Des grottes de l’Ardèche aux sommets corses
Les « grandes sorties » des excursionnistes marseillais (fin xixe siècle)
p. 205-221
Texte intégral
1Dans l’esprit des associations sportives de la fin du xixe siècle, la Société des excursionnistes marseillais (SEM), organise depuis sa création en 1897, des itinéraires de marche tous les dimanches, selon les niveaux ou les affinités de ses membres. Leur objectif est hygiéniste et culturel : ils trouvent un moyen de fuir l’air pernicieux de la grande ville et d’approfondir leur connaissance de la Provence. Dès 1902, les « excurs1 » organisent de « grandes sorties », en Ardèche et en Corse, à l’occasion des congés de Pâques ou Pentecôte2. Ces repérages de régions plus éloignées permettent à une vingtaine de membres de découvrir des sites spectaculaires qu’ils photographient pour illustrer de futures conférences. Ces courts séjours répondent aux exigences constitutives des valeurs de la SEM : l’excursion est un « voyage » qui favorise entraînement physique, sublimation des paysages et partage de l’expérience.
2Pour cette contribution offerte à Gérard Chastagnaret, le choix des terrains d’analyse s’est porté sur des lieux qui nous sont chers, mais cette sélection ne répond pas à un simple clin d’œil amical : la Corse et l’Ardèche partagent nombre de réalités, tout en étant marquées par des représentations divergentes. Il s’agit de deux régions rurales, riches en patrimoine, explorées simultanément par les excurs ; l’une comme l’autre subissent une grande disparité démographique et un important exode ; toutes deux sont « enclavées », l’une par l’insularité, l’autre par un réseau de communication qui la rend peu accessible. C’est précisément cet isolement qui attire les excursionnistes. En termes d’image, tout oppose ces régions : l’Ardèche est associée à des paysages grandioses – mais de moyenne montagne –, où la végétation « primitive » et la qualité de l’air favorisent le calme, la régénération. La Corse s’inscrit dans une contradiction faite d’un imaginaire chargé de poncifs où le bandit d’honneur, la vendetta et les romanciers construisent une réputation sulfureuse, en même temps qu’apparaissent les expressions : « Île de Beauté », « Kalliste, la plus belle des îles », une montagne dans la mer. Ainsi, ces deux régions méritent d’être réunies dans une étude comparative permettant d’illustrer et d’analyser les pratiques et les logiques touristiques des excursionnistes de la Belle Époque.
3Nous placerons cette étude dans un espace chronologique situé entre 1897 et 1914, période des « grandes sorties » sur plusieurs jours, période d’une approche récente du tourisme, alors que les transports ferroviaire3 ou maritime facilitent le déplacement, et que les syndicats d’initiative lancent leurs premières actions de propagande. Celui de Corse met en place des structures d’accueil et vante les sites naturels pittoresques, celui du Vivarais valorise le thermalisme et la descente de l’Ardèche en barque.
4Les sources utilisées sont issues du fonds de la SEM, conservé aux Archives municipales de Marseille4 : il s’agit de photographies, de cartes postales et des comptes rendus de sorties publiés dans les Bulletins annuels de la Société. Le croisement de ces sources met en évidence trois temps dans la pratique excursionniste et trois supports de narration. La photographie, instantanée, inscrit des lieux remarquables pour de futurs adeptes ; les cartes postales, adressées au siège pendant le déplacement, fournissent des impressions « à chaud », irremplaçables ; enfin, le compte rendu, rédigé a posteriori, donne à lire une construction narrative très recherchée. Ces trois moments traduisent un besoin d’inscription de valeurs et de normes de l’excursion marseillaise. Le corpus révèle à la fois le comportement de cette Société, son regard sur des lieux et des hommes, et les liens qu’elle construit.
5Pour aborder ces sorties, nous nous intéresserons à ces citadins et aux parcours qu’ils choisissent pour une première visite, puis nous considérerons la diversité de leur curiosité à partir de deux motifs majeurs : l’approche d’une nature sauvage qui façonne les paysages, et le patrimoine culturel qui interroge sur une appropriation par l’homme, dans un temps long.
Regard d’explorateurs
6La « grande sortie » s’inscrit dans un cadre d’idéalisation des rapports ville/ campagne et de valorisation des bienfaits de la nature, à la fin du xixe siècle5. Elle impose aux organisateurs une plus grande préparation que l’excursion dominicale, en termes de logistique pratique et touristique. Les premières sorties collectives en Ardèche et en Corse datent de 1902 ; elles sont initiées par des personnalités célèbres dans la Société, comme Dominique Piazza6. La correspondance des cartes postales et les comptes rendus prouvent le caractère expérimental et pédagogique : les pionniers donnent à leurs successeurs des détails sur les conditions de voyage, l’itinéraire, le coût, l’accueil et l’hébergement7.
7Beaucoup de clichés de ce corpus sont anonymes, mais les cinq auteurs connus pour la Corse et les onze pour l’Ardèche (dont un seul est natif de ce département) ne se distinguent pas des autres amateurs photographes de la Société : il s’agit d’une classe moyenne8 érudite, pouvant posséder un appareil photographique et capable de financer transport et hébergement9. Une excursionniste commente ainsi la sortie dans le Vivarais : « L’économie indispensable aux petites bourses ne fit aucun tort à la variété des plaisirs10 ». Les professions des photographes se rapprochent de celles des félibres11 : il s’agit principalement de cols blancs, employés en large majorité, professions intermédiaires (instituteurs, comptables), et les professions intellectuelles arrivent loin derrière les commerçants.
