Introduction
p. 5-11
Texte intégral
1Le travail réflexif de l’écriture dans la construction de soi et du monde ne cesse aujourd’hui de s’affirmer comme un objet privilégié d’histoire sociale, au-delà de l’histoire des représentations, comme au-delà de l’histoire des seules stratégies discursives1. Cet intérêt touche tout autant l’écrit autobiographique relevant explicitement de l’écriture de soi, que les multiples inscriptions de soi dans des pratiques d’écritures quotidiennes : écrits dits « ordinaires », écrits du for privé, injonctions d’écriture2…
2Certes, et sans remonter aux premières enquêtes du CTHS sur les livres de raison, l’intérêt des historiens pour l’expression de soi est ancien3. Dès les années 1950, Jacques Pesser invente le terme d’ego-documents, qui peut s’étendre à toute appropriation personnelle de la configuration textuelle4. Dans les années 1960, Madeleine Foisil catégorise le for privé5. Dans les années 1970, les historiens s’intéressent plus largement au geste autobiographique des agents ordinaires, les Pierre Ignace Chavatte, Valentin Jamery-Duval et autres Jacques-Louis Menetra6. Mais le mouvement de réhistoricisation du littéraire lié au tournant linguistique, dans les années 1980, et le tournant critique de l’histoire sociale, en interrogeant la contextualisation des pratiques d’écriture et en renforçant le rôle des acteurs dans les pratiques, suscitent de nouvelles interrogations des écritures de soi. De grandes enquêtes sur les écrits personnels se concrétisent dans des recherches initiées, par exemple en Italie, sur les livres de famille (Angelo Cicchetti, Raul Mordenti…) comme aux Pays-Bas par l’inventaire précoce des ego-documents (Herman van den Dunk, Rudolf Dekker…), et élaborent de nouveaux corpus – comme les Selbstzeugnisse recherchés sous la conduite de Claudia Ulbrich, ou les écrits du for privé recensés par l’ANR – CNRS/GDR no 2649 dirigés à partir de 2003 par Jean-Pierre Bardet et François-Joseph Ruggiu7.
3La dimension novatrice de tous ces travaux porte à la fois sur la définition et la recherche de nouveaux corpus et sur l’approche pluridisciplinaire du soi dans l’écriture8. Ils s’insèrent dans ce « retour à l’acteur », qui permet d’interroger aujourd’hui les pratiques d’écriture en termes d’appropriation (Michel de Certeau, Roger Chartier), selon des voies creusées par l’anthropologie (Daniel Fabre) et la sociologie réflexive (Bernard Lahire9)… Dans ce renouveau historiographique s’affirme une attention privilégiée au locuteur singulier, perçu comme « une conscience individuelle à scruter pour elle-même […], un lieu d’observation des possibles qu’offrait l’espace social à un ou à plusieurs individus10 ». Ce « retour à l’acteur » positionne chaque individu aux multiples croisements d’un univers social qu’il contribue à inventer, et non pas seulement en position de témoigner du monde dans lequel il a été déposé.
4Cette approche historique de la construction subjective, comme processus permettant d’aller de la simple présence à soi à la conscience réflexive de soi, incluant la construction d’une conscience critique et émancipatrice, doit dépasser les « fictions historiographiques » du progrès de la subjectivité, sans tomber pour autant dans l’aporie de l’invariant ou d’une irréductible singularité. De fait, si la progression de l’écriture personnelle vers plus de subjectivité, de conscience de soi et d’intériorité, apparaît aujourd’hui comme un faux-semblant, longtemps lié à une « fiction historiographique de l’individu » à présent déconstruite, il n’en reste pas moins l’indéniable constat d’une floraison des écritures de soi, notamment depuis l’époque moderne11. Participant de la réflexivité par laquelle se configure une présence consciente et responsable à soi, que disent l’essor et la diversité croissante de ces écritures de l’historicité des pratiques de soi ?
