Introduction
p. 15-27
Texte intégral
Engagements
1Si certaines carrières universitaires méritent d’être placées sous le signe des engagements académique, institutionnel et avant tout pédagogique, celle de Jean-Marie Guillon fait incontestablement partie du nombre. Le décompte des mémoires de maîtrises, DEA, masters, thèses et habilitations à diriger des recherches qu’il a encadrés1 – dont plusieurs ont été récompensés par des prix – traduit une implication pédagogique majeure, une influence scientifique et une contribution à l’enrichissement de la recherche. Insister sur cette dimension importe : outre la rigueur et le talent du chercheur, les cohortes d’étudiants qu’il a formés retiendront la portée de sa parole et le sens du récit qui les ont fait entrer dans l’atelier de l’historien. Son éméritat reconnaît un parcours professionnel dévoué à l’enseignement et à la recherche collective, toujours prioritaire par rapport à ses propres travaux.
2La participation active de Jean-Marie Guillon à la gouvernance des instances universitaires, durant toute sa carrière, mérite aussi d’être soulignée. Membre du conseil scientifique de l’Université de Provence et de sa commission permanente, élu au conseil de l’UFR « Civilisations et Humanités » qu’il a ensuite dirigée, élu à deux reprises au comité national du CNRS dont il a présidé la section 33 (2008-2012), Jean-Marie Guillon ne s’est pas limité à l’administration de la recherche. Son implication au sein de la 22e section du CNU, sa participation aux commissions pédagogiques, sa responsabilité au sein de la section d’histoire contemporaine et sa présence au conseil de gestion des Publications de l’Université de Provence, tout comme ses mandats électifs, rendent compte d’un attachement à l’institution et d’une reconnaissance de son expérience. De 2007 à 2012, Jean-Marie Guillon a aussi assumé la direction de l’UMR Telemme (université de Provence-CNRS), laboratoire pluridisciplinaire spécialisé sur la Méditerranée qui a largement bénéficié de son investissement et de sa réflexion globale sur la politique de la recherche. Il a su accompagner le contexte institutionnel nouveau, avec d’autres sources de financement (ANR, AERES, IUF), et a soutenu des initiatives originales, sans perdre de vue l’articulation espace-temps qui constitue l’identité de l’UMR.
3À travers son parcours, Jean-Marie Guillon nous a montré sa force de caractère, l’indépendance d’un historien de convictions et sa ténacité à défendre l’histoire locale, une histoire non pas recroquevillée sur elle-même mais partie prenante d’une historiographie plus globale. Il nous a appris à moins considérer la dimension du terrain que les questions auxquelles celui-ci permettait de répondre. Homme de principes, humaniste, il a toujours été soucieux de favoriser les approches collectives et de faire partager les dernières avancées de la recherche au plus grand nombre. En témoigne son adhésion à l’association 1851 dont il assume toujours la vice-présidence, ses nombreuses conférences sur les mémoires et les résistances, le mandat exercé à la tête de l’antenne régionale de l’Association des professeurs d’histoire-géographie (2008-2012) ou l’attention jamais démentie aux usages publics de l’histoire et à la formation des professeurs d’histoire-géographie du secondaire qui ont le redoutable privilège de préparer les futurs citoyens de notre pays.
4Jean-Marie Guillon est un historien aux travaux reconnus, en particulier sur la Résistance, mais pas seulement. Les quatre approches choisies pour les Mélanges rassemblés en son honneur reflètent l’étendue de ses engagements : la culture politique dans la France méridionale, les guerres du xxe siècle, les mémoires et les mondes du travail.
La culture politique dans la France méridionale
5Le titre de la thèse de doctorat de Jean-Marie Guillon – La Résistance dans le Var. Essai d’histoire politique – ancre d’emblée une réflexion ensuite développée abondamment dans une période, un territoire et un champ historiographique, celui de l’histoire politique. Cette thèse réalisée sous la direction d’Émile Temime est soutenue en 1989, un an après la publication de l’ouvrage collectif en forme de plaidoyer dirigé par René Rémond, Pour une histoire politique. Jean-Marie Guillon participe ainsi au « retour de fortune »2 d’une historiographie tombée en disgrâce sous les coups de butoirs de l’École des Annales. L’heure n’est plus au culte de « l’idole politique » stigmatisée par François Simiand au début du xxe siècle3. C’est une histoire politique renouvelée, plus globale, ouverte sur une pluralité d’acteurs dont elle sonde les imaginaires, s’inscrivant ce faisant dans la « longue durée », que Jean-Marie Guillon entend confronter à l’épreuve du terrain varois4. L’approche met résolument en son centre la question de la culture politique entendue comme « l’ensemble des représentations qui soudent un groupe humain sur le plan politique, c’est-à-dire une vision du monde partagée, une commune lecture du passé, une projection dans l’avenir vécue ensemble5. En d’autres termes, il s’agit de comprendre ce « qui motive l’homme lorsqu’il agit dans le champ politique6 ». La résistance à l’occupant pendant la Seconde Guerre mondiale constitue assurément un engagement politique fort dont Jean-Marie Guillon a analysé les ressorts à une échelle locale pleine de résonances. Dans ce « Var rouge », objet de la thèse de doctorat de Jacques Girault7, soutenue un an après celle de Jean-Marie Guillon, l’historien de la Résistance varoise suit notamment le chemin emprunté par les communistes8. Il étudie la structure du mouvement9, ses dirigeants et ses « hommes de l’ombre » mettant en lumière notamment l’apport des étrangers10 ; il relève les références au passé11 et les modes d’insertion au système politique produit par la Résistance. Celui-ci est fait de « rapports de force12 » et même de « déchirures13 ». Le propos n’est ainsi jamais exclusif d’un parti ou d’un groupe ou même enfermé dans une périodisation ou un espace restreint. Du régime de Vichy à la Libération, Jean-Marie Guillon met au centre de sa réflexion la question si essentielle du rapport au pouvoir14 saisi autant dans son exercice15 que dans ses représentations16. C’est à ce travail d’historien des institutions, des acteurs et des idées politiques que ses collègues, spécialistes de différentes périodes et appartenant à différentes générations, ainsi que ses « élèves » ont souhaité rendre hommage dans la première partie de ces Mélanges.
