Version classiqueVersion mobile

Transhumance et estivage en Occident

 | 
Pierre-Yves Laffont

Un exemple d’apiculture transhumante : le gâtinais

Pierre-Olivier Fanica

Texte intégral

1Avant l’arrivée du sucre venant des tropiques, le miel blanc du Languedoc (« miel de Narbonne ») était le plus apprécié (pharmacie et autres usages) ; c’était un miel de romarin. Le miel jaune appelé « miel de Champagne », était de moindre qualité. Il n’était alors pas encore question de « miel du Gâtinais » dont on commence à parler au début du xixe siècle :

« [L’étouffage], lorsqu’il est suivi avec intelligence, est d’autant plus avantageux qu’il procure un miel superbe, connu dans le commerce sous le nom de miel du Gâtinois, dont le prix est toujours au moins triple de celui du miel commun. » De Barbançois (1812)

2Le milieu du xviiie siècle voit l’essor de l’apiculture. Le monde scientifique s’intéresse à ces insectes ; les besoins augmentent ainsi que la production. Les apiculteurs disposent de cultures mellifères nouvelles, les légumineuses fourragères, et comprennent le parti qu’ils peuvent en tirer. En 1766, l’agronome du Gâtinais J.-F. Despommiers, gouverneur de Chéroy, introduit le sainfoin en Gâtinais oriental. Il ne parle pas du parti que l’apiculture pourrait tirer de cette ressource de nectar. Avec le Blocus continental, l’apiculture se développe. Le sous-préfet de Fontainebleau répond à l’enquête ordonnée en 1813 par le gouvernement sur l’apiculture en ces termes :

  • 1 Archives départementales de Seine-et-Marne M9268. Notons qu’il est précisé dans cette enquête que, (...)

« Les personnes qui se sont adonnées à ce genre de spéculation, en ont retiré de grands avantages, pendant tout le tems que le sucre a été prohibé ; mais les autres particuliers qui se livraient simultanément à l’agriculture n’ont recueilli que des produits médiocres, parce qu’ils ne pouvaient pas donner assez de tems aux soins assidus qu’exige l’éducation des abeilles.
Si la prohibition du sucre a donné quelque extension à la récolte de la cire et du miel, l’état de guerre continuelle sous lequel la France a gémi longtemps, a fait naître d’un autre côté, beaucoup d’entraves. Il y a tout lieu d’espérer que la paix et l’activité du commerce favoriseront les spéculations en ce genre1

3Les abeilles se nourrissent principalement du nectar des fleurs. La période où les végétaux fleurissent est limitée dans le temps, et toutes les plantes ne sont pas également visitées par les ouvrières. Pour un bon développement des abeilles, les floraisons doivent être étalées dans le temps. Le succès de l’apiculture est tributaire de nombreux facteurs : conditions climatiques, importance des floraisons successives, pullulation d’insectes suceurs produisant du miellat, vigueur de l’essaim et parasitisme. La nature est une marâtre, et, contre la fatalité, l’apiculteur impuissant se révolte et cherche tous les moyens pour limiter les conséquences des conditions défavorables.

4Un été sec diminue les quantités de miel engrangées. Il en est de même si la saison est froide et humide. Le prélèvement du miel par les apiculteurs diminue les réserves accumulées par les ouvrières. Si ce dernier souhaite conserver sa ruche, il est nécessaire que les réserves et le couvain soient reconstitués avant l’hiver, période pendant laquelle le sucre est brûlé pour maintenir la ruche à une température suffisante. L’apiculteur a plusieurs stratégies possibles :

  • le premier n’élève pas ses abeilles, il achète ses essaims, tue toutes les abeilles et prélève tout le miel de ses ruches ;
  • le deuxième chasse les abeilles de la ruche, la taille (ou châtre) après la récolte principale et reconstitue les essaims et leurs réserves en les transportant dans des régions riches en fleurs ;
  • le troisième utilise des ruches dont il peut démonter les rayons sans détruire le couvain.

Les mouchiers du gâtinais

Des Coureurs de mouches aux ruches à cadres mobiles

  • 2 Voir Lombard (1806).

5Autrefois, le miel provenant de certaines régions avait plus de valeur que les abeilles de la ruche, de sorte que certains n’hésitaient pas à acheter des ruches pour en extraire tout le miel. Ceux qui se livraient à un tel commerce, avaient l’habitude de courir la mouche2.

6Les ruches vulgaires (ou paniers à mouche) en osier, en coudrier, en clématite fausse vigne, en paille tressée, etc., sont recouvertes d’un mélange de terre, de bouse de vache et de cendre qui les rend imperméable et est un bon isolant (le pourget). Malgré leurs défauts, ces ruches, de petite taille, sont très appréciées, car, été comme hiver, elles sont bien isolées et les abeilles y trouvent des conditions favorables à leur développement. Elles se prêtent bien à la multiplication des essaims (R. Hommel, 1920).

  • 3 À Pithiviers et dans l’ouest du Gâtinais, on les appelle les mouchards. À l’est et au sud du Gâtin (...)

