Introduction. Les métaux précieux en Méditerranée médiévale
Exploitations, transformations, diffusions. État de la recherche
p. 11-26
Résumés
L’intérêt pour les métaux précieux en Méditerranée médiévale, en dehors de quelques travaux précurseurs, n’a réellement pris forme que depuis une trentaine d’années. Les niveaux de recherche sont très variables d’un pays à l’autre, tant dans leur organisation institutionnelle que dans leur finalité. Il est cependant évident que le bassin méditerranéen a été au cœur d’une intense activité de production et de circulation de métaux précieux, du nord vers le sud et inversement. Il était temps de faire un point sur les connaissances acquises, de reconsidérer les synthèses anciennes à la lumière des travaux récents et d’ouvrir sur la Méditerranée orientale trop peu prise en considération par une recherche centrée sur le sud de l’Europe (France, Espagne, Italie) et le nord de l’Afrique (Maroc et Tunisie).
Interest in precious metals in the medieval Mediterranean, apart from some precursor works, has only really taken shape in the last thirty years. The level of research varies greatly from one country to another, both in terms of institutional organization and purpose. However, it is clear that the Mediterranean basin has been at the heart of an intense production and circulation of precious metals, from north to south and vice versa. It was time to take stock of the knowledge acquired, reconsider the old syntheses in the light of recent work and open up to the Eastern Mediterranean too little taken into consideration by research centered on the south of Europe (France, Spain, Italy) and northern Africa (Morocco and Tunisia).
Texte intégral
1 Les métaux précieux en Méditerranée médiévale. Vaste sujet et vaste territoire. Pour reprendre les termes des attendus de ce colloque, la Méditerranée médiévale est un espace de production et de circulation pour les métaux précieux tissé entre trois mondes à la fois antagonistes ou partenaires ; la chrétienté romaine, la chrétienté byzantine et l’Islam.
2Le métal entre dans tous les domaines de l’économie et donc du politique. Les métaux précieux – or et argent – constituent un enjeu stratégique pour le monnayage et dans une moindre mesure, l’orfèvrerie. Quant au cuivre et au plomb, minerais généralement associés aux gisements argentifères, s’ils ne peuvent pas être qualifiés de métaux précieux, ils n’en conservent pas moins une valeur en raison de leur importante consommation et sont tout autant recherchés.
3Étudier les métaux précieux sur le long Moyen Âge c’est s’intéresser à des champs de recherche très divers, mais dont ils sont le dénominateur commun. Les minerais sont extraits, transformés en métaux puis en objets et commercialisés et des contrôles encadrent chacune des étapes de la chaîne opératoire. Ces différentes facettes de l’économie impliquent un large éventail d’acteurs, du plus humble au plus puissants et touchent l’ensemble des sociétés méditerranéennes et médiévales. Écrire l’Histoire des métaux précieux suppose des approches à la fois historiques, archéologiques, archéométriques, géographiques et géologiques, environnementales et une réelle synergie entre les chercheurs. Seule cette transdisciplinarité permet de prendre en compte dans son ensemble le circuit des métaux, du minerai à leur usage final, voire leur recyclage.
4Les recherches menées ces trente dernières années ont considérablement renouvelé les synthèses passées1 en apportant des données supplémentaires et en développant de nouvelles méthodes. Le temps était venu de réunir des chercheurs d’horizons et de disciplines variés afin de mieux comprendre le fonctionnement de ces systèmes productifs et de mesurer l’ampleur de leur influence sur les économies et les sociétés médiévales.
5Quatre principaux thèmes ont été définis pour structurer nos échanges.
6Le premier est consacré aux Espaces miniers méditerranéens – Les nouveaux acquis de la recherche. Le second s’intéresse à la Circulation des Hommes et des Savoirs -Les vecteurs de l’innovation. On sait que les hommes et les compétences circulent au travers de l’Europe et de part et d’autre des deux rives de la Méditerranée. Pour ne retenir que quelques exemples, cette perméabilité a été mise en évidence à Marseille avec la découverte de fours à barres du XIIIe siècle, technique arabe, dans le quartier des potiers2 ; ou avec la venue de mineurs sardes dans les mines de Falset en Catalogne au XIVe siècle3 ; ou encore avec le recours à des spécialistes du monde germanique pour redynamiser l’exploitation des mines de Pampailly après la confiscation des biens de Jacques Cœur par le roi au milieu du XVe siècle4. Quelle est l’ampleur de ces transferts de compétences. Quelles en sont les modalités et les vecteurs ? Le troisième est centré sur Structures des échanges commerciaux - Fonctionnement et organisation. Enfin, le quatrième porte sur le Traçage des métaux -Méthodes et résultats. Il est indispensable si l’on veut lier les espaces productifs aux économies et aux sociétés de reconstituer le cheminement des métaux de part et d’autre de la Méditerranée et d’en préciser les caractéristiques.
7Pour formuler ces grandes thématiques, chacune se déclinant en de multiples questionnements et domaines de recherches possibles, nous nous sommes appuyés sur une histoire somme toute assez récente au regard des problématiques historiques et archéologiques qui se sont succédées au fil des décennies et il a paru opportun de faire un point sur l’état de l’art.
8Il ne s’agit pas uniquement de dresser ici un état des connaissances, mais aussi un état de la recherche pour l’ensemble du monde méditerranéen. Véritable gageure. Il n’est donc pas question d’être exhaustif, mais juste de donner quelques éléments les plus marquants ou les plus récents. Il est impossible d’évoquer les multiples colloques, tables rondes, journées d’étude, séminaires, les programmes de recherche, les publications d’ouvrages et d’articles, etc qui foisonnent depuis quelques années. Seuls certains seront évoqués dans les lignes qui suivent, sans que cela enlève quoi que ce soit à l’intérêt et la qualité scientifique de ceux qui ne l’auront pas été.
9Ne sera pas davantage évoquée dans le détail la recherche que développent intensivement nos collègues tchèques, saxons et slovaques, car elle est hors des limites géographiques définies pour ce colloque. Cependant, les avancées fondamentales de ce groupe de chercheurs vont être déterminantes pour l’enrichissement des connaissances5. Bien évidemment, les mondes ne sont pas étanches, des contacts et des échanges existent entre le Nord de l’Italie et l’Autriche par exemple ou encore entre la rive orientale de l’Adriatique et Venise. Le recours à des mineurs saxons sur de nombreux sites, dont des sites méditerranéens, participe à cette porosité des mondes de la mine.
10 Cette présentation s’articule autour de trois grands axes : un rapide tour d’horizon des pays du pourtour méditerranéen accompagné d’une présentation de la recherche universitaire chaque fois que cela était possible, suivi d’une réflexion sur l’évolution des thématiques et enfin, d’une évocation des principaux programmes de recherche en cours. Une bibliographie succincte et non exhaustive sera proposée pour terminer.
11Avant de faire le voyage de la Méditerranée, un triple constat s’impose. Il existe peu de publications, colloques, programmes de recherches sur les questions relatives aux métaux précieux en Méditerranée médiévale stricto sensu. Le constat est valable également lorsque que l’on parle de commerce. Généralement, dès que l’on aborde les questions de commerce méditerranéen, c’est pour tout type de matières premières ou de produits manufacturés. Par conséquent les informations sont très dispersées dans des thématiques transversales ou des chronologies étirées, englobant l’Antiquité et le Moyen Âge, et même les Temps Modernes. Enfin, on observe un grand déséquilibre entre des pays comme la France, l’Italie et l’Espagne où les recherches sur les métaux en général sont nombreuses et donnent lieu à des rencontres scientifiques, des publications, et d’autres espaces pour lesquels on possède très peu de données et où il ne semble pas y avoir de véritable recherche systématique. Ce qui rend aléatoire toute réflexion à grande échelle. On constate cependant un certain bouillonnement de la recherche qui va en s’intensifiant et la Table Ronde qui clôture cette rencontre devrait marquer, je l’espère, le début de la constitution d’un réseau dont il conviendra de préciser la forme et les objectifs.
