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Les fêtes en Provence autrefois et aujourd’hui

 | 
Régis Bertrand
, 
Laurent-Sébastien Fournier

Les fêtes autrefois et naguère

La charrette de Saint-Éloi dans les Bouches-du-Rhône du xviiie siècle à nos jours

Evelyne Duret

Texte intégral

  • 1 Pour des informations détaillées sur le déroulement et le contenu symbolique de ces fêtes vers 1990 (...)

1Aujourd’hui au nord-ouest des Bouches-du-Rhône, entre la Durance, le Rhône et la lisière méridionale des Alpilles, se déroulent chaque année, du 1er mai à la fin septembre, des fêtes remarquables axées sur la sortie d’une charrette garnie de végétaux, la carreto ramado (charrette ramée). Celle-ci est tirée par plusieurs dizaines de chevaux de labour attelés l’un derrière l’autre, portant des brides et des colliers colorés, décorés de broderies de laine, de plumes, de miroirs, de clochettes, type de harnachement dit à la sarrasine. Plus de vingt fêtes à charrette se succèdent ainsi selon un calendrier établi afin d’éviter tout chevauchement de date. Elles ont pour cadre quatorze communes, certaines – Saint-Rémy-de-Provence, Rognonas, Châteaurenard et Noves – pouvant s’enorgueillir d’en célébrer plusieurs. Il existe des charrettes de verdure, décorées surtout de branches d’arbres, et des charrettes maraîchères, plus imposantes mais moins mobiles, dont les fruits et légumes constituent l’essentiel de la garniture ; des charrettes qui se lancent dès la fin de la procession dans une course folle au rythme effréné du galop des chevaux, et d’autres qui ne font que marcher au pas des animaux qui les traînent ; des charrettes laïques, sans messe ni bénédiction, et des charrettes religieuses. Parmi ces dernières, des patronages également divers : saint Éloi mais aussi saint Roch, saint Jean, saint Amanet et le Bon Ange. Bien que chacune tende à reproduire fidèlement sa version de l’année précédente, les fêtes à charrette de la Provence rhodanienne sont en évolution permanente1. Depuis une vingtaine d’années, et en s’en tenant aux changements les plus évidents, la charrette « en courant » de la fête du vin à Saint-Rémy-de-Provence a été abandonnée tandis que sont apparues, ou réapparues, celles de Saint-Éloi dans la même commune ainsi qu’à Noves, de Saint-Roch à Aureille et de Saint-Amanet à Sénas.

  • 2 Comte [Christophe] de Villeneuve[-Bargemont], Statistique du département des Bouches-du-Rhône, Mars (...)
  • 3 Ces réponses ont été récemment publiées dans François Gasnault, Pierre Gombert, Félix Laffé et Jacq (...)

2Pour trouver dans l’histoire une source comparable à celle que l’observation représente pour l’ethnologue, il faut se projeter près de deux siècles en arrière, sous la Restauration, au moment où le comte de Villeneuve-Bargemont, préfet des Bouches-du-Rhône, rédige sa Statistique2. Les réponses des maires du département aux questionnaires qu’il leur adresse, dont trois envoyés en 1820, 1824 et 1825 portent plus spécialement sur les fêtes, constituent l’essentiel de sa documentation. Les informations d’un intérêt exceptionnel, de première main et le plus souvent détaillées qu’elles contiennent3 permettent de dresser un état des lieux précis. À leur lecture, deux constats s’imposent d’emblée : les charrettes rituelles existent déjà dans les années 1820 ; et elles sont toutes alors exclusivement dédiées à saint Éloi. Elles entrent donc dans le cadre des diverses manifestations du culte de ce saint vers lequel nous allons maintenant nous tourner. Je décrirai d’abord les pratiques marquantes attachées à la célébration de la Saint-Éloi dans l’ensemble du département telles que ses maires nous les donnent à voir, ceci dans le double objectif de montrer une complexité fréquemment gommée et d’évaluer l’éventuelle spécificité de la partie nord occidentale des Bouches-du-Rhône. J’aborderai dans un second temps la question de l’histoire des fêtes à charrette avant la Statistique de Villeneuve et celle de leur ancienneté. Je retracerai enfin brièvement l’évolution qui a conduit entre autres, dans la dernière partie du xixe siècle, à la perte par saint Éloi du monopole de la charrette.

La Saint-Éloi dans les Bouches-du-Rhône en 1820-18254

La grande fête des animaux

  • 5 Je prends en compte les Saint-Éloi d’Auriol, Châteaurenard et Cuges – non signalées dans l’ouvrage (...)

3Selon les réponses des maires des Bouches-du-Rhône au préfet Villeneuve, complétées par quelques indications fournies par la Statistique, la fête de la Saint-Éloi est attestée dans 76 des 106 communes qui composent alors le département5. Son absence est indiquée de façon explicite à la Barben, aux Baux, à Beaurecueil, Châteauneuf-le-Rouge, Lamanon et Saint-Estève-Janson. Nous n’avons par contre aucune information pour les 24 autres localités. La Saint-Éloi est, quoi qu’il en soit, très largement répandue. Elle se déroule parfois le 25 juin, date de la translation des reliques du saint, ou le dimanche suivant, mais le plus souvent après la fin des moissons, en juillet ou en août. Les responsables locaux notent sa vitalité et son éclat particuliers, et, signe de l’intérêt qu’ils lui portent, lui consacrent parmi les plus belles de leurs descriptions.

