Chapitre XVII. La méthode Bircher-Benner en France dans les années 19301
p. 349-364
Texte intégral
1Un article pionnier2 et, plus récemment, un ouvrage consacré à l’histoire du naturisme3 ont attiré l’attention sur l’existence dans la France de l’entre-deux-guerres d’une contestation organisée de la médecine « scientifique » et de la société moderne. Pourtant, faute de sources françaises aucune de ces deux études ne mentionne, sauf d’une façon allusive, la présence de la méthode Bircher-Benner à l’intérieur de cette « nébuleuse » naturiste et holistique. Parsemés de correspondances, les dossiers des malades de la clinique Lebendige Kraft (la force vive) de Zürich permettent de découvrir que Bircher-Benner eut non seulement des clients français mais aussi de véritables adeptes qui tentèrent d’introduire durablement la méthode dans leur pays. Après avoir rapidement dressé le portrait sociologique des clients français de la clinique j’évoquerai l’organisation du mouvement, ses acteurs, ses institutions, ses ramifications et ses contacts avant de m’interroger sur les significations possibles du recours à cette méthode.
La clientèle : des cadres et des femmes
2De l’ouverture de la clinique (1907) à la fin de l’année 1930, les malades français qui se rendent à Zürich ne sont qu’une poignée, 13 personnes, soit un malade tous les deux ans. En revanche de 1931 à 1939, ils ne sont pas moins de 374 qui constituent près de 10 % de la clientèle totale. Le mouvement atteint son apogée entre 1933 et 1937, avec une moyenne annuelle de 48 malades et un maximum absolu de 58 en 1933. Dans les deux années qui précèdent la seconde guerre mondiale, le chiffre des entrées diminue de moitié sans doute sous l’effet de la dépréciation du franc français par rapport au franc suisse4. Du reste, tout au long de la période, les allusions aux difficultés économiques et financières sont d’autant plus fréquentes que le séjour coûteux (130 à 160 francs suisses hebdomadaires en 1934 pour le seul hébergement) n’est pas seulement envisagé par l’aristocratie de l’argent. En effet, à côté des hommes d’affaires qui évoquent la défaillance d’une banque suisse5, des ennuis financiers6 ou « la crise que nous subissons dans les affaires7 » pour annuler ou écourter des séjours, justifier des dettes, d’autres font état de leurs moyens limités, de leur situation précaire, de la modestie de leur profession lorsqu’ils négocient des chambres bon marché et des séjours limités. Une brève étude plus statistique des patients confirme la relative diversité d’un recrutement pourtant particulier.
Des femmes professionnellement actives ?
3Une solide majorité (60 %) de ces patients est en fait constituée de patientes. Il s’agit là de femmes adultes, très majoritairement dans la force de l’âge puisque 70 % ont entre 30 et 60 ans. Seulement 17 % d’entre elles ont moins de trente ans et 13 % plus de soixante. Malgré cette structure d’âge, la proportion de célibataires (29 %) est importante ce qui, combiné au facteur précédent explique la relative fréquence des femmes actives (56 sur 214) soit un peu plus de 25 %. Parmi les actives, près de la moitié (25) sont des enseignantes de différents niveaux. Le secteur sanitaire vient assez loin derrière (9) et regroupe des médecins (5), infirmières (2), une préparatrice en pharmacie, une directrice de sanatorium. Si l’on trouve encore quelques comtesses, duchesses et baronnes, ces aristocrates (7) ne sont pas plus nombreuses que les modestes employées (secrétaires, téléphonistes, employées des postes) typiques des métiers féminins de l’entre-deux-guerres.
4On connaît un peu plus précisément les conditions de quelques unes de ces femmes d’autant plus modestes qu’elles sont solitaires. Ainsi, Berthe Henning avoue sa condition pénible :
Je suis dans une situation pécuniaire très précaire. Je travaille dans un local assez sombre et n’ai jamais l’occasion de ce fait d’avoir un peu de soleil. Depuis la date que je suis passée chez vous, je n’ai jamais eu de vacances et comme je suis seule pour soutenir mes deux enfants et ma vieille mère, la vie m’est pénible et pleine de soucis8.
5Moins misérable et peut-être plus représentative de ces femmes actives et célibataires, Jeanne André est une professeure de l’enseignement privé qui ne peut pas payer un prix très élevé pour son séjour à Zürich parce que « comme l’année a été très mauvaise, je n’ai presque pas eu de leçons9 ».
6N’oublions pourtant pas que la majorité de la clientèle féminine est constituée de filles ou d’épouses d’hommes qui occupent des fonctions plus importantes. Parmi elles Marinette Sigg, est une vivante incarnation de la « garçonne », l’archétype de la femme « libérée » de l’entre-deux-guerres. Agée de 21 ans au moment où elle écrit, cette fille d’un riche fabricant et importateur d’huile d’olive résidant sur une avenue « chic » de Marseille pratique le ski, le ski nautique, l’alpinisme, passe des vacances en Suisse ou en Italie. Elle va travailler au bureau tous les matins car, dit-elle, « cela me procure une agréable distraction ». Elle se baigne et prend des bains de soleil tous les jours quand le temps le permet. Elle évoque aussi « ses danseurs marseillais… et nos soirées de danse en plein air qui sont vraiment très agréables ». Tout n’est cependant pas chez elle hédonisme et futilité puisqu’elle vient de commander Psychopathologie de la vie quotidienne de Freud et un livre de René Allendy (1889-1942) consacré à la psychanalyse. Tous deux lui ont été conseillés par Max Bircher-Benner10. Si ce cas est évidemment unique et extrême, il révèle l’aisance sociale et culturelle dans laquelle vivent une partie des clientes de Bircher-Benner.
