Lactation in History. Pour une histoire de l’allaitement maternel
Pratiques, représentations, politiques de l’Antiquité à nos jours
p. 317-336
Texte intégral
1De longue date, l’allaitement fait l’objet de débats qui ont une dimension politique, économique et socioculturelle. Aujourd’hui plus particulièrement, l’allaitement est situé au cœur des dispositifs de santé des organismes internationaux en matière de soins destinés aux nouveau-nés, mais aussi de santé maternelle. Il est un élément qui polarise les idéologies dans le débat public concernant les politiques de la famille et du travail féminin.
2Cette question occupe par ailleurs une place importante dans les différents courants de la réflexion féministe contemporaine, notamment en ce qui concerne les controverses entre féminismes essentialiste et universaliste ainsi que dans le débat autour de la maternité. C’est d’ailleurs autour de ce dernier aspect que l’on peut saisir les enjeux de la question. En 2005, la revue Clio. Histoire, femmes et sociétés présentait un numéro thématique, Maternités dans lequel deux articles de Françoise Thébaud et Anne Cova traçaient un bilan historiographique de la question (Thébaud, 2005 ; Cova, 2005). Par la suite, de nombreuses études ont élargi la réflexion à la relation entre normes, savoirs et pratiques de la maternité. Plus généralement, ce thème suscite désormais une dynamique spécifique en sciences sociales (Gojard, 2011 ; Garcia, 2011 ; Cardi, 2010). Cette manière différente d’aborder l’allaitement et la maternité, correspond sans doute à l’émergence des nouvelles préoccupations dans la recherche. Ces questions sont envisagées dans une perspective qui leur restitue une dimension de genre. Il s’agit de les inscrire dans une approche plus large que celle de l’émancipation des femmes.
3Comme l’a souligné à plusieurs reprises Yvonne Knibiehler (1997) en ce qui concerne la France, faire l’histoire de la maternité a été un tabou pour le mouvement féministe ainsi que pour les premières chercheures en histoire des femmes. S’intéresser à la maternité et à son histoire, revenait à renoncer à restituer une visibilité aux femmes dans les autres domaines et donc, en quelque sorte, à accepter le rôle biologique reproductif comme l’horizon essentiel de la condition des femmes1. En fait, laisser dans l’ombre l’histoire de la maternité n’est rien d’autre qu’une omission historiographique qui constitue une sorte de lapsus du féminisme. Il ne s’agissait de rien moins que de renoncer à interroger un point capital, tant du patriarcat que de l’expérience subjective des femmes2.
4Par la suite, de nombreuses recherches ont contribué à restituer la complexité à l’histoire de la maternité (Cova, 2005) et de la naissance3, permettant du même coup de réfléchir à la complexité des rituels qui entourent la reproduction, et au rapport entre normes et transgressions, dans une dimension d’histoire sociale. C’est précisément dans cette perspective que fut publié en 1995 un important travail dirigé par Giovanna Fiume (19954). Cet ouvrage contient par ailleurs l’un des premiers articles consacré à l’histoire de l’allaitement conçu dans cette nouvelle perspective : celui de Gianna Pomata (1995).
5À de rares exceptions près (Duden, 1996), la question de la maternité comme expérience du sujet est cependant restée dans l’ombre. L’investigation des émotions et sentiments est assujettie à une approche qui ne peut que contribuer à les naturaliser davantage. En 2010, lorsque la philosophe Élisabeth Badinter revient au thème de la maternité, c’est pour théoriser une sorte de conflit qui opposerait, encore aujourd’hui, l’identité de la mère à celle de la femme (Duden, 1996). Instinct ou amour et société, corps et psyché, nature et culture, sont une fois de plus présentés selon une logique polarisante qui revient à les opposer et à les rendre inconciliables. Rester prisonnier de ces dichotomies pourrait se révéler dangereux pour le féminisme contemporain, notamment en ce qui concerne les débats actuels sur l’allaitement. Les campagnes des associations engagées sur le front des revalorisations sociales de l’allaitement s’inscrivent souvent dans une visée égalitaire et cherchent à renforcer la position et la dignité des mères allaitantes. Les mots d’ordre impliquent symétriquement les « hommes » et les « femmes » dans leur responsabilité vis-à-vis des enfants et des nouveaux nés. Ils valorisent l’empowerment des mères en mettant en scène leurs capacités d’agir. De telles stratégies méritent attention, puisqu’elles font de l’allaitement le pivot même d’une prétendue puissance féminine. Cependant l’éloge de cette dernière s’appuie toujours sur des fonctions sociales traditionnellement associées au sexe féminin, si bien que le risque subsiste d’en revenir, par ce biais, à une surdétermination de la maternité conçue comme l’ultime accomplissement de la féminité. Il convient donc de s’interroger aussi sur les effets des politiques publiques de promotion de l’allaitement et de se demander, avec le mouvement féministe, dans quelles mesurent en contribuent à maintenir une répartition genrée des tâches parentales.
6L’allaitement des enfants, peut-être plus encore que leur gestation et leur naissance, est dès lors un puissant révélateur de la construction de l’ordre familial et de la hiérarchie entre les sexes.
