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Le cimetière au village dans l’Europe médiévale et moderne

 | 
Cécile Treffort

Cimetières et morts hors du commun

Prope aut juxta cimiterium : un espace d’inhumation pour les « mauvais morts » (xie-xve siècle)

Mathieu Vivas

Texte intégral

  • 1 C. A. Kerin, The Privation of Christian Burial. An Historical Synopsis and Commentary, Washington, (...)
  • 2 É. Zadora-Rio, « Lieux d’inhumation et espaces consacrés : le voyage du pape Urbain II en France ( (...)
  • 3 M. Vivas, La privation de sépulture…

1Dès l’Antiquité tardive, parallèlement aux discours liminaires de l’Église sur la communauté et l’identité chrétienne, apparaissent les premières mentions de privation de sépulture frappant les « mauvais chrétiens », c’est-à-dire – bien qu’il ne faille pas généraliser – les excommuniés1. Cette interdiction impliquait une absence de cérémonies funèbres (psaumes, oblations, prières, commémorations, etc.), autrement dit, une suppression de toute célébration liturgique et mémorielle nécessaire au salut de l’âme. Après que la conscience communautaire a été renforcée à l’époque carolingienne, l’Église, entre le milieu du xe et le xiie siècle, précise les contours de la « mauvaise mort ». Alors que la consécration cimitériale s’est institutionnalisée et généralisée2, le cimiterium christianorum, liturgiquement et juridiquement mieux circonscrit, devient un espace exclusif et prohibitif, duquel les décrétalistes, les canonistes et les liturgistes tentent d’éloigner les « mauvais morts »3. En vertu de la loi, les criminels privés de sepultura ecclesiastica, en plus de ne pouvoir profiter des bienfaits de funérailles chrétiennes, ne sont donc désormais plus admis en terre consacrée.

  • 4 Ibid., p. 307-314 ; M. Vivas, « La mise en scène de l’outrage dans la mort à travers l’étude de la (...)
  • 5 M. Vivas, « Christiana sepultura priventur. Privation de sépulture, distinction spatiale et inhuma (...)
  • 6 M. Vivas, La privation de sépulture…, p. 314-331 ; Id., « Aux marges du cimetière chrétien. L’inhu (...)

2Si en s’intéressant aux actes qui doivent être punis d’excommunication, les auteurs ecclésiastiques éclairent tout un pan de la privation de sépulture, leurs propos ne mettent que rarement en lumière le devenir corporel des excommuniés. Au départ latente, une question apparaît pourtant au grand jour : que devient, après leur trépas, le corps des « mauvais chrétiens » ? Bien que l’inhumation au sein du cimetière soit proscrite, les sentences, en reprenant des passages vétérotestamentaires, varient en fonction de leur sévérité. À un simple abandon de corps (corpus insepultum), peut ainsi se substituer une inhumation infamante (la sepultura asini en est un très bel exemple)4. En plus de suggérer que leur cadavre ne doit pas être inhumé au sein du cimetière, certaines sources textuelles mettent en avant une gestion topographique spécifique et un traitement corporel singulier pour les individus privés de sépulture5. À ce titre, elles rapportent que l’espace prope ou juxta cimiterium est destiné à accueillir les « mauvaises dépouilles » : à la question du lieu de dépôt s’ajoute donc celle du statut de cet espace périphérique6.

3À travers une approche interdisciplinaire, notre article voudrait donc attirer l’attention des historiens des textes et des archéologues sur le pourtour du cimetière et le rapport que les hommes du Moyen Âge entretenaient avec cet espace. S’il s’agit de se concentrer sur le traitement et le devenir corporels des individus privés de sepultura ecclesiastica, il se révèle également primordial de se questionner sur la représentation mentale et sociale des marges du cimetière. Ces deux thématiques invitent dès lors à se demander si la mise à l’écart topographique et l’espace prope cimiterium ne servaient qu’à rendre signifiantes, aux yeux de tous, la punition et l’exclusion.

Les marges du cimetière : un espace d’inhumation réservé aux excommuniés

  • 7 Statuts synodaux additionnels de Saintes, Hiver 1280 et Pâques 1282 : J. Avril (éd.), Les statuts (...)
  • 8 Constitution de Geoffroy de Saint-Brice – Pâques 1282, art. 1 : De sepulture excommunicatorum. Cum (...)

4Contrairement aux conciles œcuméniques et nationaux, les décisions synodales renseignent le traitement et le devenir du corps des « mauvais morts » : l’exemple des constitutions saintongeaises est à ce titre évocateur. Entre 1280 et 1282, l’évêque de Saintes, Geoffroy de Saint-Brice, fait promulguer deux séries d’additions synodales qui précisent le statut des excommuniés7. Au synode de Pâques 1282, le premier article, intitulé De sepultura excommunicatorum, mentionne que « la corruption a [augmenté en Saintonge], étant donné que certains opposants aux principes de l’Église contestent le fait que les cadavres des défunts excommuniés soient privés de sépulture à l’intérieur ou près des cimetières, [et qu’] il devient donc difficile de distinguer les sépultures profanes excommuniées des tombes des fidèles ». Afin d’enrayer cette situation, Geoffroy de Saint-Brice punit d’excommunication les contrevenants à la loi. Il précise toutefois deux points. Tout d’abord, s’il interdit bien l’inhumation intra cimiterium aux excommuniés décédés, il refuse également l’ensevelissement de leur corps dans un espace alentour de deux jougs de terre. Ensuite, il précise que deux corps excommuniés ne doivent pas être déposés ensemble, « afin que l’on ne croit pas de par le nombre qu’il s’agisse d’un cimetière sacré8 ».

