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    Plan détaillé Texte intégral La genèse La prise de conscience La spécificité de l’archéologie préventive Notes de bas de page

    Archéologie au présent

    Ce livre est recensé par

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    Table des matières

    Chapitre 1. La recherche archéologique en France, fille des médias

    p. 11-23

    Texte intégral La genèse Le cimetière des Innocents à Paris et les premières plongées archéologiques à Marseille Le port antique du Centre Bourse de Marseille Orléans et Poitiers Les pirogues du chantier de la Halle aux vins de Bercy La prise de conscience L’héritage de l’histoire Le choc des images La spécificité de l’archéologie préventive Notes de bas de page

    Texte intégral

    1Alors qu’informer c’est transmettre un message, communiquer permet d’établir une relation. Lorsqu’il faut assurer sa survie dans un contexte économique qui n’a jamais était acquis à l’activité archéologique, on passe d’un besoin d’informer à une nécessité de partager une actualité et de convaincre, donc on enclenche une action de communication. Ce constat nécessite bien entendu des nuances car « l’information est aussi une vision du monde, donc une donnée culturelle1». L’information n’est donc jamais tout à fait une donnée « brute », elle est déjà influencée par la personne qui la transmet. Avant d’approfondir l’usage que les archéologues feront des médias, il est intéressant de comprendre comment et pourquoi ils ont trouvé leur place dans l’espace médiatique.

    La genèse

    2L’archéologie préventive est née tardivement, alors que, depuis deux siècles déjà, la révolution industrielle avait entrainé dans notre pays la destruction irréversible d’une partie importante des sols et des sous-sols. La prise de conscience d’un tel saccage s’est faite grâce aux journalistes et aux initiatives de pionniers comme Pierre de Lagarde entre 1962 et 1975 dans l’émission de l’ORTF Chefs-d’œuvre en péril puis de Michel Péricard avec la France défigurée à partir de 1971. Ils savaient raconter, faire vibrer chez les téléspectateurs les cordes sensibles de l’histoire et de la spiritualité des monuments menacés, et surtout ils savaient crier au scandale. Ces journalistes, même de loin, devaient contribuer à faire admettre une archéologie de sauvetage, puis la création d’une archéologie de prévention et d’anticipation, confiée à des professionnels. C’est l’aboutissement d’une longue évolution qu’illustrent quelques cas d’école1 et sur lesquels il convient de revenir pour montrer combien a changé, en 60 ans, l’attitude des médias, l’image des archéologues et le comportement des élus. La médiatisation des chantiers montre aussi les travers de « l’incommunication » pour reprendre le néologisme de Dominique Wolton2.

    La France défigurée émission du 22/07/1973

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    3Sur la base d’archives de l’Ina, nous puisons dans « cette mémoire collective » un rapide tour d’horizon de reportages consacrés à l’archéologie, diffusés lors des Actualités Françaises pour des journaux télévisés régionaux.

    Le cimetière des Innocents à Paris et les premières plongées archéologiques à Marseille

    4Au cinéma, quand la télévision n’existait pas encore, les spectateurs assistaient, avant de voir le film, à la projection d’une bande d’actualités et d’un « documentaire ». Les archives de l’INA devaient nous permettre de visionner celui tourné au mois d’avril 1948 consacré au chantier du Forum des Halles alors à ses débuts, à Paris. On venait d’y redécouvrir un site connu à travers l’iconographie, le cimetière des Innocents, désaffecté depuis 1785 pour des raisons sanitaires, et dans lequel avaient été inhumés pendant près de dix siècles les dépouilles de vingt-deux paroisses de Paris et celles des morts de l’Hôtel-Dieu. Après avoir exposé le projet d’urbanisme en cours au lendemain de la guerre, le présentateur n’avait donné à ses auditeurs que de brèves indications sur le site avant de les inviter à découvrir les restes de la nécropole où des ouvriers étaient encore en train de dégager à coups de pelle des fragments de squelette dont les passants s’emparaient en guise de souvenirs. « Nous vivons sur la terre des morts, dit l’Écriture, et le Paris des vivants s’agite au dessus d’un Paris étrangement discret mais infiniment plus peuplé, le Paris des cimetières. » Comme on peut s’en apercevoir, l’époque se tournait vers l’avenir et se préoccupait de reconstruire Paris, avant de songer à en préserver le patrimoine3. Le message du journaliste est avant tout informatif. On ne parle pas d’archéologie mais d’une curiosité. Les corps et leurs contextes sont détruits sous les yeux du public qui n’y voit qu’une découverte macabre à évacuer.

    Images du reportage, « 2000 ans sous les mers », les Actualités Françaises du 22/10/1953

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    52000 ans sous les mers. C’est sous ce titre que les Actualités Françaises avaient diffusé le 22 octobre 1953 un reportage d’une minute et demie, consacré à l’archéologie sous-marine4. On pouvait y voir le commandant Cousteau qui avait ancré son bateau, la Calypso, au large de l’île Riou, au sud-est de Marseille. Le commentaire en voix off, accompagné d’une musique minimaliste, ne parle pas « d’archéologues » et pour cause, ce sont les plongeurs qui, équipés d’une caméra, dépouillent l’épave d’un navire identifié comme grec à l’époque, qui avait sombré là, avec sa cargaison d’amphores. Le médiatique commandant « suit la plongée et dirige pour la première fois au monde une recherche sous-marine depuis sa cabine » […] « Pour la première fois un travail méthodique d’archéologie sous-marine a permis de ramener à la surface en 1250 plongées, 7 000 amphores, d’innombrables poteries, les ancres et le matériel de bord dont vont s’enrichir les musées d’Europe. » Mais pouvait-on voir dans cette récolte d’un butin arraché au sable sans grande précaution une démarche scientifique ? Aucun archéologue n’avait été invité à y participer devant la caméra. On pourrait croire que l’on parle ici d’archéologie alors que l’on montre un pillage. Toutefois il faut tenir compte du fait que ces travaux par quarante mètres de fond ont eu lieu il y a cinquante ans, avec les moyens disponibles à l’époque, et que l’objectif qui était de mettre à l’abri les amphores a été atteint5. C’est cette première expérience qui en définitive a permis aux archéologues de la génération suivante de créer le DRASM (cf. glossaire) et d’acquérir l’Archéonaute.

    Le port antique du Centre Bourse de Marseille

    6Le 29 juillet 1967, le journal Le Provençal publiait pour la seconde fois, un questionnaire afin de connaître l’avis des Marseillais sur les aménagements à choisir « pour la sauvegarde et la mise en valeur des vestiges grecs » du quartier de la Bourse.

    7Le terrain à aménager était situé dans le cœur de la ville, reconstruit et embelli dans la plus pure tradition hausmanienne entre 1852 et 1854. La rue de la République était alors Impériale et ses façades traçaient une nouvelle perspective depuis le Vieux-Port jusqu’au quartier de la Joliette en plein essor. La zone dite « derrière la Bourse » avait été réaménagée dans la foulée. Les maisons vétustes avaient été détruites, des petites rues anciennes effacées du paysage urbain, et l’église médiévale Saint-Martin démolie. Une nouvelle campagne de travaux, débutée en 1913 à cet endroit, avait été stoppée par la Première Guerre mondiale. Elle permit cependant de repérer un tronçon de rempart antique en grand appareil. Ce mur de Crinas a été classé au titre des Monuments historiques par arrêté du 22 décembre 1916 puis, enfoui à nouveau, mis en réserve, pour connaître une redécouverte retentissante une cinquantaine d’années plus tard. En 1935 la zone est destinée à devenir un parc mais les tranchées qui servent d’abris pendant la Seconde Guerre, l’ont davantage encore défigurée. L’îlot, saccagé, devient un terrain vague, qui sert de parking sauvage.