8Le style photographique est inégal. Dans les deux régions, on sort peu de ce « carcan du pittoresque touristique12 » que Gilbert Beaugé analyse pour la Corse. Les auteurs préfèrent des vues générales de montagnes ou de villages, font preuve d’esthétisme devant un relief accidenté ou face à la mer. Comme Roland Bonaparte13, les excurs ont recours à la photographie pour saisir un maximum de paysages et transcrire le « réel ». Beaucoup choisissent le cliché-repère qui permettra de retrouver un lieu ou une émotion. Leur approche anthropologique est assez distante : ils se montrent curieux à l’égard d’une population qui vit dans une nature encore sauvage, mais la rencontre en elle-même n’est pas essentielle. Pour ce type de cliché, le corpus fait apparaître deux méthodes : le photographe, présent et directif, organise la scène et fait poser les personnages qui se conforment à son attente et adoptent des attitudes stéréotypées de leur activité agropastorale (fig. 1)14 ; dans un autre cas, il saisit un instantané, et une banale réalité quotidienne devient un moment rare et attachant15.
Fig. 1. Anonyme, Joyeuse (Ardèche) : un homme laboure un champ avec un attelage de bœufs, s. d. [vers 1900], 33 Fi 2794 (Arch. de Marseille).

9Dans les deux régions, le travail promotionnel des Syndicats d’initiative est à l’origine de ces « grandes sorties », c’est pourquoi, l’itinéraire retenu respecte, sans grande originalité, la sélection de lieux emblématiques préconisés par les publicités ou les ouvrages touristiques. La double cartographie réalisée à partir des prises de vues traduit bien ce conformisme : les excurs ne photographient pas nécessairement ce qui mérite d’être vu mais ce qui se « doit » d’être vu (cartes Ardèche et Corse).
10Le parcours en Corse s’effectue du nord au sud, sans doute suivant les conseils de l’abbé Galletti16, le long de la ligne de chemin de fer17, en insistant sur les villes de Bastia, Ajaccio et Corte18. Le séjour corse a une durée de quatre à sept jours, selon leur disponibilité et le désir d’ascensions. Les excurs ont lu les récits des pionniers – alpinistes anglais, allemands ou autrichiens19 –, comme eux, ils ascensionnent et photographient les sommets du Monte d’Oro ou Rotondo. Ils jugent cette destination comme « une très séduisante autant qu’inattendue révélation20 », tout excités par la découverte : « Enfin, nous allons fouler le sol de cette île de Beauté, de cette Kalliste tant vantée, et en inventorier les merveilles21 ». De son côté, la presse se félicite de cette initiative :
La Corse pourrait et devrait devenir pour les Marseillais le champ d’excursion par excellence. […] Il y a là tout un mouvement à créer qui pourrait devenir d’une importance capitale pour l’avenir de la Corse, et nous félicitons sincèrement la Compagnie Fraissinet et le Directeur de nos chemins de fer d’avoir, par des réductions importantes sur les frais de passage, facilité ce premier essai22.
Répartition géographique des prises de vues en Corse Sources : Bulletins, photographies, cartes postales. AMM.

M.-F. Attard et M. Coulon, UMR TELEMME, AMU, CNRS.
11La carte de l’Ardèche prouve le travail du Syndicat d’Initiative, salué par Vals-Écho23, suscitant la visite d’une Ardèche méridionale : les excurs, séduits par ces publicités, s’inspirent des « Voyages » du Dr Francus24 qui exalte les gorges, les sources thermales et le « bon air » pour répondre aux médications chargées d’enrayer la tuberculose. La cartographie des prises de vue est étonnante, même s’il est difficile d’en tirer des conclusions25 : l’absence de représentation du nord du département surprend, alors que des grandes sorties s’organisent dans le Haut-Vivarais en 1910, à Ste-Eulalie ou St-Agrève26. Leur goût pour une Ardèche catholique se retrouve sur des vues – croix (fig. 2), églises ou chapelles, la Trappe27 –, et dans un tourisme religieux vers La Louvesc, haut-lieu de pèlerinage28. En Corse, l’admiration des excurs pour les monts Kyrie et Christe Eleison à Ghisoni dépasse le tourisme, la symbolique du chant liturgique les conduit à la méditation devant la nature et ses mystères.
Répartition géographique des prises de vues en Ardèche Sources : Bulletins, photographies, cartes postales, AMM.

M.-F. Attard et M. Coulon, UMR TELEMME, AMU, CNRS.
Fig. 2. Anonyme, Lanarce (Ardèche) : vue générale du hameau prise de la route ; l’église Saint-Louis et croix, 1904, 33 Fi 6340 (Arch. de Marseille).

Exaltation romantique de la nature
12Dans la continuité des romantiques du xixe siècle, les excurs s’enthousiasment pour des curiosités naturelles grandioses qui imposent un cadrage chargé de souligner le sensationnel. C’est un point commun entre l’Ardèche et la Corse où beaucoup de vues de paysages déserts et sauvages traduisent solitude et contemplation. La recherche du pittoresque concilie la saisie de l’instantané et la satisfaction d’une prise de vue, en manifestant une sensibilité autour de trois éléments : la forêt, la roche et l’eau.
