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Eaux et conflits

 | 
Patrick Fournier
, 
Sandrine Lavaud

Gestion et usages au cœur des conflits

Une source de conflits « ville-campagne » : l’acheminement de l’eau en Bretagne aux xviie et xviiie siècles

David Groussard

Texte intégral

  • 1 A.M. Dol, BB3, délibération du 18 avril 1725.

1Le dimanche 17 avril 1725, dans la campagne de Dol, petite cité épiscopale du nord-est de la Bretagne, le fontainier de la ville1, Julien Dubois, et sa femme, Jeanne Chapel, inspectent la conduite d’eau, à la suite d’une mystérieuse interruption de l’écoulement à la fontaine de la ville. Au cours de leurs recherches, ils s’attirent les foudres du couple de La Roüandais Jourdain, propriétaires du terrain, accompagnés de deux valets. Énervés de subir les désagréments d’une commodité urbaine, ces derniers profèrent des insultes et assènent des coups aux fontainiers. Cet événement s’inscrit dans le contexte des relations tumultueuses qu’entretiennent la ville et les habitants de la campagne lésés par le passage de l’eau urbaine.

  • 2 Dans le contexte breton, seule Brest propose un système plus complexe dans la seconde moitié du XVI (...)

2Une vingtaine de villes bretonnes tentent de s’approvisionner par adduction durant les XVIIe et XVIIIe siècles. Ce sont autant de lieux où des conflits émergent, s’enracinent et, parfois, s’enveniment, mais aussi où sont également imaginées et négociées des solutions de médiation. Cette communication se propose d’évoquer un aspect des conflits hydriques, opposant la ville et la campagne, à travers des situations empruntées au contexte de la Bretagne à l’Époque moderne. Dans ce cadre géographique et chronologique, les moyens techniques d’acheminement de l’eau se bornent à des lignes d’eau. La plupart des localités en compte une, voire deux pour quelques rares villes comme Rennes au XVIIe siècle2. La ligne se divise parfois en deux ou trois branches, permettant d’alimenter plusieurs lieux de la ville. Cet équipement rudimentaire, comme le suggère la photographie de la conduite d’eau de Vannes (fig. 1), recueille les suffrages urbains et les mécontentements des ruraux. Il s’agit donc, pour une agglomération, de s’approprier une ressource de son plat pays.

Fig. 1 : Conduite d’eau découverte lors d’un chantier de fouille préventif à Vannes en 1997 (A.M. Vannes, fonds Patrick André, cliché 10).

Fig. 1 : Conduite d’eau découverte lors d’un chantier de fouille préventif à Vannes en 1997 (A.M. Vannes, fonds Patrick André, cliché 10).

3Entre le début du XVIIe siècle et la fin du XVIIIe, le contexte institutionnel évolue nettement, passant de la construction de l’échelon municipal à l’affirmation du pouvoir de l’intendance. La municipalisation du pouvoir local, accompagnée par la monarchie, se traduit par une concentration des responsabilités ; seigneurs et ecclésiastiques se retirent de la prise de décisions, en même temps qu’ils perdent la maîtrise des recettes et des dépenses urbaines. La manière de traiter avec les propriétaires et les locataires des terres traversées par la conduite est tributaire du contexte institutionnel, du rapport de force et des enjeux de l’eau. Cette évolution institutionnelle n’est donc pas neutre.

4Le regard archivistique proposé n’embrasse qu’imparfaitement la problématique du conflit puisque la documentation visée est composée essentiellement d’archives administratives. Toutefois, les institutions se font l’écho du conflit puisque, au niveau municipal, une position officielle est engagée à la suite d’une délibération, au moins formelle, de la communauté de ville. Puis, au XVIIIe siècle, l’intendant de province s’affirme comme le juge en matière de travaux publics urbains. Dans les précieux fonds de l’intendance de Bretagne, nous trouvons donc les requêtes de la ville et des habitants qui se sentent lésés. Là encore, cet administrateur juge après enquête menée par un ingénieur. Des dossiers retraçant l’historique judiciaire se constituent au gré des pièces portées au dossier. Actes notariés et sentences de justice se retrouvent ainsi parfois collectés.

Les nuisances d’une commodité urbaine

5L’approvisionnement en eau des villes de Bretagne constitue un défi technique et financier de taille qu’il convient d’expliquer afin de cerner le contexte des conflits. Il s’agit en premier lieu de déterminer précisément l’objet du litige, son aspect technique et ses contraintes d’entretien. Ces caractéristiques conditionnent la gêne occasionnée et donc les tensions.

L’objet du conflit : une frêle conduite d’eau

  • 3 A. Malissard, Les Romains et l’eau. Fontaines, salles de bains, thermes, égouts, aqueducs, Paris, 1 (...)

