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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Introduction 1. Les mines d’argent médiévales et modernes de Joux : un petit gisement proche du couloir rhodanien 2. Un témoin archéologique de l’exploitation de l’argent au Moyen Âge : la mine de Cella à Joux 3. Les techniques mises en œuvre au Moyen Âge dans la mine de Cella : Tradition et innovation Conclusion Bibliographie Notes de bas de page Auteurs

    Les métaux précieux en Méditerranée médiévale

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    La mine médiévale et moderne de Cella à Joux en Beaujolais

    Un petit gisement d’argent de renom en marge des importantes exploitations minières Lyonnaises

    Gérald Bonnamour et Romain Bonnamour

    p. 181-192

    Résumés

    Entre la fin du Moyen Âge et le début de l’époque moderne, Lyon devient une importante place économique de l’occident, carrefour commercial à la confluence entre la Saône et le Rhône ayant une position favorable pour capter un commerce de transit entre les pays de la Méditerranée et ceux de l’Europe du Nord-Ouest.

    Dès 1413, c’est à Lyon que le roi fait installer l’atelier monétaire royal. Si l’argent est alors le principal métal recherché pour la production monétaire, du plomb, du cuivre, du vitriol et même un peu d’or sont exploités à l’ouest de Lyon. Se développe alors au sein des monts du Lyonnais et du Beaujolais, une importante activité minière qui perdure entre les XVe et XVIe siècles. En marge des importants gisements, des filons plus modestes vont être exploités. C’est notamment le cas pour le petit district minier situé aux environs de Joux d’où est extrait de l’argent, mais également du plomb, du cuivre et peut-être même de l’or.

    Les mines du Lyonnais et du Beaujolais sont aujourd’hui l’objet de recherches historique et archéologique, notamment dans le cadre de l’archéologie programmée en s’inscrivant dans les axes 12 « Mines et matériaux associés », et 14 « L’archéologie des périodes moderne et contemporaine » de la programmation nationale de l’archéologie. Ainsi, au sein du district minier de Joux, les découvertes récentes permettent de mieux saisir les savoir-faire techniques mis en œuvre par les mineurs pour extraire le minerai d’argent au XVe siècle dans la région. L’étude des techniques d’extraction permet alors de mieux percevoir les moyens mis en œuvre par les mineurs pour exploiter ce type de gisement. Profitant des importants investissements d’entrepreneurs, marchands et hommes d’affaires installés à Lyon, les techniques locales vont notamment s’enrichir de savoir-faire extra régionaux et étrangers.

    Between the end of the Middle Ages and the beginning of the Modern age, Lyon was a major Western trading hub, a commercial crossroads at the convergence of the Saone and Rhone rivers, in a providential position to capture transit trade between the Mediterranean and Northwest European countries.

    It was in Lyon that the king had the first royal mint set up in 1413. Although silver was then the main metal sought for monetary production, lead, copper, and even a small amount of gold were mined west of Lyon. Large-scale mining activity developed in the hills of the Lyon and Beaujolais regions and continued between the 15th and 16th centuries. Smaller veins, on the fringes of major deposits, would later be mined. This is the case for a small mining district in the vicinity of Joux from which silver, lead, copper and perhaps even gold were extracted.

    The mines of Lyonnais and Beaujolais are now the subject of historical and archaeological research, particularly in the framework of archeology programmed under the axis 12 ‟Mines and related materials”, and 14 ‟Archeology modern and contemporary periods” of the french national archeology programming. Recent archaeological discoveries in the district shed light on the technical expertise used by the miners in the 15th century to extract silver ore in the region. Research on the extraction techniques provides a better understanding of the means implemented by the miners to mine this type of deposit. With the benefit of substantial investments by entrepreneurs, merchants and businessmen operating in Lyon, the local techniques would be enhanced, in particular, by expertise from outside the region and abroad.

    Texte intégral Introduction 1. Les mines d’argent médiévales et modernes de Joux : un petit gisement proche du couloir rhodanien 1.1. Une mine beaujolaise abandonnée reprise au milieu du XVe siècle 1.2. La mine d’argent du Lyonnais du début de la période Moderne 2. Un témoin archéologique de l’exploitation de l’argent au Moyen Âge : la mine de Cella à Joux 2.1. Un gisement exploité en plusieurs étapes 2.2. L’exploitation souterraine 2.3. La gestion des déblais et le phasage du réseau souterrain 3. Les techniques mises en œuvre au Moyen Âge dans la mine de Cella : Tradition et innovation 3.1. Les mineurs lyonnais à la recherche du filon : le feu puis la pointerolle 3.2. La zone de chantier : l’exploitation du minerai avec la pointerolle 3.3. Le roulage sur voie de bois et des techniques modernes : la rationalisation de l’espace minier souterrain de la seconde moitié du XVe siècle Conclusion Bibliographie Sources imprimées Références bibliographiques Notes de bas de page Auteurs

    Texte intégral

    Introduction

    1C’est au sein des monts du Lyonnais et du Beaujolais qu’une importante activité minière se développe entre les XVe et XVIe siècles. À cette époque, Lyon prospère et devient une importante place financière, économique et manufacturière de l’occident, un carrefour commercial à la confluence entre la Saône et le Rhône ayant une position favorable pour capter un commerce de transit entre les pays de la Méditerranée et ceux de l’Europe du Nord-Ouest1. Les grandes exploitations minières bénéficient à ce moment-là d’experts étrangers et de techniques minières d’autres territoires européens.

