1Parmi les cavaliers de l’Apocalypse du xxi^e siècle (explosion démographique, réchauffement climatique, raréfaction des ressources en eau), celui qui incarne l’idée du dépeuplement des mers avance d’un très bon pas. Qu’elle soit mentionnée à propos de la disparition de certaines espèces, ou de la montée de l’acidité des eaux, cette angoisse collective fait régulièrement la une des médias. La Méditerranée est souvent présentée dans ce contexte comme une des zones maritimes les plus menacées.

2Parce qu’elle a subi une éclipse relative durant les deux premiers tiers du xx^e siècle, cette promesse d’un avenir catastrophique peut sembler relativement nouvelle dans l’histoire des idées. Elle est pourtant ancienne, ce bref article s’efforçant de rappeler les principales étapes de sa diffusion.

3Sur la rive nord occidentale de la Méditerranée, la crainte d’une mer vidée de ses ressources apparaît assez nettement au début du xviii^e siècle. Ce que les patrons pêcheurs marseillais nomment après 1700 des « stérilités », c’est-à-dire des phases de disparition du poisson dans les mers provençales, n’est pas un phénomène nouveau. L’extrême variation de la valeur des arrentements des deux madragues de l’Estaque et de Morgiou, toutes deux concédées par la prud’homie de Marseille à des entrepreneurs privés, en témoigne pour le xvii^e siècle. Les registres de la prud’homie révèlent à leur propos des fluctuations du montant des fermages pouvant varier du simple au double entre 1668 et 16881. Ce qui est en revanche inédit, c’est la certitude émergente que ces stérilités s’aggravent et s’accumulent, au fur et à mesure que les fonds de la mer se dégradent sous l’action de nouveaux procédés de pêche, poussant les pêcheurs marseillais à affirmer leur « dégoût pour l’état de dévastation du poisson2 » dans les décennies qui précèdent la Révolution. Il est difficile de mesurer l’évolution des ressources dans le golfe de Marseille au xviii^e siècle. On peut en revanche lier de façon étroite cette inquiétude nouvelle avec la diffusion de techniques qui déstabilisent en profondeur les communautés de pêche du delta de l’Ebre au golfe de Gênes. Ces techniques nouvelles sont au nombre de deux.

4La première de ces innovations est la « pêche aux bœufs ». Elle repose sur l’utilisation d’un filet traînant manœuvré par des navires de plus fort tonnage que ceux utilisés traditionnellement. Originaire de la côte valencienne, le procédé bouleverse dans un premier temps la pêche côtière catalane, avant de gagner de proche en proche tous les ports du littoral jusqu’au duché de Toscane. Dès 1726, ces nouveaux filets ont franchi le Rhône, provoquant immédiatement des réactions de résistance chez certains patrons provençaux.

5Le deuxième changement technique repose sur la généralisation dans le golfe de Marseille de l’usage de la palangre catalane. Plus efficace que la palangre traditionnelle, cette pratique importée par les pêcheurs espagnols s’appuie sur des lignes équipées d’hameçons de taille réduite, calées entre deux eaux grâce à un procédé complexe de poids et de flotteurs.

6La conjonction de ces deux procédés entraîne dans la plupart des ports du bassin méditerranéen nord occidental une montée du salariat et de la spécialisation, soit en raison de l’alourdissement du coût du matériel investi pour les filets traînants, soit pour répondre aux besoins d’appâts importants des palangriers, qui se subordonnent alors une partie des pêcheurs de sardines provençaux. La peur d’un épuisement des mers, qui est le reflet de l’inquiétude économique et sociale d’un groupe en pleine mutation reçoit à Marseille au milieu du xviii^e siècle une justification scientifique, celle du père dominicain Antoine Menc. L’aumônier du Château d’If publie en 1769 un mémoire intitulé :

Quelles sont les causes de la diminution de la pêche sur les côtes de Provence et quels sont les moyens de la rendre plus abondante ?

