1Le titre de cette communication est simplement la reprise du thème retenu pour cette journée « Espace et urbanisme à Arles. xiii^e-xv^e siècles ». Mais de ces deux termes l’un a beaucoup plus d’importance que l’autre : l’espace. Il est en effet possible de voir comment l’espace urbain d’Arles évolue et se fixe durant les derniers siècles du Moyen Âge. En revanche, à l’intérieur de cet espace, il est difficile de saisir l’urbanisme, la disposition des rues et des places, la politique des autorités municipales dans ce domaine.

L’espace urbain

2« La ville médiévale se caractérise et se définit d’abord et avant tout par une muraille. » Cette formule du grand médiéviste Yves Renouard est valable pour Arles. S’intéresser à l’espace arlésien revient d’abord à s’intéresser au tracé des enceintes médiévales qui ont limité l’espace urbain.

3On ne peut manquer de partir de l’enceinte romaine. Il y a eu une enceinte augustéenne modifiée au nord à l’occasion de la construction de l’amphithéâtre. À la fin de la période romaine, une enceinte tardive a été aménagée au sud et au sud-ouest, en retrait sur celle du Haut Empire dont le tracé est difficile à connaître de façon précise. D’après un plan figurant dans la thèse de Marc Heijmans, cette enceinte partait au sud du théâtre antique et se dirigeait vers le nord-ouest et atteignait le Rhône près de Saint-Martin1. C’est à l’intérieur de cette enceinte tardive que les Arlésiens du Haut Moyen Âge ont vécu. C’est cette enceinte que l’archevêque Roland a renforcée en construisant au ix^e siècle une tour au dessus d’une voûte de la cavea du théâtre. À propos de cette enceinte, on peut ajouter qu’au xi^e siècle et jusqu’au milieu du xii^e siècle une série de forteresses ont été construites sur trois des quatre portes, forteresses tenues par des membres de l’aristocratie : la porte ouest tenue par les Astiers ; la porte est, porte de la Redoute avec le « Castrum Rotundum » ; la porte nord la « Porta Lutosa » avec le « Castrum Portaldosa ». Jean-Marie Poly, dans sa thèse « La Provence et la société féodale », a tenté de dessiner un plan de l’Arles de cette époque2. La partie de la ville entourée de cette muraille est celle qu’à partir du xii^e siècle on appelle la Cité. Il y a donc là, avec la Cité, le premier élément de l’espace urbain d’Arles.

4À ce premier élément vont s’en ajouter d’autres, des quartiers nouveaux, des bourgs. Des bourgs venant s’ajouter à une Cité : le schéma est classique en Provence et dans la Gaule médiévale ; mais Arles présente une originalité : la précocité de son essor démographique et topographique. Un acte de l’Authentique du chapitre de 972 signale des « mansiones foris menia Arelatis civitatis juxta ecclesiam Sancti Laurentii positas3 ». Un acte du cartulaire de Saint-Victor de 1015 mentionne des maisons non loin de la porte Saint-Étienne près du rempart : « mansiones [...] que sunt non longe a porta Sancti Stephani site, id est foris civitatem juxta murum ». La ville, très tôt, s’est étendue vers le sud-ouest4. Il y a là, au xii^e siècle, tout un quartier, un bourg. Une rue conduit du bourg à la Cité. Ce bourg renferme des canaux, un four, deux églises (Saint-Laurent, Sainte-Croix), des maisons, un portus permettant d’accéder à l’autre rive du Rhône, des seigneurs, les Porcellets, qui ont une forteresse et une chapelle Saint-Maurice. (On a souvent appelé ce quartier le « Bourg des Porcellets »), une enceinte qui apparaît dans le courant du xii^e siècle et, au moment du mouvement d’émancipation urbaine, un consulat. Il y a un consulat et des consuls du Bourg à côté du consulat et des consuls de la Cité. Ce Bourg que l’on appelle aujourd’hui quartier de la Roquette constitue le deuxième élément de l’espace urbain. Dès le xii^e siècle, ce bourg n’est déjà plus que le Vieux Bourg5.