13Les excurs recherchent la fusion, parfois la confrontation, avec la Nature, censée leur fournir une forme de rajeunissement et une sensation d’authenticité. Le rôle hygiénique, sanitaire et apaisant de la forêt en fait un sujet de clichés et de commentaires lyriques : « avec une solennité de cathédrale, s’étendent, déferlent, en houles infinies, d’antiques forêts vierges dont les siècles respectueux ont fait un sanctuaire de silence et d’ombre29 ». Vue comme un espace de conservation, la forêt corse30 inspire des parallèles à « trois excurs qui ne s’en font pas mais poursuivent des études comparées entre la forêt de Vizzavona et celle de la Sainte-Baume31 ». La forêt de châtaigniers les impressionne, « immense et admirable au col de Prato à 1 000 m d’altitude32 », mais Vizzavona33, « que les Corses ont judicieusement nommée leur paradis terrestre34 », est la plus représentée et décrite ; aucune mention de la forêt de Bavella que vantaient pourtant les premières affiches35. Pour la pause, les excurs s’arrêtent au milieu des arbres, ou insistent sur l’importance de la forêt qui entoure le chalet-hôtel36 ou le Grand Hôtel « dont nous garderons le plus excellent souvenir37 ». D’autres photographes utilisent la forêt en premier plan pour souligner le contraste avec le Monte d’Oro (fig. 3)38 au deuxième plan mais très dominant. La forêt est plus présente dans le corpus corse qu’ardéchois, exception faite du Bois de Païolive, ancienne forêt au milieu d’un site géologique remarquable, traversé par le Chassezac : « Rien ne saurait dire la stupeur, l’admiration qui s’emparent de nous.39 » Cette visite où la nature les enveloppe40 est d’une originalité excur notable puisque « le nombre d’appareils photographiques emportés dépassait celui des participants41 ».
14La majorité des vues décline une esthétique romantique à partir de la nature minérale, surtout en Ardèche où l’on peut apprécier presque toutes les formes géologiques : l’importance des masses de calcaire à Païolive « comme secouées par une perturbation formidable, écrasées, lavées, débarrassées des parties molles42 » les déconcerte ; la « gigantesque muraille calcaire demi-circulaire43 » du Pont-d’Arc leur fournit une « impression de solitude agreste et d’isolement44 ». La technique photographique met en valeur les à-pics vertigineux : amplification des lignes d’horizon, larges perspectives, contreplongées et effets de surplomb des promontoires rocheux valorisent ce spectacle impressionnant comme à Ruoms, où « ce défilé nous a paru plus grandiose encore que ceux de la Grande Chartreuse et des Grands Goulets45 ». L’attrait de l’inconnu fait partie du récit de voyage, c’est pourquoi l’expérience souterraine dans les galeries des grottes préhistoriques, « en file indienne, chacun muni d’une bougie allumée46 » les éblouit tant.
Fig. 3. Auguste Cortès de Monroy, (1860-1903), Col de Vizzavona (Corse) : l’ancien fort génois au lieu-dit « a Foce » ; le Monte d’Oro (2389 m.) à l’arrière-plan, s.d. [début du xxe siècle], 35 Fi 2110 (Arch. de Marseille).

15Le peu d’altitude des sommets ardéchois est sujet à dérision sur les cartes postales : « Au retour de l’excursion du Mont Chignac… faite seul et sans guide… à 1120 m d’altitude… […] Inutile d’inscrire cet exploit au livre d’or, ma modestie s’y oppose47. » Les sorties en Ardèche reposent moins sur l’entraînement physique que sur la découverte de sites :
Du haut de ce mont que nous avons ascensionné hier nous avons pensé à vous tous amants de la belle nature, car le panorama y est incomparable du milieu de ces bois de pins et de lapins (sic). À l’Est on voit toute la chaîne des Alpes, dominée d’abord par le Mont-Blanc, tandis qu’à l’Ouest les Cévennes apparaissent repérées par le majestueux Gerbier de Jonc et le Mézenc. C’est un beau spectacle48.
16L’importance des promontoires qui élargissent le regard se retrouve auprès des alpinistes du Monte d’Oro, « absolument séduits par le panorama embrassant la Corse pittoresque entière, plus large, plus étendu que celui du Cinto et du Rotondo, bien que ces deux cimes soient plus élevées49 ».
17Le relief accidenté, les sommets dentelés et les blocs granitiques contribuent au sensationnel de la sortie. Le charme de la Corse qui « surélève au-dessus des ondes bleues de la Méditerranée sa rude et pittoresque silhouette rocheuse50 », leur fait apprécier « un abrégé des merveilles des cieux51 ». La Corse propose deux types d’activités : un tourisme-découverte pour les plus nombreux, et la conquête des sommets réservée aux alpinistes qui courent « de cimes en cimes, et de cols en cols, collectionnant agréablement sinon gaiement des inscriptions au livre d’or52 ». Les excurs marquent leur présence au milieu de cette nature, dans ces deux régions, ils posent parfois de dos pour souligner le paysage qu’ils contemplent.
18Le thème de l’eau présente plusieurs aspects dans une vision très romanesque, surtout en ce qui concerne les prises de vue ou cartes postales de lacs, en Corse comme en Ardèche : les photographes utilisent une ombre, un reflet sur l’eau pour composer des paysages paisibles. De façon générale, Georges Aillaud l’a observé, « L’eau apparaît souvent comme le thème principal des photographes53 » : les vues de fontaine ou de sources font référence au ravitaillement en cours d’excursion, ce qui est habituel, mais les clichés de cascades bondissantes renvoient à la pureté de l’eau vive, régénératrice. La dégustation des eaux minérales ardéchoises fait l’objet de visites spécifiques, dans un esprit de découverte : les eaux carbonatées ferrugineuses d’une source « jadis réputée pour guérir la lèpre54 » leur donnent l’illusion d’une aventure. Les méandres de l’Ardèche55 constituent le sujet majeur des clichés qui saisissent surtout le moment où « barrant son lit et ses deux rives sur plusieurs centaines de mètres de largeur, l’Ardèche s’est forée elle-même un formidable tunnel, arc de triomphe, plutôt ». La descente en bateau est un « plaisir exquis56 », elle offre une occasion d’admirer le site différemment entre les rapides qui suscitent « le léger émoi du plus primitif tobogan », et le calme de la rivière dans les plaines d’eau. D’autres fleuves comme la Volane à Vals-les-Bains57, l’Ouvèze58, le Chassezac59 ou le Rhône60, composent le corpus, mais ces vues produisent moins d’effets sensationnels, et le passage au mont Gerbier-de-Jonc ne leur laisse pas un grand souvenir : ils le considèrent comme une « non-visite », « la Loire étant le plus banal des cours d’eau61 ». Si les excurs ne se baignent pas volontiers, la mer les impressionne et s’impose sur les vues corses avec une sensation de sérénité, proche de la quête d’un Ailleurs que décrit Alain Corbin62. La « grande sortie » fait converger deux intérêts majeurs : l’esthétique de la nature et la découverte du patrimoine.