7Exprimant pour la première fois un point de vue étranger aux intérêts immédiats du monde des quais et de la barque, le mémoire du père Menc marque un tournant dans l’histoire des représentations du golfe de Marseille. Il vise, en 56 pages bien structurées, à dresser un bilan général de toutes les causes jouant un rôle dans l’appauvrissement progressif du golfe. Ruinant l’image convenue de pêcheurs servant le bien public et accablés par une cruelle adversité qui les condamne à la misère, Menc forge la matrice d’une figure appelée à une grande diffusion au xix^e siècle, celle du pêcheur sans mesure, animé d’un esprit de rapine et de lucre immédiat, piètre gestionnaire des richesses qui lui sont confiées. Ses propos sont volontairement alarmistes :

Nos côtes depuis le Var jusqu’au Rhône, autrefois si fécondes en poissons, sont aujourd’hui si stériles, qu’il semble que la nature offensée par les excès commis dans la pêche veuille punir l’abus de cet art par le refus de ses dons, et rendre l’industrie des pêcheurs toujours plus infructueuse pour leur fortune, et plus insuffisante à nos besoins3.

8Le ton est ici donné. Le mémoire de Menc devient, dans les années qui suivent, un argument en faveur d’une vision pessimiste de l’avenir. Après 1800, cette idée d’une aggravation inéluctable de la pénurie des ressources maritimes trouve un écho puissant dans la littérature et la poésie marseillaise, où elle se conjugue avec la nostalgie d’un âge d’or révolu et une certaine fascination morbide pour le déclin des sociétés traditionnelles. Il n’est que de lire pour s’en convaincre les poèmes de Joseph Autran4, ceux de Joseph Mery5, ou d’analyser les peintures d’Auguste Aiguier6 ou de Philippe Auguste Jeanron7. Fils d’un négociant marseillais et premier poète important de langue française à avoir été inspiré par la Provence, Joseph Autran publie en 1835 un recueil de poèmes intitulé La Mer, salué en son temps pour ses qualités par Théophile Gautier. Réédité et augmenté sous le nouveau titre de Poèmes de la Mer en 1852, ce recueil exprime à plusieurs reprises le désarroi ressenti par le poète face aux bouleversements qui affectent le monde de la mer. Dans « La Calanque », Autran témoigne ainsi de sa prise de conscience de la ruine des ressources marines, par des mots qui rappellent ceux prononcés par le père Menc presque un siècle plus tôt :

J’ai su que, dès longtemps,
Un troupeau destructeur d’avides exploitants Était venu jeter le long de nos rivages
Des filets odieux, instruments de ravages
Et que de ces engins les criminels réseaux
Avaient stérilisé les opulentes eaux.

9Parallèlement à cette expression littéraire, le thème d’un déclin de l’espace naturel devient envahissant dans la presse marseillaise du xix^e siècle, amplifié par les effets d’une cherté croissante du poisson local, et par les débats qui opposent dans la cité partisans et adversaires des filets traînants. Face à une inquiétude partagée, un certain nombre de solutions visant à préserver l’avenir sont proposées dans la deuxième moitié du siècle. La présentation de ces solutions, que l’on peut classer en deux courants principaux, est éclairante. Derrière ces deux courants se rangent en effet les partisans de deux politiques opposées de gestion du milieu marin, qui restent plus que jamais antagonistes au début du xxi^e siècle.