    8Gaston Defferre, qui était maire de Marseille en 1967, projetait d’y construire un centre d’affaires, une maison de la culture, un parking de 2 000 places, de quoi créer 2 000 emplois nouveaux pour la ville. Mais le malheur voulut qu’un site archéologique majeur – rien moins que les murs et les aménagements antiques du port de la ville – affleure au moment où commençaient les travaux. Le chantier fut arrêté. Gaston Deferre, pris de court, mais souhaitant néanmoins mener son projet à bonne fin, chercha l’appui de la population et lui proposa d’exprimer son avis au moyen d’un référendum, en fait d’un sondage. Un bulletin de vote était donc à détacher du Provençal et à remplir par les habitants fortement incités à se prononcer dans le sens souhaité par la mairie. Renoncer à son projet pour « maintenir les vestiges grecs in situ », « dans un lieu encaissé et d’accès discutable (sic) ». C’était pour le maire creuser un gouffre de l’ordre de quinze milliards d’anciens francs dans les finances de la ville et sans aucune contrepartie.

    Découverte du mur de Crinas, photo anonyme vers 1910, Collection du Musée d’Histoire de Marseille (Fonds Benarroche : MHM2004_6_13_8)

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    Images extraites des Actualités Françaises, 28/10/1967, Ina.

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    9Dans son édition du 1er août 1967, le Provençal présente le résultat glorieux : « 90 % de nos lecteurs ont opté pour le maintien des vestiges sur les dalles du jardin central. Le sentiment de ces lecteurs s’est évidemment inspiré des énormes conséquences qui résulteraient d’une atteinte quelconque à l’intégrité du projet d’urbanisme. »

    10La décision, qui peut paraître surprenante aujourd’hui, de démonter pierre à pierre le site puis de reconstruire les murs sur le parvis du parking du centre commercial, était en fait celle qui avait été entérinée par le conseil municipal au début des travaux, alors que l’on ne connaissait que le mur de Crinas. Le 5 août 1967 Paul-Marie Duval, titulaire de la chaire d’Archéologie et d’Histoire de la Gaule au Collège de France et Président du Conseil supérieur de l’archéologie (futur CNRA), écrivait dans Le Monde :

    « C’est avec l’Euryale de Syracuse la formidable citadelle des tyrans siciliens que la comparaison est la plus précise : Marseille offre notamment le second exemple d’un avant mur que seule la forteresse syracusaine possédait jusqu’alors…
    Aucune technique actuelle ne peut sans en modifier l’ordonnance et la complexité originelle, sans en sacrifier les parties les plus fragiles, sans rendre à tout jamais incompréhensible l’organisation d’ensemble, bref, sans en compromettre absolument l’authenticité, déplacer l’un des plus vieux systèmes défensifs de l’histoire humaine : il doit durer encore là où il fut construit, aussi longtemps que Marseille vivra.
    Ce ne serait pas la peine d’avoir fait ce que la France a fait dans le monde en matière d’archéologie, d’avoir créé depuis un siècle et demi les services des antiquités d’Egypte, d’Afrique du Nord, et de Syrie, d’avoir fondé à Athènes, à Rome, en Orient et en Extrême-Orient, des écoles, ou instituts archéologiques de réputation universelle pour ne pas réussir la conservation intégrale sur place et l’étude scientifique absolument complète d’un ensemble de fortifications rarissimes et spectaculaires retrouvés au cœur de la plus vieille de ses cités. »

    11Une fronde d’une partie des adjoints et conseillers municipaux s’organisa contre Defferre par presse quotidienne locale et nationale interposée6. Le maire leur retira leur délégation.

    12Cependant rien encore n’était décidé sur l’avenir du site et aucun cadre juridique n’avait été arrêté. Interrogé le 28 octobre 1967 par un journaliste des Actualités Françaises, le maire déclarait : « Aucun de ceux qui ont écrit ou délibéré ces derniers mois n’est capable de dire ce qu’on fera de ces vestiges. Il ne s’agit pas de trésor artistique comme le Parthénon à Athènes ou le forum de Rome, mais de vestiges archéologiques. » En d’autres termes fallait-il leur accorder tant d’importance ? Cependant un événement allait intervenir pour répondre à la question lorsque les archéologues et les historiens relayés par des journalistes, crièrent au scandale après avoir affirmé l’importance du site et la place qu’il tenait au cœur de Marseille dans un environnement urbain déjà privé des témoignages de son passé, deux fois millénaire, par les travaux entrepris au Second Empire. Tous se mobilisèrent en conséquence pour amener la population à changer son regard sur cet élément considérable de son patrimoine et militer pour sa sauvegarde. Son maintient sur site devait prévaloir sur tous les intérêts commerciaux en jeu d’autant que le ministre de la culture André Malraux avait fait savoir que l’État prendrait à sa charge une part des travaux7. Dès lors pouvait être annoncée par le biais d’une lettre ouverte publiée dans le Provençal, l’ouverture d’une campagne de fouilles qui allait durer un an8. C’est sur cette annonce que s’achevait la présentation au cinéma du reportage de 1967. Pour la première fois à l’écran le directeur des Antiquités de la région Provence-Corse apportait le point de vue, sinon de l’archéologue, du moins de l’historien. Et l’on avait pu voir sur l’écran les images d’un public qui se promenait parmi les vestiges mis au jour du port antique de Massilia.

    13Les mentalités avaient donc commencé à évoluer au cours des vingt ans qui s’étaient écoulés entre le reportage du Cimetière des Innocents et celui des vestiges de la Bourse. La façon de présenter les découvertes n’était pas la même : le ton de l’anecdote avait fait place à la présentation factuelle. Le comportement du public et des élus était lui aussi différent. Et, désormais, avant de démolir systématiquement, on pouvait prendre en compte l’intérêt archéologique que présentait un site. Le respect du patrimoine allait imposer aux aménageurs une contrainte nouvelle, un enjeu politique et économique. Sans doute l’archéologue « de terrain » n’avait-il pas encore sa place à l’écran mais il bénéficiait déjà des campagnes de presse pour s’opposer aux destructions sous des prétextes mercantiles. L’exemple de Marseille devait faire date à cet égard mais ce n’était encore qu’un début et les destructions de sites archéologiques se sont poursuivies au cours des années 1960 pourtant marquées par une intense activité de réaménagement urbain. Il n’y aurait eu que 350 fouilles de sauvetage par an durant cette décennie9.

    Orléans et Poitiers

    14À l’ouverture du journal télévisé de FR3 du 25 décembre 1978, le présentateur de l’époque, Dominique Baudis paraît s’indigner du « massacre archéologique » qui vient d’avoir lieu à Orléans. La construction du parking proche de la cathédrale, au Campo Santo, effaçait brutalement les traces de Genabum. Un universitaire représentant l’archéologie et commis à cet effet, dénonce devant la caméra la destruction systématique du sous-sol des centres-villes et sur les images du chantier on ne voie qu’une file de camions bennes qui évacuent les décombres. Aucun des archéologues de terrain, qui pourtant étaient intervenus pendant deux ans avant les travaux d’aménagement, n’avait encore pu s’exprimer pour donner aux téléspectateurs la moindre information sur les découvertes. Deux problèmes se font jour dans cet exemple : la durée trop courte accordée à l’intervention de sauvetage – d’où l’indignation – et l’absence télévisuelle des fouilleurs, ce qui à l’époque ne gêne personne, peut-être même pas les archéologues eux-mêmes.

    15Cependant, l’image que les archéologues donnaient aux médias commençait à changer sensiblement. À écouter les propos du présentateur du journal télévisé de FR3 Poitiers qui déclarait, en 1982, au début de son reportage consacré à des fouilles locales, que « si l’archéologie avait perdu beaucoup de temps, faute de moyens, en revanche, depuis quelques années et fort heureusement, les archéologues étaient mieux considérés et que cette considération, relayée au niveau gouvernemental, leur permettait d’entrevoir le bout du tunnel10 ». Sur le documentaire qui suivait ce commentaire, les archéologues étaient filmés sans la moindre protection corporelle, torse nu et pioche à la main. Le seul personnage en costume qui apparaissait au premier plan était le directeur des antiquités régionales, Jean-Claude Papinot, qui confirmait que la destruction des sites archéologiques n’était désormais « plus concevable », car des délais étaient imposés aux maîtres d’ouvrage avant toute intervention et ce, sur l’ensemble du territoire national. Il complétait son propos en décrivant les vestiges en cours de fouilles. La parole était alors donnée aux archéologues, dont une jeune femme en maillot de bain, pour des précisions plus scientifiques. On imagine facilement que le spectateur n’avait pas dû être très concentré sur ces explications trop techniques. Est-ce une bénévole ? Une archéologue de l’Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan) ? Une archéologue municipale ? Une étudiante ? Rien n’est dit de son statut. Et le journaliste de conclure « qu’à ce prix, la France ne sera peut-être plus l’un des pays les plus pauvres d’Europe en sites archéologiques ».

