La lutte des places
Citoyens et charges publiques dans les communes de l’arrière-pays marseillais (1789-1799)
p. 153-166
Texte intégral
1Une Révolution, c’est aussi des places à prendre, que ce soit dans le cadre du combat révolutionnaire lui-même, dans la gestion improvisée des impératifs de la vie quotidienne, ou dans l’espace institutionnel mis en place par ceux qui ont détruit les anciens régimes et se sont emparés du pouvoir. Au-delà de ce trait commun, des comités divers et variés, soviets et autres organes de pouvoir provisoire du passé comme du présent, se pose la question, en temps de révolution, de l’investissement populaire au sein de sphères de pouvoir nouvelles. Les brèches révolutionnaires engendrent une offre, trouve-t-elle pour autant une demande ?
2Les Constituants de 1789 ont créé de toutes pièces un nouveau cadre institutionnel et ont fait du principe électif la nouvelle instance de légitimation de l’autorité publique. Ce sont là deux ruptures décisives, avec la diversité administrative de l’Ancien Régime d’une part, avec le système patrimonial des offices et le règne de la faveur d’autre part1. Ces inflexions majeures ont fait l’objet de nombreuses recherches et ont suscité de nombreux débats. Notre connaissance du fonctionnement des rouages administratifs mis en place par la Révolution a largement progressé, depuis la grande synthèse de Jacques Godechot, et cela, à l’échelle nationale comme locale2. Contentons-nous ici d’évoquer, parmi les pistes les plus récemment explorées, les représentants en mission ou les organes de la Terreur, avec en particulier l’enquête en cours sur les comités de surveillance3. Les administrations locales ont quant à elles été particulièrement bien prospectées, dans leurs attributions, leurs compétences, leurs relations, leur fonctionnement, par toute une série de thèses, de Georges Fournier à Serge Bianchi, en passant bien sûr par Claudine Wolikow ou Peter Jones, comme par de nombreux colloques, Pouvoir local et Révolution, à Rennes ou L’administration territoriale de la France (1750-1940) à Orléans4.
3À ces aspects institutionnels, s’ajoute chez la plupart des chercheurs la problématique de la politisation. Quelle a été la place de la Révolution française dans l’entrée en politique des Français, et tout particulièrement des paysans, voilà l’une des questions les plus fréquentes, tant chez les historiens de la Révolution elle-même que chez ceux du xixe siècle : place surévaluée et pas de réelle conscience politique avant les années 1880 ou place fondamentale, avec des expérimentations qui laisseront des traces durables5 ? Reste que le débat s’est longtemps articulé sur la réductrice opposition entre « grande » et « petite » politique, occultant ainsi une grande partie des initiatives politiques locales. Reste aussi que l’un des indices majeurs de politisation révolutionnaire, la participation électorale, est aussi l’un des plus aléatoires, butant vite sur le constat d’un triomphe apparent de l’abstention, pour lequel d’aucuns se sont empressés de faire ressortir, avec le divorce du Nombre et de la Raison, l’échec d’une Révolution prétendument modernisatrice6.
4C’est assurément aller un peu vite en besogne, et si les Français devenus citoyens avec la Révolution n’ont pas tous fait valoir leur parcelle de souveraineté nationale, il n’en demeure pas moins que beaucoup s’y sont essayés, comme le suggère l’étude, là où elles existent de manière significative sur l’ensemble de la séquence électorale révolutionnaire, des listes de votants aux assemblées communales et primaires. Ainsi, dans la petite ville d’Auriol dans les Bouches-du-Rhône, sur un effectif de 878 chefs de famille en l’an II, 845 d’entre eux ont exercé au moins une fois leur droit de vote de 1789 à 17997. C’est là l’indice, à confirmer dans d’autres localités, que le corps civique est en perpétuel renouvellement d’une consultation à l’autre, ce qui nuance grandement l’impression d’une désaffection progressive à l’égard du fait électoral ou plus généralement de la Révolution elle-même.
5Ces mises au point étant faites, il est alors possible de revenir à la problématique définie plus haut : les places offertes par les nouvelles institutions révolutionnaires ont-elles trouvé preneurs ? Pour tenter un éclairage sur la question, je m’appuierai dans le cadre de cette communication sur une étude de cas centrée sur l’arrière-pays marseillais, soit les quinze communes à l’est du département des Bouches-du-Rhône et de ses deux capitales, Marseille et Aix8.
Communes, cantons, districts, un découpage mobilisateur
6Il convient peut-être en premier lieu de se demander si la complète refonte administrative du territoire opérée par les Constituants a intéressé les citoyens de notre zone d’étude, y a alimenté tout au moins le débat public. À l’échelle nationale, Ted Margadant a montré que la lutte pour obtenir un district ou tout au moins un tribunal de paix a donné lieu à un flot particulièrement abondant de pétitions, de même que les protestations contre un rattachement jugé abusif ou tout au moins inopportun à tel ou tel échelon de la nouvelle hiérarchie administrative9.
7Dans l’arrière-pays marseillais, ce sont les notables traditionnels d’Aubagne qui affichent les premiers, en novembre 1789 puis en janvier 1790, leur prétention à voir leur commune et ses quelque 7 000 habitants devenir chef-lieu de district10. Ils sont suivis par ceux de Roquevaire qui se verraient plus modestement à la tête d’un canton englobant aussi Peypin, Pichauris et Saint-Savournin11. Les Aubagnais n’obtiennent pas satisfaction, mais insistent encore fin mars 1790 pour obtenir la création d’un septième district dans la partie orientale des Bouches-du-Rhône, en faisant jouer leurs relations à Paris, en l’occurrence André Barthélémy, abbé de Courçay et frère du futur Directeur, et en prenant l’initiative d’une conférence réunissant les délégués des communes voisines12. Cassis, Ceyreste, Cuges, La Ciotat et Roquefort acceptent l’invitation, mais décident seulement de nommer des députés pour rencontrer l’abbé de Quinson, commissaire du Roi pour la formation des districts et départements de l’ancienne Provence13. La municipalité de Gémenos se prononce quant à elle pour un rattachement au canton de Roquevaire, donc au district d’Aix14, tandis que les citoyens d’Allauch refusent d’y être compris15.