6Historien du contemporain, Jean-Marie Guillon a noué des relations fécondes avec ses collègues modernistes travaillant sur la France méridionale comme l’illustrent les textes de Martine Lapied et Régis Bertrand qui s’aventurent bien au-delà de la Révolution. Ils témoignent du « retour de l’événement17 » en l’inscrivant dans une postérité qui façonne les cultures politiques tout en étant à la fois modelée par elles. Ainsi Martine Lapied montre comment la violence révolutionnaire a fait basculer durablement Avignon et le bas-Comtat dans le camp contre-révolutionnaire. Régis Bertrand prolonge pour sa part la réflexion de Jean-Marie Guillon autour de la mémoire du coup d’État du 2 décembre 185118 en l’interrogeant à partir d’un corpus littéraire abondant et varié centré sur les Basses-Alpes. Dans les deux cas, l’ancrage dans la culture républicaine est en jeu à l’instar de la contribution proposée par Évelyne Maushart sur les édiles toulonnais entre 1870 et 1914. L’auteure montre que si l’histoire politique s’est enrichie « par le bas », elle peut continuer de se nourrir d’études « par le haut19 ». Tout à leur notabilité, ces élus ont bien saisi les bénéfices à tirer d’un engagement non seulement dans le domaine culturel, mais aussi sportif en un temps où celui-ci s’impose dans la culture de masse. Frédéric Négrel montre qu’à Toulon, c’est le rugby qui forge des « athlètes de la République20 » tout en jouant des affinités politiques et de l’affirmation d’une identité locale. En Provence, l’action politique se situe souvent à ce point de rencontre que traversent aussi, en cette terre de brassage, les importants courants migratoires. Jean-Marie Guillon l’a bien compris et, au-delà de ses travaux, il a encouragé étudiants et collègues à suivre le chemin tracé par Émile Temime en matière d’histoire de l’immigration21. Stéphane Mourlane et Céline Regnard appartiennent à cette génération d’historiens, qui, aux côtés des géographes au sein de l’UMR Telemme, ont bénéficié de l’appui de Jean-Marie Guillon pour développer des recherches interrogeant le cosmopolitisme marseillais22. En portant attention au retentissement de la célèbre affaire Sacco et Vanzetti à Marseille, ils rappellent non seulement l’apport des migrants italiens à la vie politique locale, mais ils dévoilent aussi, une fois encore, les lignes de fractures au sein de la gauche. Jean-Claude Lahaxe analyse aussi les multiples tensions internes qui affectent le courant communiste et le mouvement mutualiste qui lui est proche23. Dans la même logique, mais à l’autre bout de l’échiquier politique, Marc Bayle, dont l’engagement administratif local s’est conjugué à une réflexion sur « les droites à Toulon24 », rappelle que les divisions et les dissensions ne sont pas l’apanage de la gauche. Dans son article, il souligne que la fragmentation de la droite laissant la place à l’affirmation de son extrême résulte en partie du retour des rapatriés d’Algérie en 1962. Enfin, cette partie consacrée aux aspects politiques s’achève par la contribution de la géographe Nicole Girard et de l’économiste Bernard Morel qui vient rappeler fort opportunément le souci constant de Jean-Marie Guillon de s’ouvrir aux sciences sociales. Consacrée à la question de la réforme territoriale, elle fait écho au programme « Territoires, pouvoirs et institutions » de l’UMR Telemme. Et c’est bien en effet dans cette articulation entre territoires et pouvoirs que Jean-Marie Guillon a permis l’approfondissement de notre connaissance des cultures politiques dans la France méridionale.
Guerres du XXe siècle
7Que la contribution de Pierre Laborie serve de préface à cet ouvrage fait sens. Cette place de choix, qui témoigne de cheminements scientifiques partagés par les deux chercheurs, reflète également l’apport majeur des travaux de Jean-Marie Guillon à une histoire de la résistance qui fait le lien entre plusieurs articles rassemblés dans ce volume, des travaux portant sur la culture politique à ceux mettant en jeu la mémoire. Les pages qui en composent la seconde partie témoignent tout particulièrement de la « reconnaissance de dettes25 » dont les historiens des conflits du xxe siècle sont redevables à Jean-Marie Guillon. L’œuvre de ce dernier ne saurait toutefois se réduire à sa monumentale thèse sur la résistance dans le Var. La richesse de cette publication l’indique de façon explicite. Les articles regroupés dans cette seconde partie en apportent confirmation en montrant combien le phénomène guerrier a dominé l’ensemble du premier xxe siècle européen.