    2Certaines mines de la région sont entre les mains d’entrepreneurs lyonnais, en particulier la famille Baronnat, importante dynastie familiale de la fin du Moyen Âge et du début de la période Moderne. Elle exploite notamment du minerai d’argent à Joux, baronnie et seigneurie dépendant du comté du Forez puis du Beaujolais2. Plusieurs documents font état que dans ce secteur sont extraits de l’argent, du plomb, du cuivre et peut-être même un peu d’or. C’est la mine de Cella située à Joux qui, au milieu de la première moitié du XVIe siècle, fournit la plus importante quantité d’argent à l’atelier monétaire de Lyon d’après les comptes du receveur ordinaire du Lyonnais Nicolas de Pierrevive3.

    3Le petit district minier de Joux se trouve à l’ouest de Lyon et au sud des Monts du Beaujolais, territoire vallonné situé en amont du bassin de la Turdine (fig. 1). C’est à l’emplacement de l’ancienne mine de Cella que plusieurs haldes démontrent que ce gisement a été exploité en plusieurs phases. L’un des deux vestiges extractifs souterrains encore accessibles présente toutes les caractéristiques d’une mine exploitée avant l’utilisation de l’explosif4. Les recherches historiques et archéologiques permettent de proposer un phasage chronologique pour l’exploitation de ce gisement, tandis que les techniques mises en œuvre par les mineurs locaux du Moyen Âge sont aujourd’hui mieux perçues grâce à l’archéologie. En s’autorisant des comparaisons avec d’autres sites connus à l’échelle locale, régionale, mais également extrarégionale, c’est notamment l’apport des techniques importées qui peut être mesuré.

    1. Les mines d’argent médiévales et modernes de Joux : un petit gisement proche du couloir rhodanien

    4L’argent extrait du Beaujolais est, avant 1413, utilisé pour produire les monnaies de l’atelier royal de Mâcon5. Si l’archevêque de Lyon, qui contrôle le comté du Lyonnais au temps du Saint-Empire-Romain-Germanique, assurait sa production monétaire, l’application de l’ordonnance royale de 1262 limite la circulation des monnaies seigneuriales au profit des monnaies royales6 avant que ne soit spécifiée en 1413 la fin des droits seigneuriaux sur les mines7. C’est cette année-là, qu’une ordonnance royale déplace l’atelier monétaire de Mâcon à Lyon afin d’éviter un long transit des métaux précieux sur les chemins dangereux du Beaujolais pour se rapprocher des gisements exploités à l’ouest de Lyon8. Des garde-mines et des receveurs suivent le rendement des exploitations minières, le roi récupérant le dixième de la production.

    5Le destin des mines de Joux aux XVe et XVIe siècles est lié à celui de la dynastie familiale des Baronnat, puissante famille marchande et notable Lyonnaise de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque Moderne9. Au début du XVe siècle, c’est Enemond, marchand drapier originaire d’Annonay, qui va s’intéresser aux ressources du sous-sol de la région en exploitant les mines de cuivre de Chessy10.

    1.1. Une mine beaujolaise abandonnée reprise au milieu du XVe siècle

    6C’est à partir de 1444 que Jacques Cœur s’établit en région lyonnaise et prend à ferme le droit du dixième levé par le roi11. Il s’associe alors avec trois frères, Jean, Mile et Pierre Baronnat, fils d’Enemond, pour exploiter des mines de cuivre de la région, mais également les mines d’argent de Joux. Afin de liquider les possessions de Jacques Cœur, accusé par le Roi en 1453 de différents délits, un inventaire de ses biens et intérêts est réalisé entre 1453 et 145512. Déjà longuement étudié et analysé dans le cadre des recherches historiques sur la mine de Pampailly (Brussieu, 69)13, différentes parties de cet inventaire sont dédiées aux mines de la région lyonnaise et à celle de Joux en particulier14. Il livre une description assez détaillée des exploitations, mais ce sont également de nouveaux travaux et aménagements qui sont envisagés.

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    Fig. 1 - Situation géographique des mines de Joux (69) vis-à-vis du couloir rhodanien. (DAO et cliché : G. Bonnamour)

    7Les descriptions suggèrent que la mine de Joux est plus ancienne et qu’elle est à l’abandon. Trois puits sont colmatés et une galerie creusée auparavant est si basse que la circulation ne s’y fait qu’à « quatre pattes ». Pour remettre en état l’exploitation minière, une série de travaux est projetée dans les chantiers et sur les ouvrages d’assistance. Il s’agit de travaux de curage, d’entretien et d’équipements des anciens puits ainsi que de recalibrage et de percement de galeries. Afin de fabriquer et d’entretenir les outils métalliques utilisés dans la mine, une forge doit également être installée. D’après les comptes d’exploitation, une galerie a été percée au plus bas de la mine de Joux avec un avancement de 16 toises en sept mois15. Un atelier de préparation du minerai, équipé de fours de grillage et d’une laverie, doit être installé en bordure de la rivière coulant à proximité.

    8Pour qu’elle soit fonctionnelle, douze ouvriers, six manœuvres et un maître mineur sont affectés à l’exploitation minière de Joux, ainsi que du personnel pour le martinet et un maréchal pour la forge. C’est à partir du milieu du XVe siècle que des maitres mineurs et fondeurs venant du nord et de l’est, allemands ou hongrois, interviennent dans la région lyonnaise, notamment à la mine de Pampailly16. C’est par exemple le cas de Hans Brohart, mineur, fondeur et affineur de Brisach, qui, avant de se rendre en Lombardie, travaille en Lyonnais lors de son passage à Lyon17.

    9En 1454 et 1455, la mine de Joux est en seconde position vis-à-vis de l’ensemble des gisements d’argent exploités durant cette période en Lyonnais et Beaujolais, largement en retrait de la mine de Pampailly18.