1. Un rapide tour d’horizon du bassin méditerranéen
12Ce tour d’horizon prend la forme d’un inventaire à la Prévert qui, encore une fois, ne prétend pas à l’exhaustivité. Quels sont les pays « méditerranéens » producteurs de métaux précieux ? Il y a, pour commencer, l’Europe du Sud avec l’Espagne, le Portugal, la France, l’Italie, la Grèce, Malte, Chypre, la Croatie, la Serbie, la Bulgarie, etc. Plus à l’est encore, au Proche-Orient, se trouvent le Liban, la Syrie, la Turquie, Israël. Le long de la rive sud il faut prendre en compte le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, et même le Soudan et son or légendaire pour l’Afrique Noire6.
13La France fait figure de pionnière en la matière avec la tenue de plusieurs colloques fondateurs : Mines et mineurs en Languedoc-Roussillon et régions voisines de l’Antiquité à nos jours, en 1976 à Montpellier, publié en 1977 ; Mines et fonderies antiques de la Gaule en 1980 à Toulouse, publié en 1982 ; Mines, carrières et métallurgie dans la France médiévale, à Paris en 1980, publié en 1984 ; Les techniques minières de l’Antiquité au XVIIIe siècle, à Strasbourg en 1988, publié en 1992.
14L’élément déclencheur de l’intérêt pour les mines est la naissance, à la fin des années 70, de l’archéologie minière qui a fait prendre conscience du potentiel de ces sites. L’archéologie minière était seule à même, dans ces années là, d’apporter des informations concrètes et inédites sur un pan de l’activité humaine sur le temps long.
15Depuis le début des années 80, la recherche sur les mines et les métaux bénéficie d’un programme national de recherche archéologique, plaçant cette thématique au cœur de la programmation scientifique nationale. Ce qui confère à la recherche française une situation exceptionnellement favorable. Jusqu’en 1994, les programmes H27, puis H3 étaient exclusivement consacrés aux mines et à la métallurgie, pour l’ensemble des périodes historiques7. En 1994, une nouvelle programmation a été définie, Histoire des techniques de la protohistoire au XVIIIe siècle et archéologie industrielle, diluant dans une même grande thématique tout ce qui touche à l’histoire des techniques. Enfin, en 2016, pour répondre à l’évolution de la recherche scientifique, une nouvelle programmation a défini des axes ; l’axe 12 s’intitule : Mine et matériaux associés. Ce nouveau cadre prend en compte l’élargissement considérable du champ de la recherche et des méthodes de travail autour du thème très général des mines8.
16Parallèlement à la mise en place d’une programmation nationale par le Ministère de la Culture, les chercheurs, professionnels et amateurs, se sont regroupés au sein d’une association, à partir de 1982, la Société Archéologique Française d’Étude des Mines et de la Métallurgie (SAFEMM). Cette association compte aujourd’hui 80 membres qui se rencontrent, chaque année, pour faire le point de l’évolution de leurs travaux.
17Enfin, depuis 1988, tous les sites miniers sont des sites archéologiques, quels que soient les minerais extraits et quelles que soient les périodes d’activités, ainsi que les installations de surface et les haldes. À ce titre, ils bénéficient de la protection règlementaire dévolue à tout site archéologique.
18La recherche s’est d’abord principalement intéressée aux techniques extractives sur lesquelles on ne savait rien. Il a fallu inventer les méthodes à même d’obtenir des données scientifiques rigoureuses. C’est ainsi que les connaissances sur les techniques et l’outillage pour l’abattage de la roche, sur la circulation des hommes et des matériaux, sur la gestion des espaces souterrains et des déchets, etc. ont été acquises. Les compétences en archéologie minière des chercheurs français se sont « exportées » par l’intermédiaire de collaborations avec des collègues étrangers. Les échanges et les visites de sites se sont multipliés avec les chercheurs anglais, saxons, tchèques, slovaques, italiens, espagnols, catalans, et même jusqu’en Bolivie sur les célèbres mines de Potosi. Puis le champs de la recherche s’est élargi et, selon les périodes et la documentation disponible, prend désormais en compte l’ensemble des phénomènes liés à l’activité minière et métallurgique : les rapports de force politiques et économiques ; les incidences sur le plan social (localisation de l’habitat, évolution du statut des acteurs au fil des siècles) ; les flux des compétences ; les grandes phases de mutations techniques (pourquoi, comment, à partir d’où, selon quel mode de diffusion) ; le transfert des connaissances ; le poids des données naturelles sur le déroulement de l’activité (géologie et gîtologie, hydrologie, réserves en combustibles) ; l’impact de l’activité sur le paysage et l’environnement (modification de la topographie naturelle, pollution, déforestation), etc. Ce qui suppose des collaborations étroites avec des collègues œuvrant dans d’autres disciplines9. Depuis une dizaine d’années, cette recherche connaît un tournant important, dans deux directions. L’apport de l’archéométrie est désormais déterminant pour la caractérisation de plus en plus précise des techniques métallurgiques et de provenance des matériaux à partir d’analyses chimiques, isotopiques, pétrographiques, paléo-métallurgiques. C’est l’archéométrie encore qui éclaire sur les questions environnementales10. Parallèlement, les historiens réfléchissent désormais à l’établissement de synthèses à des échelles géographiques et chronologiques larges, tentant de mettre en évidence des phénomènes de territorialisation tout en essayant de mieux caractériser le monde de la mine entre artisanat et industrie11.
19Pour la France méridionale, la recherche s’appuie, sur le terrain, sur des sites exceptionnels étudiés sur le long terme et qui permettent une réelle démarche pluridisciplinaire permettant d’associer approche archéologique et apport des sources écrites12. Citons Brandes (Huez-38) et l’Oisans13, Pampailly (Brussieu-69) et le Lyonnais14, L’Argentière-la-Bessée et Faravel (05)15 et les Alpes du Sud16, Saint-Laurent-le-Minier (30) et la bordure sud du Massif Central17, Melle (79)18, Castel Minier (Aulus-09)19, etc. Ces sites majeurs, étudiés dans leur contexte grâce notamment aux prospections menées sur des aires larges, permettent de couvrir l’ensemble de la période pour tous types de minerais et de gîtologie. Les différents éléments qui les composent les rendent très complémentaires. Le Projet Collectif de Recherche (PCR) Le plomb ancien du Mont-Lozère. À la recherche des mines, des minerais, des ateliers, des paysages et des hommes est un bel exemple de ce que peut réaliser une équipe transdisciplinaire. Il a permis une véritable recherche intégrée associant, sur un même territoire, les travaux des archéologues20, des géologues et paléométallurgistes21, des paléoenvironnementalistes22. Ce PCR a servi de cadre à la préparation d’un mémoire de M1 ainsi que de deux thèses23. Un colloque international et une publication ont clôturé ce programme qui s’est développé de 2000 à 200724.