7 Le projet de recherche « Lactation in history » (http://unige.ch/lactation-inhistory), financé par le Fond national suisse de la recherche scientifique (FNS), poursuit précisément le but d’étudier l’allaitement comme une réalité historique et socio-culturelle complexe. Il s’agit de mettre en évidence comment la variété des discours, la pluralité des représentations et des pratiques de la lactation et de l’alimentation des nourrissons évoluent et se transforment de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui. Les significations que prennent les liens entre l’allaitement et la maternité ont des résonances religieuses, médicales, socio-politiques et artistiques particulières en fonction des différents contextes culturels étudiés. L’étude minutieuse des différents dossiers définis par le programme doit à la fois permettre de faire progresser l’état de la recherche dans chacun des domaines disciplinaires concernés, mais aussi d’éclairer le présent par leur mise en perspective et le dialogue interdisciplinaire qui s’en suit.
8Ce projet s’inscrit dans un contexte où plusieurs entreprises d’investigation historique sur la longue durée ont déjà été engagées, comme en témoignent les travaux pionniers qui nous ont permis de concevoir notre projet et de le contextualiser5.
9Le programme de recherche se structure autour de quatre équipes organisées selon un principe chronologique et regroupant des spécialités disciplinaires variées :
- L’équipe « Antiquité », dirigée par Véronique Dasen, s’appuie sur l’histoire des religions et l’archéologie.
- L’équipe « Moyen Âge » dirigée par Yasmina Foehr-Janssens, travaille dans les domaines de l’histoire de l’art et de la littérature.
- L’équipe « Époque moderne et contemporaine » dirigée par Daniela Solfaroli Camillocci, regroupe des spécialistes en histoire de la culture religieuses, en histoire de l’art et en histoire de la médecine et du genre.
- L’équipe « période contemporaine et anthropologie », dirigée par Irène Maffi, est constituée d’anthropologues.
10L’un des fils conducteurs importants de notre travail est le rapport entre allaitement et sphère publique. Nous nous intéressons à la surdétermination symbolique qui caractérise les pratiques de nourrissage ainsi qu’à l’imaginaire de la lactation et aux représentations du sein triomphant, depuis les cultures antiques. Les mises en récits et les mises en images de la lactation opérées au cours des siècles passés nous paraissent parfois incongrues ou illisibles aujourd’hui. Citons par exemple le thème de la Charité romaine, si appréciée par les peintres baroques et qui produit le spectacle singulier d’un vieillard tétant le sein de sa jeune et ravissante fille6. Ces exhibitions sont le résultat de négociations symboliques complexes en termes de rapports sociaux de sexe, la puissance féminine que confère la fonction nourricière de la mère allaitante faisant le plus souvent l’objet d’un contrôle social assez strict.
11Cette dimension publique et politique ne va pas de soi aujourd’hui. La pratique de l’allaitement, conçue comme le résultat d’un choix personnel – ou à la rigueur de couple –, se trouve aujourd’hui rabattue sur la sphère privée. Dans le contexte actuel, urbain et occidental, le sujet suscite une certaine gêne, symptôme de l’assignation du corps allaitant à l’intimité domestique. La présence du sein gorgé de lait dans l’espace public, notamment professionnel, pose problème au regard de l’idéologie d’un corps autonome et coupé de ses fonctions vitales qui régit les interactions sociales dans le monde du travail. La mise en place de campagnes de sensibilisation afin de favoriser la mise à disposition d’espaces d’allaitement sur les lieux de travail et, plus généralement dans les lieux publics, démontre l’emprise de ce besoin d’intimité alors même que d’autres initiatives promotionnelles mettent en scène, pour les critiquer, les injonctions sociales qui tendent à imposer l’invisibilité du corps allaitant des mères7.
12De plus, si l’on compare les pratiques actuelles avec la situation de l’allaitement tel qu’il était vécu jusqu’à l’avènement de laits de substitution fiables, il y a un siècle, dans un régime social où le recours aux nourrices était encore habituel, on peut percevoir un autre aspect de cette « privatisation ». Aujourd’hui, la logique nutritionnelle prédominante dans le contexte occidental et industrialisé prévoit que seul l’enfant utérin a normalement « droit » au sein d’une femme allaitante qui lui appartient de manière exclusive, comme si la relation nourricière était structurée sur un principe semblable à celui de la monogamie. L’allaitement étant désormais placé dans la sphère juridique du don de soi (Reiter, 1994), les banques de lait et l’usage du tire-lait montrent combien la relation mère-enfant est pensée sur ce mode exclusif qui garantit la mise à disposition du sein dans le cercle très fermé du couple mère-enfant. De plus, l’allaitement ne concerne en principe que le dernier né d’une fratrie. Par conséquent, certaines formes de co-allaitement, de partage et d’offrande du sein entre mères sont perçues comme des actes dérangeants et des pratiques forcément à contre-courant.
13Dans le cadre du projet « Lactation in History », nos recherches se déploient selon deux axes transversaux, qui privilégient la dimension politique et sociale de l’allaitement, tout en explorant ses relations avec la sphère culturelle et symbolique des gestes de nutrition et de la transmission des fluides nourriciers.