5Au cours du xii^e siècle, au nord, dans une zone où se dresse un château de la famille des Baux, le Castrum de Portaldosa, vers 1100-1150, on voit apparaître des rues, des maisons, des églises, la maison du Temple, des boutiques de marchands. Deux quartiers, le Mercatus ou Borian et le Burgus Novus, sont avant 1190 ceinturés d’un rempart. Un texte évoque le « novo pariete quem fecerunt ipsi consules6 ». Il y a donc un troisième élément de l’espace urbain au nord de la ville que l’on a pris l’habitude d’appeler le Bourg Neuf.

6Une zone située entre le Vieux Bourg et la Cité, le Méjan, est en cours d’urbanisation dans les dernières décennies du xii^e siècle. Un texte de 1190 révèle que les habitants du Bourg et ceux de la Cité se disputent ce secteur et que les gens du Bourg l’on fermé et y ont placé une porte. L’arbitrage rendu à la demande expresse de l’archevêque par Barral de Baux interdit de clôturer cette zone7. C’est là qu’en 1203 s’installent les Trinitaires : « ut illa domus vestri ordinis que incepta est inter Civitatem Arelatensem et Burgum, libere habeat ecclesiam et cimiterium8 ». Au début du xiii^e siècle est édifié le dernier morceau de l’enceinte d’Arles qui enferme le Méjan. Désormais toute la ville est entourée d’une enceinte. Le Méjan constitue le quatrième élément de l’espace urbain.

7L’essor démographique et topographique d’Arles s’est-il achevé vers 1220-1230 ou s’est-il poursuivi ? Il y a des signes qu’un développement ait continué. Un certain nombre de couvents sont créés. Peut-être dès 1218, en tous cas avant 1234 les frères Mineurs se sont installés au sud du mur qui enserre le Vieux Bourg ; ils partent pour Trinquetaille en 1265 et sont remplacés par les Clarisses. En 1231, les frères Prêcheurs se sont établis à l’extérieur du rempart entre la porte de la Cavalerie et la porte Agnel. En 1225, l’archevêque Hugues Beroard donne aux religieux de l’abbaye de Sénanque des maisons situées au delà du mur au nord de la porte de la Cavalerie. Autour des bâtiments couventuels des Mineurs, des Clarisses et des Prêcheurs ne se développent pas de véritables quartiers. Dans aucun texte postérieur à 1225, on ne trouve d’immeubles mentionnés autour de la maison des religieux de Sénanque. Au nord de la ville, il y a eu une sorte de tentative d’essor topographique avortée9.

8En revanche, au sud, un quartier nouveau est apparu et s’est développé au cours du xiii^e siècle. En 1271, tout un secteur est urbanisé entre la porte Saint-Étienne et la partie occidentale des Alyscamps autour de l’église Notre-Dame-de-Beaulieu. En 1271, la paroisse Notre-Dame-de-Beaulieu compte 105 feux, c’est-à-dire 5 % de la population totale ; en 1319, 94 feux, près de 5 % en 1319. À ce moment, vers 1320-1330, l’essor s’est arrêté, mais au milieu du xiv^e siècle l’espace urbain est plus vaste qu’un siècle plus tôt et il n’est pas entièrement englobé dans une enceinte. Aux quatre éléments précédents s’est ajouté un cinquième extra muros.

9Cet espace urbain connaît une dernière modification. Au milieu du xiv^e siècle apparaît la tragique trilogie du bas Moyen Âge : les disettes en 1345-1347 et 1351, la peste en 1348 ; la guerre à partir de 1355. Les conséquences sont :

• le déclin démographique : entre 1350 et 1360, Arles perd la moitié de sa population ;
• le repli topographique : les couvents et les églises extra muros se replient à l’intérieur des murs. Les paroissiens de Notre-Dame de Beaulieu chassés par la guerre se réfugient à l’intérieur de l’enceinte.

10À partir du milieu du xiv^e siècle, l’espace urbain se confond avec la zone entourée de remparts. Ces remparts sont un souci permanent pour les Arlésiens qui ne cessent de les restaurer, réparer, entretenir. Ils ont d’ailleurs été efficaces et franchis une seule fois en 1384 par une bande de Tuchins parce que des Arlésiens complices leur avaient ouvert une porte10.

11Cette enceinte achevée au début du xiii^e siècle et constamment entretenue marque très profondément Arles. C’est elle qui limite l’espace urbain du bas Moyen Âge. Aujourd’hui encore elle domine le paysage urbain d’Arles : le boulevard Émile Combes, le boulevard des Lices, le boulevard Georges Clémenceau, le Rhône bordent cette enceinte.

