Entre Provence et royaume de Naples (xiiie-xive siècle)

Des carrières ecclésiastiques angevines?

Thierry Pécout

p. 17-42


Texte intégral

1Identités, qu’est-ce à dire, pour le sujet qui nous occupe aujourd’hui, la construction politique angevine ? Le terme, qui pour renvoyer à l’unité et à l’unicité relève bien de la théologie, de la psychologie et de la logique formelle, revêt-il une quelconque pertinence dans le domaine politique, et à quelle échelle ? J’en doute fort à celle qui nous occupe, et bien plus, le concept ne me semble guère opératoire pour l’historien. Souvent, l’usage de la notion d’identité est avant tout le révélateur de bien des manipulations : il en dit bien plus sur les motivations du pouvoir politique qui la brandit, que sur la nature de telle ou telle communauté. L’identité est au mieux un projet, au pire un dangereux phantasme. De l’identité à l’union sacrée, il n’y a souvent qu’un pas, celui qui mène à la guerre, ou du moins qui pose l’altérité comme problème dans la communauté. Il nous semble que le succès passager et chaotique d’une entité politique angevine, résulte bien moins de la quête d’une identité, qu’elle soit culturelle ou qu’elle résulte d’une quelconque fidélité ou communion dynastique, que d’un concours de circonstances, d’équilibres géopolitiques, d’une connivence intellectuelle au sein des élites et d’un usage plus ou moins raisonné de la force et du droit. L’hétérogénéité, le conflit et le déséquilibre semblent dominer à l’échelle de l’ensemble angevin, en dépit de la relative stabilité et de la paix civile durable que l’on note dans la simple Provence jusqu’au règne de Jeanne Ire (1343-1382). Pour ma part, je préfère appréhender la thématique générale de ce colloque de biais, en abordant la question que je me propose d’examiner en regard de la notion de communauté. Que nous disent les carrières ecclésiastiques de celle-ci ? Structurent-elles à leur manière une communauté politique ? Tracent-elles des sillons, semblables à ceux que l’on pourrait suivre en examinant la population des officiers, qui nous révèlent quelque chose de la façon dont s’animait et se vivait la communauté politique rassemblée autour du souverain angevin ? Au fond, cela revient à poser une question plus vaste encore, qui confine à l’anthropologie politique : la monarchie, sous les dehors de l’unité, a-t-elle jamais eu les moyens de rassembler durablement ?

2La monarchie angevine entretint dès son origine des relations singulières avec l’Église. Il y allait de sa viabilité et de sa pérennité. Pourtant, son attitude à l’égard d’une institution fondamentale, telle l’épiscopat, ne fut ni constante ni exempte d’ambivalence. En Provence, si Charles d’Anjou (1246-1285) puis surtout Charles II (1285-1309) ont constitué avec celui-ci des liens de plus en plus étroits, Robert (1309-1343) ne semble pas avoir privilégié de relations spéciales avec un milieu désormais profondément affecté par l’installation de la papauté sur les rives du Rhône.

3L’échelle des carrières ecclésiastiques peut constituer un indicateur précieux pour évaluer les rythmes de constitution des entités territoriales. Cependant, l’historiographie s’est depuis longtemps penchée sur le rôle joué par d’autres populations que celles des clercs dans la conquête et l’administration du royaume de Sicile, en considérant notamment la noblesse angevine, provençale, régnicole1. Au regard du personnel ecclésiastique, nul travail de cette ampleur, malgré un colloque sur la formation intellectuelle du clergé, qui laissait en partie au second plan les relations entre milieux ecclésiastiques et monarchie angevine2. Seuls les clercs exerçant des offices au sein de cette dernière, tel le chancelier, ou encore les membres de la chapelle royale, bénéficient d’études précises et documentées3. Il reste encore difficile d’apprécier globalement le rôle qu’ont pu jouer les clercs dans l’élaboration de l’État et de la monarchie angevine. Aussi, lorsque l’on tente d’examiner les prolongements des cursus d’hommes d’Église entre Provence et Regno, on se heurte rapidement à deux écueils de taille. Tout d’abord, la Provence n’a pas connu de renouvellement d’une recherche générale sur le milieu clérical depuis nombre de décennies. Un récent travail nous a permis de mesurer cette lacune et de tenter de la combler4. Ensuite, en dépit de nombreuses monographies, l’histoire ecclésiastique du Regno angevin, en particulier pour la première maison d’Anjou, reste encore à écrire, comme le soulignait le professeur Giuseppe Galasso à l’issue d’un chapitre de sa synthèse sur le Mezzogiorno et le royaume de Naples5. Beaucoup de sièges épiscopaux et de chapitres cathédraux sont fort mal documentés, et l’abondance des cités ne facilite pas la tâche6.

4Cette présentation se veut donc une simple introduction. Et nous limiterons notre propos aux seuls prélats, évêques et abbés. Si notre enquête n’aborde pas l’ensemble des carrières bénéficiales, mais seulement celles pour lesquelles le cumul est proscrit, c’est que nous examinons ici les prolongements de cursus depuis la Provence vers le Regno et leur signification : pour les chanoines par exemple, contrairement aux évêques, ce phénomène tient davantage du cumul que du cursus honorum et fausse pareille réflexion. Certes tel cumul est digne d’intérêt, car il caractérise des réseaux de protection et des affinités eux-mêmes tributaires d’un espace et d’un milieu politiques. Mais pour l’heure, une investigation de ce type bute sur les lacunes de la documentation et l’ampleur de la tâche. En outre, notre propos restera ici limité à quelques cas significatifs.

5Ces derniers nous paraissent caractériser trois grands moments d’un processus dont il ne faut pas s’exagérer l’ampleur. Chaque souverain n’a pas entretenu des relations comparables avec l’épiscopat ou les abbés en Provence. Charles d’Anjou a certes modifié les recrutements, mais il a aussi intégré des réseaux préexistants hérités de son beau-père, le processus de renouvellement paraissant plus profond sous Charles II, alors que se nouent des liens plus étroits avec l’épiscopat et la monarchie à l’issue de la crise de 1282-1288. Sous Robert enfin, une relation plus distante semble identifiable, quand évêques et abbés se trouvent profondément affectés par l’intervention pontificale et davantage liés à l’entourage du pape et à la Curie. Du reste, la disproportion entre Provence et Regno en terme de géographie ecclésiastique ne saurait permettre la constitution chez celle-là d’un vivier pour celle-ci. La spécificité des carrières ecclésiastiques ne se prête pas à un interventionnisme royal systématique, qui interfère avec celui de la papauté et se heurte à de puissants réseaux familiaux locaux, y compris les branches collatérales de la famille royale, telles les Tarente. Il ne peut non plus se fonder sur une politique de confiscation et de redistribution des honneurs et des fiefs, ou encore d’alliance, comme dans la noblesse. Ces échanges et circulations sont strictement encadrés par le droit canon et les rapports de force qui y œuvrent sont complexes, la monarchie n’en constituant qu’un facteur. Lorsque circulation il y a, elle révèle la proximité du milieu concerné avec le souverain et les grands officiers, ainsi qu’avec le Sacré Collège, mais aussi la reconnaissance de qualifications et de savoir-faire, ou encore des équilibres au sein de certains grands offices, comme la chancellerie où les clercs disposant de bénéfices en Provence sont régulièrement signalés depuis Guillaume de Ferrières († 1308) jusqu’à Enguerrand de Stella († 1333). Précisons d’ailleurs que ce sont les prélats dont la carrière s’enracine en Provence que nous examinons, ce qui n’en fait pas pour autant des Provençaux : il s’agit non pas de raisonner en terme d’échanges culturels ou d’identités nationales, mais d’espace politique.

6D’emblée, notons à quel point pareille comparaison ne va pas de soi, tant la géographie ecclésiastique des deux régions considérée est disproportionnée. La Provence angevine et ses deux comtés de Provence et de Forcalquier regroupent 17 diocèses répartis dans trois provinces dont aucune n’est entièrement comprise dans les possessions angevines7. Mais le Regno rassemble de son côté près de 140 diocèses – on en dénombrait 114 sous le Regnum normannorum, avec 11 sièges directement rattachés à Rome et une vingtaine de provinces, et 135 au total sont examinés par Norbert Kamp8. En Campanie se concentrent la majeure partie des sièges (71) : un tiers se trouvent dans les provinces d’Amalfi (5 diocèses), Sorrento (4), Naples (5) et Capoue (7), les autres dans celles de Conza (7), Salerno (9), Benevento (24), outre la dizaine de sièges exempts de juridiction provinciale9. Les Pouilles comportent 33 sièges dans les provinces de Bari (14), Tarento (3), Brindisi (2), Otranto (6), Trani (3) et Siponto (2), avec trois sièges exempts (Canne, Nardò, Monopoli). Viennent ensuite la Calabre qui abrite les diocèses des provinces de Cosenza (2), Santa Severina (8), Reggio (10), outre Rossano, Bisignano, Cassano, San Marco et Mileto qui sont exempts ; la Basilicate et ses dix diocèses et les Abruzzes et leurs sept diocèses. Face à ce foisonnement, malgré les outils prosopographiques donnés par Norbert Kamp et quelques monographies10, les sièges épiscopaux du Regno demeurent mal connus pour la période angevine. Au demeurant, « una storia religiosa complessiva del Mezzogiorno in tale periodo è ancora da scrivere » rappelait Giuseppe Galasso11, outre le constat des obstacles historiographiques et documentaires énumérés par Cosimo Damiano Fonseca12.

7Sous Charles d’Anjou, contrairement aux flux qui concernent l’aristocratie, la circulation bénéficiale depuis la Provence s’avère très ponctuelle. Nous n’avons guère pu identifier chez les évêques ou les chanoines de prolongement de carrière dans le Regno après 1265. Une mention isolée d’un évêque élu en Calabre, dans l’actuelle province de Cosenza, nous est parvenue grâce à une notice nécrologique de l’obituaire du chapitre cathédral Saint-Sauveur d’Aix13. Elle évoque la promotion à Cassano all’Ionio (province ecclésiastique de Reggio di Calabra) en 1267 de Raymond Berengarii, probablement issu de la noblesse aixoise14. Juge et official dès 1252, chanoine de Saint-Sauveur en 1253, il est élu au siège de Cassano à une date inconnue et décède sans avoir été consacré le 7 septembre 1267, en léguant un anniversaire fondé sur les maisons dont il dispose dans le Bourg Saint-Sauveur d’Aix. Il est promu à l’épiscopat sous Clément IV, avec la faveur de Charles d’Anjou. Mais ce prélat n’a sans doute gouverné que très peu de temps son église calabraise. La liste épiscopale comporte en effet Giovanni Fortibracchio entre le 18 janvier 1252 et octobre 125415. Puis elle s’interrompt jusqu’à Giordano Ruffus, un partisan des Angevins issu du chapitre de Tropea qui n’est attesté qu’en 1266, mais dont le légat invalide l’élection, sans doute au début de l’année 126716, et qui doit s’exiler pour regagner sa cité d’origine Tropea où il finit évêque entre 1272 et c. 1296-129917. Une vacance du siège de Cassano se note dès février 126718, et encore en mai19. Raymond Berengarii a dû succéder à Giordano vers cette dernière date, avant d’être emporté en septembre 1267. Un frère mineur, Marco d’Assisio, est finalement pourvu le 20 avril 1268 et son épiscopat s’étend jusqu’en 128520. Cet exemple isolé est fort peu représentatif en vérité, mais significatif de l’instrumentalisation par Charles d’Anjou et Clément IV des carrières de certains Provençaux. Globalement toutefois, les diocèses de Provence ne sont pas alors touchés par des translations ou des promotions à large échelle.

8Au sein de l’abbatiat, si l’on constate pareille rareté, se détache pourtant la brillante carrière d’un abbé de Lérins, Bernard Ayglier, qui ne doit pas son ascension initiale à Charles d’Anjou21. Bernard Ayglier illustre le ralliement à ce dernier d’un parti clérical proche d’Innocent IV puis d’Alexandre IV et qui ne lui est pas immédiatement acquis22. Il provient de la noblesse lyonnaise, d’un milieu procédant de la zone d’influence de la maison de Savoie, et dont les carrières bénéficiales débutent par la faveur d’Innocent IV lors de son séjour lyonnais23. Moine à Savigny, Bernard Ayglier profite du séjour de 1245 pour nouer de nombreux liens avec des cardinaux, tels Pietro da Collemezzo et Hugues de Saint-Cher, et sûrement Henri de Suse. Il est chapelain dès 1253, au service d’Innocent IV puis d’Alexandre IV.

9Il connaît une première promotion, à l’abbaye Saint-Honorat de Lérins, motivée vraisemblablement par la volonté du pape de mener à bien la réforme de cet établissement. Il succède à Aycard de Tourves (1247-1256) et ce sont ses nouvelles fonctions qui le mettent pour la première fois en contact avec Charles d’Anjou. Si son abbatiat y est bref, entre 1256 et 1263, son œuvre est cependant notable. Il structure en effet la congrégation lérinienne en ordo, parachevant un projet formé dès Innocent III24. Son action est couronnée par une bulle pontificale du 13 mai 1259 confirmant les possessions de l’abbaye, mais surtout constituant un véritable réseau monastique autour du centre insulaire, de son noyau temporel du diocèse de Grasse, avec les églises séculières et les droits temporels25. En outre, Bernard Ayglier consolide les possessions lériniennes de Gênes, l’un des prieurés les plus profitables, avec le soutien d’Alexandre IV26. Enfin, il refonde l’autorité abbatiale, à l’appui du diplôme du 5 mai 125627. L’abbé consolide son rôle déterminant pour la collation et la disposition des bénéfices et il renforce son statut face à l’ordinaire. Urbain IV lui adjoint une bulle de protection contre toute aliénation et contre l’emprise des séculiers, le 7 décembre 126228. Cette œuvre renforce la crédibilité de Bernard et son rôle auprès du pape, si bien qu’il en reçoit mission de réformer l’ordo benedictinus en 1272 et entame un nouveau séjour à Lyon29.