8Admettons d’emblée que le titre choisi, décliné au pluriel – Guerres – peut paraître trompeur. Il semble en effet annoncer une ambition qui était impossible à tenir : rassembler une moisson d’articles portés par les questionnements forts d’une historiographie profondément renouvelée depuis plus de deux décennies. Le lecteur trouvera certes ici l’écho de débats bien connus : approche nouvelle du fait guerrier issue des travaux relevant d’une anthropologie de l’homme en guerre26, traumatisme lié à la violence de guerre27, formes de mobilisation des acteurs28, politiques et conflits de mémoire29. L’inventaire témoigne toutefois que les chantiers très féconds ouverts en ce domaine sont loin d’être tous explorés : de la guerre des enfants30, il ne sera ainsi pas question ; certaines problématiques, qui ont pourtant irrigué la réflexion de Jean-Marie Guillon, sont en outre abordées sur un mode mineur. La place des femmes dans les sociétés en guerre et dans la résistance, que Jean-Marie Guillon a appelé à revisiter, n’acquiert ainsi qu’une visibilité relative. À l’exception de l’antifasciste allemande, Anna Siemsen, qui défie le régime hitlérien en mettant sa plume au service d’une conception humaniste de la vie, et acquiert par là une stature de premier plan, les portraits de femmes que l’on croise dans cette seconde partie peuvent apparaître bien conventionnels : de la muse, Helen Hessel, qui inspire la figure romanesque de Catherine dans l’œuvre de Roché, Jules et Jim, à l’épouse discrète de Jean Roumilhac, l’Anglaise Annie Morton, qui soutient tous ses combats, en passant par la mère et les sœurs de Norton Cru à qui il consacre l’essentiel de sa correspondance de guerre, ces femmes semblent convoquées dans l’histoire comme des personnages de seconde zone. Leur présence permet toutefois d’interroger dans une perspective plus large l’engagement des acteurs, étendus à ces petites mains qu’il faut parfois arracher de l’ombre où les maintiennent les sources. Les absences et les limites qui viennent d’être soulignées sont en fait inhérentes à la modestie de notre projet. Cette modestie même est pourtant ce qui fait, à nos yeux, la valeur de cette seconde partie, au sens où tous ceux qui y ont participé sont solidaires d’une histoire dont Jean-Marie Guillon constitue l’épicentre.
9La porte que ces articles invitent à pousser fait écho au titre de l’ouvrage : engagements. Au miroir des guerres, ces engagements d’acteurs, individuels et collectifs, se déclinent à travers une galerie de portraits, de projets, d’actes, de questionnements épistémologiques et méthodologiques, appréhendés à travers quatre figures. La première renvoie au témoin, dont on sait qu’il s’est invité dans l’histoire des guerres du xxe siècle et de ses enjeux mémoriels31. Évoquant la genèse et les objectifs de l’œuvre de Norton Cru, la contribution de Marie-Françoise Attard-Maraninchi32 éclaire les partis pris d’un auteur analysant les témoignages des soldats au prisme de son propre vécu du fait guerrier, érigé en vérité historique. À travers l’exemple de cet engagement partisan, le lecteur prend en même temps pied sur le terrain de la littérature de guerre nourrie de « la masse d’écrits33 » produits à ce sujet et élevant au rang d’objet de recherche l’expérience du combattant dans la mise en récit des conflits34. Servi par un fonds exceptionnel, l’article décortique la méthode de travail de Cru en nous faisant pénétrer dans la « fabrique d’une œuvre ». La seconde forme d’engagement qu’il nous est donné d’explorer concerne la figure de l’exilé. Dans le sillage des travaux menés sur l’antifascisme allemand, entre autres par J.-M. Palmier et J. Grandjonc35, l’article de Thomas Keller36 renouvelle l’approche du phénomène en interrogeant le groupe des Domiens sous l’angle d’une histoire des transferts culturels. Cette avant-garde appréhendée en tant que médiateurs, entre France et Allemagne, est envisagée à partir des lieux qu’elle fréquente (le café du Dôme à Paris, la ville de Sanary), des postures qu’elle adopte commandées par sa double opposition au nazisme et au communisme, des réseaux culturels et diplomatiques franco-allemands dans lesquels elle s’intègre. Les deux « moments » qui servent de poste d’observation au chercheur disent l’importance des avant-guerres comme moyen d’analyser en surplomb les conflits.
10La troisième figure, celle du résistant, est de loin celle qui est la plus représentée dans les formes d’engagement déclinées ici. Les contributions qui s’y rattachent37 s’ouvrent par une réflexion d’ordre historiographique et méthodologique sur la Résistance et les enjeux que revêt l’écriture de son histoire. Inventoriant quelques-uns « des outils et des problématiques » spécifiques à ce phénomène social, Cécile Vast met l’accent sur les multiples pièges recelés par les usages de la Résistance, entre vision réductrice imposée par les médias ou les manuels scolaires et instrumentalisation par les historiens. À la suite de cette mise en perspective d’un champ de recherche demeuré captif des usages idéologiques du passé, trois articles réintroduisent une dimension locale dans l’étude. Portées par des interrogations fortes, telles les modalités de la répression (J. Sainclivier) à l’œuvre en Bretagne en 1944, la constitution de lieux de mémoire liés à la Seconde Guerre mondiale dans cette même région (C. Bougeard), l’impact des cultures politiques dans l’émergence du fait résistant en Corse (S. Gregori), ces contributions témoignent des apports de la micro-histoire. En quantifiant le nombre de victimes tombées sous les balles allemandes durant l’année 1944 notamment à partir du débarquement allié, Jacqueline Sainclivier donne en outre une autre résonance à la notion d’engagement, vécu jusqu’au sacrifice de sa vie. De la même façon comme le montre Christian Bougeard, s’ils portent l’empreinte de la guerre des mémoires à laquelle se sont livrés leurs promoteurs, les stèles et monuments érigés en hommage aux résistants bretons sont autant de traces témoignant de ce qu’engagement veut dire. L’article de Sylvain Gregori clôt cette série d’analyses : envisagée du point de vue de l’anthropologie historique, questionnée à l’aune d’habitus et de pratiques politiques, républicaines ou au contraire traditionnelles, la Résistance aura compté, conclut cet auteur, en tant que « vecteur de modernisation de la société insulaire ».