L’urbanisme

12Les sources sont très insuffisantes pour une connaissance de l’urbanisme à l’intérieur de ces murs.

13Les plans les plus anciens sont de la fin du xviii^e siècle.

14Les documents d’archives sont peu abondants. Il y avait à Arles des magistrats municipaux élus chaque année, les carreyrii. On a conservé dans les archives notariales un registre, un liber carreyriorum des années 1441-1451, il ne renferme que des arbitrages concernant des affaires de murs mitoyens11. Le conseil, pour sa part, ne se préoccupe qu’exceptionnellement de voirie. Les comptes trésoraires renseignent presque uniquement sur les réparations des remparts. Les inventaires d’objets mobiliers conservés peuvent parfois apporter quelques lueurs sur les maisons. Les livres terriers (on appelle ainsi des registres qui sont les ancêtres des cadastres et qui indiquent pour chaque propriétaire la nature, la localisation et l’estimation des biens) ont le grand intérêt de permettre de replacer à la fois l’ensemble des propriétaires et de leurs biens dans les paroisses, donc dans l’espace urbain.

15La seule source narrative possédée, la Chronique de Bertrand Boysset ne renferme qu’un détail : en mars 1411, l’achèvement du chevet de l’église des frères Mineurs12.

16Deux images du traité d’arpentage de Bertrand Boysset correspondent à des maisons : l’une est une bâtisse rurale, un mas ; une autre maison urbaine, d’un étage, le type de bâtiments qui dominent encore aujourd’hui dans les quartiers de la Roquette et de l’Hauture.

17Quels bâtiments restent de ceux que les gens des derniers siècles du Moyen Âge pouvaient voir ?

18Bâtiments médiévaux :

• un fragment de l’enceinte à l’est de l’agglomération entre la tour des mourgues et la Porte Agnel ;
• des églises : Saint-Trophime et son cloître, l’abside de Saint-Jean-de-Moustier, Saint-Blaise, une partie de la Major, le clocher des frères Mineurs, l’église des frères Prêcheurs et celle des Augustins, les résidences des Hospitaliers ;
• un bâtiment civil : le palais du Podestat (xiii^e-xv^e siècles). Bâtiments romains :
• certains ont disparu depuis le Moyen Âge : la porte de Portaldosa, l’Arc du Rhône ;
• l’amphithéâtre, le théâtre, les Thermes de Constantin ne correspondaient pas du tout à ce qu’on peut en voir aujourd’hui.

19À travers ces sources diverses et lacunaires, on peut essayer de voir quelques aspects de cet urbanisme arlésien du Moyen Âge finissant.

Le réseau des rues et des places

20Le plan du xviii^e siècle en donne une idée.

21À l’ouest de la Cité, on retrouve indiscutablement dans le dessin des rues médiévales le tracé antique. Il est permis de parler, après Fernand Benoît, d’un « quadrillage du plan d’Arles » dans la partie la plus importante de la Cité, celle où se trouvait le forum et le palais de la Trouille. On peut y observer un plan en damier fait d’îlots de 40 à 50 m de côté.

22À l’est de la Cité, dans l’Hauture, on est toujours dans l’agglomération romaine. L’Hauture est traversée par le decumanus, mais le plan n’a pas du tout le même aspect. Le tracé des rues est tout à fait irrégulier. Le plan a-t-il été imposé par les conditions géographiques (on est au sommet de la colline) ? S’agit-il du pan d’un habitat primitif respecté par les Romains ? Le plan romain a-t-il été modifié au Moyen Âge ? Il est vraisemblable que l’Antiquité a légué au Moyen Âge cette Cité au double visage : partie occidentale et Hauture.

23Dans le Vieux-Bourg, le quartier semble s’être développé autour d’un chemin menant de la Cité à la plaine du Plan du Bourg. De part et d’autre de cette voie des rues sont nées en direction du NW et du SE. L’axe de ce quartier est la rue de la Roquette.

24Dans le Bourg Neuf, les axes de circulation partent de la Cité (rue du quatre Septembre), des Arènes (rue Voltaire et rue Augustin Tardieu) et de la Portagnel (rue Portagnel) et convergent vers la Porte de la Milice.