7Traditionnellement, les mouchiers du Gâtinais occidental, calcaire, achetaient en hiver leurs paniers à mouches, ou ruches vulgaires, en Sologne, en basse Bourgogne ou dans le Gâtinais bocager3. Ces régions ont des miellées et des floraisons bien réparties tout l’été, mais produisent un miel coloré dont le goût est peu apprécié ; aussi les essaims ont-ils plus de valeur que le produit des ruches.

  • 4 En Bretagne, ce sont les « éteigneurs » (Larousse).

8Il importait seulement aux apiculteurs du Gâtinais que les ruches soient bien pleines au printemps, c’est-à-dire que les essaims aient bien survécu aux frimas. Après la miellée qui produit le miel si prisé, ils asphyxiaient les essaims à l’aide d’une mèche de soufre, extrayaient tout le miel et toute la cire de la ruche. C’étaient les étouffeurs4. Ils ne pratiquaient pas de transhumance.

  • 5 Voir aussi Simon (1742).

9Dès le début du xviiie siècle, certains auteurs prônent des alternatives à l’étouffement5. La Maison rustique de 1701 évoque des techniques où l’on préserve la ruche :

« Et pour apprendre, à fond, à faire la récolte & de la cire & du miel, on sçaura qu’elle se fait de quatre manières. Premièrement, en les faisant mourir par le soulfre, comme je viens d’enseigner ; secondement, en les changeant de panier ; en troisième lieu, en coupant la moitié de l’ouvrage ; & enfin en ôtant les hausses qu’on a mises dans la saison. »

10Dans l’Art du cirier, Duhamel du Monceau décrit comment les apiculteurs transvasaient les essaims :

« D’autres, pour conserver leurs abeilles, les font passer dans une ruche vuide ; & ceux-là regardent comme très important qu’il ne reste point de mouches dans les ruches dont ils veulent retirer les gâteaux, ils ont soin, quand ils ont fait passer les mouches de cette première ruche dans une vuide, de brûler du soufre sous la ruche qu’on vient de vuider, afin d’en tirer toutes celles qui pourroient y être restées malgré les précautions qu’ils auroient prises pour leur faire abandonner leur ouvrage. Aussi, aussitôt que les mouches sont sorties d’un panier, on le transporte promptement dans un lieu éloigné pour le soufrer ; & à cet effet, on met la ruche sur un trou fait en terre, & dans lequel on brûle du soufre. Ensuite on porte les ruches dans une salle fraîche, dont les croisées soient exactement fermées avec des châssis garnis d’une toile de canevas, qui puisse, en donnant passage à la lumière du jour, interdire l’entrée aux mouches qui sont dans le voisinage ; car lorsque quelques-unes du dehors trouvent moyen d’y pénétrer, elles sont si friandes de miel, que bientôt tout le lieu s’en trouve rempli, & il n’est pas aisé d’y pouvoir travailler en liberté ; on fera même bien, s’il s’y en étoit introduit quelques-unes, d’enfumer ce lieu avec du chiffon ou du foin mouillé, pour en éloigner celles qui voudroient y pénétrer, ou étourdir celles qui y seroient déjà, afin qu’elles ne puissent piquer les ouvriers. » (1762)

  • 6 Les apiculteurs actuels pratiquant la transhumance avec des ruches à cadres mobiles n’ont pas ce p (...)

11Après la miellée du début de l’été (sainfoin, par exemple), les rayons sont pleins d’un miel liquide. Les transporter sur les routes cahoteuses aurait causé des pertes, de la casse6. Les apiculteurs transvasent (chassent) les essaims des ruches dans des ruches vides. Ils procèdent en culbutant la ruche pleine la pointe en bas sur une chaise, disposent au-dessus la ruche vide, tapent la ruche pleine à l’aide de bâtons. L’essaim se rassemble dans la ruche supérieure. L’apiculteur en profite pour rassembler des essaims plus faibles, dans l’espoir que le nouvel essaim se développe. Il peut ainsi récolter tous les rayons, trie du mieux possible le miel de l’année, celui de l’année précédente, les alvéoles contenant le couvain et le pollen, éliminant les portions de rayons moisis.

12L’essaim ainsi chassé dans une ruche sans le rayon est appelé chasse. Sans couvain ni réserves, l’essaim ne peut survivre que s’il est transporté rapidement vers les régions où les abeilles peuvent reconstituer la ruche, d’où la nécessité de la transhumance vers des régions riches en nectar et en miellat à la fin de l’été.

13C.-E. Royer, agronome de l’arrondissement de Montargis, précise comment les apiculteurs taillent ou châtrent les ruches :

  • 7 Dans ce cas, on châtre les ruches.

