cour souveraine des comptes15. En dehors des liens affectifs et sociaux, un goût marqué pour les arts présida sans doute à l’union de Joseph de Cadolle avec l’aînée des deux héritières Boussairolles. Cette famille en effet conservait dans ses demeures des collections importantes de peintures, sculptures et objets d’art, rassemblées sous le Consulat et l’Empire toujours par Jacques de Boussairolles, qui avait aussi su préserver le patrimoine artistique de ses parents Flaugergues et Deydé. Ces collections, restées à peu de choses près intactes, furent partagées à la mort de Charles de Boussairolles (1797-1871) entre les enfants de sa fille aînée décédée depuis plusieurs années, Cécile de Cadolle, et sa fille cadette, Claire de Saizieu (1830-1905). Les œuvres d’art ne constituaient pas une galerie à proprement parler. Dispersées entre l’immense Hôtel du gouvernement, aujourd’hui détruit, qui donnait sur la place de la Comédie, et le château de La Mogère, elles étaient conservées dans l’intimité familiale sans aucune ostentation. Joseph de Cadolle a côtoyé de près tous ces trésors jusqu’à sa mort, pendant un peu plus de trente ans à partir de son mariage en 1854, puisqu’il habita essentiellement l’Hôtel du gouvernement, un peu à La Mogère et bien entendu au Bosc à Mudaison, qu’il hérita de ses parents et dont il fit rafraîchir l’intérieur après la mort de son père et son second mariage au début du Second Empire. Cependant, il ne rentra jamais en pleine propriété de ces œuvres, en dehors de quelques peintures et sculptures accordées en jouissance viagère par son beau-père qui l’appréciait beaucoup16. Ces œuvres sont revenues en 1887 à son fils aîné Charles-Marie de Cadolle (1855-1931).
14En dehors des sculptures Deydé sur lesquelles nous reviendrons, un seul indice très ténu, tant l’homme reste discret, peut éventuellement nous renseigner sur les rapports de Joseph de Cadolle avec les tableaux de la collection Boussairolles. En effet, il a réalisé une copie de la Pelotonneuse de Greuze aujourd’hui à la Frick Collection à New York, un tableau Boussairolles vendu avant 1850 au duc de Morny, le demi-frère du futur Napoléon III17. L’exécution de cette copie au moment de la vente ou un peu avant pour en garder le souvenir supposerait qu’il existât déjà des liens étroits entre Joseph de Cadolle et les Boussairolles avant son veuvage. Cela n’est qu’une simple hypothèse, puisqu’il a très bien pu aussi l’entreprendre après son mariage à partir d’une reproduction. L’activité picturale de Cadolle pendant toutes ces années se limite donc à des copies ou bien à des portraits de proches.
1874-1887. La Société de Saint-Jean
15Père de plusieurs enfants, Joseph de Cadolle va se retrouver une nouvelle fois veuf en 1863 et le rester pendant vingt-quatre ans jusqu’à sa mort en 1887. C’est pourtant pendant les treize dernières années de sa vie, alors qu’il a une soixantaine d’années, qu’il va enfin jouer un rôle public à sa mesure. Dans le contexte de la première décennie de la Troisième République, pendant laquelle l’Assemblée nationale était à majorité monarchiste et alors que se prolongeait le renouveau catholique, son temps était enfin venu. À Montpellier, cette situation est largement confortée par la prise de fonction à la tête du diocèse d’une forte personnalité ouvertement royaliste et légitimiste, Monseigneur de Cabrières (1838-1921). C’est sous son impulsion qu’est fondée en 1874 la Société de Saint-Jean, lors de la réunion du congrès catholique de Montpellier. Son objectif est explicitement « d’aider au triomphe de la foi chrétienne dans les diverses manifestations de l’art18 ». Désigné sans doute unanimement par son cercle de relations, Joseph de Cadolle est obligé par le très influent évêque de se départir de sa discrétion habituelle pour prendre la tête de la société. Encouragé par la remise de l’ordre d’Isabelle la Catholique le 20 décembre 187519, il en devient président jusqu’à sa mort, cumulant aussi la responsabilité de la section peinture, puis celle de la musique20 et enfin de l’architecture. Les statuts et les activités de la Société de Saint-Jean sont connus par la publication de neuf bulletins de 1875 à 1901, à défaut d’avoir pu retrouver pour l’instant ses archives21. Sa date de dissolution n’est pas connue, mais il est permis d’avancer qu’elle n’a pas survécu aux lois de séparation de l’Église et de l’État de 1905 et à leurs conséquences. Ce comité de promotion de l’art chrétien sous toutes ses formes mériterait à lui seul un travail de recherche approfondi, tant ses actions furent nombreuses et ambitieuses.