Devenir mère : l’allaitement entre nature et éducation
14L’allaitement est généralement perçu comme un processus naturel et inné, pourtant sa mise en place ne va pas de soi. Dans un contexte de forte valorisation de l’allaitement, les mères qui allaitent sont amenées à gérer un ensemble de règles sociales souvent contradictoires, et sont soumises à des normes restrictives qui régissent les rythmes, les temps, les durées et les contextes, privés ou public, de l’allaitement
15L’équipe d’anthropologues est formée de deux chercheuses de l’Université de Lausanne. Leurs recherches de terrain – basées en Suisse romande –, abordent des milieux différents et en même temps complémentaires, dans la mesure où l’une se focalise sur le milieu extra-hospitalier, l’autre sur les pratiques et les discours de l’allaitement au sein de l’hôpital.
Temporalités de l’allaitement : initiation et sevrage en famille
16Un des axes de cette recherche porte sur les pratiques et expériences d’allaitement des mères et des familles, de l’initiation au sevrage8. Il s’intéresse plus spécifiquement aux couples qui optent pour un accompagnement global par une sage-femme indépendante, avec un projet d’accouchement extra-hospitalier. En suivant les sages-femmes dans leurs visites post-partum à domicile, on observe les modalités de l’initiation à l’allaitement. En complément de l’observation-participante pratiquée durant ces visites, des entretiens plus approfondis avec les mères sont également effectués, ce qui permet de retracer leur trajectoire d’allaitement, et de saisir l’évolution de leurs pratiques et ressentis. Sur le plus long terme, cette recherche de terrain s’intéresse à l’évolution des pratiques et des rôles attribués aux tétées à mesure que l’enfant grandit, ainsi qu’à la relation d’allaitement qui le lie à sa mère, en lien avec les approches idéologiques de la maternité dans laquelle l’allaitement s’inscrit. Plus largement, la notion de temporalité dans l’allaitement agit comme fil conducteur de cette réflexion, que ce soit au niveau de la durée de l’allaitement, ou des modalités de son initiation et de son déroulement à plus long terme.
Nourrir les nouveau-nés : protocoles et pratiques hospitalières
17Ce deuxième volet anthropologique, s’intéresse davantage aux pratiques hospitalières de l’allaitement. Il s’agit d’une recherche de terrain au sein d’un hôpital universitaire en Suisse romande où les protocoles concernant l’alimentation des nouveau-nés sont rigidement établis et affectent profondément la mise en place de l’allaitement maternel9. Le travail se propose d’explorer les caractéristiques des protocoles, leurs justifications, leur application et leur perception de la part tant du personnel soignant – sages-femmes et infirmières – que de la part des nouvelles mères au cours de leur hospitalisation. La question du sentiment de compétence des mères est reprise dans ce volet, en insistant sur l’influence du contexte institutionnel et des procédures hospitalières sur la réussite de l’allaitement. À côté du vécu des mères, les pratiques et les expériences des membres du personnel soignant sont aussi prises en compte et analysées afin de montrer l’interaction complexe entre les mères et les professionnels de la santé autour de l’allaitement. Une attention particulière est consacrée aux discours qui tendent à rendre compte de la santé des bébés à partir de critères essentiellement quantitatifs et aux contraintes que ceux-ci génèrent au cours de l’hospitalisation et après le retour à domicile de la mère et de son enfant. Cette étude a consisté à suivre pendant deux ans les trajectoires de nombreux couples, à partir des cours de préparation à la naissance jusqu’à deux mois après l’accouchement. En outre, six mois d’observation participante au sein de la salle d’accouchement et du service post-partum a permis d’analyser les pratiques, les interactions et les échanges entre personnel hospitalier, mères et bébés dans la mise en place de l’allaitement.
18Enfin, il est important de mentionner d’autres participations à cette recherche. Dans le cadre de son doctorat, Line Rochat a réalisé deux ans de terrain au sein du service de néonatologie d’un hôpital universitaire en Suisse romande. Elle s’est intéressée, entre autres, aux formes d’alimentation prodiguées aux bébés hospitalisés au sein du service, qu’ils soient prématurés ou présentant d’autres formes de pathologies. Son éclairage s’est révélé très important pour investiguer les représentations et les pratiques de l’alimentation des nouveau-nés dans des circonstances particulières. Tout en étant différentes, ces idées et ces pratiques sont significatives, car elles révèlent des éléments fondamentaux de notre système de naissance qui sont parfois plus difficiles à identifier dans des situations d’allaitement « ordinaires10 ».
Allaitement et animalité : perspectives anthropozoologiques
19Par ailleurs la dialectique entre nature et culture s’exprime aussi, sur le plan mythique et dans la longue durée, à travers des motifs iconographiques et narratifs récurrents comme celui de l’exposition de l’enfant et son sauvetage par une nourrice animale compatissante11. Ce motif est examiné dans la longue durée, de l’Antiquité à l’époque moderne. Alliant étude archéologique et histoire religieuse des sociétés antiques dans une approche anthropologique et interdisciplinaire, cette problématique est au cœur des recherches de l’équipe « Antiquité », en même temps qu’elle s’est révélée déterminante pour les historiens de la littérature médiévale, comme en témoigne un article présenté dans ce volume12.