    1.2. La mine d’argent du Lyonnais du début de la période Moderne

    10En 1523, ce sont toujours des Baronnat, André et Geoffroy, petits fils de Mile, qui exploitent la mine de Joux19 probablement dans la continuité de leur père Guillaume. À cette époque, Joux devient le premier gisement producteur d’argent de la région20. Entre 1523 et 1526, un martinet semble être doté de toute la chaine opératoire pour produire de l’argent et du plomb, de la préparation du minerai jusqu’à l’affinage métallurgique. Sur les trois années, la mine de Cella produit alors « 86 marcs, 2 onces d’argent et 40 quintaux, 16 livres de litharge ».

    11Vers 1565, Claude Paradin, chanoine au Chapitre de Beaujeu chargé d’établir une description de la région, signale qu’à Joux est extrait du plomb, de l’argent, du cuivre et peut-être même un peu d’or21. Les filons produisent alors 1 à 3,5 marcs d’argent pour cent de plomb et trois lieux d’extractions sont alors identifiés. Avant la reprise du XVIIIe siècle, cette indication est la dernière faisant état d’une activité minière à Joux.

    12Les mines de Joux sont donc probablement abandonnées à la fin du XVIe siècle jusqu’aux reprises d’exploitation de la seconde moitié du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, notamment pour extraire le plomb utile à la fonte des minerais de cuivre exploités en Lyonnais22. C’est à cette époque que des travaux anciens sont redécouverts.

    2. Un témoin archéologique de l’exploitation de l’argent au Moyen Âge : la mine de Cella à Joux

    13Plusieurs petits filons intégrant des minéralisations métallifères et notamment de la galène et des cuivres gris définissent le district minier de Joux23. Le minerai se trouve sous forme lenticulaire, insérée au sein de fracturations subverticales dans lesquelles des fluides hydrothermaux ont circulé.

    14Situées à moins d’un kilomètre au sud-est du bourg de Joux, à l’emplacement de la mine de Cella, de nombreuses haldes constituant un ensemble hétérogène marquent nettement le paysage au flanc sud d’une colline (fig. 1). Au milieu du versant, un réseau souterrain intégralement percé par le feu et à la pointerolle, témoigne aujourd’hui des techniques minières en usage dans le secteur à la fin du Moyen Âge24. Par ailleurs, située à la base du versant, une galerie d’exploration récente n’a pas percuté de travaux plus anciens.

    2.1. Un gisement exploité en plusieurs étapes

    15Les répartitions et relations topographiques des haldes situées à l’emplacement de la mine de Cella démontrent que l’exploitation du gisement s’est faite en plusieurs étapes. Vers le haut du site, une partie des vestiges miniers de surface a malheureusement été effacée lors de l’aménagement d’un système de culture en terrasse puis par la sylviculture. Les sondages archéologiques démontrent que la halde la plus haute sur le versant est intégralement composée de résidus provenant de la zone minéralisée. Il est ainsi évident que l’exploitation du gisement a débuté depuis l’affleurement par des chantiers d’exploitation sur le filon ou par puits. Des déchets d’abattage riche en fragments de charbons de bois ont été retrouvés lors d’un sondage réalisé dans la halde située dans le prolongement du porche donnant accès au réseau souterrain. Deux ensembles d’échantillons ont été datés par radiocarbone (Centre de Datation par le Radiocarbone de Lyon) et situent la production de ces déchets plutôt durant la première moitié du XVe siècle. D’autres anomalies topographiques ont été identifiées en contrebas du site, le long d’un ruisseau. Il s’agit notamment d’un bief pouvant être associé au fonctionnement d’un martinet sachant que ce type d’aménagement est courant dans la région pour des fins agricoles.

    16Le porche donne accès à un réseau minier souterrain se développant sur environ 120 m (fig. 2 et 3). Une galerie principale permet de rejoindre, en direction du nord, une zone de chantiers et des galeries abandonnées en cours de percement. Les dix premiers mètres de la galerie d’accès s’orientant vers le nord sont mal conservés, les parois et le toit se trouvant proche de la surface étant soumis aux variations climatiques. Ensuite, la galerie a été percée d’abord par le feu sur une dizaine de mètres, avant que la pointerolle ne soit mise en œuvre, outil qui a d’ailleurs permis d’abattre la roche de l’ensemble du réseau accessible. Le sol de la galerie principale suit un pendage négatif de l’intérieur vers l’extérieur, ce qui assurait l’exhaure et facilitait probablement la sortie du minerai extrait ainsi que des déchets d’abattage. À une trentaine de mètres de l’entrée, les mineurs ont exploré, sur une dizaine de mètres de longueur, une première faille avec des caractéristiques similaires au filon exploité, espérant probablement trouver les minéralisations recherchées. L’architecture des galeries de cette partie du réseau est plutôt basse et sinueuse avec des hauteurs variant de 115 à 145 cm et des largeurs de 75 à 120 cm environ, quelle que soit la technique d’abattage. Juste après la zone abattue par le feu, dans un second temps et sur quelques mètres, le toit de la galerie d’accès a été rehaussé de quelques décimètres.

    17Probablement avec l’objectif de retrouver la zone de minéralisation convoitée, les mineurs ont ensuite poursuivi le percement vers le nord dans le prolongement de la galerie principale ce qui leur a permis d’atteindre une seconde faille s’orientant du sud-ouest vers le nord-est. Vers l’ouest, une galerie permet de rejoindre les chantiers d’exploitation du gisement. Les sondages archéologiques et les études architecturales démontrent que cette partie a été réaménagée lors d’une phase postérieure à son percement initial afin d’installer une voie de roulage en bois dont des éléments ont été abattus et mis en place dans la mine durant l’hiver 1473/1474.

