1L’intérêt porté par le corps médical à la question du vieillissement devient manifeste au début du xx^e siècle comme en témoignent les travaux d’Élie Metchnikoff1 ou l’essor de traitements thérapeutiques et d’interventions chirurgicales relevant de techniques anti-âge modernes. Parmi les promoteurs de ces pratiques, le docteur Louis Dartigues occupe une place à part. Chirurgien célèbre dont l’habileté opératoire est vantée, Dartigues (1869- 1940) a été chef de clinique gynécologique à la Faculté de médecine de Paris. Il a rempli des fonctions honorifiques multiples au cours de sa carrière : président de la Société de médecine de Paris, de la société des chirurgiens de Paris… Partisan durant l’entre-deux-guerres de la technique des greffes de revitalisation, Dartigues n’est pas à l’origine de l’élaboration de cette méthode dont la paternité revient au docteur Serge Voronoff2. Les travaux de Voronoff ont acquis une grande notoriété à son époque grâce à la publication en 1926 de l’ouvrage de référence en la matière, Étude sur la vieillesse et le rajeunissement par la greffe3. Par rapport à Voronoff, Dartigues n’est donc qu’une personnalité secondaire. Certes, entre 1923 et 1930, il a publié un nombre important d’articles sur les greffes de revitalisation dans la presse médicale (on en a recensé trente-sept) et trois ouvrages traitant directement de cette question4. Aux côtés de Voronoff, qu’il considère comme son maître, Dartigues reste toutefois un vulgarisateur. Le choix, en apparence surprenant, de s’intéresser à une figure qui se déploie dans l’ombre du savant russe découle en fait de nos axes de recherche portant sur les relations médicales franco-espagnoles. Dartigues a en effet joué un rôle de premier plan dans ce domaine. Cette contribution s’inscrit donc dans un programme de publications5 visant à explorer l’œuvre de ce chirurgien prolixe qui fut l’un des acteurs majeurs du rapprochement entre élites médicales exerçant des deux côtés des Pyrénées.

2Les publications de Dartigues relatives aux greffes de revitalisation témoignent de l’émergence d’un nouveau discours biomédical sur le vieillissement. Dans une perspective d’histoire sociale et culturelle, cette attention portée à la figure de la personne âgée dénote une évolution dans les sensibilités collectives. Certes, les seniors n’occupent pas alors la place qui leur est reconnue aujourd’hui. Mais le processus conduisant à l’avènement d’une société du troisième âge est engagé, à travers l’affirmation de théories qui proposent aux patients de rester en bonne santé plus longtemps. L’autre intérêt recelé par l’analyse de ces sources touche à l’histoire des représentations. Deux images peuvent être saisies à travers le corpus réuni : l’une est ancrée dans le présent et renvoie à la figure de la personne âgée dans les années 1920 ; l’autre prend appui sur un avenir radieux qui s’ouvre aux citoyens auxquels est promis de vivre mieux et plus vieux.

Les techniques anti-âge, version moderne de la cure de jouvence

3Les techniques anti-âge dont Dartigues se fait le défenseur sont révélatrices d’une nouvelle approche de la question de la vieillesse qui n’est plus seulement démographique, mais biologique et médicale. Jusqu’alors, on le sait, le vieillissement avait été surtout abordé du point de vue de ses conséquences pour la nation française, nation au comportement malthusien, affaiblie plus encore par la saignée du premier conflit mondial. Brandi comme une menace par les tenants des thèses populationnistes, le vieillissement se posait en termes collectifs, se mesurant par ses effets néfastes à l’échelle du pays. Dans les ouvrages de Dartigues, le vieillissement est envisagé au contraire du point de vue des individus ; et s’il l’est collectivement, ce n’est pas en référence à la communauté nationale, mais par rapport aux lois régissant l’espèce humaine, qui font de la vieillesse le dernier âge de la vie.