Cadres et employés
7Sans doute proche de celle des conjoints et parents des patientes aisées, la sociologie des clients masculins permet de mettre en évidence l’importance des classes moyennes supérieures nouvelles dans la clientèle et de souligner son caractère « moderne ». En effet, ce sont ici les ingénieurs et les architectes (18) qui arrivent en tête, devançant quatre autres catégories elles aussi liées à la science, à l’industrie et aux activités tertiaires les plus élaborées. Les cadres supérieurs de la banque et de l’assurance, les industriels, les médecins et les professeurs (surtout de l’enseignement supérieur) font jeu égal avec chacun dix patients. Avec les artistes, les étudiants, les notaires et les journalistes, les professions détentrices d’une formation intellectuelle poussée forment plus du tiers des désignations professionnelles masculines. Si l’on y ajoute les techniciens et les employés (13), les catégories liées aux activités économiques et sociales les plus dynamiques représentent plus des deux tiers de la clientèle masculine. Ils devancent de très loin les représentants des classes moyennes et supérieures plus traditionnelles que sont les commerçants (18), fabricants (5), rentiers (3) et agriculteurs (4). Dans leur grande majorité, les tenants de la méthode Bircher-Benner ne se recrutent pas dans les milieux traditionnels en crise mais bien dans ceux qui sont les plus liés aux changements récents.
8La géographie du recrutement permet de confirmer et d’affiner ce diagnostic. Plus de la moitié des clients de la clinique viennent de grandes agglomérations et un tiers du seul Paris. Par ailleurs, la clientèle se recrute massivement dans trois régions principales. La région parisienne et l’Alsace-Moselle (le Reichsland Elsass Lothringen d’avant 1918) fournissent à elles seules et à égalité 80 % du recrutement. Le midi méditerranéen suit très loin derrière et représente 10 % des clients. Le reste de la clientèle vient de 21 départements dont aucun ne fournit plus de cinq malades. La quasi totalité de ces départements est située dans une petite moitié est de la France et la façade atlantique, de Calais à Bordeaux, ne fournit que huit malades en dix ans.
9Les deux régions dominantes offrent deux types de clientèles assez typées. En Alsace-Moselle comme dans les pays germaniques auxquels appartient culturellement cette région, le recrutement s’opère jusque dans les campagnes et les milieux modestes. Les petits commerçants, les secrétaires viennent presque tous de cette région. Il s’y ajoute des élites traditionnelles et spécifiques comme les pasteurs, fortement représentés (7). La région parisienne et la Côte d’Azur, qui en est une sorte d’annexe, fournissent une clientèle très voisine de celle que l’on peut trouver dans l’homéopathie parisienne du début du xixe siècle et jusqu’aux années 193011. Les aristocrates, les riches rentiers et industriels munis d’adresses prestigieuses (quai d’Orsay, avenue Mozart, quai de Béthune) ou résidant dans des banlieues chic (Neuilly, le Vésinet, Enghien) côtoient artistes et gens de lettres.
10Des trois composantes de la clientèle, l’aristocratie snob, les petites classes moyennes et les cadres dirigeants munis de compétences techniques et d’un fort capital intellectuel, c’est la troisième qui est la plus importante, à la fois numériquement et symboliquement. Cette description confirme en tous points les constats faits par tous ceux qui ont étudié la contestation de la société industrielle et de la médecine scientifique. Tout comme la contestation du monde moderne, le recours aux médecines alternatives ne se développe pas en priorité dans les secteurs archaïques de la société mais au cœur de la modernité et même au sein de la médecine officielle comme en témoigne la relative importance du monde médical. Ce milieu des « cadres » constitue aussi le vivier de ceux (et surtout celles) qui essaient d’implanter la méthode en France.
Un noyau de militantes
11Si le recrutement s’effectue dans des milieux précis, il ne peut se faire que par l’intermédiaire d’individus relais qui constituent un petit noyau de militants. Ceux ci tentent d’établir en France des structures propres (clinique, magasins). Néanmoins, la popularisation relative de la méthode se fait surtout par les liens établis à la fois avec les membres d’autres mouvements alternatifs comme le naturisme12 et par des contacts établis avec des médecins classiques tentés par le retour au néo-hippocratisme et l’essai de méthodes nouvelles13. Enfin le recrutement effectué par le biais de réseaux informels joue un rôle sans doute décisif mais plus difficile à appréhender.