20Le lait n’est pas un produit neutre pour les Anciens. Issu d’un sang matriciel fécondé, qui nourrissait le fœtus in utero, il possède des propriétés analogues à celle du sperme et poursuit le développement du nourrisson après la naissance13. L’enfant allaité était-il animalisé par le lait d’un animal ? Pensait-on qu’il assimilait ses qualités et ses défauts, tout comme il assimilait les caractéristiques, physiques et morales, d’une nourrice humaine14 ? L’étude anthropozoologique et religieuse du rapport qui relie l’enfant à l’animal dans le monde grec montre que la valeur symbolique de l’allaitement interspécifique se décline selon la perception culturelle des caractéristiques de chaque type d’animal15. L’animal nourricier, souvent un ruminant domestiqué comme la chèvre, est alors lié au petit de l’homme par un lien de para-parenté par le lait (Poplin, 2008, p. 21-44). Quand l’animal est sauvage, les valeurs identitaires positives qu’il transmet à l’enfant ne font pas de lui un « enfant sauvage » mais prédisent son destin héroïque, comme dans le cas de Télèphe16. Les catégories d’animaux, sauvages et domestiqués, opposées en apparence, qui sauvent les enfants abandonnés, se retrouvent sur le plan religieux dans le culte d’Artémis et des Nymphes, protectrices des enfants, des êtres nourriciers et de leur lait17.
Allaitement interspécifique et destin héroïque18
21Les enfants nourris par un animal ont souvent au destin exceptionnel, tels Romulus et Rémus, allaités par la louve. L’analyse de ce dossier pour l’époque romaine et post-antique en permet de distinguer trois points de vue : le mythème de l’enfant abandonné dans la nature sauvage dont le salut dépend du lait d’une bête, la symbolique de l’animal nourricier (type d’animal, type de contact avec l’enfant), les protections divins qui assurent l’allaitement (dieux/déesses dans l’antiquité ; saints/saints à partir de l’antiquité tardive), qui sont souvent les mêmes pour les genres humain et animal. Certains animaux ont un statut ambigu, comme Amalthée, tantôt chèvre, tantôt nymphe19, dont Doralice Fabiano étudie le lien avec la corne de l’abondance et son catastérisme. Ces différents dossiers permettent de saisir combien la frontière entre l’humain et l’animal est poreuse dans l’Antiquité. L’enfant nourri par un animal accède à un statut supérieur, investi d’une puissance presque « surnaturelle ». La nourrice animale ne remplace pas seulement la mère, mais constitue une étape importante dans l’initiation du jeune héros.
Représenter ou cacher le sein nourricier20 ?
22La question de la représentation du sein nourricier, maternel ou mercenaire, est aussi approfondie en partant du constat de la quasi-absence de ce motif dans l’iconographie antique (Dasen, 2015 p. 249-280). Le sein allaitant serait-il un tabou ? L’étude du scandale causé par le célèbre tableau du peintre Zeuxis (ve s. av. J.-C.), montrant une centauresse allaitant son petit, apporte des éléments de réponse. Un être mi-humain, mi-animal nourrit un petit également hybride. Ce type iconographique, reproduit sur d’autres supports, comme les camées, permet d’explorer le franchissement des normes sociales. Les images de femelles hybrides nourricières ne révèlent pas l’animalité féminine, mais constituent la contrepartie féminine d’une métamorphose que le masculin connaît sous la forme du satyre21. Si l’altérité masculine se manifeste dans le satyre, mi-homme, mi-bête, la transformation est incomplète chez les ménades, les compagnes de Dionysos, qui restent humaines. Le dossier de la centauresse révèle que la métamorphose est possible dans la situation de l’allaitement.
Le lait, entre nourriture maternelle et nourriture spirituelle
23Comme fluide vital indispensable à la survie et à la santé des nourrissons, le lait se trouve investi d’un pouvoir symbolique impressionnant dans différents contextes culturels. Il est considéré un vecteur de l’identité lignagère et sert de support métaphorique dans les discours impliquant la transmission : des connaissances surnaturelles et spirituelles, des savoirs, de l’éloquence, de l’apprentissage des arts et des techniques, etc. Les équipes du projet travaillant sur le moyen âge22 et sur l’époque moderne et contemporaine consacrent une grande part de leurs travaux à ces questions. Mais ces considérations rejoignent aussi les intérêts des archéologues, notamment en ce qui concerne la culture matérielle des enfants à l’époque romaine. Une thèse de doctorat est consacrée à l’examen approfondi des vases à bec tubulaire, identifiés comme des « biberons » dans le monde gallo-romain23. L’usage de ces récipients a été diversement interprété par les archéologues et les médecins : pipettes à malade, burettes à huile ou à barbotine, etc. L’hypothèse de leur fonction comme tire-lait a été acceptée par de nombreux archéologues24. L’étude des pratiques alimentaires antiques et de leur impact sur la santé et la mortalité infantile peut être aujourd’hui réalisée par le biais des analyses biochimiques du contenu de ces récipients. Les nouveaux protocoles biochimiques mettent en évidence une variété de substances (vin, miel, simples, etc.) jusqu’alors insoupçonnée25. Ces informations impliquent une réinterprétation des usages au-delà de la fonction nourricière. Un usage thérapeutique pourrait expliquer la présence des « biberons » auprès de classes d’âge autres que celles en phases de (pré)-sevrage. Les traités médicaux antiques valident cette interprétation en préconisant l’usage de « récipients en forme de seins » pour administrer une boisson à des malades ou à des enfants26. En étroite collaboration avec le chimiste Nicolas Garnier, la recherche se poursuit. Elle devrait permettre prochainement d’identifier le type de lait (animal, humain) présent dans ces récipients.