« Dans l’arrondissement de Montargis, quelques personnes exploitent les abeilles, comme dans le Gâtinais ; d’autres les font mourir en plaçant la ruche, le soir, sur un trou dans lequel on brûle du soufre ; d’autres les exploitent, comme en Sologne, et n’enlèvent que la partie inférieure des gâteaux de la circonférence du panier, qui contiennent du miel sans couvain, dans leur partie inférieure7 ; mais cette opération est pénible pour les abeilles et pour le cultivateur dans les ruches du pays. L’hiver, on les conduit aussi à la bruyère, à la forêt d’Orléans. » (1839)

14La technique est moins destructrice que le culbutage. Celui qui procède à la taille enlève adroitement le pourtour des rayons qui contient le miel, laisse le centre où est le couvain. Si la taille est bien faite, la ruche peut se reconstituer rapidement. Le mouchier peut disposer au-dessus des paniers une calotte, hausse ou chapiteau, où les abeilles construisent des rayons et stockent surtout du miel. Il enlève la hausse et récolte tout ce miel sans destruction du couvain. Cette méthode est améliorée par l’invention des ruches à rayons mobiles expérimentées à partir de la seconde moitié du xviiie siècle. C’est un bâti dans lequel on insère des cadres en bois amovibles parallèles et disposés régulièrement. L’apiculteur peut préformer les cadres avec de la cire fondue ou les amorcer. Les abeilles construisent les alvéoles.

15Royer décrit l’état de l’apiculture gâtinaise en 1839. À cette époque on commence à utiliser les premières ruches avec hausse, la ruche Lombard et les premières ruches à rayons mobiles :

  • 8 Domaine de M. de Vilmorin à Nogent-sur-Vernisson, où Royer était chef de culture.

« Des essais nombreux ont été faits dans le but d’améliorer les ruches et de faciliter leur exploitation. Mais l’expérience n’a encore confirmé, d’une manière évidente, les résultats d’aucun.
On a essayé les ruches en paille de M. Lombard, avec un couvercle mobile qu’on enlève pour récolter le miel qu’il contient, et le remplacer par un vide que les abeilles se hâtent de remplir. Outre cette forme de ruches, on a essayé, sans succès, la ruche en plein air de Martin, à Châtillon, etc. ; des ruches carrées en bois de Godeaux, la ruche à expérience et à compartiments d’Huber, aux Barres8, ainsi que la ruche en bois, à côtés mobiles, de Bosc ; cette dernière présente de grands avantages sur toutes les autres, car elle permet de faire des essaims artificiels et de récolter le miel sans tuer une seule mouche, aussi les essais qui en ont été faits aux Barres et à la poste de Nogent ont-ils engagés un marchand d’abeilles à l’adopter ; mais toutes ces ruches ont l’inconvénient très grave de coûter trop cher, comparativement à la ruche d’osier, qu’on se procure partout pour 60 ou 80 centimes, et à laquelle, d’ailleurs, on est accoutumé. »

16Les techniques mobilistes sont expérimentées avec prudence. On peut noter que les apiculteurs se préoccupent plus du coût de la ruche que de celui de l’essaim. Les ruches modernes, plus grandes, sont dérivées de ce modèle.

Fixistes et mobilistes…

17Pour que les techniques mobilistes se répandent, il a fallu vaincre l’inertie de tous les maillons de la chaîne. Royer décrit la situation pour l’arrondissement de Montargis :

« Les abeilles sont tenues dans des ruches en osier et recouvertes d’un surtout de paille ; il y a des ruches dites à hausses, et surtout des ruches en bois dites à la Bosc, qui sont bien préférables, mais qui ont l’inconvénient de coûter plus cher et de n’être pas appréciées par les marchands du Gâtinais qui viennent les acheter. » (1839)

  • 9 Voir « Les miels et les droits de douane », dans Le miel de la Brie et du Gâtinais, 1909.

18L’adoption au cours du xixe siècle des ruches à rayons mobiles permet à l’apiculteur d’avoir une meilleure gestion de ses essaims. Deux écoles « fixistes » (utilisant les paniers à mouches à rayons fixes traditionnels) et « mobilistes » (utilisant les ruches à hausse ou à cadres mobiles) sont en présence. Au début du xxe siècle, la situation a encore peu évolué, au regret de certains9.

19Les nouvelles méthodes mobilistes se généralisent après la Première Guerre mondiale. Le syndicalisme apicole propage ces techniques nouvelles. La querelle entre fixistes et mobilistes fut lente à s’éteindre.

Le commerce des essaims au xviiie siècle

20L’achat des ruches donne lieu à un commerce important entre les régions qui produisent les essaims et celles qui produisent le miel. Les paniers à mouches très peu onéreux à confectionner nécessitent une surveillance minime. Pour cette raison, les intermédiaires qui achètent les ruches et les transportent, les préfèrent-ils aux ruches à rayons mobiles.

21Les étouffeurs et les coureurs de mouches achètent et transportent leurs ruches en hiver, lorsque les abeilles sont engourdies par le froid. Le miel figé dans les rayons les rend plus solides pendant les transports.

« Le tems de l’achat des ruches est celui où on peut les transporter, c’est-à-dire depuis la toussaints jusqu’à la mi-mars. On doit préférer la fin de l’hiver, parce qu’alors les abeilles ont supporté les rigueurs de la mauvaise saison. Je ne répéterai pas ici les précautions à prendre pour transporter les ruches, ni comment on doit les placer à leur arrivée. L’un et l’autre est indiqué à l’endroit où il s’agit de la manière de soigner les abeilles. » A. Tessier (1787)

  • 10 Voir Royer (1839).

