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    Plan

    Plan détaillé Texte intégral Une minorité unie et structurée Le cadastre napoléonien, source de l’histoire du fait religieux Mixité spatiale et implantation ancienne de la minorité réformée (1850) Notes de bas de page Auteur

    L’hérétique au village

    Ce livre est recensé par

    • Jacques Ghiloni, Lectures, mis en ligne le 30 janvier 2019. URL : https://journals.openedition.org/lectures/5941 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lectures.5941
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    Table des matières

    Minorité, partition confessionnelle et coexistence quotidienne

    Le cas des protestants réformés d’Osse-en-Aspe (1802-1905)

    Hélène Lanusse-Cazalé

    p. 105-119

    Texte intégral Une minorité unie et structurée Reconstituer les communautés confessionnelles L’évolution de la population La maisonnée, structure sociale en Aspe Le cadastre napoléonien, source de l’histoire du fait religieux Méthodologie du SIG Étude statistique de la répartition confessionnelle (1850) Mixité spatiale et implantation ancienne de la minorité réformée (1850) L’exploitation communautaire Les exploitations familiales L’espace villageois et la « coexistence pratique » Le territoire cultuel et la coexistence conflictuelle Notes de bas de page Auteur

    Texte intégral

    1Au XIXe siècle, la reconnaissance officielle du protestantisme par les Articles organiques du 18 germinal an X implique un réinvestissement de l’espace villageois par les Églises réformées. En Béarn, l’Église consistoriale d’Orthez, créée en 1803, rassemble l’ensemble des protestants des Basses-Pyrénées ainsi que ceux des Landes et des Hautes-Pyrénées à partir de 1852. Si, pour cette période, les rapports institutionnels entre les Églises réformées et catholique sont aujourd’hui bien connus, la coexistence quotidienne, c’est-à-dire l’ensemble des sociabilités existantes entre les membres de chaque communauté confessionnelle, est plus difficile à appréhender. Divers récits, relatés dans les registres de délibérations des consistoires et dans des correspondances ou des plaintes déposées auprès du préfet, constituent les rares sources dont nous disposons à ce sujet, et encore ne mentionnent-elles le plus souvent que les crises. Le choix de la micro-analyse d’une société multiconfessionnelle locale semble alors adapté : à l’échelle d’un village, d’une petite communauté, l’étude des individus dans un ensemble cohérent de structures sociales permet de comprendre la place de la partition religieuse au sein des sociabilités et sa traduction dans l’espace1.

    2Il s’agit, dans le cadre d’une analyse spatiale, de s’intéresser à la coexistence confessionnelle autour de l’élément fondamental des sociétés rurales du XIXe siècle : la terre. Nous appréhenderons l’espace dans sa dimension sociale tel qu’il est ressenti par les individus, autrement dit, l’espace vécu2. Le territoire est conçu ici, selon la définition donnée par Robert Hérin, comme étant « à la fois le support en même temps que l’expression d’une identité collective forte dont les composantes coïncident, qui a ses lieux, ses temps forts, voire ses délimitations politico-adminitratives, qui est reconnue de l’extérieur, même si l’appropriation du territoire dans lequel elle s’enracine est contestée3 ».

    3Le choix de la commune d’Osse-en-Aspe comme terrain d’analyse apparaît pertinent à bien des égards. Ce petit village pyrénéen, situé dans la vallée d’Aspe, est la seule communauté protestante de montagne, dans la consistoriale d’Orthez, qui ait survécu à la période du Désert. Cependant, si jusqu’en 1685 les protestants sont majoritaires, la Révocation de l’édit de Nantes et la clandestinité renversent la situation : au XIXe siècle, les protestants ne représentent plus que le tiers de la population de la commune. Réorganisé au Désert en 1757, le culte est célébré dans des granges (Prodequi, Nouqué puis Latounette) ou en assemblées « au bois » sur la montagne Bugala4. À partir de 1805, date de la consécration du temple, un ministre du culte dessert périodiquement l’Église jusqu’à son érection en section en 1821 et la nomination effective d’un pasteur en 18265. Éloignée du chef-lieu de la consistoriale ainsi que des autres sections d’environ 60 kilomètres, cette communauté est peu touchée par les schismes qui divisent l’Église réformée d’Orthez et de Pau durant le XIXe siècle. La détermination de ses pasteurs explique également le maintien de cette cohésion. C’est donc une communauté réformée minoritaire mais unie que nous étudions dans ce cadre. La typologie même du village, organisé en habitat concentré, favorise la fréquentation quotidienne : de fait, la coexistence confessionnelle est de mise, qu’elle soit institutionnelle, communautaire ou individuelle. Les protestants entretiennent des relations variables avec la communauté catholique. L’institution d’un simultaneum dans l’église Saint-Étienne entre 1795 et 1805 témoigne de la relative paix confessionnelle qui règne au début du XIXe siècle6. Cependant, les représentants des deux confessions s’opposent régulièrement autour de sujets sensibles, tels que les écoles confessionnelles puis laïques à partir de 1882, les cimetières, mais aussi les cloches7. Il s’agit alors de comprendre l’impact de ces « petites haines ordinaires » sur les individus et la gestion quotidienne de l’espace8.