25Les rues qu’elles soient rectilignes, comme au cœur de la Cité, ou de tracé plus irrégulier ailleurs sont étroites. Certaines (peut être toutes) sont pavées, comme l’attestent les comptes trésoraires qui renferment des mentions de sommes versées pour faire la callade. Elles sont souvent traversées par des pontets : le conseil accorde à des particuliers l’autorisaiton de relier les maisons qu’ils possèdent des deux côtés d’une rue (carriera) par un pontet (on sait de l’un d’eux qu’il est en bois et a une largeur de 1 m à 1,25 m).

26Un grand nombre de rues ont des noms : noms de métiers ou d’activités (la Sabbataria, l’Herbaria, la Triparia), noms d’un propriétaire (Matteo Benini), noms d’une chapelle ou d’une église (Sainte-Catherine), d’un hôpital (Hôpital du Saint-Esprit), d’une porte (Portagnel) ou encore nom en rapport avec la topographie urbaine (rue du Méjan, rue de la Callade).

27À propos des places, Paul-Albert Février écrit, à propos des villes de Provence : « Même dans les grandes villes, comme Arles, il y a très peu de places et celles-ci n’ont guère d’ampleur13 ».

28Le livre terrier permet de nuancer cette affirmation. Il est possible de repérer une douzaine de places (8 dans la Cité, 2 dans le Vieux Bourg, 2 dans le Bourg Neuf). Mais elles sont de dimensions restreintes. Deux exemples : la petite place qui se trouve devant le Palais du Podestat, le Plan de la Cour où du xiii^e au xv^e siècle se tenaient les assemblées générales du peuple arlésien ; la place devant Saint-Trophime minuscule correspond à peu près au 1/6^e ou au 1/8^e de la place actuelle, si l’on en croit la reconstitution qu’en a faite l’abbé Laurent Bonnemant.

29L’urbanisme ne consiste pas seulement dans le réseau des rues et des places. Les fonctions de chaque quartier, la population qui habite chacun d’eux déterminent le paysage urbain.

30Certains quartiers sont habités par des agriculteurs et des éleveurs (le Vieux Bourg et l’Hauture), alors que ces derniers sont presque absents de la partie occidentale de la Cité. C’est dans ces zones que se trouvent surtout les vergers, les jardins, les étables. La paroisse de la Major renferme 22 % des habitants, mais elle renferme aussi 25 % des agriculteurs, 55 % des éleveurs, 28 % des jardins et des vergers, 32 % des étables. Certains secteurs d’Arles ont un aspect rural que l’on retrouve dans d’autres villes de Provence et d’Occident. Mais ce trait est particulièrement marqué à Arles.

31Il y a une spécialisation des quartiers. Les pêcheurs sont tous dans le Vieux Bourg, les ripayres le long du Rhône, les marchands et les artisans du textile dans l’ouest de la Cité (Saint-Lucien, Saint-Martin), les artisans de la pierre, du bois et des métaux surtout dans la paroisse Saint-Julien. Les juristes et la majorité des nobles résident, tout près de Saint-Trophime, dans la paroisse Notre-Dame-la-Principale. Quant aux juifs, ils sont regroupés dans la Grande et la Petite rue Juiverie.

32Il y a dans l’espace urbain un certain nombre d’endroits particulièrement importants dans la vie économique : la poissonnerie place Sainte-Croix, les deux boucheries, le point d’attache du portus, la place du Setier avec ses boutiques de marchands, d’artisans et même un changeur, la Juiverie avec ses prêteurs, ses boutiquiers.

33L’activité économique et la géographie sociale des différents quartiers déterminent l’aspect monumental de l’espace urbain arlésien. Les maisons, les hostals, sont très divers. Une enquête menée à partir de 69 inventaires entre 1420 et 1456 permet de voir que les hostals renferment de une à quinze pièces. Le livre terrier montre que l’estimation des hostals va de 10 à 220 florins. Les hostals estimés à 100 florins et plus sont ceux des nobles. Les hostals de 10 à 25 florins sont ceux de brassiers ou de pastres (ils ne comptent souvent qu’une seule pièce, l’aula). Si l’on calcule la valeur moyenne de l’hostals paroisse par paroisse, on obtient des chiffres qui permettent d’opposer l’ouest de la Cité aux deux Bourgs et à l’Hauture, d’un côté les belles demeures, de l’autre les modestes maisons.

