L’affaire Sacco et Vanzetti
Chronique marseillaise (1921-1928)
p. 79-92
Texte intégral
1La longue controverse judiciaire qui, au cours des années vingt, aboutit à l’exécution des deux anarchistes italo-américains Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti suscite une vive émotion à travers le monde. Les conditions des procès pour un double braquage dans le Massachusetts, ayant causé deux morts en 1920, ainsi que la longue attente de sept années, entre 1921 et 1928, dans le couloir de la mort, sont à l’origine d’un fort mouvement de mobilisation aux accents très politiques1. En un sens, l’affaire Sacco et Vanzetti traduit à l’échelle mondiale les espoirs ou les craintes suscités par la révolution bolchévique de 1917 à un moment où la crise économique d’après-guerre apparaît propice à la déstabilisation ; et la reconnaissance ou le refus de la domination politique et économique des États-Unis dans le nouvel ordre mondial.
2À Marseille, l’affaire Sacco et Vanzetti n’est pas sans échos. Le contexte local paraît même constituer un terreau fertile aux mouvements de mobilisation. Au profil ouvrier d’une grande partie de la population s’ajoutent en effet une tradition d’accueil d’exilés anarchistes depuis le siècle précédent2 ainsi qu’une forte « empreinte italienne » en raison de l’important courant migratoire transalpin3. La chronique des mobilisations en faveur de Sacco et Vanzetti mêle les enjeux politiques locaux et les péripéties d’une cause mondialisée.
1921 : la naissance d’une cause
3Après la condamnation à mort de Sacco et Vanzetti lors du procès de Dedham dans le Massachusetts, le 14 juillet 1921, l’affaire est portée à la connaissance des milieux syndicaux et anarchistes du monde entier par l’intermédiaire d’un de leurs avocats, Fred Moore, ainsi que par les milieux révolutionnaires italo-américains, eux-mêmes liés au jeune mouvement anarcho-syndicaliste américain, les Industrial Workers of the World4.
La progressive agrégation des forces en présence
4Le milieu anarchiste marseillais, très actif depuis la fin du siècle précédent grâce à l’apport d’éléments italiens5, réagit promptement. Le 9 octobre 1921, un meeting organisé à l’initiative du Comité Sacco et Vanzetti, fondé par le groupe Union anarchiste, réunit 400 à 500 personnes environ à la Bourse du travail6. Viaud, de l’Union anarchiste, en assure la présidence. Sous sa houlette, plusieurs orateurs prennent la parole, révélant un mouvement de protestation qui rassemble au delà de la mouvance anarchiste. Des syndicalistes s’expriment. Alors que l’Union anarchiste s’est constituée l’année précédente sur une base antibolchévique7, au niveau local, l’entente paraît meilleure. On relève ainsi l’intervention du secrétaire fédéral du Parti communiste qui vient de se former, Flavien Veyren, qui assure que le parti « sera toujours à côté des groupes d’avant garde, qui défendront des causes aussi justes que celles de Sacco et Vanzetti ». En cela, il entend incarner la rupture du congrès de Tours avec les socialistes de la SFIO l’année précédente, en faisant du Parti communiste un « parti d’action8 ». Lors d’une réunion tenue le 14 octobre dans la perspective d’un nouveau meeting, le secrétaire fédéral promet le concours discipliné du parti, proposant de convoquer les militants par l’intermédiaire des secrétaires des 12 sections que compte Marseille9. Les Jeunesses communistes adhèrent au Comité Sacco et Vanzetti ainsi que l’Association républicaine des anciens combattants, proche du parti. S’y joignent des syndicats comme la Confédération des travailleurs du monde et le Comité syndicaliste révolutionnaire, tous les deux en rupture avec la CGT10, ou encore les syndicats des charpentiers de marine, des ouvriers coiffeurs, des civils de la guerre, entre autres. La ligue des droits de l’homme ne s’intéresse que timidement dans un premier temps à ce mouvement d’extrême gauche. Ce n’est qu’à la fin d’une de ses réunions, le 22 octobre, qu’est ajoutée à l’ordre du jour « une protestation au sujet de la condamnation de Sacco et Vanzetti11 ».
5Si l’unité est de mise, la fédération communiste des Bouches-du-Rhône qui cherche, dans ses premiers mois d’existence, à rassembler et à occuper le devant de la scène politique12, prend par la suite l’ascendant dans le mouvement de soutien à Sacco et Vanzetti. Alors que le grand meeting du 23 octobre, qui réunit 600 à 1 000 personnes environ à la Bourse du travail, est organisé par Mathieu pour les anarchistes, la présidence en échoit à Georget, membre de la commission exécutive de la fédération communiste des Bouches-du-Rhône13. Viaud et Borreli, de l’union anarchiste, n’occupent que le rang d’assesseurs. Si l’accord se fait autour du maintien de la manifestation interdite par la Préfecture devant le consulat américain, cours Pierre Puget, prévue à l’issue de la réunion, son déroulement suscite des divergences entre communistes qui l’envisagent « dans le plus grand ordre », tandis que les anarchistes, fidèles à la tradition de la « propagande par le fait14 », préconisent l’action directe et le recours à la violence15. En ce premier temps de la mobilisation, l’enjeu transcende toutefois les divisions larvées entre communistes, anarchistes et syndicalistes et au sein même de ces différentes factions de la gauche révolutionnaire.