5Les écrits personnels de tous ordres, malgré leurs évidentes limites – sociologiques, notamment – offrent ainsi un champ d’investigation immense : livres de raison, diaires et journaux intimes, cahiers personnels, mémoires, correspondances, constituent les bases du présent ouvrage, qui interroge les manières, hétérogènes et singulières, par lesquelles l’individu passe au « je » dans l’écriture, fait l’expérience de soi face au tiers virtuel d’un lecteur privilégié ou inexistant mais toujours potentiel, et peut construire une réflexivité critique envers lui-même comme dans la production d’un sens commun.
6Afin d’analyser les liens des pratiques d’écriture à la construction de soi, il a semblé pertinent de limiter l’approche, dans le cadre de cet ouvrage, aux situations de « troubles de soi », affliction physique entraînant le désarroi de l’individu, confusion, souffrance identitaire, inadéquation à l’ordre social... Le trouble de soi peut engendrer l’écriture, comme l’a montré Anne Béroujon dans les variations testamentaires du Lyonnais Pierre Bouscault, qui produit, au xviie siècle, une dizaine de versions reflétant ses états d’âme12. Les liens de la folie à la littérature sont d’ailleurs clairement envisagés pour la Renaissance et font l’objet, au xixe siècle, d’une tentative de lecture psychiatrique13. L’écriture apparaît aussi très tôt comme une thérapie bénéfique à la santé mentale de l’individu : Emmanuelle Lesne, dans son ouvrage sur les Mémoires au xviie siècle, souligne cette pratique d’une hygiène mentale par l’écriture chez plusieurs de ses mémorialistes, tels Louis Henri de Brienne, qui dans sa cellule évoque la nécessité d’écrire pour se préserver de la folie, ou Thomas Du Fossé, qui considère l’écriture comme une compensation à son aphasie14. En deçà de la folie, qu’il faudrait encore définir et à laquelle il serait nécessaire de consacrer un autre ouvrage, c’est cependant plutôt le trouble de soi comme incohérence, difficulté d’être soi, opacité de soi à soi – et aux autres – que cet ouvrage prend pour objet15.
7Depuis l’Antiquité, l’écriture répond aux tentatives de connaissance de soi. La perspective historique peut mettre au jour des mutations intéressantes dans le rapport de l’individu à la transcendance, aux autres et à soi-même. Ainsi, saint Augustin plonge en lui-même avec l’espoir de se trouver en Dieu. À la fin du xvie siècle, Montaigne peut affirmer que « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition16 ». Au xviie siècle, Pierre Nicole, dans son Essai de la connaissance de soi, affirme la nécessité de se définir dans ses rapports à l’autre, et non en regardant en soi17. Avec les moralistes, la connaissance de soi se déplace définitivement sur le terrain des savoirs séculiers, mais préserve cette médiation par l’autre et par la société : on voit apparaître une science des comportements, dans laquelle s’engagent aussi des écritures troublées, comme celles du comte de Thorenc, noble provençal du xviiie siècle dont Valérie Piétri a décrit l’usage d’une écriture de soi au service de sa propre analyse morale18. Cependant il existe encore, dans le fait même d’écrire, une dimension performative qui ne permet pas seulement d’ajuster par un texte l’image que le scripteur a de lui-même ; mais qui atteste aussi de son existence, radicalement et simplement, face au doute existentiel qui menace toujours sa propre réalité par un déficit de reconnaissance : dans l’écriture quotidienne notamment, une voix intérieure s’extériorise, le témoignage d’une présence au monde se fixe sur le papier. C’est ainsi que chez l’arlésien François Rebatu, au xviie siècle, de multiples cahiers construisent le portrait fragmenté d’un « moi » social valorisé ; mais aussi et surtout accumulent des fragments du vécu, dessins d’antiques faits sur le vif, textes, brouillons, correspondances, conservés et datés à l’heure près, chaque fragment de l’écriture ainsi rapporté à une infinité d’instants vécus inscrivant la matérialité immédiate de sa présence au monde19.
