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Le Ciel sur cette terre

 | 
Sophie Cassagnes-Brouquet
, 
Agnès Dubreil-Arcin

Dévotions collectives et piété ordinaire : Des cieux sur terre

Les capitouls de Toulouse et la religion, du Moyen Âge à la Renaissance

François Bordes

Texte intégral

1Évoquer les relations entre le politique et le religieux dans une communauté urbaine, c’est entrer de plain-pied dans la délicate problématique de l’existence ou de l’absence de ce que l’on nomme « religion civique » au sein de celle-ci. Problématique relativement récente en tant que telle dans l’historiographie européenne, même si elle était apparue de manière épisodique dans plusieurs monographies. Depuis une quinzaine d’années, deux ouvrages me semblent avoir marqué la recherche en la matière et pour la période qui nous intéresse.

  • 1 A. Vauchez (dir.), La religion civique à l’époque médiévale et moderne (Chrétienté et Isla (...)
  • 2 Ibid., « Introduction », p. 1.
  • 3 B. Chevalier, « La religion civique dans les bonnes villes : sa portée et ses limites. Le (...)
  • 4 M. Fournié, « Confréries, bassins et fabriques dans le sud-ouest de la France : des œuvres (...)
  • 5 Religion et société urbaine au Moyen Âge. Etudes offertes à Jean-Louis Biget par ses ancie (...)
  • 6 P. Boucheron et J. Chiffoleau, « Avant-propos », Ibid., p. 12 : « Au-delà des contours d’u (...)

2Le premier, publié sous l’égide de l’École française de Rome, regroupe les actes d’un colloque tenu sur le sujet en 19931. Il a le mérite de proposer, sous la plume de M. Vauchez, une définition relativement claire du concept même de religion civique pour l’époque médiévale et moderne : « l’ensemble des phénomènes religieux – cultuels, dévotionnels ou institutionnels – dans lesquels le pouvoir civil joue un rôle déterminant, principalement à travers l’action des autorités locales et municipales»2. Parmi les très riches contributions qu’il regroupe, je me permettrais d’en citer deux qui nourriront mon étude, celle de Bernard Chevalier sur les « bonnes villes » et en particulier celles de Tours3, et celle de Michelle Fournié qui portait spécifiquement sur les communautés urbaines de notre sud-ouest, dont Toulouse4. Le second de ces ouvrages de référence rassemble les études réalisées en l’honneur de Jean-Louis Biget par ses anciens élèves de l’École normale supérieure de Saint-Cloud5. Plus large dans son approche de la religion au sein de la cité6, ce recueil fournit un certain nombre d’analyses enrichissantes, en particulier autour des notions d’espace urbain sacralisé et des représentations mentales.

3C’est fort de ces éléments de comparaison que nous allons essayer d’analyser, sur une durée de plus de trois siècles, les différentes interventions des premiers magistrats de Toulouse dans leur ville tout autant qu’au sein même de leur maison commune en matière de religion.

I. Le marquage civique des établissements religieux : luminaires, offrandes, pitances, messes et ex-voto

  • 7 AA 1/96, f° 114 (11 avril 1226) : ut Deus et dominus Iesus Christus, intercedente beata vi (...)
  • 8 Sur ce personnage, voir P. Cabau, « Les évêques de Toulouse (IIIe-XIVe siècles) et les lie (...)
  • 9 C’est ainsi qu’en 1343-1344, ils paient le peintre Guiraut Frances pour en restaurer les c (...)
  • 10 Voir S. Gelfi, La confrérie des Corps-Saints de Saint-Sernin de Toulouse : registre de com (...)
  • 11 AM Toulouse, CC 2348/36 (mandat du 8 octobre 1500).

4La plus ancienne mention d’une intervention des consuls toulousains dans ce domaine date de 1226. Il s’agit de la création d’une lampe perpétuelle à Saint-Sernin, devant l’autel et les reliques de saint Exupère. Les motivations d’un tel geste apparaissent clairement dans l’acte7: il s’agit de s’attirer, en ce temps de troubles profonds liés à la croisade contre les Albigeois, les faveurs et l’intercession de cet ancien évêque de Toulouse qui, au début du Ve siècle, avait sauvé la ville lors du siège des Vandales8. Cette lampe sera entretenue durant tout le Moyen Âge non seulement grâce à la somme d’argent que les capitouls lui destinent chaque année, mais également par le soin qu’ils apportent à sa conservation matérielle9. Au début du XVIe siècle, deux financements seront prévus pour subvenir à son entretien : trois carterons d’huile de noix seront directement payés aux bayles de la confrérie sur le budget communal (le plus souvent équivalents à 3 livres tournois) et trois autres seront réglés par « l’arrentier » du sceau de la maison commune10. Cette dépense annuelle des six quarterons d’huile (environ un quintal et demi) conserve encore, à cette époque-là, toute sa charge symbolique : elle est réalisée per amor de Dieu (…) affin que losditz sainctz appostols syan advocatz per la present ciutat envers Dieu Nostre Senhor, loqual volga gardar ladita ciutat de mala enpidymia11 (« par amour de Dieu (…), afin que les saints apôtres soient les avocats de la présente ville auprès de Dieu Notre Seigneur, pour qu’il veuille protéger ladite ville contre toute mauvaise épidémie »).

  • 12 AM Toulouse, CC 1848 f° 67v, 82-83v.
  • 13 AM Toulouse, CC 1850 (1382-1385) f° 39 et suiv., et CC 1851 (1385-1386) f° 168v et suiv.
  • 14 AM Toulouse, CC 1851 (1385-1386) f° 169v : per la cofrayria novelament fayta al convent de (...)
  • 15 AM Toulouse, CC 1851 (1385-1386) f° 170v : a la cofrayria e ha la luminaria de Sant-Steffe (...)
  • 16 C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Sa (...)
  • 17 Par exemple AM Toulouse, CC 1848 f° 67v, 82v, 83, 83v (1362-1363) ; CC 1850 f° 39 et suiv. (...)

5Au milieu du XIVe siècle, les divers luminaires ou cierges que les capitouls offrent aux églises, couvents et confréries de la ville se sont multipliés et constituent une dépense incontournable du budget communal. En 1362-1363, seuls la Daurade, Saint-Étienne, les Cordeliers, la confrérie de Saint-Georges et surtout Saint-Sernin semblent concernés12. Vingt ans plus tard, la liste s’allonge avec les Prêcheurs et les Carmes ainsi que la confrérie de la Daurade, celle des apôtres de Saint-Sernin13 puis celles, toutes nouvelles, du Sépulcre aux Cordeliers14 et de Saint-Étienne15. En 1391, ils fournissent un quintal et quatre livres et demi d’huile pour les « lampes de la ville » qui brûlent devant le corps de saint Saturnin16. Tous les documents financiers municipaux qui ont été conservés pour le XIVe siècle mentionnent les cierges qu’ils donnent chaque année en son honneur et le luminaire qu’ils y entretiennent17.

  • 18 AM Toulouse, CC 2354 (1503-1504) n° 38 par exemple.
  • 19 La première mention nous en est donnée en 1362-1363 : per far los senhals que mezem al sir (...)
  • 20 AM Toulouse, CC 2356 (1506-1507) f° 2v : paiement per lo molhe ont fan las harmas de la vi (...)

6Ce type d’intervention se perpétue dans les siècles suivants, mais va faire l’objet, comme d’autres domaines de la gestion municipale, d’une certaine normalisation. C’est ainsi qu’au début du XVIe siècle, nous ne trouvons plus que cinq luminaires ordinaires : ceux de Saint-Thomas-d’Aquin aux Prêcheurs, de Saint-Louis « le roi » chez les Franciscains, de Notre-Dame de la Daurade, et deux à Saint-Sernin (ceux des autels de saint Sernin et de saint Exupère)18. Il faut dire que la totalité de ces dépenses dépassait alors les 50 livres, somme à laquelle il fallait ajouter la peinture des « panonceaux » aux armes de la ville qui ornaient systématiquement ces torches ou cierges et signalaient de manière forte la présence du corps municipal dans ces lieux19. Il en était de même d’ailleurs pour toutes les occasions religieuses (fêtes, processions) auxquelles les capitouls participaient, et en particulier la grande procession du Corpus Christi sur laquelle nous reviendrons, avant qu’ils ne fassent réaliser un moule particulier à cet effet20.