6Une conduite d’eau bretonne connaît quelques spécificités par rapport au modèle romain initial. Les Bretons des XVIIe et XVIIIe siècles utilisent des tuyauteries pour l’ensemble de la structure (de la source à la fontaine publique), tandis que les Romains privilégiaient une circulation de l’eau dans un specus, c’est-à-dire dans une rigole couverte souvent aérienne3. L’efficacité du calcul des pentes permettait une maîtrise de l’écoulement par gravité. Les Romains installaient des tuyauteries uniquement dans le cas de défis topographiques nécessitant la mise sous pression de l’eau avec l’installation d’un siphon ou encore pour les zones urbanisées. Quelques aqueducs de dimensions modestes ont été repérés dans les zones périurbaines de Tréguier, Dol, Guingamp ou Vannes. S’ils sont installés pour effacer des difficultés topographiques, ailleurs le transport s’effectue essentiellement par une tuyauterie, le plus souvent en terre cuite, jalonnée de regards qui servent d’observatoires, de ruptures de charge et de lieux de stockage. Même sur les aqueducs, l’eau passe dans une tuyauterie car les mortiers ne sont pas suffisamment étanches pour que l’eau circule dans des rigoles en pierre.

  • 4 En 1830, l’ingénieur Raymond Genieys estime que les tuyaux en terre cuite possèdent une durée de vi (...)
  • 5 À Vannes, l’aqueduc monumental conduisant l’eau dans le centre urbain s’effondre au tout début du X (...)

7À l’Époque moderne, l’emprise visuelle sur le territoire est donc beaucoup moins marquée que dans le cas romain. Toutefois, les structures souterraines doivent compter avec des contraintes supplémentaires. Les ouvrages enfouis imposent des activités d’excavation d’autant plus récurrentes que les tuyaux en terre cuite se brisent facilement et que leur durée de vie est limitée4. En outre, on positionne des faussets ou des ventouses, autrement dit des systèmes d’éventement, le long du parcours de la conduite. La réussite d’une telle entreprise reste incertaine ; des échecs coûteux (à Rennes, à Vannes, à Dinan) témoignent de la difficulté technique d’un approvisionnement par système adducteur5.

  • 6 D. Groussard, « Concevoir et concrétiser les adductions d’eau dans les villes bretonnes aux XVIIe e (...)

8Au sein de cette trame technique, les stratégies et les matériaux évoluent sous l’impulsion du personnel engagé, passant de la responsabilité de fontainiers, souvent potiers ou ouvriers sortis du rang, à celle d’ingénieurs avec, comme moments de basculement de l’une à l’autre, la prise de pouvoir de l’intendance de Bretagne dans les années 1720 et la réorganisation du corps des Ponts et Chaussées en 17576. La morphologie, essentiellement souterraine et extrêmement fragile des conduites d’eau contemporaines, participe à l’émergence des situations conflictuelles. En effet, la ville doit régulièrement faire des sondages pour localiser les fuites et creuser des tranchées pour changer ou réparer la tuyauterie. La récurrence des travaux, imposée par la fragilité de la structure, réveille régulièrement les conflits.

Les raisons et les formes du conflit

9Deux zones de frictions se distinguent. D’une part, le captage de l’eau déstabilise les ressources aquatiques et donc les usages préexistants ; d’autre part, le transport de l’eau jusqu’au monde urbain impose le passage sur des propriétés privées. La bataille se joue donc sur le terrain de la maîtrise d’une ressource et sur celui de son acheminement.

  • 7 A.M. Vannes DD 7, 16 juillet 1687, procès-verbal de Pierre Dondel, sénéchal, sur la plainte d’Anne (...)
  • 8 Ibid.
  • 9 A.D. Ille-et-Vilaine, 2 EG 78 ; elle demande que l’eau « soit remise en leur cours ordinaire », en (...)

10Le partage des eaux pose des difficultés et la ponction urbaine peut déstabiliser l’équilibre entre les ressources et les usages préexistants. À Vannes, en 1687, Anne Le Sénéchal, propriétaire de moulins, estime que ses roues manquent d’eau depuis la création de l’adduction7. Au contraire, le syndic de la ville considère que les terrassements ont accru la quantité d’eau8. Il ajoute qu’auparavant le moulin manquait d’eau pendant plusieurs mois autour de l’été. À Fougères, à la même période, Marie Jeanne Geslin de Trémargat, propriétaire du moulin de Grolay, s’inquiète des perturbations d’alimentation que rencontre son fermier depuis le captage des sources pour l’alimentation de la ville. Il menace d’ailleurs d’abandonner son bail9.

  • 10 A.M. Rennes, BB 588, délibération du 11 janvier 1703.
  • 11 A.M. Saint-Malo, BB 27, délibération du 21 septembre 1734.

11Les villes peuvent également souffrir des comportements des autres utilisateurs des ressources. Les Rennais, par exemple, pâtissent en 1703 des aménagements que réalisent plusieurs propriétaires jouxtant les sources des fontaines de la ville10. Des soucis similaires dérangent les Malouins au moment où ils tentent de sauvegarder leur approvisionnement par adduction en 173411. Ils expliquent l’assèchement des fontaines par le creusement de puits auprès des sources. Si le captage est l’occasion de conflits, il paraît surclassé numériquement par les soucis engendrés par l’acheminement de l’eau vers la ville.

  • 12 A.D. Ille-et-Vilaine, C 378, sans date (1772), seconde requête de Le Chat présentée à l’intendant.
  • 13 A.D. Ille-et-Vilaine, C 378, 1er août 1773, ordonnance de l’intendant Dupleix de Bacquencourt. Le p (...)