Valorisation du paysage culturel
19La photographie excur présente un aspect documentaire très conventionnel autour du patrimoine bâti qui s’exprime par un reportage sur les infrastructures et leur impact, l’architecture, et les vestiges du passé.
20L’appropriation et le travail de l’homme sur la nature séduisent les excurs presque autant que son aspect sauvage ; cette contradiction se retrouve bien au-delà de ces deux régions. Ils viennent se dépayser dans des lieux retirés, mais regrettent la dégradation de ces espaces ou dénigrent leur isolement. L’opposition entre révolution industrielle, progrès et tradition vue comme une forme d’archaïsme n’est pas nouvelle63, elle affiche – dans le cas présent – une permanence du regard des citadins.
21Voulant témoigner d’une histoire de la société locale, les excurs inventorient les ouvrages d’art permettant d’accéder à ces deux régions : le désenclavement par la route ou le rail pour l’Ardèche, et par bateau pour la Corse, constitue un motif d’observation. Soucieux de fixer la modernité sur pellicule, ils mettent en valeur la construction de routes, présentées comme de véritables tranchées au milieu de la montagne (Fig. 4) : les deux destinations proposent une variété de ponts et tunnels sur des routes escarpées comme « la célèbre route de Largentière, taillée en encorbellement »64, ou la voie ferrée qui « s’accroche à toutes les saillies du rocher, pénètre parfois la masse de pierre pour courir ensuite sur des murs ou des arcs bâtis jusque dans le lit même du torrent65 ». La performance technique s’impose dans les comptes rendus :
On attelle à notre train une nouvelle et puissante machine de montagne, car il va falloir s’élever en une heure de 430 mètres à 1100 mètres d’altitude, pour des lacets qui graduellement serpentent et s’allongent, atteignant bientôt le haut plateau de Saint-Agrève, but de l’excursion66.
Fig. 4. Édouard Cornet, (1862-1930), Ruoms (environs de) (Ardèche) : la route du Défilé de Ruoms creusée dans la falaise et longeant la rivière, s. d. [début du xxe siècle], 35 Fi 1226 (Arch. de Marseille).

22Les excurs célèbrent avec lyrisme les routes corses qui prennent une allure de « voie antique67 », en raison des tombeaux érigés dans les propriétés privées. Ces constructions deviennent une singularité complémentaire aux lieux naturels.
23Sous prétexte d’identification des territoires, les excurs portent un regard de reconnaissance assez descriptif, en illustrant leur progression vers les villages ardéchois ou corses : aux vues générales contextuelles introduisant un espace agricole68, suivent des clichés d’entrée de l’agglomération, places, églises, mairies, fontaines et lavoirs, maisons et rues. La rusticité de l’habitat traditionnel présente des similitudes dans ces deux régions : les maisons de pierres sèches aux apparences austères, photographiées avec recul, soulignent leur aspect à la fois ancien, rude et protecteur. L’observation de l’architecture locale intéresse plus les photographes que les rapporteurs d’excursions, sans concession : Vallon Pont d’Arc est « gentille69 », le vieux Ruoms « d’un pittoresque achevé70 » et à Vals, « rien de merveilleux. Ce n’est qu’un gros village resserré entre de vertes collines71 ». Bastia, très photographiée, n’est pas épargnée, trois heures de visite suffisent : la ville neuve les déçoit à cause de maisons « toutes bâties sur le même modèle, sans le moindre souci d’esthétique. Elles donnent à cette partie de la cité un aspect de caserne assez monotone » ; ils préfèrent retrouver dans les rues en pente de l’ancienne ville italienne « une réminiscence des vieux quartiers qui descendent à notre Lacydon72 ». L’absence d’intimité avec le sujet et la condescendance à son égard se retrouvent dans le cas de St-Agrève, un jour de marché :
Étude de mœurs, de langue et de costumes. Les hommes sont quelque peu hirsutes ; quant aux femmes, je dois, en fidèle narrateur, noter qu’une de nos compagnes avoua n’en avoir pas trouvé de jolies. En revanche, nous admirâmes de truculents fromages, de superbes vaches, des chèvres très alertes et des veaux intéressants. De nombreuses poignées de main expressives et un très grand nombre de bouteilles vides nous donnèrent à penser qu’on avait traité beaucoup d’affaires73.
24Le point de vue dépréciatif est beaucoup plus présent dans l’écriture que sur les clichés, il apparaît également pour le Queyras où les auteurs « nouent la prégnance de la nature au tempérament des habitants74 ». L’accès difficile à ces villages coïncide avec l’idée d’un pays de « sauvages », ignorants, frustres, inaccessibles. La condescendance se retrouve vis-à-vis des Corses, lorsqu’ils donnent des étrennes à « une famille patriarcale » de bergers, même si « l’hospitalité est une des premières vertus corses75 ». Une analyse de discours approfondie reste à faire pour mieux rendre compte de cette Société.