5À la lecture de cet article synodal, aucun doute n’est permis : les excommuniés ne peuvent pas bénéficier d’une inhumation intra cimiterium, ni même jouir des bénéfices de funérailles chrétiennes. À la privation de sepultura ecclesiastica s’ajoute toutefois un traitement topographique spécifique : le corps des excommuniés doit être enseveli à l’écart et isolé. Cette précision certifie que Geoffroy de Saint-Brice ne se limite pas au simple cadre juridique de la privation de sépulture ; il tente également de faire apparaître une distinction spatiale entre le cimetière consacré et son pourtour profane.

  • 9 É. Zadora-Rio, « La topographie des lieux d’asile dans les campagnes médiévales », M. Fixot, É. Za (...)

6Les données topographiques consignées dans ce texte mettent en valeur une division tripartite du cimetière et de ses marges. Exclusivement réservé à la sépulture des « bons chrétiens », le cimetière consacré en est la première section. Autour de celle-ci, prend place un espace de deux jougs de terre interdit au corps des excommuniés. Le spatium duorum terre jugerum circumquaque est une mesure de surface qui semble correspondre à une superficie comprise entre 68 ares et 1 ha. S’il reste difficile de schématiser géométriquement cette aire, on est tenté de la penser comme un cercle d’un rayon compris entre 46-47 m et 56-57 m, mesures proches des 30 pas utilisés pour délimiter les enclos protégés et les lieux d’asile9. C’est seulement au-delà de ce périmètre que les excommuniés doivent être mis en terre.

  • 10 P. Blanchard, P. Georges, Perception et évolution d’un quartier périphérique de Bourges à travers (...)
  • 11 Située en limite de chantier, l’inhumation 301 n’a pu être entièrement fouillée, et n’a donc pas p (...)
  • 12 Voir, par exemple, P.-Y. Balut, « Signal de mort », ramage, 4, 1986, p. 315-349.
  • 13 Ces constations avaient déjà été faites dans : C. Treffort, « L’interprétation historique des sépu (...)
  • 14 O. Passarrius, R. Donat, A. Catafau (dir.), Vilarnau. Un village du Moyen Âge en Roussillon, Canet (...)

7Si ce statut synodal paraît incarner la norme en matière de traitement corporel des excommuniés, il amène toutefois à s’interroger sur une réalité de terrain. À ce titre, la réflexion sur la mise à l’écart topographique des « mauvais morts » gagne à être traitée par le biais de l’archéologie. À Bourges (Cher), le cas d’une inhumation mise au jour à l’extérieur d’un cimetière permet d’agrémenter le discours10. Menée en 2004, l’opération archéologique a permis la découverte d’un cimetière enserré par deux murs. Son utilisation oscille entre les xe-xie et le xve siècle. Toutes les sépultures fouillées prennent place au sein de l’espace clos, hormis l’inhumation primaire et individuelle 301, de même orientation que les autres, mais située à l’extérieur de l’enclos le long du mur nord. Une datation au radiocarbone place cette structure entre les années 1300 et 1423. Ainsi, alors que l’espace sépulcral était utilisé, cet individu a été enterré juxta cimiterium. Si la position excentrée de la structure amène à s’interroger sur les raisons qui ont pu présider à sa distinction spatiale, la seule observation topographique ne suffit pas à évoquer, ni le statut du défunt, ni l’inhumation d’un « mauvais mort »11. En renvoyant le lecteur aux considérations de Pierre-Yves Balut sur la sémiologie12, force est de constater que la question du « sens » et du « signe » est inhérente au travail des archéologues et des anthropologues de terrain. Tributaires d’une logique argumentative mariant le nombre et la norme, les chercheurs restent perplexes face aux inhumations atypiques13. Pour le site de Vilarnau (Pyrénées Orientales), les mots d’Olivier Passarrius, qui qualifie des inhumations excentrées de « sépultures non conventionnelles », permettent de conforter nos constatations14.

  • 15 M. Vivas, La privation de sépulture…, p. 463-500 ; M. Vivas, « Les lieux d’exécution comme espaces (...)