Xénia Petter et l’organisation du mouvement
12La domination de la région parisienne s’explique partiellement par l’existence de trois petites structures installées dans la capitale. On ne sait malheureusement pas quand fut ouvert l’Institut médical des forces vives installé avenue Victor Hugo dans l’aristocratique XVIe arrondissement. Apparemment fermé quelques mois à cause des défaillances de son directeur le docteur Leconte (une femme), il ouvre à nouveau le 1er septembre 1932 sous la conduite effective de Xénia Petter. Née à Saint-Pétersbourg 33 ans auparavant Xénia Petter, sans profession, est l’épouse d’un ingénieur fortuné (ils habitent dans le VIIIe puis le XVIe arrondissement) de vingt ans son aîné. Tous deux maîtrisent l’allemand et connaissent bien la Suisse où ils ont des relations d’affaires. Ils tentent donc d’y faire soigner leur fille de quatre ans sujette à des convulsions nerveuses, sans appétit ni sommeil. D’un Home d’enfants (Kinderheim) de Zweisimmen dans l’Oberland bernois (mars 193114), ils se dirigent vers Zürich où les résultats sont spectaculaires15. Dès décembre 1931, Xénia Petter se consacre immédiatement à la diffusion de la méthode. Grâce à sa correspondance, nous savons que la clinique accueille régulièrement une douzaine de pensionnaires en 1934 et qu’à la même époque on y donne, un dimanche sur deux, des cours de cuisine végétarienne « si utiles pour tous les pauvres qui ne peuvent pas venir faire la cure ici pour manger tous les jours16 ». D’abord confiée à Madame le docteur Leconte, aidée d’une mystérieuse sœur Hedwige venue de Zürich, la direction médicale passe ensuite au docteur Éliet17, une autre femme. La clinique est donc totalement une affaire de femmes et Franklin Bircher lui même parle de la clinique de Madame Petter18 comme si elle lui appartenait, ce qui n’est pas exclu mais impossible à prouver en l’état actuel de la recherche.
13Xénia Petter s’occupe aussi de fournir les cabines nécessaires aux bains de lumière artificielle parfois prescrits pour la cure19. Elle n’est pas non plus indifférente à la marche du magasin d’alimentation « Vita » sorte de Reformhaus (littéralement maison de la réforme) tenu par le couple hispanosuisse Serra et installé rue Montalembert dans le luxueux VIIe arrondissement20. Quelques années plus tard, un autre magasin de « vente et dégustation de produits végétariens, céréales, fruits, légumes secs et mets crûs » s’installe à Passy dans le XVIe arrondissement. Sous le vocable du « Repas naturel » il est l’émanation d’une Société à responsabilité limitée au capital de 25 000 F baptisée ELTA et géré par Hélène Taube21. À Nancy, une autre adhérente militante, Madame Cerf projette de fonder une autre Reformhaus mais rien ne nous dit que le projet n’ait abouti22, non plus que celui de Madame Marneffe-Eichhöltzer de fonder à Colmar (Alsace) une sorte de coopérative végétarienne alimentée par un jardinier spécialement formé23.
Au cœur de la nébuleuse holistique
14Plus que par ses institutions propres, la méthode Bircher se diffuse par les liens qui s’établissent avec d’autres mouvements alternatifs, en particulier le végétarisme, la médecine naturiste et l’homéopathie.
15Avec le mouvement végétarien24, le contact se fait par l’entremise du docteur Hélène Sosnowska. Née en Pologne en 1869, médecin gynécologue à Paris, membre de la société de gynécologie, elle adhère aussi à la société végétarienne de France et y joue un rôle important. Elle entre en relation épistolaire avec Bircher au printemps 1934 et se trouve de suite en communion profonde avec lui. Convaincue par la lecture d’un de ses ouvrages, elle rencontre Franklin Bircher chez Xénia Peter et décide de visiter le sanatorium du Zürichberg. Avant même ce séjour, elle invite Bircher à faire une conférence à la Société végétarienne et décide d’écrire un article élogieux sur la méthode dans Hygie revue de la société fondée en 190725. Par la suite, Hélène Sosnowska travaille régulièrement en association avec Xénia Petter26. Deux ans plus tard (1936), le docteur Éliet est à son tour invitée à animer plusieurs conférences organisées par le « Trait d’union », héritier de la société végétarienne27. Enfin, le docteur Leconte, troisième femme médecin du groupe n’hésite pas à recommander à ses malades la lecture des ouvrages du docteur Paul Carton (1875-194728), créateur de la Société naturiste française, animateur de la Revue naturiste et surtout auteur en 1920 d’un volumineux Traité de médecine, d’alimentation et d’hygiène naturiste qui récuse l’usage de la viande, de l’alcool et prône la consommation de l’alimentation crue29.
16Les médecins homéopathes apparaissent fréquemment dans les correspondances des patients et des organisateurs de la méthode Bircher-Benner. Parmi les plus célèbres, le docteur Maurice Fortier-Bernoville (1896-1939), leader de « L’homéopathie moderne », mouvement dissident en 1932 de « L’homéopathie française » de Léon Vannier (1880-1963) mais aussi les docteurs Antoine Nebel (1870-1954), de Lausanne, André Rouy (1893-1978), Bellan30. Enfin un malade suit aussi la « thérapie cellulaire » du docteur Paul Niehans (1882-197131).