20La recherche universitaire prend une part active dans cette dynamique. Plusieurs mémoires et thèses ont été soutenus ou le seront très prochainement. Le large champ disciplinaire reflète parfaitement les domaines de recherche en lien avec les mines et les métaux. J’ai essayé de faire un inventaire des thèses soutenues depuis 2000. On constate un net déséquilibre entre les non ferreux et le fer, à l’avantage de ce dernier. Sur les neufs thèses qui concernent nos thématiques, six d’entre elles font appel en tout ou partie à l’archéométrie pour 3 portant sur des thématiques plus historiques et archéologiques. La recherche de Sandrine Baron sur Traçabilité et évolution d’une pollution métallurgique médiévale de plomb argentifère sur le Mont-Lozère (2005 Montpellier 2) se poursuit désormais dans le cadre des programmes du laboratoire TRACES (UMR 5608 CNRS-Université Jean-Jaurès) sur les Pyrénées et au Maroc. La thèse de Vanessa Py Mine, bois et forêt dans les Alpes du Sud au Moyen Âge. Approches archéologique, bioarchéologique et historique (2009 Université de Provence UMR 6572 LAMM) à mis en évidence le lien étroit entre exploitation minière, exploitation partagée de la haute montagne avec les agro-pasteurs et environnement. Ses travaux se déroulent désormais au sein du laboratoire GEODE (UMR 5602 CNRS-Université de Toulouse). La même année, Adrien Arles a soutenu une thèse sur Entre monnayage officiel et faux-monnayage. La fabrication de la monnaie au marteau en France (XIIIe-XVIIe siècles). Approche physico-chimique, expérimentale et historique (2009 Université d’Orléans UMR 5060 IRAMAT). La question paléo-environnementale a fourni un terrain de recherche à Sandrine Paradis-Grenouillet dont la thèse portait sur Étudier les « forêts métallurgiques » : analyses dendro-anthracologiques et approches géohistoriques. Exemples des forêts du mont Lozère et du Périgord-Limousin (2012 Université de Limoges UMR 6042 Géolab). Dans la même thématique que Sandrine Baron, Estelle Camizzuli a soutenu une thèse sur Impact des anciens sites miniers et métallurgiques sur des éco-systèmes terrestres et aquatiques actuels. Étude comparative de deux montagnes : le Morvan et les Cévennes (2013 Université de Bourgogne). La thèse de Joseph Gauthier mêle l’apport des sources écrites, de l’iconographie, de l’expérimentation et de l’archéométrie. Elle porte sur La fortune des entreprises minières : histoire et archéologie de l’essai des minerais par voie sèche en Europe, du haut Moyen Âge au XVIIIe siècle (2012 Université de Haute Alsace EA 3436 CRESAT). Enfin, Julien Flament a soutenu, en décembre 2017 une thèse sur La métallurgie des métaux non ferreux à la fin du Moyen Âge (XIVe-XVIe siècles) : le site de Castel Minier (Aulus-Ariège) ou l’apparition des ateliers multi-métaux (2017 Université d’Orléans). Deux thèses reflètent une démarche davantage historique et archéologique. La première concerne, certes l’Antiquité, mais porte sur un territoire qui concentre des exploitations minières aussi nombreuses pour le Moyen Âge, les périodes se superposant le plus souvent. Il s’agit de la thèse de Julien Mantenant sur L’exploitation des métaux en Gaule méditerranéenne. Économie et histoire de l’arrière-pays narbonnais à la fin de l’âge du Fer et au début de la période romaine (IIIe s. av. n. è.-IIe s. de n. è.) (2014 Université Jean-Jaurès UMR 5608 TRACES). La deuxième, également soutenue en décembre 2017, porte sur L’Âge de l’argent. Mines, sociétés, pouvoirs en Languedoc médiéval, soutenue par Nicolas Minvielle Larousse (Aix Marseille Université UMR 7298 LA3M).
21Pour l’heure, il n’existe pas de grand projet fédérateur centré sur les minerais non ferreux dans le sud de la France. En 2011-2012, dans le cadre du LabexMed, dont un des objectifs est de mutualiser les compétences, décloisonner les disciplines, faire progresser les pratiques interdisciplinaires, cinq Ateliers Thématiques de Recherches Interdisciplinaires (ATRI) ont été mis en place et l’ATRI 1 Systèmes productifs, circulations, interdépendances a donné naissance à un programme – HISTORMED : Histoire de l’Or en Méditerranée de l’Antiquité jusqu’à nos jours – dirigé par Ph. Jockey (Centre Camille Jullian (CCJ) d’Aix-en-Provence). Malheureusement, ce programme qui devait préparer un projet d’ANR s’est arrêté au bout d’une année sans suite. Pour autant, les chercheurs français, qu’ils soient issus de l’Université, du CNRS, des collectivités, de l’archéologie préventive ou de simples amateurs (au sens premier du terme) mettent en commun leurs connaissances, de façon informelle ou bien lors de rencontres institutionnelles.
22L’Italie est, avec la France, le pays qui contribue le plus activement à la recherche sur le monde de la mine au Moyen Âge. Il n’existe pas de programmation scientifique nationale encadrée par le ministère de la Culture ou de la Recherche, mais des travaux ont été conduits ou sont en cours en différents secteurs de la péninsule.
23Les Alpes piémontaises ont bénéficié des recherches de Giorgio di Gangi mêlant sources écrites et prospections de terrain, dont des publications font état25. Maurizio Rossi, Anna Cattiglia travaillent sur la région d’Usseglio depuis de nombreuses années26. Un nouveau projet est en cours de validation Miniere e opifici. Da risorsa strategica a patrimonio storico-ambiantale. Programma regionale di inventario, studio, tutela e valorizzazzione.
24On sait, par les sources écrites, que la Vénétie produit des minerais précieux – cuivre et argent – et que Venise joue un rôle de premier plan dans le commerce des métaux27. Les mines de l’Agordino démarrent aux XIIe-XIIIe siècles avec la venue probable de spécialistes allemands et si l’activité est modeste, elle entretient des rapports intenses avec la province minière germanique28. Rapports dont la nature pourra peut-être être précisée grâce aux recherches d’envergure qui ont débuté sur le Trentin.
25Nous connaissons tous le célèbre Codex Wangianus, rédigé à la demande de l’évêque de Trente, Federico Wanga, pour réaffirmer les droits de l’église sur le Trentin. Le Liber de postis montis argentariae règlemente l’exploitation de la galène argentifère du Mont Calisio. Rédigé fin XIIe-début XIIIe siècle, ce document est considéré comme le plus ancien règlement minier connu et le modèle de tous les règlements miniers européens. Un premier colloque s’était tenu en 1995 : Il Monte Calisio e l’argento nelle Alpi dall’Antiquità al XVIIIe secolo, publié 1997. Confronter les informations contenues dans le règlement à la réalité du terrain est l’un des objectifs d’un programme de recherche qui a débuté en 2013 Archaeology of the Mons Argentarius, sous la direction conjointe de Lara Casagrande de l’Écomusée Argentario de Trento et de Martin Strasburger, de l’Université de Munich. En 2014, le 9e colloque international d’archéologie minière s’est tenu à Trento sur le thème Research and preservation of the ancient mining areas29. Un point sur le programme de recherche en cours est fait dans le présent ouvrage.