11Le parcours de vie de Jean Roumilhac offre enfin une ultime illustration de l’engagement des acteurs, durant l’entre-deux-guerres. Le portrait qu’en brossent Françoise Fontanelli38 et Isabelle Renaudet, entre Marseille et Barcelone, fait écho à la recherche amorcée par Jean-Marie Guillon sur cet homme. Prenant appui sur un fonds d’archives privé, l’article tente de réévaluer l’image idéalisée qu’il a laissée, déformée par les légendes de guerre. Il s’efforce de reconstituer le parcours de vie de cet industriel franc-maçon dont les convictions furent mises au service d’un idéal : servir la paix, avant comme après le Second Conflit mondial.
Mémoires
12La compréhension des mécanismes de la mémoire collective, avec la difficulté de se souvenir, l’oubli, le déni, l’embellissement, la sacralisation, les effets de la volonté politique dans les choix et, parfois, dans l’instrumentalisation des célébrations, doit beaucoup aux travaux de Jean-Marie Guillon, auxquels ces articles font écho. Au-delà de l’amitié qui rassemble les auteurs autour de cet historien, on peut apprécier une réflexion sur des mémoires qui se complètent, se juxtaposent ou se querellent.
13La contribution des auteurs exprime leur reconnaissance envers un chercheur qui s’est attaché à donner du sens au vécu et à la parole des acteurs. Sa pratique des sources orales a prouvé une curiosité scientifique et humaine pour des femmes et des hommes, leurs parcours, leurs expériences et leurs souvenirs (quels que soient leur notoriété ou leurs actes), sans négliger le croisement avec des archives écrites, plus conventionnelles. La publication et l’édition de documents privés inédits qu’il a assurées ou accompagnées manifestent la richesse de ces rencontres : les correspondances précieuses de Paul-Albert Février39 ou de Marcel Rostin – beaucoup moins connu –, le manuscrit d’Henri Michel40, les journaux de maquis ou de réfractaires41 ne sont que quelques exemples du souci de transmission de cet historien. En 1986, Jean-Marie Guillon rappelait au sujet de la Résistance dans la Libération : « Il ne suffit pas d’être acteur de l’Histoire pour s’attirer la reconnaissance des générations suivantes, il faut aussi mener bataille pour que le souvenir de cette action perdure42. » Cette bataille de la mémoire apparaît à travers les textes réunis dans ce chapitre : mémoires de guerres, mémoires de migrants, mémoires des grands hommes, mémoires patrimoniales, soulignent des passés qui construisent ou dérangent une vision convenue. Laurent Douzou insiste précisément sur ce « mythe » de la Résistance, sur les difficultés à commémorer la clandestinité, sur la persistance de ces récits dans leur diversité. Anne-Marie Granet-Abisset donne la parole à une mémoire enfouie sous la culpabilité des anciens du STO face aux victimes de la Seconde Guerre ou aux actions des Résistants. Ces « oubliés » partagent une mise à l’écart avec les fusillés pour l’exemple que l’histoire a réintégrés tardivement (Jean-Claude Bouvier). Les témoignages que Liliane Nasser a recueillis auprès de militaires libanais et syriens, installés à Marseille, montrent les contradictions, les zones d’ombre, et la reconstruction de la mémoire dans une migration où l’attachement nostalgique à un passé devient le vecteur d’une affirmation identitaire. De même, le cinéma de René Allio43, étudié par Maryline Crivello, s’empare de la question de l’immigration par l’image faisant appel à la fois à sa propre famille et à l’espace urbain où il a grandi. Le réalisateur marseillais donne la parole à des familles installées à Marseille et les arrache à l’oubli. Son travail de mémoire passe par un désir de « filmer le passé », s’exprime par un regard sur cette ville dont il offre une géographie sensible et subjective, inspirée de sa propre expérience.
14Les travaux de Jean-Marie Guillon reflètent une recherche diversifiée qui s’est intéressée également aux souvenirs du territoire. En 1999, dans la revue Vingtième siècle44, il incitait les historiens à considérer ce livre d’histoire à ciel ouvert qu’est l’espace public : Jean-Claude Bouvier, complice de Jean-Marie Guillon sur le thème de la toponymie45, présente ici les commémorations individualisées des combattants de la Première Guerre, en nuançant les décisions, la mise en valeur de groupes sociaux très ciblés. La célébration du sacrifice collectif et son positionnement dans l’espace public traduisent une stratégie de présentation du passé, dans le cadre d’une « autocélébration46 », plus ou moins ouverte vers l’extérieur. Les choix établis à l’égard de certaines figures – notables ou simples soldats – qui vont devenir des célébrités47 en disent long sur le prestige ou la représentation sociale que les élites décident de valoriser. Pour Jean Domenichino, les deux monuments aux morts érigés à Aubagne reflètent les conflits du souvenir de la Première Guerre et soulignent des cultures politiques concurrentes.