La mobilisation de l’opinion
6L’objectif premier est bien la mobilisation de l’opinion dans le contexte favorisé, à l’échelle mondiale, par l’essor de la culture de masse16. À Marseille, le Comité Sacco et Vanzetti procède surtout par affichage. Néanmoins, le public réuni lors du premier meeting d’octobre, 400 personnes, paraît trop peu nombreux aux organisateurs qui décident de convoquer une nouvelle réunion publique, mais surtout d’accroître leurs moyens de communication de l’information. Les méthodes classiques sont encouragées, comme la distribution de brochures dans les diverses réunions politiques. La distribution de tracts est également préconisée, notamment par le Parti communiste. Il en est par exemple tiré 10 000 exemplaires en prévision du meeting du 23 octobre17. Conscients de l’urgence à « intéresser l’opinion publique à cette affaire », les anarchistes préconisent d’élargir le « répertoire d’action collective18 ». Ainsi, l’italien Carlo Marono dit Fercipini encourage à « écrire sur les murs, sur les devantures, dans les tramways, partout enfin : « “Rendez-nous Sacco et Vanzetti !” “Sauvons Sacco et Vanzetti”19 ». Son appel semble suivi d’effets. Des graffitis sont en effet retrouvés quelques jours plus tard sur le trottoir du boulevard National de même que des appels à la mobilisation peints au moyen d’un gabarit sur les murs des rues Breteuil et Dragon, ainsi que du boulevard Vauban. Dans ce dernier cas, Fercipini semble avoir mis ses actes en conformité à ses paroles, puisque, peintre de métier et habitant du quartier, la police en fait son principal suspect20. En bon anarchiste, il a ainsi accompli « un acte de bravoure qui donne à l’écrit une valeur et une force spécifiques21 ».
7Le souci de mobilisation de l’opinion s’illustre également dans les meetings et les réunions, lors desquels le public étranger, particulièrement les Italiens, n’est pas oublié. Si la mobilisation internationale autour de Sacco et Vanzetti s’appuie très largement sur une diaspora italienne nombreuse en Europe et en Amérique latine22, les prises de paroles d’Italiens dans leur langue natale dans les meetings marseillais en sont une bonne illustration. Très impliqués dans la mouvance anarchiste locale23, les Italiens interviennent dès les premiers meetings, et notamment le 9 octobre, afin d’associer pleinement le public transalpin, nombreux à Marseille, à la connaissance des événements et à la compréhension des discours. On donne même lecture d’articles issus de la presse italienne24. D’autres nationalités représentées à Marseille comme les Espagnols jouent un rôle actif dans l’animation du mouvement anarchiste et syndicaliste25. Ainsi, les discours du meeting du 23 octobre sont traduits en espagnol par un syndicaliste26.
8Grâce à cette propagande, les partisans de Sacco et Vanzetti parviennent, en une quinzaine de jours, à doubler le public assistant aux meetings du mois d’octobre. La manifestation du 23 octobre, rassemblant environ un millier de personnes, inscrit Marseille au rang des villes marquées par la protestation au plan national et international.
Une première démonstration de force
9Malgré l’interdiction préfectorale et les mises en garde de la police à la suite de l’attentat contre l’ambassade des États-Unis à Paris le 19 octobre, les organisateurs du meeting du 23 octobre décident, on l’a vu, de maintenir la manifestation qui doit relier la Bourse du travail, rue de l’Académie, au consulat des États-Unis, cours Pierre Puget.
10Les manifestants, regroupés en haut du cours Lieutaud, ont à leur tête plusieurs élus qui ont assisté au meeting, notamment Latière, conseiller général, Sabiani et Cermolacce, conseillers municipaux, et Corbani, conseiller d’arrondissement27. Empêchés d’avancer par les forces de l’ordre, ils se dispersent à trois reprises, cours Lieutaud, rue Neuve et rue de Rome. Des échauffourées éclatent, une grenade à main est même lancée contre la police, sans éclater toutefois. Neuf individus sont arrêtés et déférés au Parquet. Ces arrestations sonnent le glas de la manifestation qui n’atteint pas son but, à l’exception de quelques individus provoquant des incidents isolés devant le consulat américain. Malgré ce relatif échec, la démonstration de rue marque la première médiatisation de la mobilisation marseillaise au plan local comme au plan national.
11C’est en effet à la suite de la journée du 23 octobre que Le Petit Provençal commence à évoquer plus en détails l’affaire Sacco et Vanzetti. Le 24 octobre le quotidien dirigé par le radical-socialiste Vincent Delpuech titre :
La manifestation en faveur de Sacco et Vanzetti. Entre les manifestants et la police se produisent de violentes bagarres au cours desquelles une grenade a été lancée28.
12Cette une, alarmiste, est démentie par le contenu de l’article qui précise que les échauffourées ont été sans gravité et que la grenade n’a pas explosé.
13Il n’est pas que la presse locale pour évoquer les événements marseillais. Les principaux titres nationaux s’emparent sur un mode emphatique du récit de cette manifestation qui a mal tourné, comme celles de Paris, du Havre ou de Brest. Le Petit Journal décrit de « violents incidents » dont les communistes sont rendus responsables29. Pour Le Petit Parisien, cette manifestation est l’œuvre des « révolutionnaires30 ». Alors que les autres quotidiens, dont L’Excelsior et Le Journal se contentent d’exposer les faits et de dresser la liste des individus arrêtés31, Le Petit Parisien joue sur les stéréotypes xénophobes, notant que « la plupart des manifestants arrêtés sont des étrangers32 », ce qui est inexact au regard de l’identité des individus interpellés et condamnés33.
1926 – 23 août 1927 : une lutte aux accents multiples
14Outre-Atlantique, la bataille se poursuit sur le plan juridique. Différentes requêtes en révision du procès sont déposées auprès de la Cour suprême du Massachusetts entre 1921 et 1927. Elles échouent les unes après les autres, quand bien même Sacco et Vanzetti ont été innocentés en 1925 par les aveux de Celestino Madeiros. Le 12 mai 1926, puis le 5 avril 1927, la condamnation à mort des deux Italiens est confirmée, jetant un voile de pessimisme sur la lutte pour leur libération mais relançant, par la même occasion, l’activisme en leur faveur. Marseille se trouve, à cet égard, au diapason du rythme d’une mobilisation mondiale qui gagne en puissance jusqu’à l’exécution des deux anarchistes italiens le 23 août 1927.