La Saint-Éloi dans les Bouches-du-Rhône en 1820-1825, d’après les réponses des maires à l’enquête du préfet Villeneuve.

La Saint-Éloi dans les Bouches-du-Rhône en 1820-1825, d’après les réponses des maires à l’enquête du préfet Villeneuve.
  • 6 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 243.

4La Saint-Éloi, lit-on dans la Statistique, se célèbre « dans quelques lieux avec un éclat qui efface celui de la fête communale6 ». A priori fête de confrérie professionnelle, elle déborde sur l’ensemble de la population à tel point que les maires ne prennent pas toujours la peine d’indiquer quel est le métier qui l’organise. Lorsqu’ils le font, il s’agit des agriculteurs ou des ménagers, les deux termes désignant au xixe siècle la catégorie la plus riche des gens de la terre, propriétaires ou fermiers importants (19 communes) ; des métiers des métaux et du cuir : orfèvres, serruriers, maréchaux-ferrants, forgerons, bourreliers (7 communes) ; et des charretiers ou des muletiers (2 communes). L’activité de la plupart des professions impliquées dépend directement ou indirectement des animaux. La fête touche non seulement les membres de la confrérie organisatrice, mais aussi les autres propriétaires ou utilisateurs de bêtes de somme ou de trait, nombreuses à cette époque non encore mécanisée à participer aux travaux des hommes : agriculture (labour, dépiquage) et transport de personnes et de marchandises. Les bêtes des confrères sont à l’honneur, elles portent les plus beaux harnachements, marchent devant dans les défilés et les processions, tirent la charrette quand charrette il y a. Toutefois l’ensemble des animaux est béni, défile et peut participer aux courses. Il s’agit la plupart du temps d’équidés, ânes, mulets et chevaux, mais il y a des exceptions. À Fos il est question de « rosses » et de « bœufs », c’est-à-dire de chevaux et de taureaux camarguais alors employés, non sans difficulté et pour peu de temps encore, aux travaux agricoles. À Eyguières, le matin du jour de la fête, le curé bénit « tous les mulets, chevaux, ânes et bœufs ».

5Il existe bien dans les Bouches-du-Rhône, en dehors de la Saint-Éloi, quelques occasions de rites destinés à protéger les bêtes. Mais saint Éloi n’a pas dans ce domaine de véritable rival. Sa fête est la grande fête des animaux et leur bénédiction sa raison d’être première. Quasiment incontournable, elle est générale dans l’ensemble du département. La mise aux enchères de pièces de harnachement et (ou) de la bannière du saint ainsi que la course d’une charrette garnie de végétaux, usages eux aussi très spécialement associés à la Saint-Éloi, ne concernent par contre que quelques localités.

L’honneur mis aux enchères

  • 7 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 245.

6La mise aux enchères de la bannière (ou, à Aix, du pavillon) de saint Éloi et de pièces de harnachement n’est signalée que dans dix communes situées essentiellement dans les environs d’Aix et de Marseille (voir carte page précédente). Dans cinq d’entre elles, les deux types d’objets sont mis à prix, ailleurs il n’est question que d’éléments de harnais. Le pavillon à Aix et la bannière à la Penne et à Vauvenargues sont appelés « gaillardet », tandis qu’à Mallemort ce mot à définition variable, comme le souligne opportunément une note de la Statistique7, désigne le cercle auquel sont suspendues les brides proposées à la convoitise des habitants.

7Si les gagnants entrent en pleine possession des pièces de harnachement, ils ne sont en revanche que les dépositaires temporaires de la bannière, la même étant chaque année mise à l’encan. Le maire de Pélissanne indique que c’est « l’honneur de porter la bannière et les guidons à la procession qui est mis à prix ». De même à Vauvenargues pour le défilé : après la bénédiction des animaux, « on fait le tour du village et personne ne doit devancer celui qui porte la bannière ». C’est lui aussi « qui règle la longueur du chemin que doivent parcourir les mulets » pendant la course. Le désir est tel à la Penne de brandir le gaillardet que les marguilliers en tirent un double profit : moyennant une somme destinée à l’église, ils le remettent tout d’abord à la jeunesse qui le porte en triomphe pendant les danses ; après quoi ils le mettent aux enchères. Le gagnant conserve la bannière jusqu’à l’année suivante, et « la croyance vulgaire est que le quartier qui possède le gaillardet est préservé des maladies auxquels [sic] sont assujettis les animaux ».

  • 8 Mourraou, moureau : sac ou filet en sparterie suspendu à la tête des animaux et dans lequel on met (...)