25Après l’attrait et le dépaysement de l’inconnu, les paysages historiques composés de ruines, de tours de guet (fig. 5)76 ou de forteresses, rassurent et conduisent les excurs vers une réflexion sur la fuite du temps77. Francis Pomponi a souligné l’influence et l’ancrage des stéréotypes hérités du passé78, et les excursionnistes s’en emparent sous forme d’un voyage dans une histoire révolue, regardée avec respect et nostalgie. La production d’images de villes corses repose sur le mélange entre bord de mer et architecture militaire enveloppant les rochers : les citadelles de Calvi, Bastia ou Bonifacio valorisent l’espace maritime et témoignent d’un système de défense de la domination génoise. Le traitement de Corte79 diffère : la ville au pied des montagnes, l’ensemble de la citadelle, le pont génois sur la Restonica, la fontaine des quatre canons, les bâtiments de l’Université constituent un inventaire plus détaillé. Ajaccio, ville « très coquette avec ses boulevards plantés de magnifiques palmiers dignes de nos jolies stations du littoral80 », est abordée sous l’angle de la mémoire. Les excurs se conforment à l’observation de Miss Campbell : « Il n’est personne qui, venant à Ajaccio, ne soit curieux de voir la maison où est né Napoléon81 ». En effet, ils inscrivent les lieux symboliquement napoléoniens comme la maison des Bonaparte, le Casone – la grotte Napoléon82 –, et les statues élevées en son honneur. La composition de photos introduit parfois des personnages dont le rôle se limite à animer le monument, le rendre plus présent ; le cliché des passants pris à la dérobée place des Palmiers donne une impression d’indifférence au photographe et au monument, très intéressante83. Un cliché d’A. Cortès de Monroy (fig. 6) joue sur le contraste et la disproportion : à l’inverse de la déification du héros, le jeu et la petite taille des enfants au pied de la statue équestre en font l’élément central de l’image84. D’autres vues insistent sur la gloire de l’Empereur, la tenue romaine présentant un bon motif esthétique : le photographe prépare le support d’une future pédagogie à partir d’une statuaire qui met en scène et célèbre l’autorité du chef – critère essentiel chez les excurs85. L’activité d’Ajaccio, relatée par les marchandises et les bateaux qui les chargent86, place la ville dans une activité économique étonnante.
Fig. 5. Edmond Bellanger (1884-1955), plage de Miomo, environs de Bastia (Corse), s. d. [vers 1900], 33 Fi 4114 (Arch. de Marseille).

Fig. 6. Auguste Cortès de Monroy, (1860-1903), Ajaccio : des enfants jouent devant la statue équestre de Napoléon 1er et de ses frères sur la place du Diamant, s.d. [début du xxe siècle], 35 Fi 2105 (Arch. de Marseille).

26En Ardèche, le monument commémoratif a sa place à Bourg-St-Andéol87 comme à La Voulte où, « sur un énorme piédestal de pierre froide est juchée une République toute petite, toute mignonne, minuscule ! Ce monument est élevé à la mémoire de quatre soldats morts en 187088 ». Les clichés ardéchois inscrivent les bâtiments administratifs, châteaux et tours89 tandis que les messages des cartes adressent d’« amicales salutations du donjon90 ».
27La complémentarité entre les photos-souvenirs et les commentaires des comptes rendus soulignent un imaginaire collectif et une érudition excursionniste normée. Les grandes sorties mettent non seulement en place une logistique ou des sites à visiter, mais elles créent des récits à vocation globalisante par les vues et les Bulletins. Les excurs offrent un témoignage destiné au groupe, à partir de souvenirs personnels91 ; les clichés qui nous sont transmis sont le résultat d’un choix sélectif sur ces deux régions rurales.
28Ces prises de vue, cartes postales et comptes rendus dépeignent une nouvelle pratique des loisirs, une recherche d’émotions, de lieux inexplorés, mais surtout une demande de spectaculaire, de sublime. Jugée indispensable à l’épanouissement du corps et de l’esprit de chacun, l’excursion prend dans la « grande sortie » un autre statut : la curiosité de la découverte remplace l’effort, et les sites naturels fournissent des émotions accessibles au plus grand nombre. Il s’agit bien là d’une autre forme d’excursion, plus naturaliste, exploratrice et culturelle, reposant sur les mêmes valeurs : énergie, apprentissage, sécurité, dépassement de soi, sociabilité, solidarité. Les apparences restent bien codifiées sur les clichés, l’origine urbaine et sociale se lit dans les attitudes ou les Bulletins, et la valorisation de la Société demeure une mission constante.
29Aux origines d’un tourisme naissant, l’impact de ces sorties en Ardèche et en Corse est difficile à mesurer, mais on perçoit la rencontre entre une offre et une demande de pratiques touristiques : les excursionnistes ont su très tôt répondre aux propositions nouvelles de régions en quête de reconnaissance et de retombées économiques. Ils ne sont pas les seuls, le Touring club ou le Club alpin français réagissent de la même manière. Comme eux, les excurs ont contribué à populariser des lieux méconnus mais, sans vouloir trop généraliser, ces érudits de la Belle Époque se sont plus intéressés à la nature, à l’histoire de ces régions, qu’aux hommes habitant ces espaces proches de Marseille.
