Thérapies alternatives
p. 317-318
Texte intégral
1 Croisant les premiers homéopathes lyonnais dans mon mémoire de maîtrise, je les avais traités avec tout le mépris dont était capable un étudiant scientiste du milieu des années 1970.
2 Il ne faut pas mettre de cohérence là où il n’y en a pas. Je revins à l’homéopathie par hasard. Lorsque, en 1987 et sous l’impulsion de Pierre Ageron, l’université Lyon 2 tenta d’établir des partenariats avec des entreprises, les Laboratoires Boiron furent les seuls à se déclarer ouverts à une exploration historique. Chargé de recherche au Centre Pierre Léon je fus tout désigné pour diriger cette enquête. Au-delà des péripéties de cette collaboration, je m’attachai à ce sujet qui ne m’a guère quitté depuis puisque je n’ai achevé qu’en 2013, la synthèse promise depuis longtemps.
3 Travaillant d’abord sur l’introduction de l’homéopathie en France, je fus séduit par la rhétorique, le panache et l’habileté des homéopathes luttant contre de critiques féroces, leur enracinement dans les mouvements contestataires au point de commettre un petit fascicule qui me paraît aujourd’hui un peu trop bienveillant 1. Bien des années plus tard, j’ai, je crois, pris plus de distance avec le sujet et je refuse totalement de juger si l’homéopathie est efficace ou non. Pour l’historien, la seule question qui vaille est de savoir comment, et éventuellement pourquoi, l’homéopathie est apparue, s’est structurée en mouvement, a survécu en se modifiant, a suscité et suscite adhésions enthousiastes et condamnations définitives. Comme mon ouvrage récent a la prétention de retracer une histoire internationale de l’homéopathie2 et réintègre une bonne partie du contenu de la demi-douzaine d’articles que j’y ai consacré depuis une vingtaine d’années, je ne republie qu’un article qui a le mérite d’illustrer l’histoire des patients à laquelle l’homéopathie m’a tardivement conduit (chapitre 16).
4 Passant ainsi, à tort ou à raison, pour un « spécialiste des médecines parallèles » je fus sollicité par mon ami Eberhard Wolff, rencontré en 1998 à Stuttgart lorsque j’y étais professeur invité, pour participer à un colloque consacré à la méthode et au sanatorium Bircher-Benner (chapitre 17). Bien oublié aujourd’hui au point qu’on ignore qu’il fut le créateur du toujours apprécié Muesli, Maximilian Bircher-Benner (1867-1939) organisa dans sa clinique des hauteurs de Zürich des cures fondées non seulement sur une alimentation à base de fruits crus mais aussi sur l’hydrothérapie et l’héliothérapie sans négliger les méthodes de diagnostic les plus techniques nourrissant ainsi l’image d’une Suisse moderne 3.
5Sans le savoir, je participais donc à l’élaboration d’une histoire des médecines dites alternatives en France aux côtés de plus jeunes chercheurs au premier rang desquels et dans l’ordre chronologique Marc Renneville, Arnaud Baubérot, Hervé Guillemain et Lucia Candelise. En m’appuyant sur tous ces travaux j’esquisserai dans un texte inédit les grandes lignes de ce qui pourrait être une histoire synthétique des marges médicales en France (chapitre 15).
Notes de bas de page
1 Le débat autour de l’homéopathie en France (1830-1870), Lyon, Boiron, 1990, 31 p.
2 Olivier Faure, Et Samuel Hahnemann inventa l’homéopathie : la longue histoire d’une médecine alternative, Paris, Aubier, 2015, 393 p.
3 C’est aussi ce que montre Arnaud Baubérot dans Histoire du naturisme : le mythe du retour à la nature, Rennes, Presses universitaires, 2004, 352 p., et Bernadette Bensaude-Vincent, Christine Blondel, dir., Des savants face à l’occulte (1870-1940), Paris, La Découverte, 2002, 240 p.
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