    4Bien que située en zone montagneuse, la vallée d’Aspe bénéficie d’une ouverture sur le monde extérieur. Elle est un lieu de passage essentiel entre la plaine béarnaise et l’Espagne. Son économie est principalement fondée sur l’agropastoralisme. Connaissant les mutations propres aux sociétés rurales du XIXe siècle, la commune d’Osse-en-Aspe évolue fortement : si elle se modernise, sa population décroit sous l’effet d’une grande mobilité.

    Une minorité unie et structurée

    Reconstituer les communautés confessionnelles

    5Ce travail, qui s’appuie sur la qualité des sources, ne s’est pas révélé facile dans le cas d’Osse-en-Aspe. Le dépouillement des actes pastoraux nous a, cependant, permis de reconstituer la communauté réformée pour les années 1846-19059. Auparavant, l’absence régulière de ministre du culte puis la contestation de ce dernier par les fidèles expliquent la pénurie de sources jusqu’à l’arrivée du pasteur Nicolas Gerber en 1846. Afin de compléter les données manquantes ou erronées, nous les avons croisées avec les registres de l’état civil10. En revanche, il s’est avéré impossible de procéder à la reconstitution intégrale de la communauté catholique, puisque seuls les registres de catholicité d’entre 1834 et 1836 sont conservés11. En conséquence, la part grandissante des indifférents a été difficile à évaluer. Une analyse comparative des actes pastoraux et des registres de catholicité aurait permis de déterminer la population n’appartenant à aucune de ces deux confessions. Malgré l’étude de sources diverses, nous n’avons pas rencontré de listes ou de pièces dans lesquelles des habitants s’affirment comme des personnes ne professant aucune religion. Nous ne pouvons donc déterminer avec certitude la confession de chaque villageois non mentionné dans les actes pastoraux protestants. Bien que supposant l’existence d’une grande majorité catholique, nous préférons l’utilisation du terme « non-protestants » à celui de « catholiques » afin de prendre en considération l’éventuelle existence d’une autre minorité.

    L’évolution de la population

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    Évolution de la population à Osse-en-Aspe (1787-1901)

    6Au XIXe siècle, ce village connaît une forte déperdition de population à laquelle plusieurs facteurs ont concouru. C’est d’abord, en 1820, le rattachement du lieu-dit de Lourdios à Ichère, afin de former une nouvelle commune, qui entraîne la diminution de moitié de la population ossoise. L’absence de baisse de la population protestante à cette époque témoigne de l’existence d’une frontière confessionnelle : les protestants sont principalement implantés dans le village d’Osse-en-Aspe, alors que le lieu-dit de Lourdios regroupe une population très majoritairement catholique. Les épidémies ont également une incidence directe sur l’évolution démographique de la commune. Par exemple, dans les années 1830 et 1850, le choléra décime une partie de la population ossoise12.

    7Cette évolution s’inscrit aussi dans le contexte des débuts de l’industrialisation dans le piémont pyrénéen français et espagnol et des mouvements de population qui lui sont consécutifs. À Osse, les mobilités sont nombreuses, qu’elles soient quotidiennes, temporaires – migrations dans les villes environnantes de plaine comme Oloron, Pau ou Sauveterre-de-Béarn, ou dans les stations thermales de la vallée d’Ossau – ou définitives – les cadets, privés d’héritage, s’exilant aux Amériques dans l’espoir de faire fortune. Parmi ces derniers, certains maintiennent des liens privilégiés avec leur terre d’origine. Ainsi, la famille protestante Loustalot-Pétreigne, installée à Santa-Barbara (États-Unis), conserve la propriété familiale à Osse-en-Aspe. Cette pratique n’est pas propre à une confession : le catholique Jean-Baptiste Mayerau, installé à Victoria (Canada), reconstitue le patrimoine terrien familial et l’agrandit en 1888 avant de revenir s’installer à Osse-en-Aspe.

    8A contrario de l’évolution de la population totale, la communauté protestante reste relativement stable, bien qu’elle tende à décroître également vers la fin du siècle. Sa croissance à la fin du XVIIIe siècle doit être interprétée comme la conséquence directe de l’enregistrement des protestants à l’état civil après la promulgation de l’édit de Tolérance13. L’action missionnaire et évangélisatrice d’Alfred Cadier, pasteur d’Osse-en-Aspe entre 1871 et 1905, a très probablement participé à ce maintien.