8Rien n’est encore définitif et c’est donc dans le flou le plus complet que se tiennent les assemblées cantonales de début juin 1790 pour la nomination des électeurs du second degré. Dès lors, les assemblées ne se contentent pas d’être élisantes, mais se font aussi délibérantes. Les citoyens actifs d’Allauch ont organisé leur propre assemblée16. Ceux d’Aubagne, apprenant que le septième district tombe à l’eau, font le choix de la cité phocéenne17, ce qui est inacceptable pour les Cugeois, rattachés au canton d’Aubagne, mais ne voulant pas de Marseille. Du coup, ils se forment à leur tour en assemblée primaire, décrétant vouloir faire partie du district d’Aix, en tant que chef-lieu de canton, mais refusant l’entrée de citoyens actifs des hameaux de Riboux et de Julhans, sous prétexte que ledit canton n’est pas encore formé18. ÀGémenos, la situation est encore plus confuse ; 20 citoyens actifs, essentiellement des membres de la municipalité, se rendent le 4 juin à Roquevaire, tandis que 122 se réunissent le 6 pour demander à être « du district de Marseille et du cantonnement d’Aubagne19 ». Ce faisant, la municipalité aubagnaise députe deux de ses membres pour témoigner de l’amitié retrouvée entre les deux communes20, ce qui est perçu à Paris et notamment par Bouche, le député aixois, comme un véritable coup de force. Le conseil général de la commune d’Aubagne est donc obligé de se justifier dans une adresse à l’Assemblée nationale pour expliquer qu’il n’est pas à l’origine d’une « insurrection » à Gémenos, qu’il y a eu seulement « une manifestation où a été arborée une cocarde avec l’inscription “District de Marseille, canton d’Aubagne”21 ».
9L’affaire n’en reste pas là, car le 14 octobre 1790 (en pleine élection pour le renouvellement de la municipalité, donc), les citoyens actifs de Gémenos entendent désormais former un canton à part, au sein du district de Marseille, vœu à nouveau formulé le 29 décembre22. Nouveau changement le 3 mars 1791 : les habitants de Gémenos réitèrent leur décision du 6 juin dernier et veulent donc faire partie du canton d’Aubagne23. Seule la municipalité s’y oppose encore, qui prend même l’initiative d’organiser le 19 juin 1791 sa propre assemblée pour les électeurs du second degré. Aucun citoyen actif ne s’y présente le matin et seulement une dizaine l’après-midi, mais pour « observer que rien n’autorisait la municipalité à tenir les assemblées primaires et qu’ils avaient fait une pétition au directoire du district pour leur demander dans quel endroit doivent se tenir ces assemblées24 ».
10La bataille, perdue, pour le septième district, comme les multiples contestations sur le rattachement à tel ou tel district ou canton, ont par conséquent donné lieu à de véritables débats publics. L’exemple de Gémenos suggère même de tortueuses manœuvres quasiment politiciennes, mettant à jour en tout cas la volonté de certains plus apparents de se retrouver à la tête d’institutions locales prestigieuses. Ces affaires nées de découpages souvent très approximatifs opérés par les députés eux-mêmes, en fonction de complexes marchandages entre Aixois et Marseillais, prouvent en tout cas, au-delà des déceptions et rancœurs des uns ou des autres, que les places offertes par la refonte territoriale suscitent un indéniable intérêt, que celui-ci soit la traduction d’ambitions personnelles ou plus généralement et généreusement, d’une volonté de gestion efficace et rationnelle, avec des institutions publiques au plus près des citoyens.
Une mesure de l’engagement citoyen
11La mobilisation des communes de l’arrière-pays marseillais pour trouver une place au sein de la nouvelle hiérarchie administrative a donc été non négligeable. Reste à savoir maintenant combien de citoyens ont été prêts, ou en tout cas, appelés, en l’absence, sauf en l’an V, de candidatures déclarés, par le peuple souverain ou des autorités supérieures, à exercer les responsabilités25. Commençons alors par dresser la liste des principales charges politiques que la Révolution a mises en place au niveau local, en précisant au passage que nous n’avons pas pu y intégrer, faute de sources suffisantes, tout ce qui a trait à la Garde nationale26.