8Il s’agit ainsi, en s’appuyant sur l’approche diachronique de plusieurs études de cas, d’interroger, à travers l’historicité des pratiques d’écriture, l’historicité des figures d’un soi sommé de se légitimer, de se justifier, de se reconnaître, de maintenir par l’écriture cette « identité narrative », dans des contextes toujours particuliers. Érasme (Marie Barral-Baron) recoud dans l’écriture ses illusions perdues ; Charles Gouyon de La Moussaye (Marie-Clarté Lagrée) y soigne son deuil ; les correspondants malades étudiés par Philip Rieder ou Nahema Hanafi tentent, dans leurs récits de soi, de comprendre et de s’approprier leur mal ; liés l’un à l’autre, les Cristiani père et fils tentent d’y justifier leur foi (Michel Casta) ; Marie-Edmée Pau s’y crée un autre corps, transcendant les différences de genre (Nicole Cadène) ; la demoiselle de Brulle (Déborah Cohen) et Jules Momméja (Véronique Moulinié) s’y rêvent tels qu’ils voudraient être ; Michel Chartier de Lotbinière (François-Joseph Ruggiu) y développe un souci de lui-même fondé sur de véritables « techniques de soi20 » ; au xxe siècle, la littérature féminine négocie dans les contextes concrets d’une domination masculine des mots des pratiques d’écriture singulières qui identifient leurs souffrances (Jacques Guilhaumou)… Comment l’écriture devient-elle ici un outil de construction et d’affirmation de soi ? Quel est ce sujet qui se construit dans les formes socialement et historiquement différenciées d’une appropriation personnelle de l’écriture ?
9Le corpus autour duquel se construit cet ouvrage se tient volontairement à un espace d’analyse homogène, limité essentiellement à un espace européen francophone (si ce n’est l’incursion érasmienne dans une République des Lettres où chaque humaniste du temps pouvait se reconnaître) et à une période relativement restreinte (de la Renaissance au xxe siècle) afin d’interroger de la manière la plus synthétique possible les fragments herméneutiques qu’apportent, l’une après l’autre, chacune de ces études de cas. Il s’agit tout d’abord, ici, d’historiciser le questionnement ontologique que suscite le besoin, quasiment existentiel, d’écrire sur soi (Isabelle Luciani). Il s’agit également de poser des hypothèses relatives aux transformations, encore largement débattues, de cette historicité du moi et du récit de soi, tiraillée entre le refus des invariants et la dénonciation des fictions historiographiques (François-Joseph Ruggiu). Même si l’écriture personnelle entrelace nécessairement les ressorts intimes et la trame collective des normes et des événements, l’ouvrage a privilégié la singularité de chaque scripteur pris dans son contexte, occultant momentanément l’hétérogénéité possible des moments, des auteurs et de leurs intentions. Il s’agit ici, avant tout, au cours d’une période qui voit se multiplier les pratiques d’écriture en général et l’écriture de soi en particulier, de décrire précisément des dispositifs par lesquels des individus aux identités ébranlées éprouvent le besoin d’attester d’eux-mêmes : en exposant leur vie en acte, dans un monde commun qui légitime leur existence et dont ils sont eux-mêmes les témoins et les acteurs (Première partie. « Me voici ! » Du besoin de se dire : attestation de soi et engagement) ; par le retour sur soi, l’observation et le jugement du scripteur par lui-même, dans une écriture fortement réflexive conduisant au dialogue intérieur (Deuxième partie. Un besoin réflexif. Écriture et construction de soi) ; par la solitude salvatrice, enfin, d’une construction idéale, rêvée ou fantasmée, où se projette la silhouette d’un « moi » intérieur réifié sur le papier (Troisième partie. Inventions de soi : maîtriser ou rêver sa vie ?).
10Pour ne céder ni à l’évolution historiciste vers une prétendue réalisation de l’individu, ni à l’enfermement culturaliste, les interrogations suscitées par de tels parcours ne peuvent trouver de réponse satisfaisante que dans une démarche plus vaste, transdisciplinaire et comparative, connectée à une histoire-monde qui, seule, peut permettre d’interroger les modes d’être potentiellement différenciés de la dignité humaine et de la constitution de l’acteur en sujet de son action21.