    La maisonnée, structure sociale en Aspe

    9Afin de prendre en considération l’ensemble des réalités du système de sociabilité des villages pyrénéens, tel qu’il a été énoncé par Jean-François Soulet, nous avons choisi non pas l’individu mais la maisonnée comme unité de notre étude terrienne. Cette structure de base des sociétés rurales pyrénéennes recouvre trois dimensions : l’habitation, une unité de production ainsi que la réalité familiale14. Une étude patronymique a été envisagée, mais paraissait trop superficielle comme critère d’analyse pour envisager le fait religieux : un même lignage, bien qu’implanté de manière durable dans le village, peut être composé de membres catholiques et protestants en raison des conversions de l’époque du Désert. Le choix de la maisonnée comme indicateur est rendu possible par l’étude des divers recensements, réalisés par l’Église consistoriale d’Orthez, qui explicitent la composition des foyers. Au sein des 92 maisonnées protestantes, dont 85 sur le territoire d’Osse-en-Aspe, nous notons une prédominance de la maisonnée, de la « famille-souche » telle qu’elle a été décrite par Frédéric Le Play en 1856 et remaniée par Jean-François Soulet15. Parce qu’il s’agit de la structure familiale par excellence dans les sociétés pyrénéennes, il est plus que probable que les maisonnées non protestantes étaient organisées selon la même logique. Par prudence, cependant, nous éviterons de parler de maisonnée pour désigner ces familles de non-protestants qui sont au nombre de 170.

    10En 1850, la moyenne d’habitants par foyer est de quatre chez les protestants. Cohabitent sous le même toit le maître de maison, sa femme et ses enfants. Dans le cas d’une cohabitation de trois générations, seul l’héritier ou l’héritière de la famille – les femmes peuvent hériter en Béarn en l’absence d’un héritier mâle – s’installe avec sa descendance. Les autres membres de la famille peuvent également vivre dans l’habitation à condition qu’ils soient célibataires. L’héritage joue, en effet, un rôle décisif dans les structures familiales aspoises : la préservation des terres a un impact direct sur les stratégies matrimoniales et le nombre d’enfants. En 1850, les mariages protestants sont principalement endogames comme le prouve le dépouillement des actes pastoraux (74 mariages ont été enregistrés par les pasteurs entre 1846 et 1905 ; dans 56 cas, les deux époux sont originaires d’Osse-en-Aspe et protestants, soit 75,6 % de la totalité des mariages protestants). La première raison de cette endogamie tient au fait qu’Osseen-Aspe est le seul village de la vallée où une communauté réformée numériquement importante est établie. Nous pouvons donc en conclure que, soit le choix du conjoint vise à stabiliser et accroître les propriétés terriennes, soit le critère confessionnel revêt une importance significative au lendemain de la période du Désert. L’association des deux stratégies n’est pas à exclure. En raison de l’absence de sources sur les catholiques, les mariages mixtes sont difficiles à appréhender. Ils restent, malgré tout, ponctuels et exogames puisque l’un des époux est extérieur à la communauté ossoise.

    Le cadastre napoléonien, source de l’histoire du fait religieux

    11Promulgué par la loi du 15 septembre 1807, le cadastre a été réalisé dans un dessein fiscal. Il s’agit de la première représentation systématique et continue de l’espace français à l’échelle parcellaire. Ces dernières années, les historiens ont multiplié les études spatiales, développant ainsi une méthode d’exploitation cartographique du cadastre16. Associé à une analyse SIG (système d’informations géographiques), il devient une source essentielle, bien que négligée jusqu’à présent, dans l’analyse du fait religieux. Il permet, outre une étude statistique de la propriété, d’appréhender la spatialisation des communautés confessionnelles.

    Méthodologie du SIG

    12Le cadastre napoléonien d’Osse-en-Aspe date de 1836-183717 ; la commune, d’une superficie de 43,1 km2, y est divisée en 5 sections nommées de A à E. Le cadastre est composé de plusieurs parties :

    • les plans cadastraux associés à un tableau d’assemblage : chaque section est représentée sur une feuille distincte. Certaines d’entre elles (A, B, C, D) sont subdivisées en deux parties. Les échelles utilisées sont le 1/1250e, le 1/2500e et le 1/5000e. À partir d’une reproduction numérique, ces plans sont géoréférencés. Cette action consiste à orthorectifier l’image afin d’en corriger les défauts18. Elle permet également de repositionner, grâce à la carte IGN au 1/25000e, chaque plan en fonction de sa situation géographique par le biais de points d’amer concordants et de réaliser ainsi l’assemblage. L’étape suivante consiste alors à digitaliser, une par une, les parcelles et à les identifier grâce à un code chiffré ;