16À défaut de sources archivistiques, les compétences de gestionnaire et d’animateur de Cadolle ne peuvent pas être mises en valeur. Quelques aspects seulement de son engagement transparaissent dans les trop rares textes qui le concernent. Les copies de tableaux religieux qu’il exécute régulièrement pour les loteries annuelles pendant plusieurs années ne constituent bien évidemment pas le point le plus intéressant. En revanche, il a l’idée ambitieuse de constituer un inventaire du mobilier des églises du diocèse qu’il mène régulièrement de 1876 à 1883. Pendant quelques années, Cadolle visite les paroisses du chef-lieu et des environs, se bornant à quelques exceptions près à l’ancien diocèse de Montpellier, mais en incluant la vallée de l’Hérault – autant de secteurs qu’il connaissait parfaitement pour des raisons familiales22. La manière dont il procédait n’avait cependant rien de scientifique ni d’exhaustif. Sans épuiser systématiquement un secteur ciblé, « il ne cessait de parcourir nos villages pour rechercher, révéler, conserver les toiles dignes d’intérêt, ignorées ou méconnues avant lui23 ». Son intérêt se porte majoritairement sur les tableaux qui lui paraissent importants et quelques objets remarquables, mais ses choix restent subjectifs. Pour autant, ses avis autorisés portent rapidement leurs fruits :
Cette œuvre pleine d’intérêt, peut avoir et a eu déjà des conséquences importantes : combien d’objets, qu’on ne savait pas regarder, sont restés inappréciés et ont péri faute de soins dans nos églises ! Nos bons curés font tous le bien, mais on ne peut exiger qu’ils connaissent tous le beau. Il était temps d’attirer l’attention sur quelques épaves des siècles passés. M. de Cadolle a su découvrir des tableaux dont on aurait toujours ignoré l’existence, il a réussi à en faire réparer quelques-uns24.
17Quelques exemples choisis permettent de voir comment il procédait et de montrer les limites de son inventaire, qui est plutôt celui d’un esthète que d’un historien d’art. Dans le bulletin de la société de 1876 est consigné l’inventaire de la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier :
Après ces trois parfaites productions de nos trois grands peintres de Montpellier (Bourdon, Jean de Troy, Antoine Ranc), nous signalerons aussi deux œuvres de grande valeur. La première attribuée à Mignard, représente la fuite en Égypte ; la composition, la touche vigoureuse et le beau coloris, révèlent la main d’un habile maître ; on admire la grâce des anges qui voltigent autour de l’Enfant-Jésus. La seconde, due certainement au même grand peintre, représente l’apparition de l’ange à saint Joseph : ce tableau avec le bel autel orné d’un bas-relief, représentant aussi saint Joseph, attribué au Puget, sont les seuls restes des nombreuses richesses de la famille Deydé, dispersées ou détruites par le vandalisme révolutionnaire.