15Jean-Marie Guillon nous a appris à « lire des signes », à considérer les toponymes comme des reflets de la vie politique ou de traditions locales, auxquels on peut joindre l’usage des prénoms venant célébrer des grands hommes, comme Philippe Pétain, au temps de Vichy. L’article de Bernard Cousin vient illustrer l’impact de l’histoire récente dans la sphère privée et le lien entre la popularité du Maréchal et un système de transmission familiale. Le livre d’histoire s’ouvre également sur le patrimoine où la plasticité de la mémoire collective s’adapte aux choix du politique. Jean-Lucien Bonillo témoigne de « choix de mémoire48 » difficiles, à Marseille, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il s’agit de reconstruire les Vieux quartiers : la municipalité, face à un héritage du passé, hésite entre actions d’effacement, patrimonialisation, installation d’un quartier-musée, ou modernité, tout en considérant le paysage. On voit, avec Laurent Douzou, que les difficultés des mémoires ne se fondent pas toujours dans « un mythe unificateur ». Les blocages comme les reconstructions de la mémoire collective ont connu de multiples appropriations, affiché des enjeux, subi des choix idéologiques ou l’activisme de certaines associations, au nom d’un patrimoine commun, en prenant le risque d’opposer des héros à des « anti-héros ordinaires » (Anne-Marie Granet-Abisset). L’objectif de Jean-Marie Guillon de comprendre les sociétés à partir d’archives, de traces diverses et de l’écoute des porteurs de mémoire éclaire sur le rôle de l’historien, passeur de mémoire(s) avec ses exigences méthodologiques et déontologiques, tout en restant disponible et vigilant à la demande sociale.
Les mondes du travail
16Si Jean-Marie Guillon est un spécialiste reconnu de la France des années quarante, de la Résistance, de la vie politique du Midi méditerranéen et des enjeux mémoriels liés à ces différents champs de recherche, il s’est aussi intéressé – avec d’autres historiens aixois et souvent en collaboration avec eux49 – aux « mondes du travail » en Provence, qu’il s’agisse des activités portuaires, industrielles ou rurales, les trois étant d’ailleurs souvent étroitement liées dans cet espace. En témoignent ses publications sur Paul Ricard50, les dockers marseillais51 ou sur l’exploitation des gisements de bauxite du Var52 ; les nombreuses conférences données ou les recherches dirigées sur les coopératives et le vignoble varois ou son engagement sans faille pour que l’histoire des « gueules rouges » du bassin de bauxite de Brignoles soit valorisée dans un lieu spécifique jusqu’à l’ouverture, en 2012, du musée de Tourves ; en témoigne encore sa collaboration étroite avec Jacques Windenberger, photojournaliste « à hauteur d’homme »53 attaché depuis les années 1950 à photographier les individus sur leur lieu de travail. Il était donc logique de rendre hommage à cet aspect peut-être moins connu – mais tout aussi intéressant et pertinent – des recherches de Jean-Marie Guillon.
17Les contributions rassemblées dans cette dernière partie évoquent le travail en territoires méditerranéens dans différents environnements. Celui des sociétés littorales, tout d’abord. Dans son analyse des travailleurs de la mer à Bandol au xviiie siècle, Gilbert Buti nous fait ainsi découvrir un monde bien plus complexe qu’on ne l’imagine habituellement, où les pêcheurs de thons côtoient toute une population de marins enrôlés tour à tour sur les vaisseaux du roi ou dans la « flotte du vin » à destination de Gênes, Livourne, Toulon et Marseille. Prenant le contrepied des lieux communs sur la médiocrité et l’exiguïté des sols méditerranéens, l’auteur démontre que c’est au contraire la prospérité de l’agriculture et du vignoble qui pousse les habitants de Bandol à se tourner vers les activités maritimes et à devenir des gens de mer. Le travail et la mer toujours, avec le texte de Daniel Faget sur les activités interlopes des pêcheurs à la dynamite au cours deux dernières guerres mondiales dans un territoire longtemps demeuré un « bout du monde » : celui des calanques au Sud de Marseille. Expression d’une aggravation ponctuelle de la misère sociale et alimentaire, la pratique des pêches illégales – qui perdure en dehors des périodes de conflits – apparaît surtout comme le signe d’une dérégulation durable du rapport de l’homme à la ressource marine et à l’environnement. Une prise de conscience partielle peut toutefois être constatée dans la contribution de Xavier Daumalin lors de la manifestation de 1910 – première grande mobilisation collective en faveur de la défense d’un paysage provençal – contre « l’attentat à la beauté naturelle » de la calanque de Port-Miou perpétré par la multinationale belge Solvay, ou dans cette de Paul Allard sur l’évolution des perceptions des pollutions autour de l’étang de Berre à travers le prisme de la presse locale. L’essor du raffinage du pétrole à Lavéra, la Mède et Berre s’effectue au détriment de la pêche et finit par provoquer, dès les années 1970, un certain détachement par rapport au discours industrialiste ambiant et l’émergence d’une plus grande sensibilité aux questions environnementales.