26Aujourd’hui, le territoire le mieux étudié reste celui des Collines Métallifères toscanes. Des recherches fondamentales ont été initiées par Riccardo Francovich et l’Université de Sienne dans les années 80-90. Ses travaux et ceux de son équipe ont donné lieu à de nombreuses publications et Riccardo Francovich a participé au débat scientifique européen en nouant des collaborations en particulier avec le laboratoire d’Archéologie Médiévale Méditerranéenne pour la France par mon intermédiaire et avec les chercheurs anglo-saxons comme Richard Hodges actuellement président de l’American University of Rome. Outre les recherches spécifiques sur le site de San Silvestro, on lui doit d’avoir élargi la réflexion à la notion de territoire, d’insediamento et de paysage en étendant la recherche à l’ensemble du territoire minier massetan (Massa Marittima). Alors qu’il était très difficile de faire admettre, en France, le lien entre châteaux et mines, dès 1992 il validait le concept de castelli minerari dans une publication30. On lui doit encore d’avoir créé des géoparcs, dont le parc du Val de Cornia qui englobe le territoire minier ancien.
27Après Riccardo Francovich, la recherche s’est poursuivie toujours dans le cadre de l’Université de Sienne. Les communications présentées lors de ce colloque et les articles contenus dans cet ouvrage montrent la richesse et le développement des thématiques. Les chercheurs de l’Université de Sienne concentrent leurs travaux sur l’histoire économique et insédiative. En 2011, l’Université de Sienne, a tenu son École Doctorale Storia e archeologia del Medioevo sur L’exploitation des ressources naturelles au Moyen Âge, approches pluridisciplinaires, en collaboration avec l’École française de Rome et le Laboratoire d’Archéologie Médiévale Méditerranéenne (LAMM).
28Plusieurs mémoires ont été soutenus sous la direction de Riccardo Francovich. Rappelons la thèse de Silvia Guideri Archeologia dei paesaggi fra le valli dei fiumi Bruna ed Ombrone, il territorio di Roccastrada (1988 Université de Sienne), suivi, en 1989, par une recherche sur II contributo dell’archeometallurgia per lo studio di un territorio a vocazione mineraria : le Colline Metallifere nella Toscana Medievale. Alessandra Cassini, a soutenu une thèse sur Archaeologia mineraria e archeometallurgia del territorio populoniese : i monti di Campiglia Marittima (1992 Université de Sienne). Plus récemment, Jacoppo Bruttini a soutenu une thèse sur Minatore e signorie nelle Colline Metallifere : il sistema produttivo dei metalli monetabili nel medioevo (2014 Université de Sienne). Enfin, une thèse est en cours, sous la forme d’un recensement des recherches sur les métaux non ferreux en Italie.
29Un programme ERC a débuté en 2015. Il est dirigé conjointement par Richard Hodges et Giovanna Bianchi et porte sur Origins of a new economic union (7e-12e siècles) : ressources, landscapes and political strategies in a Mediterranean region (voir infra).
30Le sud de la péninsule et les îles ne sont pas exemptes de ressources minières. La Sardaigne est appelée à jouer un rôle majeur dans le développement de la recherche sur les métaux précieux en Méditerranée médiévale. En 1985, la publication de Marco Tangheroni La Città dell’argento montrait tout le potentiel de cet ensemble minier et du Breve di Villa di Chiesa, en s’intéressant aux tensions et aux flux qui animent la vie économique et les rapports de force en Méditerranée occidentale pendant trois siècles alors qu’Iglesias est la ville la plus peuplée de Sardaigne au XIVe siècle. Depuis cette publication, des travaux ponctuels ont été menés, mais rien de systématique31. Si l’on sort du cadre chronologique du Moyen Âge, les résultats d’un programme de recherche mené de 2011 à 2014 pourraient constituer un point de départ sérieux pour poursuivre l’enquête. Ce programme – Metal trading and tecnology transfer by the phoenicians – portant sur la Sardaigne, Chypre et la péninsule ibérique était piloté par l’Institut Archéologique Wissenschaften de l’Université de Bochum (Bärbel Morstadt) avec un focus sur les mines de l’Iglesiente de l’âge du Fer à l’Antiquité tardive à partir de recherche documentaire, de fouilles, de relevé LIDAR, de prospections géophysiques et d’analyses de mobiliers archéologiques dans les collections des musées.
31Les rapports entre la Sardaigne et la Catalogne au XIVe siècle ont été mis en évidence par les travaux d’Albert Martinez Elcacho sur les mines de Falset/Priorat, dont les résultats sont présentés dans cet ouvrage et par l’étude menée par Celestina Sanna32.
32La Calabre n’est pas réputée pour ses mines de métaux précieux. Cependant, Francesco Cuteri, professeur d’archéologie médiévale à l’Université de la Méditerranée de Reggio di Calabre, développe des recherches centrées sur l’archéologie minière et métallurgique et plus spécifiquement, sur la production d’argent ; plusieurs articles ont déjà été publiés33.
33De la Sicile, pour terminer le tour de l’Italie, peu d’informations nous sont parvenues mais de nombreuses publications sont parues, notamment sur la monnaie byzantine par Cécile Morrison, qui aborde, par ce biais, la question de l’approvisionnement en matière première, principalement l’or, mais aussi l’argent. Un important projet serait en cours de réflexion sur l’exploitation de l’or en relation avec la frappe monétaire par Vivien Prigent et Cécile Morrison.
34Pour l’Espagne Il est difficile d’avoir une vue d’ensemble car les chercheurs travaillant sur les royaumes chrétiens médiévaux et ceux sur Al-Andalus et le Maroc se rencontrent somme toute assez peu. Bien qu’il n’y ait pas de programme spécifique centré sur l’étude des métaux précieux en Espagne, des opérations individuelles apportent un éclairage sur les activités qui concernent de près ou de loin l’exploitation des ressources minières. Un ouvrage paru en 2018 fait le point sur les recherches les plus récentes34.
35Pour les mondes chrétiens, les travaux menés sur les mines en Espagne sont connus au travers de publications dont l’important article de Inigo Mugueta Moreno de l’Université de Navarre, sur les mines de cuivre argentifère exploitées au XIVe siècle en Navarre35. Plus récemment, l’extraordinaire documentation émise au XIVe siècle pour la gestion des mines catalanes de Falset/Priorat a donné lieu à une thèse magistrale soutenue par Albert Martinez Elcacho Pro crosis argenti. La plata al comtat de les muntanyes de Prades i baronia d’Entença en època del comte Pere (1342-1358) : regulació, gestió i rendiment de les mines de Falset (2014 Université de Lérida). Cette thèse d’histoire mériterait d’être complétée par une recherche archéologique. Quid des mines d’Arditurri au Pays Basque ? Quid des exploitations d’or de Galice (Las Medulas) ou des Asturies (Elias) après l’Antiquité ? etc.
36Le territoire d’Al-Andalus, riche en gisements polymétalliques, a généré un ensemble de recherches. En 2007, les universités de Séville et de Huelva organisaient un cours sur Mineria medieval en Andalucia. L’introduction soulignait qu’il s’agissait d’une activité mal connue, qui apparaissait comme marginale en Andalousie ; affirmation que ce cours entendait modifier.