8Effectivement, y compris pour les brides, mourraou8, têtières ou sous-gorges dont on orne immédiatement les animaux, c’est avant tout un ou des honneurs, variables selon les lieux, qui se disputent à ces moments-là. À la Fare, avant la Révolution, et encore une dernière fois en 1807 :

Dans l’intérêt du saint, [les prieurs] mettaient aux enchères des objets préposés à l’harnachement des mulets, soit une bride ornée de pompons, une sous-gorge remplie de grelots et le plus offrant était proclamé l’abat. Il parait sa monture de l’objet qu’il avait bien payé et marchait en tête du cortège. Après les courses, il était reconduit chez lui par la cavalerie entière ; et la fête se terminait par un repas qu’il payait le soir à ses compagnons.

  • 9 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 244-245.
  • 10 Abat, capitaine, enseigne : officiers nommés annuellement chargés de l’organisation de la fête. Ces (...)

9À Auriol dans les années 1820, selon la Statistique9, les deux hommes qui remportent les mourraou sont nommés l’un capitaine, l’autre son enseigne10. À Rognes en 1825, la mise aux enchères de « deux brides élégantes ou deux moureaux bien décorés » permet de désigner les chevaux qui marcheront en tête de la procession. Ces honneurs coûtent cher. Ainsi, à Peyrolles :

On adjuge à l’encan une partie de harnais telle que têtière, mourraou, bride, etc., ornés de force sonnettes et morceaux de miroir. Chacun tenant à honneur d’en faire l’acquisition pour en parer sa monture, on voit souvent ces bagatelles monter à un prix fou ; l’argent en provenant sert à défrayer les prieurs de Saint-Éloi (ce sont les commissaires de la fête) des dépenses occasionnées par les danses et l’achat des prix destinés aux vainqueurs des différents jeux.

  • 11 Maurice Agulhon, Pénitents et francs-maçons de l’ancienne Provence, Paris, Fayard, 1968, p. 83.

10Selon Maurice Agulhon, l’éclat de la Saint-Éloi, fête « large, rustique, euphorique, cossue11 », dépend du nombre et des revenus des confrères organisateurs et des habitants. Et à sa pompe participe évidemment la splendeur des harnachements que portent les animaux, coûteux chefs-d’œuvre d’artisanat.

Saint Éloi et sa charrette

  • 12 Les réponses des maires concernant les fêtes de Châteaurenard et Mollégès ont été égarées.
    Cependan (...)

11L’intervention dans le cérémonial d’une charrette garnie de végétaux est mentionnée dans treize communes, nombre que certains indices fournis par la Statistique semblent autoriser à porter à quinze12 (voir carte page 69). Elles sont rassemblées dans le nord-ouest du département et toutes organisées par les ménagers. La charrette de Saint-Éloi ne porte aucun nom particulier excepté à Maillane où le maire, francisant le provençal carreto ramado, parle de la « carrette ramade ». Elle est garnie de branches d’arbres, saule à Boulbon, peuplier à Eyragues, orme à Maillane, la verdure étant à Orgon agrémentée de guirlandes. Sur la charrette, outre l’homme qui, à l’avant, tient les rênes du cheval attelé entre les brancards, prennent place des musiciens, tambours et fifres ou simplement tambours, ainsi que, à Sénas, les prieurs de la confrérie de Saint-Éloi. Elle est tirée par des mules et des mulets, auxquels s’ajoutent parfois des chevaux. Le nombre des animaux varie de trois ou quatre à Boulbon à cinquante ou soixante à Barbentane ou Rognonas, la moyenne étant d’une vingtaine.

  • 13 Sur les jeux gymnastiques et les courses d’animaux qui en font partie, voir Laurent-Sébastien Fourn (...)

12Les courses d’animaux qui marquent la Saint-Éloi constituent l’attraction la plus attendue par les participants et les spectateurs qui applaudissent aux exploits des cavaliers et se réjouissent de leurs chutes. Certaines se déroulent par catégories d’animaux – ânes, mulets, chevaux – dans le cadre des jeux gymnastiques organisés dans un certain nombre de localités13 un peu partout dans le département. Elles sont relativement codifiées, avec un point de départ et une ligne d’arrivée, et les vainqueurs reçoivent en prix des objets parmi lesquels, encore, des pièces de harnachement. À l’est et au centre des Bouches-du-Rhône, il est aussi question de courses plus débridées, désordonnées et dangereuses. Mais les plus spectaculaires sont, à l’ouest, les courses de charrettes tirées au grand galop par leurs flèches de bêtes dans les rues des villages et les chemins de campagne. La violence de la course de la charrette est d’autant plus impressionnante qu’elle explose immédiatement après la procession à laquelle elle a participé. Toutes les charrettes courent, sauf peut-être celle de Fontvieille. Et si la course se déroule dans un temps et un espace relativement établis, elle est avant tout régie par la volonté de pousser à coups de fouet les animaux au maximum de leur vitesse et de leurs forces. À Maillane :

Lorsque la bénédiction des bestiaux a été faite, la charrette suit la procession à pas lents. Mais dès que cette procession est finie, chacun s’empresse de fouetter. La charrette vole par les rues. On va, on vient et l’on revient à plusieurs reprises, toujours en galopant, jusqu’à tant que gens et bêtes se trouvent accablés de fatigue et de lassitude.