18La fuite en Égypte peinte dans les années 1670 par le Génois Giovanni Battista Carlone, l’apparition de l’ange à Joseph de Nicolas Mignard, signé et daté de 166425, et le bas-relief du Tessinois Francesco Massetti représentant le même saint, firent effectivement partie du décor de la chapelle funéraire de la famille Deydé, aménagée sous la direction de Pierre Puget et détruite pendant la Révolution française26. En dehors de la dénonciation en règle du vandalisme révolutionnaire largement partagée et des attributions approximatives mais allant dans le bon sens, Joseph de Cadolle omet cependant d’indiquer qu’il en sait beaucoup plus à ce sujet. En effet, par la tradition orale ou écrite de sa belle-famille, au sein de laquelle se sont éteints les derniers Deydé, une connaissance assez vive de cette chapelle remarquable devait lui être parvenue. Pourtant, à aucun moment il n’a tenté d’en fixer le souvenir dans ses écrits. Le plus étonnant est qu’en 1876, par la volonté expresse de son beau-père, il avait la jouissance à titre personnel de deux sculptures importantes de Christophe Veyrier, élève de Puget, dont l’une d’elles, l’urne Deydé, se trouvait dans la chapelle de la cathédrale Saint-Pierre27. Ces chefs-d’œuvre étaient entrés chez les Boussairolles lors du mariage en 1795 de Fulcrand, le fils de Jacques, avec une Campan héritière des Deydé par sa mère.
19Si dans le cas de la chapelle Deydé on peut considérer que Cadolle voulait rester discret sur son propre patrimoine, il n’avait a priori aucune raison d’éluder la provenance des tableaux de l’église paroissiale de Marsillargues. À n’en pas douter, il connaissait parfaitement tout ce qui se passait dans cette bourgade d’où la famille de sa mère était originaire et où vivaient encore ses cousins. Là encore, il repère parfaitement bien les deux tableaux importants, un Lavement des pieds de Nicolas-René Jollain (vers 1762) et une Nativité de Noël Coypel jeune d’après un dessin de Charles Errard (vers 1660), qui ont été accrochés dans l’église probablement dans les années 184028. Cependant, il ne livre aucune information au sujet de leur installation et de leur provenance, qui commencent tout juste à être découvertes.
20Son témoignage est en revanche précieux en ce qui concerne les descriptions et les attributions d’œuvres disparues depuis ou dont le contexte a été totalement bouleversé. C’est en particulier le cas pour celles du peintre montpelliérain Antoine Ranc (1634-1716), qu’il identifie souvent d’emblée ou confond parfois avec Sébastien Bourdon. Sa description du retable de l’église de Mauguio, probablement une œuvre conjointe de Jean Sabatier et d’Antoine Ranc, nous donne une idée de ce que fut ce décor détruit au début du xxe siècle, dont les tableaux n’ont été identifiés et restaurés qu’à la fin du siècle dernier, en partie grâce à son texte :
[…] la gloire de cette église est le tableau du fond du chœur, placé au milieu d’un vaste retable, à trois compartiments, dont les deux parties latérales sont ornées de bonnes peintures représentant deux saints. Ce monument en pierre est parfaitement entendu, l’entablement est surtout d’une exécution remarquable. Le tableau qui occupe la partie centrale est attribué à Bourdon et est bien digne de ce grand artiste, par la rigueur et la beauté de sa composition, ainsi que par la perfection de toutes ses parties29.