24Pour l’équipe des historien(ne)s de l’époque moderne et contemporaine, choisir le lait comme objet de recherche, a permis de questionner le dialogue, la tension voire le syncrétisme d’interprétations différentes des fluides nourriciers. Tout d’abord, les discours sur la lactation permettent de définir et représenter la transmission : les transferts culturels et spirituels, les passages d’une génération à l’autre, l’éducation et la diffusion du savoir.
L’allaitement comme métaphore : imitation et transmission du savoir27
25À partir de la fin du moyen-âge, l’allaitement a constitué l’un des principaux modèles pour représenter la transmission et l’imitation. Conformément aux règles et aux pratiques de la mimésis28, l’allaitement apparaît comme l’une des métaphores privilégiées pour décrire les mécanismes de l’apprentissage et de l’intégration des modèles. Il est ainsi comparé à un travail d’ingestion et de digestion alimentaires (innutrition), grâce auquel le poète en herbe ou l’artiste en formation, incorpore les modèles avant de les faire siens, à la manière d’une nourriture spirituelle. L’allaitement, assimilé aux topoi de la Charité, de la Virgo lactans ou de la Diane d’Éphèse aux multiples seins, devient dès lors le lieu de condensation des problèmes posés par des pratiques mimétiques qui doivent s’inscrire dans une tradition légitimatrice et dépasser cette tradition sous peine d’être réduite à une simple répétition de clichés (Matthews Grieco et Johnson, 1997 ; Stoichita, 2011 ; Sperling, 2013). L’allaitement peut dès lors être étudié comme la représentation par excellence de l’apprentissage précoce, associé aux génies qui, portés par leur inclination naturelle (ingenium), doivent l’aiguiser et l’exprimer au contact de maîtres qui, à la manière d’une nourrice, leur offrent le « lait » de leur enseignement, ce « lait de la Sapience divine » dont il est question dans les traités théologiques et moraux de la fin du Moyen-Âge et de la Renaissance.
Constructions culturelles de l’allaitement : lait, identités, éducation
26Il est important de considérer les pratiques sociales de l’allaitement comme une variable essentielle dans les constructions religieuses et politiques de l’identité – singulière et de genre, familiale et collective. De ce point de vue, le thème de l’allaitement par les mères, cher à la rhétorique des Lumières, est déjà présent dans la réflexion des humanistes, et il revient sans cesse dans les ouvrages de théologiens et pédagogues religieux tout au long de l’époque moderne.
27Dans la définition humaniste du bon gouvernement des foyers, émergent de nouvelles interprétations du devoir, incombant au père de famille, de s’occuper de sa maison et de sa progéniture (Hairston, 2013). L’éducation familiale est proposée comme un fondement du lien spirituel entre générations ; la prise en charge personnelle, de la part de l’épouse, de l’allaitement des enfants, est dès lors présentée comme une manière de collaborer au devoir de nourriture du père29. Par ailleurs, l’idée de l’allaitement comme accomplissement véritable de la maternité surgit d’un discours théologique qui emploie l’image de la première nourriture – le lait – en l’associant à la providence divine et à l’acquisition des connaissances spirituelles (Bynum, 1994, p. 361-377 ; voir aussi Dempsey Douglass, 1986). À l’époque des conflits confessionnels, cette réflexion religieuse met finalement en avant le rôle des femmes dans la transmission de la foi et témoigne ainsi de l’acceptation d’un rôle éducatif spécifiquement féminin. Elle dévoile davantage le souci d’un contrôle normatif sur la maternité en vue de ses enjeux socioreligieux (Solfaroli Camillocci, 2014). Il est important de vérifier également les processus d’appropriation, et la réorientation éventuelle, des modèles de comportement de la part des mères et des pères, en analysant, par exemple, la relecture rétrospective du passé individuel et familial dans les documents personnels, mais aussi les idées sur les soins à donner aux nouveau-nés et les pratiques liées à l’éducation des enfants (Solfaroli Camillocci, 2014).
28C’est sans doute à cause de la difficulté à suivre les multiples « métamorphoses du lait » dans le discours physiologique et moral, que les chercheurs ont jusqu’ici privilégié la question controversée de la mise en nourrice, en se penchant notamment sur les enjeux de l’allaitement en tant que pratique sociale différenciée30. Comment cependant expliquer que les médecins, les hommes d’Église et les savants qui s’engagent dans un discours sur l’allaitement des nouveau-nés, tout en en encourageant le principe de la nutrition au sein par les mères, expriment des avis différents et nuancés sur les alternatives possibles en cas d’absence, maladie ou « impossibilité » de la mère ? Comment le débat sur la première nutrition permet-il d’évaluer les définitions et constructions différentes d’un « rôle » maternel qu’on veut inscrit dans la loi de nature et qui, dans la culture chrétienne, est présenté en tant que reflet de l’ordre divin de la création ? La question des relations entre médecine, religion et culture intellectuelle mérite dès lors d’être posée.