4Le champ d’action des techniques anti-âge consiste à lutter contre les effets de la sénescence, terme renvoyant au vieillissement des tissus et de l’organisme. La recherche de la fontaine de jouvence, qui remonte à l’Antiquité, témoigne que les efforts déployés au début du xx^e siècle pour susciter le rajeunissement des cellules s’inscrivent dans une tradition particulièrement ancienne. Si la volonté de combattre les signes du vieillissement n’est pas nouvelle, les moyens mis en œuvre pour y parvenir le sont en revanche, portant l’empreinte des progrès réalisés par la médecine au cours de la seconde moitié du xix^e siècle. Les traitements destinés à revitaliser l’organisme ont bénéficié des avancées de la recherche dans deux domaines en particulier : l’histologie centrée sur l’étude de la structure des tissus et des cellules qui les composent6 ; l’endocrinologie qui a permis de mettre au jour le rôle fondamental des hormones et des glandes endocrines. C’est à la suite des travaux pionniers de Charles-Édouard Brown-Séquard7 d’une part, d’Alexis Carrel8 de l’autre, que la possibilité du rajeunissement cellulaire s’est imposée aux scientifiques. Des traitements basés sur l’apport de glandes endocrines dans des corps affaiblis par l’âge sont ainsi mis au point durant le premier tiers du xx^e siècle. L’objectif est de susciter une rénovation des cellules et de stimuler du même coup la force physique et les facultés intellectuelles des patients. Cet apport de glandes endocrines revêt deux formes : injections sous forme de sérums (technique relevant de l’opothérapie) ; greffes chirurgicales à partir de tissus issus des testicules du singe, qui s’appliquent à des individus appartenant au sexe masculin9.

5C’est à cette dernière technique que Dartigues a consacré ses travaux. Rattachée à un champ de la médecine relevant de l’endocrinothérapie chirurgicale, la méthode Voronoff repose sur plusieurs principes. Elle admet en premier lieu une parenté biologique entre l’espèce simiesque et l’homme, erronée mais fondamentale pour faire admettre comme légitime le principe de la greffe animale vers l’homme. Cette méthode découle en outre d’une conviction : les testicules sont des glandes endocrines au même titre que la thyroïde ; leur fonction sur le plan endocrinien est double, correspondant non seulement à la fonction reproductive, mais aussi à la fonction hormonale. Les glandes génitales ont donc la capacité de « transmettre l’énergie » dont l’organisme a besoin. Or c’est justement cette fonction hormonale qu’il s’agit de susciter chez la personne âgée, en incluant une glande génitale similaire dans le testicule. Au cœur de la méthode Voronoff se trouve donc cette croyance que les fragments de testicules greffés auraient la faculté de continuer à produire de l’hormone ; cet apport d’hormones participerait du rajeunissement de l’homme âgé.

6La technique proprement dite consiste non pas à transplanter un greffon entier, mais des fragments de greffons devant permettre une meilleure liaison néo-capillaire par l’organisme du receveur. Dartigues utilise des « greffons en languettes testiculaires minces » qu’il convient d’introduire dans le testicule humain où il sera placé tel « une chrysalide dans son cocon10 ».

7La méthode Voronoff a été très vivement critiquée à l’époque de son application. En admettant la parenté du singe et de l’homme, elle contrevenait aux acquis de la biologie. Elle prenait en outre le contre-pied des premières théories relatives au processus de la sécrétion hormonale de la masculinité, qui aboutiront à mettre en évidence le rôle de la testostérone. En aucun cas, elle ne pouvait donc réussir. Elle n’en a pas moins connu un certain succès, non seulement en France mais aussi en Europe, preuve que les attentes qu’elle suscitait étaient fortes. Précisons que les greffes de revitalisation visaient plus à la reviviscence des corps qu’à la stimulation sexuelle. Sous la plume de Dartigues, la stimulation sexuelle est présentée en effet toujours comme une conséquence indirecte de la greffe, jamais ou presque comme le facteur qui l’a motivée. Cette volonté de reléguer au second plan le bénéfice sexuel de l’opération s’explique aisément. Ces greffes furent dénoncées en leur temps comme prétexte à satisfaire les désirs lubriques d’hommes sur le retour. Il convenait donc de moraliser les fins de cet acte opératoire. Si l’on devait donc comparer avec nos réalités contemporaines l’effet recherché par ces greffes (du moins l’effet affiché), il conviendrait de les assimiler davantage à l’emploi des hormones de synthèse plutôt qu’à des substances aphrodisiaques du type viagra. Cette incursion dans le temps présent conduit à s’interroger sur les figurations de l’avenir que le corpus réuni laisse entrevoir.