10La première de ces solutions est portée par la pensée saint-simonienne. Elle est celle des scientistes du Second Empire, qui rêvent de développer une aquaculture capable d’égaler les rendements de l’agriculture. Conduites par Jean-Jacques Coste, professeur d’embryogénie au Collège de France et médecin particulier de Napoléon III, les expériences de ce que l’on nomme à l’époque « aquiculture », sont relayées localement par le Comité d’Aquiculture pratique de Marseille, créé sous le Second Empire par le professeur de sciences naturelles Alphonse Derbès. On y croise l’industriel de Martigues Léon Vidal, le docteur Sicard, et Eugène Lamiral, correspondant à Marseille de la Société Impériale d’Acclimatation. Les expérimentations de tous ces hommes portent sur les élevages de mulets, d’huîtres, de moules, d’éponges, de nacres séricicoles, de dattes de mer. Elles présentent la société industrielle comme capable de pallier les carences du milieu naturel, afin de nourrir le peuple et de lui apporter bien être et progrès. La mer doit être domestiquée, Vidal parle d’ailleurs à propos de ses parcs d’élevage du canal de la Molle à Martigues d’« élevage en stabulation ou en basse-cour ». Alphonse Derbès, professeur d’histoire naturelle à la faculté ses sciences, n’a pas d’autres motivations lorsqu’il propose dès 1854 la mise en culture de l’étang de Berre, cette « petite mer des Bouches-du-Rhône », qu’il compare à la petite mer de Tarente, où il a observé les bienfaits de l’élevage des coquillages sur les populations locales. Espérance de ressource alimentaire à bas prix, la culture des huîtres a pour Derbès une dimension morale, puisqu’elle offre la possibilité de développer chez les populations les plus modestes de la côte des jardins ouvriers marins, permettant de contourner les difficultés causées par la vie chère8.

11À l’opposé de la pensée des aquaculteurs, les partisans de la jachère marine se rangent eux-mêmes en deux catégories.

12Les premiers de ces partisans agissent au nom d’une pensée réactionnaire, niant à l’homme le pouvoir de domestiquer la nature. Le meilleur représentant de cette pensée en Méditerranée est l’officier de marine Jean-Baptiste Rimbaud. Pourfendeur du positivisme des aquaculteurs, Rimbaud ne voit le salut que dans la mise en jachère de 10 % du littoral, afin de laisser la Providence divine renouveler les richesses de la mer. Cette analyse, que l’on peut qualifier de lecture providentialiste du milieu, pose comme postulat l’impuissance de l’homme à en contrôler les mécanismes, mais aussi la dépendance passive et absolue de ce dernier vis-à-vis des facultés de régénérescence d’une nature souveraine. L’auteur de L’industrie des eaux salées, ouvrage publié en 1869 et souvent cité dans décennies suivantes, l’affirme assez brutalement :

Qu’on se le dise, il n’en sera pas moins vrai que la mer n’est pas un domaine cultivable et que, dans ce champ ensemencé par Dieu […] il n’est rien qui ait besoin de notre aide pour germer, se développer et parvenir à maturité, rien qui attende de nos mains un perfectionnement, rien que nous puissions déplacer ou fixer à notre gré, qui soit susceptible de transformation suivant nos caprices9.

13Sous une tout autre catégorie se rangent ceux qui agissent au nom de la science et de la raison, comme les océanographes marseillais Antoine-Fortuné Marion et Paul Gourret, qui parviennent à convaincre le ministère de la marine, en 1894, d’instituer un cantonnement de pêche à Endoume, entre le marégraphe et Bonneveine. Il s’agit de la première expérience en Méditerranée d’une réserve, un lieu destiné à permettre au poisson de se reproduire à l’abri des prédations humaines. Alors qu’ils accumulent les preuves scientifiques de la surexploitation du golfe, les deux biologistes sont animés par un sentiment d’urgence. Ils constatent par des enquêtes répétées dans les poissonneries de la ville l’amenuisement de la taille des espèces proposées à la vente, mais aussi la baisse régulière des tonnages réalisés pour certaines d’entre elles.

14Sur fond de débats très animés, la crainte de la pénurie trouve au même moment un exutoire dans les massacres de grande ampleur commis contre les petits cétacés. Après 1850, dauphins et marsouins sont victimes de tueries généralisées de l’Espagne à l’Italie, à un moment où s’affirme dans le discours des scientifiques une distinction désormais précise entre animaux utiles et animaux nuisibles.