Une mouvance élargie
15Localement, l’unité du mouvement de soutien à Sacco et Vanzetti trouve un nouveau ferment d’unité dans l’antifascisme. Depuis l’assassinat, en 1925 à Rome, du député socialiste Matteotti qui aboutit à l’établissement de la dictature par Mussolini, la gauche française ainsi que les exilés politiques transalpins dans l’Hexagone affirment non seulement leur protestation, mais entendent aussi œuvrer afin d’éviter une contagion du fascisme. En France, l’élection du Cartel des gauches en 1924 a ravivé en effet la vigueur des ligues d’extrême droite et les affrontements avec les forces de gauche internationalistes
16Les deux causes, Sacco et Vanzetti d’une part et l’antifascisme d’autre part, se rejoignent et parfois se superposent. Ainsi 31 octobre 1926 un meeting du Comité antifasciste, animé par les communistes, est annulé afin de permettre aux militants de rejoindre à la Bourse du travail une réunion anarchiste de soutien aux deux Italiens. Une fois entrés dans la salle, munis de leurs pancartes, ils en appellent au soutien à Sacco et Vanzetti et entonnent l’Internationale, suivis par l’assistance. À la tribune, le communiste Matton vitupère contre le fascisme, le rendant responsable de tous les crimes, y compris de la condamnation des deux Italiens. La foule des anarchistes, surexcitée, en appelle quant à elle à la manifestation. L’orateur communiste désirant plus que tout « voir la masse des travailleurs venir à [eux] pour [qu’ils puissent] réaliser un front unique34 » réfute l’idée d’une démonstration de rue. Quelques incidents marquent la fin de la réunion, soulignant encore une fois la difficulté d’une action commune. Les anarchistes font de la surenchère un leitmotiv, reprochant aux communistes de ne pas faire de la libération de Sacco et Vanzetti une priorité et de se focaliser sur l’antifascisme.
17Néanmoins, le mouvement gagne en ampleur. La présence des femmes y est de plus en plus notable même si la mobilisation marseillaise accuse un certain retard au regard des mouvements activistes et féministes américains ou néerlandais35. Cet engagement donne aux discours militants une tonalité différente, plus sentimentale, en jouant sur la solidarité des tourments des femmes dans le monde, qui ont connu, pendant la guerre, les mêmes angoisses que les femmes de Sacco et Vanzetti. La presse tant nationale que locale joue d’ailleurs aussi sur ce registre sensible par l’évocation des souffrances de la femme de Sacco et de la sœur de Vanzetti – celui-ci n’est pas marié. L’argument féministe, souvent évoqué dans les milieux anarchistes depuis le siècle précédent36, est également avancé car
au moment où elle est considérée dans beaucoup de pays comme l’égale de l’homme, la femme doit unir ses efforts à ce dernier pour qu’éclate l’innocence de Sacco et Vanzetti37.
18La présence des Italiens, à la tribune et dans l’assistance, est en outre soulignée par la police qui exerce une surveillance étroite sur ces étrangers considérés non seulement comme subversifs mais aussi comme dérogeant aux règles élémentaires de l’hospitalité, en devenant des « agents provocateurs » comme le rappelle le ministre de l’Intérieur, Albert Sarraut en avril 1927 devant l’Assemblée nationale38. À l’instar de la violence criminelle39, la violence politique est jugée plus inacceptable encore que pour les nationaux40. Comme ailleurs dans le Sud-Est de France41, les anarchistes transalpins sont particulièrement visés à Marseille et font régulièrement l’objet de mesures d’expulsion42. Lors des réunions de soutien à Sacco et Vanzetti, les orateurs ne sont pas toujours bien identifiés, mais les plus virulents font l’objet d’enquêtes et sont parfois interpellés comme le nommé Borghini « dangereux et capable de commettre un attentat43 ». Au cours de l’année 1927, alors que l’exécution paraît de plus en plus inéluctable, les autorités relèvent « une agitation [qui] se manifeste parmi les anarchistes et notamment les Italiens » notamment après le passage du propagandiste anarchiste Sébastien Faure à Marseille. À la fin du mois de juillet, les rapports policiers renouvellent ces mises en garde envers une effervescence qui se manifeste « peut être un peu plus d’intensité à l’heure actuelle44 ». Les autorités craignent désormais non seulement un attentat sur le consulat américain, mais également contre le consulat italien45.
19Loin d’être toujours aussi radicale, la mobilisation des Italiens en faveur de Sacco et Vanzetti prolonge leur engagement au sein du mouvement ouvrier auquel s’ajoute alors le renfort des fuorisciti, ces dirigeants et militants d’organisations politiques ayant fui la répression du régime fasciste46. La solidarité politique n’est toutefois sans doute pas la seule à jouer : Sacco et Vanzetti font aussi figures de victimes de cette italophobie dont les migrants font l’expérience depuis la fin du xixe siècle aux États-Unis comme en France47. Dans ces conditions, l’italianité sert d’aiguillon à la mobilisation, tout en sortant renforcée de la solidarité manifestée à l’égard de Sacco et Vanzetti.