Places à prendre au sein des pouvoirs locaux27
Niveau de responsabilité | Fonction |
COMMUNE | |
Députation à l’assemblée de sénéchaussée (1789) | Députés |
Municipalité (1790-1799) | Maire (1790-1793) Procureur (1790-1793) / Agent national (1793-1795) Officier municipal (1790-1795) Notable (1790-1795) Administrateur municipal / Agent / Adjoint (1795-1799) |
Comité de surveillance (an II) | Membres du comité de surveillance |
CANTON | |
Justice de paix (1791-1799) | Juge de paix Assesseur |
Administration municipale de canton (1795-1799) | Président Commissaire du Directoire exécutif |
Députation aux assemblées électorales du département ou de district (1790-1799) | Electeurs de second degré |
DISTRICT ET DEPARTEMENT | |
Administrations de district (1790-1795) et de département | Membre du Conseil général (1790-1795) Membre du Directoire Procureur-syndic (1790-1793) / Agent national (1793-1795) Commissaire du Directoire exécutif (1795- 1799) |
Comité de surveillance de district (an II) | Membres du comité de surveillance du district |
Justice civile : Tribunaux de district (1790- 1795), puis tribunal de département (1795- 1799) | Président Juge |
Tribunal criminel de département (1790- 1799) | Président Juge Accusateur public Commissaire du Roi (1790-1792) / Commissaire du Directoire exécutif (1795- 1799) |
12Nous avons essayé de retrouver les titulaires successifs de ces différentes charges, sur toute la décennie révolutionnaire. Pour les seize communes de l’arrière-pays marseillais, nous arrivons à un total de 1 254 citoyens28. C’est là un effectif tout à fait considérable, dans la mesure où notre zone d’étude comptabilise environ 7 460 chefs de famille à la même période29. Plus d’un citoyen sur sept a par conséquent eu à endosser une responsabilité publique sur les dix années de l’épisode révolutionnaire30. C’est là en tout cas un formidable révélateur d’une indéniable vitalité démocratique. Dans l’arrière-pays marseillais, il existe donc dans le corps social tout un vivier de citoyens prêts à prendre place dans les municipalités, dans les tribunaux de paix ou à représenter leurs mandants dans les assemblées du second degré.
13La question qui se pose alors, c’est celle de la spécificité de ce personnel politique local : les administrateurs de l’époque révolutionnaire forment-ils un groupe à part ou se fondent-ils dans les structures sociales des communes qu’ils ont eu à gérer ?
14Premier des critères que nous avons retenus pour tenter d’apporter des éléments de réponse à notre interrogation, l’âge de nos élus et désignés. Nous avons pu retrouver l’année de naissance de 819 des 1 254 citoyens détenteurs de charges publiques révolutionnaires. Toutes les tranches d’âge sont représentées et dans les localités où nous avons pu mettre en perspective le profil démographique des responsables locaux et celui de la population adulte masculine, les écarts ne sont pas vraiment significatifs. Sans surprise, la génération des 30-49 ans, celle des pères de famille et des sans-culottes parisiens et marseillais, arrive en tête, avec plus de 50 % de l’ensemble31. La part des plus âgés, 50 ans et plus en 1789, s’élève à un peu moins de 35 %. Quant à celle des plus jeunes, moins de 30 ans en 1789, elle apparaît non négligeable, avec près de 15 %.
15Si l’âge n’est pas un facteur discriminant, peut-être n’en va-t-il pas de même de la compétence ? Les détenteurs de charges publiques sous la Révolution sont-ils prioritairement ceux qui avaient déjà fait leurs preuves dans la gestion des affaires communales sous l’Ancien Régime ? Nous avons donc parcouru les registres de délibérations municipales de la deuxième moitié du xviiie siècle à la recherche des juges, des viguiers, des subdélégués, des consuls et des conseillers qui se sont succédés à la tête de nos communautés d’études32.
16412 des 1123 citoyens qui ont formé le personnel politique révolutionnaire des douze communes où il a été possible de mener l’enquête ont déjà été membres, à des degrés et pour des durées divers, des institutions en place avant 1789. À ces 412, il faut ajouter 152 autres citoyens dont les pères étaient déjà intégrés aux structures locales d’Ancien Régime. Au total, ceux qui peuvent se prévaloir devant leurs concitoyens d’une certaine expérience de la gestion communale représentent 50,22 % de l’ensemble des élites politiques révolutionnaires. Autrement dit, près de la moitié du groupe dirigeant de la décennie 1789-1799 est composée de nouveaux venus. Le degré de renouvellement du personnel politique sous la Révolution dépend nettement de l’importance des communes en question. Ainsi, c’est dans les petites villes de notre zone d’étude (La Ciotat, Aubagne, Auriol, Roquevaire) que le pourcentage des « hommes nouveaux » est le plus élevé, dépassant même celui des citoyens déjà administrateurs sous l’Ancien Régime. Dans les bourgs et dans les villages, au contraire, les éléments de continuité l’emportent, de justesse à Ceyreste et à Gémenos, assez largement à Gréasque, Roquefort, Cuges et Belcodène.
17En d’autres termes, c’est là où l’offre de citoyens éligibles est la plus diversifiée qu’existe une véritable compétition pour l’accès au pouvoir local, laquelle ne tourne pas forcément à l’avantage de ceux qui ont l’expérience des affaires. C’est aussi qu’il est nécessaire de tenir compte des aléas de l’engagement politique des uns et des autres. Dans les communes qui sont restées soudées durant l’embrasement révolutionnaire, notamment contre leur seigneur, comme à Cuges, il n’y a pas eu besoin en quelque sorte de changer outre mesure les administrateurs déjà en place. Dans les autres localités, celles des luttes partisanes, Gémenos, Allauch, Roquevaire, Auriol, Aubagne et La Ciotat, le contrôle du pouvoir local a vu s’affronter, pratiquement à jeu égal, oligarchies d’Ancien Régime et forces nouvelles.
18Le groupe des élus et désignés de la décennie révolutionnaire ne se confond donc pas avec celui des plus apparents d’autrefois. Est-ce alors la puissance économique qui a fait la différence ?