10Ses réseaux sont avant tout cardinalices et pontificaux avant d’être angevins. Il est probablement proche de Philippe de Savoie, et surtout du cardinal dominicain Hugues de Saint-Cher, d’Henri de Suse, qui le cite dans son testament, et d’Urbain IV30. Il se rallie à Charles d’Anjou sans doute au début des années 1260, comme une partie du Sacré Collège qui abandonne alors les options concurrentes pour le trône de Sicile. Son transfert à Montecassino est antérieur à l’aventure angevine de Charles d’Anjou. Bernard Ayglier va trouver le roi de Sicile sur sa route lorsqu’il lui faut prendre possession de son siège. Car, s’il est transféré à Montecassino par Urbain IV le 29 mars 1263, il doit attendre 1266 et l’éviction de son concurrent Teodino di Capestrello, avec la défaite du protecteur de celui-ci, Manfred31. Son intégration au sein des réseaux angevins est alors totale. Par là, Bernard ouvre la voie à son frère Ayglier, qui devient archevêque de Naples le 29 octobre 126632, avant d’être élu par le chapitre du Saint-Sépulcre comme patriarche de Jérusalem en 1278, à la suite de Tommaso di Lentini ancien archevêque de Cosenza, sans succès il est vrai du fait de Nicolas III33.

11Bernard Ayglier et son frère Ayglier sont tout deux désormais des conseillers et des familiers du roi de Sicile. Ils mènent alors une action militaire et diplomatique. En 1268 tout d’abord, face à la rébellion de Lucerna et à Conradin, Clément IV les dépêche pour secourir le légat Rodolphe de Chevrières. Bernard est envoyé dans le royaume de France, à Venise en 1263, en Hongrie en 1269 pour traiter du mariage de Marie de Hongrie et de Charles de Salerno, et enfin à Constantinople en 1274 pour négocier avec Michel VIII Paléologue34. En 1277, l’archevêque Ayglier reçoit une mission diplomatique et hautement symbolique, en compagnie de frère Bertrand, évêque de Melfi (1268-1277) : le roi le charge de veiller au transfert en Provence des restes de Béatrice de Provence qui doit être inhumée à Aix, en accomplissement de ses dernières volontés35.

12 Comme abbé de Montecassino, Bernard Ayglier poursuit son activité de réorganisation de la gestion temporelle mise en œuvre à Lérins. L’enquête sur le temporel consignée dans le Regestrum Bernardi abbatis en témoigne36. Il s’appuie sur une réflexion défendant la vie monastique bénédictine, en valorisant la vie au cloître dans le Speculum monachorum (c. 1272-1274) et dans son In regulam Sancti Benedicti expositio37. Son frère Ayglier l’ayant précédé dans la tombe le 6 novembre 1281, Bernard Ayglier disparaît le 3 avril 1282. Il s’agit là d’une figure abbatiale singulière. Il caractérise d’abord une génération d’abbés désignés en Provence par provision apostolique à partir d’Innocent IV, une pratique inaugurée avec celle de Guillaume de Portu, abbé de Psalmodi promu à Saint-Victor dès 124538. Ensuite, par la prolongation de sa carrière dans le Regno, il tranche avec le milieu abbatial de Provence et annonce un Jean de Comines, abbé de Saint-Victor en 1278, et lui aussi collaborateur de la monarchie, mais qui n’a pas eu de carrière bénéficiale dans le Regno, sinon des missions politiques39. Il se signale enfin par ses hautes qualités intellectuelles et politiques.

13Bernard Ayglier demeure un cas particulier. C’est seulement sous le règne de Charles II que l’on identifie une circulation plus intense entre bénéfices de Provence et du Regno. Il est vrai qu’après son retour de captivité, le roi met en place une très étroite collaboration avec l’épiscopat de Provence, une orientation qui accentue des tendances à l’œuvre sous Charles d’Anjou, mais ne se perpétue pas sous le règne de Robert40. Les carrières épiscopales prennent alors un tour nouveau, sans toutefois bouleverser des modes de recrutement essentiellement locaux.

14Le milieu concerné au premier chef par ce processus concerne évidemment les membres du proche entourage de Charles II, et notamment ses chapelains. Un certain nombre sont recrutés en Provence et procèdent de deux générations aux traits caractéristiques. La première émerge vers 1286-1289, lors de la captivité du roi en Catalogne, ou bien sitôt son retour : d’opportunes vacances épiscopales favorisent l’implantation d’aucuns sur les sièges cathédraux locaux, tel Pierre de Lamanon à Sisteron en 1292. Cette génération semble n’avoir pas connu de promotions dans le Regno. La seconde est issue de familiers de Louis d’Anjou († 1297), un véritable vivier qui accède aux responsabilités à la fin du siècle, avec un Jacques Duèze à Fréjus puis Avignon et un Pierre de Ferrières à Noyon, Lectoure, Salerno puis Arles. Ce milieu-ci est en revanche concerné par une circulation bénéficiale qui paraît inédite. Beaucoup d’entre eux sont des réguliers et des mendiants.

15Voici d’abord Jean Brito, qui est évêque de Pozzuoli en 1298. Il est parent de Robert Brito, clerc et familier du roi, son chapelain pendant son exil à Siurana à partir de 1287, en compagnie du dominicain Pierre de Lamanon41. On ignore leur origine, mais le patronyme est bien attesté dans la famille des Anselme de Marseille et il pourrait fort bien procéder de ce lignage de la chevalerie urbaine rompu à l’économie marchande. François Brun, alias d’Apt, est quant à lui frère mineur42. Entre 1288 et 1295, il assiste les fils du roi pendant leur captivité en Catalogne. Il est proche de Louis d’Anjou : il lui confère la tonsure en 1294, le suit à Naples, Toulouse, en Catalogne et enfin à Brignoles en 1296 et 1297, et il est cité dans le testament du jeune prince. Il passe ensuite au service du père. Chapelain de Charles II en 1296-1302, il est confesseur du duc de Calabre Robert. Il obtient le siège immédiat de Gaeta en février 1306. Puis il est attesté comme confesseur, aumônier et conseiller du roi Robert en 1311, et disparaît en 1321. François Brun appartient à une famille de petite noblesse et d’officiers locaux. Son neveu le domicellus Bertrand Vesiani (ou Bassiani) d’Apt est baile de Digne en 1313 puis de Sisteron en novembre 1314 : il obtient cette charge sur recommandation de son oncle43. En juillet 1316, Bertrand subit cependant une procédure intentée par le sénéchal, mais elle est finalement suspendue. Du reste, il poursuit sans heurts sa carrière : il apparaît comme sous-viguier de Marseille dès le 17 juillet 1316. François Brun et Bertrand Vesiani sont apparentés à deux autres individus de profil comparable : Hospicius Vesiani, sous-viguier d’Avignon en 1314, baile de Brignoles en 1315-1316 grâce à l’appui de l’évêque de Gaeta44, et Raynaud Bassiani, chapelain et confesseur du roi, qui reçoit une expectative de canonicat à Apt en 133945. La famille compte enfin deux maîtres rationaux, Raymbaud Bayssani en 1345-1348, et Baudoin Baxiani en 1347, un membre de l’entourage d’André de Hongrie, sénéchal de l’hôtel de la reine Jeanne et de son époux, et chambellan de ce dernier en 1343-134546.

16L’évêché de Troja, lui aussi immédiat, fait l’objet de plusieurs recrutements successifs qui puisent dans ce même milieu. Pierre de Cataneto, qui accède à ce siège en 1302 après la mort de l’évêque Roger et à la suite du désistement de deux concurrents, a sans doute bénéficié de l’intervention de Boniface VIII en faveur de son élection par compromis47. Selon toute vraisemblance, il cache derrière ce patronyme la localité de Cadenet, un castrum proche d’Apt. Il pourrait être lié à François Brun et à son réseau. Mais il décède fort peu de temps après son accession à l’épiscopat. Son successeur est le frère mineur Pierre Cocardi, d’origine inconnue. Il est attesté auprès de Louis d’Anjou à partir de 1296 à Naples et fréquente son entourage, sauf lors du voyage en Catalogne48. Il accède au siège de Troja le 9 septembre 1302 par provision apostolique, après avoir été désigné par trois compromissaires49. Son propre successeur provient lui aussi de Provence, mais son origine familiale demeure floue : le 12 avril 1309, Clément V désigne le moine Guillaume de Blanco, prieur clunisien de Ganagobie, au diocèse de Sisteron, face à l’archidiacre local, Bernardo di Bojano50. Serait-il apparenté à la famille du jurisconsulte marseillais Jean Blanchi51, dont le fils homonyme est archidiacre de Marseille entre 1272 et 1306 et dont un parent, maître Antoine Blanchi, chanoine de Marseille en 1306, est médecin personnel de Charles II52 ? Ou bien plutôt à ce Jacques Blancus, également médecin du roi et de la reine, qui figure dans leur entourage en Provence en septembre 131953 ?

17La carrière de Pierre de Ferrières est en porte-à-faux au regard de ces parcours, car son éphémère nomination à l’archevêché de Salerno n’est qu’un épiphénomène au sein d’un cursus bénéficial très riche. Elle est en outre liée à ses hautes fonctions administratives au sein de la monarchie, car il y occupe un office administratif qui reste le monopole de clercs extérieurs au Regno, la chancellerie, comme Jacques Duèze qui lui succède. Du reste, les revenus bénéficiaux que ces deux prélats occupent sont l’objet d’une circulation interne au service de la chancellerie, tel le doyenné du Puy, qui passe de l’un à l’autre, où l’archevêché de Salerno, que Pierre de Ferrières abandonne à son lieutenant Guillaume de Godonio. Pierre de Ferrières est élu archevêque d’Arles par voie de scrutin dès le 23 août 1303, mais il n’est pourvu par le pape que le 30 janvier 130454. L’élu ne procède en rien du milieu local, mais de la familia du cardinal Guillaume de Ferrières. Notre archevêque est sans doute neveu ou frère de ce dernier55. Son chemin a croisé aussi celui du fils du roi, Louis d’Anjou, dont il est le familier, aux dires de Jacques Duèze en 1308. Il assiste à ses derniers instants à Brignoles en août 129756. Legum doctor à Toulouse en 1288, Pierre y enseigne jusqu’en 1294. Il est gradué dans les deux droits, recteur de l’université de Naples57, et porte le titre de chapelain de Boniface VIII. Conseiller de Charles II, trésorier, vice-chancelier le 7 novembre 1295, il dirige la chancellerie au moins depuis le 15 avril 129658. Il porte le titre d’auditeur en 129859. Lors de sa nomination à Arles, il dispose déjà d’une enviable carrière bénéficiale qui récompense ses services. Il est ordonné prêtre en juin 1295 par le cardinal de Porto et frère mineur, Matteo de Aquasparta (1291-1302)60. Doyen du Puy peu avant le 13 février 1295 et de Douai la même année, évêque de Lectoure en 129961, de Noyon en 130162, il dispose aussi d’un canonicat à Lyon en 1300, à Auch, et de bénéfices dans les diocèses du Puy et de Viviers. Il refuse l’archevêché de Salerno en octobre 1298 au profit de Guillaume de Godonio63, mais accepte le siège d’Arles où il est attesté de janvier 1304 à sa mort64. La génération de Pierre de Ferrières marque une étape cruciale dans l’articulation entre missions de gouvernement et tâches pastorales, entre office et bénéfice, ce dernier rémunérant ici une fonction au sein de l’appareil d’État.

18Sous le règne de Robert, le milieu des chapelains du roi issus de Provence trouvent aussi des débouchés vers l’épiscopat du Regno, ou du moins s’efforcent de le faire. Mais d’autres processus sont à l’œuvre, induits par l’installation des papes en Avignon. Pour Pierre Guillelmi de Morières-lès-Avignon, l’appui royal ne suffit pas à sa promotion épiscopale65. Sa famille est bien attestée à Avignon : sa nièce Peregrina est abbesse de Sainte-Catherine66, son neveu est signalé dans cette cité en juillet 131567, et il est lui-même protecteur d’un habitant de cette ville en mai 131568. Il est probablement lié à Jacques Duèze qui le désigne pour occuper un bénéfice dont il a reçu licence de pourvoir en 1311, mais l’évêque d’Avignon s’y oppose69. Pierre Guillelmi est membre de la chapelle royale en 1311-1314, et c’est sans doute lui qui accède au rang de magister capelle vers 1316. Il est présent dans l’entourage du roi en Provence en 1319-1321 comme secrétaire et chapelain, ainsi qu’un probable parent, le chambellan Perronus de Moreriis70. Il cumule les bénéfices : un canonicat à Marseille avant 1317, un autre à Riez en février 1317, un troisième à Aix en avril 1320, suite à une supplique du roi au pape, mais il doit résigner ses expectatives de prébendes à Marseille et Riez ; il détient aussi l’église paroissiale de Châteaurenard et une chapelle à Salerno. Le 17 décembre 1326, il devient sacriste de Marseille et en février 1329 il est attesté comme trésorier de la cathédrale de Bari, et ce jusqu’en 1347. Il porte en outre le titre de chapelain pontifical en 1326. Il manœuvre deux fois pour accéder à l’épiscopat, dans deux diocèses dépendants de Rome. En 1323 à Sessa, où il s’oppose à un chanoine local, et malgré la désignation de l’archevêque de Capoue Enguerrand pour examiner l’affaire71 : en mai 1326, le pape confirme son adversaire. En 1325 à Aversa, son élection est cassée par ce même pontife pour cause de réserve, qui pourvoit Raymond de Maussiac le 21 février 1326.