20L’élargissement des soutiens se fait par ailleurs sur le plan politique. Au noyau initial communiste et anarchiste se joignent en 1927 les socialistes. Siméon Flaissières, maire de Marseille et sénateur des Bouches-du-Rhône est annoncé comme orateur au meeting du 17 mars 192748. En réalité, seul Rémy Roux, député socialiste, monte ce jour-là à la tribune déclarant qu’il
est heureux de se trouver au milieu de cette foule et de lui apporter, au nom de [ses] collègues socialistes du département, le plus grand appui pour renforcer la protestation élevée contre l’iniquité de justice dont sont victimes deux militants ouvriers49.
21Le signe n’en reste pas moins notable : ce sont désormais toutes les forces de la gauche marseillaise qui sont engagées.
« Qui sauvera Sacco et Vanzetti ? Nous50 »
22Pour autant, on ne saurait faire de la mobilisation en faveur de Sacco et Vanzetti à Marseille un mouvement massif, du moins pas sur toute la période. En effet, une fois le premier temps de la mobilisation passé, en 1921, l’inscription dans la durée de la procédure judiciaire semble jouer contre la motivation des militants.
23Au mois de juillet 1926, le consul américain constate lui-même cet enlisement judiciaire :
en raison de la maladie d’un juge de la cour supérieure du Massachusetts cette malheureuse affaire va traîner encore plusieurs semaines voire plusieurs mois51.
24De fait, à la fin de l’année 1926 et au début de 1927, la mobilisation marque le pas. En septembre 1926, une réunion du Comité Sacco et Vanzetti se est annulée en raison de l’absence de public : seuls deux auditeurs se sont déplacés au bar Tout va bien aux allées Meilhan52. La même situation se reproduit dans les jours suivants au boulevard Chave, à la Capelette, aux Chartreux53. Lorsqu’elles ne sont pas annulées, les manifestations rassemblent 500 personnes au maximum. En raison de ce peu d’affluence, les entrées payantes ne compensent pas les frais divers de la campagne d’opinion et le Comité se trouve même en difficulté financière54.
25La véritable montée en puissance du mouvement a lieu au cours de l’été 1927, alors que l’on attend la décision du gouverneur de l’État du Massachusetts auprès duquel a été déposée une demande de grâce. Ce renouveau militant s’inscrit dans le contexte d’une émotion entretenue par la presse marseillaise, qui couvre l’événement comme un feuilleton. Durant un mois, de la fin juillet à la fin août, Le Petit Marseillais, Le Petit Provençal, et dans une moindre mesure Le Sémaphore, suivent le moindre rebondissement de la dramatique attente de l’exécution. Le Petit Marseillais entretient la dramaturgie par de nombreux titres interrogatifs en une, aidé en cela par le décalage horaire qui laisse en suspens pour le lecteur français des décisions vitales prises aux États-Unis après l’heure du bouclage55.
26Quelle que soit leur sensibilité, les journaux locaux prennent fait et cause pour les deux condamnés dont le sort est traité avec une grande humanité. Le récit des visites de la famille, leur plaidoyer ainsi que ceux des proches notamment dans le village d’origine en Italie, la correspondance de Sacco avec sa fillette ou encore l’affaiblissement de celui-ci lors de sa grève de la faim, renforcent l’intensité mélodramatique qui a pour effet de susciter la compassion des lecteurs y compris de la presse modérée. Une fois la sentence exécutée, Le Petit Marseillais regrette ainsi les « sept années de martyre » des deux hommes et ajoute que « La pitié appelait la prison sans la menace de mort56 ». Le Sémaphore, journal des élites économiques, prend moins ouvertement position, mais se fait l’écho de la presse nationale et internationale sur le même mode. À gauche, le discours est plus tranché encore. Le journal radicalisant L’Ère nouvelle évoque « un crime judiciaire »57, tandis que le socialiste Pierre Renaudel, dans le Petit Provençal, s’érige contre la peine de mort58.
27Les divergences se manifestent sur la dimension politique de l’affaire. Le Sémaphore tout comme L’Ère nouvelle appellent à ne pas rendre responsable le gouvernement de Washington afin de ne pas mettre en péril les relations franco-américaines si importantes pour les milieux d’affaires hexagonaux que représentent ces journaux. Le Petit Marseillais fustige pour sa part la politisation de cette affaire et la récupération qu’en ont fait les milieux révolutionnaires. « Il fallait se cantonner sur le terrain du droit et de l’équité » peut-on lire dans un éditorial qui ajoute
lorsque l’affaire Dreyfus divisa la France en deux camps rien ne nous irrita davantage que l’ingérence étrangère, les opinions tranchantes des gens d’au-delà des frontières qui ne connaissaient pas le premier mot du procès59.
28Le journal voit dans cette affaire l’occasion d’exprimer vertement son antibolchevisme en dénonçant le « terrorisme60 » et la violence des manifestations, notamment celle qui touche la capitale après l’exécution : « Les bagarres qui se sont déroulées à Paris ont eu un caractère révolutionnaire61 » peut-on ainsi lire. « Contre le péril communiste62 », il appelle même à la « nécessaire expulsion de l’ambassade soviétique63 ». Le Sémaphore et le Petit Marseillais tendent en outre à minimiser l’ampleur des mobilisations marseillaises qui, au contraire, sont mises en exergue et encouragées par la presse de gauche.