11 Cet ouvrage est donc un seuil, un socle pour des interrogations plus vastes22. Le questionnement de l’écriture de soi qui a préexisté à son élaboration a commencé lors des séminaires et journées d’études organisés à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, au sein de l’UMR Telemme, par le groupe Identités narratives : formes, figures pratiques, dirigé de 2007 à 2011 par Jean-Noël Pelen et Isabelle Luciani. Il se poursuit aujourd’hui dans le cadre du Programme transversal de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme Récits de soi. Méditerranée – Afrique. Individus, communautés, interculturalité, xvie-xxie siècles, dirigé par Randi Deguilhem, Isabelle Luciani et Hervé Pennec, et dans le groupe transversal sur les écritures de soi que coordonnent Catherine Atlan (Cemaf-Aix), Isabelle Luciani (Telemme, Aix) et Valérie Piétri (CMMC, Nice). Mais il est aussi le produit de rencontres fructueuses, notamment au sein du GDR sur les écrits du for privé, dirigé jusqu’en 2011 par Jean-Pierre Bardet et François-Joseph Ruggiu ; au sein des séminaires organisés par Daniel Fabre et Jean-François Courouau sur l’autobiographie en occitan et en Occitanie (Garae, Carcassonne) ; au sein des journées d’études organisées par Sylvie Sagnes et Véronique Moulinié sur les polygraphes (Garae, Carcassonne) et des journées d’études sur les écrits ordinaires féminins organisés par Isabelle Lacoue-Labarthe et Sylvie Mouysset (Framespa, Toulouse-Le Mirail). Nous remercions enfin l’ensemble des chercheurs et enseignants-chercheurs grâce auxquels cet ouvrage voit le jour.
Notes de bas de page
1 De nombreux travaux d’historiens, comme les récentes publications du GRIHL, suggèrent la richesse de ces pistes de recherche. Cf. notamment Mathilde Bombart et Alain Cantillon, « Localités : localisation des écrits et production locale d’actions - Introduction », Les Dossiers du Grihl [En ligne], 2008-01, mis en ligne le 15 septembre 2008. URL : http://dossiersgrihl.revues.org/2163 ; ou encore Christian Jouhaud, Dinah Ribard, Nicolas Schapira, Histoire Littérature Témoignage. Écrire les malheurs du temps, Paris, Gallimard, coll. « Folio Histoire », 2009. Sur le lien entre action, politique et écriture on peut citer, par ailleurs, la journée d’études organisée par Marie Barral-Baron, Marie-Clarté Lagrée et Mathieu Lemoine, « Deffaite et ruyne de soy », Action politique et impasse de la raison (14/15 mars 2008), à paraître.
2 Depuis les Écritures ordinaires auxquelles Daniel Fabre a consacré un ouvrage collectif (Paris, Centre Georges Pompidou-POL, 1993) jusqu’aux Nuits de la main courante analysées par Jean-François Laé (Paris, Stock, 2008), en passant par les écrits de marginaux exhumés par Michel Foucault ou encore Philippe Artières (Michel Foucault, éd., Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma sœur et mon frère... Un cas de parricide au xixe siècle, Paris, Gallimard, 1973 ; Philippe Artières, Le livre des vies coupables. Autobiographies de criminels [1896-1909], coll. « Histoire », Paris, Albin Michel, 2000), les pratiques d’écriture des écrivains « sans qualité » sont devenues l’un des objets les plus féconds des sciences humaines et sociales, notamment dans le champ historique (Cf. Roger Chartier, Alfred Messerli, éd., Scripta volant, verba manent. Schriftkulturen in. Europa zwischen 1500 und 1900 / Les cultures de l’écrit en Europe entre 1500 et 1900, Zurich, Schwabe, 2008).
3 Sur l’intérêt ancien du CTHS pour les livres de raison, cf. Nicole Lemaître, Les livres de raison en France (fin xiiie-xixe siècle), Biblioteca Informatizzata dei Libri di Famiglia, Bollettino no 7 (2003-2004), www.bilf.uniroma2.it/lemaitre.htm
4 Cf. Rudolf Dekker, éd., Egodocuments and History : Autobiographical Writing in its Social Context since the Middle Ages. Hilverum, Verloren, 2002.