    Images extraites du reportage de FR3 Paris du 10/08/1991, 28/10/1967, Ina.

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    Les pirogues du chantier de la Halle aux vins de Bercy

    16Jacques Chirac était maire de Paris lorsque furent retrouvés sur le chantier de Bercy les restes de trois pirogues néolithiques. FR3 Paris est venu sur site le 10 août 1991 pour montrer cette trouvaille aux Franciliens et c’est tout naturellement au maire que revient l’honneur de la leur présenter. Si l’archéologue apparaît au second plan sur le film ce n’est pas comme un fouilleur subalterne, mais comme le responsable de l’opération. Les équipes de restaurateurs sont filmées au moment de la dépose des bateaux. Puis, pour évoquer la phase post-fouille, on retrouve un archéologue dans le laboratoire avec une brosse à dent d’usage pour nettoyer minutieusement un tesson.

    17L’expert interviewé pour appuyer l’importance de la découverte est Michel Fleury présenté comme un « professeur d’histoire de Paris ». C’est, en fait, également le directeur régional des antiquités d’Île de France. Le site historique et le mobilier sont décrits sommairement et le journaliste s’enthousiasme dans sa description de la découverte qu’il attribue… « à l’époque sumérienne » !

    18Ces exemples de découvertes médiatisées au cours de la seconde moitié du xxe siècle dans différentes villes de France permettent d’illustrer la complexité des rapports entre information et communication en archéologie. Ces rapports peuvent être perçus en trois phases.

    19Dans un premier temps, information et communication sont synonymes. Peu de messages étaient à transmettre, par des canaux encore rares et les « récepteurs » mal identifiés (parfois de simples passants, des riverains, des curieux, des spectateurs qui attendent le début d’un film…). C’est l’information qui créait la communication. On avait l’impression que le droit de sonder la terre et la mer appartenait indifféremment à tout le monde.

    20L’exemple de la fouille de la Bourse à Marseille marque un vrai tournant et, à partir des années 1970, lorsque les destructions archéologiques ont commencé à susciter l’indignation, c’est l’information qui a dominé. Dès lors on parle de « massacres », de « scandales » plus que du site lui-même. Plus les messages sont nombreux à circuler par davantage de relais – télévision, radio, presse écrite – et plus la société donne l’impression d’avoir besoin d’informations. Alors même que des problèmes d’incompréhension se révèlent entre aménageurs et archéologues, ils éveillent l’intérêt des journalistes. Il est frappant de constater que l’archéologue sur le terrain reste cependant très en retrait de cette scène médiatique. Élus, universitaires et représentants des Drac (cf. glossaire) sont les interlocuteurs des journalistes. Le fouilleur ou le responsable du chantier sont toujours au second plan.

    21Une troisième phase, celle où les aspects de communication l’emportent sur l’information, va s’imposer à partir des années 2000. Elle constitue la raison d’être de cette publication. Mais elle est le fruit d’un héritage social dont il est encore important de se souvenir.

    La prise de conscience

    22Les scandales archéologiques et les dommages qu’ils ont causés au patrimoine ne sont pas l’apanage du siècle qui vient de s’écouler. Parfois aussi, les sites ont été détruits pour la valeur historique qu’ils représentaient. À toutes les époques et pour de multiples raisons les hommes ont montré l’intérêt qu’ils portaient aux traces de leur passé. Déjà au xiiie siècle avant notre ère, Khâemouaset, fils du Pharaon Ramsès II, avait fait explorer les sites de Gizeh, Saqqarah et au vie siècle avant notre ère, Nabonide, le dernier roi de Babylone avait ordonné la recherche de vestiges devant lui permettre de faire reconnaître sa légitimité à occuper le trône11.

    L’héritage de l’histoire

    23On a coutume de faire débuter l’archéologie avec la Renaissance. La prise de Constantinople par les Turcs se traduisant aussi par l’exil d’intellectuels imprégnés de culture gréco-latine – ou partant avec les manuscrits sous le bras – vers l’Europe, la redécouverte des auteurs de l’Antiquité et leur diffusion rendues possibles grâce à l’imprimerie, les grands voyages vers des terres jusque-là inconnues, les travaux de Nicolas Copernic et de Galilée sur la place de la Terre dans l’univers favorisent l’essor d’un mouvement intellectuel dans lequel la démarche archéologique trouve ses fondements. Tout comme les auteurs anciens, les vestiges antiques sont exhumés. Ainsi, on porte à l’égard des ruines existantes un intérêt croissant. Mais des fouilles sont également pratiquées dans la mesure où la physionomie des villes évolue profondément, en Italie en particulier. Rome, capitale du monde chrétien, connaît ainsi sous l’égide des papes une série de travaux d’aménagement et de modernisation. Ces grands travaux se traduisent par des percées et des éventrations du sous-sol qui permettent d’exhumer les vestiges de la ville antique. Nombre de sources écrites montrent que les papes éclairés et l’aristocratie romaine laïque interdisent la destruction de ces découvertes. Ainsi le groupe du Laocoon découvert en 1506 est sauvé du four à chaux. Les mêmes sources attestent que des artistes comme Michel-Ange et Raphaël sont mandatés par l’autorité papale pour inventorier des œuvres antiques mises au jour durant cette période. La redécouverte de cet art permet d’associer pouvoirs publics, intellectuels et artistes. Elle prend naissance dans un objectif de sauvetage grâce à la réalisation de travaux d’aménagement. Cette archéologie de sauvegarde s’intéresse alors uniquement aux œuvres monumentales et met de côté les témoignages plus modestes déconsidérés en raison de leur faible valeur esthétique. Même s’il y avait des partis pris dans les choix de conservation, même si énormément d’objets ont disparu, ont été détruits, volés ou réemployés, c’est une première démarche que l’on peut qualifier de « scientifique » qui a permis de rassembler quelques pièces sublimes.

    24Destruction ou archéologie ? Pillage ou sauvetage ailleurs ? L’urbanisation galopante et l’industrialisation du xIxe siècle avaient également suscité le célèbre « Guerre aux démolisseurs ! » publié par Victor Hugo dans la Revue des Deux Mondes en 1825 puis en 1832, « pour arrêter le marteau qui mutilait la face du pays12 ». Il lance pour la première fois l’idée d’une loi pour protéger les monuments historiques :

    « Et une loi pour les monumens (sic), une loi pour l’art, une loi pour la nationalité de la France, une loi pour les souvenirs, une loi pour les cathédrales, une loi pour les plus grands produits de l’intelligence humaine, une loi pour l’œuvre collective de nos pères, une loi pour l’histoire, une loi pour l’irréparable qu’on détruit, une loi pour ce qu’une nation a de plus sacré après l’avenir, une loi pour le passé, cette loi juste, bonne, excellente, sainte, utile, nécessaire, indispensable, urgente, on n’a pas le temps, on ne la fera pas ! »

    25L’histoire de la protection des monuments historiques commence véritablement sous la Monarchie de Juillet grâce à l’action du ministre François Guizot. En 1830, cet homme de lettres, est nommé ministre de l’intérieur. Il est convaincu que « c’est un désordre grave et un grand affaiblissement chez une nation que l’oubli et le dédain du passé ».