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    Fig. 2 - Relevé topographique et archéologique du réseau de la mine de Cella (Joux, 69). (Relevé : G. Bonnamour, R. Bonnamour, M. Caillet, J. Delore, DAO : G. Bonnamour)

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    Fig. 3 - Phasage de percement du réseau de la mine de Cella. (G. Bonnamour)

    18Aménagée vers l’est à partir de l’intersection avec la seconde zone de faille, une autre galerie percée à l’aide de pointerolles présente une architecture différente (fig. 2 et 6). Abandonnée en cours de percement, elle ne s’étend que sur une trentaine de mètres depuis l’intersection jusqu’au front de taille, en direction de la surface. Présentant une section régulière plus ou moins rectangulaire, avec des parois très légèrement convexes ou concaves par endroits, elle atteint une hauteur de 160 à 180 cm et une largeur d’une cinquantaine de centimètres. Son gabarit et son architecture ressemblent à ceux d’une galerie en travers-bancs de la mine de Pampailly, qui, d’après l’étude archéologique, a par endroit été percée selon une technique commune de la Renaissance dans les provinces minières germaniques, celle du « sitzort »25. Ainsi, par comparaison, l’analyse conclut que ce type de vestiges est caractéristique d’un abattage en deux temps permettant d’abord d’orienter la galerie dans sa partie supérieure puis, ensuite, d’agrandir la galerie à hauteur d’homme en laissant le pendage souhaité au niveau du sol.

    2.2. L’exploitation souterraine

    19À partir de la galerie d’accès, à environ 43 m de l’entrée du réseau, une zone de chantiers se développe vers l’ouest sur un ensemble de fracturations d’orientations N100 et N150. L’exploitation a suivi les filons subverticaux et se développe de 6 à 7 m vers le haut à partir du toit de la galerie d’accès sans communiquer avec des ouvrages miniers provenant de la surface. La base des chantiers étant remblayée sur une hauteur non définie, ils ne sont donc pas observables en l’état actuel malgré les sondages réalisés. La partie accessible de la zone d’exploitation s’étend sur une trentaine de mètres.

    20Dans les parties accessibles de la zone de chantiers, basses et hautes, les mineurs ont suivi les miroirs de faille constituant la paroi nord de la zone de chantier, limite au-delà de laquelle n’a été exploitée aucune minéralisation métallifère. À l’inverse, à la recherche de ces dernières, les mineurs ont souvent élargi vers le sud. Des zones de tests et une galerie de recherche de quelques mètres, perpendiculaires à la fracturation intégrant les minéralisations, ont certainement permis d’évaluer le gisement au fur et à mesure de son exploitation.

    21L’observation des traces d’outils montre que la partie supérieure de la zone de chantier a été percée depuis la galerie d’accès et d’une lucarne. Cette partie se décompose par une extension des travaux vers le haut, d’abord vers l’ouest puis vers l’est. La partie inférieure de cette zone du chantier a quant à elle été percée en plusieurs phases suivant plusieurs niveaux de gradins depuis la galerie principale. Les parties inférieures ont été remblayées sur une hauteur indéterminée, l’un des sondages réalisés dans cette partie de l’exploitation n’ayant pas permis d’atteindre le sol. L’exploitation du filon vers l’est s’est cependant poursuivie vers le bas.

    22La fouille réalisée à l’intersection entre la galerie d’accès et la zone de chantier s’étendant vers l’est démontre que les mineurs ont abaissé le sol de la galerie lors d’une phase postérieure à son percement initial, afin d’y installer une voie de roulage permettant d’exploiter le filon se développant vers le nord-ouest. L’extension des travaux dans cette direction n‘est malheureusement pas connue, les parois et le toit s’étant totalement effondrés. Sur la partie encore accessible, des restes d’encoches aménagées contre les parois sont néanmoins perceptibles et suggèrent la présence de boisage pour étayer l’ouvrage souterrain.

    2.3. La gestion des déblais et le phasage du réseau souterrain

    23Dans les parties supérieures de la zone de chantier du réseau souterrain, le sol est plus ou moins recouvert par les derniers déchets d’abattage, des plaquettes multicentimétriques de roches mêlées à du sable d’altération et de rares blocs décimétriques. Les mineurs ont également profité de zones anciennement extraites pour stocker les déblais à l’intérieur de la mine comme c’est le cas pour la zone de chantier s’étendant vers l’est dont la base est colmatée par une quantité importante de fragments de roche multicentimétriques à décimétriques, contenant parfois du minerai. D’autres résidus ont commencé à être stockés à l’extrémité de la galerie percée vers l’est depuis la seconde intersection. Tous ces déchets proviennent de la phase d’exploitation se développant vers le nord-ouest du gisement. La présence de la voie de roulage suggère néanmoins qu’une partie des matériaux extraits dans cette partie ont été évacués à l’aide de charriots vers l’extérieur via la galerie d’accès principale.

    24Toutes les observations réalisées permettent aujourd’hui de proposer un phasage du percement du réseau ancien de la mine de Cella (fig. 3). Une ultime phase identifiable, mais non datable correspond au démontage d’une partie de la voie de roulage et du rehaussement du sol de circulation sur la voie de roulage, qui par endroit n’a pas été supprimée, en étalant des déchets d’abattage et en aménageant un petit fossé d’exhaure le long de la paroi.

    3. Les techniques mises en œuvre au Moyen Âge dans la mine de Cella : Tradition et innovation

    25L’ensemble du réseau accessible a été percé depuis la surface à partir de la galerie d’accès. Cette dernière est en partie percée par le feu sur quelques mètres avant que les mineurs n’abattent la roche à l’aide de la pointerolle. Les traces laissées permettent ainsi de restituer les gestes effectués. Mise en place dans un second temps, une voie de roulage permettait d’évacuer les déchets d’abattage vers l’extérieur du réseau minier.