5 Cf. Madeleine Foisil, « L’écriture du for privé », in Histoire de la vie privée, Seuil, t. iii, 1986, p. 331-369.
6 Alain Lottin, Chavatte, ouvrier lillois, un contemporain de Louis XIV, Paris, Flammarion, 1979 (1re édition, Lille, 1967) ; Jean-Marie Goulemot, Mémoires de Valentin Jamerey-Duval. Enfances et éducation d’un paysan au xviiie siècle, Paris, Le Sycomore, 1981 ; Daniel Roche, Journal de ma vie, Jacques-Louis Ménétra, compagon vitrier au xviiie siècle, Paris, Montalba, 1982.
7 Pour un panorama complet de ces travaux en Europe, voir le site de l’équipe First Person Writings in European Context, http://www.firstpersonwritings.eu
8 Cf. Michael Mascuch, Origins of the Individualist Self. Autobiography and Self-Identity in England, 1591-1791, Stanford, Stanford University Press, 1997 ou encore Sylvie Mouysset, Jean-Pierre Bardet, François-Joseph Ruggiu, dir., « Car c’est moi que je peins ». Écritures de soi, individus et liens sociaux, Toulouse, Éditions Méridiennes, 2011.
9 Cf. Bernard Lahire, L’Homme pluriel. Les ressorts de l’action, Paris, 1998, mais aussi plus précisément, notamment pour les écritures quotidiennes, La Raison des plus faibles. Rapport au travail, écritures domestiques et lectures en milieux populaires, Lille, 1993, et Daniel Fabre, dir., Écriture ordinaire, Bibliothèque Publique d’information/Centre Georges Pompidou, Paris 1993, et Par écrit. Ethnologie des écritures quotidiennes, textes réunis par M. de la Soudière et C. Voisenat, Paris, MSH, 1997. Ces questionnements ont également imprégné la démarche historienne grâce à la médiation de Michel de Certeau et Roger Chartier notamment. On peut renvoyer ici, entre autres références, au numéro des Annales HSS sur les Pratiques d’écriture. Une histoire de la culture écrite (2001/4). Cette démarche rencontre aujourd’hui l’intérêt des anthropologues pour la « littéracie » (Cf. Béatrice Fraenkel et Aïssatou Mbodj, dir., « New Literacy Studies, un courant majeur sur l’écrit », Langage & société, no 133, septembre 2010). De plus, la pluridisciplinarité de l’objet ne peut faire l’économie d’une approche littéraire, profondément renouvelée grâce à Philippe Lejeune (Signes de vie. Le Pacte autobiographique 2, Paris, Seuil, 2005). Notons qu’il est impossible de rendre compte ici, de manière détaillée, de la totalité des références fondamentales pour une histoire de l’individu ou des pratiques d’écriture.
10 François-Joseph Ruggiu, « Introduction », in Jean-Pierre Bardet et François-Joseph Ruggiu (éds), Au plus près du secret des cœurs ? Nouvelles lectures historiques des écrits du for privé [en Europe du xvie au xviiie siècle], Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2005, p. 12.
11 Sur cette fiction, voir Jean-Claude Schmitt, « “La découverte de l’individu”, une fiction historiographique », in Paul Mengal, Françoise Parot (éds), La Fabrique, la figure et la feinte, Paris, 1989, p. 213-235. Sur la floraison d’écrits personnels, voir aussi bien Nadine Kuperty-Tsur, Se dire à la Renaissance. Les mémoires au xvie siècle, Paris, Vrin, 1997, que les inventaires réalisés par les grandes enquêtes européennes sur les écrits du for privé, ego-documents, selbstzeugnisse etc. Sur le cas français, on peut se référer notamment à Sylvie Mouysset, Papiers de famille – Introduction à l’étude des livres de raison (France, xve-xixe siècle), Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2007.
12 Anne Béroujon, « Écriture, lecture et folie : le cas du conseiller Pierre Bouscault au xviie siècle », in Jean-Pierre Bardet, Elisabeth Arnoul, François-Joseph Ruggiu, éd., Les écrits du for privé en Europe du Moyen Âge à l’époque contemporaine…, op. cit., p. 381-394.