19Les citoyens appelés à exercer les charges publiques sous la Révolution française se recrutent dans tous les milieux sociaux et, dans l’ensemble, ils sont plutôt représentatifs de ceux qui les ont portés au pouvoir. Dans les villages aux structures peu diversifiées, le constat est particulièrement flagrant. Alors, bien sûr, dans les bourgs et plus encore dans les petites villes, c’est-à-dire partout où ils existent, les groupes sociaux naturellement portés vers l’administration des affaires communales, soit en d’autres termes les plus instruits comme ceux qui ont le plus de « temps libre », rentiers comme « gens de services » occupent une part bien supérieure à leur poids réel dans les localités. Cela étant dit, il ne serait pas tout à fait exact de parler dans leur cas d’une véritable position hégémonique au sein du personnel politique local : il n’y a donc pas de fermocratie dans l’arrière-pays marseillais33. Des catégories beaucoup plus populaires ont aussi réussi à en faire partie, en particulier celles qui relèvent du secteur de l’échoppe, de la boutique et de la petite fabrique. Dans à peu près toutes les communes de quelque importance, les artisans, les commerçants et les petits industriels représentent même à peine moins de la moitié de ceux qui ont été appelés aux charges locales et en tout cas beaucoup plus que leur importance démographique. C’est le cas dans les communes les plus urbanisées comme Auriol, La Ciotat ou Allauch, mais aussi dans des localités plus modestes, comme Ceyreste, La Penne ou Saint-Savournin, où en l’absence d’un véritable groupe de notables « traditionnels » et peut-être en raison d’une instruction plus développée que la moyenne, ils pourraient bien avoir joué le rôle de dirigeants naturels de ces communautés en Révolution34.
Profil socioprofessionnel du personnel politique des communes de l’arrière-pays marseillais durant la décennie révolutionnaire (en %)
Communes d’étude | Élus et désignés | |
Rente | 5,97 | 8,85 |
Services | 3,51 | 6,94 |
Agriculture | 55,91 | 38,28 |
Artisanat | 27,42 | 35,41 |
Métiers de la mer | 7,52 | 6,22 |
Indéterminés | 0 | 4,31 |
20En fin de compte, c’est le pourtant bien majoritaire « secteur agricole » qui apparaît comme le grand perdant de cette répartition socioprofessionnelle du personnel politique local. C’est aussi que c’est le milieu social le plus hétérogène, allant des gros ménagers aux plus misérables travailleurs journaliers. C’est dire qu’il faut aussi prendre en compte dans notre démarche le seuil d’éligibilité imposé par toute la législation révolutionnaire, à l’exception bien entendu des élections pour la Convention nationale du mois d’août 1792 et des nominations effectuées par les représentants du Peuple en mission ou les autorités supérieures de l’an II comme de l’an III d’ailleurs.
21Dans cette perspective, nous avons essayé de regrouper les données concernant la fortune présumée des hommes politiques locaux, telle qu’elle peut être appréhendée à partir des registres de l’emprunt forcé de l’an IV et la place qu’ils occupent dans la hiérarchie des revenus fonciers de leurs communes respectives35.
22Il ressort de nos statistiques qu’un peu plus de la moitié des détenteurs du pouvoir local sous la Révolution (51,44 % très exactement) fait partie du quart le plus riche des contribuables des communes qu’ils se doivent de gérer. Par ailleurs, ces citoyens aisés sont majoritairement ceux qui ont les revenus fonciers les plus conséquents, même s’il peut arriver que certains d’entre eux, commerçants, petits industriels ou encore fermiers de beaux domaines, aient une fortune essentiellement mobilière.
23Or, cela signifie aussi que l’autre moitié des administrateurs locaux de la décennie révolutionnaire, sans être pour autant tout à fait dénués de ressources, seuil d’éligibilité oblige, n’appartient pas vraiment aux groupes économiquement les plus puissants de leur localité. Une part non négligeable de citoyens aux revenus moyens et même faibles a pu s’agréger durant l’épisode révolutionnaire au personnel politique local. Dans les villages, souvent dominés par la propriété seigneuriale ou foraine, le caractère relativement ouvert du recrutement des hommes de pouvoir est lié d’une certaine manière aux structures sociales qui font que le nombre de citoyens aisés est forcément limité et doit être nécessairement complété. Nous retrouvons à Belcodène, Gréasque, Peypin, Roquefort, Saint-Savournin, la « démocratie villageoise » chère au Languedoc de Georges Fournier, au Causse de Villeneuve de François Hincker ou à la Lorraine de Jean-Paul Rothiot36. Dès que l’on franchit le cap du bourg et plus encore dans les petites villes, alors il n’est pas inexact de parler d’une véritable compétition pour l’accès aux charges locales, avec une offre qui ne se cantonne pas aux seuls citoyens économiquement puissants. Ces derniers y ont certes toutes leurs chances, mais ils n’en ont plus le monopole, comme c’était le cas sous l’Ancien Régime, que ce soit par l’achat d’offices ou par la grâce de règlements municipaux aux conditions d’allivrement plus ou moins draconiennes.
24En d’autres termes, la Révolution, en mettant en place un nouveau système de sélection des détenteurs de l’autorité publique et en dépit d’un seuil d’éligibilité pas tout à fait en rupture avec le passé, a considérablement élargi l’éventail du recrutement social du personnel politique local.
25Dans les communes de l’arrière-pays marseillais, les citoyens qui ont exercé les charges publiques créées par la Révolution ne forment nullement un groupe à part, une « aristocratie invisible », comme disait le marquis de Villette dans son mémoire de septembre 1791. Plus de la moitié d’entre eux n’ont d’ailleurs été élus ou désignés qu’une seule fois au cours de la décennie révolutionnaire et n’ont eu que des responsabilités relativement mineures au sein des institutions communales. Est-ce là l’effet de l’absence de candidatures déclarées ? Le nombre excessif de citoyens appelés au pouvoir a-t-il empêché la formation de véritables équipes de gestionnaires au savoir-faire bien rodé ? Nous ne le pensons pas. Tout d’abord, parce que cette foule d’élus épisodiques montre à quel point le processus de politisation a été profond en ce temps de révolution. Ensuite, parce que, dans l’arrière-pays marseillais, l’éparpillement des voix n’est pas vraiment de rigueur, avec de véritables « partis » qui se forment et s’affrontent pour le contrôle du pouvoir local. Une alternance existe, qui s’exerce certes dans des conditions plus ou moins sanglantes selon les localités, mais qui permet en tout cas d’éviter la concentration de l’autorité publique entre les mains d’une infime minorité.