12L’ouvrage en lui-même impose des désagréments pesants, telle la présence de quelques aqueducs, des tuyaux de ventilation verticaux qui sortent de terres ainsi que des regards installés dans les prés et les cours de ferme. Pour préserver ces structures, les habitants sont contraints de respecter certaines règles qui s’étoffent au cours de la période. Ainsi, afin d’éviter que les racines n’endommagent les tuyaux, des distances sont prescrites, un peu partout, entre l’ouvrage et les arbres. Le creusement des tranchées entraîne d’évidents dommages, comme la perte des récoltes. Toutefois, à Fougères, durant l’été 1772, un modeste tisserand, Joseph Le Chat, est la victime d’une situation plus exceptionnelle ; une tranchée déchire la pièce principale de son habitation12. En effet, celle-ci croise le parcours prévu pour l’installation de la conduite publique. La saignée faite, il attend pendant plusieurs semaines que les entrepreneurs fassent poser les tuyaux. Il demande à être dédommagé des dégâts causés aux fondations de sa maison et obtient finalement 12 livres13. Il n’est fait état d’aucune transaction préalable entre le tisserand et la ville.

  • 14 A.M. Rennes, DD 226, extrait d’un procès-verbal établi par les députés touchant le cours de la gran (...)
  • 15 A.M. Rennes, DD 226, extrait des registres de greffe de l’hôtel de ville du 11 juillet 1680.

13Plus détestés peut-être que les dommages directs, les passages du fontainier ou des ouvriers sur leur terrain insupportent les riverains. À Rennes, le fontainier dispose d’un droit d’accès dans les jardins des habitants des faubourgs ; en 1632, Guillaume Le Lardeux obtient la confirmation de cette disposition en dépit des entraves des riverains14. En 1680, à la demande du fontainier Louis Ornain, de nouvelles restrictions sont imposées aux habitants des terrains par où passe la conduite. Cette démarche fait suite à l’agacement de Louis Ornain concernant des « dessordres qui se commettent journellement par les habittants de la rue hautte et basse sur la conduitte des tuyaux des d [ites] pompes15 ». Il faut rappeler ici que le fontainier s’engage le plus souvent par voie d’adjudication et qu’il est donc payé au forfait pour la fourniture et la pose de tout ce qui sera nécessaire pour le bon fonctionnement de l’ouvrage. Ainsi, il est directement lésé par les malveillances. Le sénéchal annonce une série de mesures contraignantes censées assurer la qualité de l’eau car les rejets urbains pénètrent dans le sol et les conduits perméables :

  • 16 Ibid.

« j’ay faict scavoir a tous proprietaires fermiers et locataires possedans maisons jardins et pour prie adjasent les endroictz et espace ou sont pasez les tuyaux du cours de l’eau et flue de la grand pompe de repurger chacun endroict soy les immondices et saltes qui la peuvent y avoir dans vingt quatre heures a peine d’en courir l’amende porté par la dite sentence et d’y mettre personne a leurs fraiz, avec deffence a eux a l’advenir d’y faire aucunes saltes et iceux endroitz tenir netz depent d’infection de l’eau ny de tenir et avoir aucunes latrines ny fosses mortes au proches faire aucunes avances sur espace du cours ou sont planttes les d[its] tuiaux qui doit estre de sept piedz en tous endroictz ny d’y planter aucunes arbres et sy aucunes sont de les abatre promptement a faulte de quoy ilz seront coupes et a razer a leurs fraiz16. »

  • 17 A.D. Ille-et-Vilaine, C 507, 9 avril 1737, mémoire sur la lettre écrite au comte de Toulouse par Je (...)

14À Guingamp, les travaux produisent également une opposition entre le prêtre Jean-Louis Hamon, d’un côté, et la communauté de ville et l’entrepreneur Beaumont de l’autre. En effet, les vergers que le prêtre tient à bail au pied des murailles de la ville doivent accueillir le chantier de la construction de la conduite d’eau. Il se plaint essentiellement des dommages causés par les ouvriers : utilisation de ses pierres pour l’ouvrage, détérioration de ses clôtures, vols de ses fruits, trous formés pour travailler la chaux17

  • 18 A.D. Ille-et-Vilaine, C 360, 30 octobre 1727, extrait du procès-verbal de l’ingénieur Thévenon.
  • 19 Ibid. Le sieur de La Cornillère conteste les accusations d’autant « que les juges de Dol estant les (...)
  • 20 A.D. Ille-et-Vilaine, C 702, extrait des registres des délibérations du 8 juillet 1785.

15Cette situation de frustrations explique l’implication de riverains dans les détériorations causées aux ouvrages ; les gestionnaires des structures les suspectent régulièrement d’actes de malveillance. À Dol, en 1727, par exemple, la communauté soupçonne le sieur de La Cornillère, un propriétaire influent, d’être à l’origine de la casse de 70 tuyaux et d’en avoir bouché d’autres avec des bouts de bois18. Pour ces accusations, la justice locale prononce des sentences d’un montant minimum de 300 livres19. À Vannes, « la malice et les entreprises clandestines des riverains » seraient la cause des interruptions d’acheminement de l’eau en 178520.

L’adduction : une solution technique envahissante mais désirée

  • 21 D. Roche, L’Histoire des choses banales, Paris, 1997, p. 171.
  • 22 Les sources de la vallée de Mirande, situées à proximité de la ville, sont exploitées ou délaissées (...)