17Le personnage clef est pourtant le docteur René Allendy qui permet à la méthode Bircher-Benner de sortir du seul cercle des médecines parallèles. Docteur en médecine, président de la société française d’homéopathie, René Allendy est aussi un membre important du mouvement psychanalytique en France comme fondateur de la Société psychanalytique de France et du groupe de l’Évolution psychiatrique et vulgarisateur de la psychanalyse par ses ouvrages. Il est surtout l’animateur depuis 1920 du Groupe d’études philosophiques et scientifiques pour l’examen des idées nouvelles, un des lieux centraux de la nébuleuse holistique de la France de l’entre-deux-guerres où collaborent médecins orthodoxes et hétérodoxes32. Par son épouse et sa maîtresse, Anaïs Nin (1903-1977), René Allendy est bien introduit dans les milieux littéraires et artistiques à la mode. Enfin, il est aussi proches des cercles théosophiques et si connu dans le monde de l’édition que Xénia Petter songe à lui confier la mission de publier une version française de l’œuvre de Bircher-Benner33.
18Elle rencontre aussi Maurice Loeper (1875-1961), professeur de thérapeutique à la Faculté de médecine de Paris et connu pour son attitude ouvertement et officiellement favorable à l’homéopathie. Il invite en effet un tenant de la méthode à intervenir dans le cadre de sa chaire et consacre un numéro spécial du très officiel Progrès médical à la présentation de la théorie d’Hahnemann34. Lors de la conférence publique de Franklin Bircher qu’elle organise le 12 janvier 1933, on trouve aussi des sommités médicales parisiennes comme le docteur de Gennes, médecin des hôpitaux qui n’hésite pas envoyer une de ses malades, la duchesse de Manchester, à Madame Petter35. À Strasbourg, le professeur d’hydrologie et climatologie Paul Blum (1878-1933) et son collègue Kleinknecht sont aussi intéressés par la méthode de même que le docteur Tomarkin à l’université libre de Bruxelles.
19Dans le sillage de ces médecins en vue, des anonymes évoqués dans les dossiers s’intéressent à la méthode et deviennent parfois des militants comme Franklin à Neuilly, Pfister à Saverne, L’Huillier à Strasbourg (Alsace), Besse à Genève, Fourrier à Paris. Ce dernier affirme : « J’ai la ferme intention de me faire l’apôtre de la méthode Bircher-Benner dans le rayon où je peux avoir quelque influence ». Après avoir adressé plusieurs de ses malades à Zürich, il demande des précisions sur l’action du régime alimentaire crû « au sujet de la propagande que je puis faire dans le milieu médical36 ». La méthode Bircher bénéficie aussi de l’intérêt de médecins qui appliquent au moins partiellement des méthodes nouvelles centrées sur la psychothérapie. Parmi eux, le docteur Meyer directeur d’un « sanatorium » pour jeunes installé à Guebwiller37. On repère aussi à Marseille le docteur Pourtal qui est aussi un adepte du docteur Roger Vittoz (1863-1925) de Lausanne. Ce dernier professe au demeurant une théorie (la rééducation du contrôle cérébral pour traiter les psychonévroses) assez proche de la fameuse méthode Coué fondée sur l’auto persuasion38. À Paris au moins, Madame Petter s’attache les services du laboratoire d’analyses du docteur Goiffon, « homme de science et de laboratoire des plus écoutés et appréciés39 », qui voit sans doute un intérêt financier dans une éventuelle association avec une méthode qui accorde une grande place aux examens.
20Ainsi, loin de se limiter aux autres groupes médicaux marginaux, les militantes de la médecine Bircher s’introduisent au cœur du système médical en mobilisant leurs réseaux mondains apparemment fort efficaces. Elles profitent ensuite d’un état d’esprit général dans lequel de plus en plus de médecins sont ouverts aux expérimentations et favorable au rapprochement avec les hétérodoxes.
Vie mondaine et émancipation féminine
21Moins faciles à saisir dans la documentation que les cercles médicaux ou contestataires, les réseaux informels jouent sans doute un rôle majeur dans la diffusion de la méthode. Si elle est plusieurs fois attestée40, la lecture de la revue Wendepunkt (le tournant) et des œuvres de Bircher-Benner (Ernährungstherapie – La thérapie par l’alimentation) n’est bien sûr pas le mode de propagation essentiel ne serait-ce qu’à cause de l’obstacle linguistique et de l’absence de littérature Bircher en français. Les relais dans la presse française ont pourtant pu exister comme en témoigne la référence à un article du journal de mode Votre Beauté paru en 193541.
22Le mode le plus usité pour la diffusion de la méthode est celui du bouche à oreille. Décidément infatigables, les militantes de Bircher-Benner tentent de faire des adeptes dans leur entourage. Imitant le modèle de Madame Petter, Madame Marneffe, avec l’aide de son mari, essaie de sensibiliser les notables et intellectuels de Colmar par l’organisation de conférences dont on ignore malheureusement si elles eurent lieu42. La sportive Marinette Sigg, le musicien Sylvio Lazzari (1857-1944) affirment que leur belle apparence constitue dans les milieux qu’ils fréquentent une véritable propagande vivante pour la méthode43. À l’imitation des militantes de premier plan (Petter, Cerf, Marneffe), une bonne dizaine d’autres clientes, parmi lesquelles Madame Mathis, peut-être apparentée au constructeur automobile strasbourgeois du même nom, réussissent à convaincre une ou plusieurs de leurs amies de faire une cure à Zürich44. La recommandation débouche quelquefois sur la naissance de véritables filières de recrutement. Adressé à la clinique par Madame Petter, Monsieur Genève, « homme de la grande industrie45 » communique l’adresse de la clinique où il a fait un séjour heureux à son beau-frère Jules Depambourg qui désire suivre son exemple46.