34Deux autres réalités permettent de comprendre le paysage urbain d’Arles : la présence de l’Église et celle du pouvoir politique.

35Il y a une présence massive de l’Église. Quatorze puis onze églises paroissiales (même lorsque les paroisses disparaissent les bâtiments subsistent). D’autres églises ou chapelles : Saint-André à côté de Saint-Laurent, Sainte-Catherine contiguë à la Major, Saint-Sauveur-de-la-Trouille, Saint-Maurice-des-Porcellets. À l’angle sud-est de la Cité le monastère Saint-Césaire avec ses bâtiments et son église abbatiale Saint-Blaise. Six couvents : Mineurs, Prêcheurs, Augustins, Carmes, Clarisses, Trinitaires. Trois commanderies d’hospitaliers dans la même rue (Saint-Thomas-de-Trinquetaille, Salliers, Sainte-Luce). À cette trentaine d’édifices s’ajoutent la primatiale Saint-Trophime, son cloître, le Palais de l’archevêque où sont reçus les souverains lors de leurs visites dans la ville.

36À cette présence massive de l’Église s’oppose la modestie, l’effacement du pouvoir politique. Le Palais impérial où Frédéric Barberousse semble avoir séjourné en 1178, est passé dans les mains du comte de Provence, a été loti et concédé contre le versement de cens à de nombreux Arlésiens ; la partie restée publique est une fourrière pour animaux divaguants. En 1385, les Arlésiens ont fait promettre au comte de ne pas faire construire de château dans leur ville. Tarascon a été au xv^e siècle la résidence des comtes. Le Palais du Podestat est le seul signe concret du pouvoir du comte. Là siègent le viguier, le juge, le clavaire ; là se trouve la prison. Quant au pouvoir municipal, il se contente de louer, puis d’acheter un immeuble près de Saint-Trophime. Du xiii^e au xv^e siècle, il n’y a jamais eu à Arles de palais communal comparable à ceux des villes d’Italie du nord et du centre.

37Enfin il est impossible d’évoquer l’Arles du bas Moyen Âge sans évoquer la présence de Rome à l’intérieur de ses murs.

38L’enceinte romaine de la Cité a disparu (sauf à l’est) ; mais du xiii^e au xv^e siècle se dressaient encore l’Arc du Rhône et dans le Bourg Neuf la porte dite de l’« Arc merveilleux ». Des textes du xii^e au xiv^e siècle signalent des tours et des restes de murs englobés dans des maisons de particuliers.

39Les deux colonnes de l’actuelle place du Forum font l’objet d’un procès entre deux Arlésiens au xiv^e siècle.

40Le théâtre a été submergé par des constructions. Seules deux colonnes émergent : on les considère comme les restes d’un temple de Diane.

41L’aspect le plus spectaculaire des destinées d’un moment romain est fourni par l’amphithéâtre, occupé par des dizaines d’Arlésiens modestes, partagé entre deux paroisses (la Major et Saint-Michel-de-Scala). On a sur ce point les témoignages de Jérôme Münzer à la fin du xv^e siècle, de François I^er au xvi^e siècle et de gravures du xvii^e siècle.

42Cette rapide présentation révèle que l’urbanisme de la fin du Moyen Âge détermine l’urbanisme des siècles postérieurs jusqu’à nos jours.

43Dans l’Arles actuelle, il y a une opposition entre les beaux hôtels, les maisons à plusieurs étages du centre et les maisons plus basses du Vieux Bourg et de l’Hauture. C’était déjà le cas entre 1 200 et 1 500.

44Le boulevard Émile-Combes, le boulevard des Lices, le boulevard Georges-Clemenceau ont un tracé déterminé par celui de l’enceinte médiévale.

45Le paysage urbain d’Arles a subi des modifications plus au moins importantes, plus ou moins brutales au cours des siècles : l’aménagement de l’actuelle place de la République au xvii^e siècle, le dégagement des Arènes, celui du théâtre, le percement de la rue Gambetta au xix^e siècle, les bombardements de la Deuxième Guerre mondiale qui ont ravagé le Bourg Neuf. Pourtant l’Arles actuelle reflète très largement l’Arles des xiv^e et xv^e siècles.

461^re édition : paru dans Espace et urbanisme à Arles des origines à nos jours, Arles 2000, p. 59-63.