8Fouillé entre 1996 et 2002, le site de Vilarnau a livré une église – construite entre le ixe et le début du xie siècle – et un cimetière regroupant plus de 860 tombes établies entre le ixe et le xve siècle. Si à partir du milieu du xie siècle, les sépultures se concentrent exclusivement au sud et à l’est de l’église, apparaît, à environ 40 m au nord-est de celle-ci, un regroupement de 14 inhumations (12 adultes, 2 jeunes adolescents, 1 fœtus). Effectuées sur les ossements de deux individus, des datations au radiocarbone fournissent une chronologie oscillant entre la fin du xe et la fin du xiiie siècle et prouvent, de fait, que cet espace est contemporain du cimetière. Les inhumations de ce petit groupe sont organisées en rangées irrégulières et installées autour et à l’intérieur d’une fosse. La position des corps à l’intérieur des tombes ne relevant pas de l’atypisme, l’étude ostéologique n’ayant révélé aucun indice sur les causes de décès, et les analyses paléogénétiques n’ayant pas permis d’étayer l’hypothèse d’un regroupement familial, aucun véritable caractère excluant ne peut être appréhendé. Toutefois, la présence de l’inhumation de la seule femme enceinte du site peut interpeller le chercheur. Portant un fœtus proche du terme, elle a d’ailleurs été légèrement excentrée du groupe et enterrée à environ 2 m. Faut-il alors penser à une application de la législation canonique et synodale en matière de mort en couches et supposer que cette mère n’a pu être inhumée au sein du cimetière communautaire ? Se peut-il que cet espace juxta cimiterium soit alors dévolu aux « mauvais morts » ? Datée de 1321, la mention de fourches patibulaires situées quelque part sur le site ne fait que renforcer cette supposition. Il est vrai que ces structures judiciaires pouvaient également servir de lieu d’inhumation pour les criminels15.

  • 16 H. Galinié, « Utiliser la notion de “distance critique” dans l’étude des relations socio-spatiales (...)
  • 17 E. T. Hall, La dimension cachée, Paris, 1978 [1966], p. 87-99.

9Les données archéologiques et archéo-anthropologiques ne permettent donc pas forcément de fournir d’éléments probants quant aux motivations ayant présidé à l’inhumation juxta cimiterium. Les exemples ici présentés rendent essentiellement compte de la difficulté d’identification et d’interprétation des inhumations atypiques. Si l’approche interdisciplinaire permet de mieux cerner le pourtour du cimetière, elle prouve cependant que les sources textuelles ne doivent pas être directement affiliées à une réalité de terrain. Pourtant, dans une perspective d’étude proxémique, l’approche combinée de la documentation écrite et archéologique invite à se pencher sur l’utilisation que l’homme du Moyen Âge fait du cimetière et de ses marges en tant que « produit(s) culturel(s) spécifique(s) »16. Tout comme le cimetière consacré, l’espace juxta cimiterium est un « espace visuel »17 pensé comme un lieu fixant l’identité sociale. Les inhumations des « mauvais morts » sont en effet visibles et marquent incontestablement le paysage : de leur position isolée, les vivants peuvent en déduire la fonction de l’espace dans lequel elles se trouvent.

Construction mentale et représentation sociale du cimetière et de ses marges

  • 18 Dans une très large bibliographie, voir – parmi les auteurs les plus connus – É. Durkheim, « Repré (...)

10Dépendante d’activités cognitives, la construction mentale est un processus qui permet à l’homme, tout en étant tributaire d’interactions et de représentations sociales, d’analyser un contexte18. En se fondant sur ce processus mental, deux sources écrites et une image sont étudiées dans cette partie. Elles permettent de comprendre quel était le statut octroyé par les hommes du Moyen Âge aux marges du cimetière.

  • 19 Cet exemplum a déjà été étudié dans : M. Lauwers, Naissance du cimetière…, p. 221-222 et dans M. V (...)
  • 20 Thomas de Cantimpré, Bonum universale de apibus, 2, 53, 34 : […] Et erat populus ille super id quo (...)

11Dans un de ses récits, Thomas de Cantimpré (seconde moitié du xiiie siècle), alors qu’il prêchait dans le Brabant, rapporte la vision d’un paysan : en traversant de nuit le cimetière pour se rendre à l’église, celui-ci avait aperçu trois groupes de défunts19. Le premier, le plus nombreux et le plus éloigné de l’espace funéraire, était composé de misérables nus et couverts de blessures sanguinolentes. Moins dense, le deuxième était constitué d’individus d’apparence moins pitoyable et se situait également à l’extérieur du cimetière, mais plus proche de celui-ci toutefois. Le dernier, formé de peu de gens vêtus de vêtements brillants et aux visages resplendissants, était à l’intérieur de l’espace cimitérial20. Si le début de l’exemplum est dédié au récit et à la description des « fantômes », la fin de l’exemplum est consacrée à l’interprétation de la vision. Thomas de Cantimpré certifie alors que le premier groupe est composé d’individus qui, morts sans contrition, sont éternellement damnés. Pour lui, le deuxième groupe est formé de gens décédés avant d’avoir pu achever leur pénitence mais, comme ils ont formulé une apparente contrition et une fois qu’ils seront « purgés », leur âme trouvera le repos. Enfin, le dernier groupe, celui qui est à l’intérieur du cimiterium, est le peuple élu de Dieu. Si l’on reprend les données dans une perspective proxémique et topologique, on comprend que les espaces extra cimiterium s’apparentent à l’Enfer et au Purgatoire, alors que le cimetière consacré est directement affilié au Paradis. Cette division tripartite rappelle bien évidemment le statut synodal de Geoffroy de Saint-Brice.

  • 21 M. Vivas, « Déplacer les “mauvais morts” au Moyen Âge (fin vie-début du xive siècle) », D. Boyer-G (...)
  • 22 M. Bourin, É. Zadora-Rio, « Pratiques de l’espace : les apports comparés des données textuelles et (...)