19Mais désormais, ces tendances anciennes s’articulent avec de nouveaux processus initiés dès l’époque de Pierre de Ferrières : le milieu des clercs et des grands officiers se structure, connaît de nombreux échanges et dénote une certaine homogénéité, comme en témoignent remarquablement les Cabassole72. L’installation de la papauté à Avignon, le long séjour de Robert en Provence en 1319-132473 et les nombreuses missions et commissions confiées à des prélats du Regno74 ont favorisé les échanges et les voyages entre Provence et royaume de Naples. Outre les enquêteurs royaux, nombre d’évêques se retrouvent auprès du pontife, tel Niccolò de Bisignano au printemps 1331 à Avignon, qui assiste aux prestations d’hommage aux petites-filles du roi et au sénéchal75, sans compter les séjours aux motivations inconnues. Tel ce Buonaccorso da Firenze, docteur en décret et clerc de Philippe de Tarente, archidiacre de Ferrara, chanoine de Capoue puis évêque de Tricarico grâce à l’appui royal en mai 1324, et qui meurt à Aix le 22 avril 132576. Au demeurant, un certain nombre de promotions s’inscrivent dans les stratégies bénéficiales du pape et des siens, et ne semblent plus guère tributaires de décisions royales. Ainsi pour un Guillaume Catros, qui est promu à la prévôté de Riez à une date inconnue, vraisemblablement sous Clément V. Il est attesté comme tel en 1313, alors qu’il exerce comme recteur du pape dans la cité de Ferrara77. Le 19 mars 1324, doté du titre de chapelain du pape, il est élu par le chapitre de Melfi et confirmé par Jean XXII, puis consacré le 1er avril suivant78. Mais il disparaît peu avant le 18 février 1326, date de provision de son successeur Alexandro, prieur général OSA79. Son passage en Provence puis à Melfi, il les doit au pape assurément, et sa carrière ne revêt plus guère de signification au regard de l’espace politique angevin.

20Bien plus, certains prélats se trouvent prisonniers de stratégies concurrentes entre princes et papauté, et si leur parcours bénéficial arpente les terres sous domination angevine, il fait aussi figure d’errance. Ainsi de Jacques de Corvo, ce dominicain proche de la famille angevine et sans doute originaire de haute Provence80. Confesseur de la reine de France Clémence de Hongrie († 1328), la veuve de Louis X (1314-1316) et la sœur du roi de Hongrie Charles Robert (1310-1342), il est cité comme tel et comme chapelain commensal de Jean XXII en 1316 et jusqu’en 1318, à l’occasion de missions de confiance81. Le pape le pourvoit le 21 août 1322 comme évêque de Zagreb82, à la requête de la reine Clémence, alors retirée à Avignon puis au couvent des dominicaines Notre-Dame de Nazareth d’Aix et bénéficiant de la protection de Robert d’Anjou. Mais Charles Ier de Hongrie, qui n’a pas été consulté, n’autorise pas Jacques de Corvo à occuper son siège, et son procureur demande au pape l’annulation de la provision à l’automne 1323, sans succès. Le roi a alors désigné comme évêque son propre médecin, Ladislas de Kabol, qui ne reçoit de confirmation pontificale que le 13 mars 1326, tandis que Jacques recevait le siège de Quimper en compensation83, sans jamais avoir pu se rendre en Hongrie. Il est finalement transféré à Toulon le 31 août 1330, où il s’installe à demeure84. Il décède peu avant le 29 septembre 1345, date à laquelle il est question de ses dépouilles85.

21La carrière d’un archevêque de Capoue, Enguerrand de Stella, s’inscrit dans ces renouvellements avec plus de bonheur, car c’est un homme du prince, mais faute de travaux généraux sur l’épiscopat du royaume de Naples au xive siècle, elle peut sembler isolée. Elle nous semble cependant révélatrice d’un milieu, malgré les doutes qui peuvent subsister sur les origines de cet individu, et nous nous y attarderons pour finir. Sa provenance dauphinoise, aux marges de la Provence, ne résulte certes que d’un faisceau d’indices. L’Étoile, sur la Somme, entre Abbeville et Amiens, est quelquefois invoquée86. Une origine italienne, que suggère l’emploi par l’historiographie de son nom italianisé en Ingilranno di Stella ou Ingerrano Stella, comme chez Émile-Guillaume Léonard, nous semble en revanche devoir être écartée, faute d’éléments probants. L’anthroponyme Enguerrand est bien attesté en Provence au xive siècle, dans la région de Digne et la haute Provence, ainsi que sous sa forme patronymique d’Enguerrandi87. Stella peut renvoyer à plusieurs localités, mais le patronyme est présent en Provence et sur ses marges dauphinoises88. Plusieurs clercs le portent, et il s’agit peut-être d’une même parenté89. En Provence, un castrum du haut pays, Estelle, est trop faiblement peuplé au début du siècle et en voie de désertion90. En revanche, celui de l’Étoile-Saint-Cyrice91, en Dauphiné, à une trentaine de kilomètres de Sisteron, est à plus d’un titre un candidat séduisant, notamment parce que l’archevêque de Capoue et les siens se trouvent possessionnés à proximité. Il est placé sous la seigneurie du lignage des Mévouillon et le majus dominium du dauphin92. Cette piste est d’autant plus plausible, que l’archevêque Enguerrand participe dès 1314 à la conclusion d’un traité militaire entre le dauphin Jean II et le roi Robert93, et qu’un proche conseiller du dauphin Humbert, son trésorier Jean de Ponsiaco, finit archidiacre de Capoue lors de la circulation bénéficiale provoquée par la mort d’Enguerrand de Stella, tandis qu’un probable parent exerce comme maître rational et régent de la Vicairie au service du roi Robert dès 134194. Ces deux clercs présentent un parcours fort similaire, entre dauphins, cour de Naples et Église de Capoue.

22 D’ailleurs, Enguerrand de Stella mène à ses débuts une carrière bénéficiale étroitement liée à la Provence. Il est chanoine de Sisteron lors de sa provision comme archevêque de Capoue en 1312, mais il n’apparaît pas dans la liste de ses homologues lors de l’élection de l’évêque du lieu, Raymond d’Oppède, en juillet et décembre 131095. Sa promotion comme chanoine est sans doute postérieure. Il travaille pour le roi : il est trésorier en 1312, une charge qu’il semble abandonner après son élection, mais dont son frère Riquier hérite96. En outre, il a déjà tissé des liens avec un milieu local de clercs et de laïcs aux carrières en plein essor. Dès l312, il est proche de Raymond Robaudi, un homme de Jacques Duèze et futur archevêque d’Embrun, et de Jean Baudi, prochain sénéchal de Provence97. Du reste, c’est Enguerrand lui-même qui est à l’origine de la promotion de ce dernier98.

23 Enguerrand de Stella reçoit le siège d’une métropole qui brille d’un éclat particulier pour un roi qui en arbore toujours le titre princier. Il obtient l’archevêché de Capoue à la suite d’une double élection et de l’intervention de Clément V, le 23 juin 131299. Le prélat bénéficie de plusieurs bulles pontificales, aussi bien sous ce pape que sous son successeur. Le 20 juillet puis le 17 octobre 1312, il obtient la capacité de contracter des transactions à concurrence de 5 000 florins, le 12 août 1313 celle de conférer des bénéfices même en cas de cumul, le 17 septembre 1317 la faculté de conférer le tabellionage, en faveur de Giovanni da Giovinazzo alors jurisperitus et futur juge mage de Provence en 1331, et enfin la licence de tester en octobre 1325100. En outre, le 3 janvier 1318, il recueille pour son clerc Jean de Longa Villa, bénéficier dans le diocèse de Capoue, une provision pour un canonicat à Saint-Nicolas d’Amiens101. On le rencontre à plusieurs reprises comme exécuteur de grâces pontificales en faveur du roi, de la reine ou de leurs proches collaborateurs : en janvier 1325, il est chargé de la collation d’un canonicat à Capoue pour Leopardo da Foligno, conseiller et chapelain du roi, et en octobre 1326 d’expectatives de bénéfices pour Rinaldo da Foligno, clerc et chapelain de la reine, ainsi que pour Giacomo da Foligno, outre en avril 1324 l’exécution d’une bulle en faveur de la reine Sancie, qui dispense de résidence huit de ses clercs et familiers102.

24 Son titre de conseiller et familier du roi Robert recouvre des tâches politiques et diplomatiques effectives, qu’il accomplit entre Naples et Avignon. Son action repose sur un solide réseau personnel, en particulier parmi les trésoriers des comtés. On lui connaît plusieurs missions politiques en 1317-1318. Le 19 août 1317, Robert l’envoie en Provence muni d’une fort importante procuration, puisqu’il doit désigner un nouveau sénéchal et remplacer le trésorier Mathieu Monachi103. Enguerrand s’acquitte de sa deuxième mission le 1er octobre 1317, alors qu’il est à Aix, au profit d’un certain Jean de Dompno Medardo : il s’agit là d’un membre de son entourage, si l’on en juge par le patronyme de celui qui remplace son frère Riquier de Stella comme chanoine de Sisteron en 1324104. C’est du reste Reynald de Rocheyo, un homme de confiance de l’archevêque, ou un parent homonyme, qui semble avoir succédé à ce Jean de Dompno Medardo à l’office de trésorier, où il est attesté en septembre 1319105. De même, Enguerrand désigne en 1317 comme sénéchal Jean Baudi de Draguignan, l’une de ses connaissances. En janvier 1318, lors des préparatifs du voyage royal en Provence et à Avignon, il est dépêché auprès de Jean XXII106. Le 11 avril 1318, le prélat s’embarque à Gaeta avec Bertrand de Baux et de grands officiers pour une nouvelle mission auprès du pape107. Le 13 novembre 1319, en compagnie du frère mineur Guillaume de Salone, évêque de Pozzuoli (1317-1324), il figure comme témoin dans un acte d’échange entre le roi et la reine108.

25C’est le prélat du Regno le plus souvent présent au sein du conseil du roi Robert lors de son séjour en Provence, entre 1319 et 1324. Trop occupé par le service du roi, il ne peut administrer convenablement son diocèse et, depuis Avignon, désigne son frère Riquier comme vicaire général le 7 mai 1323109. Enguerrand paraît superviser la politique royale en matière de promotions épiscopales : on notera qu’en 1324, c’est lui qui est mandaté pour procéder au transfert de l’évêque de Pozzuoli à Aversa110. Dès son retour dans le Regno en 1325, il participe avec son frère Riquier à l’expédition de Charles de Calabre contre la Sicile111. Il est de tous les grands moments d’une dynastie qui s’apprête à traverser une période d’instabilité. Le 16 avril 1328, il publie dans sa cathédrale les lettres de Jean XXII appelant à la croisade contre louis IV de Bavière, à la demande du roi Robert et en présence de Bertrand de Baux et de Tommaso di Marzano, comte de Squillace et maréchal112. Le 3 mars 1331, il assiste à l’hommage au roi du procureur de Philippe de Tarente, Bertrand de Baux, comte de Montescaglioso, avec Landolfo l’archevêque de Salerno et leurs collègues d’Aversa, Rapolla et Castellaneta, ce dernier évêque étant aussi chancelier de Philippe de Tarente113. Comme vice-chancelier enfin, Enguerrand opère à partir de 1320, puis il est chancelier en 1328, mais son activité reste mal connue, si l’on en juge par les quelques lignes que lui consacre Stefano Palmieri114. De même, reste peu étudiée son œuvre à la tête de l’Église de Capoue, où il opère une profonde réorganisation des prébendes le 24 janvier 1332115. Enguerrand de Stella, encore actif en octobre116, meurt le 7 décembre 1333 après avoir testé le 5 en faveur du studium de Naples117. Le 18 février 1334, Riccardo Ruggiero, archidiacre de Salerno, est désigné comme archevêque de Capoue, après la triple élection de l’abbé de Cava Guizzardo, face à l’archidiacre Benedetto Palmiero et au chanoine Nicola d’Eboli, récusé pour défaut d’âge118.