37Parmi les chercheurs ayant travaillé sur les mines et la métallurgie médiévales en Al-Andalus citons les travaux de Juan Aurelio Pérez Macías de l’Université de Huelva. Ce dernier s’intéresse aux mines du sud-ouest de l’Espagne, mais principalement pour les époques protohistoriques et antiques36. On doit à José María Martín Civantos, de l’Université de Grenade, un article sur les mines du haut Moyen Âge de la Kura de Ilbira (provinces de Grenade et Alméria)37 et un autre sur les mines médiévales de l’Andalousie orientale38. Ana María Echevarria Arsuaga dont les recherches portent principalement sur les relations entre Islam et Christianisme a publié deux articles importants sur la question de la propriété des mines en Al-Andalus au XIIe siècle39 et sur la main d’œuvre dans les mines et salines médiévales d’Al-Andalus40. Citons également les travaux de Marta Sancho Planas présentés dans un article Aguas, rocas y metals : arqueologia y exploitacion de recursos minerales en la Edad Media41. La relation entre mines et fortifications est au centre de l’article de Patrice Cressier Observacion sobre la fortificacion y mineria en la Almeria islamica42. Ce dernier a également organisé et publié, en collaboration avec Alberto Canto García, un colloque sur Minas y metalurgia en Al-Andalus y Maghreb occidental. Explotación y poblamiento43. La publication, en 2005, d’un important colloque sur Minería y metalurgia históricas en el Sudeste europeo, rassemble les contributions de P. Cressier, A. Canto García, A. Martinez Elcacho, A.-M. Echevarria Asuaga, J.M. Martín Civantos44. Un rapport aurait été rédigé par Maryelle Bertrand, en 1997, sur Mines et métallurgie médiévales en Andalousie orientale (Espagne) – Sierra Nevada, pour la Maison Archéologie & Ethnologie, Nanterre service des archives de la maison de l’archéologie et de l’ethnologie. Mais il ne m’a pas été possible de le consulter.
38On le voit, des travaux certes nombreux, mais qui ne concernent pas uniquement les métaux non ferreux. Pour l’Al-Andalus, les chercheurs les plus actifs travaillent principalement sur l’Antiquité et comptent des spécialistes des métaux au sein du CSIC (Centre de Sciences Humaines et Sociales) comme Alicia Perea, Ignacio Montoro, Almudena Orejas, etc.
39Le Portugal est-il un pays « méditerranéen » ? La réponse est oui, bien qu’il soit exclusivement baigné par l’Atlantique. Malheureusement, il n’existe quasiment pas d’information sur d’éventuelles recherches sur les richesses minières au Moyen Âge. On sait que le sud du pays entretenait un commerce florissant à l’âge du Bronze avec la Méditerranée et que l’un des moteurs de ce commerce est la richesse en or, argent, étain et fer. Claude Domergue, en 1987, avait dressé un catalogue des mines et des fonderies antiques de la péninsule ibérique, dont le Portugal45. Les mentions de sites étaient nombreuses, mais reprises de références anciennes ; aucune véritable étude n’est venue confirmer cette attribution à l’Antiquité, sauf quelques exceptions comme Aljustrel.
40On dit que la mine de cuivre et pyrite de São Domingos au sud du Portugal, a été exploitée durant la protohistoire, puis par les romains, la reprise ne se faisant qu’au XIXe siècle… Ce qui est assez surprenant quand on sait combien le cuivre était recherché, en particulier dans la seconde partie du Moyen Âge.
41Un ouvrage de Guy Martinière, paru en 1994, Le Portugal à la rencontre de trois mondes, consacre une partie à Le Portugal, le Maroc et la « Méditerranée atlantique » africaine (1415-1446)46. Il y relate, à la suite du chroniqueur Gomes Eanes de Zurara (1410-1474), l’expédition maritime commandée par le roi D. João I (1357-1433) pour la conquête de la ville de Ceuta, le port le plus riche du Maroc des Mérinides, véritable carrefour des routes de caravanes de l’or et des esclaves en provenance de l’Afrique noire et des routes des épices et de la soie en provenance d’Orient et port d’exportation vers le Portugal et l’Europe du blé, du sel et du cuivre. L’expansion portugaise en Méditerranée occidentale s’est opérée tardivement47. Les marchands et les maîtres de navires portugais se sont intégrés dans les circuits existants. D’abord épisodique durant la première moitié du XVe siècle, la présence portugaise s’affirme à partir de 1450, pour être pleinement établie à la fin du siècle. La question de l’existence d’un potentiel géologique de richesses minières et de leur exploitation au cours du temps, et en particulier au Moyen Âge, reste à défricher. De même que l’impact de la découverte de l’Amérique sur l’exploitation et le commerce des métaux précieux, via l’Atlantique pour irriguer ensuite l’Europe, et en particulier l’Europe du Sud.
42Qu’en est-il du reste de la rive nord orientale du bassin méditerranéen ? On sait qu’en Grèce des mines d’or ont été exploitées dans l’Antiquité à Chypre, Siphnos, Thasos, des mines d’argent à Chypre, Siphnos et au Laurion, des mines de cuivre en Eubée, en Chalcis, à Chypre, … Quid du Moyen Âge ?
43Plusieurs communications vont nous emmener sur la rive orientale de la mer Adriatique, vers la Serbie, la Croatie48, en Égypte, au Proche-Orient, du Soudan à Cordoue, ce qui va ouvrir sur des espaces moins connus des chercheurs européens. Une publication récente fait le point sur l’exploitation de l’or dans le désert oriental égyptien. Plus de 250 sites ont été inventoriés. Le site de Bi’r Samût fait l’objet d’une étude particulière49.
44Si l’on poursuit le périple en abordant la rive sud de la Méditerranée, le Maghreb compte de nombreux sites miniers exploités au Moyen Âge. Déjà en 1928, Stéphane Gsell s’en faisait l’écho pour la partie orientale de l’Afrique du Nord50. Deux pays émergent à la fois pour leur potentiel minier et pour les études qui y sont menées.
45Le Maroc a très tôt suscité l’intérêt des historiens. Bernard Rosenberger, grand connaisseur du pays et de son histoire, publiait deux articles fondamentaux sur les anciennes mines médiévales du Maroc et en particulier le Jebel Aouam51. Plus tard, El Moussaoui El Ajlaoui s’intéressait aux mines polymétalliques du Maroc présaharien52. La mine d’Imiter s’inscrit parmi ces mines d’argent dont la production a fait la prospérité des principautés kharijites du Sud, puis celle des principautés idrissides, en favorisant leur commerce et leurs échanges monétaires avec l’Afrique Noire. En 2008, les universités de Oujda et Louis Lumière de Lyon pour la France organisaient leur École doctorale à Oujda sur Organisation des territoires, formation des paysages et exploitation des ressources naturelles (espace Maghreb-Méditerranée). Depuis 2011, Sandrine Baron mène un programme de recherches dans le cadre du laboratoire TRACES (UMR 5608) sur Mines et métallurgies dans l’anti-atlas marocain aux périodes médiévales impliquant le MAE, IDEX UT2J en collaboration avec F.X. Fauvelle, M. Souhassou et C. Robion-Brunner. La célèbre cité de Sijilmassa, siège de principautés islamiques et porte du grand commerce transsaharien durant tout le Moyen Âge, était un important point de passage des caravanes saharienne ; s’y tenait le commerce de l’or, de l’ivoire, du sel, de l’artisanat local et des esclaves. Les recherches menées jusqu’à maintenant n’avaient pas permis de comprendre l’organisation et le fonctionnement de cette ville. Depuis 2012, une équipe franco-marocaine a entrepris de nouvelles fouilles archéologiques avec un présupposé différent de tout ce qui avait guidé les recherches antérieures. Cette « ville » pourrait être formée de plusieurs petits centres53. Chloé Capel vient de soutenir une thèse sur Sijilmassa et le Tafilalt (VIIIe-XIVe siècle) : éclairages sur l’histoire environnementale, économique et urbaine d’une ville médiévale des marges sahariennes qui fait le point le plus récent et le plus argumenté des connaissances54.