  • 14 Réponse du maire d’Eygalières, 1820.

13La charrette court « tambour battant », écrit le maire de Sénas, et c’est au sens propre du terme : les roulements des tambours, sous les branchages de la charrette, encouragent et dramatisent l’action. À Eygalières, les cavaliers font des acrobaties sur leurs bêtes. À Boulbon et Sénas, les animaux qui n’ont pas eu l’honneur d’être attelés à la charrette courent avec elle, ajoutant à la confusion et au danger. Elle roule pendant plusieurs heures, deux à trois à Sénas, « les trois-quarts de la journée » à Maillane. Malgré la croyance selon laquelle « à la charrette de Saint-Éloi il n’y a rien à craindre14 » et les remarques rassurantes de certains responsables municipaux, des accidents graves ne manquent pas, bien sûr, de se produire.

Le nord-ouest des Bouches-du-Rhône, un espace singulier

  • 15 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 245-246.
  • 16 Sur les erreurs et approximations commises par les rédacteurs de la Statistique, voir Régis Bertran (...)

14La comparaison entre les informations apportées par les maires des Bouches-du-Rhône et par la Statistique qui est censée en faire la synthèse laisse apparaître un certain nombre de contradictions ou d’approximations. C’est ainsi que la Statistique associe dans la célébration de la Saint-Éloi dans le troisième arrondissement, partie occidentale du département, la mise aux enchères du gaillardet, qui permet de désigner le capitaine et son lieutenant pour la prochaine fête, et la course de la charrette15. Or les maires de l’espace concerné ne font état d’aucune mise aux enchères, et ils ne parlent pour la fête en question ni de capitaine ni de lieutenant, mais seulement des prieurs de la confrérie. Il s’agit là selon toute probabilité de la création d’une Saint-Éloi bucco-rhodanienne idéale, réunissant deux usages spectaculaires qui dans la réalité se côtoient sans jamais se superposer16.

  • 17 Les Saint-Éloi de Berre, Meyrargues et Septèmes, dans l’arrondissement d’Aix (2e arrondissement), b (...)

15La Saint-Éloi dans le département a en effet deux visages. Au centre et à l’est, les membres des confréries organisatrices ont tendance à s’effacer derrière les animaux de l’ensemble de la population. Les seules professions citées sont les charretiers à Auriol, les muletiers à Cassis et les ménagers à Berre, Meyrargues et Septèmes. D’autre part la fête est marquée dans certaines des communes des environs d’Aix et de Marseille par la mise aux enchères de la bannière du saint et de pièces de harnachement. À l’ouest au contraire les métiers organisateurs sont fréquemment et précisément identifiés ; ici apparaissent les professions les plus anciennement placées sous la protection de saint Éloi, orfèvres et maréchaux-ferrants, et se concentrent les riches agriculteurs appelés ménagers qui garnissent et font courir chaque année une charrette de verdure17. L’enjeu de la manifestation n’est à l’évidence pas le même dans les différentes parties du département.

  • 18 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 239.
  • 19 Mouriès, Arles et Tarascon fêtent saint Éloi mais sans charrette.
  • 20 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 228.

16La singularité du triangle de terres délimité par le Rhône, la Durance et la lisière sud des Alpilles s’accentue lorsque, puisant toujours dans les réponses des maires, l’on prend en compte deux marqueurs supplémentaires : l’offrande de l’agneau par les bergers à l’occasion de Noël et les courses de taureaux camarguais. Les douze offrandes de l’agneau signalées, actives ou disparues, concernent toutes des communes avec charrette de Saint-Éloi, celle des Baux faisant seulement exception : le village ne fête pas saint Éloi et en 1825 l’offrande de l’agneau elle-même n’a pas eu lieu depuis 1818. Quant aux courses de taureaux, si l’on met de côté le combat de dogues et de taureaux organisé l’année suivante à Marseille18, on les trouve également toutes dans le troisième arrondissement, à Arles, Tarascon, Eyragues, Mouriès et Maussane, sans qu’ici toutefois la coïncidence géographique avec les charrettes de Saint-Éloi soit exacte19. À cette trilogie animale et festive – cheval, mouton et taureau – s’ajoute, si l’on en croit la Statistique, la bénédiction de la bûche de Noël, encore « en usage dans tout le troisième arrondissement et seulement dans quelques communes des deux autres20 ».

L’inconnu des origines

Ce qu’en disent les maires de la Restauration

17Dans sa lettre du 30 juin 1820 adressée aux maires du département, le préfet Villeneuve indique que, concernant les fêtes et les cérémonies se déroulant dans chaque commune, il

  • 21 Félix Laffé, « Les réponses au préfet et leurs auteurs », dans F. Gasnault, P. Gombert, F. Laffé et (...)

désire connaître leur origine et la cause qui les a créées, la manière dont on les célèbre, et les divers jeux ou divertissements qui se pratiquaient avant 1789, à quelle époque de la Révolution elles ont été rétablies, et vous ferez connaître s’il y a quelque différence dans la manière dont on renouvelle ces fêtes chaque année21.