22Les paniers à mouches traditionnels conviennent à tout le monde : les mouchiers qui pratiquent l’étouffage, ceux qui produisent les essaims et les marchands qui font le négoce des ruches. Vers 1840, les apiculteurs achètent ces ruches 60 ou 80 centimes10.

Le sainfoin et la révolution fourragère

  • 11 Voir Valmont-Bomare (1800), texte cité plus loin.

23Prôné par les agronomes du milieu du xviiie siècle, le sainfoin était cultivé dans le Gâtinais orléanais, ainsi que le rapporte Duhamel du Monceau (1761). Cette culture est introduite au même moment dans le Bocage du Gâtinais par Despommiers (1763). À la même époque, le mélilot était cultivé en Beauce11 ; sa floraison est légèrement plus tardive que celle du sainfoin. Patullo signale en 1759 des essais de culture de trèfle blanc sur le plateau de Brie. Le sainfoin et la luzerne sont mieux adaptés dans les terres calcaires et le trèfle blanc se plaît en sol acide. Dans les régions de grande culture, sans prairies artificielles, l’élevage ne peut pas se développer ; et sans élevage il n’y a pas d’engrais. La restitution des éléments minéraux au sol après la récolte a été reconnue à la fin du xixe siècle comme un principe de base de l’agronomie. Parmi ces éléments essentiels, le phosphore joue un rôle primordial. L’introduction des légumineuses fourragères fixant l’azote atmosphérique permet pendant quelques années de faire illusion. En sol calcaire, ces plantes ont la faculté de prélever du phosphore insoluble inaccessible dans l’assolement triennal traditionnel.

  • 12 Les betteraves fourragères et de navet (turneps) ont été introduits en même temps que quelques cul (...)
  • 13 Voir Fanica (2001).

24En Gâtinais, le sainfoin essayé à partir de 1785 (époque où la sécheresse a sévi pendant plusieurs années), se répand pendant la première moitié du xixe siècle12. Ce développement s’accompagne du développement de l’élevage des ruminants13. L’amélioration de l’élevage a été rendue possible par l’amélioration de l’alimentation. Les fourrages à base de légumineuses apportent les matières azotées et le phosphore nécessaires. La progression de ces cultures s’est produite sous l’Empire et surtout sous la Restauration. Delafond, chargé d’une enquête sur le charbon en Beauce et en Gâtinais, décrit en 1844 la progression des cultures fourragères :

« Depuis vingt-cinq ans la culture des prairies artificielles a fait de très grands progrès dans le Gâtinais et dans la Beauce orléanaise. Les cultivateurs ont donc pu alimenter un plus grand nombre de vaches, et, par conséquent, s’adonner davantage à l’engraissement des veaux ; cette spéculation leur est devenue si profitable aujourd’hui, qu’ils n’élèvent plus qu’un très petit nombre de veaux destinés à la reproduction, et qu’ils ne cherchent nullement à utiliser le lait, soit en nature, soit en le convertissant en beurre ou en fromage. »

25En fait, tous les sainfoins ne sont pas également mellifères. Dans le Midi, cette culture donne trois à quatre coupes, et n’en donne qu’une et un regain, parfois deux coupes dans le nord de la France. Hamet (1859) précise que le miel du Gâtinais est récolté sur le sainfoin à une coupe, qui était la culture la plus fréquente au xixe siècle. Après la fenaison, les regains étaient pâturés. C’était aussi l’avis de Chevalier :

  • 14 Autre nom du sainfoin ou esparcette.

« La bourgogne14 ne donne à la vérité qu’une coupe par année, mais elle offre en échange une excellente pâture ; car quoiqu’elle ne jette plus de tiges assez hautes pour être fauchées, elle jette continuellement une quantité de feuilles qui donnent journellement de l’herbe aux bestiaux ; quand bien même ils y en trouveraient peu, elle est si succulente qu’ils s’en nourriraient suffisamment. » (1807)

26Pour Bosc, dans le Nouveau cours complet d’agriculture, cette culture a occasionné un bouleversement de l’économie agricole :

« Des provinces entières ont changé d’aspect depuis qu’on y cultive le sainfoin, de riches récoltes ont succédé aux plus maigres pâturages. C’est surtout sur les sols crayeux que les avantages de cette plante se font sentir ; mais elle vient d’ailleurs fort bien dans les sables et dans les argiles lorsqu’il n’y a pas excès d’humidité. On a reconnu que, soit frais, soit sec, il formait une excellente nourriture pour les bestiaux, qu’il leur en fallait moins que du trèfle ou de la luzerne pour les tenir en bon état. Les moutons le préfèrent à tout autre. Il donne au lait et par suite au beurre des vaches une qualité supérieure. Les cochons qui s’en nourrissent sont mieux disposés à l’engrais. Les poules, les pigeons et autres volailles recherchent ses graines, dont l’usage les porte à pondre davantage. » (1821)