46En Tunisie la recherche sur les métaux précieux est encore naissante, mais des chercheurs s’engagent dans cette thématique. En 2010, Mohamed Hassen, professeur à l’Université de Tunis organisait le Ve colloque international du PEMIVAT sur Les ressources naturelles au Maghreb durant l’Antiquité et le Moyen Âge : exploitation, gestion et usage. Une session était consacrée aux minerais/métaux parmi d’autres types de ressources. Les actes ont été publiés en 201455. En 2010-2011, dans le cadre des programmes FIR, le laboratoire LAMM (UMR 6572) a obtenu un petit financement pour développer une recherche sur Les artisanats méconnus du feu en Méditerranée occidentale : systèmes productifs et environnements du Moyen Âge à l’actuel (France méridionale et Maghreb). Opération codirigée par Aline Durand et moi-même qui est restée, malheureusement, très limitée.
47En 2011, Khaled Ben Romdhane alors directeur du musée des Monnaies de Tunis, a organisé deux journées de réflexion sur les « Perspectives de recherches sur les mines anciennes, médiévales et modernes »… Ces journées n’ont pas eu de suite.
48Sur le plan universitaire, Najla Touati a soutenu un M1, puis un M2 à l’Université Lyon 2 en 2007, sur Mines et réseaux de peuplement dans l’Ifriqiya médiévale, bilan des sources disponibles. En 2008, cette jeune chercheuse a engagé une thèse sur Mines et peuplement en Ifriqiya du VIIIe au XVe siècle sous ma direction (Université de Provence) et celle de Mohamed Hassen (Université de Tunis). Elle n’a malheureusement pas pu être menée à son terme. Les principaux résultats ont été publiés dans les actes du colloque de 201056. Najla Touati s’était en particulier intéressée à la ville de Majjana, mais l’étude de ce site important doit être reprise57. Après avoir soutenu un M2 en 2012 sur Essai d’application des méthodes d’analyses non destructives sur des monnaies d’argent (dirhams) trouvées en Ifriqiya, Souha Nefzaoui développe une recherche sur Production et commerce des métaux. Place de l’argent dans les échanges en Occident médiéval musulman, dans le cadre d’une thèse toujours sous la direction de Mohamed Hassen à l’Université de Tunis (PEMIVAT). Les grandes orientations de cette recherche sont présentées dans cet ouvrage.
49L’Algérie est la grande absente de ce panorama. Et pourtant, elle a joué un rôle dans la production et le commerce des métaux précieux. Les mines de fer de Bougie/Béjaïa sont les plus connues, mais Bougie est aussi un important centre de commerce et d’échange et d’autres métaux ont du y transiter. Le pays sous domination française a exploité le charbon, le fer, les phosphates, mais aussi le zinc, le plomb, le cuivre notamment en Kabylie. L’histoire de ces mines est connue pour le XXe siècle, mais on ne sait rien des exploitations qui ont certainement précédé. L’Algérie a entrepris de dynamiser son activité minière et de rouvrir des sites qui ne sont plus en exploitation. Cette situation va entraîner la destruction de sites miniers anciens alors même que leur inventaire n’est soit pas réalisé, soit pas connu. Les auteurs arabes anciens évoquent l’existence d’exploitations minières, en particulier de l’alun58. Écrire cette histoire minière semble à faire en urgence.
2. L’évolution des thématiques
50Il n’est pas aisé de retracer une véritable évolution des thématiques, à l’échelle européenne, car les niveaux de recherche sont très différents selon les pays et les territoires, tant dans leur organisation institutionnelle que dans leur finalité.
51Très vite les différents sujets gravitant autour de la production de minerais/métaux précieux ont été pris en compte. Cette diversification précoce des thématiques se mesure tout particulièrement au sein de la recherche française. Cela s’explique car la France a un triple avantage : 1) l’antériorité du démarrage de la recherche autour des métaux dès la fin des années 70 ; 2) l’existence d’un programme de recherche archéologique national autorisant et encadrant les opérations de prospections, de fouilles, encourageant la formation de Projets Collectifs de Recherches (PCR), favorisant la tenue de colloques, séminaires, tables rondes accompagnés de publications ; 3) la variété des chercheurs, professionnels (CNRS et Université principalement) ou amateurs, offrant un large panel de types d’approches historiques, archéologiques, archéométriques, géologiques et géochimiques, etc. (voir supra).
52Les questions relatives aux techniques minières et à leur évolution sur le temps long ont constitué le socle fondateur de l’archéologie minière en France, associant archéologie traditionnelle et archéologie souterraine empruntant beaucoup à la spéléologie. Cette particularité a fait de la recherche française le « leader » dans ce domaine. L’essentiel des connaissances en matière d’abattage, de gestion des espaces souterrains, d’identification et d’organisation des installations de surface a été obtenu par les archéologues français.
53Désormais, les questionnements portent peu sur cette thématique car les connaissances acquises, fondées sur une relation étroite avec les géologues, constituent un fonds suffisamment solide pour permettre aux chercheurs de travailler sur des bases communes. Dans ce domaine l’évolution possible est une précision chronologique dans les mutations technologiques comme l’apparition de la poudre dans le percement de la roche, par exemple59. Même quête de précision chronologique dans l’évolution des traitements des minerais polymétalliques grâce à l’archéométrie60. D’une façon plus générale, une dilatation du cadre chronologique est indispensable ; il faut travailler sur le temps très long et prendre en compte les premiers siècles du Moyen Âge, période pour laquelle les sources sont plus difficiles à trouver.
54Les recherches les plus actives s’organisent autour de quelques grands thèmes. Les questions paléoenvironnementales comme celles des combustibles61, des pollutions rémanentes62, des modifications profondes des paysages63 constituent le premier axe de recherche. Le second englobe l’organisation des territoires miniers, l’impact sur le phénomène urbain de la production ou du commerce de métaux précieux, l’encadrement et le contrôle de ces activités liés à l’enjeu économique et politique qu’ils constituent. La circulation des matières premières et la provenance des minerais/métaux sont désormais au cœur d’une étroite collaboration entre archéologues, historiens des textes et archéomètres64. C’est probablement l’axe de recherche le plus indispensable à l’évolution des réflexions sur le thème des métaux précieux en Méditerranée médiévale.
55Pour autant, l’avenir de la recherche tient aussi à une meilleure connaissance du terrain qui amène à une reprise de travaux précurseurs. Ainsi les règlements miniers. En 1993, Philippe Braunstein publiait un article sur les statuts miniers européens dont les données étaient reprises dans un ouvrage du même auteur, en 200365.
56En 2008, un colloque international réunissait des chercheurs sur le thème I codici minerari : statuti europei a confronto dalle Tavole di Aljustrel agli ordinamenta médievali, publié en 2014 avec une nouvelle réflexion sur les règlements majeurs que sont le Codex Wangianus, le Breve di Villa di Chiesa auxquels s’ajoutaient des éléments nouveaux comme un texte réglementant l’exploitation minière dans un district minier du Languedoc66. Cette relecture de sources connues bénéficiait d’une meilleure mise en contexte. L’exemple le plus significatif est celui du Codex Wangianus, dont le volet minier est désormais indissociable de l’organisation et de la vie de la ville de Trento.
57Ainsi, bien que l’archéométrie contribue de façon extraordinaire à l’enrichissement des connaissances, aucun sujet, même fondé sur des sources anciennes et connues, n’est jamais épuisé et peut évoluer.
3. Les programmes de recherche
58Les programmes de recherche de ces trois dernières décennies ont pour objectif soit de mettre en réseau des chercheurs œuvrant sur des thématiques communes soit de développer une recherche de fond.