26Plusieurs faveurs du roi Robert rémunèrent l’œuvre d’Enguerrand. Celui-ci dispose en Provence d’un réseau de confiance pour gérer ses revenus, sans doute lié à son vicaire Reynald de Rocheyo. Il est attesté comme tel dès décembre 1313 à Capoue119. Mais un homonyme sans doute parent mène une belle carrière d’officier royal à la Chambre des comptes d’Aix, comme rational en 1315, trésorier dès 1319, puis maître rational en 1324120. Car Enguerrand doit administrer les divers biens accumulés grâce à la faveur du souverain et situés à proximité d’un patrimoine familial sans doute modeste, si l’on retient notre hypothèse d’une origine dauphinoise du prélat. Par concession royale, le 3 juin 1315, l’archevêque de Capoue et son frère Riquier121 reçoivent ainsi leur vie durant le castrum de Cornillon, dans le Val d’Oule, une enclave angevine en Dauphiné dépendant de la baillie de Sisteron, à charge pour eux d’assurer la surveillance du château et d’entretenir les fortifications122. Le 18 janvier 1316, ils renoncent cependant à cette concession, en échange du castrum de Mison et de la moitié de ses revenus, dans la vallée de la Durance en amont de Sisteron, sous réserve de la garde et de l’entretien de ses défenses123. Le 6 octobre suivant, le roi les leur confirme124, tandis que leur mère, connue par son initiale P., semble avoir bénéficié encore longtemps de rentes tirés de la châtellenie de Cornillon125. À l’été 1332, lors de l’enquête royale menée par l’archiprêtre de Benevento Leopardo da Foligno dans la baillie de Sisteron, ce dernier note que le castrum de Mison relève du domaine royal, mais qu’il est tenu par l’archevêque de Capoue par concession royale à titre personnel126. Le 26 juin 1334, après la mort d’Enguerrand, le roi laisse la moitié des recettes de ce castrum et tous les biens mobiliers qui y ont été trouvés à Riquier de Stella, son frère et héritier127, qui les perçoit toujours en février 1343128.

27Ce dernier mène avec son frère une carrière à l’ombre du roi de Sicile, de même que leur parenté129. C’est sans doute lui qui lui succède en son canonicat de Sisteron, et jusqu’à sa résignation de 1324130. Il cumule un certain nombre de bénéfices, autour de trois pôles : le nord du royaume de France (entre Amiens, Laon et Cambrai), la Provence (le chapitre de Sisteron) et le royaume de Naples. La tendance générale de ses échanges et résignations marque une certaine préférence pour une implantation bénéficiale dans le Regno, au plus près de son maître. Son premier bénéfice fut celui que son frère abandonna en 1312 : le 22 janvier 1324, on apprend en effet que Riquier détenait un canonicat et prébende à Sisteron, lorsqu’il doit les résigner en faveur de Perrolus Rossando de Dompno Medardo131. En 1317132, il administre plusieurs églises à Capoue et Arras, des canonicats à Amiens, Laon et à Capoue, et un autre au chapitre Saint-Géry de Cambrai, auquel il finit par renoncer en janvier 1324, suite à l’appel interjeté par le doyen et le chapitre133. En 1344, il échange son canonicat de Laon contre un bénéfice à Capoue134. Le 16 septembre 1317, il reçoit le canonicat à Laon de Pietro da Guggio, camérier du pape et gardien du trésor de l’Église romaine à Assise, qui vient de décéder135. Comme chanoine de Laon, il exécute une bulle avec son frère archevêque de Capoue le même jour, en faveur de Hugues Ebrardi, qui reçoit une grâce expectative dans le diocèse de Salerno, et de même en 1321136. En octobre 1325, il ajoute une expectative de dignité valable dans le chapitre d’Amiens, où il est déjà prébendé ainsi qu’à Cambrai et Laon, avec l’appui du roi Robert et de la reine Sancie137. Avec le titre de chanoine d’Amiens, il apparaît en mars 1324, comme exécuteur d’une bulle en faveur de Roberto di Adria, chapelain et familier du roi Robert, en vue d’un canonicat à Naples, et de Giovanni di Civitella, clerc et familier du même, pour un bénéfice à Nola138. En 1325, il disposait aussi de deux églises dans le diocèse de Chieti139. À côté de cette carrière bénéficiale, il est surtout lui-même chapelain du roi angevin, conseiller dès 1314, et il mène une carrière administrative liée à la comptabilité, un domaine où l’on a déjà repéré nombre d’interventions d’Enguerrand de Stella : Riquier exerce cette année comme trésorier140. Dès mai 1323, puis en janvier 1325, il porte aussi le titre de maître rational de la grande cour royale, et réside le plus souvent à Naples141. Il disparaît vers 1343142.

28Riquier, tout comme son frère Enguerrand, se trouvent au cœur de réseaux alliant officiers et bénéficiers, entre Provence et cour de Naples. Ils participent comme tant d’autres à la maturation d’un milieu qui commence à se mettre en place sous Charles d’Anjou, mais qui connaît son épanouissement sous Charles II. La chapelle, mais aussi le Trésor et bien sûr le conseil royal, constituent des passages récurrents au sein de carrières alliant la parole et la négociation au contrôle des flux matériels. Fondamentaux pour la construction étatique, ces réseaux participent aussi de coteries personnelles et politiques, où émergent notamment les hommes du duc de Calabre. Œuvrant pour le prince et un État en formation, ils sont aussi les rouages de partis et groupes d’opinion mal cernés, mais qui préfigurent sans doute ceux qui se déchireront sous le règne de Jeanne Ire.

29 Lorsque l’on raisonne à l’échelle qui est la nôtre ici, un espace régional du continent latin, ce qui frappe sans doute l’esprit, c’est le rôle qu’ont pu jouer la formation et les affinités intellectuelles au sein des cadres d’une monarchie éclatée, telle celle des souverains angevins. C’est sans doute cette voie-là, celle d’une culture politique, d’une opinion publique à l’échelle des élites administratives et cléricales, qu’il convient sans doute de revisiter pour mieux appréhender ce qui fit un temps la communauté, sinon des territoires angevins, du moins de ceux qui les ont administrés.

Notes de bas de page

1 Registres pontificaux édités par l’École française de Rome, abréviations suivies du nom du pape. LC : Lettres communes. LCu : Lettres curiales. LSCu : Lettres secrètes et curiales. Bénédictins, Les registres de Clément V, Rome, 1884-1892. G. Mollat, éd., Jean XXII (1316-1334) : lettres communes analysées d’après les registres dits d’Avignon et du Vatican, Paris, 1904-1946. A. Coulon puis S. Clémencet, éd., Jean XXII (1316-1334) : lettres secrètes et curiales relatives à la France extraites des registres du Vatican, Paris, 1906-1967. J.-M. Vidal éd., Benoît XII (1334- 1342) : lettres communes analysées d’après les registres dits d’Avignon et du Vatican, Paris, 1903-1911. J.-M. Vidal, éd., Benoît XII (1334-1342) : lettres communes et patentes intéressant les pays autres que la France d’après les registres dits d’Avignon et du Vatican, Pais, 1919-1935. G. Daumet, Benoît XII (1334-1342) : lettres communes, patentes et curiales se rapportant à la France, Paris, 1920. E. Déprez, J. Glénisson et G. Mollat, Clément VI (1342-1352). Lettres closes, patentes et curiales se rapportant à la France publiées ou analysées d’après les registres du Vatican, Paris, 1910-1961.
L’État angevin : Pouvoir, culture et société entre xiiie et xive siècle. Actes du colloque international (Rome-Naples, 7-11 novembre 1995), Paris, 1998. N. Coulet et J.-M. Matz, dir., La noblesse dans les territoires angevins à la fin du Moyen Âge, colloque international d’Angers et Saumur, juin 1998, Paris, 2000. Dans la question des échanges et de la circulation des carrières et des honneurs, c’est l’aristocratie qui a connu les plus importantes avancées, avec la question des échanges intellectuels et artistiques, mais la Provence y occupe une place secondaire : S. Pollastri, Le lignage et le fief : l’affirmation du milieu comtal et la construction des états féodaux sous les Angevins de Naples, 1265-1435, Paris, 2011 ; J. Dunbabin, The French in the Kingdom of Sicily, 1266-1305, Cambridge, 2011.

2 M.-M. Cévins et J.-M. Matz dir., Formation intellectuelle et culture du clergé dans les territoires angevins (milieu du xiiie-fin du xve siècle), colloque d’Angers, 15-16 novembre 2002, Paris, 2005.

3 A. M. Voci, « La cappella di Corte dei primi sovrani angioini di Napoli », dans L’État angevin : Pouvoir, culture et société entre xiiie et xive siècle, Paris, 1998, p. 447-474. A. Kiesewetter, « La cancelleria angioina », dans L’État angevin : Pouvoir, culture et société entre xiiie et xive siècle, p. 360-415.

4 T. Pécout, Ultima ratio. Vers un État de raison. L’épiscopat, les chanoines et le pouvoir des années 1230 au début du xive siècle (provinces ecclésiastiques d’Arles, Aix et Embrun), Mémoire de recherche, Habilitation à diriger les recherches, 2011, université de Paris I (dactylographié).

5 G. Galasso, Il Regno di Napoli. Il mezzogiorno angioino e aragonese (1266-1494), Turin, 1999, p. 476.

6 Saluons l’entreprise éditoriale menée actuellement par Giancarlo Bova à propos des archives archiépiscopales de Capoue (Corpus Membranarum Capuanarum) : G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 1 (1266-1269), Naples, 2008 ; Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 2 (1270-1273), Naples, 2010 ; Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 3 (1274-1277), Naples, 2012.

7 Celle d’Arles comporte les diocèses d’Arles, Marseille, Toulon et Avignon, mais nous n’examinerons pas ici ceux du comté Venaissin (Vaison, Cavaillon et Carpentras) ni ceux d’Orange et de Saint-Paul-trois-Châteaux. Celle d’Aix : Aix, Apt, Fréjus, Riez, mais les diocèses de Sisteron et de Gap sont en partie sous domination dauphinoise. Dans celle d’Embrun enfin, la majeure partie de l’archidiocèse concerne le Dauphiné, mais tous les suffragants sont provençaux : Nice, Vence, Grasse, Senez, Glandèves et Digne.

8 N. Kamp, « Chiesa locale ed unità nel regno tra Normanni ed Angioini », dans C. D. Fonseca, H. Houben, B. Vetere, dir., Unità politica e differenze regionali nel regno di Sicilia. Atti del convegno internazionale di studio in occasione del’VIII centenario della morte di Guglielmo II, re di Sicilia (Lecce-Potenza, 19-22 aprile 1989), Lecce, 1992, p. 151 ; G. A. Loud, The Latin Church in Norman Italy, Cambridge, 2007. N. Kamp, Kirche und Monarchie im Staufischen Königreich Sizilien, Prosopographische Grundlegung : Bistümer und Bischöfe des Königreichs 1194-1266, 1, Abruzzen und Kampanien, Munich, 1973 et 2, Apulien und Kalabrien, Munich, 1975.

9 Aversa, Montecassino, Gaeta, Aquino, Fondi, Sessa, Cava, Ravello, Triverto, Sora.

10 C. D. Fonseca, « L’episcopato Monopolitano tra il xiv e il xvii secolo : ricerche prosopografiche », dans C. D. Fonseca, Particolarismo istituzionale e organizzazione ecclesiastica del Mezzogiorno medievale, Galatina 1987, p. 171-184.

11 Galasso G., Il Regno di Napoli. Il mezzogiorno angioino e aragonese (1266-1494), Turin, 1999, p. 476.

12 C. D. Fonseca, Particolarismo istituzionale, op. cit., p. 147-170.

13 A. Chiama A. et T. Pécout, Les obituaires du chapitre cathédral Saint-Sauveur et de l’église Sainte-Marie de la Seds d’Aix-en-Provence, Paris, 2010, no 806.

14 Mais il pourrait s’agir aussi d’un parent de Raymond Berengarii, qui fut prévôt de Fréjus en 1223 puis évêque de c. 1235 jusqu’en 1248. Il appartient à la famille des anciens vicomtes d’Avignon : c’est un parent de l’évêque de Fréjus Guilaume de Ponte († 1202). Raymond, qui dispose d’une résidence à Aix dès 1239, fut un actif collaborateur du comte Raymond Bérenger V et il est membre du conseil de régence prévu par le testament comtal de 1238. Sur cet évêque de Fréjus : T. Pécout, Ultima ratio. Vers un État de raison, op. cit.

15 Il est issu de la noblesse romaine, sous-diacre du pape et chanoine de Santa Maria in Transtevere, et ne sera jamais consacré non plus. N. Kamp, Kirche und Monarchie im Staufischen Königreich Sizilien, Prosopographische Grundlegung : Bistümer und Bischöfe des Königreichs 1194- 1266, 2, Apulien und Kalabrien, Munich, 1975, p. 943-945. Giovanni est élu à Cassano au début de l’année 1252 : le 21 janvier et le 15 février, il est encore qualifié d’élu (L Innocent IV, nos 5550-5551), et c’est toujours le cas le 1er octobre 1254 (L Innocent IV, n° 8077).

16 Giordano a dû parvenir à l’épiscopat à la suite de la victoire de Charles d’Anjou en février 1266 à Benevento. Le légat est attesté en Calabre en janvier-mars puis septembre-octobre 1267.

17 N. Kamp, Kirche und Monarchie, 2, p. 946-947 et p. 1002-1005.

18 Il semble que Clément IV ait alors pensé à la candidature de maître Hélie, peut-être son chapelain et auditeur général Hélie Peleti, ce qui a suscité l’opposition de Giovanni Gaetani Orsini, cardinal diacre de San Nicola in Carcere Tulliano (L Clément IV app., n° 1176, 9 février 1267 et N. Kamp, Kirche und Monarchie, 2, p. 947 n. 69).