12Bien que le récit fasse un lien entre les trois groupes de défunts et les trois lieux de l’au-delà, il atteste également que le cimetière et ses marges sont conçus et pensés comme des espaces ancrant au sol l’identité sociale et le devenir des chrétiens après leur trépas. En mentionnant que les « mauvais morts » sont à l’extérieur du cimetière, il fait un tacite renvoi à la loi et laisse entendre que ces derniers doivent être inhumés en périphérie de l’aire consacrée. Cette idée est d’ailleurs développée dans d’autres sources exemplaires rapportant des exhumations miraculeuses : les excommuniés enterrés au sein du cimetière sont rejetés par la terre à l’extérieur de l’enclos consacré, en bordure de celui-ci. On retrouve également des « mauvais morts » qui, alors qu’ils sont inhumés au sein de l’aire consacrée, sortent de leur tombe et demandent à être inhumés extra cimiterium21. Bien que les exempla soient fréquemment appréhendés comme des textes littéraires où l’imaginaire occupe une place prépondérante, ils ne peuvent être opposés aux pratiques : la construction mentale de l’espace ne peut, en effet, se dédouaner des représentations sociales22. À la fin du xive siècle, un interrogatoire judiciaire dressé par un officier ducal de Philippe le Hardi constitue justement une preuve irréfutable.

  • 23 A.D. Doubs, B 37 ; édité dans : M. Bubenicek, Entre rébellion et obéissance. L’espace politique co (...)
  • 24 Le quatrième témoin précise également « sur les fossez ung pol dedens le cemestiere, et le sixième (...)

13Menée le 14 août 1391, l’instruction fait suite à un conflit de justice opposant le duc de Bourgogne et le seigneur d’Arlay23. Elle concerne la dépendaison de Jean Breton, complice du meurtre d’un sergent du duc et exécuté sur l’ordre de ce dernier. Les douze témoins interrogés rapportent qu’ils ont vu les gens du seigneur d’Arlay dépendre le corps du criminel, mais ils indiquent également qu’ils les ont vus le porter au cimetière de la ville de Fraisne. Ils précisent tous qu’il a été enterré dans une fosse, sur les fossez entre la terre faicte du cemestiere et la terre non faicte, c’est-à-dire entre la terre consacrée et la terre profane. À cette distinction spatiale s’ajoute un détail fourni par le premier témoin. S’il rapporte en effet que les hommes du seigneur d’Arlay « enterrirent [le corps] en ung fossé d’encosté le cemestiere dudit Fraisne, est assavoir entre deux terres ; interrogué que c’est a dire entre deux terres, dit que la moitiez dudit corps est dedans la terre faicte et l’autre moitiez en terre non faicte », il rajoute « et que environ d’icellui lieu a l’on acostumez de enterrer les excommuniez24 ».

14Les renseignements fournis par ce document invitent encore une fois à formuler des constatations d’ordre topographique, proxémique et topologique. En plus d’avoir conscience que le cimetière est une terre consacrée, chaque interrogé, en précisant que celle-ci est délimitée par un enclos fossoyé, octroie une valeur propre aux différents espaces. Pour ces hommes, les fossés forment une frontière constituant un « entre deux terres » et, par conséquent, font office de zone tampon. S’ils rendent alors visuellement et mentalement évident une dichotomie de l’espace en deux entités au statut distinct, la division est également renforcée par l’adjacence d’un lieu dévolu à l’inhumation des excommuniés. Pour les témoins, le cimetière consacré accueille la dépouille des bons chrétiens, alors que le pourtour du cimetière est un espace dans lequel les « mauvais morts » sont enterrés, l’emploi du verbe « accoutumer » attestant une pratique habituelle. Par une démarche cognitive, les hommes interrogés appréhendent donc mentalement le cimetière et sa périphérie : pour eux, ils sont des ensembles spatiaux ayant des fonctions précises. Cette analyse de l’espace cimitérial peut également être appliquée aux images, comme le prouve l’étude d’une enluminure d’un livre d’heures brugeois (début du xve siècle).

  • 25 Carpentras, B.M., ms. 57, fol. 71v. En ligne : http://www.enluminures.culture.fr/documentation/enl (...)

15Composé aux alentours de 1400-1410 et augmenté au cours du xve siècle, le manuscrit 57 de la bibliothèque municipale de Carpentras comporte une enluminure qui, bien qu’elle soit dédiée à la Résurrection des morts, invite à discuter la représentation du cimetière et de ses marges (fig. 1)25. Si la partie haute de l’image est consacrée à une présentation relativement stéréotypée du Christ juge (position assise sur un arc-en-ciel, stigmates visibles, anges portant les instruments de la Passion, etc.), la partie basse, dédiée au cimetière et à son pourtour, est celle qui intéresse notre propos (fig. 2). Face à un gibet et à une roue du supplice qui occupent la partie gauche de l’enluminure, prend place une église entourée d’un cimetière clôturé. Entre ces deux espaces et au sein du cimetière clos, on découvre des morts qui sortent de leur tombe. Ils adoptent tous une position de prières et regardent le Christ. Seul un mort a la tête tournée vers quatre démons venant s’emparer des défunts.

Fig. 1 : « Résurrection des morts », Carpentras, Bibliothèque Inguimbertine et musées, Livre d’heures à l’usage du Nord de la France, Ms 57, fol. 71v, cliché cnrs-irht.

Fig. 2 : « Résurrection des morts », Carpentras, Bibliothèque Inguimbertine et musées, Livre d’heures à l’usage du Nord de la France, Ms 57, fol. 71v, cliché cnrs-irht ; détail.