16Un a priori assez commun serait de conclure que l’obtention d’eau par adduction est un enjeu fort pour les agglomérations. On imagine aisément que cette solution accroît les quantités d’eau disponibles en ville et que cette eau, puisée loin des nuisances urbaines, est d’une qualité supérieure à celle obtenue par forage. Cependant, cette question est tributaire des valeurs que les contemporains prêtent à l’eau. De plus, l’histoire culturelle et matérielle pose une question de taille et connexe à celle des enjeux de l’eau : est-ce la pression des besoins qui oblige à trouver les solutions pour accroître la quantité d’eau ou est-ce parce que la quantité d’eau augmente que le panel des besoins s’étoffe ? Daniel Roche y apporte une réponse qui mérite d’être discutée : « Les moyens d’approvisionnement en eau ne sont susceptibles d’augmenter que si la pression des besoins impose la recherche de solutions nouvelles21. » Mais l’accès à ce choix n’est pas nécessairement guidé par l’augmentation de la quantité ; à Fougères, par exemple, l’adduction se substitue à d’autres points d’eau qui sont abandonnés ou exploités selon l’état de l’acheminement de l’eau22.

Un engagement édilitaire fort, témoin des enjeux

17Au sein de l’institution municipale, un organe est incontournable : la communauté de ville. Cette assemblée doit donner sa délibération sur tous les sujets entraînant une dépense ou pour toute action menée au nom de la ville. Si la réalité de l’autorité semble disputée entre la mairie et le corps de ville, c’est bien devant la communauté de ville que l’officialisation de la décision s’affirme. Quelle place occupe l’approvisionnement en eau dans ses délibérations ? Prenons quatre villes – Dol, Fougères, Rennes et Vannes – ayant choisi l’adduction d’eau dans leur panel de ressources. La difficulté consiste à isoler une période « complète » afin qu’une approche quantitative soit envisageable.

Tableau 1 : Nombre de délibérations concernant l’approvisionnement en eau dans quatre villes bretonnes sur des périodes « complètes »

Tableau 1 : Nombre de délibérations concernant l’approvisionnement en eau dans quatre villes bretonnes sur des périodes « complètes »

18Le cas rennais nous permet d’observer les registres de 1654 à 1658. Durant cette période, la ville entreprend des travaux d’envergure sur les infrastructures. En corrélation avec les enjeux du moment, la communauté de ville prend 68 délibérations sur le sujet, soit une moyenne annuelle tout à fait exceptionnelle qui dépasse les 13 fois par an. Dans le cas fougerais, les registres paraissent complets de 1762 à l’an VIII. Une séquence de près de 38 années offre une succession de périodes d’ouvrages importants et cycles de travaux d’entretien. Les résultats fournissent ainsi une véritable moyenne sur une période révélatrice (2,6 délibérations par an), alors que Rennes, dans les années 1650, livre le bilan d’une période de grande entreprise (13,6 délibérations par an). La moyenne de Dol (4,6 délibérations par an), plus élevée qu’ailleurs pour une période d’entretien courant, montre l’acuité du problème de l’eau dans le contexte d’une ville entourée de marais. On remarque, en parallèle, que le niveau de tension atteint entre la ville et les propriétaires est particulièrement aigu, entraînant l’usage l’usage de la violence physique et de nombreux recours procéduraux.

  • 23 A.D. Ille-et-Vilaine, C 359, comptes des miseurs de Dol de 1702-1783.
  • 24 A.D. Ille-et-Vilaine, C 824, comptes des miseurs de Guingamp de 1702-1783.

19Un autre outil de mesure – la comptabilité municipale – confirme les enjeux dolois. Pendant le XVIIIe siècle, la petite ville de Dol concède très régulièrement entre 10 et 30 % de son exercice comptable bisannuel à son approvisionnement en eau23. Mais un tel niveau reste rare. La ville de Guingamp est plus représentative du contexte breton. Sa fourchette budgétaire demeure comprise entre 2 et 8 % dans près du tiers des comptes, coupée par des pics culminants de 30 à 60 % du budget dans la période de remise en état (la charnière des années 1730-1740)24. Dans des budgets extrêmement serrés, de tels niveaux de dépenses ne sont pas anodins.

Graphique 1 : Part du budget (en pourcentage) de Dol consacrée à l’approvisionnement en eau (1704-1783)

Graphique 1 : Part du budget (en pourcentage) de Dol consacrée à l’approvisionnement en eau (1704-1783)

Source : d’après ADIV, C 359.

Graphique 2 : Part du budget (en pourcentage) de Guingamp consacrée à l’approvisionnement en eau (1702-1783)

Graphique 2 : Part du budget (en pourcentage) de Guingamp consacrée à l’approvisionnement en eau (1702-1783)

Source : d’après ADIV, C 824.

  • 25 Patrick Fournier constate qu’« un dépouillement même rapide des archives communales de Carpentras s (...)
  • 26 Concernant Vannes : « Tenir jusqu’a nouvel ordre les portes de leurs couvens ouvertes, le matin dep (...)
  • 27 A.M. Lorient, DD 7, extrait des registres des délibérations du 13 août 1785.
  • 28 A.M. Rennes, DD 229, avis de l’ingénieur Even rendu le 27 mai 1785 suite à une requête d’habitants (...)