    • les états de sections permettent d’attribuer chaque pan de terrain à son propriétaire. Les matrices cadastrales, quant à elles, sont plus propices à une étude diachronique : elles rendent compte de l’évolution de la propriété en reportant chaque transaction pour la période 1837-1914 et permettent donc d’apprécier les dynamiques terriennes durant tout le XIXe siècle. La confession professée par le propriétaire de la terre est alors transposée dans cette base de données puis intégrée à la vectorisation des plans cadastraux à l’aide d’un identifiant commun. Cependant, une telle analyse présente plusieurs limites car les matrices cadastrales contiennent un certain nombre d’erreurs. Certaines parcelles disparaissant durant un laps de temps des registres, on ne peut alors connaître le propriétaire pour cette période. Ces propriétés sont donc représentées sur les cartes sous la dénomination « données inconnues ». En outre, le parcellaire connaît des remembrements ponctuels au cours du XIXe siècle. À la suite d’une vente, une parcelle peut être divisée. Cette mention est reportée sur les matrices, mais le plan n’est pas mis à jour. Il nous est alors impossible de retracer les nouveaux contours des parcelles avec exactitude ; dans ce cas, le parcellaire de la carte n’est pas modifié. Pour prendre en compte l’éventualité d’une appartenance confessionnelle distincte pour chaque propriétaire, une catégorie « protestants/non-protestants » a été créée. Il est cependant important de noter que l’exploitation des terres n’est pas conjointe.

    13Ces difficultés méthodologiques identifiées et surmontées permettent de dresser une carte de la partition confessionnelle de la communauté villageoise.

    Étude statistique de la répartition confessionnelle (1850)

    14Une étude statistique de la répartition des propriétés foncières entre membres de deux confessions révèle une hiérarchisation de la communauté villageoise en trois niveaux au sein desquels réformés et non protestants sont équitablement représentés19.

    Répartition des propriétés en fonction de la superficie de la terre et de la confession du propriétaire hors biens communaux et données inconnues (1850). Unité : la maisonnée

    Surface des propriétés

    Non-protestants

    Protestants

    Total

    <1 ha

    107 (63 %) (63 %)

    62 (67 %) (37 %)

    169 (64 %) (100 %)

    1 à 1,99 ha

    21 (12 %) (65 %)

    11 (12 %) (35 %)

    32 (12 %) (100 %)

    2 à 4,99 ha

    30 (18 %) (73 %)

    11 (12 %) (27 %)

    41 (16 %) (100 %)

    5 à 9,99 ha

    10 (6 %) (62 %)

    6 (7 %) (38 %)

    16 (6 %) (100 %)

    > 10 ha

    2 (1 %) (50 %)

    2 (2 %) (50 %)

    4 (2 %) (100 %)

    Total

    170 (100 %)

    92 (100 %)

    262 (100 %)

    15À l’échelle de la population totale, les petits propriétaires (moins de 2 ha) sont fortement majoritaires (76 %) et contribuent à donner l’image d’un parcellaire privé émietté. Les maisonnées sont alors constituées de l’habitation et d’un jardin attenant. Cette catégorie comprend l’ensemble des villageois qui, bien que propriétaires, ne vivent pas de l’exploitation de leur terre. Il s’agit des artisans, des membres de professions libérales mais aussi, principalement, des salariés agricoles (journaliers, métayers, fermiers). Certains cultivateurs possèdent également une ou deux exploitations de petite taille dans les labours ou dans les pâtures (terres excentrées au nord du village). Les moyens propriétaires représentent l’échelle intermédiaire. Ils vivent principalement de l’agropastoralisme. Outre leur habitation et parfois un moulin, ils possèdent des labours et des pâtures ou encore de la vigne et des vergers qui assurent leur subsistance et, par conséquent, leur indépendance ; l’économie du bois est également très développée. Les grands propriétaires sont au nombre de quatre, soit une infime minorité de la communauté villageoise (2 %). Ils constituent l’élite rurale et exercent des fonctions représentatives au sein de la société villageoise. Le protestant Jean-Clément Doumecq est, par exemple, membre du consistoire local d’Osse-en-Aspe et du consistoire général d’Orthez. Il occupe également la fonction d’adjoint au maire.

    16La relative équité dans la répartition des terres entre réformés et non-protestants témoigne de l’importance foncière de la minorité. Cette équivalence démontre également la stabilité des grands domaines et des élites : malgré la clandestinité de la période du Désert, les protestants ont conservé leur emprise terrienne. Il s’agit donc d’une implantation durable depuis l’époque où le protestantisme était fortement majoritaire dans cette commune. Une étude comparable réalisée à Bellocq (nord-ouest du Béarn) par Michel Papy démontre également l’existence d’une élite rurale protestante en plaine béarnaise20.