23Certes, le recours à la clinique Lebendige Kraft reste l’apanage d’un tout petit nombre. Limitée, la propagande qui lui est faite met pourtant en valeur deux processus qui ont pu jouer dans la diffusion d’autres médecines « parallèles » ou plus généralement de nouvelles méthodes de soin.
24Dans la diffusion de la méthode les femmes tiennent un rôle majeur, voire exclusif. Médecins, organisateurs, propagandistes sont tous des femmes plutôt jeunes issues de milieux aisés urbains et intellectuels et disposant d’un réseau relationnel et mondain étendu. Pour ces femmes au moins il semble que, faute d’accès au politique, l’engagement dans les médecines parallèles soit une sorte de succédané, un lieu d’émancipation, de prise de responsabilité, un moyen de se réaliser en décidant et en acquérant influence sinon pouvoir.
25Certes cet engagement prolonge une tradition dans laquelle les femmes trouvaient dans la philanthropie et la religion un moyen de s’affirmer. Si les militantes de la méthode Bircher-Benner s’occupent de cuisine et d’alimentation, elles se piquent aussi de science et de gestion, deux domaines dans lesquels le monopole masculin est particulièrement affirmé. Certaines militantes sont saisies par un véritable activisme dans lequel c’est l’ampleur du défi plus que la justesse de la cause qui est en jeu. « Le chantier est immense » écrit Josette Marneffe. « Il ne manquera pas de critiques et de moqueries. Mais ceci appartient à toute entreprise sérieuse et le combat tient les forces en éveil47 ».
26Le combat de ces femmes a pour théâtre principal la vie mondaine. Dépourvues de positions professionnelles ou scientifiques, ces femmes règnent sur la vie sociale de leur ménage. Elles mettent à profit les réceptions qu’elles organisent pour présenter la méthode à des visiteurs souvent prestigieux. Dans le cadre des réceptions mondaines, on le sait, la crédibilité des propos provient beaucoup plus de l’acceptabilité sociale de celui qui les tient que de leur cohérence propre48. Déjà signalé dans le développement de la révolution scientifique des xviie et xviiie siècles, analysé dans la mise en place de la lutte anticancéreuse cent ans après49, le rôle des réseaux ouverts et des « liens faibles50 » dans la diffusion de nouveautés scientifiques atteint ici une sorte de paroxysme. Xénia Petter connaît bien les effets que l’on peut attendre de certaines manifestations prestigieuses comme la conférence de Franklin Benner qu’elle organise en janvier 1933 en présence de Clemenceau, de l’ambassadeur de Suisse et d’autres personnalités51 : « de tous les côtés, les gens commencent à parler, à s’intéresser52 ».
Des motivations multiples
27Malgré des éléments qui suggèrent le scénario de la conversion par la fascination pour la théorie et son maître, les malades sont aussi séduits par les aspects scientifiques de la doctrine et par le caractère non exclusif de la cure qui mêle l’hédonisme à l’ascèse. Certains y trouvent aussi un lieu pour réaliser leur aspiration à changer leur vie.
Une indéniable fascination
28Dans le mécanisme d’adhésion à la cure, on ne saurait négliger le poids des guérisons jugées miraculeuses et la fascination exercée par Bircher-Benner sur certaines de ses patientes. « Je me porte merveilleusement bien. Je n’en reviens pas moi-même et tout mon entourage est étonné de me voir aussi bien portante » écrit la jeune Marinette Sigg53. Xénia Petter est aussi frappée par l’amélioration de l’état de santé de sa petite fille Betty (4 ans). Alors qu’elle ne mangeait rien, dormait mal et était sujette à des convulsions, un séjour de trois mois à Zürich a suffi à changer tout cela. Par ailleurs, ses maux de ventre disparaissent et ses plaques rouges régressent54. Le prestige de la méthode vient aussi du fait qu’elle est utilisée en dernier recours. La confiance aveugle que manifeste Madame Lambert est largement liée à l’inefficacité des traitements antérieurs des spécialistes et d’un homéopathe pour soigner la surdité croissante de sa fille. Devant renoncer provisoirement au traitement, elle conclut sa lettre par des mots qui font penser à une déclaration d’amour : « Je pense souvent à vous et à toutes les bontés que vous avez eues pour moi. Ce sera toujours le plus beau souvenir de ma vie55 ». Josette Marneffe est dans des dispositions voisines. Elle ramène pieusement chez elle les roses rouges que lui a offertes le docteur la veille de son départ et qu’elle appelle « mes roses Bircher ». Trois ans plus tard, elle évoque encore ces roses et leur parfum enivrant ainsi que son séjour inoubliable56. D’une toute autre façon, la petite Betty Petter semble avoir été marquée par celui qu’elle appelle le docteur grand-père.