    26La première pierre de cette politique fut posée en octobre de cette même année par la création obtenue par Guizot d’un poste d’inspecteur général des monuments historiques, inexistant jusque-là. Cette charge est confiée d’abord à un proche, Louis Vitet, puis en 1834, à Prosper Mérimée. Une commission des monuments historiques est aussi créée. Elle établit le 20 mai 1840 une première liste les monuments « pour lesquels des secours ont été demandés et que la commission a jugé digne d’intérêt ».

    27La première loi sur les monuments historique est réellement promulguée le 30 mars 1887, permettant le classement par les soins du ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts des « immeubles par nature ou par destination dont la conservation peut avoir, au point de vue de l’histoire ou de l’art un intérêt national ». Cette loi permet l’expropriation si le propriétaire s’oppose au classement. Elle comprend également la possibilité de classer des objets mobiliers.

    28Peu après est votée la loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État, dont les conséquences sur la gestion des monuments cultuels classés sont à prendre en compte : une nouvelle loi pour les monuments historiques est préparée dès 1907 par le sous-secrétariat d’État aux Beaux-Arts. Les églises, qui au moment de la loi de 1905 appartenaient déjà à l’État ou aux communes, demeurent leur propriété (art. 12) ; d’autre part, celles qui appartenaient aux établissements publics du culte deviennent, elles aussi, propriété des communes où elles sont situées.

    29En complément la loi du 17 avril 1906 et le décret du 4 juillet 1912 ont confié la charge des 87 cathédrales de France au secrétariat d’État aux Beaux-Arts (ancêtre du ministère de la Culture et de la Communication).

    30Mais sur le terrain, les démolitions continuent. Sans remonter aux aménagements du préfet de Napoléon III, Georges Eugène Haussmann, qui avait pour mission « d’aérer, unifier et embellir [Paris]13 », en faisant table rase du passé, on peut citer l’exemple des « Cloisters » juste avant la Première Guerre mondiale. L’Américain George Grey Barnard avait pu acquérir, chez des antiquaires ou auprès de propriétaires, une partie des sculptures des cloîtres médiévaux languedociens de Saint-Michel-de-Cuxa, de Saint-Guilhem-le-Désert et les cloîtres pyrénéens de Tarbes14, Trie-en-Bigorre, ou encore de Froville (en Lorraine). Les seules mentions de la collection que nous avons pu trouver dans la presse de l’époque sont à relever dans le journal local toulousain Le Télégramme, qui publie deux articles, le 6 octobre 1912, Tout le midi aux brocanteurs et le 1er novembre 1913, Le vandalisme, signés par J.R. de Brousse. Les titres expriment bien la colère de l’auteur. En 1922, l’histoire revient dans le quotidien parisien L’Homme libre, sous le titre Une collection d’œuvres d’art françaises est mis en vente en Amérique, on peut lire une brève de quelques lignes à la page 2 du journal du 16 août :

    New-York le 15 Août : Une des plus belles collections d’œuvres artistiques françaises, réunies par Georges Grey Barnard dans sa propriété « The Cloisters » à New York City, a été mise en vente dernièrement et la ville de Los Angeles a fait une offre d’un million de dollars. Georges Barnard a l’intention de transférer sa résidence sur la côte du Pacifique si cette cité réalise le plan élaboré par elle et comportant l’érection d’une ancienne cité grecque dans son faubourg de Palos Verdes. La réalisation de ce projet couterait 35 millions de dollars15.

    31Sa collection fut finalement acquise par le Métropolitain Museum of Art grâce à John D. Rockefeller J.R. en 1925, pour constituer The Cloisters sur les bords de l’Hudson à New York ! Barnard a acheté une partie du cloître de Saint-Michel-de-Cuxa qui était encore en élévation dans l’abbaye alors même qu’il était protégé au titre des « Monuments Historiques » puisqu’il figure déjà sur les listes de 1862, 1875 et de 1889 ! 1913 est l’année qui marque l’adoption sur la Loi sur les Monuments Historiques16. Dès le 18 avril 1914 un arrêté est pris pour classer « les reste de l’ancienne abbaye de Saint-Michel de Cuxa ».

    32Mais Barnard a peut-être sauvé ces ensembles architecturaux romans et gothiques visiblement encore pillés cent vingt ans après la Révolution et cinquante ans après leur classement !

    Le choc des images

    33La prise de conscience collective se fait bien plus tard et ce, grâce à la télévision. Dans les années 1960 et 1970, dans des séries d’émissions intitulées Chefs-d’œuvre en péril puis La France défigurée Pierre de Lagarde, Jacques Péricard et Louis Bériot firent le constat alarmant du pillage des sites ou le vandalisme des grottes préhistoriques, considérées comme des décharges discrètes ou polluées par des vidanges sauvages. Ils montrent les sites naturels malmenés et le patrimoine écologique français, plus que jamais, en péril. Accessoirement, les sites archéologiques aussi ! Contrairement aux exemples précédents, le pillage n’est pas fait pour réutiliser ultérieurement une œuvre d’art, mais bien pour détruire un patrimoine ancien.

    Reproduction de la première page de la loi du 31 décembre 1913 sur les Monuments Historiques, libre de droits

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    34C’est en découvrant le courrier des spectateurs qui suit un premier reportage consacré aux monuments que Pierre de Lagarde eut l’idée de lancer l’émission Chefs-d’œuvre en péril. La série devait occuper les écrans de 1962 à 1974. Pour la première fois l’émission repose sur des témoignages (lettres ou interviews) des professionnels spécialistes mais aussi des habitants ou des voisins d’édifices anciens menacés. Des « prix chefs-d’œuvre en péril » accompagnent l’émission. Les images de la remise des récompenses par le Président de la République lui-même, Valéry Giscard d’Estaing sont une consécration de l’initiative. Les Français découvrent les maisons rurales du Limousin, les églises de Toulouse, la maison des échevins d’Issoire... Cent cinquante monuments sont sauvés grâce au prix. Pierre de Lagarde avance avec son temps et ne met pas seulement en scène les saccages des églises et des châteaux médiévaux. Il parle aussi du « petit » patrimoine rural, protégé par aucune loi, qui est souvent sacrifié au prétexte de la modernité et « au profil de l’automobile ».

    35Avec La France défigurée, entre 1971 et 1977, Jacques Péricard et Louis Bériot envisagent les questions de conservation du patrimoine de manière plus large, en y ajoutant la notion de cadre de vie, de respect du paysage et d’écologie. Ces journalistes, à leur habitude, n’hésitaient pas à frapper l’opinion en parlant de « massacres » et de « saccages ». Il était question d’« amputation d’un patrimoine documentaire » pour le chantier d’Orléans17, de « vandalisme18 » dans les villages du Lubéron, de « menaces de mort » pesant sur les ateliers d’artistes de Paris19. Tirer à cette époque la sonnette d’alarme c’était en quelque sorte faciliter pour l’archéologie l’ouverture d’une fenêtre médiatique. « Combattre encore… » le vocabulaire renvoie à des scènes de guerres, de violences.

    36Dans les diffusions de 1977, suite à ces constats, un refus de subir plus longtemps le scandale commença à se manifester dans l’opinion et dans l’émission il est dès lors question de « combats archéologiques, de résistance, de croisade ». Sans doute le « vandalisme » qui se définit comme une pratique de détérioration matérielle volontaire a-t-il été stigmatisé à juste titre à ce moment là, pour parler des sites archéologiques. Mais ce terme n’a pas le même sens pour le promoteur, le fonctionnaire de la Drac (cf. glossaire) ou le ministre de la Culture20. Ce mot exprime peut-être encore autre chose pour ceux qui l’entendent, le reprennent et le remettent dans la circulation d’un discours oral. « Ainsi les mots empilent au fil du temps des sens différents ce qui leur donne une épaisseur dialogique qui échappe partiellement à leurs énonciateurs21 ». Qu’est-ce que les médias ont fait de l’information archéologique ? Qu’est-ce que l’archéologie a fait des médias ? Avec un titre d’émission comme La France défigurée, on comprend tout de suite que l’émotion prend le pas sur le constat.