16Pour l’auteur de cette enluminure, l’espace cimitérial chrétien est donc constitué de deux zones d’inhumation au statut différent. L’intra cimiterium accueille la sépulture des bons fidèles chrétiens qui, protégés par la consécration cimitériale, sont acceptés au Paradis. L’extra cimiterium est quant à lui destiné aux « mauvais chrétiens » : le jour du Jugement dernier et de la Résurrection des morts, ils souffriront les supplices de l’Enfer. Comme pour les sources textuelles, cette image affirme que le statut des chrétiens au moment de leur mort conditionne l’emplacement de leur inhumation et fixe leur devenir dans l’au-delà. Loin des images bibliques de corps abandonnés aux affres de la nature, ces documents confirment toutefois que le corps des « mauvais morts » peut être inhumé : ils amènent alors à se poser la question du devoir d’humanité et de l’exclusion.

Espace d’inhumation ad tempus

  • 26 L.-V. Thomas, Rites de mort pour la paix des vivants, Paris, 1985 ; P. Baudry, « La mort : une dim (...)

17En évoquant des traitements corporels atypiques, notre propos ne saurait s’absoudre d’une réflexion sur l’inhumanité de telles pratiques. Il ne s’agit pas d’ouvrir ici une discussion sur les différences entre le « devoir d’inhumer » et le « besoin d’inhumer »26, mais surtout de montrer que l’acte d’enterrer juxta cimiterium ne peut se réduire à une punition infamante, ni même à une exclusion.

  • 27 Augustin d’Hippone, De cura gerenda pro mortuis, G. Combes (éd.), Œuvres de saint Augustin, t. 2, (...)
  • 28 M. Vivas, « Inhumer à tout prix au sein du cimetière chrétien : la privation de sépulture, les viv (...)

18Aux xie-xiiie siècles, les liturgistes et les canonistes, en puisant dans les écrits des auteurs de l’Antiquité tardive, abordent les fondements du devoir d’inhumation. Pour une très large part, ils se basent sur le discours augustinien et rappellent que la sépulture n’est pas nécessaire au salut, mais qu’elle est essentielle pour les vivants qui ressentent le besoin d’inhumer leurs proches27. Le devoir de sépulture repose donc sur des sentiments humains. Loin des images vétérotestamentaires de corps laissés à l’abandon et à la merci des bêtes sauvages, l’inhumation des « mauvais chrétiens » en périphérie du cimetière n’est donc pas qu’une punition : elle rime aussi avec un devoir d’humanitas. Par ailleurs, elle permet aux autorités ecclésiastiques de contrôler l’application de la peine de privation de sépulture. Ainsi, en gardant les inhumations des « mauvais morts » à proximité, l’Église surveille les proches qui seraient tentés de venir se recueillir sur ces tombes28, mais également de procéder – le cas échéant – à la réintégration du trépassé.

  • 29 Statuts synodaux de Nîmes, Arles, Béziers, Lodève et Uzès (1252), art. 131 : Verumtamen licet sign (...)

19Si certaines sources normatives et des récits exemplaires insistent sur la réception de l’absolution ante mortem, d’autres textes signalent qu’elle peut être octroyée post mortem. Ils précisent alors que pour recevoir son absolution, le « mauvais mort » inhumé à l’extérieur du cimetière doit être exhumé. Au xiiie siècle, plusieurs statuts synodaux rapportent que l’excommunié mort « ne doit pas être enseveli dans le cimetière ecclésiastique avant l’absolution, mais il peut être déposé à côté du cimetière dans un cercueil de bois ou enseveli en terre, et ensuite, lorsqu’il devra être absous, il devra être exhumé et absous et enseveli dans le cimetière ecclésiastique29 ». Là encore, loin des outrages corporels rapportés dans l’Ancien Testament, on s’aperçoit que le cadavre des « mauvais morts » bénéficie d’un minimum d’attention, c’est-à-dire d’un cercueil et d’une mise en terre. Si ces articles synodaux attestent que le juxta cimiterium est dévolu à l’accueil du cadavre des excommuniés, ils prouvent, d’une part, que l’absolution permet une réintégration intra cimiterium et, d’autre part, que l’Église s’autorise à lier et à délier sur terre comme dans l’au-delà. À ce titre, le statut des marges du cimetière s’éloigne de celui des espaces de relégation : elles paraissent plutôt être un lieu de mise à l’écart temporaire.

***

20La mise en place par l’Église d’un lieu funéraire et d’un discours moral fait donc du cimetière et de sa périphérie des espaces à part entière où se matérialisent le jugement des hommes et celui de Dieu. Si l’espace juxta cimiterium est dévolu à l’inhumation des « mauvais chrétiens », il est – à l’image du Purgatoire – un lieu de transition. À ce titre, force est de constater que la privation de sepultura ecclesiastica n’est pas une peine irrévocable et que l’espace prope cimiterium n’est pas un espace d’exclusion stricto sensu.

  • 30 H. Galinié, X. Rodier, L. Saligny, « Entités fonctionnelles, entités spatiales et dynamique urbain (...)
  • 31 A. Guerreau, « Quelques caractères spécifiques de l’espace féodal européen », N. Bulst, R. Descimo (...)