Une cure éclectique
29Au-delà de ces phénomènes, l’éclectisme de la cure est sans doute un facteur essentiel de séduction. Bircher-Benner propose à ses patients une véritable synthèse des médecines naturelles. À son régime alimentaire, il ajoute non seulement l’hydrothérapie, les bains de soleil ou de lumière artificielle mais il prescrit explicitement des douches de Sebastian Kneipp (1821-1897) et l’application du maillot de Vincenz Priessnitz (1799-185157). Il ajoute aussi volontiers des prescriptions médicamenteuses, des massages, des promenades, des conseils d’hygiène. Cet éclectisme favorise sans doute le recrutement de malades dans l’ensemble de la mouvance naturiste et paraît peu compatible avec la création d’une secte fonctionnant avec un corps de doctrine exclusif.
30L’ouverture à la médecine moderne, évident dans la multiplication des analyses est aussi très prisé par les malades qui réclament parfois des interventions très techniques et se plaignent de constater que les médecins français sont « moins modernes, moins bien outillés que vous » et qu’on ne pratique pas autant d’analyses en France qu’à Zürich58. La cure Bircher-Benner ne se présente pas seulement comme une médecine naturelle, douce et anti-technicienne, mais au contraire comme une médecine moderne. Les malades qu’elle attire sont eux aussi largement fascinés par la technique.
31Ceci explique que la consultation des docteurs Bircher n’entraîne aucun renoncement à la médecine conventionnelle. À peine rentrés de Zürich, les époux Isler s’empressent de consulter leur médecin et de lui montrer les résultats des analyses pratiquées au sanatorium Lebendige Kraft puis de faire appel à d’autres médecins et d’utiliser des remèdes traditionnels comme le Gardénal (célèbre et puissant sédatif). Ils font part de tout cela au docteur Bircher sans aucune gêne59. Comme tous les malades, ceux de Bircher pratiquent la pluralité des recours thérapeutiques et « bricolent » leur propre traitement. Des malades, y compris parmi les plus militants, décrivent ouvertement au docteur Bircher pourquoi et comment ils ont interrompu leur traitement pour en revenir à des thérapies traditionnelles60, d’autres rendent compte des aménagements et adoucissements qu’ils ont introduit dans le régime alimentaire prescrit pour ne pas entrer en conflit trop ouvert avec leur médecin traitant, leur famille ou belle-famille61.
32Le recours à la médecine Bircher n’a rien d’exclusif et n’entraîne pas la marginalisation.
33Si le traitement comporte un indéniable aspect ascétique, le séjour à Zürich n’est pas dépourvu de bénéfices secondaires. La clinique propose des conditions d’hébergement luxueuses que les malades semblent tant apprécier qu’il leur arrive de réclamer les meilleures chambres (avec ascenseur, WC et salle de bains individuelle62). Séjour de santé et séjour touristique de repos coexistent chez ces malades qui souhaitent parfois venir accompagnées d’amis en parfaite santé, confondant ainsi la clinique avec un hôtel de luxe63. L’insistance de certains à se renseigner sur les bains de soleil64, leur habitude de fréquenter les lieux de cure européens65 dans lesquels se mêlent bains promenades et régimes alimentaires, montrent que les clients sont autant à la recherche du bien être, du repos du loisir, de la désintoxication de la vie urbaine que de la guérison. Loin d’être seulement une école de discipline, le sanatorium est aussi un lieu d’initiation à de nouvelles pratiques corporelles et de loisir qui peuvent s’y épanouir à l’abri de considérations et de prétextes médicaux.
34Le séjour au sanatorium est aussi l’occasion pour certains de changer leur existence. Si quelques uns s’en remettent totalement au médecin pour qu’il leur indique la voie66, plus nombreux sont ceux qui font un véritable travail sur eux-mêmes. Ainsi Maurice Rozé note pour lui-même à l’issue de sa réflexion « que le psychique comme le physique a ses besoins qu’il faut connaître pour les satisfaire, sinon l’âme, tout comme le corps manque de vitalité et de santé ». Il décide donc de poursuivre chez lui ce qu’il a commencé à Zürich : « ne plus avoir peur de vivre et pour cela secouer les préjugés de mon entourage67 ». Cette auto-analyse peut déboucher sur une prise de certaine distance par rapport à la cure et au régime Bircher. C’est après s’être examinée intérieurement, sur la proposition du docteur Bircher, que la baronne d’Auxion comprend qu’elle s’ennuie seule à Zürich et que, dans ces conditions, la cure ne peut être efficace. Elle décide donc de l’interrompre du jour au lendemain68.
35Ainsi le séjour à Zürich ne consiste pas à se convertir à une doctrine déjà élaborée et à suivre des préceptes mais est bien l’occasion d’opérer un travail sur soi débouchant sur la formulation de choix personnels et donc sur une libération du moi. La mouvance Bircher est un lieu de diffusion des œuvres de Freud et d’initiation à des démarches inspirées par ses lectures. Max Bircher connaît les œuvres de Freud et en recommande la lecture à certaines de ses malades, comme Marinette Sigg. Les liens particuliers avec Allendy, un des principaux leaders du mouvement psychanalytique en France, renforcent cette collusion69.
36De taille très réduite et limité à un petit groupe de gens qui maîtrisent l’allemand (faute de diffusion d’une littérature en français), le mouvement Bircher-Benner en France dans les années 1930 ne peut être seulement décrit en termes de secte et de marginalité. Il témoigne du développement d’aspirations beaucoup plus largement répandues dans certains secteurs de la société. Il offre des occasions de réaliser ces aspirations et constitue un des laboratoires où s’acclimatent de nouvelles pratiques et de nouvelles attitudes.