    Mixité spatiale et implantation ancienne de la minorité réformée (1850)

    17La représentation cartographique de la partition confessionnelle représente l’aspect novateur de notre recherche. Elle révèle l’existence de quatre types de pratiques de coexistence, qui correspondent à des espaces distincts, tant par leur nature que par leur position géographique.

    L’exploitation communautaire

    18Cette première pratique est la conséquence d’usages coutumiers au sein desquels l’identité communautaire et pyrénéenne est prédominante (cartes n ° 1 et 2). Il s’agit de l’exploitation conjointe des biens communaux. Composés de bois et de pâtures, ils représentent à eux seuls les trois quarts de la surface d’Osse-en-Aspe. Leur propriété rend compte de l’organisation communautaire de la vallée : elle est partagée entre Osse-en-Aspe, Lourdios-Ichère (ancien lieu-dit de la commune) et Lées-Athas. Cependant, cette dernière conteste également la propriété d’une partie d’entre eux à la commune d’Osse-en-Aspe21. Système social en indivis, les communaux permettent une relation socio-économique constante entre les deux communautés, malgré les conflits confessionnels. En 1883, l’utilisation inégalitaire du bois qui provient des communaux est critiquée par Alfred Cadier22.

    Osse-en-Aspe. Répartition des propriétaires par critère de confession (1850)

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    Carte 1

    Représentation schématique des espaces de coexistence confessionnelle à Osse-en-Aspe (1850)

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    Carte 2

    Les exploitations familiales

    19La seconde pratique est la traduction sociale des moyennes et grandes propriétés au nord et à l’ouest de l’espace villageois (cartes n ° 1 et 2). Dans ces terres excentrées et de grandes superficies, on note l’existence de blocs protestants et de blocs catholiques. Dans le cas des plus grandes propriétés, sont construits des bâtiments d’exploitation où ne demeure pas le propriétaire qui possède également une habitation dans le village. Les grands domaines témoignent de la stabilité de la propriété terrienne protestante malgré la période du Désert. C’est le cas, notamment, au nord-est, dans les terres appartenant à la famille de confession protestante Audap-Loustau. Ces regroupements de terres confirment l’existence de stratégies matrimoniales au sein desquelles le critère de religion est primordial durant une partie du XIXe siècle, à moins qu’il ne s’agisse d’un héritage de la situation majoritaire antérieure. Très marquées au sein des grands domaines, les frontières confessionnelles s’estompent cependant parmi les moyennes propriétés plus proches de l’espace villageois.

    L’espace villageois et la « coexistence pratique23 »

    20Dans un troisième temps, l’étude de l’espace villageois démontre l’existence d’une mixité spatiale (carte n ° 3). L’alternance de parcelles appartenant à des propriétaires de confessions différentes, notamment autour de l’église catholique, démontre que les conflits quotidiens n’ont pas de conséquence directe sur l’implantation spatiale. La majorité catholique et la minorité protestante évoluent donc dans un espace social commun au-delà de leurs distinctions identitaires confessionnelles. Cette coexistence peut être qualifiée de « pratique » : les aspects familiaux et socio-économiques priment donc au quotidien sur l’appartenance à une confession et témoignent de l’identité plurielle des Ossois.

    Le territoire cultuel et la coexistence conflictuelle

    21Enfin, il existe, malgré tout, un regroupement de propriétés dans l’espace villageois appartenant à des protestants autour du temple (carte n ° 3). Il semble, cependant, que cette présence soit antérieure à la reconstruction du lieu de culte en 1805. Cette hypothèse peut expliquer que la parcelle ne soit pas réoccupée à la suite de la destruction du temple en 1686 et, par conséquent, la reconstruction du temple sur son emplacement originel. L’inscription « Bethel, temple des protestants » a été également sauvegardée durant la période du Désert avant d’être replacée au-dessus de l’entrée du lieu de culte. En protégeant ce terrain et les pierres de l’ancien temple, les protestants ont conservé leur mémoire. C’est donc au sein de cet espace que se développent la conscience et l’identité protestante par le biais de la construction d’un territoire cultuel composé des lieux de culte, d’inhumation et d’apprentissage24. Ancrée dans la tradition orale, la légende protestante ossoise prend forme sous la plume et l’action du pasteur Alfred Cadier. Auteur d’une historiographie huguenote béarnaise, il entreprend dans les années 1870-1880, la construction d’un « enclos missionnaire protestant », ce qui a pour conséquence de raviver les querelles institutionnelles25.

