Introduction
p. 13-26
Texte intégral
1Depuis les travaux pionniers de Krzysztof Pomian, la collection est devenue un champ de recherche à part entière1. D’abord envisagée dans le cadre d’une histoire sociale des pratiques culturelles, l’objet a bénéficié du renouvellement des questionnements au sein d’autres disciplines voisines. Pour les historiens des sciences, attentifs depuis le milieu des années 1980 à redéfinir la nature des pratiques scientifiques, les cabinets de curiosité, les jardins botaniques ou les collections d’histoire naturelle de l’époque moderne, comme les musées et les collections des laboratoires de recherche universitaire au xixe siècle, constituent un observatoire de la « science en train de se faire ». La sélection et l’ordonnancement des objets reflètent des conceptions du monde autant qu’ils peuvent peser sur les recherches en cours et sur la manière de transmettre les connaissances2. L’intérêt accru des historiens de l’art pour les figures de médiateurs participe également à cette dynamique de recherche. La collection n’y apparaît pas comme un lieu « refroidi », reflet des canons en vigueur à une époque ou produit de stratégies distinctives étrangères à l’art, mais comme un espace actif de création et de reconnaissance des valeurs artistiques.
2Depuis une trentaine d’années, plusieurs ensembles de travaux ont ainsi contribué à éclairer les pratiques et les enjeux du collectionnisme. Les marchés – de l’art, mais aussi de l’antiquité, de l’histoire naturelle ou du livre rare – ont fait l’objet d’approches localisées qui ont mis en évidence le rôle des ventes publiques au xviiie siècle, la professionnalisation des intermédiaires et l’émergence des grands marchands d’art du xixe siècle3. Dans le monde des antiquités, les fouilles du xviiie siècle dynamisent un collectionnisme qui est loin de s’épuiser4. La marchandisation accélère la circulation des objets de l’Italie vers la France, que les premières mesures de protection patrimoniale tentent de ralentir. Le rôle des institutions a été précisé, à commencer par celui des musées, dont l’histoire a été renouvelée par les travaux de Dominique Poulot5. L’élaboration et la diffusion progressive, dans toute l’Europe des Lumières et du premier xixe siècle, d’une « culture du musée » fondée sur la publicité, l’universalité, l’aspiration à protéger et à représenter une certaine forme d’identité collective, posent la question essentielle des rapports de l’institution avec les pratiques contemporaines du collectionnisme individuel ou princier6. L’autre pôle institutionnel est celui des académies, dont le rôle dans la structuration des « mondes de l’art » à l’époque moderne a été souligné7. Ces travaux ont enfin mis en valeur le rôle joué par des figures d’intermédiaires qui ne sont pas des collectionneurs, mais qui participent au premier rang à la structuration et à l’animation des sphères de l’art et de la connaissance – mécènes, érudits, antiquaires ou amateurs8.
3Tout en s’inscrivant dans cette filiation, notre ouvrage se propose d’explorer une autre voie : la manière dont les expériences de l’objet d’art ou de connaissance, choisi, rassemblé, agencé, classé, étudié, participent à l’affirmation de soi et à l’émergence d’identités partagées, familiales, urbaines ou régionales. Dans la société de l’époque moderne, la compétence culturelle est un signe d’identité sociale et professionnelle – y compris au-delà des seules élites éduquées qui forment le tissu de notre ouvrage. Le type d’objets rassemblés et les formes de leur mise en valeur inscrivent l’individu dans des usages collectifs (pensons aux tableaux de l’aristocratie, aux bibliothèques cardinalices, aux livres d’histoire des magistrats). Dans une certaine mesure, ces usages donnent sens à l’affirmation du désir, du goût, de l’expertise, dans laquelle l’individu engage son identité et la représentation qu’il se fait de lui-même. On cherchera ainsi à comprendre ce que l’expérience des objets dit de l’adhésion de l’individu à un certain nombre d’exigences sociales, et ce qu’elle dit d’aspirations exprimées ou refoulées, pas forcément congruentes aux rôles assignés. Que signifie, pour un noble romain du xviiie siècle comme Alessandro Gregorio Capponi, qu’étudie Maria Pia Donato, de se présenter comme un savant alors que sa position sociale l’amène à occuper plus classiquement la fonction de mécène ? On se montrera attentif aux écarts à la norme autant qu’aux violences que l’individu se fait pour entrer dans la norme et, à l’inverse, à la manière dont les représentations communes sont travaillées et progressivement recomposées par des choix individuels éventuellement dissonants. Dans les études de cas qui suivent, on a voulu mettre l’accent sur les tensions et les ambivalences, plus que sur les réussites. On y verra un nonce qui doit renoncer à ses prétentions au cardinalat (G. Fragnito), un prince dont les contemporains retiennent la richesse plus que le bon goût (T. Fouilleron), un marquis romain travaillé par des prétentions savantes (M.P. Donato), tous saisis dans leur écart entre une représentation idéale d’eux-mêmes et les assignations de leur situation sociale.