21Le cimetière et ses marges sont donc des entités topographiques et fonctionnelles de valeur distincte30. En s’intéressant au rapport entre les réalités territoriales, les perceptions spatiales et les représentations sociales, l’étude de la périphérie cimitériale met au jour une configuration topographique plus complexe qu’une simple dualité intra/extra cimiterium. Si le pourtour cimitérial se définit négativement par rapport au centre – l’intérieur du cimetière est consacré alors que l’extérieur, lui, ne l’est pas –, son étude montre que le cimiterium christianorum est certes un centre polarisant pour les « bons » et les « mauvais morts »31 mais, au-delà des concepts de centre et de périphérie, elle fait également émerger la question de la frontière et du voisinage. Aussi, il s’agit de se focaliser, à partir de leur point de confluence, sur l’articulation de ces entités spatiales à la fonction et au statut différents.

22Entre le cimiterium dévolu à l’accueil des « bons morts » et le lieu destiné aux « mauvais défunts », s’étend un espace prope cimiterium. Il peut prendre la forme d’un fossé, d’un enclos maçonné, d’une haie, d’une barrière ou même d’une bande de terre. Parce qu’il induit une barrière physique et mentale entre deux zones, parce qu’il agit comme une interface permettant d’identifier, d’opposer et de préserver deux rapports de force et, enfin, parce qu’il est un territoire à part entière, cet espace prend la forme d’une zone tampon plus que d’une frontière. En effet, s’il est établi pour éviter tout risque de confusion et de contagion par proximité topographique, il lie autant qu’il sépare, et permet à deux essences antinomiques – le sacré et le profane – de s’incarner dans le paysage. Dans une dialectique topologique, la perception visuelle du cimetière et de ses marges invite donc à identifier l’ensemble des relations entre les espaces et à les situer les uns par rapport aux autres. Elle induit une analyse mentale imposant à l’homme l’image d’un cimetière divisé en trois lieux distincts mais complémentaires.

Notes

1 C. A. Kerin, The Privation of Christian Burial. An Historical Synopsis and Commentary, Washington, 2009 [1941] ; M. Vivas, La privation de sépulture au Moyen Âge. L’exemple de la province ecclésiastique de Bordeaux ( xe-début du xive siècle), Thèse, Poitiers, 2012.

2 É. Zadora-Rio, « Lieux d’inhumation et espaces consacrés : le voyage du pape Urbain II en France (août 1095-août 1096) », A. Vauchez (éd.), Lieux sacrés, lieux de culte, sanctuaires, 273, Rome, 2000, p. 197-213 ; C. Treffort, « Consécration de cimetière et contrôle épiscopal des lieux d’inhumations au xe siècle », M. Kaplan (dir.), Le Sacré et son inscription dans l’espace à Byzance et en Occident. Études comparées, Paris, 2001, p. 285-299 ; M. Lauwers, Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval, Paris, 2005.

3 M. Vivas, La privation de sépulture…

4 Ibid., p. 307-314 ; M. Vivas, « La mise en scène de l’outrage dans la mort à travers l’étude de la privation de sepultura ecclesiastica et des sépultures atypiques (xie-xive siècle) », L. Bodiou, V. Melh, M. Soria (dir.), Corps outragés, corps ravagés de l’Antiquité au Moyen Âge, Turnhout, 2011, p. 371-381.

5 M. Vivas, « Christiana sepultura priventur. Privation de sépulture, distinction spatiale et inhumations atypiques à la lumière des pratiques funéraires (xe-xive siècle) », I. Cartron D. Castex, P. Georges, M. Vivas, M. Charageat (éd.), De corps en corps. Traitement et devenir du cadavre, Bordeaux, 2010, p. 193-214.

6 M. Vivas, La privation de sépulture…, p. 314-331 ; Id., « Aux marges du cimetière chrétien. L’inhumation des « mauvais morts » d’après les sources textuelles et les représentations figurées (xiiie-xve siècle) », A. Dietrich, A. Corrochano, M. Gaultier (dir.), Paysage du Cimetière, 2014 (sous presse).

7 Statuts synodaux additionnels de Saintes, Hiver 1280 et Pâques 1282 : J. Avril (éd.), Les statuts synodaux français du xiiie siècle, précédés de l’historique du synode diocésain depuis ses origines, t. 5 : Les statuts synodaux des anciennes provinces de Bordeaux, Auch, Sens et Rouen (fin du xiiie siècle), Paris, 2001, p. 69-73 et p. 74-76.

8 Constitution de Geoffroy de Saint-Brice – Pâques 1282, art. 1 : De sepulture excommunicatorum. Cum in diocesi Santonensi corruptela inolverit quod cadavera excommunicatorum defunctorum ita prope cimiteria vel intra a quibusdam contemptoribus nervi ecclesiastice discipline intumulantur, ut vix discerni possint sepulture profane excommunicatorum a cui subjacere volumus violatores constitutionis hujus ipso facto, adjicientes sub pena predicta ne excommunicatorum corpora tradantur sepulture prope sacra cimiteria, per spatium duorum terre jugerum circumquaque, nec ultra quam duo corpora excommunicatorum ponantur simul extra metas predictas, ne propter multitudinem credatur ab aliquibus cimiterium sacrum esse, J. Avril (éd.), Les statuts synodaux français…, t. 5, p. 74.