20De l’étude des comptabilités et des registres des communautés de ville, il apparaît que l’approvisionnement en eau relève hautement des responsabilités édilitaires. Ce constat concorderait avec les résultats obtenus par Patrick Fournier au sujet de Carpentras, dans une autre sphère géographique25. La comparaison avec les autres domaines de l’hydraulique confirme cette vision car nul autre ouvrage en relevant ne monopolise autant de temps communal. Les édiles cherchent à soulager leur population afin de maintenir le pacte social. Dans les cas de sécheresse, la ville réquisitionne l’accès au point d’eau. C’est le cas en 1785, alors que les conditions climatiques sont exceptionnelles ; le présidial de Vannes impose aux communautés religieuses d’offrir un accès à l’eau aux habitants demandeurs26. À Lorient, la communauté de ville veut faire cesser « les murmures des citoyens27 ». À Rennes, le Parlement décide d’octroyer l’accès au puits du Palais en précisant le caractère exceptionnel de la mesure28.

Les effets de la croissance de l’emprise monarchique

21Au XVIIe siècle, les communautés religieuses ou les prélats sont les partenaires dynamiques ou les initiateurs de ce type d’entreprise. Au prix d’un partage de l’eau, les ecclésiastiques s’investissent particulièrement dans la construction de structures, comme à Vannes avec le couvent de Nazareth, à Fougères avec le couvent des Urbanistes, à Lannion avec les pères augustins, à Dol avec l’évêque et comte de la ville ; à Guingamp ou Landerneau, cet engagement revient aux seigneurs laïcs. Plus on avance vers le XVIIIe siècle, plus la monarchie renforce son emprise sur les finances urbaines et positionne la communauté de ville comme relais exclusif de son administration.

  • 29 A.N., E 1752, registre, fol. 68, arrêt du 10 septembre 1668, liquidation des dettes des villes de B (...)

22Les finances sont certes mises sous tutelle, à la fois par la réglementation et la surveillance, mais, en contrepartie, l’autorité monarchique favorise la maîtrise municipale des octrois et des équipements face aux autres acteurs de la ville. Un exemple lannionais est particulièrement notable. L’arrêt du 10 septembre 1668, épurant les dettes des villes bretonnes, retire aux pères augustins le prélèvement, sur les fonds municipaux, d’une charge ordinaire de 300 livres au titre de la gestion de l’équipement d’approvisionnement en eau29. Outre l’effacement de cette dépense régulière, l’arrêt rend également la maîtrise de l’ouvrage public à l’instance municipale. En positionnant la municipalité en relais administratif, la monarchie détisse l’enchevêtrement institutionnel mais elle n’efface pas totalement l’intervention des autres acteurs urbains dans l’initiative, la participation à la prise de décision et l’accompagnement de la réalisation.

  • 30 J.-L. Harouel, L’embellissement des villes, l’urbanisme français au XVIIIe siècle, Paris, 1993, p.  (...)

23Gouverneur et commandant en chef de Bretagne s’impliquent davantage depuis la fin du XVIIe siècle. Pas à pas, l’intendant, présent en Bretagne depuis 1689, récupère la gestion des fonds municipaux ; son autorité s’impose sans hâte mais fermement jusqu’à ce que son nom se lise dans toutes les procédures. Le balisage de son autorité s’établit au début de la décennie 1720, tant face aux autres représentants du roi que face aux autres institutions. Dorénavant, les villes contactent l’intendant pour chaque action entraînant une dépense. De plus, l’intendant est le juge des contentieux en matière de travaux publics urbains. Il est même perçu positivement parce que ses activités judiciaires sont gratuites, rapides et appréciées pour leur qualité30.

24Au milieu des années 1720, l’intendant Feydeau de Brou doit traiter le dossier opposant les propriétaires concernés et la communauté de ville de Dol. Tout pose problème : l’ouverture des tranchées, la perte des récoltes, les visites du fontainier, les plantations d’arbres autour des structures, le dépôt du fumier… L’administrateur souhaiterait juger les conflits d’urbanisme à travers des critères pré-établis et reproductibles. Feydeau de Brou puis Des Gallois de La Tour, son successeur et continuateur en la matière, envisagent Dol comme un cas expérimental. L’intendant souhaite définir un modèle adaptable à d’autres villes qui s’apprêtent, elles aussi, à établir une ligne d’eau. Il suppute, non sans raison, que ce contentieux pourrait se reproduire ailleurs :

  • 31 A.D. Ille-et-Vilaine, C 360, 2 juillet 1728, résumé par tableau signé de l’intendant Feydeau de Bro (...)

« Que comme il n’y a peut estre jamais eu un pareil procés dans la province, n’etant pas capable de decider les questions requises, veu même qu’on doit incessammant construire de nouvelles fontainnes en la ville de Rennes et en celle de Dinan il est a propos d’etablir un reiglement general pour eviter les contestations entre les communautés des villes et les proprietaires des terres au travers desquels les conduits des fontainnes passent ou passeront31. »

  • 32 Ibid.
  • 33 A.D. Ille-et-Vilaine, C 360, 2 juillet 1728, ordonnance rendue le 28 février 1728, et 19 novembre 1 (...)