4Au xviiie siècle, la constitution de grandes collections, servies par la marchandisation de l’art et des antiquités, s’accompagne d’une réflexion sur la valeur patrimoniale des objets. Les capitales italiennes, Naples, Rome, Florence, Venise, constituent à la fois d’immenses marchés, arpentés par les collectionneurs et les diplomates des grandes puissances européennes, et d’immenses laboratoires de politiques patrimoniales. Les travaux de Dominique Poulot sont venus questionner la continuité entre la « culture d’amateurs » de l’Ancien Régime et la « raison patrimoniale » qui triomphe avec l’apparition du musée national9. Les contributions rassemblées dans la dernière partie de l’ouvrage examinent la manière dont ces deux régimes coexistent et parfois s’articulent. La prise en compte de la destinée collective des pièces n’est pas inconciliable avec la délectation personnelle du collectionneur, ni l’affirmation de soi avec la construction d’une identité collective. Le processus est particulièrement puissant dans les cas où le collectionneur définit les contours de ce qui entrera dans la mémoire collective et se constitue lui-même comme un élément de ce patrimoine.
5Ce projet, initié par un colloque organisé à Montpellier, en 2003, par Henri Michel et Joël Fouilleron, impliquait plusieurs choix de départ10. Le premier consistait à prendre en charge une période longue – du xvie au xixe siècle, centrée sur le xviiie siècle – où l’on puisse voir jouer les différents types sociaux associés à l’étude et à la collection des objets. Sur le long terme de l’ouvrage, les reconfigurations des savoirs et l’institutionnalisation du champ culturel constituent d’importants moteurs de redéfinition de la terminologie associée aux compétences culturelles, comme le rappelle le prologue de Daniel Roche. De ce fait, sans être totalement asynchrones, les érudits, amateurs et collectionneurs qui constituent les pivots de l’ouvrage renvoient à des figures qui se sont cristallisées à des moments différents. Le xve siècle hérite des studioli où l’homme de lettres se retire parmi ses manuscrits et ses portraits d’hommes illustres, en même temps qu’il voit émerger de nouveaux types de collections, peuplées d’artificialia et de naturalia, d’objets exotiques et de prodiges de la nature, animées par des circulations denses et étendues d’hommes, d’objets et de lettres11. L’amateur gagne en puissance au xviiie siècle, alors que le collectionneur n’apparaît véritablement qu’au xixe siècle, même si des collections existent précédemment, qu’on associe plutôt à la figure du curieux. Le second choix est celui d’embrasser assez largement le monde des activités liées aux gestes de la collection et de la connaissance. Durant cette longue époque moderne, l’expérience de l’objet ne peut se disjoindre du travail sur les savoirs et sur les textes, et les découpages disciplinaires qui s’esquissent ne relèguent que progressivement au second plan des figures savantes aux prétentions plus encyclopédiques. Considérer ensemble ces catégories permet d’observer le travail de définition et de qualification réciproque, les hiérarchies, la manière dont les acteurs s’en emparent ou en jouent. Ce jeu d’étiquettes fait émerger d’autres dénominations, plus englobantes, propres à des espaces particuliers (le letterato italien), ou connexes (le mécène qui protège les travaux et stipendie les artistes, le curieux qui forme des collections au xviiie siècle, l’antiquaire qui étudie et rassemble des pièces de l’Antiquité)12.
6Le dernier choix consistait à opter pour un espace restreint, celui de la France méridionale – de Toulouse à Monaco – et de l’Italie13. Cette délimitation géographique n’a pas pour objectif d’affirmer des spécificités méridionales ; elle permet surtout de faire jouer des effets de proximité et de suivre des processus in situ. L’émergence du musée à Montpellier peut ainsi être suivie des collections de la Société des beaux-arts au xviiie siècle (P. André-Pons) aux donations de Xavier Atget à l’École de médecine au début du xixe siècle (H. Lorblanchet) et à la naissance du musée Fabre (L. Pellicer). Florence, dont Jean Boutier étudie les académies du xviie siècle, est le terreau culturel d’Alessandro Gregorio Capponi (M. P. Donato), le lieu où se fait la connexion des collections de livres et d’art de la comtesse d’Albani, de Vittorio Alfieri et de Fabre à l’origine du musée éponyme de Montpellier (L. Pellicer), enfin l’endroit choisi par Vieusseux pour installer son cabinet de lecture (F. Barbier).
La culture comme appartenance sociale : les identités multiples de l’érudit
7Comme le rappellent ici notamment Anna Maria Rao et Jean Boutier, il est impossible de concevoir une histoire du savoir qui ignorerait ces centaines d’amateurs érudits travaillant en arrière-plan des figures les plus célèbres. Jean Boutier rappelle notamment comment, dans la Florence moderne, académies et cabinets constituent un tissu organique hors duquel le savant n’a guère d’existence. La ville compte plusieurs centaines d’académies par siècle, organisées sur la base d’un noyau stable souvent ancien où domine l’impulsion princière, mais se recomposant tout autour au gré des mutations savantes et sociales, espace de sociabilités éphémères et mouvantes, reflet d’une diversité fonctionnelle et d’une grande place laissée aux initiatives. Dans ce tissu savant, le letterato n’est jamais un individu isolé : il en est un élément, témoignant de l’entrecroisement d’affiliations multiples, dans la cité et à l’extérieur14.