Notes de bas de page
1 Les excursionnistes se donnent ce surnom dans les comptes rendus publiés dans les Bulletins annuels.
2 Au même titre qu’un séjour dans les Alpes pour faire de l’alpinisme, ou du tourisme en Italie ou Espagne. La « grande sortie » ne concerne pas tous les membres. Elle a un statut à part qui nécessite quelques jours de congés et les moyens matériels de partir.
3 « De cette révolution des conditions matérielles du voyage naît l’engouement pour les grands itinéraires touristiques », André Rauch, Vacances en France de 1830 à nos jours, Paris, Hachette Littérature, 2001, p. 52.
4 La collection donnée aux Archives de Marseille en 1996 est composée de 6 596 plaques de verre, 7 000 cartes postales envoyées au siège de la société et 2 766 tirages originaux réunis en 16 albums. Pour cette étude, le corpus comporte pour l’Ardèche, 207 photos et cartes postales, et 303 pour la Corse.
5 Alain Corbin, L’Avènement des loisirs (1850-1960), Paris, Aubier, 1995, 470 p.
6 Dominique Piazza est un des fondateurs de la Société et son premier président. Il est de surcroît l’inventeur de la carte postale illustrée. Certainement informé des visites en Corse du Club alpin français, lecteur probable d’Une Excursion en Corse du prince Roland Bonaparte (Paris, 1891, réimp. Laffitte, 1982) qui a offert son ouvrage à la SEM, l’organisation de cette excursion répond sans doute à une curiosité associée à des facilités de voyage en groupe.
7 La correspondance souligne une « table abondamment servie, chambres propres et confortables, pension à 12 francs par jour tout compris, cuisine de ménage excellente. Peut recevoir une trentaine de pensionnaires » (Archives municipales de Marseille, désormais AMM, 34 Fi 2334, carte postale, « Marcols-les-Eaux (Ardèche). Vue générale »). Ce n’est pas une singularité excursionniste, le Club Alpin ou le Touring club fonctionnent ainsi.
8 Ils sont employés, commerçants ou fonctionnaires (cf. notre article « Des grandes avenues aux petits sentiers, une sociabilité organisée », Buveurs d’air, Aix, Édisud, 1998, p. 74-93). Pour la Corse, une exception, le cas de V. Huc qui fait son service militaire en 1901 à Ajaccio.
9 La sortie de trois jours dans le Bas-Vivarais « ne coûta que 33,50 francs tout compris dont 9 francs de chemin de fer, 5,35 francs de voitures, repas des cochers et pourboires, 2,50 francs de barque sur l’Ardèche, et visite des grottes et 16 francs d’hôtels et restaurants » (Bulletin, 1902, p. 120). Pour la sortie en Corse à laquelle participent 30 personnes dont 3 dames, le rapporteur donne seulement les prix du bateau vapeur (1re classe 46,10 francs ; 2e classe : 32,10 francs ; 3e classe – sans couchette ni nourriture – 14,90 francs) et du chemin de fer (5,05 francs).
10 Bulletin, 1902, p. 120.
11 Pierre Pasquini, « Les félibréjades » Provence Historique, « La sociabilité méridionale (Provence-Languedoc-Roussillon) », fasc. 187, t. XLVII, janvier-mars 1997, p. 231-243.
12 Gilbert Beaugé, « Les voyages illustrés en Corse : gravures, lithographies et photographies au xixe siècle » Cahier d’anthropologie, no 3, 1996, p. 79.
13 Florence Pizzorni-Itie, L’excursion en Corse du Prince Roland Bonaparte, Corte, éd. du Musée d’anthropologie de la Corse, Collectivité Territoriale Corse, 2000, p. 28.
14 La mise en scène est très étudiée : pour l’Ardèche, (AMM, 33 Fi 2794, Joyeuse), le laboureur en chemise blanche, gilet et cravate n’est certainement pas dans sa tenue quotidienne ; il pose avec le bœuf et la charrue, en situation. Pour la Corse, le cliché de V. Huc « Paysage corse » présente un berger et son troupeau de chèvres sur la route avec plus de naturel et de spontanéité (AMM, 35 Fi 1338).
15 AMM, 33 Fi 6839, « homme et sa mule devant le tribunal de Largentière » ; Idem, 33 Fi 6349, « paysannes sur un chemin en Ardèche ».
16 L’abbé Galletti (Histoire illustrée de la Corse, Paris, Impr. Pillet fils, 1863, réimpr Laffitte (sd), Marseille) préconise le déplacement à partir de Bastia, plus favorable au défilé du paysage le plus pittoresque (Gilbert Beaugé, « Les voyages illustrés en Corse : gravures, lithographies et photographies au xixe siècle » Cahier d’Anthropologie, no 3, 1996, p. 61-82).
17 La mise en service du chemin de fer corse s’échelonne entre 1888 pour la ligne Bastia-Corte et 1894 pour l’achèvement de la ligne centrale qui permet de relier Bastia à Ajaccio en sept heures.
18 Les autres clichés des sites touristiques sont surtout l’œuvre de V. Huc.
19 La Corse n’est pas seulement un lieu de villégiature hivernale pour de riches anglais. D’autres étrangers font des « premières » ascensions puis viennent tester du matériel à utiliser dans l’Everest. Félix Von Cube est considéré comme « le » pionnier des montagnes corses, qu’il a parcourues en 1899, 1902 et 1904. Pour chaque ascension, il prend des photographies, note avec précision l’itinéraire, les horaires, et un compte rendu est publié par le Club alpin allemand.