Génération et santé : discours des médecins et pratiques médicales
29Dans la tradition médicale, depuis l’époque ancienne le lait constitue une composante importante de la physiologie du corps féminin, c’est une humeur essentielle, déterminant la santé de la mère comme de l’enfant, tout en jouant un rôle dans la transmission de caractères héréditaires et de traits culturels et sociaux. Les médecins considèrent que le lait peut influencer la santé psycho-physique du nouveau-né ; et il peut encore transmettre, via la femme qui nourrit, des vices moraux et des maladies organiques. Le processus de fabrication du lait est considéré comme étant étroitement dépendant d’influences extérieures – le froid, par exemple – ou même des émotions – frayeur, fâcherie, colère, mélancolie – qui peuvent provoquer la perte du lait. Dès le xvie siècle, les médecins évoquent la substance – le lait –, le processus – la lactation – ou la fonction – l’allaitement – comme l’une des causes les plus significatives des folies féminines (des accouchées, mais aussi des nourrices) ainsi que d’autres maladies organiques des femmes. En effet dans le contexte de la médecine humorale, le lait, dérivé du sang, constitue l’un des fluides participant à l’équilibre psycho-physique du corps féminin : la fièvre de lait et le dépôt de lait dans le cerveau sont des maladies décrites encore au xixe siècle (Arena, 2013 et 2013b).
30Le volet du projet se situant dans une perspective d’histoire de la médecine – stricto sensu – interroge en particulier les différents systèmes de représentations médicales iatromécanistes, iatrochimiques, vitalistes etc., ainsi que la transmission des maladies et des émotions au nouveau-né31. En s’arrêtant sur les remèdes prescrits pour favoriser la lactation et sur l’emploi du lait maternel comme remède, nous entendons contribuer à l’étude des innovations thérapeutiques et de la diffusion de conseils médicaux traditionnels. En effet, la médicalisation des pratiques de la maternité peut être lue comme un signe, parmi d’autres, de l’autorité croissante du médecin dans la société d’Ancien Régime.
31À partir de l’histoire de sciences naturelles, il faudra également interroger de quelle manière, assez paradoxale du point de vue de l’histoire du genre, l’allaitement devient l’élément essentiel sur lequel les scientifiques construisent la taxinomie des mammifères et donc la supériorité hiérarchique de l’espèce humaine sur les autres (Schiebinger, 1993). Dans cette hiérarchisation des espèces et des sexes on prêtera une attention particulière à la fabrication de la notion de race suite aux observations coloniales, et à la construction d’une hiérarchie inversée des corps féminins en fonction de l’allaitement ainsi que de l’esthétique : blancs et noirs, sauvages et civilisés ; mais aussi à celle de classe : femmes des élites et femme du peuple, femmes des villes et des campagnes.
Normes nutritionnelles : entre politique, science et familles
32Par ailleurs, à travers l’analyse croisée des arguments invoqués par les différents acteurs, le volet de cette recherche qui s’intéresse plus particulièrement à l’époque contemporaine, souhaite mettre en lumière la manière dont les politiques publiques et privées concernant le nouveau-né lient normes nutritionnelles et constructions sociales32. Il s’agit de comprendre de quelle manière les instances politiques hygiénistes, les innovations techniques et la consolidation d’une morale bourgeoise transforment tour à tour le statut de l’alimentation lactée, celui de la mère et celui du nourrisson, renversant la hiérarchie des besoins dans la deuxième partie du xixe siècle. Une transformation qui permet, au début du xxe siècle, de considérer que la présence de la mère auprès du nourrisson est indispensable, quel que soit le type de lait donné à l’enfant, signant la fin de la mise en nourrice et le succès au long cours du modèle de la famille dite nucléaire. En partant d’un terrain spécifique, la Suisse romande, cet axe du projet retrace d’une part la place accordée à l’allaitement maternel dans les politiques concernant l’enfant et, d’autre part, cherche à montrer ce que change l’apparition des farines lactées Nestlé (entreprise fondée à Vevey, Suisse, dès 1866).
33Les normes liées à l’allaitement (maternel ou artificiel) sont ici abordées à la fois comme objet propre et comme « analyseur » (Knibiehler, 1997, p. 201), l’idée étant de mieux comprendre les remaniements des modèles familiaux dans les premières décennies de la démocratie helvétique, notamment le rôle central dévolu aux femmes dans la transmission des valeurs religieuses et morales, dans l’éducation de futurs citoyens et de patriotes pour la nation. Durant cette période, plusieurs démarches convergent vers un même double but : contrôler l’alimentation du nouveau-né pour assurer sa survie en bonne santé et rapprocher la mère de l’enfant. Les politiques publiques promeuvent l’allaitement maternel à l’aide notamment de brochures de puériculture distribuées systématiquement aux parents33. Parallèlement, la toute jeune entreprise Nestlé propose un substitut de lait maternel dont on affirme l’efficacité scientifiquement prouvée, théoriquement et pratiquement. La farine lactée, mélange de « bon lait suisse » et de pain, est présentée par son inventeur comme capable non seulement de favoriser le sevrage, mais aussi de sauver un enfant là où le lait maternel a échoué34. Comment ce produit prend-il sa place sur le marché national et international ? La commercialisation de cette invention, qui est contemporaine de la diffusion de la pasteurisation, participe donc à l’ouverture d’une ère nouvelle, où le lait de femme n’est plus nécessairement jugé le plus adéquat pour l’enfant.