25L’ambition n’est pas mince : « Charger un fontainnier habille de donner son avis qui servira pour toujours de decision32. » Les questions de l’intendant partent du constat technique de la difficulté ; de là, il en conclut les contraintes à imposer à l’environnement immédiat de l’ouvrage. Il s’appuie sur des ingénieurs requis comme experts. La liste des interrogations est formulée par l’ingénieur des Ponts et Chaussées Charles Thévenon qui se sent dans l’incapacité de préconiser une position et de trancher dans ce dossier. Le questionnaire est ensuite transmis à l’architecte Gabriel et au fontainier du roi Claude Denis. Les intendants Feydeau de Brou et La Tour en tirent des ordonnances réglementaires33. Face à la disparité des situations locales, à la particularité de chaque cas et de chaque accord, l’intendance de Bretagne tente en vain d’imposer un règlement unique. Les résolutions des conflits se décident en fonction de circonstances locales.

Résoudre les conflits : la médiation et l’affirmation du pouvoir de la ville

  • 34 A.M. Rennes, DD 227, vers 1655, Sarazin, « propositions a messieurs de la communauté de Rennes » de (...)
  • 35 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, copie de l’acte du 27 juillet 1623.

26Au milieu du XVIIe siècle, lorsqu’il propose à la municipalité de Rennes un projet d’adduction, l’ingénieur Sarazin anticipe les difficultés que pourraient lui causer les habitants des terrains traversés. Il demande à l’instance municipale son soutien auprès du « Parlement pour pouvoir prendre les dites eaux, les conduire sans empeschement par les lieux convenables34 ». Les accords passés entre la ville et les propriétaires ne sont pas toujours à l’avantage de la première. Le cas de Tréguier fournit un exemple notable et particulièrement bien documenté parce que la gestion du contrat est soumise à procédure jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Cette situation archivistique tendrait à faire penser qu’il s’agit d’un conflit exceptionnel pour le XVIIIe siècle. Le 27 juillet 1623, la ville conclut un accord avec le sieur de Keraler qui avantage fortement ce propriétaire disposant de terres sur le village de Creven35. En effet, selon les termes de cet accord, la charge de remplir l’étang voisin où les ruraux rouissent le chanvre incombe à la municipalité, ce qui limite la quantité d’eau captée ; la profondeur d’enfouissement des tuyaux est prescrite (trois pieds) mais, surtout, la ville doit prévenir et dédommager les tenanciers de pièces de terre à chaque ouverture du terrain ; elle doit également, à cette occasion, concéder une gratification de 160 livres au sieur de Keraler. En 1737, l’intendant est saisi du dossier porté par la ville afin de redéfinir les dédommagements et les modalités d’accès aux terrains.

  • 36 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, projet d’arrêt et mémoire explicatif daté du 30 juin 1742.
  • 37 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, projet d’arrêt et mémoire explicatif daté du 30 juin 1742.
  • 38 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, 19 mai 1743, lettre de La Houssaye à l’intendant.
  • 39 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, 27 mai 1743, lettre de l’intendant aux maire et échevins de Tréguier.
  • 40 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, projet d’arrêt et mémoire explicatif daté du 30 juin 1742.

27La position de juge qu’occupe l’intendant suscite quelques doutes sur son impartialité. Il doit, en effet, statuer sur des chantiers qu’il a lui-même autorisés ou initiés. L’organisation de l’expertise pose ainsi question puisqu’elle est conduite par l’ingénieur, Étienne Loiseleur, généralement en charge de ce chantier. L’intendant Pontcarré de Viarmes suit dans cette affaire l’avis de son ingénieur et soutient les intérêts de la municipalité. En 1742, il propose au Conseil d’État du roi, par l’intermédiaire du Contrôleur général des finances Orry, un projet d’arrêt cassant l’accord de 1623 et demandant un dédommagement unique à l’occasion de l’installation des structures, sans autre forme postérieure de paiement36. Son projet concède toutefois une médiation sur la nécessité de maintenir l’eau dans l’étang servant au rouissage. Auparavant, les sentences de la prévôté, tribunal ordinaire dans ce cas, se prononçaient en faveur du propriétaire, comme en 1724 ou 173737. Orry refuse d’accéder à la demande de Pontcarré de Viarmes38. Il entend ainsi se prémunir des recours évidents que ferait le propriétaire. L’intendant conseille alors à la ville d’engager un avocat au Conseil afin qu’il défende ses intérêts39. Outre les dédommagements et les travaux, la ville doit ajouter les frais de sentences et d’expertises estimés à 50 livres40. La ville cherche à effacer ces surcoûts.

  • 41 A.D. Ille-et-Vilaine, C 360, 6 août 1727, ordonnance de l’intendant Feydeau de Brou. Cette décision (...)
  • 42 Ibid.
  • 43 A.M. Brest, CC 129, compte de miseur de 1772.

28À Dol, la situation est différente. La position des propriétaires est moins enviable. La mésaventure du fontainier Julien Dubois et de sa femme, en 1724, fait suite à un profond ressentiment des propriétaires et de leurs fermiers. Il existe donc une disparité de cas mais il apparaît clairement que l’intendant se place du côté de l’ambition urbaine. Cependant, l’intendant sait se positionner en médiateur, comme en 1727 lorsqu’il accorde un dédommagement au sieur de La Cornillère en compensation des pertes de blé et des « non jouissances des terres et incommodités qu’il souffre41 ». Par ailleurs, la communauté est déboutée de son action menée contre son fermier, le sieur Gerbet42. La médiation financière fournit une solution courante et ne passe pas nécessairement par les cours de justice. On trouve de nombreuses réparations financières accordées à des citadins. Entre 1717 et 1783, Landerneau verse plus de 14 000 livres de dédommagements divers à des propriétaires pour tous types d’aliénation de terrains. La municipalité brestoise verse 1 352 livres au titre des indemnités pour l’appropriation de terrains affectés à la construction du corps de garde et de la pompe en 177243.