18Les réponses sont le plus souvent décevantes. Concernant la fête de Saint-Éloi, les autorités locales avouent ignorer quelle est son origine ou bien elles se bornent à affirmer l’ancienneté d’une célébration qui existe « depuis un temps immémorial ». Le maire de Beaurecueil, petit village proche d’Aix, explique la disparition récente de la fête dans sa commune par l’appauvrissement des habitants : « aujourd’hui, vu le peu d’aisance des habitants, on ne fait plus rien ».

19À Rognes, pour la même raison, les gains rapportés par la mise aux enchères de pièces de harnachement ont chuté : « anciennement et lorsque les récoltes étaient plus abondantes, le prix de ces objets montait par la chaleur des enchères cinquante fois plus haut que leur prix d’achat ». La déflagration de 1789 revient souvent dans les propos : soit, dit-on, elle n’a rien changé ; ou bien elle a interrompu la fête qui a repris ensuite comme si rien ne s’était passé ; ou encore elle est à l’origine de la disparition d’usages le plus souvent religieux. La seule donnée précise sur l’histoire d’une Saint-Éloi à charrette, en dehors de la disparition depuis la Révolution de la procession à Orgon, concerne la commune de Fontvieille au sud des Alpilles : la fête « date depuis environ 1766, époque où il fut construit une chapelle en la mémoire de saint Éloi. Depuis lors les agriculteurs célèbrent la fête de ce saint, le prenant pour protecteur, avec la plus grande solennité ». Mais rien ne permet d’affirmer que le rituel de la charrette ait été associé à la célébration dès sa création.

Les visites pastorales

  • 22 Jean-Louis Ichartel, Confréries et associations dans la région de Barbentane (xviiie siècle-1830), (...)
  • 23 Les visites pastorales des paroisses dépendant de l’archevêché d’Arles sont conservées aux Archives (...)

20Les sources d’Ancien Régime ne sont à ma connaissance pas beaucoup plus bavardes que les écrits des maires de la Restauration. À proximité immédiate de la zone des charrettes, la confrérie de Saint-Éloi d’Avignon aurait été créée en 1373. À l’intérieur de cette zone, celle de Graveson aurait dès le xve siècle rassemblé les maréchaux-ferrants et celle de Maillane serait née dans la première moitié du xviie siècle22. Les visites pastorales consultées à partir de 1671 pour l’évêché d’Arles et de 1692 pour celui d’Avignon reflètent la présence importante du culte de saint Éloi23. Des chapelles, des autels lui sont consacrés et des confréries placées sous son patronage attestées dans diverses paroisses : dans la dernière partie du xviie siècle à Maillane, Barbentane, Eyguières, Saint-Rémy, Eyragues, Graveson, probablement à Rognonas et Eygalières ; au xviiie siècle à Noves, Graveson, Maillane, Fontvieille et sans doute à Châteaurenard, où une chapelle est dédiée au saint. Lorsque la composition de ces confréries est indiquée, les ménagers sont au xviie siècle présents mais aux côtés d’autres professions. La confrérie de Maillane est la seule sur laquelle ils ont, dès 1671, l’entière mainmise. Au siècle suivant par contre elles sont toutes composées uniquement de ces paysans aisés. Les paroisses renseignées ne sont pas exactement les mêmes pour les deux périodes. Il semble bien pourtant que l’on assiste ici à la prise en mains progressive de la confrérie de Saint-Éloi par les seuls ménagers, préalable à l’apparition des charrettes festives, dans le courant peut-être de la première moitié du xviiie siècle. Mais aucune des visites pastorales ne permet de confirmer cette hypothèse. Les allusions aux manifestations strictement religieuses de la Saint-Éloi elles-mêmes y sont rares : la demande d’autorisation en 1777 par les ménagers de Fontvieille d’organiser une procession fait ainsi figure d’exception.

La Description de Claude-François Achard

  • 24 Claude-François Achard, Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, v (...)

21Les sources interrogées ne signalent finalement aucune charrette de Saint-Éloi avant 1787-1788 et la parution de la Description historique de Claude-François Achard. Dépendant d’un réseau inégal d’informateurs son travail n’est pas exhaustif mais il porte sur un territoire large, incluant l’ensemble de la Provence et le Comtat Venaissin. Sur les douze fêtes de la Saint-Éloi dont il fait état, sept sont situées dans l’espace qui deviendra le département des Bouches-du-Rhône, dont deux dans le nord-ouest : à Maillane et Châteaurenard la fête est organisée par les ménagers qui font courir une charrette24. Garnie de « feuilles », tirée par plusieurs dizaines de chevaux, celle de Maillane court jusqu’à Graveson et Eyragues, villages voisins respectivement distants de trois et six kilomètres. Attelée à « plusieurs coursiers », celle de Châteaurenard évoque, dans l’esprit d’Achard, les jeux olympiques.

22Ce sont les seules charrettes des Saint-Éloi attestées par Achard qui cependant décrit une troisième charrette rituelle à Pernes, dans le Comtat Venaissin. Ici, le 1er mai, se déroule depuis « un temps immémorial » la fête du carri. Bien que sans relation avec saint Éloi, ni même apparemment avec aucun autre saint, sa ressemblance avec les fêtes à charrette observées au sud de la Durance est frappante :

  • 25 C.-F. Achard, Description historique géographique et topographique, op. cit., t. II, p. 212-213. L’ (...)