à dos d’homme, d’âne ou en charrette

27En Gâtinais, après la floraison des sainfoins, il n’existe plus de fleurs sur lesquelles les abeilles peuvent prélever de nectar. Valmont-Bomare parle d’un apiculteur intelligent de la région qui faisait transhumer ses abeilles dans la seconde moitié du xviiie siècle :

« On a vu et on voit encore en France dans le Gâtinais, un économe intelligent faire transporter ses ruches en charrette, après la récolte du sainfoin, dans les plaines de Beauce où abonde le mélilot ; puis en Sologne, où la campagne est couverte de sarrasin fleuri jusque vers la fin de septembre. La plupart des habitants de ce pays sont maintenant dans l’usage d’imiter notre économe, et de faire en petit ce qu’il fait en grand. » (1800)

28Cette transhumance sur trois plantes est exceptionnelle. En 1787, l’abbé Tessier évoque les transhumances entre le Gâtinais et la Beauce, riches en sainfoin, et la forêt d’Orléans, où les ruches sont conduites après la floraison de la légumineuse :

« Les propriétaires d’abeilles de la Beauce, tous les ans au mois d’août, transportent leurs ruches sur des charrettes, dans les cantons du Gâtinois, ou aux environs de la forêt d’Orléans, jusqu’à la distance de 10 lieues de leurs habitations. Elles y trouvent de la bruyère ou du sarrasin en fleur, dans le tems où la Beauce, après la récolte des sainfoins et des vesces, n’offre plus rien à ces insectes pour leurs provisions d’hiver. Cette manière de faire voyager les abeilles, s’appelle, dans le pays, les mener en herbage. Une seule charrette contient trente à quarante ruches ; on ne marche presque que la nuit, & autant qu’on peut par des chemins doux. Les ruches sont enveloppées de toiles, & disposées par étages, celles du lit supérieur étant renversées entre celles du lit inférieur. On en attache même hors de la charrette. On les laisse environ deux mois dans le lieu où elles doivent séjourner. Des paysans se chargent d’y veiller moyennant un modique salaire. On voit dans cette saison jusqu’à trois mille ruches étrangères dans un petit village.
Lorsqu’on veut transporter près ou loin des ruches que l’on a châtrées, on les pose le soir chacune sur une toile claire, dont on les enveloppe en la serrant avec des liens de paille ou d’osier, ou de corde. Deux hommes peuvent en porter plusieurs, en faisant passer le long bâton dans les nœuds de la toile qui les enveloppe ; on les charge aussi sur des chevaux ou sur des ânes ; on conseille encore de les mettre renversées dans des hottes. Si on les laisse dans le sens ordinaire, c’est-à-dire, posée sur l’ouverture, il faut les soulever & les soutenir à la hauteur de quelques pouces, surtout si le voyage est de plusieurs jours. Car il est nécessaire que les abeilles respirent un air renouvellé. » (1787)

29M. de Barbançois précise :

« Pour exécuter ce transport on prend la nuit, on soulève doucement chaque ruche, on la met sur une toile claire dont on l’enveloppe bien exactement en relevant les extrémités de la toile et les attachant au sommet de la ruche, puis on les charges sur une charrette, ou sur un âne, ou sur un homme, selon les distances et la quantité qu’on veut transporter. On peut, étant ainsi enfermées dans une toile, les placer sur la charrette, soit l’ouverture en haut ou en bas, de manière à en faire tenir le plus possible ; et arrivées à leur destination on ne leur ôte l’enveloppe que pendant la nuit, et on retire les portions de rayons ou gâteaux que les secousses auroient pu détacher.
Lorsque de cette manière on procure aux abeilles une grande abondance de récolte pendant toute l’année, on peut alors les tailler plus fortement au printemps, et même à chaque changement donner une hausse à chaque ruche, qu’on retire lorsqu’on veut la déplacer. » (1812)

  • 15 Tessier mentionne déjà cette pratique au xviiie siècle.

30Cette pratique s’est poursuivie jusqu’à la disparition du sainfoin. Le système selon lequel les apiculteurs du Gâtinais et de Beauce louent les services des agriculteurs chez lesquels ils transportent leurs ruches est signalé par l’abbé Tessier à la fin du xviiie siècle. Suivant leur localisation, les apiculteurs conduisent les abeilles : soit en Sologne sur les éricacées, les sarrasins et les genêts ; soit dans les forêts périphériques où s’ajoutaient les miellats produits par les arbres. Moyennant finance, les cultivateurs de ces régions étaient chargés de surveiller les ruches15 :

« Beaucerons et Gâtinais chargent alors leurs ruches sur des voitures ou sur des wagons, et en route pour la Sologne. On va dans les locatures, on y met les abeilles en pension, au prix de 50 centimes par essaim. À Salbris, j’ai vu une locature qui reçoit 300 ruches par année, soit 150 francs de revenu pour le pollen du sarrasin, du genêt et de la bruyère. Voila comment la poésie pastorale, évoquée par ces visions d’abeilles bourdonnantes, se traduit en piles d’écus. » Ardouin-Dumazet (1910)