  • 44 A.M. Fougères, DD1 38, texte 2, copie, ordonnance de l’intendant du 2 janvier 1756.

29La politique de concessions sert d’outil de médiation. Les urbanistes auraient participé à hauteur de 250 livres à la construction de la première adduction des Fougerais contre une ligne d’eau44. L’investissement est dérisoire au regard du coût global de l’ouvrage. Les comptes lacunaires de l’époque attestent déjà d’une somme de 5 500 livres versée au fontainier (sans le transport des tuyaux). Au milieu du XVIIIe siècle, cette disposition contractuelle est confirmée par une sentence de l’intendant de Bretagne.

***

30Entre populations urbaines et rurales, les contentieux générés par la ponction de l’eau et par son transport sont nombreux et réciproques. Dès le captage des sources, les difficultés couvent car le détournement de l’eau déstabilise le régime hydrique mais aussi, aux dires des plaignants, des usages et des activités préétablis. C’est, ensuite, le transport de l’eau qui éventre les champs ainsi que les cours de ferme et les maisons. Les nuisances sont donc multiples. Les villes subissent aussi les effets des aménagements des ruraux. Les dégradations font suite à la frustration des habitants lésés qui s’attaquent aux structures d’acheminement ou de stockage. Au demeurant, une corrélation forte s’observe entre le niveau des dépenses urbaines et la multiplication des conflits, montrant qu’il existe une forme de lien entre l’importance de l’enjeu et la fréquence du conflit.

Notes

1 A.M. Dol, BB3, délibération du 18 avril 1725.

2 Dans le contexte breton, seule Brest propose un système plus complexe dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (A.M. Brest, 5 Fi 614, 10 décembre 1777, architecte Nicolin, mémoire concernant les moyens de lutter contre les incendies indiquant les différents systèmes d’approvisionnement).

3 A. Malissard, Les Romains et l’eau. Fontaines, salles de bains, thermes, égouts, aqueducs, Paris, 1994.

4 En 1830, l’ingénieur Raymond Genieys estime que les tuyaux en terre cuite possèdent une durée de vie de 12 ans et sont bien moins résistants que le plomb ou la fonte de fer mais plus abordables financièrement (A. Guillerme, Bâtir la ville, révolutions industrielles dans les matériaux de construction : France-Grande-Bretagne (1760-1840), Seyssel, 1995, p. 248, tableau comparatif des différents matériaux).

5 À Vannes, l’aqueduc monumental conduisant l’eau dans le centre urbain s’effondre au tout début du XVIIIe siècle, peu d’années après sa construction (A.M. Vannes, BB 9, fol. 5v, délibération du 12 mai 1702) et ne sera pas rebâti. À Rennes, les nombreux travaux du XVIIIe siècle ne permettent pas de rétablir un approvisionnement au cœur de la ville (A.M. Rennes, 5 C 26, 1919, Ville de Rennes, Approvisionnement en eau potable. Historique de la Question (1493-1793) (1862-1918), Rennes, 1919). À Dinan, la ville abandonne l’ouvrage en 1773, après 40 ans de difficultés et d’approvisionnement défaillant (A.D. Ille-et-Vilaine, C 483, extrait des registres des délibérations du 15 juillet 1773).

6 D. Groussard, « Concevoir et concrétiser les adductions d’eau dans les villes bretonnes aux XVIIe et XVIII siècles », Édifice & Artifice. Histoires constructives, actes du Premier Congrès francophone de la construction, Paris, 2010, p. 761-770, particulièrement p. 763.

7 A.M. Vannes DD 7, 16 juillet 1687, procès-verbal de Pierre Dondel, sénéchal, sur la plainte d’Anne le Sénéchal.

8 Ibid.

9 A.D. Ille-et-Vilaine, 2 EG 78 ; elle demande que l’eau « soit remise en leur cours ordinaire », en ajoutant ce commentaire inédit : « D’autant qu’elle alimente des bassins publics et non en faveur des particuliers. »

10 A.M. Rennes, BB 588, délibération du 11 janvier 1703.

11 A.M. Saint-Malo, BB 27, délibération du 21 septembre 1734.

12 A.D. Ille-et-Vilaine, C 378, sans date (1772), seconde requête de Le Chat présentée à l’intendant.

13 A.D. Ille-et-Vilaine, C 378, 1er août 1773, ordonnance de l’intendant Dupleix de Bacquencourt. Le projet de l’ingénieur Dorotte, réalisé dès 1766, prévoit effectivement le passage de la conduite par une maison (A. D. Ille-et-Vilaine, Cfi 0386-03, 8 décembre 1766, profil de la conduite d’eau projetée à Fougères par Nicolas Dorotte).

14 A.M. Rennes, DD 226, extrait d’un procès-verbal établi par les députés touchant le cours de la grande pompe (16 juin, 21 et 27 juillet 1632).