  • 21 AM Toulouse, CC 2353/83 et 2355/82 passim.

7Les autres luminaires ont en fait, dès la fin du XVe siècle, été remplacés par des « offertes » en argent que les édiles distribuent tout au long de l’année à l’occasion de messes ou de cérémonies particulières. Si nous prenons les comptes de l’année 1502-1503 et de 1504-1505, nous n’en trouvons mention de pas moins de treize : celles de sainte Lucie, de la saint Jean de Noël (à l’église de Saint-Jean-de-Jérusalem), de saint Sébastien (aux Prêcheurs), de Notre-Dame de la Conception et de saint Germier (à la Dalbade), celle aux Augustins (pour la messe des Cinq Plaies) et au Taur, la messe du Corpus, celle de la Daurade, celle du lendemain de la Pentecôte à Saint-Sernin (messe des apôtres), celle du dimanche avant sainte Madeleine à Saint-Étienne, celle de saint Louis et celle de la messe de l’élection21. Chacune d’entre elles représentait une dépense de moindre importance que la fourniture de cierges (entre 8 deniers et 3 sous en général).

  • 22 AM Toulouse, CC 1845 p. 116.
  • 23 AM Toulouse, CC 1848 f° 68v (1362-1363).
  • 24 AM Toulouse, CC 1855 p. 68 (1404-1405) ; CC 1859 f° 72v et 76 (1432-1434).
  • 25 AM Toulouse, GG 784 p. 1 (27 août 1465) : 1 £ que baylet lodit thesaurier per nostre manda (...)
  • 26 Ibid. : dépense de 2 £ pour tortisses de la lumenaria hont anen dels senhors de capitol un (...)
  • 27 AM Toulouse, CC 1856 f° 37v.
  • 28 AM Toulouse, BB 7 p. 61 (délibération du 17 mai 1437).
  • 29 AM Toulouse, CC 2323/29.
  • 30 AM Toulouse, CC 2371/211.

8Un type particulier d’aumône annuelle s’ajoutait à ces offertes : la pitance. Elle apparaît très tôt dans notre documentation, dès 133622, et concerne les Franciscains. Il s’agit de la « pitance de saint Louis », donnée dans un premier temps sous forme de pain et de vin23 et parfois viande24, avant d’être fournie en argent sonnant et trébuchant25. Cette fête de saint Louis « le roi », qui se déroulait le 25 août, était particulièrement prisée des capitouls dont une partie assistait, en compagnie de leurs officiers, à la messe haute qui se célébrait dans l’église des Cordeliers26. De façon plus circonstancielle, d’autres aumônes étaient distribuées aux Mendiants. En 1420-1421, par exemple, les édiles offrent quatre cartons de blé per amor de Dieu aux quatre grands couvents de la ville per tal que preguiessen Dieus per l’estat de mossenhor lo Dalphi regent lo realme et per tal que Nostre Senhor guoberne la vila27 (« pour qu’ils prient Dieu pour la santé de monseigneur le dauphin, régent du royaume, et pour que Notre seigneur conduise la ville »). En mai 1437, ils prennent en charge la nourriture des Franciscains venus à Toulouse pour le concile général de leur ordre28. En 1453-1454, c’est au prieur des Carmes que les capitouls font une aumône affi que los frayres deld. convent aian per recomendatz nos e los habitantz de la present ciutat en lors oracios e divinals officis que celebran de jorn en jorn, e ayssi metis per lor ajudar a far las reparacios e bastimentz que fan far en lod. convent29 (« afin que les frères dudit couvent nous recommandent, ainsi que tous les habitants de la présente ville, dans leurs prières et leurs offices divins qu’ils célèbrent chaque jour, et également pour les aider à faire les réparations et les constructions qu’ils font dans leurdit couvent »). En octobre 1522, enfin, ils paient 20 £ aux couvents des Prêcheurs, Mineurs, Augustins, Carmes, Observants, Minimes et Clarisses de Saint-Cyprien affin que preguessan Dieu per l’estamen del rey nostre sobiran senhor et de la present cieutat de Tholosa30 (« afin qu’ils prient Dieu pour l’état du roi notre souverain seigneur et de la présente ville de Toulouse »).

  • 31 AM Toulouse, CC 1851 f° 171.
  • 32 ADHG, Ms 17 f° 28v, qui ajoute (f° 29r) : « La messe du Saint Esprit qui se dit à Saint-Se (...)
  • 33 AM Toulouse, CC 1670 p. 364 : paiement de 36 £ à Pierre Cohadaur, prêtre.

9Le dernier type d’intervention des capitouls au sein même des établissements religieux est constitué par les messes qu’ils y font dire eux-mêmes de façon plus ou moins régulière. En 1385-1386, ils paient par exemple les Frères mineurs pour en célébrer une pour le chancelier de France31. Mais c’est surtout dans les premières décennies du XVIe siècle que cette pratique va se développer, en particulier en raison des attaques récurrentes de la peste que la ville eut à subir. C’est ainsi qu’en 1510, « ilz ordonnèrent que tous les dimanches on diroit une messe du Saint Esprit à Saint-Sernin où assisteroint pour le moins deux capitoulz avec torches et flambeaux pour appaiser la colere de Dieu à cause de la peste qui menaçoit la ville»32. Cette « messe du vœu », comme on la nomma par la suite, messe haute avec diacre, sous diacre et orgues, fut perpétuée hebdomadairement chaque année par leurs successeurs, qui y consacrèrent à partir de 1514 des sommes fixes de leur budget : 50 £ pour le prieur de Saint-Sernin, 4 £ pour l’organiste qui y officiait et 9 £ pour les torches qu’on y brûlait. En 1527, s’y ajouta une messe basse célébrée quotidiennement aux Corps saints « pour la conservation, saincté et bonne prosperité de la ville»33.

  • 34 AM Toulouse, CC 2352/51.
  • 35 AM Toulouse, BB 269 f° 56v-57 : « Les capitoulz (…) firent porter en procession la ville d (...)

10La décision de 1510 s’accompagna l’année suivante de l’installation au sein même de la basilique, et toujours en manière de « vœu », d’une tapisserie réalisée par l’entremise des bayles de la Table des Corps saints de Saint-Sernin et sur laquelle l’on trouvait las armas de la present vila en tres partz, et al penden de ladita tapissaria son figuradas Nostra Dama am lo Sant Sperit et als costa[ts] sieys apostols et vint et quatre martirs ho confessors34. Un autre ex-voto municipal vint y prendre place en 1528-1529, sous la forme d’une représentation figurée de la ville en cire35.

II. La municipalisation des reliques et l’infiltration des confréries

11Mais ce marquage civique des lieux religieux va surtout se concrétiser autour des vénérables et célèbres reliques qu’ils conservent.

  • 36 Elzéar de Sabran (v. 1285-1323), canonisé en 1369.
  • 37 AM Toulouse, BB 1 f° 6 : Item quod fratres minores deferebant deversus Avinhonem de reliqu (...)

12La première mention que nous possédions d’une intervention en la matière date de 1374. Elle est contenue dans une délibération du 13 mai de cette année et concerne le transfert d’Avignon à Toulouse des reliques de saint Elzéar36. Les Franciscains demandèrent à cette occasion aux capitouls de venir les honorer, vœu auxquels les édiles accédèrent37.

13Ce sont cependant celles qui étaient conservées dans la basilique Saint-Sernin, les fameux « Corps saints », qui allaient devenir le principal enjeu d’une revendication municipale.

  • 38 Cité par C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliq (...)
  • 39 Voir P. Julien, D’ors et de prières, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Prov (...)
  • 40 C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Sa (...)
  • 41 Sur cet événement, voir C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : (...)
  • 42 AM Toulouse, CC 1850 f° 44v.
  • 43 AM Toulouse, CC 1851 f° 167v-158 : LXXII l. de cera en XII torchas lasquals foron donadas (...)