    3.1. Les mineurs lyonnais à la recherche du filon : le feu puis la pointerolle

    26Sur une dizaine de mètres, la galerie d’accès a été percée grâce à des abattages par le feu successifs (fig. 4). Retrouvés dans des niveaux de résidus composant la halde associée à la galerie et probablement produits leurs des abattages, des charbons de bois datés par la méthode radiocarbone permettent de situer le percement des premiers mètres de la galerie durant la première moitié du XVe siècle. L’abattage par le feu laisse des formes de galeries caractéristiques, avec des parois lisses marquant une concavité plus ou moins prononcée et un toit voûté, en constituant des sortes d’alvéoles dans l’axe de la galerie26. De fréquents réajustements d’orientation permettent aux mineurs de suivre leur progression en direction du nord vers la zone minéralisée recherchée. Des petites variations de dimensions et de concavités sont perceptibles au niveau des parois et du toit. La taille et la construction du bûcher peuvent être des paramètres influant sur ces variations tout comme le choix d’essences de bois aux capacités calorifiques plus ou moins bonnes27. La dynamique des feux successifs peut également être soumise à la qualité de l’aérage liée aux conditions climatiques à l’extérieur créant des contrastes de températures variés28.

    27L’abattage par le feu est abandonné au bout d’une vingtaine de mètres depuis l’entrée de la galerie, la roche étant ensuite abattue à l’aide de la pointerolle. Aucune donnée ne permet aujourd’hui d’évaluer la durée de cet abandon dans le temps : changement de technique en cours de percement de la galerie ou reprise de percement après une interruption dont l’échelle de temps n’est pas évaluable. Alors que la qualité de la roche ne varie pas, s’agissant d’un tuf rhyo-dacitique assez dur, deux hypothèses principales se dégagent pour expliquer cette transition technique. Au bout d’une vingtaine de mètres depuis l’entrée de la galerie en cours de percement, l’évacuation de l’air vicié devenait peut-être moins évidente, les mineurs préférant ainsi changer de techniques d’abattage plutôt que de créer les aménagements indispensables pour ventiler les ouvrages souterrains percés à l’aide du feu29. Rappelons que de récentes expérimentations, néanmoins réalisées dans des galeries de gabarits différents percées à l’aide de la pointerolle, démontrent que le renouvellement de l’air dans une galerie de mine n’est plus suffisant pour alimenter en air un mineur au bout de 40 à 50 m30. Le changement technique d’abattage de la roche dans la galerie de la mine de Cella peut aussi être lié à l’utilisation d’un outillage métallique plus performant qu’auparavant permettant d’abattre une roche dont la dureté nécessitait jusqu’alors l’utilisation de l’abattage par le feu31.

    28Dans la galerie d’accès, l’abattage à l’aide de la pointerolle laisse au toit des saignées peu profondes, régulières et fines, avec un espacement de 2 à 3 centimètres (fig. 4)32. Les mineurs suivent des petites zones de fracturations successives pour faciliter leur travail, la roche étant plus fragile au contact des miroirs de failles. Ils abattent par gradins verticaux successifs en suivant l’orientation de ces petites fracturations. Comme pour l’abattage par le feu, les mineurs suivent une orientation générale en utilisant les caractéristiques tectoniques de la roche et en réajustant régulièrement leur progression. Lorsque les mineurs ont suivi le premier axe majeur de fracturation vers l’ouest à partir de la galerie principale, en espérant trouver des minéralisations, ils se sont d’abord attaqués à la zone de contact au centre, plus fragile, avant d’élargir sur les côtés.

    3.2. La zone de chantier : l’exploitation du minerai avec la pointerolle

    29Dans la partie inférieure de la zone de chantier, les traces de travail à la pointerolle laissées au toit et contre les parois se présentent sous la forme de saignées peu profondes distantes de 3 à 5 cm (fig. 5). Se chevauchant par endroits et longues d’une quarantaine de centimètres, ces saignées s’organisent en éventails en suivant un pendage légèrement courbe vers le bas dans le sens de progression et d’abattage33.

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    Fig. 4 - Abattage par le feu puis abattage à la pointerolle dans la galerie principale de la mine de Cella. (Photogrammétrie 3D : A. Arles, analyses et DAO : A. Arles, G. Bonnamour)

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    Fig. 5 - Traces d’outils (à droite) et modélisation de l’abattage à la pointerolle dans deux secteurs de la zone de chantier (à gauche). (Interprétation et cliché : G. Bonnamour)

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    Fig. 6 - Vestiges de la voie de roulage en bois découverte dans la mine de Cella et galerie abattue sur le modèle du « sitzort ». (Relevé : G. Bonnamour, R. Bonnamour, J. Delore, DAO et cliché : G. Bonnamour)

    30La zone du chantier supérieure présente également des traces sous forme de zébrures contre les parois, réalisées avec des pointerolles dont l’extrémité pointue a une section carrée de 2 cm de côté à 4 cm de la pointe. Pour extraire la roche dans la partie est du chantier, l’action de la pointerolle s’est faite du haut vers le bas en écaillant la roche par passes et petits gradins successifs, laissant des saignées courbes en éventails espacés de 2 à 7 cm. Dans un second temps, la partie entre cet axe primaire d’abattage et le miroir de faille est extraite, le mineur élargissant en disposant leur outil probablement de biais par rapport à leur position.

    31À la recherche de minéralisation, le chantier a été élargi vers le sud. Se recoupant par endroit, les fronts de taille suivent une forme courbée avec de petits gradins. Une petite galerie se développe par ailleurs sur 2,50 m de longueur vers le sud perpendiculairement à l’axe filonien. L’abattage à la pointerolle se fait par petits gradins horizontaux successifs laissant des saignées régulières et parallèles de quelques centimètres de longueur.