20 Bulletin, 1902, p. 124.
21 Extrait d’un article signé Butet (professeur au Lycée de Marseille) intitulé « Excursionnistes marseillais en Corse », Journal La Corse, 1914 (s.d.), découpé et conservé au siège de la SEM : le peu de précisions du titre de ce journal l’a rendu introuvable et nous prive de la suite de l’article.
22 Malheureusement, le rapporteur ne donne pas le titre du journal d’Ajaccio dont il copie un extrait (Bulletin, 1902, p. 126). Deux excurs, travaillant à la Compagnie Fraissinet, ont facilité l’organisation matérielle du voyage.
23 Vals-Écho évoque « une lutte pour la vie » pour faire de Vals une station de premier ordre (20 juin 1909, AD 07, Per 94-2). De son côté, Élie Reynier insiste sur la « propagande infatigable », cité par Dominique Dupraz « Pour une histoire du tourisme », Mémoire d’Ardèche. Temps présent, no 45-1, p. 3. Plusieurs chroniques de Vals-Écho se félicitent également du désenclavement du Haut-Vivarais par le chemin de fer, mais réclament plus de confort pour attirer les touristes.
24 Le Dr Francus (alias Albin Mazon) tient une chronique dans Le Patriote de l’Ardèche entre décembre 1885 et mars 1886 qu’il publie et enrichit. Il redoute l’arrivée de nombreux touristes craignant la disparition de « tout l’aspect sauvage du paysage », Voyages le long de la rivière Ardèche, Privas, 1885, p. 89 (AD 07, 5365).
25 Il se peut qu’aucune photographie n’ait été remise au siège ou conservée.
26 AMM, 34 Fi 2342, carte postale « Saint-Agrève. L’Ardèche pittoresque. Vue générale (alt. 1100 m.) ». Le verso précise qu’ils s’amusent beaucoup, font de la bicyclette, cueillent des fraises des bois et pêchent des écrevisses dans l’Eyrieux : « Le soir nous nous sommes régalés des résultats merveilleux de notre pêche ».
27 Cartes postales « Résidence des Pères Jésuites » (AMM, 34 Fi 2327) ou « Notre-Dame des Neiges autrement dit La Trappe » (AMM, 34 Fi 2426). Beaucoup de cartes représentent La Louvesc et sa fontaine miraculeuse, ou sa basilique.
28 Un pèlerinage est dédié à Ste-Thérèse Couderc, fondatrice de la Congrégation des Sœurs du Cénacle. La Basilique St-François Régis et la fontaine miraculeuse (AMM, 34 Fi 2328) attirent pèlerins et malades.
29 Bulletin, 13-16 juillet 1902, « À travers la Corse », p. 124.
30 « Pins ou chênes-lièges », Anonyme, mars 1904 (AMM, 33 Fi 5904).
31 AMM, 34 Fi 2700, carte postale, « 127. La Corse. Le Monte d’Oro ». La forêt de feuillus de la Ste-Baume remonte au Néolithique, c’est également un lieu de pèlerinage dédié à sainte Marie-Madeleine, qui offre un beau panorama. La proximité de Marseille en fait une excursion dominicale régulière.
32 Carte postale « Types de jeunes filles à la fontaine », s.d. signée L. Jouve (AMM, 34 Fi 2738).
33 AMM, 35 Fi 2148, E. Mouton, « Paysage au col de Vizavona » ; Idem, 35 Fi 2155, A. Saurel, « Monte Renoso, lit du torrent dans la forêt » ; Idem, 35 Fi 2156, Vizzavona, « Route dans la forêt » ; Idem, 33 Fi 2276, « De Vivario à Ghisoni au milieu de la Forêt de Sorba, pins laricios » ; Idem, 33 Fi 2279, « Route de Vivario à Ghisoni, près du col de Sorba (1 314 m), 3 avril 1904 ».
34 Bulletin, 13-16 juillet 1902.
35 Francis Pomponi, « L’image de la Corse et des Corses sous la iiie République (1870-1914) », Études corses, no 48, 1997, p. 6-35.
36 AMM, 35 Fi 2145, E. Mouton.
37 Bulletin, 1902, p. 124.
38 AMM, 35 Fi 2110, A. Cortès de Monroy, « Le Monte d’Oro vu du col de Vizzavona ».
39 Bulletin, « Les Bois de Païolive », 1902, p. 103.
40 AMM, 33 Fi 2042, J. Nicolas, « Les Vans, Bois de Païolive, lieu-dit « La Madone ».
41 Bulletin, « Les Bois de Païolive », 1902, p. 103.
42 Idem, « Les Bois de Païolive », 1902, p. 103.
43 Idem, 30-31 mars 1902, p. 91.
44 Idem, 3 et 4 juin 1906, « Vals-les-Bains, défilé de Ruoms, Pont d’Arc, gorges et grottes de l’Ardèche », p. 40.
45 Idem, 30-31 mars 1902, p. 91. Ce défilé, creusé dans la falaise, fait également l’objet d’expédition de cartes postales (AMM, 34 Fi 2430 « Le tunnel – route Ruoms – Largentière » ; idem, 34 Fi 2431 « L’Ardèche illustrée. Vue intérieure des tunnels », et inspire les photographes comme M. Rose (35 Fi 916, 917) ou E. Cornet (35 Fi 1226).
46 Bulletin, 1902, p. 105.
47 AMM, 34 Fi 2346, carte postale « Saint-Agrève, Ardèche ».
48 Idem, 34 Fi 2320, carte postale « La Louvesc. Le mont Chaix (1 200 m d’altitude) », 29 juillet 1914.
49 Bulletin, 13-16 juillet 1902, « À travers la Corse », p. 125.
50 Idem, 1902, p. 123. L’auteur cite Jules Monod, auteur de La Corse pittoresque.
51 Idem, 11-18 mai 1913, p. 63.
52 AMM, 34 Fi 2712, carte postale « Piana. Calanques ».
53 Georges Aillaud, « De la nature méritée à la défense de l’identité provençale », Les Buveurs d’air, photographies des Excursionnistes marseillais, Marseille, Édisud-Archives de Marseille, 1999, p. 96.