29Il reste que c’est sur la sensibilité de l’opinion à la cause de Sacco et Vanzetti que les militants comptent pour mobiliser les Marseillais alors que l’exécution semble de plus en plus probable en ce mois de juillet 1927. Ainsi, le rejet de la grâce le 5 août intervient entre deux journées d’action massives à Marseille. La première a lieu le 30 juillet. Elle est organisée à l’initiative du Comité Sacco et Vanzetti et doit rassembler, sur les terrains derrière la Bourse du commerce, à partir de 19 heures, l’ensemble des organisations impliquées dans la lutte pour obtenir la demande en grâce64. Moins d’une semaine après la manifestation parisienne, qui a réuni plus de 20 000 personnes, on attend de cette mobilisation qu’elle soit à la hauteur de la place que Marseille entend tenir dans le soutien à Sacco et Vanzetti. « Dans cette formidable clameur, une fois encore, Marseille va se faire entendre » souligne Jean Melène dans Le Petit Provençal65. D’avis général, la manifestation est imposante, les estimations oscillant entre 1 800 et 3 000 personnes66. À la tête de cette assistance nombreuse, des élus de gauche, des représentants des partis socialiste, communiste, de la Bourse du travail, de l’union locale régulière, des syndicats autonomes, de la Fédération de la Libre pensée, de la Ligue des Droits de l’Homme.
30Au lendemain du 30 juillet, le mouvement marseillais en faveur de Sacco et Vanzetti semble plus dynamique que jamais. Pourtant, alors que la mobilisation nationale et mondiale redouble début août à l’annonce d’une exécution prévue pour le 10, localement, la journée d’action du 8 août laisse apparaître une nouvelle fois des signes de friabilité.
D’août 1927 à août 1928 : de la désunion à l’indifférence
Dissidence communiste
31L’entente entre anarchistes et communistes est, dès le départ, précaire : la mise en ordre bolchévique de la révolution russe en 1920-1921 est interprétée par les libertaires marseillais et français comme une « trahison67 ». En outre, aux yeux des anarchistes, les communistes apparaissent trop rétifs à l’action de rue, et sont accusés de se servir de la mobilisation autour des deux Italiens pour leurs intérêts politiques. Inversement, les communistes se méfient de la propension à la violence et de l’aspect individuel et incontrôlable de l’action préconisée par les anarchistes alors que pour leur part ils adoptent une organisation disciplinée toute bolchévique68. Bien que les principales démonstrations de rue aient été communes et alors que la mobilisation prend une certaine ampleur à Marseille, les enjeux idéologiques reprennent le dessus. Au cours de l’année 1927, les orateurs anarchistes parisiens invités dans les réunions marseillaises contribuent à élargir le fossé avec les communistes en jetant l’opprobre sur « l’extrémisme marseillais69 ».
32Le 8 août 1927, répondant à un appel national à la « grève générale70 », les communistes invitent unilatéralement à un rassemblement à 9 h sur les terrains derrière la Bourse du commerce. Le cortège, formé de 4 000 personnes environ, se dirige vers la Bourse du travail, mais, celle-ci étant trop exiguë pour accueillir une telle foule, les manifestants se rendent vers les terrains de l’ancien cimetière Saint-Charles. Les discours successifs font de la cause de Sacco et Vanzetti un exemple de la lutte des classes dans le monde entier71. L’objet de la mobilisation apparaît plus large que le sort des deux Italiens. Le commissaire spécial relève que
les communistes ont profité de l’occasion qui leur était offerte pour appliquer le plan d’agitation arrêté pour toucher les masses ouvrières en cas de mouvements importants et tenter une mobilisation de leurs forces
33et indique que ce plan
a joué dans des conditions […] suffisantes pour permettre aux communistes d’obtenir un succès relatif qui a dépassé toutes leurs espérances et toutes les prévisions72.
34Les dirigeants du parti communiste accompagnés « d’une partie de leurs troupes » se rendent ensuite à la manifestation appelée le même jour à 18 heures par le comité Sacco et Vanzetti73, soutenu par les syndicats confédérés, les socialistes de la SFIO, la Ligue des Droits de l’Homme, et la ligue de la Libre Pensée74. La foule se regroupe, pour la seconde fois de la journée, derrière la Bourse de Commerce. Environ 3 000 personnes ont répondu à l’appel, dont de nombreux élus, à l’image du 30 juillet. L’ambiance, toutefois, est tendue et des incidents éclatent quand les communistes et syndicalistes de la CGTU, rompant avec l’attitude modérée jusqu’alors adoptée, lancent un mouvement de manifestation qui scinde le meeting en deux.
35Dix jours plus tard, lors d’une réunion à la Bourse du travail, la rupture est consommée. Les communistes sont absents. Le Comité, outre qu’il rend les communistes responsables des incidents ayant marqué la fin de leur manifestation le 8 août, « n’est pas content du parti communiste et est tout disposé à se passer de son concours pour les manifestations futures75 ». Il fait placarder dans les rues des affiches proclamant que « les gens de cœur qui s’intéressent au sort de ces deux victimes savent que Sacco et Vanzetti n’appartiennent à aucun parti76 ».
La grève générale et le boycottage : des échecs
36Outre qu’elle se désunit, la mobilisation s’essouffle. L’appel à la grève générale de 24 heures lancé par la CGTU pour le 8 août, jour des manifestations, n’a « qu’un faible écho. Presque tous les établissements, usines et ateliers [travaillant] […] comme à l’ordinaire77 ». Les industriels, qui craignent un débauchage de leur personnel, n’ont en réalité que peu de tentatives à constater, les principales ayant eu lieu sur les docks, où les militants communistes tentent de débaucher les dockers dès 6 h 30 du matin78, quai et place de la Joliette, ainsi que rue Forbin, à la maison Bietron79. Le mouvement de grève « n’a été que partiellement pratiqué et en dehors des services publics80 » rassure Le Sémaphore. Dans le reste du département, la CGTU se félicite d’une mobilisation à Port-de-Bouc et Martigues, mais celle-ci reste limitée81.