    Osse-en-Aspe. Section B. Répartition des propriétaires par critère de confession (1850)

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    Carte 3

    ***

    22Ainsi, quotidiennement, les protestants s’intègrent à un espace social complexe au sein duquel se superposent diverses identités propres à chaque individu : celles de la vallée, du village, de la famille et de la confession. Le critère religieux apparaît, dans le cas d’Osse-en-Aspe, comme un paramètre primordial au sein de la structure familiale paysanne, mais qui tend à s’atténuer à la fin du XIXe siècle. Il ne régit pas, pour autant, l’ensemble des modes spatiaux : les frontières sont peu visibles et perméables. Lorsqu’elles existent, elles sont plus le fruit d’une implantation ancienne et de stratégies familiales que de l’émergence d’une volonté communautaire. Il semble que la période du Désert n’ait pas eu d’impact véritable sur la gestion de l’espace au sein de cette communauté. Néanmoins, à cet espace ordinaire s’oppose un territoire cultuel – seule conséquence spatiale directe des lois concordataires – pensé et « mémorialisé » par les élites, qui permet aux protestants de s’affirmer en tant que communauté visible et donc de revendiquer un statut de minorité socialement établie. Cependant, à l’aune de la séparation de l’Église et de l’État, l’émergence de paysages laïques et sécularisés complexifie encore l’espace villageois et remet en cause un équilibre fragile.

    Notes de bas de page

    1 J. Revel, « Micro-analyse et construction du social », J. Revel (dir.), Jeux d’échelles, la micro-analyse à l’expérience, Paris, 1996, p. 17.

    2 R. Hubscher, « L’identité de l’homme et de la terre », Y. Lequin (dir.), Histoire des Français (XIXe-XXe siècles), t. 2, Paris, 1983.

    3 R. Hérin, « Identités et territoires. Provinces et Régions », Provinciales. Hommage à Anne-Marie Cocula, Bordeaux, 2009, p. 156.

    4 A. Cadier, Le Béarn protestant, Oloron-Sainte-Marie, réédition 2003, p. 274. À l’origine, cet ouvrage a été édité sous le titre Osse-en-Aspe : histoire de l’Église réformée de la vallée d’Aspe, Paris-Pau, 1892.

    5 A.D. Pyrénées-Atlantiques, Fonds du Centre d’Étude du Protestantisme Béarnais (CEPB) 60 J 50/41 : pasteurs d’Osse-en-Aspe (1844-1905) ; 60 J 50/68 : registre des délibérations du consistoire général d’Orthez, ordonnance royale du 11 juillet 1821 (p. 149) et 1 Mi 50 : registre des délibérations du consistoire local d’Osse-en-Aspe, 1er juin 1826 (p. 60-61).

    6 A. Cadier, Le Béarn protestant…, p. 287-289.

    7 A.D. Pyrénées-Atlantiques, Fonds CEPB 60 J 50/69, registre des délibérations du consistoire général d’Orthez, 20 novembre 1843 (p. 42-43), 25 juillet 1847 (p. 84), 16 mars 1849 (p. 93-94). Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, registre des délibérations du conseil presbytéral d’Osse-en-Aspe (1883-1901).

    8 A. Walh, Petites haines ordinaires. Histoire des conflits entre catholiques et protestants en Alsace (1860-1940), Strasbourg, 2004.

    9 Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, registres des actes pastoraux : Baptêmes (1817-1826) réalisés par le pasteur de Sauveterre-de-Béarn, Baptêmes/Mariages/Inhumations (1846-1901).

    10 A.D. Pyrénées-Atlantiques, 5 Mi 433/1 et 5 Mi 433/2.

    11 A.D. Pyrénées-Atlantiques, 130J, registres de catholicité Osse-en-Aspe (1834-1836).

    12 Les décès dont la cause est imputée aux épidémies de choléra sont mentionnés dans les registres des actes pastoraux.

    13 A.D. Pyrénées-Atlantiques, Fonds CEPB, 60J 50/88 : tableau général de la population du consistoire d’Orthez (1832-1874) ; 60 J 50//89 : tableaux de la population protestante d’Osse-en-Aspe (1841-1867) ; A.N., F/19/10030 : statistiques sur la population protestante (an XI-1898) ; Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, rapports d’Église (1868-1905).

    14 J-F. Soulet, Les Pyrénées au XIXe siècle : l’éveil d’une société civile, Luçon, rééd. 2004, p. 208-224.

    15 J.-F. Soulet, Les Pyrénées au XIXe siècle…, p. 212-214.

    16 Pour n’en citer que quelques-uns : F. Ghozzi, G. Davtian, P. Tomassin, « Apport d’un SIG à l’étude d’un cadastre dit « napoléonien » », géomag, no 38, 2004. ; F. Escande, « SIG et 3D : créer les conditions d’observation d’un habitat dispersé au Moyen Âge », [http://isa.univ-tours.fr/modys/download/rd06_escande.pdf]. D. De Bortoli, D. Cunchinabe, F. Hautefeuille, M.-P. Lavergne, P. Palu, « Stratégies familiales et construction de montagne en Soule », Rapport de synthèse du conseil général des Pyrénées Atlantiques, septembre 2008.