8L’érudition, qui mobilise des espaces de sociabilité et des pratiques partagées, apparaît alors comme un référent identitaire fort dans une société qui confond encore largement vertu et culture. Gigliola Fragnito montre comment Lodovico Beccadelli, originaire d’une famille noble un peu déchue, devenu en 1550 nonce de Venise, façonne sa nouvelle identité de haut fonctionnaire de la bureaucratie papale et d’aspirant à la pourpre par une série d’opérations culturelles. Il se fait tirer le portrait par Titien, enrichit son studiolo de portraits de personnages célèbres et de précieux livres et manuscrits, en même temps qu’il multiplie les chevaux et les serviteurs. Tous ces investissements ne sont pas seulement le reflet du goût d’un homme cultivé, qui baigne dans un riche climat intellectuel, mais visent à construire une image de soi et un patrimoine symbolique sur lequel appuyer le souvenir qu’il laissera à la postérité. En témoigne le soin avec lequel Beccadelli conserve les minutes de sa correspondance privée qui, moyennant un lourd travail d’autocensure, devra fournir le matériau d’une autobiographie épistolaire et le portrait impeccable d’un prélat de la réforme catholique. En témoigne également l’édition des lettres latines d’un ancêtre illustre, le sulfureux humaniste Panormita, elles aussi dûment expurgées et moralisées. En effet, l’investissement culturel comme signe d’appartenance sociale n’implique pas seulement l’individu : il convoque l’ensemble de la famille, voire de la petite patrie, à une époque où l’honneur de l’une et de l’autre est étroitement lié à la recherche d’une identité patricienne urbaine plus solide. À partir du moment où Beccadelli doit renoncer à ses rêves cardinalices, c’est la demeure familiale, ses sépultures, ses collections d’antiquités et de livres que le prélat s’attache à protéger et à valoriser15.
9Maria Pia Donato le souligne également lorsqu’elle dresse le portrait d’Alessandro Gregorio Capponi (1683-1746), marquis né à Rome mais descendant du patriciat florentin, collectionneur de livres et d’antiquités, premier président du Musée du Capitole : il est le « portrait-robot de l’aristocrate curieux, amateur et collectionneur d’antiquités, qui peuple à cette époque les institutions culturelles des villes européennes. Un homme qui sut cultiver la gloire de la patrie toscane et s’immerger dans le petit monde en fermentation de l’antiquariat16 ». Il est impossible, ici, d’occulter l’hétéronomie fondamentale qui habite la pratique du savant, hétéronomie dont Catherine Goldstein a souligné l’ambiguïté dans ses travaux sur la « République des mathématiques » : le monde savant, s’il trouve dans le soutien de ses institutions, du pouvoir et des mécènes, l’un des plus sûrs fondements de son dynamisme, est aussi par là même dominé jusque dans son organisation interne par des valeurs qui lui sont extérieures, liens de la société d’ordre, réseaux de pouvoir, appartenances politiques17… L’activité érudite n’assure pas à elle seule la légitimité du savant. La reconnaissance naît d’institutions et de qualifications qui assurent la validité sociale d’une identité référant souvent à d’autres espaces de valeurs – aristocratiques, par exemple, dans le cas de Capponi. Comme l’écrit encore Maria Pia Donato, « aucune collection ne peut devenir un véritable vecteur d’identité si elle reste un fait privé18 ». Collective, l’érudition se pratique dans des réseaux d’échanges multiples, parfois contradictoires, inscrits dans des identités collectives complexes. Ainsi, Capponi trouve dans son activité une reconnaissance institutionnelle forte en tant que membre honoraire de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de Paris en 1729 ; dépositaire en 1730 d’une charge qui recoupe la surintendance des collections des palais pontificaux, à l’exception des livres de la Bibliothèque – il restaure les restaurations de l’Arc de Constantin ; et premier président, en 1734, du nouveau musée capitolin. Mais il doit aussi sa réputation de savant et son perfectionnement en tant que tel à son inscription dans un réseau de compétences où il n’est ni le plus actif ni, en fait, le plus compétent. La collection mobilise en effet savants et marchands dont Capponi devient employeur et mécène, alors qu’il ne connaît pas le grec, n’est pas un grand latiniste, s’intéresse peu aux classiques gréco-romains et n’est pas auteur lui-même19. S’il est reconnu par les institutions savantes et le pouvoir, l’est-il par les savants eux-mêmes ? Rien n’est moins sûr, comme en témoigne la correspondance des savants au service de Capponi, mobilisée par Maria Pia Donato.
10Déjà, dans la Florence du xviie siècle, l’affiliation académique est autre chose qu’un support du savoir. Elle confère une identité de groupe et suppose une maîtrise du jeu social, susceptible de mobiliser des affiliations multiples. Jean Boutier montre bien comment l’identité académique se lie à la cooptation et à la reconnaissance d’un collectif. La mention d’affiliation académique fait partie de l’identité sociale par laquelle l’individu se présente au monde, au même titre que les distinctions hiérarchiques et autres titres inclus dans les titulatures du temps. Elle prend place dans les stratégies de présentation de soi, associant, ou non, le statut citoyen, le patronage revendiqué ou souhaité ou la position professionnelle. Galilée, par exemple, s’identifie tantôt comme patricien de Florence, tantôt comme membre de l’académie des Lincei, selon le lieu de publication et l’attente de l’ouvrage. L’identification sélectionne souvent une seule académie – académie spécialisée, académie étrangère prestigieuse – pour légitimer par exemple un ouvrage, alors même que la pluri-affiliation s’accroît. Simultanément, l’affiliation académique, notamment dans les publications, est fortement réglementée dès le début du xviie siècle. Dans cette fonction identitaire de l’affiliation, la part de référent civique peut être particulièrement importante. Jean Boutier souligne ainsi que dans la République des Lettres est enchâssée une sociabilité de citoyens florentins, l’académie étant « un élément de la vie urbaine, dont le fonctionnement reprend de très près celui qui caractérise depuis l’époque communale toutes les institutions citadines20 », sans que la protection princière remette en cause cette structure citadine, maintenue dans la procédure électorale. Mais un autre groupe de référence s’attache à ce référent municipal : celui de la noblesse florentine et de ses grandes familles, auquel s’articule le modèle du citoyen florentin. L’hétéronomie de cette « culture référentielle florentine21 » imprègne à la fois la constitution des académies – dans lesquelles les professions intellectuelles sont présentes, mais minoritaires – et le contenu de leurs activités – s’intéressant aux grands écrivains florentins et à l’histoire florentine, sous des formes qui relèvent largement de l’histoire familiale, du moins jusqu’au début du xviiie siècle, où une histoire générale, politique se réaffirme.