34Les recherches consacrées à l’époque moderne et contemporaine dans le cadre de ce projet, entendent finalement contextualiser, sous des angles différents, la question de l’allaitement également au prisme de l’expérience subjective, socialement différenciée, des femmes. Ces dernières ne sont pas muettes face aux ambitions médicales et aux contraintes sociales, comme en témoignent entre autres leurs écrits35. Nous envisageons de mettre en valeur les dynamiques complexes de la circulation des savoirs : la réception des principes médicaux et religieux par les femmes et, inversement, la récupération ou la critique, par les médecins, les moralistes et les pédagogues des pratiques genrées faisant de l’allaitement maternel une question d’agency.
35En tenant compte de multiples aspects de l’allaitement qui nous paraissent en partie méconnus ou peu connus, et qu’il nous semble dès lors important de reconsidérer, nous avons placé au centre de nos intérêts de recherche la question de la construction sociale et politique des normes sur la maternité d’une part et, d’autre part, la question du lait dans la transmission de la santé, morale, intellectuelle et physique.
36Nous souhaitons en particulier analyser l’histoire de l’allaitement au prisme de la circulation des connaissances, en privilégiant une analyse intersectionelle : sexe, classe et race. Ainsi nous voudrions tenter de répondre à quelques questions : de quelle manière les transformations autour de l’allaitement participent-elles à construire de nouvelles représentations de la maternité et à en déterminer ses expressions historiques ? Comment le passage d’une réflexion savante sur les qualités nutritionnelles et thérapeutiques du lait en tant que fluide humain à une réflexion sur les formes de l’allaitement participe à une responsabilisation des comportements des femmes ?
37Il faudra en effet tenter de comprendre de quelle manière, malgré les transformations épistémologiques autour de l’allaitement, les individus, et ici notamment les femmes, font et défont sans cesse les frontières entre normes et transgressions, participant ainsi à ce processus d’élaboration des représentations mixtes et à la diffusion de pratiques hétérogènes concernant la parentalité.
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Notes de bas de page
1 Comme le rappelle Knibiehler dans l’entretien publié dans le numéro 21 de Clio, ce n’est pas un hasard si son Histoire des mères du Moyen Âge à nos jours (Montalba, 1980), écrit en collaboration avec Catherine Fouquet, est sorti en même temps que l’ouvrage de Badinter, 1980.
2 Nous reprenons ici les réflexions de Arena et Filippini, 2015.
3 Gelis, Laget et Morel, 1978 ; Darmon, 1981 ; Gelis, 1984 et 1988 ; Schlumbohm, Duden et Gelis, 1998 ; Evendene, 2000 ; King 2007 ; Rattner Gelbart, 1998 ; Marland, 1994.
4 Cf. D’Amelia, 1997 et 2005.
5 Bonnet, Le Grand-Sebille et Morel, 2002 ; Delahaye, 1990 ; Fildes, 1986 et 1988 ; Klapisch-Zuber, 1990 ; Lett et Morel, 2006 ; Yalom, 2010 ; Sperling, 2013.
6 Raffaelli, Danese et Lanciotti, 1997. Sperling, 2013.
7 En Suisse, la Fondation Suisse pour la Promotion de l’Allaitement maternel s’engage en faveur de la création d’espace d’allaitement fermés dans l’espace public (sur les lieux de travail et dans les centres commerciaux, notamment). Ce thème est également d’actualité dans diverse campagnes promotionnelles à l’échelle européenne, cf. par exemple celles qui en Angleterre ont suivi la promulgation de l’Equality act (2010) dont certains articles sanctionnent les discriminations vis-à-vis d’une mère allaitant durant les 26 semaines suivant son accouchement ; à noter qu’un article « Breastfeeding in public » figure depuis 2008 dans la page anglophone de Wikipedia, the free encyclopedia.
8 Recherche doctorale en cours de Caroline Chautems : voir aussi sa contribution dans ce volume.
9 Ce terrain de recherche est approfondi par Irene Maffi.
10 Line Rochat, université de Lausanne, thèse en cours : « Pratiques d’accueil des nouveau-nés “à risque” dans un contexte hospitalier vaudois ».
11 Du 12 au 14 novembre 2015, un colloque intitulé « Allaitement entre humains et animaux : représentations et pratiques de l’Antiquité à aujourd’hui » a rassemblé sur ce thème à l’université de Genève des chercheurs venus d’horizons divers (histoire, histoire de l’art, histoire des religions, anthropologie, histoire de la littérature, archéologie, histoire de la médecine), voir Arena Francesca, Foehr-Janssens Yasmina, Papaikonomou Irini, Prescendi Francesca, dir., 2017.
12 Voir dans la quatrième partie de ce volume la présentation d’une partie du volet médiéval de cette enquête, intitulée « Représentations de l’allaitement au Moyen Âge : invisibilité ou prolifération matérielle et légendaire ».
13 Par exemple dans le monde romain, Favorinus d’Arles apud Aulu-Gelle, Nuits Attiques, 12, 1-14 ; Dasen, 2015, p. 259-60. Pour le monde grec, voir Bonnard, 2004.