    32L’organisation du chantier d’extraction se fait certainement au gré de la présence de minéralisations au sein de la zone de fracturation. Les mineurs extraient dans un premier temps la roche dans l’axe du filon avant d’élargir à l’opposé du miroir de faille. Quelques sondages de part et d’autre de l’axe de faille ont permis d’évaluer la richesse du gisement. Comme pour le percement des galeries, plusieurs phases d’exploitation ont ainsi été identifiées dans la zone de chantier.

    3.3. Le roulage sur voie de bois et des techniques modernes : la rationalisation de l’espace minier souterrain de la seconde moitié du XVe siècle

    33Plusieurs mètres de vestiges d’une voie de roulage en bois ont été retrouvés et étudiés dans le réseau fouillé de la mine de Cella (fig. 6). L’installation était complète sur quelques mètres alors qu’ailleurs seules les traverses ou pièces de jonction étant encore en place. Elle est constituée de limandes en bois deux à deux parallèles formant des rails pouvant atteindre 3,50 m de longueur dans la partie la mieux conservée de la zone étudiée et qui ont une section rectangulaire mesurant de 10 à 20 cm de largeur et de 5 à 7,5 cm d’épaisseur. Les limandes sont fixées grâce à des chevilles, systèmes parfois renforcés par un clou, sur des pièces de jonction et des traverses en bois. La longueur de ces dernières dépend de la largeur de la galerie tandis que leur section rectangulaire varie de 10 à 20 cm de largeur et de 5 à 7,5 cm d’épaisseur. Les pièces de jonction et traverses ont des angles biseautés afin de mieux les introduire entre les parois de la galerie, des cales en bois aidant parfois à stabiliser l’ensemble. Au niveau du virage où la voie a été étudiée, un système plus complexe a été mis en place. Une des pièces de jonction est bloquée d’un côté contre la paroi ouest de la galerie à l’aide de cales, tandis que du côté opposé, elle est chevillée sur une pièce de bois perpendiculaire mise en place entre les parois d’une galerie percée antérieurement. Une autre pièce de bois disposée à la jonction entre deux limandes formant le virage épouse parfaitement la forme de ces dernières. Elle évitait probablement la rupture des chevilles et le basculement des limandes au passage du charriot chargé, soumis à la force centrifuge, circulant depuis la zone de chantier en direction de l’extérieur.

    34Les limandes présentent toutes des traces d’usure sur la face supérieure, liées aux passages répétés des charriots. Les angles supérieurs et les bords situés entre les limandes sont usés et l’une des pièces de jonction retrouvées présente une saignée au milieu de la face supérieure, usures certainement causées par un guide fixé sous le charriot, qui s’encastrait entre les rails, afin de le maintenir sur la voie. Au niveau du sol de la galerie, le substrat est recouvert par des déchets d’abattage compactés qui constituent un ballaste stabilisant les traverses et les limandes. Sur une trentaine de mètres depuis l’entrée du réseau, le sol de circulation est directement constitué par le substrat rocheux, aucun indice de voie n’ayant été retrouvé.

    35Les différents éléments constituant la portion de voie de roulage sont principalement en chêne, une seule limande est en pin. Toutes les limandes, droites ou courbes, sont coupées en suivant l’orientation des cernes, le fil du bois. Les limandes cintrées proviennent ainsi de partie de branche ou de tronc naturellement courbés, celle utilisée pour le virage étudié en particulier comme c’est le cas pour un exemple similaire, mais plus récent, retrouvé dans les Vosges34. Si les différents éléments en bois utilisés pour fabriquer la voie de roulage ont été dégrossis à l’extérieur, leur façonnage a été finalisé dans la mine avant d’être ajusté, comme en témoignent les nombreux déchets, chutes de taille et copeaux en particulier, retrouvés dans le ballaste stabilisant la voie. Les ouvriers utilisaient des haches et herminettes et peut-être des scies ainsi que des tarières cuillères pour forer les trous d’un diamètre de 2 à 2,5 cm recevant les chevilles de section carrée.

    36Comme le démontrent les observations et l’analyse architecturale, proche de la zone de chantier, la galerie d’accès, plus ancienne, a été surcreusée pour mettre en place la voie de roulage, ce qui n’est pas le cas pour les trente premiers mètres de la galerie. Plusieurs éléments de l’installation en bois, analysés par dendrochronologie (analyses réalisées par C. Dormoy, société Archéolabs), ont été abattus durant l’hiver 1473/1474 et les observations démontrent qu’ils ont été mis en place très rapidement dans la mine. Afin d’installer la voie, le surcreusement du sol de la galerie recoupe par ailleurs la partie du chantier se développant vers le nord-est, afin de se poursuivre vers le nord-ouest. Il est concevable qu’avec le projet de créer une galerie se développant vers l’est dans le prolongement de la galerie d’accès au chantier, les mineurs souhaitaient rejoindre plus directement et aisément la surface. Ce projet fut abandonné et la voie de roulage installée dans la galerie d’accès existante, cette dernière ayant peut-être été en partie rehaussée sur quelques mètres en direction de la sortie à ce moment-là.

    37Sur le ballaste du porche d’accès, des fragments d’une tôle courbée et fermée, sorte de cerclage en fer large d’environ 3,3 cm et d’un diamètre d’une quinzaine de centimètres ont été retrouvés. Des cerclages en fer du même type sont notamment identifiables sur des représentations datant du XVIe siècle (par exemple dans la « Rouge myne de Sainct Nicolas de la Croix » de Heinrich Groff) où ils sont mis en place autour des roues en bois équipant les charriots. Datant de 1473/1474, le type de voie de roulage découvert à Joux, innovation de la fin du Moyen Âge et du début de l’époque Moderne, est plutôt associé aux grandes exploitations des provinces minières germaniques comme en témoigne les nombreux exemples archéologiques retrouvés dans les Vosges35. Elle complète deux autres installations de ce type découvertes lors de la fouille d’une galerie en travers-bancs de la mine de Pampailly, une première datée du XVIIIe siècle, puis une seconde, remaniée par la mise en place de la précédente, retrouvée au niveau du porche de la galerie et dont des éléments ont été abattus entre 1460 et 1470. Dans les Vosges, c’est à Steinbach qu’un autre exemple contemporain de celle de Joux a été découvert en place au sol d’une galerie boisée traversant des déchets miniers et datés de 1478/147936.