    37En définitive, le vandalisme porté à l’écran par les médias a aidé « en creux » les archéologues dans leur démarche de prévention en justifiant leur intervention.

    38On va le constater à la lumière de l’analyse des discours des textes de presse des années 2000, désormais l’actualité de la recherche préventive donne une image plus apaisée, plus positive car plus légitime de la discipline. Le décret du 3 juin 200422 a organisé de façon plus précise les procédures administratives et financières en la matière et la répartition des compétences respectives des différents intervenants. L’encadrement législatif de l’archéologie a contribué à éclaircir parallèlement, la scène médiatique.

    La spécificité de l’archéologie préventive

    Une chose est sûre, ce n’est pas l’image que les archéologues ont de leur discipline qui compte aujourd’hui, mais bien celle que peuvent en avoir nos concitoyens […] Contrairement à la philosophie, la physique, ou l’histoire, l’archéologie est désormais seule, avec la médecine, à posséder un pan de sa recherche dédié à la prévention.

    39C’est en ces termes que Vincent Charpentier, introduisait son émission de radio Le salon noir sur France Culture, le 25 novembre 2009.

    40Le propos de cet ouvrage n’est pas de présenter l’histoire de l’archéologie préventive en France. Les acteurs de cette belle aventure l’ont déjà fait23. Il importe cependant, pour la compréhension de mon propos de rappeler les principales étapes de la structuration de la discipline.

    41En effet, l’archéologie a une histoire singulière. Des sociétés savantes du xIxe siècle au bénévolat des années d’après guerre, puis au militantisme, la pratique s’est construite en dehors du cadre institutionnel. Elle continue d’ailleurs d’en payer le tribut dans les médias, qui donnent de l’archéologie une image encore mal définie : jusque dans les années 2000, on parle « des archéologues » terme générique sans référence à un organisme de rattachement24.

    42L’élan économique des « Trente Glorieuses » engage la France dans une politique d’aménagement du territoire sans précédent. Les autoroutes déchirent alors le paysage sans tenir compte des occupations antérieures des sols qu’elles bouleversent irrémédiablement ; les parkings souterrains, creusés jusqu’au substrat, stérilisent le sous-sol des centres-villes ; les carrières de granulats sont exploitées de façon industrielle. L’Europe entière a mis à la décharge les témoins d’une histoire pluri-millénaire pour répondre à des contraintes d’urbanisme et de développement local.

    43Quelques scandales ont été plus retentissants que d’autres, comme la construction du parking de la rue Soufflot à Paris sur l’emplacement du decumanus de Lutèce, la reconstruction du centre ancien de Lyon, ou la découverte des remparts de la ville antique à Marseille en 1967, comme nous l’avons vu. Ils ont montré les lacunes des dispositifs de l’État en matière de protection du patrimoine.

    44Ce n’est pourtant qu’en 1973, qu’une agence de moyens du ministère de la Culture, l’Association pour les fouilles archéologiques nationales (Afan), a été créée avec une centaine d’agents. Les archéologues exhumaient alors notre passé, sur la base d’un compromis entre aménageurs et services de l’État. Le fonctionnement de cette association était assuré par des subventions étatiques ou des crédits affectés, – par les collectivités territoriales, voire les aménageurs –. Mis en place suite au rapport Soustelle25 de 1975, ce dispositif permet la fouille d’urgence, dans des conditions souvent précaires, mais aussi les fouilles programmées. Il prévoie également le recensement des sites archéologiques ; ce projet est devenu la « Carte archéologique » afin d’éviter les aménagements destructifs. En 1981, l’Afan compte environ 200 agents « hors statut » qui interviennent sur les consignes des directions régionales des antiquités, soit un tiers des emplois attribués à l’archéologie, toutes institutions confondues26. « C’est autant d’archéologues que pour la seule ville de Londres », explique Jack Lang, alors Ministre de la Culture27. Les salaires sont payés sur des vacations de la Drac (cf. glossaire), du CNRS, ou des indemnités diverses.

    45Dans le même temps, on reproche à l’Afan la médiocrité de ses résultats scientifiques et l’insuffisance de ses publications ; les pertes archéologiques continuent d’être importantes. Les délais imposés pour voir arriver des archéologues sur les chantiers sont toujours aussi longs et l’impatience des promoteurs, souvent pris à la gorge, s’accentue. C’est encore le cas à Rodez en 1997 où un site gallo-romain et une partie de l’enceinte médiévale sont détruits avec l’accord du Premier Ministre de l’époque, qui écrit : « Les promoteurs peuvent reprendre l’opération immobilière envisagée sans craindre d’être poursuivis pour démolition de vestiges archéologiques en vertu de l’article 322-1 du code pénal28. »

    46À cela s’ajoute les nombreux rapports de la Cour des comptes et de l’Inspection des finances et le fait que, malgré l’Afan, la majorité des fouilleurs vivent encore de façon précaire.

    47Le 19 mai 1998, le Conseil de la concurrence a donné son accord pour ouvrir le secteur à la concurrence29. Sous la pression de la communauté scientifique et des mouvements sociaux virulents qui s’en suivent, la ministre de la Culture et de la Communication, Catherine Trautmann commande un rapport dans l’urgence à Bernard Pêcheur, conseiller d’État, Bernard Poignant, maire de Quimper, et Jean-Paul Demoule, professeur d’université. Sur leurs propositions, le gouvernement décide de présenter une nouvelle loi au Parlement. La loi sur l’archéologie préventive, votée fin 2000 est promulguée le 17 Janvier 2001. Traduisant pour la première fois en droit français les termes de la convention de Malte30, elle a pour conséquence la création de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) en 2002. Cet établissement public a la responsabilité de toutes les étapes de l’intervention archéologique : de la détection du site à sa fouille, de la remise du rapport à la valorisation et la vulgarisation des résultats31. Deux ministères de tutelles veillent sur l’Institut, celui de la Culture et de la Communication d’une part, celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche d’autre part.

    La nécropole Sainte-Barbe - Fouille Afan, CNRS, 1991, Cl.M. Moliner Ville de Marseille

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    48Plus que toute autre, cette discipline scientifique interfère directement avec les activités économiques liées à l’aménagement du territoire. La loi de 2001, entrée en application en 2002, a entrainé des difficultés très importantes, car les modalités de son financement n’ont pas été mises en place de façon efficace. Jusque là, au moment du dépôt du permis de construire, les fouilles, selon la loi de 1913 (classement du terrain) ou les lois Carcopino de 1941 et 1942 validées en 1945, donnaient lieu à une jurisprudence claire. Désormais, élus, aménageurs, ou promoteurs toujours réticents face aux interventions archéologiques, y deviennent carrément hostiles, puisque celles-ci entraînent des démarches supplémentaires et, surtout, impliquent que le terrain soit acheté à la valeur de sa constructibilité future, pour entreprendre des démolitions et des excavations qu’ils doivent financer. Le spectre de l’archéologie de sauvetage qui gèle le terrain partiellement ou totalement plane sur tous les projets.

    49Cette règlementation et la discipline ont été d’autant plus mal acceptées qu’elles étaient, au début des années 2000 encore peu connues du grand public. Atermoiements et crises successives, font que les chantiers de fouilles accumulent les retards, entraînant des problèmes sociaux graves, au point de mettre en péril dès 2003, l’existence de l’Institut. L’accueil des pouvoirs administratifs et scientifiques est d’ailleurs très mitigé. Le gouvernement a dû intervenir et conforter l’établissement dans ses missions grâce à une nouvelle loi, promulguée dix-huit mois à peine après la première, ouvrant le domaine à la concurrence pour la fouille, mais dotant l’Inrap d’un budget annuel fermé32.