14Lorsqu’au début du XIVe siècle, le chanoine Martyris rédige son Liber aucthenticus miraculorum Corporum sanctorum, la dédicace qu’il en fait nobilibus alme urbis Tholosane consulibus constitue déjà en soi tout un symbole38. Nous avons vu plus haut que depuis 1226 ces derniers avaient créé une lampe perpétuelle devant les reliques de saint Exupère. Un peu plus d’un siècle et demi plus tard, alors que la basilique s’honorait de la possession des dépouilles de Jacques le Mineur, Philippe, Simon, Jude, Barnabé et Jacques le Majeur39, c’est en l’honneur de ce dernier que les « nobles seigneurs du chapitre » offrent la somme de 60 francs répartie sur tous les capitoulats40. On les trouve bien évidemment en bonne place l’année suivante, lors des cérémonies marquant l’élévation de ses reliques en présence du duc de Berry41. Ils participent même à la confection de la capssa del cos de sant Jacme lo Maior en ladita gleysa de Sant-Serni42 (« la châsse du corps de saint Jacques le Majeur dans ladite église de Saint-Sernin »). Le 15 octobre 1385, jour de la translation, ils fournissent 72 £ de cire pour douze torches que l’on porte dans la procession à laquelle Jean de Berry assiste43.

  • 44 AM Toulouse, CC 2356/36-38.
  • 45 Sur ce sujet, voir M. Fournié, « Confréries, … », art. cit.
  • 46 F. Fantuzzo et C. Saint-Martin, La confrérie des Corps-Saints au XVe siècle : registre des (...)
  • 47 S. Gelfi, La confrérie…, op. cit., pp. 21-22, et 218-219.
  • 48 Sur ce sujet, voir M. Fournié, Le Ciel peut-il attendre ? Le culte du Purgatoire dans le M (...)
  • 49 B. Chevalier, « La religion civique… », p. 339.
  • 50 M. Fournié, « Confréries… », art. cité.
  • 51 BnF, Fonds Doat, 73, f° 259.
  • 52 J. Caille, Etudes critiques sur l’église de Notre-Dame de la Daurade de Toulouse au Moyen (...)
  • 53 AM Toulouse, GG 809 (registre de comptes, 1493-1546) ; voir M. Fournié, « Confréries… », a (...)

15S’il est évident, comme nous l’avons vu, que l’autel de saint Exupère ou la confrérie des Douze-Apôtres de Saint-Sernin ne sont pas les seuls à bénéficier de leurs dons aux XIVe et XVe siècles, il apparaît clairement que les capitouls entretiennent avec les Corps saints une relation privilégiée. S’il en fallait un exemple supplémentaire, nous le trouverions dans ces lampes d’argent qu’ils firent réaliser en 1506-1507, ornées bien évidemment des armes de la ville, pour l’autel de ces saintes reliques44. Ce lien étroit était renforcé par la présence quasi systématique de capitouls au sein du collège des administrateurs (bayles ou régents) des confréries, bassins et fabriques de la ville, et en particulier à Saint-Sernin45. Le fait est avéré pour la confrérie des Douze-Apôtres (autrement des Corps-Saints) pour la seconde moitié du XVe siècle46 et le début du XVIe47. Nous pouvons préciser pour les années 1383-1395 le même phénomène (42 occurrences). La table du Purgatoire de Saint-Sernin connaît la même « infiltration » de son organe d’administration par l’oligarchie politique de la ville48. Cet investissement des édiles dans les organismes pieux n’est bien sûr pas propre à Toulouse. Bernard Chevalier l’a entre autre relevé pour Tours, d’ailleurs également pour une confrérie des Apôtres49. Michelle Fournié l’a, de son côté, constaté pour plusieurs villes de consulat du Midi de la France50. Il n’est pas non plus réservé aux institutions liées à la basilique : nous retrouvons quatre capitouls parmi les premiers bayles du Bassin du Purgatoire de la Daurade en 141351, 1468 et 147052, et nous en croisons un certain nombre d’autres dans la confrérie de Notre-Dame de l’église Saint-Nicolas, à Saint-Cyprien53.

  • 54 C. Vincent, Les confréries médiévales dans le royaume de France, XIIIe-XVe siècle. Paris, (...)
  • 55 M. Fournié, Le Ciel peut-il attendre ? Le culte du Purgatoire dans le Midi de la France (v (...)
  • 56 Ibid.
  • 57 F. Fantuzzo et C. Saint-Martin, op. cit., et S. Gelfi, op. cit., pp. 21-22.

16Mais il est clair que l’attirance principale des édiles va vers la grande confrérie des Corps-Saints, celle qui est placée comme eux-mêmes sous le signe du Saint Esprit et qui organise l’une des plus importantes processions de l’année liturgique lors de la Pentecôte. S’agissait-il d’un « banc d’essai pour les futurs dirigeants locaux qui, au travers de leurs responsabilités confraternelles, se sont initiés au gouvernement d’une collectivité », comme on le trouve pour certaines villes54? C’est ce que semblait penser Michelle Fournié à propos de la Table du Purgatoire : « On pourrait donc considérer que la fonction de bayle du Purgatoire de Saint-Sernin est un tremplin pour accéder au capitoulat et qu’elle fait partie du cursus honorum des notables locaux»55. Mais tout en remarquant que « seule l’élite sociale des bayles parvenait aux fonctions administratives urbaines », elle remarquait que ces notables, une fois parvenus au capitoulat, ne se détournaient pas de la gestion de la Table56. La même analyse a pu être faite pour la confrérie des Corps-Saints57. Il semble évident que si ces institutions pieuses ont constitué des terrains de formation pour de futurs capitouls, elles ont surtout été des lieux privilégiés d’infiltration des élites et d’exercice de leur pouvoir d’influence.

  • 58 Sur ces affaires, voir C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : T (...)
  • 59 G. de La Faille, Annales, t. 1, pp. 285-286.
  • 60 C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Sa (...)
  • 61 Ibid., p. 107 : et domini de capitulo tamquam conservatores rei publice volunt bene in eis (...)
  • 62 Ibid., pp. 118-127.
  • 63 Ibid., pp. 127-133.
  • 64 Ibid., p. 133.
  • 65 Ibid., p. 135 : et sic tota res publica in his remaneret frustrata, quoniam jocalia pertin (...)
  • 66 Ibid., pp. 145-146.
  • 67 G. de La Faille, Annales, t. 1, pp. 285-286.

17Deux évènements du début du XVIe siècle vont nous montrer l’emprise que les capitouls avaient à la fois sur les reliques et sur l’administration de la confrérie qui en assurait la gestion58. Le premier date de 1502 et eut pour origine les soupçons qui s’élevèrent au sein du corps municipal contre l’abbé de Saint-Sernin, Laurent Allemand, par ailleurs évêque et prince de Grenoble, dont les agissements pouvaient laisser supposer une éventuelle dilapidation de ce « trésor ». Le Livre des Histoires se fait d’ailleurs l’écho de leurs craintes : « Les capitouls ayant eu avis que quelques sélérats avoient comploté d’enlever de l’église de Saint-Sernin les reliques des saints, qui s’y conservent depuis plusieurs siècles, en firent faire un inventaire général et prirent des seuretez pour la conservation de ce trésor»59. C’est lors d’une réunion dans la salle du chapitre de Saint-Sernin, le 3 décembre 1502, que deux d’entre eux accompagnés de leur assesseur vinrent exposer leurs griefs. Le préambule de leur intervention fait clairement apparaître leur conception en la matière : le trésor appartenait à la ville60 (sous-entendu : et non à l’abbaye), et les capitouls, en tant que conservateurs de la chose publique, avaient le devoir de veiller sur son intégrité61. Au terme de tentatives de négociations, l’affaire est portée devant le sénéchal. Le 8 février 1503, après consultation de toutes les parties, on arrive enfin à un accord qui porte en particulier sur la répartition des clés62. Il y en aurait huit, ainsi distribuées : une à l’abbé, une au chapitre de l’église, deux aux capitouls, deux aux bayles des Corps-Saints et les deux dernières à deux marchands de la ville. Un inventaire précis des reliques et objets précieux du trésor était également décidé. Il commença deux jours après, en présence de quatre capitouls63, mais ne put se poursuivre avant l’année suivante. C’est en effet seulement le 5 mai 1504 que la procédure reprit en présence de trois nouveaux capitouls64. Les clefs et « cadenatz » n’avaient toujours pas été réalisés, et l’avocat des bayles des Corps-Saints en profita pour réaffirmer le caractère municipal et laïque du trésor, arguant du fait que les fondateurs de l’abbaye n’étaient autres que les rois de France65. On termina enfin, en ce mois de mai 1504, l’inventaire du trésor, et l’on s’accorda sur une nouvelle répartition des clés : l’abbé et le chapitre en conserveraient une, les capitouls une autre, et le procureur du roi une troisième. Celui-ci requit, « pour le bien de la chose publique » qu’il en soit un peu autrement : si l’abbé et le chapitre d’un côté, et les capitouls de l’autre, qui habent regimen et polliciam rei publice, devaient en conserver chacun une partie, la dernière devait revenir au juge mage et non à lui-même66. Les édiles avaient ainsi définitivement confirmé leur vocation de gardiens du trésor de « l’insigne basilique » de la ville. Un siècle et demi plus tard, La Faille pouvait affirmer : « Les capitouls avec l’abbé de cette église sont gardiens et conservateurs nez de ce précieux dépôt ; et en cette qualité il leur apartient d’en avoir une clef. C’est pour cela aussi que les capitouls, qui sçavent tous leurs devoirs, n’entrent jamais dans cette église qu’avec le chaperon ainsi que dans l’hôtel de ville»67. Cette dernière notation montre clairement l’identification de la crypte des Corps saints et du trésor de l’église comme une partie intégrante de la maison commune et donc comme l’un des éléments majeurs de la « chose publique » que le chapitre des nobles avait le devoir de bien gouverner.