26C’est aussi ce que montre bien l’analyse de ce que l’on pourrait appeler « l’état-major local », ces citoyens qui, par l’importance des charges publiques qu’ils ont eues à endosser, ont, d’une certaine manière, été les véritables animateurs de la vie politique locale. Un certain nombre de traits communs se dégage de ce noyau dirigeant, sans grande surprise d’ailleurs. Une certaine instruction tout d’abord, toutes ces personnalités locales savent au moins signer. L’âge, ensuite, 56,6 % de ceux dont nous avons pu retrouver avec exactitude la date de naissance appartiennent à la génération des 30-50 ans. La fortune ensuite, près de 80 % d’entre eux sont inscrits sur les rôles de l’emprunt forcé de l’an IV. La puissance foncière enfin, avec 66 % de gros propriétaires. Mais, au-delà de ces évidences finalement, des différences très nettes se font jour en fonction du type de commune que ces citoyens ont dû diriger.
27Dans les démocraties villageoises (Belcodène, Peypin, Roquefort, Saint-Savournin), se sont ainsi imposés quelques bons ménagers, pas forcément les plus puissants, mais à coup sûr les plus instruits, c’est-à-dire à peu près capables de comprendre et d’expliquer à leurs concitoyens la nouvelle législation révolutionnaire. Dans cette perspective, il n’est pas étonnant de les retrouver aux postes clés du pouvoir local, maire, procureur, électeur du second degré. C’est aussi qu’ils représentent depuis longtemps la communauté dans sa lutte anti-seigneuriale, ayant souvent été à la tête, en tant que consuls ou que conseillers, des longues batailles procédurières de la deuxième moitié du xviiie siècle. C’est donc en toute logique que ces élites paysannes adhèrent à une Révolution qui proclame l’abolition de la féodalité. L’engagement jacobin n’en est finalement que le prolongement, de même qu’une certaine fidélité républicaine sous le Directoire. Mais, dès lors que la victoire semble acquise, l’ordre doit régner, qu’il soit assuré par un général victorieux ou par un roi restauré.
28Dans les milieux plus urbanisés, des bourgs aux petites villes, l’état-major local est en grande partie celui des partis en compétition pour le pouvoir. Le phénomène semble particulièrement flagrant à Allauch, Auriol et Roquevaire : en fonction de l’évolution politique du moment, ce sont un peu toujours les mêmes citoyens qui se retrouvent aux fonctions clés des institutions communales ou cantonales. Socialement, ces chefs de file se recrutent avant tout dans les quelques familles bourgeoises de la place, simples rentiers comme avocats et notaires. Avec les bons ménagers d’Allauch et les négociants d’Auriol et de Roquevaire, ce sont donc bien les plus apparents du lieu qui ont constitué, dans un camp ou dans l’autre, le noyau dirigeant de leurs communes respectives. La plupart d’entre eux avaient d’ailleurs accès aux conseils d’Ancien Régime et sans être vraiment tous de niveau consulaire, y jouaient déjà un rôle non négligeable. Qu’est-ce qui a fait alors que les uns aient choisi de s’engager derrière les mots d’ordre jacobins et que les autres les aient plus ou moins âprement combattus ? Peut-être bien alors que la question religieuse a été ici la plus discriminante, contribuant en tout cas à séparer bien pensants et esprits éclairés37. Quoi qu’il en soit, à Auriol et à Roquevaire, les dirigeants des anciennes factions locales se retrouvent dès le Consulat à siéger ensemble au sein des conseils municipaux, notables traditionnels (pour ne pas dire traditionalistes) et notables jacobins. Il faut remarquer à cet égard que la décennie révolutionnaire a représenté une indéniable promotion pour un certain nombre de dirigeants jacobins, riches, gros propriétaires, mais pas forcément reconnus sous l’Ancien Régime. L’exemple de Jean-Louis Ricard à Allauch, de la famille Michel à Auriol (François Christine et Jérôme), des Besson de La Ciotat (Toussaint André et Jean André Clair) montre parfaitement que l’engagement jacobin a pu être sinon une véritable stratégie, du moins un tremplin vers davantage de reconnaissance publique. Tel n’a pas été le cas en revanche pour les plus plébéiens de nos dirigeants locaux. À Aubagne et à La Ciotat, où un fort mouvement populaire a existé dans les premières années de la Révolution, des meneurs d’origine modeste ont certes réussi à prendre place au sein de l’état-major de leurs communes respectives. Mais, leur présence au pouvoir n’a duré que le temps de la Révolution.
29Ce sont pourtant ces militants populaires qui ont incarné au plus haut point la révolutionnaire démocratisation de la vie politique locale. Dès lors, il n’est pas étonnant qu’ils aient été aussi les plus vilipendés. Songeons ainsi à Antoine Fontenelle-Auger, de La Ciotat, décrit par ses pourtant collègues et anciens camarades de lutte Bernardin Ramel et Jean-Claude Fouillot comme « un vrai intrigant, homme sans feu, sans lieu, criblé de dettes, arrivé il y a douze ans dans cette commune avec son seul mouchoir38 ». L’historien royaliste aubagnais César Couret se souvient lui avec dédain de ce Michel Séchier, « simple commis » de son négociant de père, mais ayant pourtant exercé les plus hautes responsabilités locales39. Ainsi, au-delà des attaques personnelles, c’est bien une certaine haine de classe qui transparaît.