Collectionner : être ou connaître ?
11Dans ce rapport matériel au savoir, la signification des objets (livres, instruments, vestiges…) est à géométrie variable : déchet – tels les tombeaux antiques arlésiens utilisés comme auges pour les troupeaux22 – « sémiophore23 », objet de connaissance24. La collection peut ainsi produire des identités complexes.
12Chez Capponi, né à Rome mais descendant du patriciat florentin, l’activité du collectionneur, qu’il s’agisse de livres ou d’antiques, participe d’une double appartenance : sa bibliothèque le rattache au rôle revendiqué de la noblesse toscane ; sa collection d’antiques lui permet de s’affirmer à la cour romaine comme à l’échelle de la République des Lettres. Dans l’étude de Thomas Fouilleron, Jacques Ier de Monaco témoigne quant à lui d’une collection dont l’ampleur est avant tout un signe ostentatoire de l’ethos aristocratique princier. T. Fouilleron décrit l’importance du travail que nécessite cette collection, pour construire le prestige du prince et de sa dynastie, mais également ses maladresses pour qui souhaiterait lire cette collection selon la logique de l’esthète ou du savant. Cette opération nécessaire de publicité, en effet, ne privilégie pas nécessairement le bon goût, l’amour de l’art ou la connaissance du marché. Son coût pharamineux conduit le prince collectionneur non seulement à négocier parfois à son détriment, mais également à user d’expédients comme le transport de certaines œuvres d’une résidence à une autre en fonction de la présence du prince, ou encore la fabrication de copies remplaçant les originaux ou permettant de dupliquer les pièces dans différentes demeures. Ces pratiques, parfois moquées par les contemporains, émanent d’un collectionneur qui n’est pas un amateur, n’a pas de réelle capacité d’expertise des œuvres et ne maîtrise pas toujours le marché : erreurs d’authentification ou de prix, mauvaises restaurations sont parfois le revers à payer de cette collection à tout prix25.
13Mais la collection peut aussi ne faire sens que pour l’individu, qui se confond parfois avec sa collection. Maria Pia Donato dépeint ainsi la « passion dévorante » qui investit le chasseur d’objets. Cette passion transpose dans la sphère privée ses activités publiques de savant : Capponi prolonge par exemple dans sa propre demeure l’organisation spatiale des collections du Capitole. Régis Bertrand, évoquant les érudits marseillais de la fin du xviiie siècle, souligne leur posture de collectionneur comme une quête quotidienne : « leur activité érudite est elle-même proche des méthodes du collectionneur car elle prend des allures de chasse aux trésors26 ». Dans la deuxième moitié du xviiie siècle, Esprit Calvet apparaît comme un Républicain des Lettres au sein d’un vaste réseau de correspondances, notamment médical. Comme ses confrères, il se heurte aux limites de la pratique médicale tout autant qu’il s’engage dans la curiosité pour l’histoire naturelle. Ainsi, comme l’écrit Madeleine Ferrières, le cabinet du médecin se double « naturellement » de son cabinet d’histoire naturelle. Mais sa collection est aussi singulière, elle évolue avec le collectionneur : chez Esprit Calvet, la curiosité va d’abord ailleurs, « du côté des artefacts humains, médailles ou antiquités égyptiennes ». L’homme, qui n’a guère d’attrait pour les grands déplacements et se confronte aux difficultés de conservation, se départit de ses collections naturalistes au profit de collections plus appropriées à sa manière d’être : il est « l’homme des vestiges27 ».
14Cet enjeu singulier de la collection pour le collectionneur a des incidences fortes sur le travail du chercheur s’intéressant aux collections. Françoise Bayard nous rappelle ainsi la nécessaire méfiance à l’égard des sources traditionnelles de l’histoire des collections et des collectionneurs. Elle souligne notamment, en appui sur l’historiographie, les limites des inventaires, qui ne ciblent souvent que les familles les plus aisées ou les successions difficiles, ne disent pas l’histoire de la collection mais photographient un état donné, ne cernent que les objets les plus coûteux – encore les estimations sont-elles souvent inférieures à la valeur réelle – là où d’autres critères, comme la rareté, peuvent fonder une collection. Ces sources ne disent rien non plus du collectionneur, de ses motivations, de son rapport (y compris tactile !) à la collection, de ses évolutions personnelles. On se rend compte, dans les études de cas, de la difficulté d’accéder à des typologies de collectionneurs rattachées à des milieux sociaux : chaque collection est singulière, et l’historien doit d’abord « individualiser les collections et les collectionneurs28 ». Là encore, il faut tenir compte du sens donné à l’objet sans mobiliser des catégories a priori : l’historien doit s’intéresser à tout ce qui excède les besoins ordinaires, quel que soit le type d’objet, s’intéresser aux espaces de rangement, s’attacher à la vie de la collection, notamment aux modalités de sa constitution, à la trajectoire des objets, à leur lien avec la création d’un marché. Ainsi, si toute collection est singulière, c’est parce que le collectionneur l’est aussi, mais sans échapper à des typologies possibles : le collectionneur peut être passionné, raisonnable, fidèle à une collection ou changeant, monomaniaque ou diversifié, attaché à l’ancien ou au contraire aux nouveautés, désireux de partager ses collections (comme Séguier avec un public, les de Mesme et de Thou avec leurs enfants) ou au contraire tourné vers sa seule passion. D’une manière ou d’une autre, la collection contribue à configurer les liens sociaux autour du collectionneur. C’est ici que la singularité du comportement s’ouvre à l’histoire sociale et mobilise de nouvelles sources : catalogues imprimés, guides de villes, mais aussi ego-documents, tels les livres journaux et papiers de famille, les mémoires et les correspondances… L’article de Maria Pia Donato, mobilisant le Diario di acquisti di quadri, oggetti, iscrizioni de Capponi, témoigne de l’intérêt de telles sources pour comprendre cette passion dévorant le quotidien.