37Malgré quelques éléments qui rappellent la conversion, ni les docteurs Bircher ni leurs patients, ni les militants ne jouent la carte de l’ésotérisme et de l’isolement radical. Au delà de son originalité propre (le régime alimentaire), le traitement Bircher intègre des éléments venus de la médecine technicienne la plus récente ainsi que de doctrines alternatives plus anciennes. Les patients sont plus des clients que des convertis, les leaders du mouvement sont plus des militants au sens contemporain du terme que des disciples. Les premiers recourent simultanément à plusieurs thérapeutes, prennent soin de ne pas se couper de leur milieu. Les seconds sont attentifs à établir des liens avec l’ensemble du corps médical et non de s’opposer à lui.
38L’entrée dans la mouvance Bircher permet à des représentants des catégories les plus récemment apparues dans la société, les cadres contemporains, de satisfaire leurs aspirations contradictoires. Le traitement proposé à Zürich associe à la fois les techniques les plus sophistiquées et les pratiques « naturelles » héritées des méthodes plus anciennes de Kneipp et Priessnitz ou plus récentes. Le séjour au sanatorium combine l’ascétisme du régime alimentaire et le luxe de l’hébergement. Il répond aux volontés complémentaires de se soigner, de se détendre, de se reposer et « d’être bien ». Il concilie le souhait d’être pris en charge et encadré avec celui de prendre librement en mains son propre destin.
39Le mouvement Bircher-Benner n’est pas seulement un lieu où se manifestent des tendances préexistantes mais aussi un modeste laboratoire d’expérimentation de nouveaux comportements. Largement affaire de femmes éduquées, le mouvement est à l’évidence un lieu de l’émancipation féminine. Il est aussi un atelier de développement de la psychanalyse. À côté de nombreux autres lieux, il contribue modestement à la diffusion du sport, du bain de soleil, de la gymnastique, du régime alimentaire qui valorisent le corps et développent la responsabilité individuelle.
40En bref, le voyage à Zürich n’est pas une fuite du monde réel mais un simple refuge temporaire dans lequel on se désintoxique, on se ressource on rentre en soi pour prendre des décisions qui permettront de mieux affronter les défis d’une société dans laquelle l’individu est de plus en plus sollicité. Loin d’être le fruit d’une poussée de nostalgie issue de milieux cultivant l’archaïsme et refusant le présent, l’adhésion à la méthode Bircher est bien une réaction d’adaptation au monde moderne venue de ceux qui y sont le plus vivement confrontés.
Notes de bas de page
1 Article publié dans Eberhard Wolff, dir., Max Bircher-Benner und sein Sanatorium im historischen Kontext, Baden, Hier und jetzt, 2010, 198 p., p. 96-108. Je remercie chaleureusement Eberhard Wolff et Iris Ritzmann qui m’ont tout à la fois suggéré cette recherche et tout fait pour la faciliter, tant sur le plan scientifique que personnel.
2 George Weisz, « A moment of synthesis : medical holism in France between the wars », dans Christopher Lawrence, George Weisz, dir., Greater than the parts : holism in biomedicine, Oxford, Oxford university press, 1998, 366 p. p. 68-93.
3 Arnaud Baubérot, Histoire du naturisme : le mythe du retour à la nature, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, 348 p.
4 9411/16364, Lettre de P. Henrion 10 novembre 1937. Les numéros sont ceux des dossiers de malades de la clinique déposés à l’Institut d’histoire de la médecine de Zürich. Lorsque le destinataire n’est pas signalé, il s’agit de Max (1867-1939) ou de son fils Franklin Bircher (1896-1988).
5 8133, Lettre de Charles Petter, 24 novembre 1931.
6 8734, Lettres de Maurice Rozé, 17 mars 1934 et 6 janvier 1935.
7 9036, Lettre de M.-T. Claudel (Guebwiller), 9 septembre 1933.
8 8063, Lettre du 22 février 1936.
9 8502, Lettre du 3 août 1932.
10 8118, Lettres des 20 juin et 1er septembre 1936.
11 Olivier Faure, « La clientèle d’un homéopathe parisien au xxe siècle : Léon Vannier (1928-1948) », dans Olivier Faure, dir., Praticiens, patients et militants de l’homéopathie (1800-1940), Lyon, PUL/Boiron, 1992, 242 p., p. 175-196.
12 Arnaud Baubérot, Histoire du naturisme…, op. cit., passim.
13 George Weisz, « A moment of synthesis… », art. cit.
14 8132, Lettre du 14 octobre 1931.
15 8132, Bericht der Mutter 5 Monate nach der Entlastung aus unserem [sic] Sanatorium. Rapport de la mère cinq mois après la sortie de notre [sic] sanatorium.
16 9365, Lettre du 15 mai 1934
17 Arnaud Baubérot, Histoire du naturisme…, op. cit., p. 240.
18 Lettre de Bircher à Madame Lambert, 20 avril 1936.
19 9411/16364, Lettre de Bircher à Paul Henrion, 7 décembre 1939.
20 8756, Lettre de Bircher à Madame Cerf, 28 janvier 1933.
21 9872, Lettre d’Hélène Taube (s. d.) 1935 ?