21En 1878, aux Matelles, il découvre une peinture majeure d’Antoine Ranc qu’il va faire restaurer et connaître par la photographie, ce qui ne l’empêchera pas de disparaître dans le courant du xxe siècle sans laisser de traces :
Dans nos pérégrinations artistiques, nous n’avions pas encore trouvé une aussi abondante moisson à recueillir, que dans cette petite localité, perdue au fond d’une vallée solitaire […]. Arrivons enfin à l’œuvre capitale que possède cette église : un tableau de grande dimension, 2 mètres 30 cent. environ de hauteur sur 1 mètre 80 cent. de largeur, dont les figures sont de grandeur naturelle. Cette vaste composition représente Jésus-Christ apparaissant aux saintes femmes après sa résurrection […]. La science de cette composition, la beauté des expressions, le bon goût des draperies, le brillant de la couleur, la richesse du paysage, nous font penser que cette superbe toile pourrait bien être une œuvre de Ranc, notre grand artiste de Montpellier ; ce tableau rappelant sous beaucoup de rapports, sa belle œuvre de la cathédrale Saint-Pierre. Nous sommes heureux que le digne curé de cette paroisse apprécie tout le mérite que possède la belle toile que possède son église, et nous faisons les vœux les plus vifs, pour qu’il puisse être bientôt à même de lui donner la restauration et la place qui permettront de l’admirer dans tout son éclat.
22La restauration de cet important tableau a été effectuée en 1882 par le peintre Édouard Marsal30.
23Toute cette érudition et ce savoir s’appuyaient à la fois sur la pratique des arts, les voyages mais aussi, comme nous l’avons vu avec son goût pour Rio, sur une bibliothèque et une documentation iconographique qui ne devait pas être négligeable. Malheureusement, aucun fonds que nous puissions rattacher à Joseph de Cadolle n’a encore été repéré dans sa descendance. En dehors des œuvres principales de Rio et de nombreux autres auteurs, il disposait certainement de portefeuilles garnis de gravures, mais aussi de photographies d’œuvres d’art, pratique en plein développement dans la seconde moitié du xixe siècle, sans compter bien entendu ses propres dessins d’après les tableaux et les sculptures qui avaient attiré son attention. Il devait avoir réuni suffisamment de références et de documentation pour ébaucher, en ce qui concerne l’école florentine, un essai illustré sur l’histoire et les transformations de l’art religieux, ainsi que l’atteste son éloge funèbre. Il a sans doute eu recours pour cela à des achats auprès du studio Alinari à Florence, qui développe considérablement son catalogue dans les années 1850-1860. Il ne faut pas oublier non plus le principe de la photogravure qui se répand à la fin des années 1870 et auquel Joseph de Cadolle eut recours pour diffuser la restauration du tableau des Matelles. Là encore, cette publication envisagée ne relevait pas de l’histoire de l’art, mais d’une volonté de faire connaître et aimer l’art qui à ses yeux était le plus remarquable.
24Pour nourrir ses connaissances, Joseph de Cadolle est bien entendu retourné à plusieurs reprises en Italie après son voyage de 1843. Mais au contraire du premier, ils ne sont pas documentés31. Il aurait fait un séjour en Italie vers 1880 avec une de ses filles, Marie-Thérèse de Cadolle (1859-1941), qui devait épouser Antoine de Saporta en 1885. Cette dernière semble avoir été très proche de son père et partager ses goûts et ses activités, notamment au sein de la Société de Saint-Jean dont elle était membre en tant que dame patronnesse. Nous ignorons quel fut leur parcours – la Toscane et Rome, certainement, où il était aisé de mêler art et dévotion.
25Joseph de Cadolle meurt le 7 juin 1887 à Montpellier, peu après le mariage de sa dernière fille Madeleine avec Charles de Saint-André le 28 mai 1887, auquel il n’avait pas pu assister en raison d’une indisposition. Il est enterré au cimetière Saint-Lazare.
26Avec pour unique postérité publique l’inventaire du mobilier des églises et un nombre réduit de peintures religieuses à Mudaison et à Marsillargues, Joseph de Cadolle ne peut guère prétendre figurer au premier rang des amateurs d’art ou collectionneurs du xixe siècle. Cependant, la négligence dont il a fait l’objet jusqu’à présent a certainement appauvri une juste perception de la vie artistique à Montpellier pendant ce siècle de bouleversement, essentiellement axée sur les personnalités qui ont fait la renommée du musée Fabre. Entre le concordat de 1801 et la séparation de l’Église et de l’État en 1905, une étude systématique du renouveau catholique à Montpellier après la tabula rasa jacobine, à travers les problématiques de conservation, restitution, restauration et création du patrimoine mobilier peint et sculpté dans les divers lieux de culte de la ville et du diocèse, reste à faire. Le rôle joué par Joseph de Cadolle, ici rapidement brossé, peut contribuer à l’approche de ce travail qui doit impérativement tenir compte de l’ambition et de l’imaginaire des milieux sociaux qui ont porté ce mouvement.