Le Carri est une Charrette tapissée, & trainée par vint ou trente mulets appartenans à différents Ménagers de la Paroisse, sur chacun desquels se trouve monté le propriétaire du mulet. Dans cette Charrette on y place la symphonie, & sur le devant un Ménager qu’on appelle le Roi : il a une Couronne sur la tête & un sceptre à la main, il est assis dans une espèce de fauteuil avec son Lieutenant à côté. On va dans cet équipage, précédé de tambours, de fifres, dans différentes rues et même hors de la Ville25.

  • 26 Maxime Pazzis, Mémoire statistique sur le département de Vaucluse, Carpentras, D. G. Quenin, 1808, (...)

23Vingt ans plus tard Maxime Pazzis, dans son Mémoire statistique sur le département de Vaucluse, s’attarde à son tour sur cette fête26. Les mulets sont couverts « de riches tapis, de belles plumes & de rubans de toutes les couleurs » ; le carri est orné de rideaux de filoselle (tissu de soie grossière) et de branches de peuplier, et il court.

Le recul de saint Éloi (dernier quart du xixe-xxie siècles)

24Entre la Restauration et l’époque contemporaine, l’aire d’extension des charrettes rituelles dans les Bouches-du-Rhône a très peu évolué. Par contre leur nombre a augmenté et elles se sont étonnamment diversifiées. Quand et comment les charrettes, dans les années 1820 toutes religieuses et vouées au même saint, organisées par les ménagers, garnies de verdure et courant, ont-elles acquis la variété qu’elles présentent aujourd’hui ?

  • 27 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. II, p. 1068
  • 28 F. Gasnault, P. Gombert, F. Laffé et J. Ursch, dir., Récits de fête en Provence au xixe siècle, op. (...)

25Déjà, au moment où le préfet Villeneuve prépare sa Statistique, la Saint-Éloi n’est pas simplement dans le nord-ouest du département la fête brillante d’une confrérie professionnelle, occasion de manifestations importantes centrées sur les bêtes de somme et de trait. Elle est un événement ostentatoire, le moment chaque année renouvelé pour les agriculteurs les plus riches d’étaler leur réussite et de rappeler leur pouvoir. Il est à noter que, dans les réponses des maires, les indications concernant le prix exorbitant des harnachements concernent ceux que portent les animaux attelés aux charrettes de Maussane et de Saint-Andiol, animaux appartenant aux ménagers. Les catégories plus modestes de gens de la terre fêtent d’autres saints, plus discrètement et sans charrette : les jardiniers de Châteaurenard célèbrent sainte Madeleine27, les vignerons d’Eyguières et les « travailleurs à la journée » de Maillane saint Marc, « les vignerons ou paysans » de Boulbon saint Roch28.

  • 29 J.-L. Ichartel, Confréries et associations, op. cit., p. 105.
  • 30 Arch. com. de Châteaurenard, D 3, arrêté municipal du 26 messidor an 5.
  • 31 Lettre anonyme non datée (entre 1804 et 1808). Arch. dép. des Bouches-du-Rhône, 2 M 192.

26De plus le processus de politisation des associations et des fêtes, dont les premières manifestations ont éclaté pendant la Première République, est déjà enclenché. Les confréries de Saint-Éloi ont obéi avec une mauvaise volonté flagrante à l’interdiction des congrégations et des confréries par la loi du 18 août 1792 et elles se sont rapidement reconstituées au début du xixe siècle, dès 1800 à Eyragues, 1802 à Graveson, 1804 à Maillane29… Quant à celle de Rognonas, elle a en 1796 nommé ses marguilliers et l’on peut se demander si elle a vraiment été dissoute : les habitants du village refusent le 3 juillet de cette année-là de se rendre à Châteaurenard, chef-lieu du canton, pour célébrer la fête républicaine de l’Agriculture et, malgré l’interdiction de la municipalité, ils font courir la charrette de Saint-Éloi30. Un deuxième exemple de la résistance politique qui se cristallise sur la charrette nous est donné sous le Premier Empire : l’auteur anonyme d’une lettre se plaint d’un nommé Muratory, adjoint au maire de Châteaurenard, qui a, entre autres méfaits, empêché « dernièrement la continuation de la course d’une charrette trainée par une vingtaine de mules, selon un vieux usage, parce qu’on refusa de faire le tour de l’arbre de la liberté31… ».

Charrettes rituelles dans le nord-ouest des Bouches-du-Rhône en 2008.

Charrettes rituelles dans le nord-ouest des Bouches-du-Rhône en 2008.
  • 32 Abbé G. Bard, La confrérie de Saint-Éloi à Rognonas, Villedieu, Société de la Bonne Presse du Midi, (...)
  • 33 Information orale de Gilbert Brocarel, Châteaurenard.