59Appartiennent au premier groupe les actions COST G2 et A27 (Understanding pre-industrial structures in rural and mining landscape-LANDMARKS), programmes européens centrés sur les paysages ruraux et industriels et qui ont fait une large place aux paysages miniers. Plusieurs rencontres ont eu lieu, des publications sont parues dont un Atlas historique des zones minières en Europe, en 2 volumes67. Dans le même esprit, le réseau MinAhm (Mine et Anthropisation de la Haute Montagne), a été créé en 2012 pour 5 ans, par Vanessa Py. Il s’agissait d’un réseau des MSHST qui a permis une meilleure circulation des informations entre chercheurs français et l’organisation de deux journées thématiques, l’une en 2012 à Toulouse et l’autre en 2014 à L’Argentière-La Bessée.
60De 2013 à 2015, deux programmes ont permis la mise en perspective des résultats de recherches touchant pour partie notre thématique.
61Le premier est un programme commun de la Casa de Velázquez et de l’École Française de Rome, coordonné par Christian Rico (TRACES UMR 5608) et Didier Boisseuil (CERS UMR 7323), sur Le marché des matières premières dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Une première rencontre, en 2013 a eu lieu à Rome sur Les lieux des échanges. Les Routes, moyens et acteurs étaient au cœur de la seconde rencontre à Madrid. Enfin, en 2015, à Venise, il a été débattu des Acteurs et organisation du marché. Une publication paraîtra prochainement.
62Le second programme, commun à la Casa de Velázquez et au CCHS (Instituto de Historia) du CSIC, coordonné par Almudena Orejas (CSIC) et Christian Rico (TRACES UMR 5608) avait pour thème : Circulation et destination des métaux précieux en Méditerranée occidentale de l’Antiquité au Moyen Âge : apport de l’archéologie minière et de l’archéométallurgie. La première rencontre, en 2013 à Madrid, était consacrée aux avantages et inconvénients des méthodes analytiques pour la caractérisation quantitative et qualitative de la production minéro-métallurgique comme pour l’étude des provenances du métal. La seconde, en 2014 à Toulouse, s’est intéressée aux questions relatives à la circulation et à la destination notamment monétaire des métaux précieux. L’intitulé de ce dernier programme le plaçait très directement dans le même questionnement que le colloque qui nous réunit. Cependant, le programme tel qu’il a été défini accorde une place très prépondérante à l’Antiquité. En cela, ce programme rejoint le thème d’un séminaire organisé par l’Université Paul Valéry de Montpellier, en 2014-2014 sur L’argent. Fortune, monnaie, richesse dans la Méditerranée antique. Approches historiques et archéologiques.
63Plus marginalement par rapport au cœur de cette recherche centrée sur les métaux précieux en Méditerranée médiévale, le projet ERMO réunit depuis 2015, à l’initiative de la Casa de Velázquez, un consortium composé de neuf institutions de recherche (voir le détail sur le site du projet). Le thème fédérateur est L’entreprise rurale en Méditerranée occidentale (XIIIe-XIVe siècles) dont le coordinateur principal est Catherine Verna. Le projet propose de mettre en synergie des recherches dispersées, mais dont l’objectif scientifique est commun, qui se développent dans des structures où l’histoire économique médiévale, comme l’histoire des techniques, occupe une place importante. Plusieurs sessions se sont déjà tenues, en 2015 à la Casa de Velázquez sur Le financement des entreprises rurales ; en 2016 à Zaragoza sur Travail et entreprise rurale : savoirs, circulations et marchés. En 2017 à Lleida sur Figures d’entrepreneur.
64Enfin, le programme ANR MINEMET Production et provenance d’or et d’étain dans l’Occident protohistorique et antique coordonné par Béatrice Cauuet (TRACES UMR 5608) de 2012 à 2015 portait certes sur des périodes antérieures au Moyen Âge, et sur des zones minières à la marge du monde méditerranéen, sauf pour l’étain produit en Cerdagne. Mais il serait parfaitement contre-productif de méconnaître le bouillonnement de la recherche autour de thématiques qui touchent plus ou moins directement les métaux précieux en Méditerranée médiévale.
65En 2016, le laboratoire Edytem de l’Université Savoie-Mont Blanc (UMR 5204) a engagé un programme TRAMIN. Géographes, géologues, archéologues, géochimistes collaborent autour de la question de l’héritage socio-environnemental du passé minier dans les Alpes françaises du Nord. La question des contaminations est abordée à partir des concentrations en plomb dans les sols et des analyses isotopiques. Ce programme, encore une fois, touche à la marge notre sujet, tant du point de vue géographique – Alpes du Nord – que chronologique – sites exploités jusqu’au XIXe siècle. Mais les méthodes mises en œuvre et les résultats peuvent servir de référence pour de nouvelles études similaires.
66En 2015 un programme de recherche ERC a été validé pour la période 2015-2020. Richard Hodges (président de l’Université américaine de Rome depuis 2012) en est le principal coordinateur, en partenariat avec Giovanna Bianchi (professeure associée d’Archéologie Médiévale et Chrétienne à l’Université de Sienne) et l’Université de Sienne. Intitulé nEU-Med il porte sur The creation of economic and monetary union (7th to 12th centuries) : mining, landscapes and political strategies in a Mediterranean region. Entre autres actions, des analyses isotopiques systématiques sont réalisées sur des monnaies représentatives d’un monnayage « italien » précoce, afin de rechercher l’argent extrait des collines métallifères toscanes. Une première réunion de bilan a eu lieu à Sienne en avril 2017.
67Les programmes ci-dessus énumérés ne représentent pas la totalité de la recherche conduite sur le pourtour de la Méditerranée, mais ils montrent la place croissante prise par les questions relatives à la production de richesses à partir de l’exploitation, du contrôle, de la gestion des ressources naturelles. On en revient à la nécessité de développer des collaborations. On constate en effet, une multiplication des programmes sur des thèmes concernant de plus ou moins près les métaux précieux en Méditerranée, dont celui, très proche, sur la production et la destination des métaux précieux en Méditerranée dans l’Antiquité et au Moyen Âge. Mais si on regarde le détail des communications, il n’y a pas de redondance, mais bien plutôt une complémentarité qu’il faut maintenant exploiter. On constate également que ces programmes se veulent fédérateurs et internationaux ainsi que le rôle moteur de la Casa de Velazquez.
Conclusion
68Les questions posées dans les attendus de ce colloque ne trouveront pas toutes des réponses au cours de ces journées, mais doivent servir de base à une réflexion commune, au sein d’un réseau dont il faudra esquisser la forme au cours de la Table Ronde.
69Quelques grandes orientations peuvent d’ores et déjà être avancées. La Table Ronde qui clôt ce colloque propose d’échanger autour de trois principaux axes de réflexion :
701/ Quid de la diffusion des métaux précieux tout au long de la chaîne opératoire et des différents prélèvements qui s’opèrent. Les ateliers monétaires sont-ils le principal débouché ? Quid des métaux connexes que sont le plomb et le cuivre ?
712/ Comment caractériser les activités autour de la production de métaux précieux ? Artisanat ? Entreprise ? Industrie ? Le spectre des situations sera certainement très large, quels critères adopter pour mieux les définir ?
723/ Les transferts de métaux précieux entre les états méditerranéens semblent se structurer entre un export de métaux polymétalliques (argent, plomb, cuivre) d’Occident en Orient, et d’or d’Orient en Occident. Or, d’importantes mines polymétalliques étaient en exploitation, en particulier dans l’espace maghrébin. Comment expliquer ce paradoxe ? Une réflexion actualisée mérite d’être ouverte.