19 Le légat Rodolphe de Chevrières, cardinal d’Albano, est chargé par le pape de pourvoir le siège en mai 1267 (L Clément IV app., n° 1195).

20 L Clément IV, nos 613 et 1284. Marco d’Assisi OFM, élu sans la dispense de son ministre général, bénéficie de la grâce du pape qui l’autorise à se maintenir sur le siège de Cassano, le 20 avril 1268. Il est collecteur de la décime en Calabre et en Sicile en 1275-1280 : P. Sella, Rationes decimarum Italiae nei secoli xiii e xiv. Sicilia, Vatican, 1944, nos 3, 34, 97. N. Kamp, Kirche und Monarchie, 2, p. 947-948.

21 A. Saba, « Bernardo I abate di Montecassino », Bollettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo e Archivio muratoriano, 47, 1932, p. 217-226. T. Leccisotti, « Aiglerio, Bernardo », dans Dizionario biographico degli Italiani, 1, Rome, 1960, p. 520-521. P. H. Mosher, « Abbot Bernard I of Montecassino and the Fate of Benedictine Monasticism in the Thirteenth Century », Benedictina, 20, 1973, p. 109-120.

22 Sur ces aspects, je renvoie à mon travail à paraître : T. Pécout, Ultima ratio. Vers un État de raison. L’épiscopat, les chanoines et le pouvoir des années 1230 au début du xive siècle (provinces ecclésiastiques d’Arles, Aix et Embrun), Mémoire de recherche, Habilitation à diriger les recherches, 2011, université de Paris I (dactylographié).

23 La plupart des références concernant Ayglier et son frère Bernard Ayglier se trouvent dans N. Kamp, Kirche und Monarchie im Staufischen Königreich Sizilien. Prosopographische Grundlegung : Bistümer und Bischöfe des Königreichs 1194-1266, 1, Abruzzen und Kampanien, Munich, 1973, p. 329-333.

24 E. Magnani-Soares-Christen, « Réseau de dépendances et structure ecclésiale de Lérins (xie-milieu du xve siècle) », dans M. Labrousse et al., Histoire de l’abbaye de Lérins, Bellefontaine, 2005, p. 213-222.

25 H. Moris et É. Blanc, éd., Cartulaire de l’abbaye de Lérins, 2, Paris, 1905, n° 4, et notice, H. Moris et É. Blanc éd., Cartulaire de l’abbaye de Lérins, 1, Paris, 1883, n° 325. L.-H. Labande, « Bullaire de l’abbaye de Lérins, essai de reconstitution (vie-xiiie siècle) », Annales de la société des Lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, 24, 1922-1923, n° 77, p. 173-182. Il s’agit de la première confirmation pontificale énumérant les possessions du monastère. On y dénombre 74 implantations organisées par diocèse. La présence de la toponymie locale et d’une certaine précision géographique supposent un travail préparatoire, une recherche de titres et d’archives, effectué localement puis soumis à la chancellerie pontificale.

26 E. Hildesheimer, « Une possession de l’abbaye de Lérins : l’hôpital de Saint-Antoine de Gênes », dans Actes du IIe congrès historique Provence-Ligurie, Grasse, 11-14 octobre 1968, Bordighera, 1971, p. 68-85. A. Cossa, « Les possessions de l’abbaye de Lérins à Gênes au Moyen Âge », dans Institut historique de Provence. Congrès de Nice, 19-23 avril 1927, Comptes rendus et mémoires, Marseille, 1928, p. 178-186.

27 L.-H. Labande, « Bullaire de l’abbaye de Lérins, essai de reconstitution (vie-xiiie siècle) », Annales de la société des Lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes, 24, 1922-1923, n° 73, p. 171-172.

28 Id., « Bullaire de l’abbaye de Lérins », n° 79, p. 182, 7 décembre 1262.

29 A. Bernard, éd., Cartulaire de l’Abbaye de Savigny. Suivi du petit Cartulaire de l’Abbaye d’Ainay, Paris, 1853, p. CII-CIII.

30 Henri de Suse lègue un volume de Décrétales à l’archevêque de Naples Ayglier dans son testament de 1271, ou à défaut à son frère Bernard, abbé de Montecassino. A. Paravicini Bagliani, I testamenti dei cardinali del duecento, Rome, 1980, p. 135.

31 L Urbain IV, n° 512, 29 mars 1263 : Urbain IV rappelle la situation confuse prévalant au Montecassino avec la nomination par Manfred de l’abbé Theodinus, ancien infirmier du monastère, contesté par le pape du fait de l’irrégularité canonique de sa nomination, et le choix porté sur Bernard, l’abbé de Lérins.

32 Son frère Ayglier, moine bénédictin puis abbé à Saint-Martin d’Ainay de 1252 à 1266, sur l’Île-Barbe au diocèse de Lyon, devient archevêque de Naples grâce à Clément IV le 29 octobre 1266 (N. Kamp, Kirche und Monarchie im Staufischen Königreich Sizilien, op. cit., 1, Abruzzen und Kampanien, p. 329-333 ; A. Paravicini Bagliani, I testamenti, op. cit., p. 11, avril 1266 : acquisition d’une rente léguée par feu Pietro da Collomezzo, cardinal d’Albano). Ayglier porte aussi le titre de chapelain du pape. Il administre l’abbaye de Montecassino en l’absence de son frère Bernard en 1270. Il participe au concile de Lyon en juillet 1274. Ayglier est postulé comme patriarche de Jérusalem et administrateur de Saint-Jean d’Acre vers 1278 et meurt le 6 novembre 1281. M. del Treppo, s. v. « Aiglerio », dans Dizionario biographico degli Italiani, 1, Rome, 1960, p. 520.

33 Le patriarche de Jérusalem et ancien archevêque de Cosenza Tommaso da Lentini, favorable à Charles d’Anjou, décède en 1277, et l’élection d’Ayglier s’inscrit dans le contexte d’un recours à Charles pour la défense des territoires latins de Terre Sainte et l’installation sur place de fidèles du roi de Sicile, marqué par son accession au trône de Jérusalem en juillet 1277. Le 15 mai 1278, Nicolas III pourvoit le prêcheur Jean au patriarcat, après avoir rejeté la postulation d’Ayglier (L Nicolas III, n° 53). G. L. Borghese, Carlo I d’Angiò e il Mediterraneo. Politica, diplomazia e commercio internazionale prima dei Vespri, Rome, 2008, p. 185-189.

34 La mission de Bernard Ayglier auprès du roi de Hongrie, en compagnie d’Amiel d’Agoult, débute quelque temps à peine après son investiture au Montecassino, ibid., p. 40-41. L Grégoire X, nos 487, 491, 28 juillet 1274, mission pour le compte du pape, de Philippe de Courtenay et de Charles d’Anjou. Bernard Ayglier quitte le concile de Lyon en compagnie des nonces de l’empereur Michel Paléologue et négocie une trêve à Constantinople à la fin de l’automne 1274 : G. L. Borghese, ibid., p. 126-127.

35 Lorsque Béatrice de Provence teste le 30 juin 1266 à Lagopesole en faveur de son fils Charles de Salerno, elle élit sépulture dans l’église des Hospitaliers d’Aix aux côtés de son père Raymond Bérenger V, et des travaux d’agrandissement sont sans doute alors entrepris (testament en présence notamment de Bartolomeo Pignatelli archevêque de Messine, de Jean d’Acy doyen de Meaux, de Barral de Baux et de Geoffroi de Beaumont, chancelier de Bayeux : C. Minieri Riccio, Genealogia di Carlo I. d’Angiò, prima generazione, Naples, 1857, n° 29, p. 156-163 ; G. Del Giudice, Codice diplomatico del regno di Carlo I. et II. d’Angiò, 1, Naples, 1863, p. 154-165). Mais la mort l’emporte à Nocera le 23 septembre 1267, et elle est inhumée à la cathédrale de Naples. En juillet 1268, à la suite de la plainte déposée par le prieur des Hospitaliers de Saint-Gilles Féraud de Barras, le pape Clément IV ordonne son transfert à Aix, conformément à ses dispositions testamentaires (A. Ruffi, Histoire des comtes de Provence enrichie de plusieurs de leurs portraits, de leurs sceaux et de leurs monnoyes, Aix, 1655, p. 213). C’est alors que Charles d’Anjou fait entreprendre en l’église Saint-Jean la construction du tombeau de son épouse, à partir de 1272, face à celui de son beau-père, et que l’ensemble funéraire se voit placé dans un nouvel environnement architectural. Des dispositions sont prises en novembre 1272 pour les travaux nécessités par la construction du mausolée et l’érection de nouveaux autels (J. Delaville-Le Roux éd., Cartulaire général des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, 1100-1310, Paris, 1894-1906, 3, n° 478). Après injonctions pontificales et les premières dispositions prises dès novembre 1273 auprès du prévôt d’Aix, le roi se décide à faire respecter les dernières volontés de son épouse Béatrice de Provence (C. Minieri Riccio, Genealogia di Carlo I. d’Angiò, prima generazione, Naples, 1857, n° 30, p. 161, 2 novembre 1273). Le 30 avril 1277, Ayglier est chargé de transférer ses restes depuis Palerme, jusqu’à l’église Saint-Jean d’Aix, conformément à ses dispositions testamentaires (C. Minieri Riccio, Genealogia, n° 31, p. 162). Le 1er avril 1277, l’église paraît bien avancée et peut se préparer à accueillir la dépouille de Béatrice de Provence rapatriée à la fin du mois de juin (C. Minieri Riccio, Genealogia di Carlo I. d’Angiò, prima generazione, Naples, 1857, n° 32, p. 163, ordres pour le transfert, 10 et 24 mai 1277). J.-P. Boyer, « La “foi monarchique” : royaume de Sicile et Provence (mi xiiie - mi xive siècle) », dans P. Cammarosano, dir., Le forme della propaganda politica nel Due e nel Trecento, Rome, 1994, p. 85-110.

36 D. U. B., « Le regeste de Bernard Aylier, abbé du Montcassin », dans Revue bénédictine, 8, 1891, p. 184-188 ; F. Avagliano, « Il Registro II di Bernardo Aiglero, abate di Montecassino (1263-1283 », dans H. Mordek, dir., Aus Kirche und Reich. Studien zur Theologie, Politik und Recht im Mittelalter. Festchrift für Friedrich Kempf zu seinem Fünfundsiebsiebenstigsten Geburstag, Sigmaringen, 1983, p. 363-370. Sur l’action réformatrice de l’abbé, son usage de l’enquête à partir de 1267 comme instrument de reprise en main, ses méthodes et leurs interprétations anthropologiques : L. Feller, « Adoption et servage en Italie centrale au xiiie siècle. L’exemple de la seigneurie du Mont-Cassin », dans E. Cuozzo, V. Déroche, A. Peters-Custot et V. Prigent, Puer Apuliæ. Mélanges offerts à Jean-Marie Martin, Paris, 2008, p. 277-289 ; idem, « Les enquêtes seigneuriales de Bernard Ier Ayglier, abbé du Mont-Cassin (1267-1270) », dans J. Claustre, O. Mattéoni, N. Offenstadt, dir., Un Moyen Âge pour aujourd’hui. Mélanges offerts à Claude Gauvard, Paris, 2010, p. 326-338.

37 Il laisse des ouvrages sur l’édification des moines, un Speculum monachorum où il déduit des éléments de la règle ce qui relève du précepte et du conseil et propose une exaltation du monastère spirituel, et une In regulam sancti Benedicti expositio. H. Walter, « Das Speculum Monachorum des Abtes Bernhard I. von Cassino », dans Studien und Mittheilungen aus den Benediktiner und dem Cisterciensen Orden, 21, 1900, p. 411-423, et 22, 1901, p. 32-48. Pour Bernard Ayglier, le monastère reste la seule voie de perfection, comme symbole physique de la stabilité. Il tente de répondre à l’influence des Cisterciens, en discutant leur relation au travail, et de même aux Mendiants, en leur opposant la stabilité du moine. Ses réformes administratives visent à rendre possible cette dernière.

38 P. Amargier, Un âge d’or du monachisme, Saint-Victor de Marseille (990-1090), Marseille, 1990, p. 187.

39 F. Widemann, « Les Rufolo. Les voies de l’anoblissement d’une famille de marchands en Italie méridionale », dans La noblesse dans les territoires angevins, op. cit., p. 115-130, ici p. 125 ; F. Widemann, « Jean de Comines, religieux et homme politique. Enquête sur un procès à la cour de Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile », dans P. Peduto, F. Widemann éd., L’ambiente culturale a Ravello nel Medioevo ; il caso della famiglia Rufolo, Bari, 2000, p. 165-242 ; F. Widemann, « Jean de Comines, premier comte-évêque du Puy », Cahiers de la Haute-Loire, 2001, p. 87-95. Je remercie François Widemann pour son aide obligeante à propos de la carrière de cet abbé.

40 Sur la politique de Charles II au regard de l’épiscopat de Provence : T. Pécout, Ultima ratio. Vers un État de raison, op. cit.

41 A. M. Voci, « La cappella di corte dei primi sovrani angioini di Napoli », Archivio Storico per le provincie napoletane, 113, 1995, p. 69-126, et ici p. 96-97.