18Travailler en territoire méditerranéen c’est aussi – et probablement plus souvent qu’on ne l’imagine – vivre ailleurs que sur les littoraux. Le texte proposé par Gérard Chastagnaret évoque ainsi les mobilisations collectives du petit village d’Alosno (1877-1888), dans la province de Huelva. Dans un clin d’œil à l’article « La Résistance au village54 », il analyse cet exemple « précoce et méconnu de résistance environnementale bottom up » porté par une population avant tout soucieuse de préserver la santé de ses enfants, des personnes les plus fragiles et « la vie tout court ». Hors du littoral toujours, dans un environnement montagnard, Philippe Moustier évoque le mouvement coopératif non pas dans la viticulture, domaine bien connu de Jean-Marie Guillon, mais dans la production de lait avec les fruitières des Alpes du Sud. Il montre les destins divergents de ces coopératives dans les Hautes-Alpes et les territoires au Sud du Verdon, des évolutions contraires dont les origines sont à rechercher dans les relations que ces territoires entretiennent ou pas avec les géants de l’agro-industrie et dans la diffusion de certaines innovations – l’arrivée des laits stérilisés dans des bouteilles en verre, puis en briques cartonnées – qui exacerbe la concurrence avec d’autres lieux de production. La montagne encore, avec le texte de Martine Chalvet consacré aux promoteurs immobiliers désireux d’urbaniser les espaces forestiers proches de la Sainte-Baume, tout en souhaitant la magnifier. À travers l’exemple du projet « Monde de jadis », l’auteure revient sur les tensions et les ambiguïtés d’une période – les Trente Glorieuses – marquée par une forte croissance économique, une poussée urbaine sans précédent, l’essor des pratiques de loisir en milieux dits « naturels » et par la nécessité de protéger les espaces forestiers, un nœud gordien tranché, in fine, par une puissance publique qui joue alors un rôle clé « dans la politique d’aménagement et de régulation des espaces et des usages forestiers ».
19Un constat s’impose : la majorité de ces contributions adopte un angle de vue qui privilégie l’analyse des interactions socio-environnementales entre les activités économiques étudiées et les écosystèmes méditerranéens. Simples coïncidences liées au cheminement personnel des chercheurs ? C’est possible. Mais ces préoccupations convergentes s’inscrivent aussi dans une atmosphère intellectuelle où la dimension environnementale tend à prendre chaque jour de plus en plus d’ampleur dans les analyses des historiens. Cette nouvelle approche permet de porter un regard scientifique sur des aspects ignorés – ou admis comme « donnée » sans une contextualisation suffisante – et impose un véritable tournant épistémologique. Sans que cela ait toujours été très bien perçu, Jean-Marie Guillon a participé à cette inflexion en se montrant sensible à la dimension environnementale dans plusieurs de ses travaux. Dans Paul Ricard et le vrai pastis de Marseille, publié en 2009, il réserve ainsi toute une partie de l’ouvrage à l’analyse des ambiguïtés des engagements écologiques revendiqués par cet entrepreneur atypique, partagé entre sa volonté de promouvoir le tourisme de masse et la défense des représentations qu’il se fait des usages traditionnels de la ruralité provençale, de la forêt méditerranéenne et des fonds marins55. Dans Un même monde, publié en 2011, il rejoint une nouvelle fois son complice et ami Jacques Windenberger pour légender les clichés du photojournaliste très engagé dans la défense des questions environnementales – notamment autour de Fos – et dans la dénonciation de la surexposition des populations migrantes aux pollutions de toutes sortes, particulièrement industrielles56.
20Engagements, encore et toujours…
Notes de bas de page
1 Près de 200 masters, 12 thèses et 6 HDR.
2 René Rémond, dir., Pour une histoire politique, Paris, Seuil, 1988, p. 12.
3 François Simiand, « Méthode historique et science sociale », Revue de synthèse, VI, 1903, p. 1-22.
4 Dans ce département, le chemin avait été ouvert par l’œuvre fondatrice de Maurice Agulhon qui, dans la République au village, insistait sur les formes de sociabilisation et de politisation conduisant une grande part de la population varoise au xixe siècle à épouser l’idéal démocratique et républicain (Maurice Agulhon, La République au village, Paris, Plon, 1970).
5 Jean-François Sirinelli, « Histoire politique et culturelle », Sciences Humaines, Hors-série no 18, sept-oct. 1997, p. 161-163.
6 Serge Berstein, « L’histoire et la culture politique », Vingtième siècle. Revue d’histoire, 35, 1992, p. 67.
7 Jacques Girault, Le Var rouge. Les varois et le socialisme de la fin de la Première Guerre mondiale au milieu des années 1930, Paris, Publications de la Sorbonne, 1995.
8 Jean-Marie Guillon, « 1940 : Le Var rouge dans la vague blanche », Vingtième siècle. Revue d’histoire, 28, 1990, p. 57-63
9 Jean-Marie Guillon, « Variables régionales, unité du Parti », in Jean-Pierre Rioux, Jean-Pierre Azéma et Antoine Prost, dir., Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, Paris, 1987, p. 413-429.
10 Jean-Marie Guillon, « Les étrangers dans la Résistance provençale », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, XXXVI, 1989, p. 658-671 ; « Italiens et Espagnols dans la Résistance du Sud-Est », in Italiens et Espagnols en France 1938-1946, Paris, IHTP-CEDEI-FNSP, 1991, p. 557- 565 ; « Italiens et Résistance dans le Sud-Est », in Pierre Milza, Denis Peschanski, dir., Exils et migrations. Italiens et Espagnols en France 1938-1946 ; « Résistance et antiracisme », Les Cahiers de la Méditerranée, 61, 2000, p. 209-226 ; « Les étrangers en France pendant la 2e Guerre mondiale », Historiens & Géographes, 384, 2003, p. 345-361.
11 Jean-Marie Guillon, « Du refoulement à la réinvention, la Révolution Française dans le Var des années 40 », Provence historique, no XXXVI, fasc. 148, 1987, p. 265-274.