15Enfin, les études réunies dans cette partie donnent à voir le rattachement croissant de la collection, initialement vecteur fort de distinction sociale, aux dispositifs du savoir. Régis Bertrand montre bien comment le travail des érudits marseillais à la fin du xviiie siècle, apparenté à celui des collectionneurs, autorise une nouvelle intelligibilité de l’espace urbain, désormais doté d’une épaisseur temporelle qui fait connaître, en chaque lieu – rue, édifice, œuvre d’art – un passé, des origines, une histoire. Des figures de savants émergent qui sont d’abord des figures de passeurs, tel « Grosson inaugur[ant] à Marseille une activité qui y aura jusqu’à nos jours sa postérité, celle de l’érudit local publiquement reconnu comme étant celui qui connaît le passé de la ville et fait pédagogiquement partager son savoir29 ». De l’amour de l’art à la fonction sociale de l’art, il existe donc un continuum qui peut emplir la vie de l’amateur et définir toute son identité. Joseph de Cadolle, héritier d’une aristocratie montpelliéraine qui croit revivre avec la Restauration, présenté ici par Alain Chevalier, se consacre à l’amour de la peinture, de la sculpture et de l’histoire de l’art. S’il ne laisse que de menus travaux, quelques peintures et aucune collection, il participe pourtant au renouveau d’un art chrétien qu’il défend par ses copies de primitifs toscans comme par son inventaire du mobilier des églises du diocèse, qu’il mène de 1876 à 1883. Véritablement engagé au service du public, promu par l’évêque de Cabrières à la tête de la Société de Saint-Jean (fondée en 1874), défenseur du patrimoine local (il fait restaurer et immortalise par des copies et des photographies des œuvres découvertes au cours de son inventaire), il associe cet engagement à ce qu’il a de plus intime, l’amour de sa famille. C’est avec sa première épouse qu’il découvre l’Italie et ses artistes, dans les années 1840 ; c’est à sa mort qu’il peint un Couronnement de la Vierge inspiré de Fra Angelico ; c’est dans la famille de sa seconde épouse, les Boussairolles, qu’il côtoie une importante collection de peintures et d’objets d’art dont il fait parfois des copies ; c’est avec l’une de ses filles, elle-même dévote et amoureuse de l’art, qu’il retourne en Italie vers 1880. Son travail d’inventaire lui-même, s’il est extrêmement sérieux, est guidé par ses choix subjectifs, plus ceux « d’un esthète que d’un historien d’art30 ».
Le savoir au service du public : l’État et les intermédiaires privés
16L’inscription de la collection dans les dispositifs du savoir cependant, définissant l’objet par sa valeur de connaissance et d’enseignement, peut établir plus visiblement un lien avec la politique patrimoniale des États au service du public.
17L’article d’Anna Maria Rao montre ainsi le décalage qui existe, dans la France du xviiie siècle, entre ces deux paradigmes de la collection. Inscrits dans l’attrait suscité par les antiquités napolitaines à la fin du xviiie siècle, créateur d’un marché concurrentiel médiatisé par les orfèvres en leurs boutiques, les échanges épistolaires entre Pierre-Michel Hennin, diplomate et érudit français, et François Cacault, secrétaire d’ambassade du baron Talleyrand, professeur de dessin et professeur de fortification à l’École militaire, témoignent de conceptions antinomiques. Hennin, désireux d’accumuler les antiquités, notamment les médailles, ne perçoit pas la naissance d’un marché qui raréfie les antiquités disponibles auprès des particuliers au profit des puissances étatiques et de leurs représentants. Cette modification dans l’accès matériel aux antiquités accompagne deux autres changements de fond dans la perception de la collection, que Cacault a bien compris. D’une part, à l’affirmation de soi dans le paradigme ancien de l’accumulation, succède une vraie curiosité scientifique qui conduit à des collections spécialisées, rationnelles, mises au service soit du goût, soit du savoir. D’autre part, l’accumulation des objets à grande échelle se légitime avant tout désormais du seul côté où elle est économiquement et logistiquement possible : du côté des États, grâce à des intermédiaires pour qui la recherche des antiquités est moins en lien avec l’affirmation de soi qu’avec celle du sentiment national. Tandis qu’un devoir patrimonial de sauvegarde se dessine auprès des serviteurs de l’État napolitain, la figure de l’érudit au service de sa nation s’affirme en s’incarnant dans des personnages comme le diplomate anglais Hamilton, « au service des musées et du développement économique de sa patrie31 ». Ces musées, comme le montre la collection de l’école d’art de Dijon analysée par Christine Lamarre, relèvent d’une idéologie des Lumières qui reconnaît à l’État un pouvoir et une responsabilité culturels. La pédagogie en est la clé. Christine Lamarre montre ainsi comment, dans ce cadre académique renouvelé, l’original perd de son importance au profit des moulages et des estampes. Ils sont, dans l’école de dessin de Dijon, le « cœur de la collection32 », laquelle génère une part considérable du travail de l’académie : l’école s’appuie sur un réseau d’intermédiaires important, parmi lesquels ses élèves à Rome, pour fournir les œuvres d’art et leurs copies, dans un contexte où les prix s’envolent souvent bien loin de la valeur des œuvres et du budget de l’école. Les négociations sont parfois favorables – tel le magnifique Laocoon de Mengs expertisé 185 écus romains et cédé à 85 –, les surprises sont parfois mauvaises – pertes, casse… –, mais la collection est finalement impressionnante, riche de 10 176 estampes en feuilles, 59 342 planches et de nombreux moulages. Une telle collection, où la réplique vaut quasiment l’original, répond à la fonction pédagogique définie par le Dictionnaire des Beaux-Arts de l’Encyclopédie méthodique. Si cette valeur de la copie se rencontre aussi dans les collections privées du temps, elle occupe une fonction particulière au service du public, attestant de la place croissante de l’État dans la gestion des collections et du savoir. Des pamphlétaires comme Lafont de Saint-Yenne réclament dès les années 1750 que les chefs-d’œuvre « voient la lumière » (1749), courant que l’on retrouve dans l’Encyclopédie et qui ne trouve pas seulement écho auprès de la monarchie, mais aussi auprès des villes et des particuliers33.
