Annexe 1. Le « groupe mesure »
p. 271-272
Texte intégral
1Le « Groupe Mesure » regroupe depuis 2002 des chercheurs et des étudiants autour d’une interrogation sur la place de la raison graphique et calculatoire dans nos sociétés.
2Menant des recherches sur les terrains variés, les membres du groupe étaient en effet confrontés à l’importance des pratiques ordinaires de mesure, de mise en comptes, en chiffres et en formules, ainsi qu’à la complexité de leurs enjeux. Partant du constat qu’une compréhension des formes variées de rationalisation (mise en mesure) et d’économicisation (mise en marché) ne pouvait se satisfaire d’une posture dénonciatoire, ils ont été conduits à contribuer à une sociologie des actes de gestion et des conceptions de l’optimalité. A la croisée de la sociologie du travail et de la sociologie économique, le groupe s’est ainsi proposé d’éclairer la dynamique et les limites de ces processus en partant d’une description fine de l’activité des acteurs. Il a ainsi été conduit à revisiter une série de dichotomies classiques, longtemps préjudiciables à la compréhension de ces phénomènes (valeurs / calcul, activité technique / activité économique, pensée indigène / pensée savante notamment).
3Sur la base du « Manifeste » publié en 2003 sous le titre « le sens de la mesure », que l’on trouvera reproduit ci-après, le groupe Mesure a développé ses travaux dans deux directions complémentaires : celle de la mesure du travail et celle de la mesure au travail. De nombreuses recherches présentées dans le cadre du groupe ont pour objet l’introduction de nouveaux dispositifs métrologiques dans les espaces de travail. Ces dispositifs, qui visent à mesurer la contribution productive des travailleurs bouleversent souvent les équilibres organisationnels. En envisageant ainsi le rôle de la mesure dans les espaces productifs, on est amené, dans une perspective pragmatique, à considérer la place occupée par la pensée métrologique dans le cours même de l’activité de travail. Le questionnement soulevé par ces travaux conduit ainsi à revenir sur les fondements mêmes de la sociologie du travail et de la sociologie économique. Les observations des transformations à l’œuvre dans les espaces de travail actuels, doivent être croisées avec une réflexion historique et épistémologique sur les sciences sociales autour de l’axe central que constitue, depuis le xviiie siècle, les questions du « travail », du « marché » et de la rationalisation du monde.
4Outre les auteurs de ce volume, ont figuré au nombre des participants réguliers du « Groupe Mesure » : Sophie Bernard, Manuel Boutet, Flore Chappaz, Odette Minh-Fleury, Camille Palazzo, Laurence Poinsart, Philippe Rousselot.
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Emmanuelle Santelli
2001