12 Jean-Marie Guillon, « Les rapports de force dans la Résistance provençale », Les Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 34, 1988, p. 61-71.
13 Jean-Marie Guillon, « Les déchirures du “Var rouge” », in Jean-Marie Guillon et Robert Mencherini, dir., La Résistance et les Européens du Sud, Paris, L’Harmattan, 1999, p. 381-392
14 Philippe Buton, Jean-Marie Guillon, dir., Les pouvoirs en France à la Libération, Paris, Belin, 1994.
15 Jean-Marie Guillon, « De la Résistance au RPF, le gaullisme dans le Var (1946-1949) », in Fondation Charles de Gaulle, Université de Bordeaux III (CARHC), dir., De Gaulle et le RPF 1947-1955, Paris, Armand Colin, 1998, p. 247-257
16 Jean-Marie Guillon, « La nature du régime de Vichy. Sa philosophie politique », in Jean-Pierre Azéma, François Bédarida et alii, dir., Vichy et les Français, Fayard, Paris, 1992, p. 167-188
17 Pierre Nora, « Le retour de l’événement », in Jacques Le Goff, dir., Faire de l’histoire, Paris, Gallimard, 1974, p. 210-228.
18 Jean-Marie Guillon, « Une histoire sans légende ? La résistance au coup d’État du 2 décembre », in Patrick Cabanel, Anne-Marie Granet-Abisset et al., dir., Montagnes, Méditerranée, mémoire. Mélanges offerts à Philippe Joutard, Grenoble-Aix-en-Provence Musée Dauphinois-Publications de l’Université de Provence, 2002, p. 265-280.
19 Évelyne Maushart, La vie culturelle à Toulon entre 1870-1914 : genèse des « politiques culturelle » municipales, Thèse réalisée sous la direction de Jean-Marie Guillon, Université de Provence, 2010.
20 Pierre Arnaud, Les athlètes de la République. Gymnastique, sport et idéologie républicaine 1870- 1914, Paris, L’Harmattan, 1998.
21 Émile Temime, dir., Migrance. Histoire des migrations à Marseille, 4 vol. Marseille, Édisud, 1989- 1991.
22 Stéphane Mourlane, Céline Regnard, dir., Les batailles de Marseille. Immigration, violences et conflits, xixe-xxe siècles, Aix-en-Provence, Presses Universitaires de Provence, 2013.
23 Jean-Claude Lahaxe, Les communistes à Marseille à l’époque de la guerre froide, 1949-1954, thèse réalisée sous la direction de Jean-Marie Guillon, Université de Provence, 2002. Publiée en 2006 aux PUP.
24 Marc Bayle, Les droites à Toulon (1958-1994). De l’Algérie française au Front national, thèse réalisée sous la direction de Jean-Marie Guillon, Université de Provence, 2001. Publiée en 2014 aux Presses du Midi.
25 Pierre Laborie, « Résistance et histoire. Trente ans d’une rectitude de sillon », préface, p. 7.
26 Frédéric Rousseau, La guerre censurée : une histoire des combattants européens de 14-18, Paris, Points, 2003 ; Stéphane Audoin-Rouzeau, Combattre. Une anthropologie historique de la guerre moderne (xixe-xxie siècle), Paris, Seuil, 2008.
27 On citera à titre d’exemple Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, Christian Ingrao, Henry Rousso (dir), La violence de guerre, 1914-1945 : approches comparées des deux conflits mondiaux, Bruxelles, Éditions Complexe/Cachan IHTP-CNRS, 2002.
28 Pour la Seconde Guerre mondiale, on renverra à Pierre Laborie, François Marcot, dir., Les comportements collectifs en France et dans l’Europe allemande. Historiographie, normes, prismes, 1940-1945, Rennes, PUR, 2015.
29 Annette Becker, Les monuments aux morts, mémoire de la Grande Guerre, Paris, Errance, 1988 ; Jean-Marie Guillon, Pierre Laborie, dir., Mémoire et histoire : la Résistance, Toulouse, Privat, 1995 ; Pierre Laborie, Le chagrin et le venin, Paris, Bayard, 2010
30 Manon Pignot, Allons enfants de la patrie. Génération Grande Guerre, Paris, Seuil, 2012.
31 Annette Wieviorka, L’ère du témoin, Paris, Plon, 1998.
32 Rappelons que Jean-Marie Guillon a rédigé la préface du livre que M.-F. Attard-Maraninchi et le regretté Roland Caty ont cosigné : Marie-Françoise Attard-Maraninchi, Roland Caty, dir., Jean Norton Cru : Lettres du front et d’Amérique, 1914-1919, Aix-en-Provence, PUP, 2007.
33 Christophe Prochasson, « La littérature de guerre », dans Stéphane Audoin-Rouzeau, Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande Guerre, vol. II, Paris, Perrin, p 865.
34 On renverra entre autres à Nicolas Beaupré, Écrire en guerre, écrire la guerre : France, Allemagne, 1914-1920, Paris, CNRS Éditions, 2006.
35 Jean-Michel Palmier, Weimar en exil : le destin de l’émigration intellectuelle allemande antinazie en Europe et aux États-Unis, Paris, Payot, 1987 ; Jacques Grandjonc, dir., Zones d’ombre 1933-1944 : exil et internement d’Allemands et d’Autrichiens dans le sud-est de la France, Aix-en-Provence, Alinéa, 1990.