42 C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou relatifs à la Provence extraits des registres détruits des archives de Naples (1314-1316) », Bulletin philologique et historique du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1946-1947, Paris, 1950, p. 119-195, et ici p. 134-135. A. M. Voci, « La cappella di corte », p. 97-98. C. Gadrat, « La bibliothèque de saint Louis d’Anjou, évêque de Toulouse », Revue Mabillon, n. s. 14, 2003, p. 179-202, ici p. 189. J. Paul, « Saint Louis d’Anjou, franciscain et évêque de Toulouse (1274-1297) », Cahiers de Fanjeaux, 7, Les évêques, les clercs et le roi (1250-1300), Toulouse, 1972, p. 59-90, et ici p. 66.

43 C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou », n° 16, p. 140 ; n° 8, p. 138 ; n° 191, p. 179 ; n° 193, p. 180. J.-L. Bonnaud, Un État en Provence. Les officiers locaux du comte de Provence au xive siècle (1309-1382), Rennes, 2007, Annexe II, n° 1127.

44 J.-L. Bonnaud, Un État en Provence, op. cit., n° 1128.

45 LC Benoît XII, n° 6805 ; A. M. Voci, « La cappella di corte », p. 124.

46 É.-G. Léonard, La jeunesse de Jeanne Ire, 1, p. 147, 162. F. Cortez, Les grands officiers royaux de Provence, Paris, 1921, p. 226. J.-L. Bonnaud, Un État en Provence, op. cit., n° 186.

47 L Boniface VIII, n° 4745, avant septembre 1302.

48 J. Paul, « Saint Louis d’Anjou », p. 66. C. Gadrat, « La bibliothèque de saint Louis d’Anjou », p. 189.

49 L Boniface VIII, n° 4745, 9 septembre 1302.

50 LC Clément V, no 3940. Bojano, prov. Campobasso, Molise, et province ecclésiastique de Benevento.

51 R. Caillemer, « Les débuts de la science du droit en Provence : Iohannes Blancus Massiliensis », dans Congrès des sociétés savantes de Marseille, juillet - août 1906, comptes rendus et mémoires, Aix-en-Provence-Marseille, 1907, p. 767-792. G. Giordanengo, « Jean Blanc, feudiste de Marseille, xiiie siècle », Annales de la faculté de droit de Bordeaux I, 2, 1978, p. 71-93 ; id., Le droit féodal dans les pays de droit écrit, Paris, 1988, p. 141-143 et 167, n. 72.

52 AD13, 6G 38, n° 241, 18 août 1306 : le chanoine a dû s’absenter longtemps avant cette date, pour le service du roi à Naples et dans les Pouilles.

53 AD13, B 449.

54 J. H. Albanès, L. Fillet et U. Chevalier, éd., Gallia Christiana Novissima, Montbéliard-Valence, 1899-1901 [abrégé désormais en GCNN] : GCNN, Arles, n° 1412. L. Cadier, Essai sur l’administration du royaume de Sicile, Paris, 1891, p. 251-252. Y. Dossat, « L’Université de Toulouse, Raymond VII, les Capitouls et le roi », Cahiers de Fanjeaux, 5, Les Universités du Languedoc au xiiie siècle, Toulouse, 1970, p. 75-76. G. Giordanengo, s. v. « Ferrières, Pierre de », dans P. Arabeyre, J.-L. Halpérin, J. Krynen, Dictionnaire historique des juristes français, xiie xxe siècle, Paris, 2007, p. 327-328.

55 T. de Morembert, Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastique, 16, 1967, col. 1287-1288 ; G. Giordanengo, Lexikon des Mittelalters, 4, 1989, p. 397-398. Il est l’auteur d’un petit traité, De mero et mixto imperio (Naples, Bibl. Nazionale III A 6, fol. 167av-168b), d’additions à la Glose d’Accurse, au Digeste et au Code. On connaît le contenu de sa bibliothèque : M.-H. Jullien de Pommerol et J. Monfrin, éd., Bibliothèques ecclésiastiques au temps de la papauté d’Avignon, 2, Inventaires de prélats et de clercs français. Édition, Paris, 2001, 2, 307.8, p. 52-54.

56 Processus canonizationis et legendæ variæ sancti Ludovici O. F. M. episcopi Tolosani, Analecta franciscana, 7, Quaracchi-Florence, 1951, p. 76 et n° 29, p. 452-455.

57 Sur ce milieu : J.-P. Boyer, « Le droit civil entre studium et cour de Naples », dans J.-P. Boyer, A. Mailloux et L. Verdon, dir., La justice temporelle dans les territoires angevins aux xiiie et xive siècles. Théories et pratiques, colloque d’Aix-en-Provence, 21-23 février 2002, Paris, 2005, p. 47-82.

58 Sa première mention comme chancelier date du 15 avril 1296 (S. Palmieri, La cancelleria del regno di Sicilia in età angioina, Naples, 2006, p. 167 et n. 299) ; de même, 3 octobre 1298 (L Boniface VIII n° 2789). Toutefois, l’époque voit la charge de chancelier perdre de sa valeur au profit du lieutenant du logothète, mais l’activité de Pierre de Ferrières en Provence est loin d’être négligeable. S . Palmieri, La cancelleria del regno di Sicilia, p. 167-168. Sur les chanceliers et vice-chanceliers de Charles II : A. Kiesewetter, « La cancelleria angioina », art. cit., p. 383- 384 : Pierre de Ferrières succède à Adam de Douzy, attesté en 1291 et mort le 25 août 1294 (Adam de Douzy, chanoine de Chartres, est élu archevêque de Cosenza, mais fait reporter plusieurs fois le délai de sa consécration : L Nicolas IV, n° 5481, 29 juin 1291) ; il est suivi lui-même par Jacques Duèze en 1308-1310.

59 AD04, 1G 25, 14 avril 1298.

60 L Boniface VIII, nos 18 et 221.

61 Le 23 décembre 1299, il est nommé évêque de Lectoure, grâce à l’intervention de Boniface VIII dans l’élection du chapitre (L Boniface VIII, no 3289), et en février suivant il réorganise le temporel suite aux aliénations de son prédécesseur (L Boniface VIII, n° 3439).

62 Le 22 décembre 1301, il est transféré à Noyon (L Boniface VIII, n° 4260).

63 L Boniface VIII, n° 2790, à la mort de l’archevêque de Salerno Filippo. Guillaume de Godonio est originaire du Quercy. Il est lieutenant du chancelier de Sicile en 1296 puis chancelier du duc de Calabre. Il obtient l’archevêché de Salerno après la renonciation de Pierre de Ferrières le 3 octobre 1298, puis reçoit plusieurs dispenses pour différer sa consécration entre 1299 et 1303, grâce à l’appui de Robert de Calabre. Il est mort avant le 22 janvier 1306. S. Palmieri, La cancelleria, op. cit., p. 169 et 176.

64 Le 23 août 1303 il est élu par voie de scrutin à l’archevêché d’Arles dont il prend possession en 1304. Ses tâches pastorales sont faiblement attestées.

65 A. M. Voci, « La cappella di corte », p. 109-113. On doit préférer la localisation de Morières (Vaucluse) à celles de Moriez (Alpes-de-Haute-Provence) ou de Mouriès (Bouches-du-Rhône), les formes anciennes de ces deux toponymes étant Morerio et Moreriis.

66 C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou », n° 78, p. 153.

67 C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou », nos 127-128, p. 163. Un neveu, peut-être le même, Jean Manenti de Salon, est cité le 2 juin 1315 : F. Mazel, La noblesse et l’Église en Provence (XIe-xive siècle). L’exemple des familles d’Agoult-Simiane, de Baux et de Marseille, doctorat d’histoire, université d’Aix-Marseille I, 2000 (dactylographié), 4, no 448, p. 425.

68 C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou », n° 87, p. 155.

69 Sur les réseaux de Jacques Duèze avant son accession au cardinalat : T. Pécout, « Fréjus, ses évêques et les comtes angevins autour de 1300 : l’épiscopat de Jacques Duèze », dans J.-P. Boyer et T. Pécout, dir., La Provence et Fréjus sous la première maison d’Anjou (1246-1382), Aix-en-Provence, 2010, p. 93-120, et « Jacques Duèze évêque de Fréjus (1300-1310) », Cahiers de Fanjeaux, 45, Jacques Duèze – Jean XXII et le Midi, Toulouse, 2012, p. 41-68.

70 AD13, B 449, 450, 454 (il est alors chapelain du pape, en 1321) et B 457 en 1323 pour Perronus.

71 LC Jean XXII, n° 18590, 5 décembre 1323 : l’archevêque de Capoue est chargé de confirmer le nouvel évêque de Sessa, Giacomo de Matricio.

72 Jean Cabassole (c. 1263-1342) est un grand officier : né à Cavaillon, mort à Avignon, chevalier, Professeur de droit civil, familier du roi, juge d’Aix et de Martigues en 1289 et de nouveau en 1299, juge mage de Provence en 1302-1307, juge des premières appellations (1314-1316), maître rational et conseiller du roi (1308-1342). Dès 1307, il se voit confier des missions diplomatiques. Il est l’oncle de Philippe de Cabassole († 1372), chanoine de Cavaillon, d’Apt, puis évêque de Cavaillon en 1334, vice-chancelier du roi en 1333-1343, chancelier de la reine Jeanne en 1343- 1347, patriarche de Jérusalem en 1360, recteur du comté Venaissin en 1362, évêque de Marseille en 1367, et cardinal en 1368. F. Cortez, Les grands officiers royaux de Provence, Paris, 1921, p. 112, 113, 156-159, 160-161, 205-212. M. Hayez, s. v. « Cabassole, Jean », dans Dizionario degli Italiani, 15, Rome, 1972, p. 676-678. Sur l’activité diplomatique de Jean : T. Pécout, « Diplômes, diplomates et diplomatie : le registre du maître rational Jean de Revest, procureur de la reine Jeanne in Romana Curia, 1343-1347 », dans Z. Kordé et I. Petrovics, dir., La diplomatie des États angevins aux xiiie et xive siècles, colloque international de Szeged, Visegrad et Budapest, 13-16 septembre 2007, Szeged, 2010, p. 227-263.

73 Durant le séjour provençal du roi Robert, entre 1319 et 1324, principalement à Avignon, l’entourage du souverain comporte quelques prélats venus du royaume de Naples (AD13, B 449-B 462). Le roi est attesté à Avignon, au couvent des frères prêcheurs, dès le 13 août 1319 ; il quitte la Provence le 20 avril 1324, comme le signale une mention de l’archivaire sur la couverture d’un registre de la Chambre des comptes (AD13, B 1469, cahier 4, couverture du registre). Outre les grands officiers autour des sénéchaux successifs Jean Baudi et Rinaldo di Scaletta, du juge mage de Provence Bonifacio da Fara, des lieutenants du protonotaire Giovanni di Lando de Capoue et Giovanni Grillo de Salerno, de membres de la grand cour royale de Naples et de la Chambre des comptes d’Aix (maîtres rationaux, rationaux, procureurs fiscaux, trésoriers, archivaire), le grand amiral de Sicile Corrado Spinola, outre le personnel de l’hôtel royal (chambellans, maréchal, grand panetier, magister hostiarius), des nobles et des milites du Regno et de Provence, on rencontre assez peu de prélats, en écho au rôle restreint qu’ils occupent au conseil royal. Parmi les évêques de Provence, on dénombre Guillaume, évêque de Nice, Elzéar de Glandevès, évêque de Toulon, Guillaume Stephani, évêque de Gap et Barthélemy Grassi évêque de Fréjus. Parmi ceux du Regno, voici le frère François Brun évêque de Gaeta, frère Rostaing archevêque de Naples (en 1320), Onofrio puis Arnaldo archevêques de Salerno, et surtout Enguerrand de Stella, archevêque de Capoue, familier domestique et conseiller, le plus fréquemment attesté, à Avignon et à Aix. S’y adjoignent Pierre de Moreriis, chapelain et secrétaire du roi, et frère Élion de Villeneuve, maître des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, ainsi que l’abbé Thonino Treslegardi, clerc du roi.

74 Citons celle de 1355, quand Jeanne Ire et Louis de Tarente commettent en Provence leurs conseillers l’archevêque de Capoue Giovanni della Porta (1353-1358), son collègue de Brindisi, le dominicain Pino (1352-1379), et le noble Matteo della Porta, professeur de droit civil, régent de la Cour de la Vicairie et maître rational. Sur cette commission : T. Pécout, « Une quatrième enquête générale en Provence ? L’enquête du sénéchal Foulque d’Agoult en 1364-1365 », Rives méditerranéennes, 37, Aix-en-Provence, 2010, p. 87-97 et « Le personnel des enquêteurs en Provence angevine : hommes et réseaux, 1251-1365 », dans T. Pécout dir., Quand gouverner, c’est enquêter. Les pratiques politiques de l’enquête princière, Occident, xiiie - xive siècles, actes du colloque d’Aix-en-Provence et Marseille, 19-21 mars 2009, Paris, 2010, p. 329-355.

75 AD13, B 483bis.

76 Buonaccorso da Firenze, fils de Giovanni da Firenze, docteur en décret du studium de Bologne, obtient un canonicat à Ferrara en juillet 1311, puis l’archidiaconat, et enfin un canonicat à Capoue, ainsi qu’une expectative à Florence. Le 4 mai 1324, il est pourvu évêque de Tricarico avec l’appui du roi Robert. Il est probable qu’il a fait partie de la suite de ce dernier en Provence, où il est demeuré jusqu’à sa mort en 1325. Seule sa pierre tombale témoigne de son parcours : A. Chiama et T. Pécout, Les obituaires du chapitre cathédral, op. cit., p. 373.