18Les acteurs individuels sont également imprégnés de cette idéologie du bien public. L’article de Frédéric Barbier montre comment l’érudition, et plus particulièrement l’usage des livres, en entrant dans l’espace public, bascule de l’utilité sociale à l’identité nationale au service du public. Le cas de Gian Pietro Vieusseux, huguenot d’origine française, dont la famille était devenue genevoise au xviie siècle pour prospérer dans le négoce, est exemplaire. Installé à Florence, Vieusseux veut contribuer à la modernisation de la péninsule dans tous les domaines (social, économique, culturel) grâce à l’imprimé et à un vaste réseau de sociabilité et de diffusion culturelle incluant une bibliothèque de travail « lié[e] à une société internationale choisie34 », des cercles réservés, des périodiques à visée vulgarisatrice pratiquant notamment la traduction, tout comme sont traduits des livres, notamment dans le champ de l’économie politique. Le soubassement de ce vaste réseau est politique, attaché à un mouvement libéral et nationaliste, favorable à l’unité italienne et mettant à l’honneur d’autres mouvements nationaux, tel le mouvement philhellène. À Marseille, les érudits locaux dépeints par Régis Bertrand sont plus soucieux de leur seule cité, mais c’est également pour s’inscrire dans le mouvement du progrès. Certes, l’essentiel de leur activité se fonde sur la redécouverte d’un patrimoine historique. Mais si une « poignée d’érudits marseillais semble avoir eu souci de combler un fort retard désormais perçu comme préjudiciable à leur ville », ce n’est pas seulement pour louer le passé, c’est aussi pour réhabiliter de la sorte des espaces marginalisés du présent, et pour souligner les qualités de l’avenir, comme « la modernité du port et de l’urbanisme des quartiers récents35 ».
19De même, l’article d’Hélène Lorblanchet montre comment un collectionneur, Xavier Atger (1758-1833), fils d’une famille de négociants montpelliérains, qui fut pendant vingt ans à Paris contrôleur des contributions indirectes avant de revenir dans sa ville en 1822, a su faire d’une « passion privée », celle du dessin, fondée sur le réalisme de ses moyens financiers mais aussi sur un goût personnel, un « bien public36 ». S’y ajoutent, dans une chronologie qui est celle de ses legs successifs à la Faculté de médecine, plusieurs fonctions : l’utilité, quand Atger donne des dessins et autres œuvres en rapport avec le corps et la médecine ; la participation à une identité méridionale, quand Atger donne à la Faculté de médecine des œuvres en rapport avec des artistes méridionaux ; la transmission d’un goût esthétique à la fois sûr et personnel, quand Atger donne des œuvres d’école française, surtout, mais aussi italienne et nordique. Dans ces legs, qui renvoient à une vie tout entière, il y a à la fois un acte de prestige personnel et de générosité, en lien à un collectif rattaché à la sphère publique. À Montpellier toujours, Laure Pellicer décrit la manière dont le contemporain d’Atger, François-Xavier Fabre (1766-1837), peintre et collectionneur avisé – royaliste, Fabre fait sa carrière à Florence au service de la comtesse d’Albany –, a pu, comme tant d’autres donateurs, créer une institution publique par lui-même qualifiée de « musée », où convergent le narcissisme et le sens du public. L’inauguration a ainsi lieu en grande pompe de son vivant. Fabre l’a conçu, il y vit et l’administre de main de fer. Après son décès, le musée est son lieu de mémoire, dirigé par un directeur de ses amis qu’il a nommé pour veiller à l’intégrité du lieu, quitte à sacrifier certains enrichissements de la collection : en témoigne le refus des dépôts d’État qui, bien qu’enrichissant sa collection, en auraient dénaturé l’unité, soit le reflet de sa vie de collectionneur. Cependant, il n’en reste pas moins un « vrai passionné » dont on ne peut nier la « dimension artistique et sociale37 » : sa bibliothèque et ses dessins sont légués à la ville et enrichis de son vivant puisqu’il continue à collectionner, au point même que la pédagogie pourtant bien prônée par le musée est contredite par l’entassement des œuvres, accrochées jusqu’en haut des murs. Le succès du musée est réel, et justifie la réévaluation d’un notable collectionneur dont les contemporains eux-mêmes ont parfois moqué la donation – à l’instar de Stendhal, dont le bon mot illustre le titre de cette étude – et dont l’historiographie reconnaît aujourd’hui le mérite en termes de création institutionnelle et de don au public. De même encore, Pascale André-Pons souligne combien un marchand d’art, tout en étant tributaire d’une logique économique, peut être un vrai collectionneur : c’est le cas d’Abraham Fontanel (1740-1817), « libraire, marchand d’estampes et de tableaux, conservateur, collectionneur38 », qui se trouve à Montpellier au centre d’un réseau mêlant négoce et connaissance des artistes. Si son espace marchand va de l’estampe au papier peint, sa galerie est parfois qualifiée de « musée » par ses visiteurs et lui-même se présente comme « l’initiateur de la Société des Beaux-Arts » de sa ville. Entre pratique personnelle et professionnalisation marchande, l’éclectisme d’Abraham Fontanel rappelle l’importance des marchands, et des marchands-experts, dans la structuration du monde de l’art au xixe siècle39.