15Très présente dans la seconde moitié du xix^e siècle, la peur d’une mer dépeuplée disparaît toutefois assez rapidement du débat politique à la veille de la Première Guerre mondiale. Dès 1898, un décret du président Félix Faure met un terme à l’expérience du cantonnement d’Endoume.

16Plusieurs raisons peuvent expliquer cet effacement provisoire.

17La première réside dans les changements qui affectent le régime alimentaire des populations. Le poisson perd de son importance, au bénéfice de la viande qui pénètre plus régulièrement sur les tables des familles modestes. Au début des années 1920, une enquête menée sur la consommation de poisson en Provence révèle ainsi que la poissonnerie centrale d’Aix-en-Provence n’écoule que 300 kg de poisson par semaine. À la même époque, l’intendant du lycée Montgrand à Marseille sert du poisson une fois par semaine dans son réfectoire, mais se heurte à la sourde résistance des jeunes filles scolarisées dans cet établissement10.

18La nature elle-même des produits de la mer consommés change. À Marseille, les trois dernières décennies du xix^e siècle ont été une période d’explosion de la consommation des coquillages, particulièrement des huîtres et des moules. (Pour les huîtres, on passe à Marseille de 50 tonnes en 1875 à 250 tonnes en 1890.) La consommation plus facile de ce dernier coquillage semble démontrer la validité des théories de l’aquaculture, autant qu’elle démontre par défaut le réel dépeuplement des eaux.

19Dans l’exploitation des zones maritimes, la conquête coloniale a ouvert les larges horizons d’espaces encore peu exploités. En matière de pêche, on passe au tournant du siècle d’un centre d’exploitation nord méditerranéen à une périphérie située sur la rive sud et la côte occidentale de l’Afrique. La société du « Trident » arme en 1886 le premier navire frigorifique marseillais affecté au transport du poisson algérien congelé11. Cette société est dotée d’un comptoir de congélation au Sénégal, et d’une chambre froide installée à Marseille dans la brasserie d’Eugène Velten. D’une durée de vie très limitée (elle disparaît dès 1887), elle ouvre la voie aux importations de poisson « à la glace » à Marseille12. Une seule des maisons de négoce en poissons frais d’Alger, la maison Schiaffino expédie ainsi dans le port provençal lors des six premiers mois de 1890, 200 tonnes de poissons13, soit près de 10 % de la consommation annuelle de poissons frais dans la ville.

20Le mouvement de remplacement du poisson du golfe par du poisson importé est suffisamment puissant pour que le Congrès national de la pêche côtière, qui se tient à Marseille au printemps 1893, le mette à l’ordre du jour d’une de ses commissions. La tentative désespérée des patrons d’empêcher cette pratique est à la mesure de la marginalisation de la prud’homie de Marseille à la même époque. Léon Gantier, un des représentants de la corporation, demande en effet au nom de ses camarades la création de halles spéciales pour ces produits, et l’obligation pour les revendeuses de rue « de se servir de corbeilles dont la forme et la couleur auront été désignées par la municipalité14. »

21Rien n’y fait cependant. Une nouvelle société de pêche industrielle, la « Société des Pêcheries de la Méditerranée » est fondée en 1900. On y retrouve, comme dans la société du « Trident », le négociant marseillais Charles Théryc, désormais propriétaire d’une usine frigorifique à Madhia (Tunisie), et les fabricants de bougies Félix et Paul Fournier15.

22C’est aussi à Marseille qu’est créée en 1912 la Société de Chalutage de la Méditerranée, disposant de 3 chalutiers de 300 tonneaux qui mènent des campagnes de pêche au large de la presqu’île du Cap Blanc en Mauritanie.