    17 Le cadastre napoléonien d’Osse-en-Aspe est conservé aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques sous la cote Osse-en-Ape 3P3/1 et 3P3/2 pour les surfaces non bâties. Les plans cadastraux sont consultables sur le site internet des A. D. Pyrénées-Atlantiques, [http://www.cg64.fr/FR/missions.asp?id=CD532009&FK_mission=16].

    18 Les plans, lors de la numérisation effectuée par scanner par le service des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, ont été déformés.

    19 Il ne s’agit ici que d’étudier les propriétés foncières sur le territoire d’Osse-en-Aspe. Il est possible qu’un propriétaire possède des terres dans d’autres communes.

    20 M. Papy, « Esquisse sociologique du protestantisme rural en Béarn », S. Tucoo-Chala (éd.), Le protestantisme dans les pays de l’Adour au XIXe siècle, Actes du colloque d’Orthez (1995), Paris, 1996, p. 789-808.

    21 J.-F. Soulet, Les Pyrénées au XIXe siècle…, p. 44.

    22 Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, registre des délibérations du conseil presbytéral, séance du 11 juillet 1883.

    23 B. Scribner, « Preconditions of Tolerance and Intolerance in Sixteenth-Century Germany », O.P. Grell, B. Scribner (éd.), Tolerance and Intolerance in the European Reformation, Cambridge, 1996, p. 32-47.

    24 Le cimetière est cependant déplacé par la municipalité dans les années 1850.

    25 P. Chareyre, « Osse-en-Aspe : l’illusion d’une Cévennes pyrénéenne », Clergés, communautés et familles des montagnes d’Europe, Paris, 2005, p. 381-396. Pour les querelles : Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, registre des délibérations d’Osse-en-Aspe (1883-1901).

    Auteur

    Hélène Lanusse-Cazalé

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    1 J. Revel, « Micro-analyse et construction du social », J. Revel (dir.), Jeux d’échelles, la micro-analyse à l’expérience, Paris, 1996, p. 17.

    2 R. Hubscher, « L’identité de l’homme et de la terre », Y. Lequin (dir.), Histoire des Français (XIXe-XXe siècles), t. 2, Paris, 1983.

    3 R. Hérin, « Identités et territoires. Provinces et Régions », Provinciales. Hommage à Anne-Marie Cocula, Bordeaux, 2009, p. 156.

    4 A. Cadier, Le Béarn protestant, Oloron-Sainte-Marie, réédition 2003, p. 274. À l’origine, cet ouvrage a été édité sous le titre Osse-en-Aspe : histoire de l’Église réformée de la vallée d’Aspe, Paris-Pau, 1892.

    5 A.D. Pyrénées-Atlantiques, Fonds du Centre d’Étude du Protestantisme Béarnais (CEPB) 60 J 50/41 : pasteurs d’Osse-en-Aspe (1844-1905) ; 60 J 50/68 : registre des délibérations du consistoire général d’Orthez, ordonnance royale du 11 juillet 1821 (p. 149) et 1 Mi 50 : registre des délibérations du consistoire local d’Osse-en-Aspe, 1er juin 1826 (p. 60-61).

    6 A. Cadier, Le Béarn protestant…, p. 287-289.

    7 A.D. Pyrénées-Atlantiques, Fonds CEPB 60 J 50/69, registre des délibérations du consistoire général d’Orthez, 20 novembre 1843 (p. 42-43), 25 juillet 1847 (p. 84), 16 mars 1849 (p. 93-94). Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, registre des délibérations du conseil presbytéral d’Osse-en-Aspe (1883-1901).

    8 A. Walh, Petites haines ordinaires. Histoire des conflits entre catholiques et protestants en Alsace (1860-1940), Strasbourg, 2004.

    9 Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, registres des actes pastoraux : Baptêmes (1817-1826) réalisés par le pasteur de Sauveterre-de-Béarn, Baptêmes/Mariages/Inhumations (1846-1901).

