Conclusion de la première partie
p. 103-104
Texte intégral
1La description des bâtiments, de la direction et des finances, nous permet à présent de situer le cadre dans lequel les malades sont accueillis. Au cours de l’Ancien Régime, les bâtiments subissent plusieurs transformations liées au manque de place et l’hôpital fait face à d’importants problèmes financiers. Toutefois, son administration fait preuve d’une grande stabilité : malgré les erreurs de gestion, la direction de l’hôpital reste entièrement confiée aux recteurs.
2Au cours du temps, l’hôpital fait l’objet de nombreuses transformations sur le plan architectural. Trois grandes phases de travaux ont pu être déterminées. Grâce à la première, entreprise à la fin du xvie siècle, l’hôpital dispose d’une nouvelle église et d’un nouveau bâtiment. La seconde a lieu entre 1692 et 1698 : l’hôpital s’étend alors vers l’est et le nord et de nouvelles salles pour les malades sont aménagées. Enfin, la troisième phase, débutée en 1753 et restée inachevée à la date où s’arrête notre étude, donne un aspect différent à l’hôpital en ajoutant aux vieux bâtiments trois nouvelles ailes orientées au nord, reliées à un bâtiment longitudinal orienté est-ouest.
3L’administration de l’hôpital a toujours été confiée à une équipe de recteurs laïcs choisis par le Conseil de ville. En tant que recteurs nés, les échevins et l’évêque ont un droit de regard sur le fonctionnement de l’établissement et exercent sur lui un certain contrôle. Concernant les recteurs élus, comme dans la majorité des hôpitaux du Royaume, leur participation à la gestion de l’hôpital est un devoir social progressivement imposé par les anciens recteurs à ceux qu’ils ont choisis pour leur succéder. Les sacrifices imposés par la fonction (en termes de temps et d’argent) constituent sans doute un frein à l’accession au poste de recteur. Toutefois, ces sacrifices ne sont pas vains : ils sont souvent un préalable à la fonction d’échevin.
4L’étude des finances montre que l’hôpital a longtemps fonctionné essentiellement grâce aux dons et aux prêts. Ce n’est qu’à la suite de la crise des créanciers, en 1760, que le mode de financement se modifie. Les emprunts sont remplacés par les subventions des autorités. Cette crise est le détonateur qui fait éclater les problèmes de l’établissement. Depuis la fin du xviie siècle, les dépenses de l’hôpital n’ont cessé de croître ; principalement en raison de l’augmentation du nombre de malades et d’enfants reçus. Le Conseil de ville accorde plusieurs fois des secours à l’hôpital, mais il ne lui donne jamais tout l’argent que les recteurs réclament. Ceux-ci n’ont alors pas d’autre choix que de recourir à l’emprunt. Or, plus les années avancent, plus les besoins en argent augmentent, et plus les sommes empruntées et les intérêts s’accroissent. Toutefois, l’hôpital réussit toujours à équilibrer ses comptes : les recteurs contractent de nombreux prêts qu’ils remboursent grâce aux suivants. Cette situation aurait sans doute perduré si les créanciers n’avaient pas demandé leur remboursement. La ville puis l’État interviennent alors véritablement dans la gestion financière de l’hôpital en lui accordant des subventions ainsi que des privilèges qui lui permettent de couvrir une partie de ses dépenses ; l’autre partie reposant toujours sur la générosité des Marseillais. L’étude des dépenses et des recettes de l’Hôtel-Dieu montre que l’hôpital joue un rôle clé dans le système sanitaire de la ville, notamment à travers le fait qu’il entretient des malades hors de ses murs, qu’il fournit des vivres à d’autres institutions et que, dans la seconde moitié du xviiie siècle, il joue le rôle de pharmacie centrale des hôpitaux. L’hôpital apparaît finalement comme un acteur à part entière de la société marseillaise ; un acteur impliqué, par sa nature même, sur le plan sanitaire et social mais également sur le plan économique.
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