    50Mais force est de constater que l’on se trouve face à un condensé assez inhabituel et fort complexe de difficultés. En effet, à partir des années 1990, 400 agents sont recrutés à l’Inrap suite aux jugements des Conseils de Prud’hommes. Par la suite, la loi de 2003 bouleverse la première organisation de l’Institut en imposant de nouvelles règles : les aménageurs sont devenus les maîtres d’ouvrages des fouilles et l’Inrap doit désormais répondre à des appels d’offres. L’économie de l’Institut ne reposait plus sur les produits d’une redevance mais sur la gestion des facturations aux promoteurs ou aux collectivités. Enfin le budget n’était plus envisagé de la même façon, il était divisé en deux parties distinctes et non fongibles : les diagnostics financés par une taxe et les fouilles, facturées.

    51Dans ce contexte économique l’ouverture à la concurrence est un point fondamental pour notre propos, c’est à partir de ce moment que le monde de l’archéologie préventive (public, privé ou territorial) s’organise pour communiquer. À l’Inrap, sous la présidence du Professeur Jean-Paul Demoule et la direction de Nicole Pot, le travail sur l’image est engagé. L’Inrap comprend en 2004, une direction de la communication33, composée d’une dizaine de personnes au siège, relayée aux seins des huit interrégions administratives par des chargés de communication.

    52Six ans plus tard, l’Institut compte deux mille collaborateurs et chercheurs, soit un décuplement de ses effectifs en trois décennies. Le nombre de sites connus et le volume du mobilier archéologique engrangé ont été multipliés par cent34. C’est un constat saisissant quand on garde le souvenir des quelques archéologues bénévoles qui ont mené les premières fouilles de sauvetage.

    53L’Inrap a réalisé entre 2002 et 201235, 18 843 diagnostics diachroniques, c’est-à-dire des opérations de détection de vestiges suite à des dépôts de permis de construire, instruits par les Services archéologiques régionaux des Drac. Ainsi pas moins de 121 423 hectares (en comptant les DOM) ont fait l’objet de sondages systématiques en dix ans.

    54Les résultats des diagnostics permettent de reconnaître des sites archéologiques potentiels identifiés par époques, étendues et qualité des vestiges. Sur la base de ces résultats et de la nature du projet d’aménagement prévu sur la parcelle, un cahier des charges est rédigé par les services de l’État en vue d’une fouille éventuelle36. Cette seconde phase concentre les moyens d’interventions sur une zone plus limitée. On exhume alors tous les indices du sol pour les étudier ; parfois ce sont d’infimes traces, des « structures en creux », des pollens marqueurs de climats et de paysages ; d’autres fois des quartiers entiers de villes antiques reviennent à la lumière. La fouille fait parler le sol, cherche à « donner du sens » à la recherche des activités de ceux qui étaient là. 2 522 fouilles ont été menées entre 2002 et 2012.

    55Pourtant l’intervention archéologique est encore très loin d’être systématique : seuls 15 % des 700 km2 aménagés chaque année sont concernés par un diagnostic dont un quart seulement fera l’objet d’une fouille.

    56Le Parlement a doté la France d’un Institut de recherches archéologiques préventives, plus d’un siècle et demi après la création de l’École française d’Athènes en 1846 et de celle de Rome qui remonte à 1875, relayant l’Istituto di Corrispondenza Archeologica de 1829. Faut-il s’étonner que les prestigieuses collections archéologiques du musée du Louvre voulues par la révolution mais prolongeant la pratique des collections royales, proviennent toutes de l’étranger alors que les « antiquités nationales » sont exposées au château-musée de Saint-Germain-en-Laye, qui est créé par décret de Napoléon III, près d’un siècle plus tard ? Il n’y a pas de commune mesure entre le rayonnement archéologique de la France à l’étranger et la sauvegarde ou la mise en valeur de son patrimoine dans l’hexagone.

    57Choisir d’étudier la médiatisation de l’archéologie préventive, c’est-à-dire l’actualité de « l’archéologie nationale », permet de proposer le bilan d’une décennie de cette activité encore toute récente. Elle a vu le jour et s’est construite pendant une période de conflits permanents. Sa montée en puissance et sa reconnaissance sont dues aux professionnels de terrain qui ont construit une nouvelle image de l’archéologie.

    58C’est pourquoi, nous avons décidé de faire débuter cette étude au moment où le public ne connaît guère de l’archéologie préventive que les scandales et les mouvements sociaux. De 2005 à 2007, l’Inrap réalise en effet l’essentiel des fouilles en France37 et cette nouvelle pratique, qui veut s’affranchir de l’image négative de l’archéologie de sauvetage, alimente quotidiennement les médias. La presse, la télévision, la radio et aujourd’hui internet lui ont servi de supports. Cette archéologie fait aujourd’hui partie de la vie quotidienne de nos contemporains et n’appartient plus seulement aux publications scientifiques. Découvertes et destructions patrimoniales font désormais l’objet de débats.

    Notes de bas de page

    1 Dominique Wolton, 2005, Il faut sauver la communication, Paris, Flammarion, p. 126.

    2 Ibid., p. 139.

    3 Alexandre Auque, Sylvie Briet, Ina et l’Inrap 2010, « Documentaire archéologie : L’archéologue et le bulldozer, images d’archives sur 10 ans d’archéologie préventive ». http://www.inrap.fr/via_podcast/p-11296L-archeologue-et-le-bulldozer.htm.

    4 http://www.ina.fr/video/AFE85005309/les-hommes-grenouilles-de-lacalypso.fr.html

    5 Depuis 2010, des amphores grecques et romaines sont remises à l’eau pour le plaisir des plongeurs : La Provence, « Les amphores de Cousteau retrouvent les profondeurs » publié le lundi 19 juillet 2010. http://www.laprovence.com/article/region/les-amphores-de-cousteau-retrouvent-les-profondeurs.

    6 L’historique des échanges est repris dans la publication diffusée par le Groupe Démocrate de l’Hôtel de Ville de Marseille, A propos des vestiges grecs découverts à Marseille, intervention de Me Jean Goudareau adjoint au Maire à la séance du conseil municipal de Marseille du 6 novembre 1967.

    7 Arrêté de Monsieur le ministre d’État chargé des Affaires culturelles, Journal Officiel du 26 octobre 1967.

    8 La lettre de M. André Malraux à M. Gaston Defferre, Le Provençal du 27 octobre 1967.

    9 À titre de comparaison il y en aura 900 en 1983 et autant en 1984. Archives Larousse des journaux de l’année, information relevée dans le journal de 1985. http://www.larousse.fr/archives/journaux_annee/1985

    10 http://www.ina.fr/histoire-et-conflits/epoques/video/RXC04041767/poitiers-archeologie-le-bout-du-tunnel.fr.html

    11 Voir le documentaire, réalisé par Jean-Paul Fragier, Zadig Production, Inrap 2008.

    12 Victor Hugo, réédition de 2002 : « Guerre aux démolisseurs », éditions L’archange Minotaure.

    13 Patricia de Moncan, Claude Heurteux, 2002, Le Paris d’Haussmann, Éditions du Mécène, p. 50.

    14 Pour la provenance des sculptures des cloîtres voir l’article de Céline Brugeat The french franciscan cloister in New York, 2011-2012, département of Medieval Art (en ligne sur le site du MMA).

    15 Article du 16 Août 1922 de L’homme Libre consultable sur le site internet de Gallica (la bibliothèque numérique de la BNF), rubrique « presse et revues » (côte : A 10, N2214, mis en ligne en avril 2014).

    16 Rapportée par Theodore Reinarch, député de Savoie, et par le Sénat le 29 décembre 1913, la loi est signée le 31 décembre 1913 par Raymond Poincaré, président de la République, René Viviani, tout nouveau ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-arts et René Renoult, ministre de l’Intérieur.