14 Sur la transmission par le lait des qualités et défauts de la nourrice, voir Dasen et Gérard-Zai, 2012.
15 Irini-Despina Papaikonomou, « Allaitement interspécifique et relation homme-animal », communication présentée pour la journée d’étude « Les liquides corporels dans l’Antiquité », Université de Bretagne Sud, 28 novembre 2014 (organisé par Véronique Mehl, Dominique Frère) ; « Entre la chèvre, la biche et la lionne : quel animal pour allaiter Télèphe ? », communication présentée au colloque « Allaitement entre humains et animaux » (cf. note 18).
16 Irini-Despina Papaikonomou, « L’enfant grec est-il un “enfant sauvage” ? », communication présentée dans le cadre du Colloque « Enfants sauvages, représentations et savoirs », Paris, ENS, 4-5 décembre 2015 (organisé par Déborah Lévi-Bertherat, Mathilde Lévêque).
17 Irini-Despina Papaikonomou, Étude archéologique des figurines en terre cuite provenant de la grotte de la Nymphe Coronée en Béotie (en cours) et thèse d’habilitation en cours à l’université de Paris I.
18 Dossier étudié par Francesca Prescendi et Doralice Fabiano.
19 Cf. Callimaque, Hymne à Zeus 1, 49 ; Aratos, Phénomènes, 162-166 ; Apollodore, Bibliothèque, 1, 1, 7 ; Antoninus Liberalis, Métamorphoses, 36, 1-2 ; Ovide, Fastes 5, p. 121-128.
20 Véronique Dasen, recherche en cours.
21 Cf. Lissarrague, 2013.
22 Voir dans la quatrième partie de ce volume la présentation d’une partie du volet médiéval de cette enquête, intitulée « Représentations de l’allaitement au Moyen Âge : invisibilité ou prolifération matérielle et légendaire ».
23 Voir Rouquet et Loridant, 2000.
24 Voir dans la cinquième partie de cet ouvrage, le chapitre intitulé : « Des gutti aux biberons contemporains : histoire de l’enfance ».
25 Voir Jaeggi et al., 2015.
26 Caelius Aurelianus, Les Maladies aiguës et les Maladies chroniques III, 16, 128 (ve s. ap. J.-C.) ; Soranos d’Éphèse, Maladies des femmes II, 17 (iie s. ap. J.-C.) ; Mustio, Gynaikeia I, 131 (vie s. ap. J.-C.).
27 Ce dossier est étudié par Jan Blanc.
28 Voir notamment Cave, 1979 ; Koering, 2012.
29 Dossier étudié par Daniela Solfaroli Camillocci.
30 Sur l’histoire sociale du lait et de l’allaitement, voir par exemple Guillaume, 2003 ; Morel et Rollet, 2000 ; Orland, 2004. Cf. les pistes intéressants des travaux anthropologiques : Maher, 1992 ; D’Onofrio, 2004.
31 Il s’agit des recherches menées par Francesca Arena, Andrea Carlino, Philip A. Rieder dans le cadre de ce projet.
32 Ce dossier est étudié par Sarah Scholl. Ses premières recherches ont été présentées dans le cadre des manifestations scientifiques organisées par le projet : « Nourri au sein pendant six mois au moins ». « Les injonctions des premières politiques de santé publique, le cas d’un manuel genevois des années 1880 » (« L’allaitement entre normes et transgressions. Lieux, espaces, temporalités d’une pratique : approches anthropologiques et historiques », Genève, 17-19 juin 2015) ; « Nourris au lait de vache. L’alimentation des bébés entre “nature” et “technique” (1870-1910) » (« Allaitement entre humains et animaux : représentations et pratiques de l’Antiquité à aujourd’hui », Genève, 12-14 novembre 2015).
33 Par exemple : Instructions sur les soins à donner aux enfants dans la première année, édité par l’État civil de la Ville de Genève, Genève, Impr. J.-D. Jarrys, 1883.
34 Henri Nestlé, Mémoire sur la nutrition des enfants en bas-âge, Imprimerie Loertscher et fils, Vevey, 1872.
35 À ce propos voir Hanafi, 2010 et 2013.
Auteurs
Département de langues et littératures françaises et latines médiévales, Université de Genève, Suisse
Département de langues et littératures françaises et latines médiévales, Université de Genève, Suisse
Faculté des sciences sociales et politiques, Université de Lausanne, Suisse
Institut d’histoire de la Réformation, Université de Genève, Suisse
Institut d’histoire de la Réformation, Université de Genève, Suisse
Institut d’histoire de la Réformation, Université de Genève, Suisse
Institut éthique Histoire Humanités, Université de Genève, Suisse
Département d’histoire de l’art et de musicologie, Université de Genève, Suisse
Institut Éthique Histoire Humanités, Université de Genève, Suisse
Institut éthique Histoire Humanités, Université de Genève, Suisse
Laboratoire d’Anthropologie Culturelle et Sociale (LACS),
Institut des Sciences Sociales (ISS), Faculté des sciences sociales et politiques, Université de Lausanne, Suisse
Département des sciences de l’Antiquité, Université de Genève, Suisse
Département des sciences de l’Antiquité, Université de Genève, Suisse
Département de l’Antiquité, Archéologie, Université de Fribourg, Suisse
Département de l’Antiquité, Archéologie, Université de Fribourg, Suisse
UMR 7041, MAE, Nanterre, France
Institut d’histoire de l’art et de muséologie, Université de Neuchâtel, Suisse
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