Un projet d’avenir… à l’état d’ébauche

8La question des greffes de revitalisation pratiquées durant l’entre-deux-guerres constitue en effet un exemple particulièrement intéressant de figuration de l’avenir au sens où les perspectives ouvertes par l’endocrinothérapie chirurgicale font naître l’espoir que les signes manifestes de la déchéance pourront désormais être combattus. Cette question de la déchéance corporelle et intellectuelle occupe une place centrale dans la réflexion de Dartigues. Aux côtés de l’intervention chirurgicale dont il s’est fait une spécialité, toute une série de moyens sont mis en avant pour endiguer les effets du vieillissement. Selon lui, une hygiène de vie fondée sur la pratique de l’activité physique et sur une existence saine est tout autant indispensable à la lutte contre la sénescence que l’acte opératoire dont il défend le principe. Les greffes de revitalisation constituent toutefois la pièce maîtresse de son grand œuvre. Grâce à cette technique, un vaste programme s’ouvre aux hommes de l’art dont l’objectif ne doit plus être seulement de « terrasser la maladie », mais aussi de « combattre la vieillesse » et de « faire reculer la mort11 ». L’idéal à atteindre est que « l’homme dure, mais dans la santé, la force et l’intelligence12 ». L’expression de cette confiance dans un futur radieux transparaît à travers cette certitude que le singe est l’avenir de l’homme, expression qui traduit bien l’état d’esprit sous-tendant la démarche de Dartigues. Comme il l’écrit à ce propos :

Du singe à l’homme, de notre frère inférieur à nous, il y a tout l’abîme de la pensée évoluée […] ; mais par contre physiquement, constitutionnellement tout au moins, il y a un rapprochement fraternel où nous pouvons puiser toute la force biologique originelle de la nature primitive13.

9L’optimisme du discours médical hérité des postulats du positivisme scientifique du xix^e siècle est perceptible ici. Grâce à la méthode Voronoff, la perspective de faire reculer l’étape ultime de la vie semble possible.

10Ce projet d’avenir tel qu’il est formulé dans les années 1920 reste toutefois alors à l’état d’ébauche, pour deux raisons. Du point de vue scientifique, la voie ouverte par Voronoff constitue en premier lieu une impasse. Bien que les résultats que Dartigues annonce paraissent plaider en sa faveur, ses contemporains ne sont pas dupes. Les critiques émanent en premier lieu du monde médical, largement dubitatif à l’égard de ce que certains considèrent comme une imposture14. Au scepticisme des milieux professionnels succède la désillusion des patients, obligés de constater que le rajeunissement n’est pas au rendez-vous. Dès les années 1930, la vague des greffes de revitalisation retombe donc.