Au service du public ?
30Il convient alors, à titre de conclusion, de s’interroger sur les motivations de ces nombreux citoyens qui ont accepté, en cette décennie révolutionnaire, de participer à cette lutte des places que leur offrait le nouveau cadre institutionnel. Être revêtu d’une charge publique, c’est alors accepter un travail harassant et dangereux. Harassant en effet, par l’ampleur des tâches à réaliser comme par la cadence souvent très élevée des séances. À Aubagne, par exemple, le conseil municipal se réunit de manière officielle 517 fois entre le 1er janvier 1789 et le 31 décembre 1799, ce qui fait en moyenne 47 fois par an, avec des pics à 70 réunions en 1794 et 79 en 179540. Dangereux ensuite, parce que les choix qui sont faits peuvent valoir à leurs auteurs au mieux la défiance de leurs administrés et au pire une condamnation à mort pure et simple, que celle-ci soit le fait du glaive de la loi ou des déchaînements de la colère populaire. Rappelons aussi à cet égard que la plupart des charges publiques ne donnent lieu à aucune indemnité de travail. Qu’est-ce qui pouvait alors pousser certains citoyens, pères de famille en général, pas spécialement gâtés par la fortune au demeurant, comme nous venons de le voir, à vouloir délibérément assumer de telles responsabilités ? Profiter d’une place importante et de la conjoncture révolutionnaire pour parvenir à tout prix, comme le répandent à l’envi de très nombreux discours thermidoriens sur les élus de l’an II, comme celui de ces anti-jacobins de Roquevaire qui ne cessent de pourfendre les manœuvres du clan conduit par le négociant Joseph Turcat et par son gendre de notaire Joseph Christin :
il fut un temps où les honnêtes gens ne pouvaient rester dans la commune. Leurs jours étaient menacés et ce temps était alors où Joseph Christin, un des principaux du pays, faisait faire des contributions à force armée, faisait guillotiner, faisait incarcérer, faisait vendre les meubles et effets des particuliers qui étaient dans leur maison, lesquels meubles et effets ledit Joseph Christin avait fait semblant d’acheter pour peu de valeur41 ?
31Pourquoi pas, dans une certaine mesure, mais est-ce bien là l’essentiel ? Au-delà des mesquines rivalités qui ont émaillé la vie politique de bon nombre de localités, ce qu’il faut peut-être retenir de la décennie révolutionnaire, c’est qu’elle fait émerger ou tout au moins vient confirmer une nouvelle conception de l’action politique. Exercer une charge publique, ce n’est plus se gaver d’une sinécure procurant du prestige, mais réaliser un travail efficace au service de ce que l’on pense être alors le « bien commun42 ». Terminons alors par cette réponse du grand dirigeant jacobin aubagnais Jean-Baptiste Domergue (le frère du célèbre grammairien patriote) aux représentants du Peuple qui l’ont nommé membre de la commission municipale de Sans-Nom à l’hiver 1794 :
Je suis bien flatté et bien reconnaissant de la nomination faite par les représentants du Peuple. J’aurais volontiers partagé vos travaux, mais les habitants de la commune que j’habite par leurs vœux unanimes m’ayant élevé au poste d’officier municipal depuis le commencement de la Révolution et confirmé après l’infâme rébellion [des sections] : pourrais-je quitter un poste pour en occuper un autre ? Cette considération me détermine à vous dire que je ne puis accepter. Mais j’assure les représentants du Peuple que je continuerai à montrer mon attachement inviolable à la loi et fier de mon serment, je périrai plutôt que de l’enfreindre43.
32Des citoyens qui investissent massivement des sphères de pouvoir nouvelles, des citoyens qui participent activement à une lutte des places où chacun a à peu près sa chance, c’est aussi ça un peuple en Révolution.
Notes de bas de page
1 Vida Azimi, « “Sans tirer à conséquence”. Faveur et fonction publique : entre prodigalité, équité et médiocrité », in La Faveur et le Droit, sous la dir. de Gilles Guglielmi, Paris, PUF, p. 215-226.
2 Jacques Godechot, Les institutions de la France sous la Révolution et l’Empire, 1951, Paris, PUF, 1985, 793 p.
3 Michel Biard, Missionnaires de la République. Les représentants du peuple en mission (1793-1795), Paris, CTHS, 2002, 624 p. ; Les politiques de la Terreur, 1793-1794, sous la dir. de Michel Biard, actes du colloque de Rouen en janvier 2007, Rennes, PUR et Société des études robespierristes, 487 p. ; « Comités de surveillance et pouvoir révolutionnaire », actes de la journée d’études organisée à Aix en novembre 2002, in Rives nord-méditerranéennes, no 18, 2004, p. 7-124 et Les comités de surveillance. D’une création citoyenne à une institution révolutionnaire, Danièle Pingué et Jean-Paul Rothiot, dir., Paris, Société des études robespierristes, 248 p.
4 Georges Fournier, Démocratie et vie municipale en Languedoc du milieu du xviiie siècle au début du xixe siècle, Toulouse, Les Amis des archives de la Haute Garonne, 1994, 2 t. ; Serge Bianchi, La Révolution et la Première République au village. Pouvoirs, votes et politisation dans les campagnes d’Ile-de-France. 1787-1800 (Essonne et Val-de-Marne actuels), Paris, CTHS, 2003, 959 p. ; Claudine Wolikow, « La Maison commune : culture politique et démocratie locale. Communautés du vignoble de Champagne méridionale dans la deuxième moitié du xviiie siècle », thèse sous la dir. de Michel Vovelle, Paris I, 1994, 3 t. ; Peter Jones, Liberty and Locality in Revolutionary France. Six villages compared, 1760-1820, Cambridge, Cambridge university press, 2003, 306 p. ; Pouvoir local et Révolution. La frontière intérieure, sous la dir. de Roger Dupuy, actes du colloque de Rennes en septembre 1993, Rennes, PUR, 1995, 585 p. ; L’administration territoriale de la France (1750-1940), sous la dir. de Michel Pertue, actes du colloque d’Orléans en septembre-octobre 1993, Orléans, Presses de l’Université, 1998, 671 p.