13 Voir notamment Anne Dunan, « Mélancolie, enthousiasme et folie : pathologie et inspiration dans la littérature dissidente », Études Épistémè, 7, 2005, Science(s) et littérature(s), I, p. 65-92, et pour la manière dont les aliénistes ont tenté, au xixe siècle, de légitimer leur pratique professionnelle en identifiant dans l’écriture les signes de la folie en l’absence de cause organique clairement établie, voir Juan Rigoli, Lire le délire. Aliénisme, rhétorique et littérature en France au xixe siècle, Paris, Fayard, 2001.
14 Emmanuelle Lesne, La Poétique des mémoires (1650-1685), Paris, Champion, 1996, p. 227-228.
15 Nous revenons plus précisément sur cette notion de trouble de soi et sur ses liens avec l’écriture dans l’article « Le récit de soi comme pratique sociale : des histoires, objets d’histoire ».
16 Montaigne, Essais (éd. Pierre Villey), Paris, PUF, coll. « Quadrige », 1992, III, 2, p. 805. Voir notamment Gérard Lahouati, « Singularité et exemplarité dans l’écriture autobiographique », Elseneur, no17, septembre 2001, Se raconter. Témoigner (numéro coordonné par Carole Dornier), p. 17-39.
17 Constance Cartmill, « Écriture et haine de soi : la pratique de l’autoportrait chez Pierre Nicole », in Norbert Col, dir., Écritures de soi, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 57-64.
18 Valérie Piétri, « Les “barbouillages” du comte de Thorenc : écriture et frustrations sociales d’un moraliste de province », in Jean-Pierre Bardet, Elisabeth Arnoul, François-Joseph Ruggiu, dir., Les écrits du for privé en Europe du Moyen Âge à l’époque contemporaine. Enquêtes, analyses, publications, Pessac, Presses universitaires de Bordeaux, 2010, p. 395-418.
19 Isabelle Luciani, « Écrire pour laisser trace : les recueils manuscrits de François Rebatu (1588-1662) », Annales du Midi - Plumes singulières, écrits de soi (xvie-xviiie siècle), t. 122, no 270, avril-juin 2010, p. 177-196.
20 Sur cette importance de l’écriture dans le travail du sujet sur lui-même, les travaux de Michel Foucault sont d’un apport fondamental. Cf. notamment M. Foucault, « Les techniques de soi », in Dits et écrits, 1954-1988, t. Iv, 1980-1988, Paris, Gallimard, 1994, p. 783-813.
21 À la suite de ce livre, la réflexion sur le récit de soi s’est poursuivie par la mise à l’épreuve d’une démarche largement comparatiste, engagée dans le cadre du programme transversal de la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme (Aix-en-Provence) Récits de soi. Méditerranée – Afrique. Individus, communautés, interculturalité, xvie-xxie siècle, coordonné par Randi Deguilhem (Iremam), Isabelle Luciani (Telemme), Hervé Pennec (Cémaf).
22 Pour la seule époque moderne, les décalages chronologiques qui touchent les écritures de soi en Europe – l’Angleterre ou l’espace germanique semblant marqués, notamment, par une présence nettement plus affirmée de ce type d’écriture – constituent un vaste terrain d’investigation que soulignait déjà Georges Gusdorf (Les écritures du moi. Lignes de vie 1, Paris, Odile Jacob, 1991) et qui mobilise aujourd’hui de multiples enquêtes, au cœur de l’Europe, mais aussi sur des terrains comparatifs plus vastes.
Le texte seul est utilisable sous licence Licence OpenEdition Books. Les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont « Tous droits réservés », sauf mention contraire.
Les sans-culottes marseillais
Le mouvement sectionnaire du jacobinisme au fédéralisme 1791-1793
Michel Vovelle
2009
Le don et le contre-don
Usages et ambiguités d'un paradigme anthropologique aux époques médiévale et moderne
Lucien Faggion et Laure Verdon (dir.)
2010
Identités juives et chrétiennes
France méridionale XIVe-XIXe siècle
Gabriel Audisio, Régis Bertrand, Madeleine Ferrières et al. (dir.)
2003
Des hommes à l'origine de l’Europe
Biographies des membres de la Haute Autorité de la CECA
Mauve Carbonell
2008