73À ces trois axes de réflexion il faut ajouter quelques pistes supplémentaires.
744/ La question de la circulation des métaux reste primordiale et il est aujourd’hui essentiel de savoir caractériser l’isotope de l’argent, ce qui implique, bien évidemment, un important travail d’échantillonnage de minerais de préférence prélevés in situ, et de travail en laboratoire car les gisements miniers sont multiples. Ce travail nécessitera également une réelle synergie méditerranéenne68. L’isotopie de l’argent est très récente en archéo/histoire, elle se pratique sur des monnaies. Pour diverses raisons, l’isotopie de l’argent seul apporte peu (pour le cas des monnaies), mais couplé au plomb (et parfois au cuivre), ce système isotopique s’avère très pertinent. L’avenir du traçage des métaux est dans le couplage des traceurs69.
755/ La concertation doit effectivement s’opérer, dans un premier temps à l’échelle du bassin méditerranéen, mais quasi simultanément, cette recherche doit s’insérer dans un cadre bien plus large avec les productions de l’Europe de l’Est tels que les Monts métallifères de l’Erzgebirge à la frontière République Tchèque et Saxe ou encore la Cappadoce où l’or, l’argent, le plomb, le cuivre et l’étain exploités très anciennement l’étaient encore de façon avérée du IXe au XIe siècle70, de l’Asie, de la péninsule arabique71, etc. Vaste projet, dont des amorces existent déjà de façon ponctuelle, mais à mener sur plusieurs générations de chercheurs.
766/ L’idée généralement admise est que l’arrivée de l’or et l’argent du Nouveau Monde change la donne et que désormais, la production et le commerce des métaux précieux abandonnent la Méditerranée pour se concentrer dans les Alpes orientales et l’Atlantique. Dans un article daté de 2011, Anne-Marie Desaulty et Francis Albarede (communiqué de presse du CNRS 2011) se posent la question. L’argent des Amériques aurait pénétré l’économie espagnole plus tard que prévu. Selon eux, le métal européen serait resté majoritaire jusqu’aux années 20 du XVIIe siècle, hypothèse émise à partir de l’analyse d’isotopes de monnaies circulant en Espagne après 1492.
77Preuve du dynamisme de cette cherche et de ses chercheurs, beaucoup d’affirmations anciennes à revoir, ce qui est le propre de toute démarche scientifique.
Bibliographie
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Notes de bas de page
1 Bloc 1933 ; Boüart 1939 ; Lombard 1947a ; Renouard 1950 ; Miskimin 1962, Bautier, Sornay 1968.
2 Marchesi, Thiriot, Vallauri et al. 1998.
3 Martinez ElCacho 2006 ; Sanna 2014.
4 Benoît 1997.
5 Hock, Innerhofer, Kretenbrink, et al. 2011 ; Hruby 2011 ; Labuda 2016.
6 Lorsque l’on parle de « l’or du Soudan », il s’agit en fait de la zone Mali-Burkina-Ghana, là où se trouvaient les mines qui alimentaient le commerce transsaharien vers le Maghreb et al-Andalus.
7 Bailly-Maître 1997.
8 Bailly-Maître 2016, 165-176.
9 Bailly-Maître, Dillmann 2010.
10 Baron 2009.
11 Braunstein 1994 ; Minvielle Larousse, Bailly-Maître 2018.
12 Bailly-Maître 2002.
13 Bailly-Maître 2008 ; Peloux et al. 2015 ; Bailly-Maître 2019.
14 Benoît 1997.
15 Ancel et al. 2010 ; Ancel 2010 ; Ancel 2014.
16 Ancel 2010.
17 Bailly-Maître 2003, Bailly-Maître 2011, Bailly-Maître, Ancel 2014.
18 Tereygéol 2014.
19 Tereygéol et al. 2010.
20 Prospections et fouilles de fours de réduction du plomb argentifère dirigées par moi-même.
21 Géologique des mines et étude paléo-métallurgique des scories par Alain Ploquin – CNRS CRPG Nancy.
22 Le volet paléo-environnemental portait à la fois sur le combustible, à partir de l’étude des charbonnières et sur l’impact de la déforestation sur les pentes. Philippe Allée du laboratoire Géolab Limoge a dirigé cette partie du programme.
23 Mémoire de M1 de Sarah Laurent sur Mines et métallurgie du plomb argentifère sur le Mont-Lozère au Moyen Âge (XIe-XVe siècles) à l’Université Lyon 2 ; Thèses de Sandrine Baron et Sandrine Grenouillet (voir infra).
24 Ploquin et al. 2010.
25 Di Gangi 2001 ; Di Gangi 2007.
26 Rossi, Gattiglia 2011 ; Rossi, Gattiglia 2013.
27 Kovacic 1960 ; Braunstein 2016 ; Fabijanec, Vasilijevic 2016.
28 Vergani 1980 ; Vergani 2003.
29 Silvertant, Silvertant 2014.
30 Francovich, Farinelli, 1999.
31 Poisson 2008.
32 Sanna 2014.
33 Cuteri 2012.
34 Rico, Orejas 2018.
35 Moreno 2004 ; Moreno 2005.
36 Pérez Macías, Delgado Domínguez 2011 ; Pérez Macías 2015.
37 Martín Civantos 2005.
38 Martín Civantos 2010.
39 Echevarria Arsuaga 2005.
40 Echevarria Arsuaga 2009.
41 Sancho Planas 2008.
42 Cressier 1998.
43 Canto Garcia, Cressier.
44 Puche Riart et Ayarzagüena Sanz 2005.
45 Domergue 1987.
46 Martinière 1994.
47 Coulon 2004 ; Paviot 2004.
48 Kovacic 1960 ; Fabijanec, Vasilijevic 2016.
49 Brun et al. 2013.
50 Gell 1928.
51 Rosenberger 1964 ; Rosenberger, Brignon 1970.
52 El Moussaoui El Ajlaoui 2008.
53 Fauvelle et al. 2014.
54 Capel 2016 ; Capel, Fili 2016.
55 Hassen 2014.
56 Touati, Bailly-Maître 2014.
57 Domenech, Guichard 2015.
58 Lange, Mauny 1986 ; Borgard et al. 2005.
59 Kammenthaler et al. 2016.
60 L’Héritier et Tereygéol 2010.
61 Py et al. 2013.
62 Camizuli et al. 2014.
63 Bartels 2008.
64 Dillmann, Bellot-Gurlet 2011.
65 Braunstein 2003.
66 Farinelli, Santinucci 2014.
67 Orejas 2001-2003 ; Bartels, Ruiz del Arbol et al. 2008.
68 Albarede et al. 2016.
69 Baron et Coustures 2015.
70 Métivier et Prigent 2010.
71 Peli 2006.
Auteur
-
Marie-Christine Bailly-Maître
Aix Marseille Univ, CNRS, LA3M, Aix-en-Provence, France
Baillymaitre@wanadoo.fr
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Les métaux précieux en Méditerranée médiévale
Exploitations, transformations, circulations
Nicolas Minvielle Larousse, Marie-Christine Bailly-Maitre et Giovanna Bianchi (dir.)
2019
L’Homme et l’Animal au Maghreb, de la Préhistoire au Moyen Âge
Explorations d’une relation complexe
Véronique Blanc-Bijon, Jean-Pierre Bracco, Marie-Brigitte Carre et al. (dir.)
2021