20Mais le tournant de l’époque moderne et du xixe siècle est également marqué, il est vrai, par le poids des États, dont la politique patrimoniale conduit désormais à des collections d’une tout autre échelle. La collection romaine d’Alessandro Gregorio Capponi, qu’il gère de la même manière qu’il gère celle du Capitole, traduit ainsi, pour Maria Pia Donato, l’émergence d’un rapport souple de complémentarité entre collections privées et patrimoine. Des objets différents constituent des collections différentes, les objets plus grands et plus chers constituant les collections publiques, princières et souvent étrangères ; les objets plus abordables constituent les collections privées. Les États disposent en effet de moyens originaux, mobilisant des ressources allant des grands marchands à la diplomatie. L’article d’Anna Maria Rao reconstitue ce réseau d’intermédiaires dont bénéficient au xviiie siècle des États concurrents pour les vestiges napolitains. Certes, ces ressources amplifient les moyens déjà mis en place à la Renaissance avec la naissance du mécénat, usant des réseaux diplomatiques et des intermédiaires marchands dont les autochtones dénoncent le pillage (comme ce fut le cas, par exemple, du Florentin Giovanni Battista Della Palla). Mais Anna Maria Rao montre bien que, d’une part, la valorisation esthétique et scientifique de ces objets semble plus forte, là où dominait autrefois le prestige de la collection ; et que, d’autre part, la dimension nationale du patrimoine, nécessitant une régulation étatique du marché, semble désormais plus audible. Ces différences, qui recouvrent pour Anna Maria Rao celles du débat entre Caylus et Winkelman, renvoient profondément à la différence entre l’érudit collectionneur et le savant travaillant pour la science et le public. À Marseille, les figures d’érudits traditionnels, issus de la bourgeoisie et de la robe, s’attachent aux seuls monuments de prestige. Joseph-Martin Marchand (1758-1843), obscur artiste, porte sur sa ville un regard différent, présent déjà dans l’essor du sentiment patrimonial : ses dessins mettent en mémoire toute la cité, du monument le plus précieux au plus modeste.
Notes de bas de page
1 Krzysztof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris-Venise : xvie-xviiie siècles, Paris, Gallimard, 1987.
2 Dominique Pestre, « Pour une histoire sociale et culturelle des sciences. Nouvelles définitions, nouveaux objets, nouvelles pratiques », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 50, n° 3, 1995, p. 487-522 ; Pierre-Yves Lacour, La République naturaliste. Collections d’histoire naturelle et Révolution française (1789-1804), Paris, Muséum national d’histoire naturelle, 2014.
3 Monica Preti-Hamard, Philippe Sénéchal, dir., Collections et marché de l’art en France, 1789-1848, Rennes, Presses universitaires de Rennes / INHA, 2006 ; Annie Charon, Élisabeth Parinet, dir., Les ventes de livres et leurs catalogues, xviie-xxe siècle, Paris, École des chartes, 2000.
4 Annie-France Laurens, Krzysztof Pomian, dir., L’anticomanie. La collection d’antiquités aux xviiie et xixe siècles, Paris, Éditions de l’EHESS, 1992.
5 Dominique Poulot, Une histoire des musées de France, xviiie-xixe siècle, Paris, La Découverte, 2005.
6 Édouard Pommier, dir., Les musées en Europe à la veille de l’ouverture du Louvre, Paris, Musée du Louvre / Klincksieck, 1995.
7 Howard S. Becker, Les mondes de l’art, Paris, Flammarion, 1988 ; Nikolaus Pevsner, Les académies d’art, Paris, Gérard Montfort, 1999.
8 Charlotte Guichard, Les amateurs d’art à Paris au xviiie siècle, Seyssel, Champ Vallon, 2008.
9 D. Poulot, Une histoire des musées de France…, op. cit., p. 28.
10 Il s’agissait du colloque Érudits, collectionneurs et amateurs dans la France méridionale et l’Europe méditerranéenne (xvie-xxie siècle). De l’affirmation de soi à la découverte des identités collectives, organisé à l’université de Montpellier 3 par le Centre d’histoire moderne et contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, les 14 et 15 mars 2003.