5 Paul Bois, Paysans de l’Ouest. Des structures économiques et sociales aux options politiques depuis l’époque révolutionnaire dans la Sarthe, 1960, Paris, Flammarion, 1971, 383 p. ; Maurice Agulhon, La République au village (Les populations du Var de la Révolution à la Seconde République), Paris, Plon, 1970, 543 p. ; Eugen Weber, La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale, 1870-1914, 1976, Paris, Fayard, 1983, 876 p. ; Gilles Pécout, « La politisation des paysans au xixe siècle. Réflexions sur l’histoire politique des campagnes françaises », in Histoire et sociétés rurales, no 2, 1994, p. 91-125.
6 Patrice Gueniffey, Le Nombre et la Raison. La Révolution française et les élections, Paris, EHESS, 1993, 559 p. ; Malcolm Crook, Elections in the French Revolution. An apprenticeship in democracy, 1789-1799, Cambridge, Cambridge university press, 1996, 221 p. ; Serge Aberdam et al., Voter, élire pendant la Révolution française, 1788-1799. Guide pour la recherche, Paris, CTHS, 1999, 484 p.
7 Cyril Belmonte, « Voter à Auriol sous la Révolution (1789-1799) », in Provence historique, t. LXVII, fasc. 228, p. 177-187.
8 Cyril Belmonte, Les Patriotes et les autres. L’arrière-pays marseillais en Révolution, Aix-en-Provence, PUP, 298 p.
9 Ted Margadant, « La culture urbaine et la mobilisation politique autour de la division du royaume en départements et districts », in Ville et Révolution française, sous la dir. de Bruno Benoît, actes du colloque de Lyon en mars 1993, Lyon, PUL, 1994, p 30-31.
10 AC Aubagne, Délibérations municipales 1788-1790, Conseil du 22 novembre 1789 et AN, D IV bis, 168, Adresse du conseil de la communauté d’Aubagne au comité de Division de l’Assemblée constituante, 17 janvier 1790.
11 AD BDR, 156 E BB 18, Adresse du conseil de la communauté de Roquevaire à l’Assemblée constituante, 19 décembre 1789.
12 AC Aubagne, Délibérations municipales 1790-1791, Conseil du 29 mars 1790.
13 AC Aubagne, Délibérations municipales 1790-1791, Conseil du 15 avril 1790.
14 AD BDR, 112 E D1/2, Conseil du 29 décembre 1790.
15 AD BRD, 103 E 1D 1, Conseil du 8 avril 1790.
16 AD BDR, 103 E 1D 1, PV assemblée des citoyens actifs du 6 juin 1790.
17 AC Aubagne, Délibérations municipales 1790-1791, Conseil du 8 juin 1790.
18 AD BDR, 113 E 89, Conseils des 6 et 8 juin 1790 et PV assemblée des citoyens actifs du 11 juin 1790.
19 AD BDR, 112 E D1/2, Conseil du 3 mars 1791.
20 AC Aubagne, Délibérations municipales 1790-1791, Conseil du 8 juin 1790.
21 AC Aubagne, Adresse à l’Assemblée nationale approuvée et délibérée par le conseil général de la commune d’Aubagne, 7 juillet 1790.
22 AD BDR, 112 E D1/2, Conseil du 29 décembre 1790.
23 AD BDR, 112 E D1/2, Conseil du 3 mars 1791.
24 AD BDR, 112 E D1/2, PV assemblée des citoyens actifs du 19 juin 1791.
25 Malcolm Crook, « Le candidat imaginaire, ou l’offre et le choix dans les élections de la Révolution française », in Annales historiques de la Révolution française, no 321, 2000, p. 91-110.
26 Serge Bianchi et Roger Dupuy, dir., La Garde nationale entre nation et peuple en armes. Mythes et réalités, 1789-1871, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 561 p., ; Roger Dupuy, La Garde nationale, 1789-1872, Paris, Gallimard, 606 p.
27 Jean-Jacques Clere, « Administrations locales », in Albert Soboul, dir., Dictionnaire historique de la Révolution française, 1989, Paris, PUF, 2005, p. 5-10.
28 153 pour Allauch, 194 pour Aubagne, 144 pour Auriol, 16 pour Belcodène, 90 pour Cassis, 53 pour Ceyreste, 77 pour Cuges, 75 pour Gémenos, 32 pour Gréasque, 166 pour La Ciotat, 48 pour La Penne, 50 pour Peypin, 32 pour Roquefort, 91 pour Roquevaire et 33 pour Saint-Savournin.
29 998 chefs de famille pour Auriol en 1791, 1611 à Aubagne en 1791, 878 à Auriol en 1791, 47 à Belcodène en 1792, 458 à Cassis en 1793, 159 à Ceyreste en 1791, 378 à Cuges en 1790, 388 à Gémenos en 1789, 60 à Gréasque en 1792, 1376 à La Ciotat en 1799, 154 à La Penne en 1792, 225 à Peypin en 1792, 46 à Roquefort en 1791, 579 à Roquevaire en 1793 et 104 à Saint-Savournin en 1792.