    10 A.D. Pyrénées-Atlantiques, 5 Mi 433/1 et 5 Mi 433/2.

    11 A.D. Pyrénées-Atlantiques, 130J, registres de catholicité Osse-en-Aspe (1834-1836).

    12 Les décès dont la cause est imputée aux épidémies de choléra sont mentionnés dans les registres des actes pastoraux.

    13 A.D. Pyrénées-Atlantiques, Fonds CEPB, 60J 50/88 : tableau général de la population du consistoire d’Orthez (1832-1874) ; 60 J 50//89 : tableaux de la population protestante d’Osse-en-Aspe (1841-1867) ; A.N., F/19/10030 : statistiques sur la population protestante (an XI-1898) ; Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, rapports d’Église (1868-1905).

    14 J-F. Soulet, Les Pyrénées au XIXe siècle : l’éveil d’une société civile, Luçon, rééd. 2004, p. 208-224.

    15 J.-F. Soulet, Les Pyrénées au XIXe siècle…, p. 212-214.

    16 Pour n’en citer que quelques-uns : F. Ghozzi, G. Davtian, P. Tomassin, « Apport d’un SIG à l’étude d’un cadastre dit « napoléonien » », géomag, no 38, 2004. ; F. Escande, « SIG et 3D : créer les conditions d’observation d’un habitat dispersé au Moyen Âge », [http://isa.univ-tours.fr/modys/download/rd06_escande.pdf]. D. De Bortoli, D. Cunchinabe, F. Hautefeuille, M.-P. Lavergne, P. Palu, « Stratégies familiales et construction de montagne en Soule », Rapport de synthèse du conseil général des Pyrénées Atlantiques, septembre 2008.

    17 Le cadastre napoléonien d’Osse-en-Aspe est conservé aux Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques sous la cote Osse-en-Ape 3P3/1 et 3P3/2 pour les surfaces non bâties. Les plans cadastraux sont consultables sur le site internet des A. D. Pyrénées-Atlantiques, [http://www.cg64.fr/FR/missions.asp?id=CD532009&FK_mission=16].

    18 Les plans, lors de la numérisation effectuée par scanner par le service des Archives départementales des Pyrénées-Atlantiques, ont été déformés.

    19 Il ne s’agit ici que d’étudier les propriétés foncières sur le territoire d’Osse-en-Aspe. Il est possible qu’un propriétaire possède des terres dans d’autres communes.

    20 M. Papy, « Esquisse sociologique du protestantisme rural en Béarn », S. Tucoo-Chala (éd.), Le protestantisme dans les pays de l’Adour au XIXe siècle, Actes du colloque d’Orthez (1995), Paris, 1996, p. 789-808.

    21 J.-F. Soulet, Les Pyrénées au XIXe siècle…, p. 44.

    22 Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, registre des délibérations du conseil presbytéral, séance du 11 juillet 1883.

    23 B. Scribner, « Preconditions of Tolerance and Intolerance in Sixteenth-Century Germany », O.P. Grell, B. Scribner (éd.), Tolerance and Intolerance in the European Reformation, Cambridge, 1996, p. 32-47.

    24 Le cimetière est cependant déplacé par la municipalité dans les années 1850.

    25 P. Chareyre, « Osse-en-Aspe : l’illusion d’une Cévennes pyrénéenne », Clergés, communautés et familles des montagnes d’Europe, Paris, 2005, p. 381-396. Pour les querelles : Archives de l’Église réformée d’Osse-en-Aspe, registre des délibérations d’Osse-en-Aspe (1883-1901).

    L’hérétique au village

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    L’hérétique au village

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    • (2021) Les campagnes françaises à l'époque moderne. DOI: 10.3917/arco.charp.2021.01.0333
    • (2012) Books Received. Speculum, 87. DOI: 10.1017/S0038713412000711

    L’hérétique au village

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    Lanusse-Cazalé, H. (2011). Minorité, partition confessionnelle et coexistence quotidienne. In P. Chareyre (éd.), L’hérétique au village (1‑). Presses universitaires du Midi. https://doi.org/10.4000/books.pumi.9351
    Lanusse-Cazalé, Hélène. « Minorité, partition confessionnelle et coexistence quotidienne ». In L’hérétique au village, édité par Philippe Chareyre. Toulouse: Presses universitaires du Midi, 2011. https://doi.org/10.4000/books.pumi.9351.
    Lanusse-Cazalé, Hélène. « Minorité, partition confessionnelle et coexistence quotidienne ». L’hérétique au village, édité par Philippe Chareyre, Presses universitaires du Midi, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pumi.9351.

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    Chareyre, P. (éd.). (2011). L’hérétique au village (1‑). Presses universitaires du Midi. https://doi.org/10.4000/books.pumi.9291
    Chareyre, Philippe, éd. L’hérétique au village. Toulouse: Presses universitaires du Midi, 2011. https://doi.org/10.4000/books.pumi.9291.
    Chareyre, Philippe, éditeur. L’hérétique au village. Presses universitaires du Midi, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pumi.9291.
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