11Ces lendemains radieux qui semblent s’ouvrir à l’homme grâce à l’endocrinothérapie contrastent par ailleurs fortement avec les réalités de l’étape de fin de vie telle qu’elle est vécue par de nombreuses personnes âgées, durant l’entre-deux-guerres. Comme les travaux consacrés à la vieillesse l’ont montré en effet15, le sort du troisième âge retient alors peu l’attention des professionnels de la santé. La gériatrie reste la parente pauvre de la médecine et globalement la mobilisation thérapeutique autour des vieillards est très modeste. Plusieurs facteurs sont en cause. La vieillesse reste perçue comme une fatalité. Les personnes âgées sont de toute façon appelées à mourir, les pathologies qu’elles développent ne méritent donc pas qu’on s’y intéresse. Ce désintérêt relatif découle également de la prégnance des thèses populationnistes qui imposent d’autres priorités au corps médical. Ce dernier concentre en effet ses efforts sur l’étape de l’entrée dans la vie. Le nombre très important de thèses de médecine soutenues annuellement qui portent sur l’obstétrique et l’évolution du jeune enfant l’atteste. Ajoutons que le sort des hommes qui ont réchappé à l’hécatombe de la guerre et qui nécessitent des soins intensifs, parce qu’ils sont revenus du front mutilés ou gazés, constitue un autre terrain sur lequel le corps médical se mobilise. Les politiques de santé délaissent donc le secteur du troisième âge de la vie.

12Ce constat permet donc de ramener ces théories élaborées pour lutter contre la sénescence à leurs justes proportions. La réflexion entreprise donne lieu à des expériences limitées, quantitativement16 et socialement parlant. Le plus souvent, seuls les plus fortunés accèdent en effet aux techniques opératoires proposées. Si les expériences qui sont menées par Voronoff et Dartigues, préfigurent donc l’attention portée aujourd’hui aux séniors, elles n’en restent pas moins marginales rapportées à l’ensemble de la population vieillissante. Au quotidien, aucune réponse globale n’est encore apportée à la souffrance et aux maladies engendrées par la vieillesse. Aux promesses de ces corps d’hommes rajeunis fait écho au contraire la réalité de ces organismes usés et fatigués de vieillards mourant dans les hospices.

13Ce contraste entre, d’une part des sources médicales qui dessinent un futur radieux, et d’autre part la réalité de ces fins de vie que l’on délaisse, fait sens. Elles renvoient à deux systèmes de santé : d’un côté, l’assistance publique qui prend en charge une partie de la population vieillissante de la nation ; de l’autre, une médecine libérale qui a investi le champ des cliniques privées, oriente sa thérapeutique en fonction des ressources d’une clientèle aisée et des demandes d’un public soucieux de vieillir moins vite. Ce traitement différencié s’illustre à travers deux institutions emblématiques : l’hospice, asile et mouroir à la fois ; la clinique et son auxiliaire le laboratoire, où s’élabore la médecine de l’avenir.

14Le contraste ainsi souligné témoigne d’une autre réalité : si l’œuvre de Dartigues relative aux greffes de revitalisation constitue un indicateur précieux d’un nouvel intérêt porté au problème de la vieillesse, pour autant l’approche qui est faite de ce troisième âge de la vie reste très partielle et très sélective.

Une approche essentiellement biomédicale du « corps vieilli »

15Ce constat, en apparence banal (il n’est pas étonnant en soi que la littérature médicale ait tendance à privilégier une approche biologique du vieillissement), est révélateur de l’incapacité qu’ont les élites scientifiques de l’époque à concevoir la vieillesse dans sa globalité, dans toutes ses dimensions, notamment humaine et sociale. Cette remarque témoigne qu’on est donc loin d’avoir édifié une véritable réflexion gérontologique sur le troisième âge intégrant non seulement les effets physiologiques du vieillissement, mais aussi ses conséquences sociologiques et psychologiques17.

16Ce regard porté sur les personnes âgées manque en fait d’autant plus de hauteur de vue qu’il reste, sous la plume de Dartigues, éminemment chirurgical, s’opérant au « ras du corps ». L’optimisme découlant des possibilités offertes par les greffes de revitalisation reflète les conceptions que se fait cette corporation de son art, en particulier sa propension à occulter la dimension anthropologique attachée au corps du patient. L’homme vieux est ramené en effet par Dartigues non pas à une individualité, mais à un assemblage de fonctions, qui sont devenues défaillantes et qu’il convient d’explorer en vue de leur régénérescence. Le discours qui est tenu sur le corps est en fait double dans l’œuvre de Dartigues. Le corps du receveur de la greffe, tel qu’il est décrit, témoigne de la conception organiciste qu’il se fait du corps humain, corps-machine que le chirurgien se propose de faire durer, en corrigeant ses déformations, en réparant les effets de la déchéance. Le terme de réparation est particulièrement approprié comme l’indique cette citation : « Voici une machine humaine qui était bien construite et de bonne marque ; elle a servi, elle a roulé, elle est fatiguée18 ». Tel un mécanicien, le chirurgien doit donc œuvrer pour la remettre à neuf afin qu’elle puisse « entreprendre à nouveau la route avec certitude et vitesse normale19 ».