    17 A propos du chantier du centre ville d’Orléans dans le quartier de la Cathédrale, Journal télévisé de France 3 du 25/12/1978, archive INA dans « Archéologue contre Bulldozer »

    18 La France défigurée : http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAF93027868/l-autre-france-les-villages-de-goult-et-oppede-levieux-en-provence.fr.html (à 8min12s du reportage)

    19 La France défigurée : http://www.ina.fr/art-et-culture/gastronomie/video/CAF93027234/les-cites-d-artistes-a-paris.fr.html (à 1min 10s du reportage et à 10 min 24s)

    20 Le « vandalisme » par exemple pourrait renvoyer tour à tour à des pratiques de détériorations matérielles volontaires, des scènes de guérilla, faire référence aux Vandales de la fin de l’Antiquité ou à la Terreur de 1793. Le rapport de l’abbé Grégoire à la Convention du 14 fructidor, an II (septembre 1794), établit en quelque sorte l’état civil du concept de vandalisme. Intitulé « Rapport sur les destructions opérées par le vandalisme et les moyens d’y remédier », il dresse un constat sans faiblesse des destructions opérées pendant la période révolutionnaire et dénonce les arrestations irraisonnées de savants ou d’artistes. Encyclopédie universalis, article Vandalisme.

    21 Sophie Moirand, 2004. « De la médiation à la médiatisation des faits scientifiques et techniques : où est l’analyse du discours ? » In Sciences, médias et sociétés, no 5, p. 93.

    22 Décret n° 2004-490 du 3 juin 2004 relatif aux procédures administratives et financières en matière d’archéologie préventive. http://www.legifrance.gouv.fr

    23 Jean-Paul Demoule, Christian Landes, dir., 2009. La fabrique de l’archéologie en France, Éditions la Découverte, p. 9 à 15. Schnapp, Alain, 1993, La conquête du passé : aux origines de l’archéologie, Éditions Carré. Gilles Bellan, 2002. Archéologie préventive, trois décennies pour une mise en place. Dans Regards sur l’archéologie préventive, p. 4-13, 57-60. Afan, Paris.

    24 Auque Alexandre et Briet Sylvie, 2010, L’archéologue et le bulldozer, histoire de l’archéologie préventive en France, Arte France, Ina, Inrap, 13 mn.

    25 Soustelle Jacques, 1975, La recherche française en archéologie et anthropologie, La Documentation française, Paris. « Il s’agit presque toujours de sauvetage a posteriori ».

    26 Hors archéologues universitaires, du CNRS, des collectivités territoriales et des services de l’État. Demoule Jean-Paul, Landes Christian, dir., 2009. La fabrique de l’archéologie en France, Éditions la Découverte, p. 253.

    27 Chiffre donné par Jack Lang, Ministre de la Culture, lors d’une interview télévisée du 10/7/1981, archives Ina : http://www.ina.fr/art-et-culture/architecture/video/DVC8108266501/interview-jack-lang.fr.htm l (consulté en mai 2014).

    28 La Drac avait bloqué la demande de « fouille de sauvetage » car elle voulait faire protéger au titre des Monuments Historiques, le rempart médiéval et des niveaux romains menacés par la construction d’un parking souterrain. Mais au bout d’un an, « l’administration n’avait toujours pas procédé au classement définitif », le cabinet du Premier Ministre est saisi par le promoteur – qui est également vice-président du conseil régional Midi-Pyrénées –. Le Premier Ministre donne son accord pour la réalisation de la construction neuve. Voir l’article publié dans Libération le 21/01/1997 par Dominique Leglu « Privés de fouilles, les archéologues se révoltent. À Rodez, l’aval de Juppé, donné à un projet immobilier, met le feu aux poudres ».

    29 L’avis du 19 mai 1998 du Conseil de la concurrence (n° 98-A-07) alimente le mécontentement en considérant que l’archéologie préventive relève non seulement du domaine concurrentiel, mais encore doit obéir aux lois du marché.

    30 Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique (révisée), conclue à La Vallette le 16 janvier 1992. Signée aujourd’hui par tous les pays d’Europe, elle pose et définit les principes de l’archéologie préventive. La convention de Malte est téléchargeable sur internet.

    31 La mission de service public de l’Inrap est présentée à l’Article L.523-1 du code de patrimoine.

    32 128 millions d’euros en 2009. Entre 2006 et 2008, de nombreuses crises liées à la question des moyens avaient encore secoué l’Inrap.

    33 Le service de communication et de développement culturel comprend la communication interne et externe, les relations presses, la médiation, les publications, l’audiovisuel et le multimédia, les colloques. 8 à 9 % du budget annuel de l’Inrap sont consacrés à ce service.

    34 Intervention de Jean-Paul Demoule intitulée « Perspectives pour l’archéologie en France » dans le colloque La Fabrique de l’archéologie en France, Paris, 2008, p. 281 à 295.

    35 Tous les chiffres sont issus du Rapport d’activités de l’Inrap en 2012, chiffres clés, p. 7.

    36 C’est le Préfet de région qui prescrit les fouilles (et désigne le responsable de l’opération), par le biais des Directions régionales des affaires culturelles (Ministère de la Culture et de la Communication).

    37 On précisera ici que la réalisation d’opérations d’archéologie préventive (diagnostics et fouilles) est régie par le code du patrimoine (Livre V, Titre II) et le décret no 2004 - 490 du 3 juin 2004 relatif aux procédures administratives et financières en matière d’archéologie préventive. La réalisation de ces opérations peut-être confiée soit à l’Inrap, soit à des opérateurs, publics ou privés, dont la compétence scientifique est garantie par un agrément délivré par l’État pour 5 ans. En avril 2014, on comptait 89 opérateurs agréés, soit pour la réalisation des diagnostics soit des fouilles, soit des deux, selon les périodes étudiées ou des spécificités de contextes. Liste consultable : www.culture.gouv.fr

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    Forme urbaine et architecture religieuse (xive-xviiie siècles)

    Emma Maglio

    2016

    Sarta Tecta

    Sarta Tecta

    De l’entretien à la conservation des édifices. Antiquité, Moyen Âge, début de la période moderne

    Charles Davoine, Maxime L’Héritier et Ambre Péron d’Harcourt (dir.)

    2019

    Gérer l’eau en Méditerranée au premier millénaire avant J.-C.

    Gérer l’eau en Méditerranée au premier millénaire avant J.-C.

    Sophie Bouffier, Oscar Belvedere et Stefano Vassalo (dir.)

    2019

    Le village de la Capelière en Camargue

    Le village de la Capelière en Camargue

    Du début du ve siècle avant notre ère à l’Antiquité tardive

    Corinne Landuré, Patrice Arcelin et Gilles Arnaud-Fasseta (dir.)

    2019

    Le Verduron, un établissement gaulois aux portes de Marseille grecque

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    Loup Bernard

    2020

    Mortiers et hydraulique en Méditerranée antique

    Mortiers et hydraulique en Méditerranée antique

    Iván Fumadó Ortega et Sophie Bouffier (dir.)

    2019

    Les métaux précieux en Méditerranée médiévale

    Les métaux précieux en Méditerranée médiévale

    Exploitations, transformations, circulations

    Nicolas Minvielle Larousse, Marie-Christine Bailly-Maitre et Giovanna Bianchi (dir.)

    2019

    Ancient Waterlands

    Ancient Waterlands

    Iván Fumadó Ortega, Sophie Bouffier et Betsey A.Robinson (dir.)

    2019

    L’Homme et l’Animal au Maghreb, de la Préhistoire au Moyen Âge

    L’Homme et l’Animal au Maghreb, de la Préhistoire au Moyen Âge

    Explorations d’une relation complexe

    Véronique Blanc-Bijon, Jean-Pierre Bracco, Marie-Brigitte Carre et al. (dir.)

    2021

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    1 Dominique Wolton, 2005, Il faut sauver la communication, Paris, Flammarion, p. 126.

    2 Ibid., p. 139.

    3 Alexandre Auque, Sylvie Briet, Ina et l’Inrap 2010, « Documentaire archéologie : L’archéologue et le bulldozer, images d’archives sur 10 ans d’archéologie préventive ». http://www.inrap.fr/via_podcast/p-11296L-archeologue-et-le-bulldozer.htm.

    4 http://www.ina.fr/video/AFE85005309/les-hommes-grenouilles-de-lacalypso.fr.html

    5 Depuis 2010, des amphores grecques et romaines sont remises à l’eau pour le plaisir des plongeurs : La Provence, « Les amphores de Cousteau retrouvent les profondeurs » publié le lundi 19 juillet 2010. http://www.laprovence.com/article/region/les-amphores-de-cousteau-retrouvent-les-profondeurs.