9 É. Zadora-Rio, « La topographie des lieux d’asile dans les campagnes médiévales », M. Fixot, É. Zadora-Rio (dir.), L’Église, la campagne, le terroir, Paris, 1990, p. 11-16 ; P. Bonnassie, « Les sagreres catalanes : la concentration de l’habitat dans le « cercle de paix » des églises (xie siècle) », M. Fixot, É. Zadora-Rio (dir.), L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, Paris, 1994, p. 68-79 ; H. Mouillebouche, « Cercles de paix, cimetières et châteaux en Bourgogne », P. Corbet, J. Lusse (éd.), Ex animo. Mélanges d’histoire médiévale offerts à Michel Bur par ses élèves à l’occasion de son 75e anniversaire, Langres, 2009, p. 73-138.

10 P. Blanchard, P. Georges, Perception et évolution d’un quartier périphérique de Bourges à travers la fouille de la parcelle du 35, rue de Sarrebourg, Rapport Final d’Opération, S.R.A. Centre, 2006.

11 Située en limite de chantier, l’inhumation 301 n’a pu être entièrement fouillée, et n’a donc pas pu faire l’objet d’une analyse archéo-anthropologique.

12 Voir, par exemple, P.-Y. Balut, « Signal de mort », ramage, 4, 1986, p. 315-349.

13 Ces constations avaient déjà été faites dans : C. Treffort, « L’interprétation historique des sépultures atypiques. Le cas du haut Moyen Âge », L. Baray (dir.), Archéologie des pratiques funéraires : approches critiques, Glux-en-Glenne, 2004, p. 131-140.

14 O. Passarrius, R. Donat, A. Catafau (dir.), Vilarnau. Un village du Moyen Âge en Roussillon, Canet en Roussillon, 2008. Le passage dédié aux « sépultures non conventionnelles » se situe p. 204-207.

15 M. Vivas, La privation de sépulture…, p. 463-500 ; M. Vivas, « Les lieux d’exécution comme espaces d’inhumation. Traitement et devenir du cadavre des criminels (xiie-xive siècle) », Revue Historique, 670 (2), 2014, p. 295-312.

16 H. Galinié, « Utiliser la notion de “distance critique” dans l’étude des relations socio-spatiales », Les Petits Cahiers d’Anatole, 7, 2001, p. 2. Consultable en ligne : http://citeres.univ-tours.fr/doc/lat/pecada/F2_7.pdf (Consulté le 22/06/2011). p. 2.

17 E. T. Hall, La dimension cachée, Paris, 1978 [1966], p. 87-99.

18 Dans une très large bibliographie, voir – parmi les auteurs les plus connus – É. Durkheim, « Représentations individuelles et représentations collectives », Revue de métaphysique et de morale, VI, 1898, p. 273-302 ; É. Durkheim, M. Mauss, « De quelques formes de classification. Contribution à l’étude des représentations collectives », Année Sociologique, 6, 1903, p. 1-72 ; D. Jodelet, Les représentations sociales, Paris, 2003 [1989] ; G.-N. Fischer, Les concepts fondamentaux de la psychologie sociale, Paris, 2010 [1987].

19 Cet exemplum a déjà été étudié dans : M. Lauwers, Naissance du cimetière…, p. 221-222 et dans M. Vivas, La privation de sépulture…, p. 319-321.

20 Thomas de Cantimpré, Bonum universale de apibus, 2, 53, 34 : […] Et erat populus ille super id quod dici potest, aut credi, miseria miserandus, nudus penitus, et per omnia saevis plagis, et cruentatis vulneribus laceratus. Nec mora, a sacerdote illo iterato edito signo crucis, disparuit populus, et alius multo minor numero et horrore, surrexit. Habitu quidem pauper, et colore pallidus videbatur, quasi macie multa et tabe confectus, dissimiles tamen personae, secundum magis et minus. Iterato post haec a sacerdote signo crucis edito, populus repente discessit, et surrexit populus parvus numero, quem solius atrii spatium capere potuisset, longe dissimilis claritate et gloria omnibus hominibus mundi quoscumque vidi. Erant autem vestimenta eorum sicut nix a sole irradiata, et facies omni splendore iucundior, et dixit mihi sacerdos : discrevisti trium populorum dissimilitudines, quas vidisti ? Prima illa miserrima gens, sine ulla contritione discedens a seculo, aeternaliter damnata est. Secundo apparentes, cum contritione, sed non peracta poenitentia, mortui sunt. Et illi quidem adhuc poenis gravissimis detinentur, sed tandem purgati, pervenient ad quietem. Tertia autem gens, populus electus est, qui peracta poenitentia cum Domino gloriatur. Hoc dicto, cum ipso populo sacerdos disparuit, et mox ad matutinam officium campana pulsatur. Ergo autem auditis matutinis et missa, de die regressus sum domum, et tribus mensibus elangui post istam terribilem visionem, G. Colvenere (éd.), Thomae Cantipratani. Bonum universale de Apibus, Douai, 1627, p. 515-516.

21 M. Vivas, « Déplacer les “mauvais morts” au Moyen Âge (fin vie-début du xive siècle) », D. Boyer-Gardner, M. Vivas (dir.), Déplacer les morts. Voyages, funérailles, manipulations, exhumations et réinhumations de corps au Moyen Âge, Bordeaux, 2014, p. 73-90.