30 Serge Binachi avait déjà remarqué que, dans certains villages d’Île-de-France comme Rungis, pratiquement tous les chefs de famille ont exercé à un moment ou à un autre une « fonction publique », in La Révolution et la Première République…, op. cit., p. 608. À Vannes, Bertrand Frelaut a recensé 220 citoyens dans les différentes municipalités qui se sont succédées de 1790 à 1815, in « Municipalités élues, municipalités nommées : le pouvoir à Vannes de 1790 à 1815 », in Pouvoir local et Révolution, op. cit., p. 341.
31 Albert Soboul, Les sans-culottes parisiens en l’an II. Mouvement populaire et Gouvernement révolutionnaire, 1793-1794, Paris, Seuil, 1968, 248 p. ; Michel Vovelle, Les sans-culottes marseillais. Le mouvement sectionnaire du jacobinisme au fédéralisme, 1791-1793, Aix-en-Provence, PUP, 235 p.
32 Pour Allauch (1747-1789), AD BDR, 103 E BB 10 à 15 ; pour Aubagne (1747-1789), AD BDR, 135 E BB 23 à 28 et AC Aubagne, Délibérations municipales 1788-1789 ; pour Auriol (1728- 1789), AC Auriol, BB 14 à 21 ; pour Belcodène (1766-1789), AD BDR, 141 E BB 2 et 3 ; pour Cassis (1741-1789), AD BDR, 139 E BB 20 à 25 ; pour Ceyreste (1746-1789), 146 E BB 8 et 9 ; pour Cuges (1736-1789), 113 E BB 11 à 15 ; pour Gémenos (1743-1789), 112 E BB 9 à 16 ; pour Gréasque (1733-1789), AC Gréasque, Carton 1, D 2 et 3 ; pour La Ciotat (1736-1789), AC La Ciotat, BB 11 à 13 ; pour Roquefort (1750-1789), AD BDR, 150 E BB 6 à 9 et pour Roquevaire (1748-1789), AD BDR, 156 E BB 13 à 18.
33 Jean-Pierre Jessenne, Pouvoir au village et Révolution. Artois, 1760-1848, Lille, Presses universitaires de Lille, 1987, 308 p. Autre exemple, parmi tant d’autres, la mainmise des fabricants de draps dans les municipalités de Louviers, Bernard Bodinier, « Dix ans de Révolution pour que tout reste pareil : le corps municipal de Louviers (1789-1799) », in En hommage à Claude Mazauric. Pour la Révolution française, Rouen, Presses universitaires de Rouen, 1998, p. 171-175.
34 Maurice Agulhon, « Le rôle politique des artisans dans le département du Var de la Révolution à la deuxième République », in VIIIe colloque d’histoire sur l’artisanat et l’apprentissage, actes du colloque d’Aix-en-Provence en mai 1964, Aix-en-Provence, Publications des Annales de la faculté des lettres et des sciences humaines, 1965, p. 83-101.
35 Emprunt forcé de l’an IV : AD BDR, L 409 à L 413. Rôles de contribution foncière : AD BDR, 103 E 1G 26, Allauch (1791) ; 141 E G 1, Belcodène (1791) ; 139 E 1G 16, Cassis (1795) ; 146 E 1G 4, Ceyreste (an IV) ; 113 E 99, Cuges (an VIII) ; 112 E G 1, Gémenos (1799) ; 139 E 1G 24, La Penne (1792) ; 150 E 1G 12, Roquefort (1792) ; 156 E 1G 2, Roquevaire (1793) ; 143 E G 2, Saint-Savournin (1791) ; AC Aubagne, Contributions G 8, Aubagne (1791) ; AC Auriol, 1G 1, Auriol (1791) et AC La Ciotat, GA 02. 01, La Ciotat (1799).
36 Georges Fournier, Démocratie et vie municipale…, op. cit. ; François Hincker, « Un micro-climat politique : les paysans du Causse de Villeneuve (Aveyron) pendant la Révolution », in « Les paysans et la politique (1750-1850) », actes du colloque de Rennes en mai 1981, in Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, t. 89, no 2, 1982, p. 171 et Jean-Paul Rothiot, « L’apprentissage de la démocratie dans la Lorraine rurale (1790-17800) », in Robert Chagny, dir., La Révolution française. Idéaux, singularités, influences. Journées d’études en hommage à Albert Soboul, Jacques Godechot et Jean-René Suratteau, actes des journées de Vizille en septembre 2001, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 2002, p. 265-289.
37 Michel Vovelle, « Le poids des affrontements religieux dans la formation des options collectives méridionales sous la Révolution française », in Religion, révolution, contre-révolution dans le Midi, 1789-1799, actes du colloque de Nîmes en janvier 1989, Nîmes, Jacqueline Chambon, 1990, p. 216-217.
38 AD BDR, 2 M 104, Dénonciation du maire Bernardin Ramel et du deuxième adjoint Jean-Claude Fouillot contre le premier adjoint Antoine Fontenelle-Auger, 5 fructidor an XI- 23 août 1802.
39 César Couret, Histoire d’Aubagne…, op. cit., p. 66.
40 Cyril Belmonte, « Pouvoir municipal et Révolution. 517 séances municipales à Aubagne (1789-1799) », in Faire Savoirs, no 9, p. 93-101.
41 AD BDR, L 297, Lettre de la municipalité de Roquevaire au département, 21 messidor an V- 9 juillet 1797.
42 Béatrice Baumier, Tours entre Lumières et Révolution. Pouvoir municipal et métamorphose d’une ville (1764-1792), Rennes, PUR, 548 p.
43 AD BDR, 135 E BB 42, Lettre de Jean-Baptiste Domergue à la commission municipale de Sans-Nom, 2e quintidi pluviôse an II-3 février 1794.
Auteur
Aix-Marseille Université - CNRS, UMR TELEMME 7303
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