37L’exécution de Sacco et de Vanzetti n’ayant pas eu lieu dans la nuit du 10 au 11 août, le mouvement, bien qu’affaibli, se poursuit. Le Comité en appelle le 22 août au « boycottage de tout ce qui est américain » espérant ainsi nuire aux intérêts américains et au capitalisme82. Cette ultime mesure est toutefois tuée dans l’œuf par la nouvelle de la mort des deux Italiens qui parvient le 23 août « dans la matinée sur les chantiers et dans les usines », ne suscitant qu’une passivité émue dans le monde du travail marseillais et « aucune tentative pour organiser des protestations83 ». Spontanément, une réunion se tient à la Bourse du travail, sur la façade de laquelle le drapeau des Chambres syndicales est cravaté de crêpe noir. Quelques incidents éclatent dans la nuit aux alentours du bâtiment, mais restent sans conséquence84.
38Les appels au boycottage demeurent globalement sans effets, à l’exception du déchargement du « Liberty Bell » à Port-de-Bouc, qui voit sa cargaison de produits chimiques à destination des établissements de la Vieille Montagne retardée de trois jours85. Le syndicat unitaire, fort de 251 adhérents, parvient à ce coup d’éclat qui reste cependant isolé86. Le commissaire de Martigues rassure le préfet, certifiant que « les établissements américains Lavera et Bettford Petroleum qui emploient au total environ 500 ouvriers travaillent comme par le passé87 ». À Marseille, où le syndicat confédéré est majoritaire sur les quais, le boycottage ne prend pas88. Le 30 août, Bonnet, secrétaire de l’union locale, constate, lucide que « les ouvriers ont marché pour Sacco et Vanzetti mais qu’ils ne marcheront pas pour le reste89 ». Les ouvriers marseillais se désintéressent globalement assez vite de la cause Sacco et Vanzetti90, tandis que dans les grandes capitales, comme à Londres ou à Paris, la mobilisation reste soutenue au mois de septembre91.
Une désaffection rapide pour la cause Sacco et Vanzetti
39En effet, alors que le meeting du 22 août réunissait encore 3 000 personnes parmi lesquelles de nombreux Italiens, celui du 9 septembre à l’appel des anarchistes ne rassemble que 500 auditeurs. Significativement, la volonté d’agir contre la fête nationale de la très conservatrice association d’anciens combattants américains, l’American Legion, prévue pour le 19 septembre, relève davantage de l’incantation que de la mise en place d’une réelle force de protestation. Le ministre de l’Intérieur condamne sans ménagement cet appel à l’action qui a « pour but moins de protester contre l’exécution de Sacco et Vanzetti que de fomenter une agitation révolutionnaire » et enjoint aux préfets de prendre des mesures avec toute la fermeté nécessaire pour « que [leurs] glorieux hôtes reçoivent partout l’accueil déférent et reconnaissant qui leur est dû92 ». Il met en garde contre la propagande communiste, qui, toutefois, n’est plus très efficace : le parti réunit de moins en moins de participants aux diverses réunions organisées dans la perspective de la mobilisation du 19 septembre93.
40Ce jour-là, les deux meetings, l’un à l’initiative du Comité Sacco et Vanzetti, l’autre à celle des communistes, ne rassemblent pas plus de 1 500 personnes. Pareillement, à Aubagne, c’est dans une salle presque vide que 60 personnes viennent « en curieux » entendre la « vedette communiste Jacques Sadoul » prononcer son discours94. À Aix-en-Provence et à Gardanne, le public est tout aussi clairsemé95.
41Un an plus tard, le 23 août 1928, alors que la section française du Secours Rouge International avait adressé une circulaire à tous les comités départementaux et locaux en vue de commémorer le premier anniversaire de la mort de Sacco et Vanzetti c’est le calme plat à Marseille96. Seules soixante personnes se déplacent trois jours plus tard au meeting de la Bourse du travail organisé par le Comité Sacco et Vanzetti. Les anarchistes, ayant voulu intervenir seuls, et déplorant que « la grande majorité de la classe ouvrière, encouragée par l’indifférence coupable d’un parti politique, n’ait pas répondu en plus grand nombre à l’appel du comité », sacrifient ce jour-là la commémoration aux batailles politiques97. Dans ces conditions, il y a bien longtemps que le prolétariat marseillais a tourné la page.
Conclusion
42Immigrés, anarchistes, et accusés d’actes criminels, Sacco et Vanzetti, bien qu’innocents, incarnent, aux yeux des militants de gauche du monde entier, la figure de l’étranger et du prolétaire, victimes des préjugés xénophobes et de l’ordre capitaliste, et ce jusqu’à des décennies après les faits. La mobilisation marseillaise se nourrit à n’en pas douter d’un processus d’identification qui unit les militants français et immigrés, à Sacco et Vanzetti. Cette présence étrangère au sein d’un mouvement animé par des forces révolutionnaires et attentant à l’ordre public suscite la vigilance des autorités et l’inquiétude des milieux modérés, ces derniers étant pourtant sensibles à l’injuste sort des deux Italo-américains. La « chasse aux étrangers suspects »98 ainsi que les mesures d’expulsion adoptées après les violentes manifestations consécutives à l’exécution, montrent une nouvelle fois que les étrangers font figure de boucs émissaires.
43Pourtant, les étrangers ne représentent qu’une composante d’un plus vaste mouvement qui mobilise toutes les organisations de gauche. À Marseille, l’affaire Sacco et Vanzetti permet, dans un premier temps, de dépasser les tensions idéologiques internes à la mouvance révolutionnaire. Le Parti communiste et l’Union anarchiste, récemment crées en 1921, voient dans leur engagement au sein du comité Sacco et Vanzetti l’opportunité de s’affirmer politiquement. L’enlisement de l’affaire jusqu’à son dénouement tragique en 1927, contribue à effriter cette temporaire unité. Les motifs de division idéologique prennent le dessus non seulement entre communistes et anarchistes, mais au sein même de ces deux mouvements. Dans ces conditions, si les manifestations d’août 1927 traduisent une très vive émotion, elles révèlent les fractures et l’affaiblissement de la gauche radicale à Marseille. Bien qu’enraciné dans un contexte sociopolitique favorable, le soutien à Sacco et Vanzetti ne dépasse pas le stade de manifestations épidermiques.