  • 68 P. Julien, D’ors et de prières, pp. 20-21.
  • 69 AM Toulouse, GG 788 p. 9-36.
  • 70 P. Julien, D’ors et de prières, p. 23.
  • 71 AM Toulouse, GG 788 p. 24 : « Item es estat statuit et ordonat que degun personage que ser (...)
  • 72 P. Julien, D’ors et de prières, p. 25, qui ajoute : « Ce fait illustre l’aspect politique (...)

18Quelques années plus tard, un autre événement allait un peu plus encore renforcer leurs prétentions en la matière. L’administration du culte des reliques était devenue l’objet de procès incessants entre l’abbé, les chanoines et la confrérie qui avaient entraîné une certaine désaffection préjudiciable aux intérêts des capitouls68. Il leur fallait donc réagir et ils profitèrent du vent de réformation qui soufflait sur l’abbaye pour refondre la table des Douze-Apôtres. Par délibération du conseil général de la ville prise en accord avec les membres de l’association pieuse, ils établirent de nouveaux statuts qui furent officiellement confirmés dans le consistoire de la maison commune le 22 novembre 150969. La confrérie des Corps-Saints était ainsi officiellement fondée. On peut remarquer à ce sujet que « la relation entre la fonction de capitoul et celle de bayle fut clairement exprimée dans la codification de l’accession à cette charge»70: comme pour le capitoulat, nul ne pouvait en effet s’y représenter avant un délai de six ans71. La garde des clés faisait une nouvelle fois l’objet d’une répartition : une à l’abbé, une au capitoul de Saint-Sernin, deux à deux autres capitouls, deux à des bayles et deux à des surintendants des Corps-Saints. Les édiles confortaient ainsi leur place au plus près des restes sacrés les plus précieux. Au lendemain même de l’adoption de ces statuts, ils fondaient la messe haute du Saint-Esprit à l’autel majeur de Saint-Sernin, accentuant par là même « les relations entre leur messe d’intronisation et les pratiques internes de la confrérie»72.

  • 73 Ibid., p. 50 et 243 ; voir aussi Toulouse sur les chemins de Saint-Jacques. De saint Satur (...)
  • 74 ADHG, Ms 17 f° 28v-29 : « Les reliques des corps saints Saint-Sernin tirées de la chapelle (...)
  • 75 E. Roschach, « Les douze livres », p. 407.
  • 76 AM Toulouse, II 625 f° 250 : « Corpz sainctz, plusieurs en furent rellevez en l’eglise Sai (...)

19Cette position privilégiée des édiles trouve dès lors son illustration dans le Livre des histoires, qui enregistre systématiquement les cérémonies d’élévation des reliques marquant ces premières décennies du XVIe siècle. En 1510-1511, les capitouls firent même représenter la cérémonie de reconnaissance des reliques des saints Simon et Jude préalable à l’ostentation73. Celle-ci, en raison de la peste, ne put se dérouler que l’année suivante, en janvier 151274, et fit semble-t-il l’objet d’une nouvelle illustration75. En 1517-1518, s’ils ne donnent pas les noms des saints dont les reliques connurent une semblable élévation, ils en notent le faste et la solennité76.

  • 77 Transcription dans F. Bordes, Formes et enjeux…, t. 2, chr. 6 p. 124.
  • 78 Ibid. : ipsi domini de capitulo cum maxima diligentia et labore cum eodem abbate tractarun (...)
  • 79 Ibid. : inter cetera fuit per dictos dominos de capitulo emptum quoddam hospicium juxta di (...)
  • 80 AM Toulouse, CC 2323 f° 43 n° 60.
  • 81 AM Toulouse, CC 1855 p. 71 et 76.
  • 82 AM Toulouse, CC 1856 f° 37.
  • 83 AM Toulouse, II 47.

20Notre exposé serait cependant incomplet si nous n’évoquions l’autre grande relique que la ville abrita entre 1392 et 1460, le fameux saint Suaire de Cadouin. Par mesure de sécurité, ce linceul avait été extrait de l’abbaye périgordine qui le conservait et mis sous la protection des remparts toulousains en octobre 1392. Le récit de cette translation, l’une des premières narrations historiques du Livre des Histoires77, ne manque pas de signaler l’implication des capitouls dans la décision de transfert78 et leur rôle dans l’installation de l’abbé et des moines près de l’église du Taur où reposait la sainte relique79. Le Livre se fait d’ailleurs régulièrement l’écho des différentes péripéties qui marquèrent son passage dans la ville : le procès entre les capitouls d’une part, l’abbé de Cadouin et les abbés de Cîteaux et du Chambon, représentants le chapitre général de Cîteaux, de l’autre (1394-1395), le transfert du suaire à Paris en 1399-1400 à la demande du roi, et enfin son « vol » par des moines de Cadouin désireux de la ramener dans son monastère d’origine, en 1455. Les comptes municipaux nous en apprennent un peu plus sur l’investissement des capitouls à son égard. En novembre 1404, par exemple, ces derniers prennent l’initiative de nommer deux moines de Cîteaux pour en assurer la garde pendant les six dernières semaines de leur année d’administration, per so car l’abat d’Eunas a layssada ladita garda e lodit sant joyel estava sens garda segura80 (« pour ce que l’abbé d’Eaunes a abandonné ladite garde et ledit saint joyau se trouvait sans garde sûre »). L’année suivante, cette même dépense est renouvelée81. En 1420-1421, ils s’occupent de faire réparer le coffre de fer dans lequel repose le suaire ainsi que la clef qui l’ouvre et le ferme82. Il est vrai que l’accord de 1402, passé à la suite d’un premier vol de la relique, prévoyait qu’elle serait dorénavant enfermée dans un coffre fermant à trois clefs, dont les capitouls auraient l’une, l’abbé de Cadouin une autre et le juge-mage la dernière83.

  • 84 B. CHEVALIER, « La religion civique… », p. 342.

21Outre ces interventions directes au sein des établissements religieux, les capitouls occupèrent de manière forte le devant de la scène religieuse à l’occasion des manifestations traditionnellement considérées comme le « rite majeur de la religion civique dans les bonnes villes»84: les processions générales.

III. Le marquage civique de l’espace religieux urbain : les processions et les réveilleurs85

  • 85 Sur ce sujet, nous nous permettons de renvoyer à nos deux études : F. Bordes, « Une percep (...)
  • 86 J. Rossiaud, « Crises et consolidations (1330-1530) », dans G. Duby, dir., Histoire de la (...)