22 M. Bourin, É. Zadora-Rio, « Pratiques de l’espace : les apports comparés des données textuelles et archéologiques », Construction de l’espace au Moyen Âge : pratiques et représentations, Paris, 2007, p. 139-147 ; J.-P. Devroey, M. Lauwers, « L’“espace” des historiens médiévistes : quelques remarques en guise de conclusion », Ibid., p. 435-453.

23 A.D. Doubs, B 37 ; édité dans : M. Bubenicek, Entre rébellion et obéissance. L’espace politique comtois face au duc Philippe le Hardi (1384-1404), Genève, 2013, p. 622-641. Le lecteur peut également se reporter à M. Bubenicek, « « Et encourt sont les dictes forches en la dicte place toutes droictes… ». La « guerre des gibets » dans l’État bourguignon naissant (Franche-Comté, xive siècle) », M. Charageat, M. Vivas (dir.), Les fourches patibulaires du Moyen Âge à l’Époque moderne. Approche interdisciplinaire, 2014 (à paraître). Nous tenons à remercier M. Bubenicek pour avoir porté ce texte à notre connaissance et pour nos discussions enrichissantes.

24 Le quatrième témoin précise également « sur les fossez ung pol dedens le cemestiere, et le sixième témoin mentionne deanz ledit cymetiere dudit Fraisgne ».

25 Carpentras, B.M., ms. 57, fol. 71v. En ligne : http://www.enluminures.culture.fr/documentation/enlumine/fr/.

26 L.-V. Thomas, Rites de mort pour la paix des vivants, Paris, 1985 ; P. Baudry, « La mort : une dimension sociale », M. Gilbert (dir.), Antigone et le devoir de sépulture, Genève, 2005, p. 177-187 ; E. Pittet, « L’importance des rites funéraires pour les proches : une question de dignité », Ibid., p. 188-197.

27 Augustin d’Hippone, De cura gerenda pro mortuis, G. Combes (éd.), Œuvres de saint Augustin, t. 2, Problèmes moraux, Paris, 1948, p. 384-453. Sur ce point, voir É. Rebillard, In hora mortis. Évolution de la pastorale chrétienne de la mort aux ive et ve siècles dans l’Occident latin, Rome, 1994 ; É. Rebillard, Religion et sépulture. L’Église, les vivants et les morts dans l’Antiquité tardive, Paris, 2003.

28 M. Vivas, « Inhumer à tout prix au sein du cimetière chrétien : la privation de sépulture, les vivants et les « mauvais morts » au Moyen Âge (xiie-xive siècle) », N. Catellani-Dufrene, O. Szerwiniack (dir.), Les contacts entre les vivants et les morts de l’Antiquité à la Renaissance, Actes du colloque de Beauvais, 3-5 juillet 2013, sous presse.

29 Statuts synodaux de Nîmes, Arles, Béziers, Lodève et Uzès (1252), art. 131 : Verumtamen licet signa penitentie precesserant, si non fuerit in infirmitate vel mortis articulo ab aliquo absolutus, non debet ante absolutionem in cimiterio ecclesiastico sepeliri, sed juxta cimiterium poni poterit in aliquo ligneo monumento, vel in terra sepeliri, et postmodum cum debebit absolvi, debet exhumari, et absolvi et in cimiterio ecclesiastico sepeliri, O Pontal (éd.), Les statuts synodaux français du xiiie siècle, précédés de l’historique du synode diocésain depuis ses origines, t. 2, Les statuts de 1230 à 1260, Paris, 1983, p. 372-373 ; Statuts synodaux de Dax (1283), art. 75 ; J. Avril (éd.), Les statuts synodaux français du xiiie siècle, précédés de l’historique du synode diocésain depuis ses origines, t. 5, Les statuts synodaux des anciennes provinces de Bordeaux, Auch, Sens et Rouen (fin du xiiie siècle), Paris, 2001, p. 164 ; Synode de Nîmes (1284), art. 11, J. Mansi (éd.), Sacrorum conciliorum, nova et amplissima collectio, Venise-Florence, 1759-1798, 24, col. 546.

30 H. Galinié, X. Rodier, L. Saligny, « Entités fonctionnelles, entités spatiales et dynamique urbaine dans la longue durée », Histoire & Mesure, 19 (3-4), 2004, p. 223-242. Consultable en ligne : http://histoiremesure.revues.org/761 (consulté le 15/09/2013).

31 A. Guerreau, « Quelques caractères spécifiques de l’espace féodal européen », N. Bulst, R. Descimon, A. Guerreau (dir.), L’État ou le roi. Les fondations de la modernité monarchique en France ( xive-xviie siècle), Paris, 1996, p. 85-101 ; Id., « Le champ sémantique de l’espace dans la vita de saint Maieul (Cluny, début du xie siècle) », Journal des Savants, 1997, p. 363-419.

Table des illustrations

Légende Fig. 1 : « Résurrection des morts », Carpentras, Bibliothèque Inguimbertine et musées, Livre d’heures à l’usage du Nord de la France, Ms 57, fol. 71v, cliché cnrs-irht.
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/9880/img-1.jpg
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Légende Fig. 2 : « Résurrection des morts », Carpentras, Bibliothèque Inguimbertine et musées, Livre d’heures à l’usage du Nord de la France, Ms 57, fol. 71v, cliché cnrs-irht ; détail.
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/9880/img-2.jpg
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