    Conclusion

    38La voie de roulage n’est probablement pas le seul élément mobilier découvert permettant d’évoquer les techniques innovantes mises en œuvre à Joux. Un sondage réalisé au niveau du porche de la galerie d’accès a permis de retrouver le sol de circulation composé d’un ballaste en partie constitué par des déchets de forge, battitures et fragments centimétriques de scories magnétiques, mêlé à des fragments de houille. La fouille des niveaux archéologiques datant du milieu du XVe siècle de la forge du Vernay de la mine de Pampailly, a notamment démontré l’utilisation de la houille pour la fabrication et l’entretien de l’outillage en fer37 alors que seul du charbon de bois avait été reconnu dans les niveaux antérieurs.

    39Les premières étapes de percement du réseau minier souterrain de la mine de Cella ont été réalisées par des mineurs locaux maitrisant les techniques d’abattage traditionnels, le feu et la pointerolle, durant la première moitié du XVe siècle. Le gisement filonien avait certainement déjà été exploité depuis la surface et les mineurs connaissaient ses particularités. La volonté des entrepreneurs était certainement d’accéder au minerai convoité plus en profondeur. D’après les sources documentaires, des spécialistes venant des provinces minières germaniques œuvraient dans les mines du Lyonnais dès le milieu du XVe siècle. Si le percement sur le modèle du sitzort reconnu à Joux est une technique d’abattage typiquement attribuable à cette présence, le roulage sur voie de bois l’est tout autant, mais il est plutôt utilisé dans les grandes exploitations. D’ailleurs, à l’échelle du territoire actuel de la France, de nombreux exemples archéologiques de voies de roulage en bois similaires à celle découverte à Joux, sont connus dans le massif vosgien, la plupart étant associés à la période Moderne. Ailleurs, ce genre de structure a seulement été reconnu en Lyonnais et celle de Joux, qui est mise en place dans la mine durant l’hiver 1473/1474, figure parmi les trois seuls exemples archéologiques datés des XVe et XVIIIe siècles. À l’image de la mise en place de cette voie de roulage, la mine de Cella intègre donc quelques éléments marquant la rationalisation de l’espace minier de la fin du Moyen Âge et de l’époque Moderne en organisant l’espace souterrain en prévision de l’exploitation du gisement38.

    40Les Baronnat sont une famille d’entrepreneurs et de notables influentes de la vie économique et politique lyonnaise. Ils exploitent par ailleurs des mines de cuivre et sont également associés avec l’abbaye de Savigny pour extraire l’argent des mines d’Ancy39. À Joux, ils préfiguraient certainement une importante exploitation minière peut-être à l’image de celle de Pampailly qu’exploitait Hugues Jossard dans le Lyonnais40. Toutefois, le gisement de la mine de Cella est plus modeste, mais d’autres filons existent à proximité, dans les vallées voisines. Cependant, s’ils étaient exploités à la fin du XVIe siècle, rien n’indique en l’état des connaissances qu’ils l’étaient à la fin du Moyen Âge. Vis-à-vis des autres mines du Lyonnais et du Beaujolais, celle de Cella devient cependant la principale mine d’argent qui fournit l’atelier monétaire royal de Lyon au début du XVIe siècle.

    41Les techniques mises en œuvre par les mineurs de Joux sont maîtrisées, l’outillage est adapté, et l’une des grandes innovations de la fin du Moyen Âge y est développée. S’appuyant d’abord sur les savoir-faire locaux, les entrepreneurs miniers de la région bénéficient durant la seconde moitié du XVe siècle de spécialistes des provinces minières germaniques alors reconnues pour leur grande technicité. La mine de Cella à Joux est ainsi un nouvel exemple archéologique démontrant les échanges et la diffusion des techniques minières en marge du couloir rhodanien. L’ampleur réelle et l’impact archéologique du phénomène au sein des territoires limitrophes de cet axe majeur de l’espace méditerranéen mettant en relation l’Europe du Nord et la Méditerranée, reste à mesurer plus précisément. Ainsi, à l’échelle du territoire du Lyonnais et du Beaujolais, on peut continuer à s’interroger sur l’influence qu’ont eu sur les mineurs les techniques nouvelles apparues dès la fin du Moyen Âge ainsi que leur impact sur l’ensemble des mines de la région, aussi modestes soient-elles.

    Bibliographie

    Sources imprimées

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    Fournet 1860 : J.-B Fournet, Description du Lyonnais et Du Beaujolais contenant des détails sur la situation du pays, les montagnes, les fleuves, les rivières, les mines, et autres choses remarquables par Guillaume Paradin, doyen du Chapitre de Beaujeu, Lyon, Barret (Annales de la Société impériale d’agriculture, d’histoire naturelle et des arts utiles de Lyon), 1860, 21 p.