22Celles-ci apparaissent effectivement à Toulouse, à l’instar de Tours et de nombre de villes du royaume86, comme un moment privilégié du rassemblement de tous les corps de la société urbaine autour de l’autorité municipale. Encore faut-il apporter à cette vision par trop généraliste quelques précisions. Le rôle des édiles, en particulier dans l’initiative même de ces grandes manifestations communautaires, n’y est pas toujours aussi déterminant qu’il pourrait y paraître.

  • 87 AM Toulouse, BB 4 p. 12.
  • 88 AM Toulouse, II 627 f° 332v-333v : « à occasion de la susdicte paix et accord, du mandemen (...)
  • 89 AM Toulouse, II 627 f° 333v-334 : « Guerre grande y eust l’an mil quatre cens soixante qui (...)
  • 90 AM Toulouse, CC 2364/118 f° 1v.
  • 91 Ibid., f° 3v.
  • 92 Ibid., f° 4v.
  • 93 Gaston de Foix fut tué lors du combat de Ravenne, remporté par les Français, le 11 avril 1 (...)
  • 94 AM Toulouse, BB 269 f° 49v : « Le roy ayant escrit à messieurs les capitoulz le décès de l (...)
  • 95 AM Toulouse, BB 151/69 : procession pour la victoire de Provence (13 octobre 1524), BB 151 (...)

23C’est entre autre le cas pour les processions générales d’ordre « politique », du moins à partir de la seconde moitié du XVe siècle. Il semble en effet qu’auparavant, les premiers magistrats de la ville aient pris à certains moments des décisions de leur propre initiative. Ce fut le cas le 15 juin 1422, lorsqu’ils délibérèrent que soit organisée le dimanche suivant une procession ad honorem domini nostri regis domini regentis regnum afin que Deus det bonam vitam, salutem et victoriam eorum inimicorum et quod Deus velit conservare et custodire presentem civitatem et totam patriam87. Mais cinquante ans plus tard, c’est le souverain lui-même qui en prend presque systématiquement l’initiative. Les mentions que nous avons conservées pour certaines d’entre elles le montrent clairement. En 1475, par exemple, c’est sur ordre du roi que l’on doit en organiser pour célébrer le traité de Picquigny entre Louis XI et le roi d’Angleterre Edouard IV88. Peu après, le même monarque ordonne que l’on en fasse chaque premier dimanche du mois en raison de la guerre avec le duc de Bourgogne89. La seule année capitulaire de 1511-1512 nous en fournit trois autres preuves Les capitouls doivent engager tout d’abord des dépenses per so que lo rey nostre sobiran senhor mandec lo XIIIIe del susdit desenbre [1511] que messenhors e la vila fessan procecius generals per que Dius dones acort entre los princes de crestiantat90 (« parce que le roi, notre souverain seigneur, avait ordonné le 14 dudit mois de décembre que messeigneurs et la ville fassent des processions générales pour que Dieu favorise la paix entre les princes de la Chrétienté »). Trois mois plus tard, en mars 1512, ils défraient un messager royal que portet letras coma Bressa era guassanhada dela les mons e que om fes prosesius91 (« qui apporta des lettres annonçant la prise de Brescia par-delà les montagnes et ordonnant que l’on fasse des processions »). En avril, enfin, ils remboursent les frais d’un autre chevaucheur, envoyé par «M. de Dunois » per la victoria que era estada dela les mons cant mor de Fos moric, que om fes prossessius92 (« pour la victoire qu’il y avait eu par-delà les montagnes, lorsque M. de Foix trouva la mort93, et ordonnant que l’on fasse des processions »). C’est également le souverain qui enjoint aux capitouls d’organiser les honneurs funèbres de la reine Anne de Bretagne en janvier 151494. Toutes les ordonnances capitulaires des années 1520 portant organisation de ce type de processions générales politiques sont d’ailleurs prises « de par le roy » ou « de par Madame la régente » et seulement « de mandement de messeigneurs les capitolz », ce qui nous prouve que ce type de manifestation n’était pas d’initiative locale95.

  • 96 AM Toulouse, II 625 f° 399v-400 : « fut arresté par conseil general de ladicte ville, lequ (...)
  • 97 AM Toulouse, BB 150 p. 37 : « Vuez les lettres missives du roy nostre sire faisant mention (...)

24Au contraire, les capitouls sont peut-être à l’origine des festivités, en grande partie religieuses, liées à la naissance du dauphin Charles en novembre 149296, ainsi qu’à celles concernant la naissance du troisième fils de François 1er en 152297.

  • 98 AM Toulouse, BB 269 f° 54v : « Le vendredy 20 mars, le feu se prit à la rue des Cervinière (...)
  • 99 BB 269 f° 55 : « Le 18 avril, la Garonne entra dans Saint-Ciprien et ruina les maisons de (...)
  • 100 BB 269 f° 56v-57 : « Les capitoulz firent faire procession générale et donnèrent en ofrand (...)

25Les processions rogatoires ou d’intercession présentent la même incertitude. On ignore ainsi quelle autorité présida à la décision d’organiser celle de mars 1523 pour faire cesser l’incendie de la rue Cervinières98. En revanche, ce sont bien les capitouls qui, en avril de l’année suivante, prirent de telles dispositions pour lutter contre une nouvelle inondation touchant le quartier de Saint-Cyprien99. Ce furent également eux qui s’en remirent en 1528-1529 à la religion pour lutter contre la peste, en faisant réaliser en particulier la fameuse représentation de la ville en cire qui fut installée dans la basilique Saint-Sernin100.

  • 101 AA 5/146 et AA 17/28.
  • 102 BnF, fr. 18517 f° 13 : in die festi gloriosisimi Corporis-Christi, (…) ubi dicti domini ca (...)
  • 103 AA 20/8 p. 29 ; le texte complet de ce document a été édité dans F. Bordes, « Rites et pra (...)

26Le cas de la procession générale de la Fête-Dieu, appelée aussi du Corpus ou « du Sacre » à la Renaissance, la seule à laquelle participe véritablement l’universitas de la ville, est tout aussi délicat. Si l’on ne possède aucun renseignement sur sa forme médiévale, l’on sait que plusieurs conflits s’étaient élevés au début du XVIe siècle concernant entre autre le rôle des capitouls dans l’organisation du parcours du cortège. Un arrêt du parlement fixa, en 1528, les règles en la matière. Les bayles des deux confréries du Corpus Domini porteraient d’abord au chapitre cathédral la liste des rues où passerait le Saint Sacrement ; les chanoines, après approbation, l’enverraient aux capitouls qui la transmettraient au parlement, assortie de leur avis, pour décision définitive101. Mais plus que dans l’organisation pratique de cette procession, c’est dans ce qu’elle donnait à voir qu’une certaine forme de religion civique peut être appréhendée, ou tout au moins le « marquage civique » de l’espace religieux de la ville. Il est vrai que les capitouls y tenaient une place de choix, puisqu’il leur revenait l’honneur de porter le dais abritant le saint Sacrement. La première mention que nous en ayons trouvée concerne la procession du Corpus qui se déroula lors de la visite de Louis XI en 1463102. Le greffier Jacques Begon le rappelle dans le tableau qu’il dresse vers 1555 de l’ensemble des rites religieux que les édiles doivent observer tout au long de leur année capitulaire : « ledict jour est de coustume que lesdictz seigneurs se doibvent trouver à l’eglise de Sainct-Estienne tous huict pour pourter le pavilhon comme est de coustume et vont à la procession»103.

  • 104 N. Bertrand, Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Toulouse, Jean Grand-Jean, 1515, (...)
  • 105 AM Toulouse, AA 17/3 (21 juin 1503) : Arrêt du parlement de Toulouse confirmant, malgré l’ (...)

27Ce n’était d’ailleurs pas la seule occasion qui leur en était donnée, et il semble bien qu’ils exerçaient cette prérogative chaque fois que l’on portait le Saint Sacrement dans les rues. C’est du moins ce qui ressort du récit de l’une des deux processions qui se déroulèrent au cours de l’année capitulaire 1473- 1474 à l’occasion de la peste qui touchait la ville. Le jour de la fête de Sainte Madeleine, les Toulousains suivirent un cortège dans lequel les reliques des apôtres et de plusieurs saints étaient présentées sous treize dais ou pavillons, celui abritant le Corpus Domini étant porté par les huit capitouls104. Une querelle de préséance, plaidée devant le sénéchal en 1501 puis en appel au parlement en 1503, nous montre que le corps municipal défendait d’ailleurs âprement la place privilégiée qu’il tenait au plus près de la plus sainte des reliques105.