23La facilité des transports pallie l’épuisement des fonds méditerranéens, donc la perception de celui-ci. Le recours aux chemins de fer s’ajoute ici à l’utilisation des navires frigorifiques. Le PLM met avant 1914 le poisson de l’Océan à moins de 15 heures de Marseille. Celui d’Arcachon, parti de ce port en fin d’après-midi, approvisionne les étals des poissonneries marseillaises dès 9 heures chaque matin16. L’important renouvellement des populations des grands ports nord méditerranéens, Gènes, Marseille, Barcelone, qui en s’industrialisant se dotent d’une forte population ouvrière bouleverse enfin les cultures traditionnelles de la mer. Ces populations, souvent venues de l’intérieur, n’entretiennent pas de relations quotidiennes avec un milieu marin dont elles ignorent quasiment tout.

24Pour toutes ces raisons, l’idée ancienne d’un milieu marin condamné à un appauvrissement inéluctable disparaît du débat public après 1914. Elle reste, de manière assez confidentielle, la préoccupation des certains océanographes avant la Seconde Guerre mondiale. Le biologiste français Louis Boutan (1859- 1934), qui dirige dans les années vingt la station marine de Castiglione, près d’Alger, étudie ainsi la faisabilité de la pêche des squales en eaux profondes, afin de faire face à l’épuisement de l’étage infralittoral en Afrique du Nord17. Au même moment, les océanographes italiens produisent des études précises sur l’appauvrissement des fonds de leur colonie libyenne, en particulier sur l’épuisement des bancs d’éponges.

25Dans le dernier tiers du xx^e siècle cependant, la logique d’une surexploitation des périphéries maritimes arrive à son terme. La rupture est désormais manifeste entre les capacités de reproduction des ressources et les prélèvements d’origine anthropique. En Méditerranée, certaines espèces sont menacées de disparition (le thon rouge par exemple). La population des requins-marteaux a été divisée par mille en un siècle, même si cette espèce hante moins régulièrement les colonnes des journaux que le thon rouge. Alors que flambe l’accroissement de la population mondiale, la vieille hantise multiséculaire des futures pénuries est donc de retour. On retrouve à ce propos les différentes options politiques formalisées au xix^e siècle : celle d’une part des partisans de l’aquaculture, qui dans sa forme actuelle apparaît comme une impasse écologique, mais qui est puissamment soutenue par un lobby industriel. Présentée « comme une solution à la surexploitation des stocks de poissons marins, elle s’alimente en puisant dans les stocks de poissons marins surexploités18 », pour la fabrication des farines destinées à nourrir le poisson d’élevage. Sur les 85 millions de tonnes de poissons capturés en mer en 2006, 34 millions ont été transformés en farine par la « pêche minotière ». L’option de l’aquaculture, dans sa forme actuelle, est donc celle d’un développement non durable, mais se présente comme une utopie comparable à celle qui avait été développée sous le Second Empire.

26Opposés à cette vision industrielle, certains océanologues soutiennent aujourd’hui l’idée d’un recours massif au cantonnement, mais à une échelle bien plus importante que celle imaginée au xix^e siècle par J.-B. Rimbaud et les scientifiques du laboratoire d’Endoume. Là où le Marseillais Rimbaud proposait une mise en jachère de 10 % de la côte méditerranéenne, tous les biologistes réclament aujourd’hui une sanctuarisation d’au moins 20 % des mers mondiales, les plus audacieux allant jusqu’à exiger la mise en défend de 50 % de ces espaces. D’une manière générale, le retour d’une crainte collective d’un épuisement des océans s’accompagne de l’apparition de nouvelles figures de l’effroi liées au milieu marin. La méduse a remplacé le dauphin parmi les espèces honnies par la société humaine. Peut-être la méduse, qui terrorise les populations de manière totalement irrationnelle, est-elle inconsciemment perçue par nos contemporains comme la juste représentation d’« une mer sans poissons », pour reprendre le titre récent d’un ouvrage de l’océanographe français Philippe Cury19 ?