Illustrations

Fig. 1. Joseph de Cadolle, Autoportrait jeune, huile sur toile, collection particulière.

Fig. 2. Villevielle, peintre aixois, portrait posthume de Joseph de Cadolle peint d’après photo en 1888 avec les armes familiales, huile sur toile ; collection particulière.

Fig. 3. Joseph de Cadolle, Couronnement de la Vierge, huile sur toile, 1853, église de Marsillargues.
Notes de bas de page
1 Neuf bulletins ont été publiés de 1875 à 1901.
2 A. Chevalier, avec Francine Arnal, Tableaux religieux du xviie siècle à Montpellier. Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France, Service régional de Languedoc-Roussillon, Montpellier, Association pour la connaissance du patrimoine en Languedoc-Roussillon, coll. « Images du Patrimoine », n° 122, 1993 ; Id., « An Unknown Work by Pierre Puget : The Deydé Funerary Chapel in Montpellier Cathedral », Metropolitan Museum Journal, n° 29, 1994, p. 89-98 ; Id., « La collection Boussairolles : goût et commerce à Montpellier sous le Consulat et l’Empire », Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français [désormais : BSHAF], 1994, p. 169-191.
3 Bulletin de la Société de Saint-Jean, n° 3, 1878, p. 10.
4 Dessins correspondant à sa formation entre 1829 et 1832, conservés chez les descendants de leur auteur :
1829 – Étude de tête d’homme barbu (Henri IV ?), 45 × 35 cm, signé et daté sous le col en haut : « J. Cadolle 29 mars 1829 ». – Tête de jeune homme, 43 × 28 cm, annoté : « Papier pour ». – Profil de jeune homme en haut et détail d’un œil furieux en bas, annoté en bas à gauche (annotation non relevée).
1830 – Tête de femme d’après Guido Reni (L’Enlèvement d’Hélène, Louvre), 55 × 43 cm, signé et daté sous l’épaule droite : « 14 février 1830 J. Cadolle ».
1832 – Buste d’homme trois quart face d’après l’antique, 60 × 45 cm, annoté sur le côté du socle : « I esquisse de bosse par Cadolle – 2 janvier 1832 ». – Buste d’homme profil d’après l’antique, 60 × 47 cm, annoté sur le côté du socle : « 2° esquisse de bosse Cadolle 9 janvier 1832 ». – Buste d’homme profil d’après l’antique, 60 × 47 cm, annoté en bas à droite : « I bosse ombrée/ Jh Cadolle ». – Persée triomphant, 60 × 47 cm, copie d’après la sculpture de Canova de 1801 du musée Pio Clementino au Vatican ; annoté sous la terrasse à gauche : « 3° Académie. de Cadolle ». – Antinoüs du Capitole, 60 × 46 cm, copie assez libre d’après la statue du Capitole ; annoté en bas à droite : « Jh Cadolle Académie 6° ». – Hercule ou satyre, copie d’après un antique.
5 « … le jeune Cadolle au goût de la peinture ajouta celui de la sculpture ; nous l’avons vu saisir l’ébauchoir après avoir manié le pinceau : à la pratique des arts il joignit l’étude critique et raisonnée de leur histoire, en connaissant les diverses écoles, les appréciait d’un jugement juste et sans exclusion, admirant le beau partout où il se trouvait » (« La Société de Saint-Jean pendant l’année 1887-88 et M. le Cte Jh de Cadolle », Bulletin de la Société de Saint-Jean, 1887-1888, p. 18-26, éloge funèbre prononcé pendant l’assemblée générale de la société le 25 mai 1888 en présence du cardinal de Cabrières).