  • 106 Le détail de ces cadeaux en cire figure régulièrement dans les pièces à l’appui des compte (...)
  • 107 C’est le cas en 1492, où l’on paye Bernat Portal per XXIIII senhals de las armas de la vil (...)

28Outre les capitouls, le cortège du Sacre comprenait à leurs côtés l’ensemble des grands officiers de la maison commune, chacun d’entre eux recevant pour l’occasion un cierge d’un poids correspondant à sa place dans la hiérarchie administrative106. Comme pour marquer un peu plus symboliquement encore le rôle de la ville, ces torches étaient la plupart du temps ornées de panonceaux décorés aux armes de la commune, à l’instar des luminaires offerts aux églises et couvents107.

  • 108 B. CHEVALIER, « La religion civique… », art. cité, p. 345.
  • 109 AM Toulouse, BB 269 f° 53-v.

29Une autre forme d’investissement religieux de l’espace public par les autorités municipales réside dans la création et la rémunération des « réveilleurs », aussi appelés dans d’autres villes « crieurs de patenôtres », institution qui apparaît clairement comme l’un des aspects de la religion civique108. C’est en 1518-1519, et d’ailleurs « à la persuasion d’un grand predicateur cordelier nommé Arnaud Reveland, qui preschoit à Saint-Estienne, [que] messieurs les capitoulz establirent quatre hommes qui iroint toutes les nuitz depuis une heure jusques à cinq criant avec son de cloche : “Reveilhés-vous qui dormés, priés Dieu pour les trepassés”»109.

IV. Prédicateurs et pèlerins

  • 110 AM Toulouse, BB 2 p. 139 (s.d.) : Cum nuper venit in presenti civitate magister Vincentius (...)
  • 111 AM Toulouse, CC 2351/87 p. 37 et CC 2353/131.
  • 112 AM Toulouse, CC 2371/406-407.
  • 113 Sur ce personnage et son passage à Toulouse, voir M.-F. Godfroy, « Le prédicateur francisc (...)
  • 114 AM Toulouse, BB 269 f° 52v-53.
  • 115 ADHG, Ms 17 f° 34.

30Un troisième domaine d’intervention des édiles toulousains en matière religieuse était celui de la pastorale. Même s’il ne nous est pas possible, faute de documentation suffisamment précise, de savoir si les capitouls prirent l’initiative de faire intervenir tel ou tel prédicateur, nous avons au moins la certitude qu’ils prirent régulièrement en charge les frais inhérents à leur venue. Ce fut le cas lors du passage à Toulouse du célèbre prédicateur catalan Vincent Ferrier dans le deuxième semestre de l’année 1416 : il resta trois semaines à Toulouse et reçut à cette occasion 100 francs de la ville110. En 1503, celle-ci paye de même 3 £ et 10 sous à Johan Berthelot, presentat en theologia, franciscain, pour le sermon qu’il fit de las bonas novelas de la pax fayta entre lo rey nostre soberan senhor et lo rey d’Espanha111 (« sur les bonnes nouvelles de la paix intervenue entre le roi notre souverain seigneur et le roi d’Espagne »). Enfin en 1518-1519, elle fournit la « pitance » au frère Thomas Illyricus112, dont les prêches connurent un succès considérable113: « ses predications opererent si fort dans les cours des magistratz de la ville qu’ilz abolirent tous les jeux des cartes et masques dans Tholoze, et tous les moules de cartons et papiers furent bruslés et jettés en la rue d’entre les Cordeliers et le college de Foix en grand monceau ; et de plus firent brusler toutes les cartes qui se trouverent chès les marchandz»114. Ce fut en outre à son instigation que « le nom de Jezus fut mis et gravé en divers lieux de la ville et aux plus apparents, comme aux portes, aux ponts et aux carrefours»115, autre manifestation d’un marquage religieux de l’espace public à l’initiative des premiers magistrats de la ville.

  • 116 AM Toulouse, CC 1854 f° 64.
  • 117 AM Toulouse, BB 3 f° 54v.
  • 118 Par exemple en 1501-1502, AM Toulouse (CC 2351/90 p. 9) ou encore en 1503-1504 (CC 2354/15 (...)

31Outre à l’occasion de ces grands sermons, ceux-ci intervenaient de manière plus ordinaire lors de certaines cérémonies religieuses. C’est ainsi qu’ils apportèrent leur obole en février 1392 pour la procession et le sermon général pour la naissance du fils du roi116, en avril 1419 pour les mêmes événements occasionnés par la publication de la bulle du pape Urbain contre les ennemis du roi117, ou plus ordinairement pour le sermon du Corpus118. Les « offertes » qu’ils payent dans le premier quart du XVIe siècle sont d’ailleurs très souvent mentionnées comme étant réalisées à la fois pour les messes et les sermons qu’on y prononçait.

  • 119 AM Toulouse, CC 2323 f° 7 n° 10 et 12.
  • 120 AM Toulouse, CC 2331/50 : paiement de 9 l. à Paul de Talabardit del pays de Egiptis bas, e (...)
  • 121 AM Toulouse, CC 2334/68 : Item plus ay pagat al cossy del rey de Ongria, local anava a San (...)

32On peut rapprocher le soutien aux prédicateurs itinérants de celui que les capitouls apportèrent régulièrement à certains pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle et faisant une étape pour visiter les vénérables reliques conservées à Saint-Sernin. Encore faut-il préciser que ces aides étaient exceptionnelles et ne concernaient la plupart du temps que des personnages importants. Ce fut le cas en février 1404 lorsque passa à Toulouse le comte de la Marche, à qui l’on offrit pour 16 £ de coffimens (« sucreries ») et 16 torches119. Cela se reproduisit en 1445-1446 à l’occasion de l’arrivée d’Egyptiens se disant comtes dans leur pays, accompagnés d’une troupe de 80 personnes (hommes, femmes et enfants) se rendant en pénitence auprès du corps de saint Jacques en Galice120. En 1459-1460, enfin, le trésorier municipal donna une livre au cousin du roi de Hongrie pour les mêmes raisons121.

V. La religion au sein de la maison commune

33Pour faire un tour aussi complet que possible de ces relations, parfois subtiles, que les capitouls entretiennent avec la religion, il nous reste à aborder un aspect peu souvent étudié dans les études d’histoire urbaine médiévale, celui des pratiques de cette oligarchie politique au sein même de la maison commune.

  • 122 Sur cet édifice, voir J. Chalande, Histoire monumentale de l’Hôtel-de-ville de Toulouse, T (...)
  • 123 Des fouilles réalisées à l’arrière du théâtre du Capitole en 2003 ont révélé son emplaceme (...)
  • 124 AM Toulouse, CC 1845 p. 117 ; Chalande signalait comme première mention celle qu’il avait (...)
  • 125 AM Toulouse, CC 1846 p. 83.
  • 126 AM Toulouse, CC 2351/82.
  • 127 AM Toulouse, CC 2351/90.
  • 128 AM Toulouse, CC 2355/111.
  • 129 AM Toulouse, CC 2364/95.
  • 130 AM Toulouse, CC 2365/124 et 191-192.

34Il faut tout d’abord dire qu’ils y ont à leur disposition une chapelle propre, dite la « chapelle du consistoire»122. Bien qu’elle soit certainement plus ancienne123, elle n’apparaît dans les comptes qu’en 1336-1338124. Les documents postérieurs la concernant ne nous en apprennent que peu sur elle. Nous savons seulement qu’en 1343-1344, on fit transcrire l’office du Saint Esprit dans le missel qui s’y trouvait125, qu’en juillet 1502 l’on acheta à un frère augustin une pierre de marbre consacrée pour son autel126, que cette même année on orna ce dernier d’une « toalha » et que l’on fit réaliser un meuble pour le lavabo et le calice127, qu’en 1504-1505 on fit travailler un gainier pour deux étuis de cuir destinés à une custode d’argent et à un calice128, calice que l’on fait « surdorer » (sobredaurar) en 1514129. L’année suivante, les capitouls firent aussi exécuter une grande croix avec un « pommeau » (pomel) de 3 marcs 6 onces 7 deniers d’argent, également accompagnée d’un étui en cuir130.