    6 L’historique des échanges est repris dans la publication diffusée par le Groupe Démocrate de l’Hôtel de Ville de Marseille, A propos des vestiges grecs découverts à Marseille, intervention de Me Jean Goudareau adjoint au Maire à la séance du conseil municipal de Marseille du 6 novembre 1967.

    7 Arrêté de Monsieur le ministre d’État chargé des Affaires culturelles, Journal Officiel du 26 octobre 1967.

    8 La lettre de M. André Malraux à M. Gaston Defferre, Le Provençal du 27 octobre 1967.

    9 À titre de comparaison il y en aura 900 en 1983 et autant en 1984. Archives Larousse des journaux de l’année, information relevée dans le journal de 1985. http://www.larousse.fr/archives/journaux_annee/1985

    10 http://www.ina.fr/histoire-et-conflits/epoques/video/RXC04041767/poitiers-archeologie-le-bout-du-tunnel.fr.html

    11 Voir le documentaire, réalisé par Jean-Paul Fragier, Zadig Production, Inrap 2008.

    12 Victor Hugo, réédition de 2002 : « Guerre aux démolisseurs », éditions L’archange Minotaure.

    13 Patricia de Moncan, Claude Heurteux, 2002, Le Paris d’Haussmann, Éditions du Mécène, p. 50.

    14 Pour la provenance des sculptures des cloîtres voir l’article de Céline Brugeat The french franciscan cloister in New York, 2011-2012, département of Medieval Art (en ligne sur le site du MMA).

    15 Article du 16 Août 1922 de L’homme Libre consultable sur le site internet de Gallica (la bibliothèque numérique de la BNF), rubrique « presse et revues » (côte : A 10, N2214, mis en ligne en avril 2014).

    16 Rapportée par Theodore Reinarch, député de Savoie, et par le Sénat le 29 décembre 1913, la loi est signée le 31 décembre 1913 par Raymond Poincaré, président de la République, René Viviani, tout nouveau ministre de l’Instruction Publique et des Beaux-arts et René Renoult, ministre de l’Intérieur.

    17 A propos du chantier du centre ville d’Orléans dans le quartier de la Cathédrale, Journal télévisé de France 3 du 25/12/1978, archive INA dans « Archéologue contre Bulldozer »

    18 La France défigurée : http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/CAF93027868/l-autre-france-les-villages-de-goult-et-oppede-levieux-en-provence.fr.html (à 8min12s du reportage)

    19 La France défigurée : http://www.ina.fr/art-et-culture/gastronomie/video/CAF93027234/les-cites-d-artistes-a-paris.fr.html (à 1min 10s du reportage et à 10 min 24s)

    20 Le « vandalisme » par exemple pourrait renvoyer tour à tour à des pratiques de détériorations matérielles volontaires, des scènes de guérilla, faire référence aux Vandales de la fin de l’Antiquité ou à la Terreur de 1793. Le rapport de l’abbé Grégoire à la Convention du 14 fructidor, an II (septembre 1794), établit en quelque sorte l’état civil du concept de vandalisme. Intitulé « Rapport sur les destructions opérées par le vandalisme et les moyens d’y remédier », il dresse un constat sans faiblesse des destructions opérées pendant la période révolutionnaire et dénonce les arrestations irraisonnées de savants ou d’artistes. Encyclopédie universalis, article Vandalisme.

    21 Sophie Moirand, 2004. « De la médiation à la médiatisation des faits scientifiques et techniques : où est l’analyse du discours ? » In Sciences, médias et sociétés, no 5, p. 93.

    22 Décret n° 2004-490 du 3 juin 2004 relatif aux procédures administratives et financières en matière d’archéologie préventive. http://www.legifrance.gouv.fr

    23 Jean-Paul Demoule, Christian Landes, dir., 2009. La fabrique de l’archéologie en France, Éditions la Découverte, p. 9 à 15. Schnapp, Alain, 1993, La conquête du passé : aux origines de l’archéologie, Éditions Carré. Gilles Bellan, 2002. Archéologie préventive, trois décennies pour une mise en place. Dans Regards sur l’archéologie préventive, p. 4-13, 57-60. Afan, Paris.

    24 Auque Alexandre et Briet Sylvie, 2010, L’archéologue et le bulldozer, histoire de l’archéologie préventive en France, Arte France, Ina, Inrap, 13 mn.

    25 Soustelle Jacques, 1975, La recherche française en archéologie et anthropologie, La Documentation française, Paris. « Il s’agit presque toujours de sauvetage a posteriori ».

    26 Hors archéologues universitaires, du CNRS, des collectivités territoriales et des services de l’État. Demoule Jean-Paul, Landes Christian, dir., 2009. La fabrique de l’archéologie en France, Éditions la Découverte, p. 253.

    27 Chiffre donné par Jack Lang, Ministre de la Culture, lors d’une interview télévisée du 10/7/1981, archives Ina : http://www.ina.fr/art-et-culture/architecture/video/DVC8108266501/interview-jack-lang.fr.htm l (consulté en mai 2014).

    28 La Drac avait bloqué la demande de « fouille de sauvetage » car elle voulait faire protéger au titre des Monuments Historiques, le rempart médiéval et des niveaux romains menacés par la construction d’un parking souterrain. Mais au bout d’un an, « l’administration n’avait toujours pas procédé au classement définitif », le cabinet du Premier Ministre est saisi par le promoteur – qui est également vice-président du conseil régional Midi-Pyrénées –. Le Premier Ministre donne son accord pour la réalisation de la construction neuve. Voir l’article publié dans Libération le 21/01/1997 par Dominique Leglu « Privés de fouilles, les archéologues se révoltent. À Rodez, l’aval de Juppé, donné à un projet immobilier, met le feu aux poudres ».

    29 L’avis du 19 mai 1998 du Conseil de la concurrence (n° 98-A-07) alimente le mécontentement en considérant que l’archéologie préventive relève non seulement du domaine concurrentiel, mais encore doit obéir aux lois du marché.

    30 Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique (révisée), conclue à La Vallette le 16 janvier 1992. Signée aujourd’hui par tous les pays d’Europe, elle pose et définit les principes de l’archéologie préventive. La convention de Malte est téléchargeable sur internet.

    31 La mission de service public de l’Inrap est présentée à l’Article L.523-1 du code de patrimoine.

    32 128 millions d’euros en 2009. Entre 2006 et 2008, de nombreuses crises liées à la question des moyens avaient encore secoué l’Inrap.

    33 Le service de communication et de développement culturel comprend la communication interne et externe, les relations presses, la médiation, les publications, l’audiovisuel et le multimédia, les colloques. 8 à 9 % du budget annuel de l’Inrap sont consacrés à ce service.

    34 Intervention de Jean-Paul Demoule intitulée « Perspectives pour l’archéologie en France » dans le colloque La Fabrique de l’archéologie en France, Paris, 2008, p. 281 à 295.

    35 Tous les chiffres sont issus du Rapport d’activités de l’Inrap en 2012, chiffres clés, p. 7.

    36 C’est le Préfet de région qui prescrit les fouilles (et désigne le responsable de l’opération), par le biais des Directions régionales des affaires culturelles (Ministère de la Culture et de la Communication).

    37 On précisera ici que la réalisation d’opérations d’archéologie préventive (diagnostics et fouilles) est régie par le code du patrimoine (Livre V, Titre II) et le décret no 2004 - 490 du 3 juin 2004 relatif aux procédures administratives et financières en matière d’archéologie préventive. La réalisation de ces opérations peut-être confiée soit à l’Inrap, soit à des opérateurs, publics ou privés, dont la compétence scientifique est garantie par un agrément délivré par l’État pour 5 ans. En avril 2014, on comptait 89 opérateurs agréés, soit pour la réalisation des diagnostics soit des fouilles, soit des deux, selon les périodes étudiées ou des spécificités de contextes. Liste consultable : www.culture.gouv.fr

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