27Au sein des confréries le regroupement des travailleurs de la terre par affinités socio-économiques fait progressivement place au cours du xixe siècle, au gré des revirements du pouvoir central, à des rapprochements d’ordre idéologique. La tendance va s’amplifiant, avec pour conséquence sous la IIIe République la perte par saint Éloi de l’exclusivité du patronage des fêtes à charrette. Dans deux communes en effet les conflits politiques locaux se traduisent par l’apparition, face à la charrette conservatrice de Saint-Éloi, d’une deuxième charrette dédiée à un autre saint : il s’agît à Rognonas, à partir de 188132, de la charrette royaliste de Saint-Roch ; et à Châteaurenard, vers la même époque, de celle, républicaine, de Sainte-Madeleine33. Saint Éloi est attaqué sur ses deux bords et, pour se démarquer clairement des charrettes de verdure courant en son honneur, les nouvelles charrettes se couvrent de fruits et de légumes à l’image de la campagne environnante elle aussi en pleine transformation. Plus lourdes, elles ne courent pas. C’en est fini du monopole d’Éloi comme de la suprématie des ménagers, attachés à la culture extensive des céréales, aussi bien dans la société rurale que dans la fête. La région est maintenant reliée au réseau ferroviaire, l’irrigation se développe. Les jardiniers et les cultures maraîchères repoussent inexorablement les ménagers et leurs champs de blé vers le plateau de la Petite Crau et le piémont des Alpilles.

  • 34 Évelyne Duret, « Les charrettes festives en Provence rhodanienne », op. cit., p. 48-51.

28La séparation des Églises et de l’État en 1905, en déclenchant l’apparition de charrettes laïques, va bientôt donner le signal d’une autre étape importante de la diversification du cérémonial. Plus tard viendront le choc de la mécanisation, la chute du nombre des animaux de trait et de charge et, faute de mulets et de chevaux, l’interruption des fêtes à charrette dans plusieurs localités ; puis le sursaut traditionaliste des années 1970 et l’ouverture des associations organisatrices aux non-agriculteurs et aux nouveaux résidents34. L’ensemble rituel que constituent les fêtes à charrette de la Provence rhodanienne a su, grâce en particulier aux fortes potentialités symboliques de la charrette elle-même, s’adapter aux bouleversements de tous ordres de son contexte. Un temps en danger, il a aujourd’hui retrouvé sa vitalité tout en préservant sa cohérence. De treize ou quinze dans les années 1820, le nombre des fêtes à charrettes est passé à vingt et une en 2008. Proportionnellement, malgré quelques récentes mais timides avancées, saint Éloi a perdu beaucoup de terrain. Dix charrettes, soit près de la moitié, n’en demeurent pas moins fidèles à son patronage.

29La description par Claude-François Achard à la fin du xviiie siècle et Maxime Pazzis au début du siècle suivant de la fête du carri à Pernes appelle une dernière remarque. En raison d’une mise en valeur du sol comparable à celle du Comtat Venaissin, les géographes contemporains appellent « Comtat des Bouches-du-Rhône » la région limitée par le Rhône, la Durance et les Alpilles. Elle présente effectivement avec l’actuel département de Vaucluse au moins autant de similitudes qu’avec le reste de celui des Bouches-du-Rhône. Et l’étude ethno-historique des charrettes festives, profondément ancrées dans l’économie et la société agricoles, gagnerait probablement à s’ouvrir vers les terres qui s’étendent sur l’autre rive de la Durance.

Notes

1 Pour des informations détaillées sur le déroulement et le contenu symbolique de ces fêtes vers 1990, voir Évelyne Duret, « Les charrettes festives en Provence rhodanienne. Variations d’un rite et de son espace de référence du xviiie au xxe siècle », Le monde alpin et rhodanien, 1993/1-2, p. 35-44 et 51-61.

2 Comte [Christophe] de Villeneuve[-Bargemont], Statistique du département des Bouches-du-Rhône, Marseille, impr. d’A. Ricard, 1821-1829, 4 tomes et 1 atlas.

3 Ces réponses ont été récemment publiées dans François Gasnault, Pierre Gombert, Félix Laffé et Jacqueline Ursch, dir., Récits de fête en Provence au xixe siècle. Le préfet statisticien et les maires ethnographes, Marseille, Archives départementales des Bouches-du-Rhône/Milan, Sivana Editoriale, 2010.

4 Toutes les informations données ci-après pour 1820 et 1825 sont, sauf mention contraire, tirées des réponses des maires aux questionnaires du préfet Villeneuve publiées par ordre alphabétique de commune dans F. Gasnault, P. Gombert, F. Laffé et J. Ursch, dir., Récits de fête en Provence au xixe siècle, op. cit., p. 98-387.

5 Je prends en compte les Saint-Éloi d’Auriol, Châteaurenard et Cuges – non signalées dans l’ouvrage ci-dessus car nous n’avons pas les réponses des maires des deux premières localités au questionnaire détaillé de 1825 et le maire de Cuges n’en dit rien – mais que mentionne par contre C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. II, p. 1068 (Châteaurenard) ; t. III, p. 244 (Auriol) et 245 (Cuges).

6 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 243.

7 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 245.

8 Mourraou, moureau : sac ou filet en sparterie suspendu à la tête des animaux et dans lequel on met de l’avoine ou du foin.