36 Ancien professeur au département des études germaniques de l’université d’Aix-Marseille, ce dernier a collaboré avec Jean-Marie Guillon notamment dans « Du lieu de migration au lieu de commémoration — du lieu de commémoration au lieu de migration », Cahiers d’Études germaniques, no 53, Aix-en-Provence, 2007, p 133-148.
37 Ces contributions reflètent l’itinéraire de chercheur de Jean-Marie Guillon et les réseaux qu’il a tissés avec les spécialistes de la Seconde Guerre mondiale, depuis ceux qui ont ouvert les premiers chantiers (Jacqueline Sainclivier, Christian Bougeard) jusqu’aux « jeunes chercheurs en résistance » (Cécile Vast). On reprend là le titre de l’ouvrage paru sous la direction de Julien Blanc et Cécile Vast, Chercheurs en Résistance. Pistes et outils à l’usage des historiens, Rennes, PUR, 2014. Quant à Sylvain Gregori, c’est l’un des anciens doctorants de Jean-Marie Guillon.
38 Formée à la recherche historique dans le cadre de son master par Jean-Marie Guillon.
39 Jean-Marie Guillon, Paul-Albert Février, un historien dans l’Algérie en guerre. Un engagement chrétien (1959-1962), préface Paul Vidal-Naquet, Paris, éd. du Cerf, 2006, 525 p. ; Postface de Jean-Marie Guillon, Un officier du 15e corps : carnets de route et lettres de guerre de Marcel Rostin (1914-1916), présentés et annotés par Olivier Gaget, Forcalquier, C’est-à-dire, 2008, 264 p.
40 Henri Michel, Une enfance provençale au temps de la Première Guerre mondiale. Vidauban dans la mémoire d’un historien, Forcalquier, C’est-à-dire, 2012, 416 p. Préface de Jean-Marie Guillon.
41 Jean-Marie Guillon, Sylvain Reynaud, « La vie quotidienne de réfractaires dans l’Embrunais » (Documents commentés), numéro « La Provence de la Résistance à la Libération », Provence Historique, fasc. 178, t. 44,1994, p. 513-522.
42 Jean-Marie Guillon, « La place de la Résistance dans la Libération », Provence Historique, fasc. 144, t. 36, 1986, p. 197.
43 Jean-Marie Guillon s’est intéressé à ce réalisateur et a présenté, le 13 mai 2014, une communication sur le film Transit, dans le cadre d’une journée d’études « L’œuvre exquise de René Allio. René Allio et la télévision ».
44 Jean-Marie Guillon, « Les toponymes de l’espace urbain », xxe siècle. Revue d’histoire, vol. 63, 1999, p. 137-139.
45 La toponymie urbaine. Significations et enjeux, sous la dir. Jean-Claude Bouvier et Jean-Marie Guillon, 2001, Paris, L’Harmattan, 256 p. Jean-Marie Guillon, « Préface », Jean-Claude Bouvier, dir., Les noms de rue disent la ville, Paris, Christine Bonneton, 2007, 224 p.
46 Toponymes de l’espace urbain, art. cit., p. 138.
47 Antoine Lilti, Figures publiques. L’invention de la célébrité, 1750-1850, Paris, Fayard, 2014.
48 Jean-Marie Guillon, « Les choix de mémoire, la construction du récit de Résistance », G. Comet, A. Lejeune et Cl. Maury-Rouan, dir., Mémoire individuelle, mémoire collective et histoire, Marseille, Solal, coll. Résiliences, 2008, p. 107-118.
49 Parmi eux, suivant des approches différentes, complémentaires et plus ou moins suivies : Émile Temime, Maurice Agulhon, Lucien Gaillard, Éliane Richard, Roland Caty, Jean Domenichino, Robert Mencherini, Gérard Chastagnaret, Philippe Mioche, Olivier Raveux, Daniel Faget, Stéphane Mourlane, Céline Regnard, Laurence Américi, Xavier Daumalin etc.
50 Xavier Daumalin, Jean Domenichino, Jean-Marie Guillon, Paul Ricard et le vrai pastis de Marseille, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 2009.
51 Jean Dominichino, Jean-Marie Guillon, Les dockers, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 2001.
52 Arnaud Claude, Jean-Marie Guillon, Les Gueules rouges. Un siècle de bauxite dans le Var, Toulon, CDDP Var/Association des gueules rouges, 2003.
53 Jean-Marie Guillon, « La photographie à hauteur d’homme », dans Jacques Windenberger, Jean-Marie Guillon, Un même monde. Parcours documentaire, 1956-2008, Marseille, Images en manœuvre éditions/Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 2011, p. 6-7.
54 Jean-Marie Guillon, « La résistance au village », dans Jacqueline Sainclivier et Christian Bougeard, dir., La Résistance et les Français. Enjeux stratégiques et environnement social, Rennes, PUR, 1995, p. 233-243
55 Songeons, par exemple, au combat de Paul Ricard contre le rejet des boues rouges (résidus de la production d’alumine à partir de la bauxite) au large de la baie de Cassis ou à la création de l’Observatoire de la mer, futur Institut océanographique Paul Ricard (Jean-Marie Guillon, « Paul hors Ricard », dans Xavier Daumalin, Jean Domenichino, Jean-Marie Guillon, Paul Ricard, op. cit., p. 103-173).
56 Jacques Windenberger, Jean-Marie Guillon, Un même monde, parcours documentaire 1956-2008, Marseille, Images en manœuvre éditions/Archives départementales des Bouches-du-Rhône, 2011.
Auteurs
Aix-Marseille Université, CNRS, UMR 7303 Telemme
Aix-Marseille Université, CNRS, UMR 7303 Telemme
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