    Références bibliographiques

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    Notes de bas de page

    1 Gutton 1998, 38-39.

    2 De Varax 1876.

    3 De Valous 1865 ; Bonnamour, Bonnamour 2016, 38.

    4 Bonnamour, Bonnamour 2016, 43, 54.

    5 Guerreau 1974, 381 et 388.

    6 Légier 1957, 569.

    7 Bailly-Maitre 2007, 34.

    8 Guerreau 1974, 381 ; Benoit 1997, 23.

    9 Gutton 1998, 32.

    10 Rendu 1988, 11.

    11 De Vaivre 1989, 105.

    12 Mollat du Jourdin 1952.

    13 Benoit 1997.

    14 Mollat du Jourdin 1952, 345-346.

    15 Rendu 1983, 275.

    16 Benoit 1997, 78-79.

    17 Pérez, Verna 2009, 32 ; Benoit 1997, 80.

    18 Benoit 1997, 85.

    19 Arch. Dep. du Rhône, E2311 ; De Valous 1865, 16 à 17.

    20 Bonnamour 2016.

    21 Fournet 1860.

    22 Bonnamour 2016, 15.

    23 Delfourt et al. 1989, 94.

    24 Bonnamour, Arles, Bonnamour 2014, 218-237.

    25 Benoit, Grandemange 1986, 202 ; Benoit, 1997, 42.

    26 Bonnamour, Arles, Bonnamour 2014, 229.

    27 Ancel, Py 2008, 41.

    28 Ancel, Py 2016, 6.

    29 Ancel, Py 2008, 38.

    30 Florsch et al. 2002, 62.

    31 Ancel, Py 2008, 37.

    32 Bonnamour, Arles, Bonnamour 2014, 229-231.

    33 Bonnamour, Arles, Bonnamour 2014, 231-233.

    34 Mine du Vieux Rimpy : Fluck 2005, 94.

    35 Fluck 2005, 94-95 et Ancel, Fluck 1988, 90-91.

    36 Bohli 2001.

    37 Benoit 1997, 58.

    38 Ancel 1998, 110.

    39 Debombourg 1877, 75.

    40 Benoit 1997, 27-31.

    Auteurs

    • Gérald Bonnamour

      Arkemine SARL, association EESV, membre associé du laboratoire Traces (UMR 5608, Toulouse)
      Gerald.bonnamour@arkemine.fr

    • Romain Bonnamour

      Association EESV (Equipe d’Exploration Spéléologique de Villefranche)
      Rb@rb-ebeniste.fr

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    1 Gutton 1998, 38-39.

    2 De Varax 1876.

    3 De Valous 1865 ; Bonnamour, Bonnamour 2016, 38.

    4 Bonnamour, Bonnamour 2016, 43, 54.

    5 Guerreau 1974, 381 et 388.

    6 Légier 1957, 569.

    7 Bailly-Maitre 2007, 34.

    8 Guerreau 1974, 381 ; Benoit 1997, 23.

    9 Gutton 1998, 32.

    10 Rendu 1988, 11.

    11 De Vaivre 1989, 105.

    12 Mollat du Jourdin 1952.

    13 Benoit 1997.

    14 Mollat du Jourdin 1952, 345-346.

    15 Rendu 1983, 275.

    16 Benoit 1997, 78-79.

    17 Pérez, Verna 2009, 32 ; Benoit 1997, 80.

    18 Benoit 1997, 85.

    19 Arch. Dep. du Rhône, E2311 ; De Valous 1865, 16 à 17.

    20 Bonnamour 2016.

    21 Fournet 1860.

    22 Bonnamour 2016, 15.

    23 Delfourt et al. 1989, 94.

    24 Bonnamour, Arles, Bonnamour 2014, 218-237.

    25 Benoit, Grandemange 1986, 202 ; Benoit, 1997, 42.

    26 Bonnamour, Arles, Bonnamour 2014, 229.

    27 Ancel, Py 2008, 41.

    28 Ancel, Py 2016, 6.

    29 Ancel, Py 2008, 38.

    30 Florsch et al. 2002, 62.

    31 Ancel, Py 2008, 37.

    32 Bonnamour, Arles, Bonnamour 2014, 229-231.

    33 Bonnamour, Arles, Bonnamour 2014, 231-233.

    34 Mine du Vieux Rimpy : Fluck 2005, 94.

    35 Fluck 2005, 94-95 et Ancel, Fluck 1988, 90-91.

    36 Bohli 2001.

    37 Benoit 1997, 58.

    38 Ancel 1998, 110.

    39 Debombourg 1877, 75.

    40 Benoit 1997, 27-31.

    Les métaux précieux en Méditerranée médiévale

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    Bonnamour, G., & Bonnamour, R. (2019). La mine médiévale et moderne de Cella à Joux en Beaujolais. In N. Minvielle Larousse, M.-C. Bailly-Maitre, & G. Bianchi (éds.), Les métaux précieux en Méditerranée médiévale (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/books.pup.40320
    Bonnamour, Gérald, et Romain Bonnamour. « La mine médiévale et moderne de Cella à Joux en Beaujolais ». In Les métaux précieux en Méditerranée médiévale, édité par Nicolas Minvielle Larousse, Marie-Christine Bailly-Maitre, et Giovanna Bianchi. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2019. https://doi.org/10.4000/books.pup.40320.
    Bonnamour, Gérald, et Romain Bonnamour. « La mine médiévale et moderne de Cella à Joux en Beaujolais ». Les métaux précieux en Méditerranée médiévale, édité par Nicolas Minvielle Larousse et al., Presses universitaires de Provence, 2019, https://doi.org/10.4000/books.pup.40320.

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    Minvielle Larousse, N., Bailly-Maitre, M.-C., & Bianchi, G. (éds.). (2019). Les métaux précieux en Méditerranée médiévale (1‑). Presses universitaires de Provence. https://doi.org/10.4000/books.pup.40020
    Minvielle Larousse, Nicolas, Marie-Christine Bailly-Maitre, et Giovanna Bianchi, éd. Les métaux précieux en Méditerranée médiévale. Aix-en-Provence: Presses universitaires de Provence, 2019. https://doi.org/10.4000/books.pup.40020.
    Minvielle Larousse, Nicolas, et al., éditeurs. Les métaux précieux en Méditerranée médiévale. Presses universitaires de Provence, 2019, https://doi.org/10.4000/books.pup.40020.
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