77 LC Clément V, n° 10145. Il paraît à nouveau en 1318 : É. Baluze, Miscellanea novo ordine digesta, 1, Lucques, 1761, p. 208.

78 LC Jean XXII, nos 19156 et 19246. Le 1er et le 4 juin, ses anciens bénéfices sont redistribués : la prévôté de Riez échoie à Raymond Johannis alias Lascoutz, familier du pape, et l’église de Saint-Martin de Brômes à Hugues Servelli (LC Jean XXII, nos 19673 et 19692).

79 LC Jean XXII, n° 24426.

80 Les Corvo sont bien attestés dans la cité de Riez à la fin du xiiie siècle. T. Pécout, « La ville de Riez. L’espace urbain à travers les documents écrits. Apports et limites pour les xie-xve siècles », dans P. Borgard, dir., Riez une capitale en Haute Provence, de l’Antiquité aux Temps modernes, Actes du colloque international de Digne et Riez, 25-27 septembre 2009, Aix-en-Provence, à paraître.

81 LSCu France Jean XXII, nos 63, 476 et 574 (20 novembre 1316, 18 janvier 1318 et c. 1317-1318). Jacques de Corvo place aussi les siens. Le 9 septembre 1316, son probable parent Guillaume Peregrini de Corvo obtient grâce à la reine Clémence un canonicat à Gap et une expectative de bénéfice à Aix (LC Jean XXII, nos 873 et 874). Bérengère de Corvo est élue le 11 avril 1325 comme abbesse de Sainte-Claire d’Avignon, avec l’aval de l’archevêque Gasbert de Valle (LSCu France Jean XXII, n° 2464). À la mort de l’évêque, ses familiers et frères prêcheurs Jacques Alays et Pierre de Corvo détiennent une partie de ses biens mobiliers (LSCu France Clément VI, n° 2057, 21 octobre 1345).

82 A. Theiner, Vetera monumenta historica Hungariam sacram illustrantia, 1, Rome, 1859, n° 732, p. 479-480, 21 août 1322 ; n° 738, p. 483-484, 10 novembre 1322 ; et n° 755, p. 494, le 18 décembre 1323. Il continue alors à être le « serviteur zélé » de la reine : n° 767, p. 500, le 15 juillet 1324.

83 A. Theiner, Vetera monumenta, 1, n° 777, p. 504-505 et LC Jean XXII, nos 24662 et 24665, 13 mars 1326.

84 GCNN, Toulon, col. 190-231 ; LC Jean XXII, nos 50683 et 50644, 31 août 1330, transfert à Toulon après que l’élection de l’archidiacre Guillaume Bremondi eut été cassée par le pape. V. Fraknói, Magyarország egyházi és politikai összeköttetései a római szentszékkel [Les relations ecclésiastique et politique entre la Hongrie et le Saint-Siège], 1, Budapest, 1901, p. 145-148. Je remercie Attila Gyorkos, de l’université de Debrecen, pour son aide très obligeante à propos de la carrière hongroise de Jacques de Corvo. Sur Clémence de Hongrie, dans une perspective d’histoire de l’art : M. Proctor-Tiffany, Portrait of a Medieval Patron : The Inventory and Gift Giving of Clémence of Hungary, Ph. D. Dissertation, Brown University, Providence (RI), 2007.

85 LSCu France Jean XXII, nos 2001, 2057 et 2075.

86 Il semble que le Richarius Johannis Caroni de Stella, qui reçoit une expectative de canonicat et prébende à la collégiale Saint-Jean-du Bourg de Laon le 13 novembre 1323, soit plutôt à rattacher au milieu picard (LC Jean XXII, n° 18465). De même le clerc d’Amiens Laurent Velluti de Stella, devenu chanoine à Saint-Géry de Cambrai le 1er août 1326 (LC Jean XXII, no 26160). Il reste que le frère d’Enguerrand de Stella, Riquier, a eu une longue carrière comme chanoine d’Amiens entre 1317 et 1343, qu’il est bien attesté dans les listes capitulaires locales en 1318, 1320, 1326 et 1335, et disposait de biens à Folies, au sud-est d’Amiens (Somme, cant. Rosières-en-Santerre) : H. Millet, Les chanoines du chapitre cathédral de Laon, 1272-1412, Rome, 1982 (je remercie amicalement l’auteur de m’avoir communiqué ces références).

87 Un groupe familial allié aux Signes et aux vicomtes de Marseille, possessionné dans le comté d’Avignon et le centre Var actuel, comprenant un évêque de Cavaillon (Ingilran), use de ce nom dès l’an mil : G. Démians d’Archimbaud, Les fouilles de Rougiers. Contribution à l’archéologie de l’habitat rural médiéval en pays méditerranéen, Paris, 1980, p. 30-31.

88 Dès les années 1080, le miles Malfred de Stella était cité à propos de Chorges, près de Gap (B. Guérard, éd., Cartulaire de l’abbaye de Saint-Victor, Paris, 1857, no 1089). Le patronyme est repéré dans la région de Sisteron : l’obituaire de la cathédrale de Forcalquier mentionne le clerc Bertrand de Stella, diacre de cette église, au 10 mai, et un Guillaume de Stella apparaît comme confront pour des biens au même endroit, où il possède aussi une maison (J. Roman, Obituaire du chapitre de Saint-Mary de Forcalquier (1074-1593), Digne, 1887, p. 30 et 48).

89 Un Bitherus de Stella est élu abbé de Montecassino, puis récusé par Jean XXII qui pourvoit le 16 février 1317 le prieur de La Celle Isnard de Pontevès (de la famille des Agoult-Pontevès, moine de Saint-Victor de Marseille, docteur en décrets, il est prieur du monastère de La Celle en 1309-1317 ; il décède vers 1319 ; LC Jean XXII, nos 2850 et 10353). Un Foulque de Stella est chanoine d’Avignon en août 1308, quand il participe sur ordre de Clément V à la procédure contre le Temple (LCu Clément V, n° 3406, 3451, 3464, 3505 et 3522). Un Jean de Stella est primicier de Capoue et disparaît vers le 20 novembre 1318 (LC Jean XXII, n° 8670). Enfin, un Jacques de Stella, mort le 6 mars 1329, disposait d’un canonicat dans la collégiale séculière de Sainte-Marie de Valmoissine (diocèse de Fréjus) et d’une prébende assise en l’église paroissiale de Vérignon (Var, cant. Aups) : LC Jean XXII, n° 45650.

90 Actuellement dans la commune de Comps-sur-Artuby, Var, ch.-l. cant.

91 L’Étoile-Saint-Cyrice, Hautes-Alpes, cant. Orpierres, à une douzaine de kilomètres à vol d’oiseau de Mison.

92 L’Étoile, au diocèse de Gap, fait partie des biens que Galburge de Lachau, fille de Bertrand de Mévouillon, reconnaît tenir du dauphin en 1283, ce qui suscite quelques contestations de sa parenté au début du xive siècle (U. Chevalier, Regeste dauphinois. Répertoire chronologique et analytique des documents imprimés et manuscrits relatifs à l’histoire du Dauphiné, des origines chrétiennes à l’an 1349, Valence, 1913-1926 [désormais abrégé en RD], n° 12611, 11 septembre 1283 ; RD, n° 15290, 24 mars 1289 ; RD, nos 16012, 16215-16217, en 1302-1303 ; RD, nos 16615 et 17344 en mai 1305 et août 1308). Mais, le 2 septembre 1317, le castrum est cédé parmi d’autres par Raymond de Mévouillon au dauphin qui y exercera désormais le majus dominium (RD, n° 19837). Le régent Henri reçoit ainsi l’hommage de Raymbaud de Lachau vers 1325-1329 et Humbert II de Guillaume de Mévouillon, son fils, le 4 novembre 1334 (RD, n° 27224). Un Hugues de Stella, miles, apparaît à Gap dans l’entourage de l’évêque Dragonnet de Montauban le 8 août 1329 (RD, n° 24584).

93 RD, n° 18776 : le traité est conclu le 13 février à Naples par le procureur du dauphin Jean II, son propre fils Guigue, devant l’archevêque Enguerrand de Stella, cité en premier, et Raymond OFM évêque d’Alba, François Brun OFM évêque de Gaeta, et les grands officiers Bartolomeo da Capua, Giovanni Pipino da Barletta, Leone da Reggio, du miles Riccardo da Gambatesa, et de Riquier de Stella, le frère de l’archevêque, alors chapelain et trésorier, tous membre du conseil royal.

94 Jean de Ponsiaco est d’abord attesté comme clerc, cumulant les bénéfices dans le royaume de Naples : il paraît le 7 octobre 1318 comme clerc et familier de la reine veuve Marie de Hongrie († 1323), qui n’est autre que la grand-mère du dauphin Jean II. Il dispose déjà de canonicats à Acerenza, et de bénéfices dans les diocèses de Capaccio (province de Salerno), Bitonto (province de Bari) et Melfi. Chanoine de San Nicola de Bari, il y ajoute plusieurs autres, à Naples notamment, et des expectatives de bénéfices et dignités jusqu’en 1332 (LC Jean XXII, n° 8508 du 7 octobre 1318, n° 21483 du 28 janvier 1325, n° 24178 du 15 janvier 1326, n° 25925 du 10 juillet 1326, n° 56134, du 11 janvier 1332). Le 15 janvier 1333, il est nommé trésorier du Dauphiné (RD, n° 25803) et est régulièrement attesté avec ce titre jusqu’en 1338, ainsi que celui de maître rational de la haute cour du dauphin en avril 1334 (RD, n° 26828). Le 20 juin 1337, le dauphin le commet pour administrer son hôtel (RD, n° 28659) et le 3 mars 1338, il le charge de veiller sur ses intérêts dans le royaume de Sicile, particulièrement dans le comté d’Andria, avec le titre de lieutenant, vicaire et procureur (RD, n° 29095). Après la mort d’Enguerrand de Stella, l’archidiacre de Capoue Benedetto est élu par le chapitre, mais cassé par le pape, qui le pourvoit le 18 février 1334 au siège de Salerno (LC Jean XXII, nos 62726-62727). À sa consécration, c’est son archidiaconat qui est confié par Benoît XII à Jean de Ponsiaco (LC Benoît XII, n° 70). Le nouvel archidiacre, qui participe aux négociations entre le dauphin Humbert et le comte de Savoie Aymon en août 1337, obtient encore une expectative de canonicat à Avranches en mai de cette année (LSCu France Benoît XII, n° 355 et LC Benoît XII, no 4458). Un Robert de Ponciaco, professeur de droit civil, travaille à cette époque pour le roi Robert, comme maître rational et régent de la Vicairie en 1340-1343, aux côtés de Pierre de Cadenet (AD13, B 261, fol. 234 ; F. Cortez, Les grands officiers royaux, p. 222). En 1341, Jean est exécuteur testamentaire d’un conseiller et chapelain du roi et vice-chancelier à la suite d’Enguerrand de Stella, l’abbé de la Santa Trinità di Cava Guizzardo OSB (P. Guillaume, Essai historique sur l’abbaye de Cava d’aprés des documents inédits, Cava dei Tireni, 1877, p. 199 ; A. M. Voci, « La cappella di corte », p. 124). Il disparaît avant février 1352, date de mention d’un nouvel archidiacre à Capoue (LSCu Clément VI, n° 5206).

95 GCNN, 1, nos 38-40.

96 Le 20 janvier et le 2 avril 1312 à Naples, Enguerrand est attesté comme trésorier et familier, aux côtés de ses collègues Pietro di Carpaccio et Angelo di Melfi. Dès le 16 septembre 1315, son frère Riquier de Stella exerce cette charge avec Pietro di Carpaccio : R. Bevere, « Notizie storiche tratte dai documenti conosciuti col nome di Arche in carta bambagina », Archivio storico per le provincie napoletane, 25, 1900, p. 241-275, 389-407, et ici p. 260 et 399.

97 Le 17 octobre 1312, alors qu’Enguerrand de Stella doit désigner deux procureurs pour traiter avec des sociétés florentines, il choisit ces deux personnes (LC Clément V, n° 8314). Raymond Robaudi, peut-être issu de la famille d’un procureur de Charles d’Anjou implanté dans la région de Nice et du Luc, ancien archidiacre de Riez, est prévôt de Fréjus entre 1306 et 1313. Il devient évêque de Marseille en 1313, puis archevêque d’Embrun en 1319. Quant à Jean Baudi, un laïc de Fréjus, il parvient au sénéchalat de Provence en 1317 et le demeure jusqu’en septembre 1319.

98 Il succède à Riccardo da Gambatesa, encore attesté comme sénéchal en avril 1316 et mort peu après. Notaire, noble, lieutenant du viguier de Draguignan en 1298, clavaire de cette localité dès octobre 1307, rational en 1312-1315, Jean Baudi est chambellan, familier du roi et châtelain de Barjols en juin 1317. Il dispose de nombreux biens à Draguignan où il réside ainsi que sa famille. Il meurt vers 1320-1323 à Avignon. Il est frère de François Baudi, clerc, père d’Étienne et mari de Raymonde qui meurt en 1323. Entre décembre 1319 et novembre 1320, il est cependant l’objet d’une procédure judiciaire (AD13, B 144, fol. 178v ; B 189, fol. 4v), mais il demeure chambellan malgré tout. F. Cortez, Les grands officiers royaux, op. cit., p. 56-59 et J.-P. Boyer, « Construire l’État en Provence. Les enquêtes administratives (mi xiiie siècle-mi xive siècle) », dans L’espace provençal sous l’administration de la première maison d’Anjou-Naples, Lyon, 1994, p. 1-26.