11 Voir la contribution de Gigliola Fragnito dans ce volume, « Ludovico Beccadelli : identité ecclésiastique et identité municipale chez un prélat bolonais du xvie siècle », p. 29-40 ; Paul Findlen, Possessing Nature. Museums, Collecting and Scientific Culture in Early Modern Italy, Berkeley / Los Angeles / Londres, University of California Press, 1994.
12 Sur ces questions terminologiques, voir Jean Boutier, Brigitte Marin, Antonella Romano, dir., Naples, Rome, Florence. Une histoire comparée des milieux intellectuels italiens (xviie-xviiie siècles), Rome, École française de Rome, 2005.
13 La contribution de Christine Lamarre, centrée sur Dijon, porte également sur le voyage en Italie des artistes français.
14 Voir la contribution de J. Boutier dans ce volume, « À Florence, “lettrés” et “académiciens” : sociabilités intellectuelles et identité urbaine au xviie siècle », p. 41-61.
15 Voir dans ce volume G. Fragnito, art. cit.
16 Voir dans ce volume Maria Pia Donato, « L’affirmation d’un amateur aristocrate entre Rome et la République des Lettres : Alessandro Gregorio Capponi et ses collections », p. 63-81.
17 Catherine Goldstein, « L’honneur de l’esprit : de la République des mathématiques », in Fanny Cosandey, dir., Dire et vivre l’ordre social en France sous l’Ancien Régime, Paris, Éditions de l’EHESS, 2005, p. 191-230. Sur cette hétéronomie, on peut renvoyer également à Mario Biagioli, « Le prince et les savants : la civilité scientifique au xviie siècle », Annales. Histoire, Sciences Sociales, vol. 50, n° 6, 1995, p. 1417-1453.
18 M. P. Donato, « L’affirmation d’un amateur aristocrate entre Rome et la République des Lettres… », art. cit.
19 Sur cette place des intermédiaires, notamment marchands, dans la pratique des amateurs, voir tout particulièrement C. Guichard, Les amateurs d’art à Paris au xviiie siècle, op. cit.
20 J. Boutier, « À Florence, “lettrés” et “académiciens”… », art. cit.
21 Ibid.
22 Cf. Dominique Serena-Allier, « Les collections de l’Hôtel de ville », in Ead., Le goût de l’antique : quatre siècles d’archéologie arlésienne [catalogue de l’exposition organisée par le Museon arlaten et les Musées d’Arles, 20 octobre 1990 – 6 janvier 1991], Arles, Museon arlaten, 1990, p. 39-43.
23 K. Pomian, Collectionneurs, amateurs, curieux…, op. cit., p. 38.
24 Sur ce changement de la nature cognitive de l’objet, de la collection distinctive à l’enjeu de savoir, voir notamment P.-Y. Lacour, La République naturaliste…, op. cit., ainsi que Liame, « Collections méridionales (xvie-xviiie siècles) », n° 26, 2016, sous la direction du même.
25 Voir dans ce volume Thomas Fouilleron, « Publier sa collection. Une stratégie de distinction des princes de Monaco au siècle des Lumières », p. 103-132, et Id., « Homme de goût ou goût de prince ? Jacques Ier de Monaco (1689-1751) amateur de peinture », à paraître.
26 Voir dans ce volume Régis Bertrand, « Les collectionneurs et érudits marseillais de la fin du xviiie siècle et la découverte du patrimoine de leur ville », p. 143-156.
27 Voir dans ce volume Madeleine Ferrières, « Les curiosités d’Esprit Calvet », p. 133-141.
28 Voir dans ce volume Françoise Bayard, « Collections et collectionneurs en France à l’époque moderne : problèmes et méthode », p. 85-102.
29 R. Bertrand, « Les collectionneurs et érudits marseillais… », art. cit., p. 149.
30 Voir dans ce volume Alain Chevalier, « Joseph de Cadolle (1812-1887). Itinéraire méconnu d’un amateur d’art montpelliérain du xixe siècle », p. 157-170.
31 Voir dans ce volume Anna Maria Rao, « Collections d’antiquités, marché, identité nationale : Naples et la France à la fin du xviiie siècle », p. 173-185.
32 Christine Lamarre, « Des usages d’une collection publique à la fin du xviiie siècle (Dijon, 1776-1791) », p. 189-200, à la p. 192.
33 André Chastel, « La notion de patrimoine », in Pierre Nora, dir., Les lieux de mémoires, Paris, Gallimard, 1997, vol. 2, p. 420.
34 Voir dans ce volume Frédéric Barbier, « Collection et sociabilité à l’aube des nationalités : les débuts du Cabinet Vieusseux à Florence », p. 199-220.
35 R. Bertrand, « Les collectionneurs et érudits marseillais… », art. cit., p. 149.
36 Voir dans ce volume Hélène Lorblanchet, « Un “amateur montpelliérain” : Xavier Atger (1758-1833), du collectionneur au mécène », p. 221-228.
37 Voir dans ce volume Laure Pellicer, « Je vis M. Fabre au milieu de son musée… », p. 239-261.
38 Voir dans ce volume Pascale André-Pons, « Les multiples talents de M. Fontanel », p. 229-237.
39 Voir par exemple Patrick Michel, Le commerce du tableau à Paris dans la seconde moitié du xixe siècle, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2007.
Auteurs
Aix Marseille Univ, CNRS, TELEMME, Aix-en-Provence, France
Aix Marseille Univ, CNRS, TELEMME, Aix-en-Provence, France
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