6 « … il alla admirer notre beau musée, en copia les chefs-d’œuvre… », ibid. ; Cadolle s’est inspiré du Petit paresseux de Greuze du musée Fabre (1755) pour peindre en 1847 le portrait d’Antoine Barthez, fils du régisseur du Bosc. Le tableau avait été légué par Fabre peu de temps auparavant en 1837 ; on sait aussi que pour la loterie de la Société de Saint-Jean du 11 mai 1887, il a fait une copie d’un tableau de Carlo Dolci représentant l’archange Gabriel, peut-être celui du musée Fabre.
7 Bord de mer avec pêcheurs dans le goût hollandais, huile sur toile, 13 × 26 cm, 1836.
8 Le Mariage de la Vierge, église de Mudaison (il a 27 ans), signé et daté : J. de Cadolle, 1839. Il s’agit d’une copie simplifiée d’un tableau perdu depuis 1798, peint par Carlo Maratta vers 1652-1655 pour la chapelle Alaleona à San Isidoro à Rome. Le tableau était connu par la gravure et de nombreuses copies ; la Sainte Famille n’est ni signée ni datée mais sans doute peinte à la même époque ; par une demande de restitution après la séparation de l’Église et de l’État, nous avons la certitude qu’il s’agit bien d’une œuvre de Joseph de Cadolle ; dans la même église il y a une Sainte Famille avec saint Jean-Baptiste du xviie siècle que Cadolle signalera dans son inventaire, Bulletin de la Société de Saint-Jean, 1876, p. 11, et catalogue de l’exposition Ces Messieurs de la Cour, Montpellier, Musée Fabre, 1987, p. 36-37, n° 128, repr.
9 Amédée de Ginestous fut par la suite président du comité catholique de Montpellier, puis en 1877 président de la section des arts chrétiens du congrès catholique national.
10 Louis Chauvet (1815-1870), fils d’un docteur en médecine de la faculté de Montpellier, s’était distingué pendant les Cent-Jours pour sa fidélité à Louis XVIII.
11 Archives privées.
12 Id.
13 Huile sur toile, 130 × 400 cm, signé et daté en bas à droite : de Cadolle/ 1853, donné après la vente du Bosc en 1935 à l’église de Marsillargues où il se trouve toujours, à la tribune.
14 Rio est aussi l’auteur de De l’art chrétien, Paris, Hachette, 1861-1867 ; voir aussi Mary Camille Bowe, François Rio, sa place dans le renouveau catholique en Europe (1797-1874), Paris, Boivin, 1938.
15 Voir Jeannine Redon, Chronique d’une famille montpelliéraine sous l’Ancien Régime et les deux Empires, les Boussairolles, Montpellier, Impr. de la Charité, 1988.
16 Huit peintures et deux sculptures ; pour ce qui concerne les collections Boussairolles, voir note 2.
17 BSHAF, 1994, n° 22, p. 180.
18 Bulletin de la Société de Saint-Jean, n° 3, 1878, p. 7.
19 Il recevra aussi le 26 octobre 1888, à titre posthume, la croix Pro Ecclesia et Pontifice pour sa participation au jubilé sacerdotal de Léon XIII (voir à ce sujet Hélène Palouzié, dir., Église Saint-Roch de Montpellier. Présentation historique, artistique et littéraire, Montpellier, DRAC du Languedoc-Roussillon, 2015, p. 56).
20 « Il prit l’initiative de concerts religieux : compositeurs du moyen-âge et des grands maîtres de notre époque » (L’Éclair, 8 juin 1887, chronique nécrologique).
21 Les archives ne figurent pas à notre connaissance dans celles du diocèse, pas plus que dans celles d’autres sociétés catholiques comme celle de Saint Vincent de Paul / Louise de Marillac qui auraient pu en hériter.