Notes de bas de page
1 Pour une évocation de l’affaire voir Pierre Milza, « Sacco et Vanzetti : autopsie d’une affaire (1921-1928) », L’Histoire, no 126, octobre 1989 et pour plus de détails voir Ronald Creagh, Franck Thiriot, Sacco et Vanzetti, Paris, éditions du Monde libertaire, 2014.
2 René Bianco, Le mouvement anarchiste à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône 1880-1914, thèse, Université d’Aix-Marseille I, 1977.
3 Stéphane Mourlane, Céline Regnard, Empreintes italiennes. Marseille et sa région, Lyon, éditions Lieux-Dits, 2013.
4 Elisabetta Vezzosi, « Sciopero e rivolta. Le organizzazioni operai italiane negli Stati Uniti », dans Piero Bevilacqua, Andreina De Clementi, Emilio Franzina (a cura di), Storia dell’emigrazione italiana, vol. II : Arrivi, Rome, Donzelli, p. 271-281.
5 Alain Touron, Les anarchistes italiens à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône 1880-1914, mémoire de maîtrise, Université d’Aix-Marseille I, 1977.
6 Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 1 M 858 (sauf indication contraire, les cotes suivantes sont celles de ce fonds) : rapport du commissaire spécial au ministre de l’Intérieur, 9 octobre 1921, et rapport du commissaire central du 10 octobre 1921.
7 Jean Maitron, Histoire du mouvement anarchiste en France, Paris, Maspero, 1975, p. 43.
8 Frédéric Grossetti, L’origine du parti communiste à Marseille 1914-1924, mémoire de maîtrise, Université d’Aix-Marseille I, 1997, p. 145.
9 Rapport du commissaire central au préfet, 15 octobre 1921.
10 Frédéric Grossetti, op. cit., p. 151 et Françoise Morel, Le mouvement anarchiste marseillais dans l’entre-deux-guerres, mémoire de maîtrise, Université d’Aix-Marseille I, p. 104-108.
11 Rapport du commissaire central au préfet, 23 octobre 1921.
12 Frédéric Grossetti, op. cit., p. 133.
13 Rapports du commissaire spécial et du commissaire central au préfet, 23 octobre 1921.
14 Jean-Noël Jeanneney, « Anarchistes : “la propagande par le fait” », L’Histoire, no 259, novembre 2001, p. 80-81.
15 Rapport du commissaire spécial au préfet, 23 octobre 1921.
16 Lisa McGirr, « The Passion of Sacco and Vanzetti : A Global History », The journal of American History (93), march 2007, p. 1085-1115
17 Bon de commande de l’imprimerie Bordarie et Seghetti, 17 octobre 1921.
18 Charles Tilly, La France conteste de 1600 à nos jours, Paris, Fayard, 1986, p. 541.
19 Rapport du commissaire central au préfet, 15 octobre 1921.
20 Rapport du sous-brigadier gardien de la paix Panse Casimir, 20 octobre 1921 et rapport du commissaire spécial au préfet, 21 octobre 1921.
21 Béatrice Fraenkel, « Actes d’écriture : quand écrire c’est faire », Langage et société, no 121-122, 2007, p. 102.
22 Lisa McGirr, op. cit.
23 Françoise Morel Fontanelli, « I Comitati Pro Vittime Politiche d’Italia » à Marseille dans l’entre-deux-guerres. Histoire d’une organisation anarchiste en exil, mémoire de master 2, Université d’Aix-Marseille I, 2011.
24 Rapport du commissaire central au préfet, 10 octobre 1921.
25 Françoise Morel, op. cit., p. 100.
26 Rapport du commissaire spécial au préfet, 23 octobre 1921.
27 Rapport du commissaire central au préfet, 23 octobre 1921.
28 Le Petit Provençal, 24 octobre1921.
29 Le Petit Journal, 23 octobre 1921.
30 Le Petit Parisien, 23 octobre 1921.
31 L’Excelsior 23 octobre 1921 « Une manifestation à Marseille » ; Le Journal 23 octobre1921 « On manifeste aussi à Marseille ».
32 Le Petit Parisien, 23 octobre 1921.
33 Un seul Italien, Ruggero Bindi, journalier de 23 ans est arrêté. Il ne sera pas condamné. Une dizaine d’étrangers sont appréhendés pour examen de leur situation, ils seront relâchés (rapport du commissaire central au préfet, 23 octobre 1921).
34 Rapport du commissaire central au préfet, 31 octobre 1926
35 Lisa McGirr, op. cit.
36 Marie-Jo Dhavernas, « Anarchisme et féminisme à la belle époque », La Revue d’en face, 13, 1983, p. 61-80 ; Sharif Gemie, « Anarchism and feminism : a historical survey », Women’s History Review, 5, 3, 1996, p. 417-444.
37 Rapport du commissaire central au préfet, 17 janvier 1927.
38 Ralph Schor, Histoire de l’immigration en France de la fin du xixe siècle à nos jours, Paris, A. Colin, 1996, p. 74.
39 Céline Regnard, Marseille la violente. Criminalité, industrialisation et société 1851-1914, Rennes, PUR, 2009.
40 Stéphane Mourlane, « De la violence entre fascistes et antifascistes », in Stéphane Mourlane, Céline Regnard, dir., Les batailles de Marseille. Immigration, violences et conflits, xixe-xxe siècles, Aix-en-Provence, PUP, 2013, p. 85-84
41 Stéphane Mourlane, « Les anarchistes italiens dans le sud-est de la France : une marginalité choisie ? », Cahiers de la Méditerranée, no 69, 2004, p. 189-198.