31Les apiculteurs du nord du Gâtinais trouvent dans les villages proches de la forêt de Fontainebleau les lieux où ils transportent leurs ruches. Ardouin-Dumazet désigne les villages de Recloses, Ury, Achères, etc. Au début du xxe siècle cette activité est assez importante pour que ce voyageur l’ait notée :

« Les abeilles élevées à Recloses, Ury, Achères butinent le pollen du sarrasin, des pins, des bruyères et autres plantes des sols pauvres. Le miel produit par les essaims est amer, de goût peu agréable. Aussi le laisse-t-on aux habitants de la ruche. Mais quand le plateau du Gâtinais beauceron a sa rose parure de sainfoin, on apporte les ruchers au milieu de ces champs, les abeilles récoltent avec fièvre, emplissent de nouveau leurs magasins, mais cette fois d’un miel parfumé, d’une grande valeur marchande, c’est le miel du Gâtinais. » Ardouin-Dumazet (1906)

32Si les apiculteurs du plateau calcaire transportent leurs abeilles après la récolte de sainfoin vers les miellées de sarrasin et de bruyères, ceux de Sologne mènent leurs paniers en Beauce et en Gâtinais :

« Dans le nombre des cultivateurs d’abeilles, il en est qui sont dans l’usage de les faire voyager tous les ans pour les conduire au pâturage dans les lieux où l’on fait en grand des prairies artificielles de sainfoin. C’est toujours vers la mi-avril que doit se faire ce transport et le retour, aussitôt que le sainfoin est fauché, ce qui comprend un mois d’absence. On s’assure d’avance de quelques fermes ou métairies où l’on puisse les déposer pour la durée du pâturage ; on paie ordinairement un franc par ruche, et le fermier est tenu de fournir quelqu’un pour veiller à la sortie des essaims. » Bertin (1836)

Avantages et inconvénients du fixisme et du mobilisme

33Le Larousse du xixe siècle fait preuve de mépris à l’égard des techniques fixistes qu’il juge archaïques et barbares. Avec du recul, notre point de vue a évolué. Bien sûr, le mobilisme est le progrès et s’est imposé. Mais le fixisme présente des avantages.

34Les apiculteurs sont désarmés contre les diverses maladies atteignant les abeilles : les rayons sont détruits par des pourritures ; des insectes parasitent les ruches et les abeilles sont atteintes de diarrhées. Les paniers à mouches traditionnels sont plus favorables au développement naturel des abeilles. Le commerce des ruches transportant des essaims provenant de régions éloignées importait aussi leurs parasites. L’étouffage des ruches traditionnelles a comme conséquence de limiter les éventuelles contagions et le développement des maladies que la transhumance a l’inconvénient de répandre. La transhumance occasionne des brassages de populations de régions contaminées vers des régions indemnes.

  • 16 L’ensemble des cadres des ruches à cadres mobiles.

35De plus, les apiculteurs mobilistes font des bâtisses neuves avec de la cire provenant de ruches anciennes16. La cire contient souvent des spores de bactéries et de moisissures qui parasitent la ruche et le pollen ; elle constitue une cause de dispersion et de multiplication des maladies ; cette cause est limitée quand les apiculteurs étouffent les paniers pour extraire tout le miel et toute la cire.

Le transport des ruches

36Nids de poules, ornières et fondrières rendaient les transports périlleux. Les problèmes sont moindres en hiver qu’en été : le froid engourdit les insectes et, le miel étant figé, les rayons sont moins fragiles.

37En été, la transhumance se pratique quand les abeilles sont en pleine activité. Le miel est liquide dans les alvéoles. Les ruches doivent être manipulées avec précautions. Le soir, la température s’abaisse, les abeilles rentrent à la ruche et les transports peuvent être effectués. Les ruches sont enveloppées dans une toile. Pour éviter que les essaims ne souffrent de la soif, on les humecte périodiquement pendant le transport, qui peut durer plusieurs nuits.

38On dispose les ruches en faisant attention que les rayons soient parallèles au sens de la marche, dans le cas de port à bât, ou perpendiculaire au sens de la marche pour les transports en charrettes. Ainsi, les rayons qui ne sont pas très solides, risquent moins de se détacher et de se briser avec les balancements.

39L’autre solution est de transporter les chasses, les essaims chassés d’une ruche dans un panier vide ou dans une toile. Pour éviter que les essaims se détachent, les apiculteurs suspendaient dans les paniers une inflorescence de cardère autour de laquelle les abeilles se rassemblent. Dans ce cas, plus de risque de casse, mais il fallait mener les essaims rapidement en herbage…

40La transhumance des ruches est plus aisée avec les ruches à cadre mobiles : les problèmes de casse ne se posant pas.