  • 131 Et non des Prêcheurs comme le marque par erreur J. Chalande, Histoire monumentale…, op. ci (...)
  • 132 Première mention en 1493-1494 : AM Toulouse, CC 1872 p. 31.
  • 133 Sur ce sujet, voir notre thèse : F. B ordes, Formes et enjeux…, t. 3, pp. 62-63.
  • 134 AM Toulouse, CC 2353/83 p. 1 (1502-1503) : per la mesa que feguen dire losdits messenhors (...)
  • 135 AM Toulouse, CC 2356/74 f° 4v (1506-1507) : per que Diu yllumynes los messenhors a far l’a (...)

35En 1336, ce sont les Augustins qui sont chargés de célébrer les messes dans cette chapelle durant toute l’année. Ils assureront cet office pendant tout le bas Moyen Âge, avec des chantres dans un premier temps puis en compagnie des Franciscains131 à partir de 1420. Le frère mineur était chargé de « dire et célébrer » les messes ordinaires, l’augustin de les « chanter ». La pension annuelle de chacun des deux célébrants fut fixée à 4 £ dans les années 1490132. L’office le plus important était celui du jour de l’entrée en fonction des capitouls, à la Sainte Luce (13 décembre), véritable messe d’intronisation des nouveaux édiles. Elle était dédiée au Saint Esprit, pour lequel les capitouls avaient une évidente prédilection133 et qui devait les inspirer dans la gestion de la chose publique134. Une messe haute du même type se déroulait le lendemain de la Sainte Catherine, jour de l’élection des nouveaux capitouls, afin d’inspirer les anciens dans le choix de leurs successeurs135.

  • 136 Sur cet oratoire, voir J. Chalande, Histoire monumentale de l’Hôtel-de-ville de Toulouse. (...)
  • 137 AM Toulouse, CC 2365/289.

36Un second espace religieux, plus modeste, existait également dans l’enceinte de la maison commune. Il s’agissait de l’oratoire ou autel de Notre-Dame, adossé au mur du grand consistoire et mentionné136 dès 1514-1515137. On ne sait malheureusement quelles cérémonies s’y déroulaient ou quelles offrandes y faisaient les capitouls dans la période qui nous intéresse.

  • 138 AM Toulouse, BB 265/1.
  • 139 Publié dans F. Bordes, « Rites et pratiques… », pp. 130-135.

37À l’extérieur comme à l’intérieur de leur hôtel de ville, les premiers magistrats de Toulouse s’imposent donc, à la fin du Moyen Âge, comme des acteurs privilégiés de la vie religieuse municipale. Le plus ancien « testament capitulaire » que nous conservions signale déjà vers 1420, dans son premier article, que cascus de messenhors de capitol se transporte a las gleysas de son capitolat parroquials e collegiadas e als ordes et que pregue los maiorals de lasditas gleysas e convens que en lors oratios aian per recomandatz losditz messenhors de capitol e la universitat de Tholosa en tal forma que Dieus lor done be, a guovernar e regir la causa publica ha honor de Dieu e del rey nostre senhor138 (« chaque seigneur du chapitre doit se transporter dans les églises de son capitoulat, qu’elles soient paroissiales ou collégiales ou des ordres [mendiants], et qu’il prie les supérieurs desdits églises et couvents pour que dans leurs prières ils recommandent lesdits seigneurs du chapitre et la communauté de Toulouse de telle sorte que Dieu les aide à gouverner et gérer la chose publique pur l’honneur de Dieu et du roi notre seigneur »). Cent trente ans plus tard, le règlement des « honneurs et processions où messieurs de capitoulz fault que se tiennent », rédigé par le greffier Jacques Begon vers 1555139, répertorie près d’une cinquantaine de cérémonies religieuses auxquelles les capitouls doivent participer durant leur année d’administration.

  • 140 B. Chevalier, « La religion civique… », p. 337.
  • 141 Ibid., p. 349.
  • 142 Contrairement à ce qui est souvent dit ou écrit, c’est bien Exupère et non Saturnin que le (...)
  • 143 Voir notre développement sur ce thème dans notre thèse : F. Bordes, Formes et enjeux…, t. (...)

38Cette main mise, qui répondait certainement à une stratégie politique, ne pouvait manquer de rejaillir symboliquement sur leur personne. L’oligarchie politique de la ville, issue des élites sociales, devenait en effet en ces occasions, en particulier dans les processions du Corpus, une sorte d’oligarchie religieuse. Pour répondre à une question que Bernard Chevalier posait140, il semble évident qu’à Toulouse le chapitre des nobles a ainsi instauré une relation directe avec Dieu et ses saints. Comme dans d’autres bonnes villes du royaume, on assiste par là même non pas à une désacralisation mais à une sécularisation de l’institution politique, dès lors « directement reliée à Dieu et donc complètement autonome dans sa propre sphère»141. Successeurs, en tant que défenseurs de la cité, de leur patron saint Exupère142, les capitouls en assurent ainsi la protection non simplement matérielle mais également spirituelle. Ils en sont bien les seigneurs et les apôtres dont ils se donnent l’image sur leur précieux Livre des Histoires143.

Notes

1 A. Vauchez (dir.), La religion civique à l’époque médiévale et moderne (Chrétienté et Islam), Actes du colloque organisé par le Centre de recherche « Histoire sociale et culturelle de l’Occident XIIe-XVIIIe siècle » de l’université de Paris X-Nanterre et l’Institut universitaire de France (1993), Rome, École Française de Rome, 1995, [collection de l’Ecole française de Rome, 213].

2 Ibid., « Introduction », p. 1.

3 B. Chevalier, « La religion civique dans les bonnes villes : sa portée et ses limites. Le cas de Tours », ibid., pp. 337-349.

4 M. Fournié, « Confréries, bassins et fabriques dans le sud-ouest de la France : des œuvres municipales », ibid., pp. 245-263.

5 Religion et société urbaine au Moyen Âge. Etudes offertes à Jean-Louis Biget par ses anciens élèves, textes réunis par P. Boucheron et J. Chiffoleau, Paris, Publications de la Sorbonne, 2000, [Histoire ancienne et médiévale, 60].

6 P. Boucheron et J. Chiffoleau, « Avant-propos », Ibid., p. 12 : « Au-delà des contours d’une religion civique, est-on en droit de parler de religion urbaine au Moyen Âge ? Autrement dit, la ville, dans son cadre matériel, mais aussi dans son gouvernement, et dans les formes particulières de lien social que l’un et l’autre accueille ou secrète, suscite-t-elle une modalité spécifique de religiosité ? ».

7 AA 1/96, f° 114 (11 avril 1226) : ut Deus et dominus Iesus Christus, intercedente beata virgine Maria et beato Exuperio pontifice, cum omnibus sanctis, Tolosam urbem et suburbium et omnes habitantes et habitaturos in ea ab omni malo et periculo et ab inimicorum infestacione sive incursione custodiat, protegat et deffendat ; sauf mention contraire, les cotes mentionnées proviennent des Archives municipales de Toulouse.

8 Sur ce personnage, voir P. Cabau, « Les évêques de Toulouse (IIIe-XIVe siècles) et les lieux de leur sépulture », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LIX, 1999, pp. 134- 135.

9 C’est ainsi qu’en 1343-1344, ils paient le peintre Guiraut Frances pour en restaurer les couleurs (AM Toulouse, CC 1846 p. 72).

10 Voir S. Gelfi, La confrérie des Corps-Saints de Saint-Sernin de Toulouse : registre de comptes de 1499 à 1513,Mémoire de maîtrise sous la direction de M. Fournié, Université de Toulouse-Le Mirail, 1998, p. 60 ; cette redevance était soit fournie en nature, soit payée suivant le cours du marché.

11 AM Toulouse, CC 2348/36 (mandat du 8 octobre 1500).

12 AM Toulouse, CC 1848 f° 67v, 82-83v.

13 AM Toulouse, CC 1850 (1382-1385) f° 39 et suiv., et CC 1851 (1385-1386) f° 168v et suiv.

14 AM Toulouse, CC 1851 (1385-1386) f° 169v : per la cofrayria novelament fayta al convent del Frayres menos del memorial del sepulcre de Nostre Senhor Dieu Jhesus Christi lo jorn de la festa de sent Salvador en lo mes d’abriel passat.