99 LC Clément V, no 8245. Après la disparition de l’archevêque Andrea Pandone le 10 septembre 1311, le chapitre a recouru aux cardinaux Riccardo Petroni, cardinal diacre de Sant’Eustachio (1298-1314), et Pietro Colonna, cardinal de Sant’Angelo in Pescheria (1286-1326), faute d’accord sur la désignation de compromissaires. Clément V prononce la réserve sur ce siège, mais un parti de chanoines élit Francesco Carracioli chancelier de l’Église de Paris, certains autres ayant proposé la postulation de Bartolomeo di Ebulo, archevêque de Brindisi (1306- 1319) et ancien doyen du chapitre de Capoue, élu par voie de scrutin. Le pape semble avoir dans un premier temps opté pour Bartolomeo, qui se récuse, puis désigne Enguerrand le 21 juin 1312, sans doute proposé par le prince. Le 21 mars 1313, Enguerrand de Stella est consacré après avoir été ordonné prêtre par deux chanoines de Capoue, Richard Petri de Normandie et Étienne de Faversa, l’archevêque de Naples Umberto (1308-1320) lui remettant le pallium et le consacrant le même jour avec l’aide de l’évêque d’Aversa Pierre de Bolonesio (1309-1324), ancien maître de la chapelle de Charles II (LC Jean XXII, n° 9079-9080).

100 LC Jean XXII, nos 8176 et 8313, 20 juillet et 17 octobre 1312 ; LC Jean XXII, n° 9542, 12 août 1313 ; LC Jean XXII, n° 5577, 17 septembre 1317 ; LC Jean XXII, n° 23549, 13 octobre 1325.

101 LC Jean XXII, n° 6146, 3 janvier 1318. C’est sans doute ce même Jean de Longa Villa que Riquier de Stella institue comme procureur le 19 juillet 1334 (AD13, B 144, fol. 285-287). On rencontre un domicellus Jean de Longa Villa comme baile et clavaire à Marseille, Digne et Toulon entre 1319 et 1330 (J.-L. Bonnaud, Un État en Provence, n° 656).

102 LC Jean XXII, no 21412, 18 janvier 1325. LC Jean XXII, nos 26791-26792, 19 octobre 1326, aux côtés de Raymond Johannis prévôt de Riez et de Géraud de Valle chanoine de Naples comme coexécuteurs. LC Jean XXII, n° 19289, 5 avril 1324, Enguerrand est exécuteur avec l’évêque de Puozzoli et un chanoine de Naples. Le pape le charge aussi de diverses missions, comme en mai 1328 en faveur des moines du Mont-Sinaï lésés par des marchands d’Ischia (LC Jean XXII, n° 41386).

103 AD13, B 1518, fol. 1-1v.

104 À moins qu’il ne s’agisse d’une simple indication d’origine : Perrolus Rossando de Dompno Medardo (LC Jean XXII, n° 18916). Le terme renvoie peut-être à Soissons.

105 Le 14 octobre 1316, maître Reynald de Roceyo apparaît comme rational et vice-trésorier des comtés de Provence et Forcalquier (AD13, B 144, fol. 165) ; septembre 1319 (B 449), puis novembre 1321 (B 2, fol. 127v-129), et janvier 1322 (B 459) : le trésorier Reynald de Rocheyo figure aux côtés de l’archevêque auprès du roi, lors de son séjour avignonnais, et à l’occasion de l’acquisition par la cour du castrum de Barret-de-Lioure. Mais il semble ensuite exercer cet office à Naples, où il est signalé en 1325-1329 aux côtés de Riquier de Stella : R. Bevere, « Notizie storiche », art. cit., p. 269, 391.

106 LSCu France Jean XXII, n° 480a.

107 Bertrand de Baux était accompagné de Philippe de Tarente, Leone da Reggio miles et maître rational, Riccardo da Gambatesa, Nicola di San Liceto et Ademario di Scalea, vice-amiral du royaume. C. Minieri Riccio, « Genealogia di Carlo II d’Angiò re di Napoli », Archivio storico per le province napoletane, 7, 1882, p. 467.

108 LC Jean XXII, n° 10664.

109 G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 3 (1274-1277), Naples, 2012, p. 400- 407 : la commission de Riquier de Stella, maître rational et trésorier, est insérée dans un acte qu’il émet le 23 octobre 1323 pour la gestion de l’Église de Capoue.

110 LC App. Jean XXII, n° 23144, 7 novembre 1324.

111 G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 2 (1270-1273), Naples, 2010, p. 328, n. 7.

112 C. Minieri Riccio, « Genealogia di Carlo II », art. cit., p. 660 ; à nouveau le 1er septembre 1324 : LC App. Jean XXII, no 20576.

113 AD13, B 483. É.-G. Léonard, La jeunesse de Jeanne Ire, reine de Naples et comtesse de Provence, 1, Monaco-Paris, 1932, p. 137, n. 3. J.-P. Boyer, « Aux origines du pays », art. cit., p. 215-227.

114 S. Palmieri, La cancelleria del regno di Sicilia in età angioina, Naples, 2006, p. 198-199. Quelques jalons seulement, assez insignifiants : en avril 1328, on le voit émettre une quittance en faveur de l’abbé de Santa Maria della Vittoria (R. Bevere, « Notizie storiche », art. cit., p. 269), en novembre 1328 il figure aux côtés du vice-protonotaire Giovanni Grillo, son collaborateur (C. Minieri Riccio, Studi storici su’ fascicoli angioini, Naples, 1863, p. 71). Le personnel qui l’entoure alors et lui succède : Guizzardo abbé de Cava (1331-1341), dans le diocèse de Salerno, est vice-chancelier vers octobre 1334 ; Bartolomeo Brancaccio († 1341), archevêque de Trani (1327-1341), est vice-chancelier vers février 1335. Le pape Clément VI désigne Philippe de Cabassole († 1372) comme vice-chancelier pour diriger ce service dans le conseil de régence en 1343, mais il est déposé en 1347.

115 G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 3 (1274-1277), Naples, 2012, p. 416- 418.

116 LC Jean XXII, n° 61980, 30 octobre 1333.

117 G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 2 (1270-1273), Naples, 2010, p. 329.

118 LC Jean XXII, n° 62727. Benedetto est promu en compensation à l’archevêché de Salerno.

119 G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 1 (1266-1269), Naples, 2008, p. 284- 285, où le discretus vir magister Reynald de Rocceo, vicaire pour les affaires temporelles et spirituelles, apparaît à l’occasion d’une quittance du 13 décembre 1313. C’est le propre frère d’Enguerrand, Riquier de Stella, qui lui succède comme vicaire général le 7 mai 1323 (G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 2 (1270-1273), Naples, 2010, p. 329 ; idem, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 3 (1274-1277), Naples, 2012, p. 400-407).

120 Reynald de Rocheyo apparaît le 1er janvier 1315 comme administrateur des revenus de la châtellenie de La Turbie et vicaire de l’archevêque de Capoue (C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou », no 18, p. 141). L’officier royal homonyme est un noble possessionné à Mane, près de Forcalquier, également familier du roi. Comme officier, il parvient au sommet de la Chambre des comptes : clavaire de Puget-Théniers dès 1312, rational de Provence en 1315, maître rational entre 1324 et 1331, il est aussi trésorier en 1319-1329 (R. Bevere, « Notizie storiche », art. cit., p. 269, 391). Il disparaît avant septembre 1338. F. Cortez, Les grands officiers, op. cit., p. 216 ; J.-L. Bonnaud, Un État en Provence, n° 950.

121 Son nom apparaît sous les formes Richarius, Riquerius, Richerus, Ricarius.

122 C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou », n° 109, p. 159.

123 AD13, B 144, fol. 133-134 et fol. 283 (pièce tronquée) et C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou », n° 158, p. 171 : l’acte de cession et de prise de possession de Mison est accompagné de la cancellation de celle de Cornillon dans les registres royaux. La pièce du folio 283 est produite en 1334 par Riquier de Stella lors d’une procédure destinée à recouvrer l’héritage de son frère et ses droits sur cette concession royale.

124 Le roi transfère alors le châtelain de Forcalquier à Cornillon et celui de Mison à Forcalquier. C. Perrat, « Actes du roi Robert d’Anjou », n° 204, p. 182.

125 AD13, B 489 : la mère d’Enguerrand et de Riquier, P., est citée dans un acte du 9 février 1332 à propos des revenus de la châtellenie de Cornillon dont elle a bénéficié jusqu’à sa mort survenue vers la Toussaint 1330.

126 AD13, B 1058, fol. 4.

127 AD13, B 496 et B 144, fol. 284. Mais cela a tout de même nécessité une procédure devant le juge des seconds appels d’Aix et un recourt auprès du roi lui-même. En effet, après la mort d’Enguerrand, la cour a fait saisir le 6 mars 1334 le castrum de Mison ainsi que des biens mobiliers et des denrées qui s’y trouvaient, de même à Sisteron, en ignorant les droits de Riquier de Stella, et en mettant en doute l’authenticité des diplômes qu’il a fait produire (absence de signes de corroboration). Celui-ci a porté l’affaire devant la Chambre des comptes, puis devant les instances d’appel d’Aix, et a obtenu une lettre du roi le 26 juin 1334, renouvelée le 14 juillet, le confirmant comme héritier de son frère. À Naples où il réside et où il exerce comme maître rational et trésorier, il constitue Jean de Longa Villa comme procureur le 19 juillet 1334 pour prendre possession de la moitié du castrum lui revenant, défendre ses droits, administrer ses biens et revenus et mener toute procédure nécessaire. L’ensemble du dossier, avec ses pièces, est porté à la connaissance des rationaux Bernard Garde et Matteo Surrentini et copié par l’archivaire Hugues Honorati (AD13, B 144, fol. 283-287).

128 AD13, B 2012, premier registre, fol. 13-15v : état détaillé des revenus perçus par le clavaire de Sisteron dans le castrum de Mison, dont la moitié est versée à Riquier de Stella, alors maître rational de la grande cour, daté de février 1343. En 1340, l’ensemble de ces revenus était affermé pour 190 livres coronats annuelles, et en 1343 pour 140 livres.

129 Un Pierre de Stella, chambellan du roi Robert est signalé en 1325, et il semble avoir participé aux côtés de Charles de Calabre à l’aventure florentine de 1327. Il fut conseiller, connétable, camérier et maître rational. G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 2 (1270-1273), Naples, 2010, p. 328 n. 7 et 329.

130 LC Jean XXII, n° 18916.

131 LC Jean XXII, n° 18916. Il s’agit d’un probable parent de Jean de Dompno Medardo, qu’Enguerrand a nommé en 1317 comme trésorier des comtés de Provence et Forcalquier.

132 LC Jean XXII, nos 5542, 5555 et 5556, 16 septembre 1317.

133 LC Jean XXII, n° 18915, 22 janvier 1324 : le pape avait pourvu Riquier de Stella, alors simple clerc, mais le doyen a argué de l’existence d’une expectative en faveur de Jean de Grandi Prato.

134 H. Millet, P. Desportes, Fasti Ecclesiæ Gallicanæ, 1, Le diocèse d’Amiens, Turnhout, 1996, p. 199.

135 LC Jean XXII, n° 5555-5556, 16 septembre 1317. H. Millet, Les chanoines du chapitre cathédral de Laon, 1272-1412, Rome, 1982, p. 137.

136 LC Jean XXII, n° 5542, 16 septembre 1317 ; n° 14016, 21 août 1321.

137 LC Jean XXII, n° 23524, 9 octobre 1325. C’est l’archevêque de Capoue, l’évêque de Fréjus et un chanoine de Naples (Giovanni de Rocca) qui exécutent la bulle pontificale.

138 LC Jean XXII, nos 19116 et 19120, 9 mars 1324. H. Millet, P. Desportes, Fasti Ecclesiæ Gallicanæ, op. cit., p. 199.

139 LC Jean XXII, n° 23524, 9 octobre 1325.

140 RD, n° 18776, il est présent en février 1314 à Naples aux côtés de son oncle. Il est régulièrement attesté entre 1315 et 1329 comme trésorier aux côtés de ses confrères Pietro di Eboli, Pietro di Carpaccio, Angelo di Melfi et Reynald de Rocheyo (R. Bevere, « Notizie storiche », art. cit., p. 248-249, 262, 265-267, 269, 391, 394, 399-400. En 1335, il est mentionné dans le registre de délibération du chapitre de Cambrai comme trésorier et chapelain du roi Robert : AD59, 4G 1085, indication obligeamment fournie par Hélène Millet.

141 Riquier est maître rational de la grande cour de Naples plutôt que de la Chambre des comptes d’Aix. Il porte ce titre avec celui de trésorier et conseiller le 7 mai 1323 et le 1er octobre 1325 à Naples. F. Cortez, Les grands officiers royaux, op. cit., p. 218-219 ; R. Bevere, « Notizie storiche », art. cit., p. 391 ; G. Bova, Le pergamene angioine della Mater Ecclesia Capuana, 3 (1274-1277), Naples, 2012, p. 400-407.

142 H. Millet, P. Desportes, Fasti Ecclesiæ Gallicanæ, op. cit., p. 199.


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