Le succès du miel du Gâtinais

41Le succès de l’apiculture en Gâtinais est lié à celui de la culture du sainfoin et à la nécessité de produire de grandes quantités de substances sucrantes au moment du Blocus continental. La paix revenue, si l’on en croit Dubarle (1836), les apiculteurs se sont momentanément désintéressés de cette spéculation qui rapportait moins :

« L’éducation des abeilles était faite autrefois sur une très grande échelle dans plusieurs parties de l’arrondissement de Fontainebleau pour lesquelles le miel et la cire qu’elles produisent étaient une source abondante de richesses. Mais cette industrie a beaucoup diminuée par l’abaissement du prix de la cire et le peu de cherté des sucres indigènes et exotiques. Aujourd’hui l’éducation des abeilles est fort négligée et rien n’annonce qu’elle revienne jamais à son état primitif de prospérité. »

42Le pronostic de Dubarle est pessimiste. En 1859, Hamet constate l’excellente réputation du miel du Gâtinais, concept qui s’est développé à ce moment. Elle égale alors celle du miel de Narbonne. La demande et l’offre sont importantes, deux facteurs sans lesquels aucun marché ne peut exister. Pour satisfaire ce marché, l’aire de production s’est étendue et recouvre désormais la Beauce et le Gâtinais. Hamet (1859) et Joigneaux (vers 1890) donnent du Gâtinais apicole une description analogue :

« Les localités qui offrent le plus de ressources aux abeilles sont : le Gâtinais et une partie de la Beauce, contrées qui s’étendent entre Étampes, Fontainebleau, Pithiviers, Orléans, Chartres et Rambouillet, et où la culture de sainfoin se fait sur une large échelle. On y paie les bonnes ruches à conserver de 15 à 18 francs avant l’hiver et de 20 à 22 francs après. » Joigneaux

  • 17 Voir aussi N. Delamare, Traité de la Police, tome 2 (1713).

43À la fin du xviiie siècle, l’Encyclopédie méthodique17 indique les miels réputés produits en France :

« Le meilleur miel de France est celui du Languedoc, du Dauphiné & de Narbonne ; ce dernier est très blanc, & préférable pour la table & la médecine. Le miel des autres provinces est jaune. Celui de Champagne est d’une couleur jaune dorée, d’une odeur grâcieuse, d’une consistance ferme & grasse ; il doit être nouveau. Le miel de Normandie est d’une couleur rougeâtre, son odeur est peu agréable ; il a le goût de cire. » (1788)

  • 18 Voir Recueil de faits, d’expériences…, 1806.

44En Champagne crayeuse, la culture du sainfoin est aussi répandue18. Le miel de Champagne n’a pas acquis la réputation du miel du Gâtinais. Sans doute manquait-il les circuits nécessaires à l’écoulement d’un produit de qualité. En Gâtinais existait un commerce destiné à l’épicerie fine. Le sud-ouest du Gâtinais produisait depuis longtemps un safran réputé. Ce négoce ne demandait qu’à augmenter son chiffre d’affaire. En créant la réputation du miel du Gâtinais, ces négociants pouvaient démarcher les revendeurs à la fois pour vendre le safran et le miel réputé.

***

45Au départ, le miel du Gâtinais, produit près des rivières et des forêts, n’avait aucun caractère spécifique. Coloré et d’un goût prononcé, sa valeur marchande était faible. À partir du milieu du xviiie siècle l’introduction des légumineuses fourragères rend possible la production d’un miel peu coloré, très fin et apprécié. La demande augmente et les apiculteurs améliorent progressivement leurs techniques. Ils comprennent que les essaims constituent une véritable richesse. Ils adoptent des techniques moins destructrices que l’étouffage. Après la récolte sur les sainfoins, ils transportent les abeilles dans des régions où elles peuvent compléter les essaims et leurs réserves avant l’hiver.

  • 19 Je remercie M. Denys Foucault, ancien apiculteur à Pithiviers et M. Eric Duport, apiculteur à Bour (...)

46Le manque de sources de nectar en été est la raison du développement de la transhumance après les récoltes du début de l’été sur les fleurs de sainfoin. Les ruminants et les chevaux de trait ont disparu il y a quarante ans du Gâtinais et de la Beauce ainsi que la culture des légumineuses fourragères. Le miel produit de nos jours en Gâtinais, bien qu’excellent, est semblable à celui que produisent de nombreuses régions de France. Actuellement la finalité de la transhumance a évolué ; les apiculteurs font transhumer leurs ruches afin d’obtenir des miels monofloraux, plus recherchés sur le marché19.

Bibliographie

Bibliographie

Ardouin-Dumazet. 1906. Voyage en France, 44e série, Région parisienne : III sud ; Gâtinais français et Haute-Beauce, Berger-Levrault, Paris, Nancy.

Ardouin-Dumazet. 1910. Voyage en France, 1re série, Morvan, Val de Loire et Sologne, cinquième édition, Paris, Berger-Levrault.

Barbançois, M. de. 1812. Petit traité sur les parties les plus importantes de l’agriculture en France, Paris, Librairie Grégoire.

Bégat, G. 1911. Société de Seine-et-Marne, séance du 19 mars 1911, in Bulletin de la Société d’apiculture de Seine-et-Marne, Brie et Gâtinais, 3e année, no 4, p. 89, avril.