22 8755, Lettre de Madame Cerf, 23 décembre 1932.
23 8205, Lettre de Madame Eichholtzer-Marneffe, 12 janvier 1932.
24 Arnaud Baubérot, Histoire du naturisme…, op. cit., passim.
25 9434, Lettre d’Hélène Sosnowska des 10 avril, 23 mai, 19 décembre 1934.
26 9365, Lettre de Xénia Petter, 15 mai 1934.
27 Arnaud Baubérot, Histoire du naturisme…, op. cit., p. 240.
28 8734, Lettre de M. Rozé, 6 janvier 1934.
29 Arnaud Baubérot, Histoire du naturisme…, op. cit., p. 256-268.
30 Olivier Faure, « Eine zweite Heimat für die Homöopathie : Frankreich », dans Martin Dinges, dir., Martin, éd., Weltgeschichte der Homöpathie, München, Beck, 1996, 445 p., p. 48-73. Id., « L’homéopathie entre contestation et intégration », Actes de la recherche en sciences sociales, 2002, n° 143, p. 88-96.
31 Eberhard Wolff, « Vor 50 Jahren : Paul Niehans bringt den Begriff Zellulartherapie in die Öffentlichkeit », Schweizerische Ärztezeitung, 2002, n° 32/33, p. 1726-1727.
32 Pierre Morel, Dictionnaire biographique de la psychiatrie, Le Plessis-Robinson, Synthélabo, coll. « Les empêcheurs de penser en rond », 1995, 254 p., p. 12.
33 8133, Lettre de Xénia Petter, 7 septembre 1932.
34 George Weisz, « A moment of synthesis... », art. cit., p. 72.
35 9365, Lette de Xénia Petter, 15 mai 1934.
36 9454, Lettre du 17 septembre 1934.
37 8099, Lettre du Dr Meyer, 21 août 1931.
38 Hervé Guillemain, La méthode Coué : histoire d’une pratique de guérison au xxe siècle, Paris, Seuil, 2010, 390 p.
39 8133, Lettre du 13 janvier 1933.
40 8133, Lettre de Charles Petter, 24 novembre 1931.
41 9877, Lettre de Madame Alfred Isler (Marseille), 11 novembre 1935.
42 8205, Lettre du 12 janvier 1932.
43 9315, Lettre du 24 juin 1934.
44 8832, Lettre du 4 mai 1930. Autres exemples dans les dossiers 9036, 9052, 9340, 9509, 9703, 9734, 9872.
45 9096, Lettre de Madame Petter à Madame Albertini, 6 octobre 1933.
46 9130, Lettre de Depambourg, 6 janvier 1934.
47 8205, Lettre du 12 janvier 1932.
48 David Lux, Harold Cook, « Closed circles or open networks ? Communicating at a distance during the scientific revolution », History of science, 1988, n° 36, p. 179-211, p. 200-203.
49 Patrice Pinell « Fléau moderne et médecine d’avenir : la cancérologie française entre les deux guerres », Actes de la recherche en sciences sociales, 1987, n° 68, p. 45-77, p. 53-54. Id., Naissance d’un fléau : histoire de la lutte contre le cancer en France (1890-1940), Paris, Métailié, 1992, 366 p., p. 131-132.
50 David Lux, Harold Cook, « Closed circle or open networks… », art. cit., p. 181.
51 8133, Lettre de Xénia Petter, 13 janvier 1933.
52 8133, Lettre du 7 septembre 1932.
53 8118, Lettre du 20 juin 1932.
54 8132, Bericht der Mutter fünf Monate nach der Entlassung aus dem santorium (Rapport de la mère cinq mois après la sortie du sanatorium (s. d., novembre 1931).
55 9389, Lettre du 23 mars 1936.
56 8205, Lettre des 12 janvier 1932 et 16 avril 1935 (9734).
57 8063, Lettre de Bircher à B. Henning, 10 mars 1936. Autre exemples dans 9384. Vincenz Priessnitz, paysan de Bohême est l’inventeur d’un traitement hydrothérapique comprenant à la fois la marche pieds nus dans l’herbe humide et des applications de linges imbibés d’eau froide. Sebastian Kneipp, prêtre catholique bavarois est aussi l’inventeur d’un système thérapeutique à base d’eau froide, mais aussi de phytothérapie, de diététique et d’exercice. La marche au pas de la cigogne dans l’eau très froide est régulièrement pratiquée de nos jours dans le monde germanique où de nombreux établissements de bains possèdent leur « bain Kneipp ».
58 9340, Lettre de Jaeglé, 20 août 1936.
59 9877, Lettre de Madame A. Isler, 11 novembre 1935.
60 8918, Lettre de Destombes (s. d.) automne 1933.
61 9411, Dossier Henrion.
62 9840, Lettre de P. Henrion, 2 mai 1935.
63 9843, Lettre de Wendling, 17 juin 1935.
64 8933, Lettre de Gorri, 30 juin 1933.
65 9043, Lettre de madame d’Auxion, 7 août 1933.
66 9123, « Zeigen Sie mir ein Weg » (Montrez-moi le chemin) écrit le jeune chasseur alpin alsacien Winum, 25 octobre 1934.
67 Dossier 8734.
68 9043, Lettre du 12 septembre 1933.
69 Dossier M. Sigg, 8118.
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