9 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 244-245.

10 Abat, capitaine, enseigne : officiers nommés annuellement chargés de l’organisation de la fête. Ces charges sont également financières et honorifiques.

11 Maurice Agulhon, Pénitents et francs-maçons de l’ancienne Provence, Paris, Fayard, 1968, p. 83.

12 Les réponses des maires concernant les fêtes de Châteaurenard et Mollégès ont été égarées.
Cependant les rédacteurs de la Statistique du département des Bouches-du-Rhône font état dans les notices communales (parues dans le t. ii, p. 1068 et 1119) de l’existence dans ces deux localités de la célébration de la Saint-Éloi avec des particularités qui devraient être décrites dans le tome suivant, consacré au département dans son ensemble. Mais pour aucun des cas la promesse n’a été tenue.

13 Sur les jeux gymnastiques et les courses d’animaux qui en font partie, voir Laurent-Sébastien Fournier, « Courir, sauter, lutter. Jeux et réjouissances profanes des fêtes provençales (1820-1825) », dans F. Gasnault, P. Gombert, F. Laffé et J. Ursch, dir., Récits de fête en Provence au xixe siècle, op. cit., p. 53-65.

14 Réponse du maire d’Eygalières, 1820.

15 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 245-246.

16 Sur les erreurs et approximations commises par les rédacteurs de la Statistique, voir Régis Bertrand, « Une source d’exception sur la vie sociale et religieuse de la Restauration », dans F. Gasnault, P. Gombert, F. Laffé et J. Ursch, dir., Récits de fête en Provence au xixe siècle, op. cit., p. 91-93 et aussi sa présentation de « Les statistiques du Sud-Est. Décrire un espace et la vie de ses habitants », Provence historique, t. LXII, fasc. 249, 2012, p. 299-303

17 Les Saint-Éloi de Berre, Meyrargues et Septèmes, dans l’arrondissement d’Aix (2e arrondissement), bien qu’également organisées par les ménagers, ne donnent pas lieu à la sortie d’une charrette.

18 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 239.

19 Mouriès, Arles et Tarascon fêtent saint Éloi mais sans charrette.

20 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. III, p. 228.

21 Félix Laffé, « Les réponses au préfet et leurs auteurs », dans F. Gasnault, P. Gombert, F. Laffé et J. Ursch, dir., Récits de fête en Provence au xixe siècle, op. cit., p. 41.

22 Jean-Louis Ichartel, Confréries et associations dans la région de Barbentane (xviiie siècle-1830), mémoire de maîtrise, Faculté des lettres d’Aix-en-Provence, 1970, p. 31.

23 Les visites pastorales des paroisses dépendant de l’archevêché d’Arles sont conservées aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône à Marseille et aux Archives communales d’Arles. Concernant les paroisses dépendant de l’archevêché d’Avignon, elles sont conservées aux archives départementales du Vaucluse à Avignon.

24 Claude-François Achard, Description historique, géographique et topographique des villes, bourgs, villages et hameaux de la Provence ancienne et moderne, du Comté-Venaissin, de la Principauté d’Orange, du Comté de Nice, etc., pour servir de suite au Dictionnaire de la Provence, Aix-en-Provence, P.-J. Calmen, 1787-1788, t. I, p. 453 (Châteaurenard), t. II p. 6 (Maillane).

25 C.-F. Achard, Description historique géographique et topographique, op. cit., t. II, p. 212-213. L’orthographe du texte original a été respectée.

26 Maxime Pazzis, Mémoire statistique sur le département de Vaucluse, Carpentras, D. G. Quenin, 1808, p. 54-55.

27 C. de Villeneuve, Statistique du département des Bouches-du-Rhône, op. cit., t. II, p. 1068

28 F. Gasnault, P. Gombert, F. Laffé et J. Ursch, dir., Récits de fête en Provence au xixe siècle, op. cit., notices, réponses des maires de Boulbon et Maillane.

29 J.-L. Ichartel, Confréries et associations, op. cit., p. 105.

30 Arch. com. de Châteaurenard, D 3, arrêté municipal du 26 messidor an 5.

31 Lettre anonyme non datée (entre 1804 et 1808). Arch. dép. des Bouches-du-Rhône, 2 M 192.

32 Abbé G. Bard, La confrérie de Saint-Éloi à Rognonas, Villedieu, Société de la Bonne Presse du Midi, 1919, p. 14., et informations orales de Nelly Peyrussan et Yves Pauleau, Rognonas.

33 Information orale de Gilbert Brocarel, Châteaurenard.

34 Évelyne Duret, « Les charrettes festives en Provence rhodanienne », op. cit., p. 48-51.

Table des illustrations

Titre La Saint-Éloi dans les Bouches-du-Rhône en 1820-1825, d’après les réponses des maires à l’enquête du préfet Villeneuve.
URL http://books.openedition.org/pup/docannexe/image/15272/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 82k
Titre Charrettes rituelles dans le nord-ouest des Bouches-du-Rhône en 2008.
URL http://books.openedition.org/pup/docannexe/image/15272/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 60k

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