Bertin. 1836. Instruction sur la culture des abeilles, Paris, Bureau de la Société polytechnique.

Chevalier, E. 1807. Du sainfoin bourgogne ou sparcette, in Bibliothèque des propriétaires ruraux, no 47, février, p. 144.

Delafond, O. 1844. Recherches sur l’engraissement des veaux dans le Gâtinais, Paris, Félix Locquin.

Delamare, N. 1713. Traité de la Police, tome 2, Paris, Brunet.

Despommiers, J. F. 1763. L’art de s’enrichir promptement par l’agriculture prouvé par des expériences, deuxième édition, Paris, Guillyn.

Dubarle, E. 1836. Statistique du département de Seine-et-Marne, Paris, Verdière. Duhamel du Monceau, H. L. 1762. L’art du cirier, H.-F. Guérin et L.-F. Delatour, Paris.

Duhamel du Monceau, H. L. 1761. Traité de la culture des terres (1757, 1758, 1759), Hippolyte Guérin et Louis-François Delatour, Paris.

Fanica, O. 2001. « La production de veau blanc pour Paris », Histoire et Sociétés rurales, no 15, 1er semestre.

Fanica, O. 2004. « Le sainfoin, l’élevage et le miel du Gâtinais », Bulletin d’art et d’histoire de la vallée du Loing, no 6.

Hamet, H. 1859. Cours pratique d’apiculture, Chez l’auteur, Paris.

Hommel, R. 1920. Apiculture, 4e édition, Paris, Baillère.

Joigneaux, P. et al. vers 1890. Le Livre de la ferme, Paris, Delagrave, Masson, Maison rustique, 5e édition.

Larousse, P. 1863-1876. Grand Dictionnaire universel, Paris, Larousse.

Liger, L. 1701. Économie générale de la campagne ou Nouvelle Maison Rustique, seconde édition, Amsterdam, Henri Desbordes.

Lombard. 1806. Abeilles, in Bibliothèque des propriétaires ruraux, no 41, août, p. 132.

Marchenay, P. 1979. L’homme et l’abeille, Berger-Levrault. « Les miels et les droits de douane », dans Le miel de la Brie et du Gâtinais, 6e année, no 5, p. 119, mai 1909.

Patullo. 1759. Essai sur l’amélioration des terres, Paris, Durand. Recueil de faits, d’expériences sur la culture et les avantages du sainfoin ou esparcette, Paris, Marchant, 1806.

Royer, C. E. 1839. Catéchisme des cultivateurs pour l’arrondissement de Montargis, Paris, L. Bouchard-Huzard.

Simon, J. 1752. Le gouvernement admirable ou la République des abeilles, Paris, Thiboust.

Tessier et al. 1788. Art de la récolte et de la confection du miel, Encyclopédie méthodique, tome I, Paris, Panckouke.

Thouin et al. 1821. Nouveau cours complet d’agriculture théorique et pratique, Paris, Deterville.

Valmont-Bomare. 1800. Dictionnaire raisonné universel d’histoire naturelle, tome I, p. 38, Lyon, Bruyset.

Notes

1 Archives départementales de Seine-et-Marne M9268. Notons qu’il est précisé dans cette enquête que, dans l’arrondissement, on ne fait pas périr les ruches pour en extraire le miel et la cire.

2 Voir Lombard (1806).

3 À Pithiviers et dans l’ouest du Gâtinais, on les appelle les mouchards. À l’est et au sud du Gâtinais, ainsi que dans la Bourgogne auxerroise, ce sont les mouchiers (Marchenay, 1979).

4 En Bretagne, ce sont les « éteigneurs » (Larousse).

5 Voir aussi Simon (1742).

6 Les apiculteurs actuels pratiquant la transhumance avec des ruches à cadres mobiles n’ont pas ce problème.

7 Dans ce cas, on châtre les ruches.

8 Domaine de M. de Vilmorin à Nogent-sur-Vernisson, où Royer était chef de culture.

9 Voir « Les miels et les droits de douane », dans Le miel de la Brie et du Gâtinais, 1909.

10 Voir Royer (1839).

11 Voir Valmont-Bomare (1800), texte cité plus loin.

12 Les betteraves fourragères et de navet (turneps) ont été introduits en même temps que quelques cultivateurs essayaient les légumineuses. Voir Fanica (2004).

13 Voir Fanica (2001).

14 Autre nom du sainfoin ou esparcette.

15 Tessier mentionne déjà cette pratique au xviiie siècle.

16 L’ensemble des cadres des ruches à cadres mobiles.

17 Voir aussi N. Delamare, Traité de la Police, tome 2 (1713).

18 Voir Recueil de faits, d’expériences…, 1806.

19 Je remercie M. Denys Foucault, ancien apiculteur à Pithiviers et M. Eric Duport, apiculteur à Bourron-Marlotte, pour leur lecture attentive et leurs commentaires éclairés.

Le texte et les autres éléments (illustrations, fichiers annexes importés) sont sous Licence OpenEdition Books, sauf mention contraire.

Rechercher dans OpenEdition Search

Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search