15 A.M. Rennes, DD 226, extrait des registres de greffe de l’hôtel de ville du 11 juillet 1680.

16 Ibid.

17 A.D. Ille-et-Vilaine, C 507, 9 avril 1737, mémoire sur la lettre écrite au comte de Toulouse par Jean-Louis Hamon le 19 mars précédent.

18 A.D. Ille-et-Vilaine, C 360, 30 octobre 1727, extrait du procès-verbal de l’ingénieur Thévenon.

19 Ibid. Le sieur de La Cornillère conteste les accusations d’autant « que les juges de Dol estant les premiers de la communauté », ils sont également parties prenantes (A.D. Ille-et-Villaine, C 360, 16 février 1728, mémoire des frais de procédure du sieur de La Cornillère).

20 A.D. Ille-et-Vilaine, C 702, extrait des registres des délibérations du 8 juillet 1785.

21 D. Roche, L’Histoire des choses banales, Paris, 1997, p. 171.

22 Les sources de la vallée de Mirande, situées à proximité de la ville, sont exploitées ou délaissées selon l’état de l’adduction (par exemple : A.M. Fougères, BB 3, délibération du 3 mars 1744).

23 A.D. Ille-et-Vilaine, C 359, comptes des miseurs de Dol de 1702-1783.

24 A.D. Ille-et-Vilaine, C 824, comptes des miseurs de Guingamp de 1702-1783.

25 Patrick Fournier constate qu’« un dépouillement même rapide des archives communales de Carpentras suffit à comprendre que l’eau constitua pendant tout le XVIIIe siècle la préoccupation majeure de la communauté urbaine » (P. Fournier, « L’eau : un enjeu de pouvoir à Carpentras au XVIIIe siècle », R. Regrain et E. Auphan (dir.), L’Eau et la ville, Paris, 1999, p. 137-145 ; citation p. 137).

26 Concernant Vannes : « Tenir jusqu’a nouvel ordre les portes de leurs couvens ouvertes, le matin depuis six heures jusqu’à neuf, et le soir depuis trois heures jusqu’a six, à tout habitant qui se presentera pour y puiser de bonne eau pour boire » (A.D. Morbihan, B 1207, arrêt du présidial de Vannes du 25 janvier 1785).

27 A.M. Lorient, DD 7, extrait des registres des délibérations du 13 août 1785.

28 A.M. Rennes, DD 229, avis de l’ingénieur Even rendu le 27 mai 1785 suite à une requête d’habitants de la rue des Fossés.

29 A.N., E 1752, registre, fol. 68, arrêt du 10 septembre 1668, liquidation des dettes des villes de Bretagne.

30 J.-L. Harouel, L’embellissement des villes, l’urbanisme français au XVIIIe siècle, Paris, 1993, p. 73. L’auteur titre une partie : « L’intendant : un juge apprécié ».

31 A.D. Ille-et-Vilaine, C 360, 2 juillet 1728, résumé par tableau signé de l’intendant Feydeau de Brou.

32 Ibid.

33 A.D. Ille-et-Vilaine, C 360, 2 juillet 1728, ordonnance rendue le 28 février 1728, et 19 novembre 1728, ordonnance de l’intendant La Tour.

34 A.M. Rennes, DD 227, vers 1655, Sarazin, « propositions a messieurs de la communauté de Rennes » de bâtir une conduite d’eau.

35 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, copie de l’acte du 27 juillet 1623.

36 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, projet d’arrêt et mémoire explicatif daté du 30 juin 1742.

37 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, projet d’arrêt et mémoire explicatif daté du 30 juin 1742.

38 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, 19 mai 1743, lettre de La Houssaye à l’intendant.

39 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, 27 mai 1743, lettre de l’intendant aux maire et échevins de Tréguier.

40 A.D. Ille-et-Vilaine, C 554, projet d’arrêt et mémoire explicatif daté du 30 juin 1742.

41 A.D. Ille-et-Vilaine, C 360, 6 août 1727, ordonnance de l’intendant Feydeau de Brou. Cette décision n’annule pas les condamnations prononcées à l’encontre du sieur de La Cornillère.

42 Ibid.

43 A.M. Brest, CC 129, compte de miseur de 1772.

44 A.M. Fougères, DD1 38, texte 2, copie, ordonnance de l’intendant du 2 janvier 1756.

Table des illustrations

Titre Fig. 1 : Conduite d’eau découverte lors d’un chantier de fouille préventif à Vannes en 1997 (A.M. Vannes, fonds Patrick André, cliché 10).
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/9475/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 172k
Titre Tableau 1 : Nombre de délibérations concernant l’approvisionnement en eau dans quatre villes bretonnes sur des périodes « complètes »
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/9475/img-2.jpg
Fichier image/jpeg, 100k
Titre Graphique 1 : Part du budget (en pourcentage) de Dol consacrée à l’approvisionnement en eau (1704-1783)
Légende Source : d’après ADIV, C 359.
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/9475/img-3.jpg
Fichier image/jpeg, 140k
Titre Graphique 2 : Part du budget (en pourcentage) de Guingamp consacrée à l’approvisionnement en eau (1702-1783)
Légende Source : d’après ADIV, C 824.
URL http://books.openedition.org/pumi/docannexe/image/9475/img-4.jpg
Fichier image/jpeg, 139k

Auteur

Chercheur associé à l’EA 127, université Paris I Panthéon-Sorbonne.

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