17Le corps du donneur, quant à lui, témoigne de la relation ambiguë que l’homme de l’art entretient avec le corps en général, perçu avant tout comme un vaste champ d’expérimentation20. Convaincu du bien-fondé de la méthode Voronoff, Dartigues déplore cependant l’absence « de matériel chirurgical vivant » dans lequel on puisse puiser à volonté. Cette pénurie empêche de donner plus d’ampleur aux expériences menées.

18La question fondamentale qui se pose en effet dans ce type de greffes qu’on pourrait qualifier de « confort » est celle du donneur. Sur le plan légal comme sur le plan éthique, il est impensable de prélever des greffons sur des hommes vivants. D’où le recours aux animaux et plus particulièrement aux anthropoïdes, solution qui n’est pas totalement satisfaisante toutefois, compte tenu des risques accrus de rejet du greffon et de la difficulté qu’il y a à se procurer des représentants de l’espèce simiesque21.

19L’objectif à atteindre selon Dartigues, c’est donc que la loi évolue et autorise le prélèvement de tissus et d’organes sur les morts par accidents, voire sur les suppliciés. Ce serait là en effet le seul moyen d’utiliser ce « matériel humain » perdu, ces « ressources innombrables de la masse organique humaine qui n’est pas encore entrée en décomposition22 ».

20Le pari de régénérer l’organisme relevé par Dartigues peut être considéré comme en partie gagné de nos jours. Certes, le processus du vieillissement reste irréversible, mais l’objectif de vivre mieux et en meilleure santé est devenu dans une certaine mesure une réalité. Là où aujourd’hui les substances chimiques jouent un rôle essentiel dans la lutte contre la sénescence, ce sont les greffes de revitalisation qui promettaient dans les années 1920 des lendemains radieux. Que le singe soit l’avenir de l’homme s’est avéré toutefois rapidement une piste sans issue. Reposant sur des postulats scientifiques erronés, la méthode Voronoff ne pouvait que tourner à l’échec. Elle a affiché aussi très concrètement ses limites du fait des problèmes insurmontables d’approvisionnement de la matière première (les anthropoïdes) nécessaire à la mise en œuvre des greffes. Si l’on considère cependant ses retombées immédiates (dérisoires, compte tenu du faible nombre de patients ayant bénéficié de cet acte opératoire), l’audience de cette technique aura été très forte dans les sociétés européennes. La presse a eu un rôle évident en ce domaine tout comme la littérature qui s’est largement emparée de la question. De Conan Doyle à Félicien Champsaur en passant par Boulgakov23, les évocations des expériences de rajeunissement cellulaire ne manquent pas en effet, témoignant de l’intérêt que suscite cette forme moderne de la cure de jouvence.

21Loin des représentations littéraires d’une aspiration universelle, qui acquiert une réalité nouvelle dans les années 1920, les ambitions affichées par Voronoff et Dartigues de lutter contre le vieillissement posent des problèmes qui font débat, mettant en jeu la place réservée aux personnes âgées dans nos sociétés. L’allongement de l’existence et l’essor considérable de la gériatrie témoignent que l’objectif poursuivi par Dartigues n’était pas totalement irréalisable. La surmédicalisation de l’étape de fin de vie à laquelle on a abouti conduit cependant à s’interroger sur la légitimité qu’il y a à prolonger bien plus qu’avant une vie biologique préservée parfois à n’importe quel prix.