22 Liste des lieux d’inventaire : Montpellier : Notre-Dame des Tables ; Saint-Denis ; Saint-Mathieu ; Sainte-Anne ; Saint-Roch ; Sainte-Eulalie, Pénitents Bleus et Blancs ; Chapelle de la Miséricorde ; Hôpital général. Nord de Montpellier : Lauret 1881 ; Les Matelles 1878 ; Saint-Martin de Londres 1878. Sud de Montpellier : Lattes 1878 et 1880 ; Pérols (Pénitents) 1880 ; Villeneuve-lès-Maguelone 1876. Est de Montpellier : Baillargues 1876 ; Beaulieu 1883 ; Marsillargues 1876 ; Mauguio 1876 ; Mudaison 1876 ; Saint-Brés 1881 ; Valergues 1878 ; Vendargues 1876. Ouest de Montpellier : Bouzigues 1878 ; Frontignan 1876 ; Grabels 1880 ; Montagnac 1883 ; Nésignan-L’Évêque 1880 ; Pézenas 1876 ; Pomerols 1880 ; Saint-Thibéry 1880 ; Vias 1883 ; Vic 1876 ; Vignogoul 1881 ; Clermont-l’Hérault 1876.
23 Bulletin de la Société de Saint-Jean, 1887-1888, p. 18-26.
24 Ibid.
25 Joseph de Cadolle en a fait une copie réduite pour la chapelle funéraire familiale du château de la Mogère.
26 A. Chevalier, « An Unknown Work by Pierre Puget… », art. cit.
27 Testament de Charles de Boussairolles en 1868 (il meurt en 1871) conservé en archive particulière : « […] je donne et lègue à mon gendre de Cadolle pour en jouir sa vie durant et la remettre après lui à son fils l’urne funéraire en marbre blanc et son support qui est du sculpteur Puget et qui appartenait à la famille Deydé et se trouvait jadis dans la chapelle à Saint-Pierre où était la sépulture de la famille […] je donne comme égal témoignage à mon gendre de Cadolle en toute propriété le buste de Jean Deydé qui est dû au ciseau du Puget et qui porte par derrière la date de 1784, ce buste sera distrait des partages pour les autres et restera à de Cadolle, c’est le plus beau de tous et il sait le cas que j’en fais, il le restituera à son fils Charles ; de Cadolle prendra pour aller avec le buste de Jean Deydé le piédestal en marbre qui se trouve dans la cage du grand escalier et qui est fait pour aller ensemble. »
28 Article à paraître avec Hélène Palouzié sur les tableaux de l’église de Marsillargues ; Bulletin de la Société de Saint-Jean, 1876, p. 11.
29 Ibid., p. 10 ; voir aussi A. Chevalier, Tableaux religieux du xviie siècle à Montpellier…, op. cit., p. 46-47.
30 Bulletin de la Société de Saint-Jean, 1878, p. 23-25 ; la photographie réalisée par la maison Lauzit (19 boulevard de l’Esplanade) fut diffusée par une photogravure de la maison Gillot. Selon le bulletin des années 1882-1883, la reproduction du tableau des Matelles a été livrée en feuilles séparées. À notre connaissance, aucun exemplaire n’en a encore été repéré.
31 « … notre jeune Cadolle alla et retourna en Italie, y étudiant les chefs-d’œuvre de l’Antiquité grecque et romaine, conservés par les papes, ainsi que les œuvres créées sous leur inspiration, à l’époque dite de la Renaissance » (« La Société de Saint-Jean pendant l’année 1887-88 », art. cit.) ; « … ayant beaucoup voyagé lui-même, surtout en Italie… » ; « Il était allé à Carrare choisir des marbres » (L’Éclair, 8 juin 1887, art. cit.).
Auteur
Conservateur en chef du patrimoine
Directeur du Musée de la Révolution française, Domaine de Vizille
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