54 Bulletin, 1902, p. 128.
55 Comme le montre la carte des prises de vues.
56 Bulletin, 1907, « Vals-les-Bains, défilé de Ruoms, Pont d’Arc », p. 40.
57 AMM, 33 Fi 2837, Anonyme, « Pont des Vivaraises ».
58 Idem, 35 Fi 665, A. Gamonet, « Privas, l’Ouvèze ».
59 Idem, 35 Fi 1224, E. Cornet, « Passage du Chassezac en bac » ; Idem, 35 Fi 1230, « Pont du Chambonas ».
60 Idem, 35 Fi 2327, H. Pérégrin, « Pont sur le Rhône » ; Idem, 35 Fi 2328.
61 Bulletin, 12 juillet 1902, p. 127.
62 Alain Corbin, Le territoire du vide. L’Occident et le désir de rivage (1750-1840), Paris, Aubier, 1988.
63 Jean-Noël Pelen, Anne-Marie Granet-Abisset, dir., « Le temps bricolé. Les représentations du Progrès (xixe-xxe siècles) », Le Monde alpin et rhodanien, 3/2001, 231 p.
64 Bulletin, 30-31 mars 1902, p. 91.
65 Idem, 15-16 mai 1910, p. 31.
66 Idem, 15-16 mai 1910, p. 29.
67 Journal La Corse, 1914, coll. siège de la SEM.
68 AMM, 33 Fi 2249, San-Martino-di-Lota, « Vue lointaine » ; Idem, 33 Fi 2247, « vue générale, cultures en terrasses » ; Idem, 33 Fi 2248, « rue du hameau de Muchieta ».
69 Bulletin, 1902, p. 91.
70 Idem, 1902, p. 91.
71 Idem, 1907, p. 38
72 Article Journal La Corse, 1914, déjà cité. Plusieurs clichés de la « rue du Colle » (AMM, 33 Fi 2239, 33 Fi 2240), de la « rue des Terrasses » (33 Fi 2241), de la « place du marché aux poissons » (33 Fi 2237) ou de la « place du Nouveau marché » (33 Fi 2237) illustrent cette réminiscence.
73 Bulletin, 15-16 mai 1910, p. 30.
74 Anne-Marie Granet-Abisset, « Retard et enfermement : érudits et historiens face aux sociétés alpines (xixe-xxe siècles), « Le temps bricolé. Les représentations du Progrès (xixe-xxe siècles) », Le Monde alpin et rhodanien, 3/2001, p. 62.
75 Bulletin, 13-16 juillet 1902, « À travers la Corse », p. 124.
76 AMM, 33 Fi 2257, « Environs de Bastia » ; Idem, 33 Fi 4624, « Tour de Porto ».
77 André Rauch, « Les vacances et la nature revisitée », dans Alain Corbin, op. cit. 1995, p. 97 ; AMM, E. Bellanger, 33 Fi 4114, « Tour génoise et chapelle », environs de Bastia.
78 Francis Pomponi, op. cit., p. 6-35.
79 AMM, 33 Fi 5926, « Vue générale », 33 Fi 5928 « Fontaine », 33 Fi 5927 « Pont et Université », 35 Fi 2154 « la gare ».
80 Bulletin, 13-16 juillet 1902, « À travers la Corse », p. 126.
81 Thomassina Campbell, Notes sur l’Île de Corse en 1869 dédiées à ceux qui sont à la recherche de la santé et du plaisir, Ajaccio, Impr Pomeani, 1872 (1re éd. 1868, Hatchard & Co).
82 AMM, 35 Fi 149, L. Baudeuf.
83 Idem, 35 Fi 2098, V. Huc. Dorothy Carrington évoque l’élégance des Ajacciennes, ne pouvant fréquenter les cafés, qui « se voyaient obligées de rechercher dans leurs promenades en ville les plaisirs de la vie en société », La Corse, Paris, Artaud, 1999, p. 15 (1re éd. Longman, Londres, 1971).
84 AMM, 35 Fi 2105, A. Cortès de Monroy, « Port d’Ajaccio ».
85 Le schéma pyramidal de la Société met en valeur le rôle du chef d’excursion, le devoir d’obéissance.
86 AMM, 35 Fi 2103, A. Cortès de Monroy.
87 Idem, 35 Fi 2315, B. Foucou. Les excurs admirent la statue de dame Vierne de Balazuc, bienfaitrice de la ville.
88 Bulletin, 1910, p. 28.
89 AMM, 34 Fi 2310, « Bourg-St-Andéol. Ancienne tour » ; Idem, 34 Fi 2311, « Tour Nicolas (xvie siècle) ».
90 Idem, 34 Fi 2355, carte postale, « St-Péray. Ruines du vieux château féodal de Crussol (xiie siècle) ».
91 Idem, 34 Fi 2688, carte postale, « Vizzavona (Corse) Hôtel Monte d’Oro » : « Tout ce pays est très beau et si les photographies que je récolte ça et là sont réussies, je me ferai un plaisir de faire aux Excursionnistes marseillais le commentaire de leurs projections pour partager avec eux les joies excursionnistes que nous éprouvons actuellement ».
Auteur
Aix-Marseille Université - CNRS, UMR 7303 Telemme
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