42 Marie-Françoise Attard-Marainchi, Émile Temime, Migrance. Histoire des migrations à Marseille, t. 3, Marseille, éditions Jeanne Laffitte, 2007, p. 58.
43 Cet individu a été trouvé porteur d’une liste de 5 noms désignés comme des « fascistes » à « tuer », ce qui suscite de telles inquiétudes (rapport du commissaire spécial au préfet, 23 juillet 1927).
44 Rapports du commissaire spécial au préfet, 23 juillet 1927 et 28 juillet 1927.
45 Rapports du commissaire spécial au préfet, 5 mai 1927 et 20 août 1927.
46 Pierre Milza, « L’intégration des Italiens dans le mouvement ouvrier français à la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle : le cas de la région marseillaise », Affari sociali internazionali, no 3-4, 1977, p. 171-207 ; Éric Vial, « Les exilés antifascistes en France, dans l’entre-deux guerres », in Laure Teulières, dir., Mémoires d’émigration. Au cœur des racines et des hommes, Toulouse, Editalie, 2007, p. 22-25 ; Colette Berger, L’antifascisme italien à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône de 1922 à 1934, mémoire de maîtrise, Université d’Aix-Marseille I, 1988.
47 Matteo Sanfilippo, Faccia da Italiano, Rome, Salerno 2011.
48 Rapport du commissaire spécial au préfet, 15 mars 1927.
49 Rapport du commissaire central au préfet, 18 mars 1927.
50 Titre d’une tribune de Jean Melène parue dans Le Petit Provençal le 27 juillet 1927.
51 Le consul des États-Unis au préfet, 28 juillet 1927.
52 Rapport du commissaire central au préfet, 29 septembre 1926.
53 Rapports du commissaire central au préfet et du préfet au ministre de l’Intérieur des 29 septembre 1926 ; 30 septembre 1926, 2 octobre 1926 et 9 octobre1926.
54 Rapports du commissaire spécial au préfet, 18 mars 1927 et 18 août 1927.
55 « Ont-ils été exécutés ce matin ? » (11 août 1927) « Le procès des deux anarchistes sera-t-il révisé ? » (12 août 1927) « Est-ce l’exécution ? » (22 août 1927) « Sacco et Vanzetti ont ils été électrocutés ? » (23 août 1927)
56 Le Petit Marseillais, 24 août 1927.
57 L’Ère nouvelle, 24 août 1927.
58 Le Petit Provençal, 28 août 1927.
59 Le Petit Provençal, 24 août 1927.
60 Le Petit Marseillais, 5 août 1927.
61 Le Petit Marseillais, 25 août 1927.
62 Le Petit Marseillais, 28 août 1927.
63 Le Petit Marseillais, 29 août 1927.
64 Rapport du commissaire central au préfet, 27 juillet 1927.
65 Le Petit Provençal, 27 juillet 1927.
66 Le Petit Provençal, 31 juillet 1927 ; rapport du commissaire central au préfet 31 juillet 1927 et 1er août 1927, rapport du commissaire spécial au préfet.
67 Françoise Morel, op. cit., p. 94.
68 Frédéric Grossetti, op. cit., p. 191-201.
69 Idem.
70 L’Humanité, 8 août1927.
71 Rapport du commissaire central au préfet, 8 août 1927.
72 Rapport du commissaire spécial au préfet, 9 août 1927.
73 Télégramme du préfet au ministre de l’Intérieur, 7 août 1927.
74 Rapport du commissaire spécial au préfet, 9 août 1927.
75 Rapport du commissaire spécial au préfet, 18 août 1927.
76 Rapport du commissaire spécial au préfet, 16 août 1927.
77 Rapport du commissaire central au préfet, 8 août 1927.
78 Rapport du commissaire spécial au préfet, 9 août 1927.
79 Rapport du commissaire central au préfet, 8 août 1927.
80 Le Sémaphore, 9 août 1927.
81 Commissaire de Martigues au sous-préfet d’Aix-en-Provence, 13 août 1927.
82 Rapport du commissaire central au préfet, 23 août 1927.
83 Rapport du commissaire spécial au préfet, 24 août 1927.
84 Rapport du commissaire spécial au préfet, 25 août 1927.
85 Le commissaire de Martigues au préfet, 25 et 26 août 1927.
86 Rapport du commissaire spécial au préfet, 27 août 1927.
87 Le commissaire de Martigues au préfet, 25 août 1927.
88 Rapport du commissaire spécial au préfet, 27 août 1927
89 Rapport du commissaire spécial au préfet, 30 août 1927.
90 Rapport du commissaire central au préfet, 9 septembre 1927.
91 Lisa McGirr, op. cit.
92 Ministre de l’Intérieur au préfet, 7 septembre 1927.
93 Rapport du commissaire spécial au préfet, 12 septembre 1927.
94 Le commissaire d’Aubagne au préfet, 20 septembre 1927.
95 Sous-préfet d’Aix-en-Provence au préfet, 21 septembre 1927.
96 Ministre de l’Intérieur aux préfets, 11 août 1927 rapport du commissaire spécial au préfet, 24 août 1927.
97 Rapport du commissaire central au préfet, 27 août 1928.
98 Le Petit Marseillais, 28 août 1927.
Auteurs
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Stéphane Mourlane
Aix-Marseille Université, CNRS, UMR 7303 Telemme
-
Céline Regnard
Aix-Marseille Université, CNRS, UMR 7303 Telemme
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