15 AM Toulouse, CC 1851 (1385-1386) f° 170v : a la cofrayria e ha la luminaria de Sant-Steffe novelamen comensada.

16 C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Saint-Sernin à Toulouse. II : « Comptes de la confrérie des Corps-Saints. I : Registre des années 1383-1395 », Paris-Toulouse, Picard-Privat, 1906, p. 197 : receperunt a magistro Bernardo Fabri, notario sigillifero dominorum de capitulo, pro lampadibus ville que ardent ante corpus beati Saturnini, unum quintale IIII libras cum dimidia olei.

17 Par exemple AM Toulouse, CC 1848 f° 67v, 82v, 83, 83v (1362-1363) ; CC 1850 f° 39 et suiv. (1383-1385).

18 AM Toulouse, CC 2354 (1503-1504) n° 38 par exemple.

19 La première mention nous en est donnée en 1362-1363 : per far los senhals que mezem al siries de la Daurada e de Sant-Serni e de Sant-Loies, AM Toulouse (CC 1848 f° 67v).

20 AM Toulouse, CC 2356 (1506-1507) f° 2v : paiement per lo molhe ont fan las harmas de la villa per lo serbissy de las luminarias e del jorn de Nostre Senhor.

21 AM Toulouse, CC 2353/83 et 2355/82 passim.

22 AM Toulouse, CC 1845 p. 116.

23 AM Toulouse, CC 1848 f° 68v (1362-1363).

24 AM Toulouse, CC 1855 p. 68 (1404-1405) ; CC 1859 f° 72v et 76 (1432-1434).

25 AM Toulouse, GG 784 p. 1 (27 août 1465) : 1 £ que baylet lodit thesaurier per nostre mandament al gardian deldit convent per metre en pictansa ; cette somme d’une livre ne variera pas pendant plusieurs décennies.

26 Ibid. : dépense de 2 £ pour tortisses de la lumenaria hont anen dels senhors de capitol una partida, acompanhatz dels hofficiers et d’autres sargantz, al convent de Fraymenos hont fouc dita una messa nauta al autar mage ont losditz senhors et lor companhos foguen presentz entro que la messo foc acabada.

27 AM Toulouse, CC 1856 f° 37v.

28 AM Toulouse, BB 7 p. 61 (délibération du 17 mai 1437).

29 AM Toulouse, CC 2323/29.

30 AM Toulouse, CC 2371/211.

31 AM Toulouse, CC 1851 f° 171.

32 ADHG, Ms 17 f° 28v, qui ajoute (f° 29r) : « La messe du Saint Esprit qui se dit à Saint-Sernin les dimanches est pour raison de la peste, pour la paix et pour le roy » ; voir aussi AM Toulouse, BB 192 p. 164, BB 269 f° 48, ADHG, 1 J 632 f° 25v et G. de La Faille, Annales de la ville de Toulouse…, t. 1 : Toulouse, Colomyez et Posuel, 1687, p. 303.

33 AM Toulouse, CC 1670 p. 364 : paiement de 36 £ à Pierre Cohadaur, prêtre.

34 AM Toulouse, CC 2352/51.

35 AM Toulouse, BB 269 f° 56v-57 : « Les capitoulz (…) firent porter en procession la ville de Tholoze en cire » ; ce « vœu » existe toujours dans la basilique Saint-Sernin, même s’il a changé de matériau et subi plusieurs restaurations ; il est reproduit dans le catalogue de l’exposition Toulouse sur les chemins de Saint-Jacques. De saint Saturnin au « tour des Corps saints » (Ve-XVIIIe siècles), Milan, Skira, 1999, p. 266.

36 Elzéar de Sabran (v. 1285-1323), canonisé en 1369.

37 AM Toulouse, BB 1 f° 6 : Item quod fratres minores deferebant deversus Avinhonem de reliquiis beati Helziarii et supplicaverunt dominis de capitulo ut placeret dictas reliquias honorare ; Décision : quod honorentur reliquie sancti Helziarii.

38 Cité par C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Saint-Sernin à Toulouse. I : « Les inventaires (1246-1657) », Paris-Toulouse, Picard-Privat, 1904, p. 491.

39 Voir P. Julien, D’ors et de prières, Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Provence, 2004, pp. 11-12.

40 C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Saint-Sernin à Toulouse. II : « Comptes de la confrérie des Corps-Saints. I : Registre des années 1383-1395 », Paris-Toulouse, Picard-Privat, 1906, p. 65 : Item, anno quo supra [1384], nobiles viri domini de capitulo regie urbis et suburbii Tholose, de bonis universitatis Tholosane, dederunt vaxello beati Jacobi apostoli Majoris, quos assignaverunt per bilhetas per partitas, LX francos.

41 Sur cet événement, voir C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Saint-Sernin à Toulouse. II : « Comptes de la confrérie des Corps-Saints. I : Registre des années 1383-1395 », Paris-Toulouse, Picard-Privat, 1906, pp. 78-85.

42 AM Toulouse, CC 1850 f° 44v.

43 AM Toulouse, CC 1851 f° 167v-158 : LXXII l. de cera en XII torchas lasquals foron donadas dimenge passat a XV del mes present [octobre 1385] a la pocessio que foc fayta en lo monestier de Sent-Serni sus sent Jacme lo maior sus que lo cos de mossenho sent Jacme foc trelatat de novel, en que era mossenhor de Berry.

44 AM Toulouse, CC 2356/36-38.

45 Sur ce sujet, voir M. Fournié, « Confréries, … », art. cit.

46 F. Fantuzzo et C. Saint-Martin, La confrérie des Corps-Saints au XVe siècle : registre des comptes de 1454 à 1499,Mémoire de maîtrise sous la direction de Michelle Fournié et Michèle Pradalier, Université de Toulouse-Le Mirail, 1995 ; voir aussi F. Fantuzzo, « Une grande confrérie urbaine [confrérie des Corps-Saints de Saint-Sernin] », Annales du Midi, tome CXI, n° 226, avril-juin 1999, pp. 181-182.

47 S. Gelfi, La confrérie…, op. cit., pp. 21-22, et 218-219.

48 Sur ce sujet, voir M. Fournié, Le Ciel peut-il attendre ? Le culte du Purgatoire dans le Midi de la France (v. 1320-v. 1520), Paris, Éditions du Cerf, 1997, pp. 150-154.

49 B. Chevalier, « La religion civique… », p. 339.

50 M. Fournié, « Confréries… », art. cité.

51 BnF, Fonds Doat, 73, f° 259.

52 J. Caille, Etudes critiques sur l’église de Notre-Dame de la Daurade de Toulouse au Moyen Âge, thèse de 3e cycle, Université de Toulouse, 1963, p. 83.

53 AM Toulouse, GG 809 (registre de comptes, 1493-1546) ; voir M. Fournié, « Confréries… », art. cité, p. 248.

54 C. Vincent, Les confréries médiévales dans le royaume de France, XIIIe-XVe siècle. Paris, Albin Michel, 1994, p. 153.

55 M. Fournié, Le Ciel peut-il attendre ? Le culte du Purgatoire dans le Midi de la France (v. 1320-v. 1520), Paris, Editions du Cerf, 1997, p. 152.

56 Ibid.

57 F. Fantuzzo et C. Saint-Martin, op. cit., et S. Gelfi, op. cit., pp. 21-22.

58 Sur ces affaires, voir C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Saint-Sernin à Toulouse. I : « Les inventaires (1246-1657) », Paris-Toulouse, Picard-Privat, 1904, pp. 104-150 ; voir aussi P. Julien, D’ors et de prières, pp. 18-19 ; voir enfin notre thèse : F. Bordes, Formes et enjeux d’une mémoire urbaine au bas Moyen Âge : le premier « Livre des Histoires » de Toulouse (1295-1532), thèse de doctorat en Histoire médiévale, sous la direction de Michelle Fournié, Université de Toulouse-Le Mirail, 2007, t. 3, p. 98-100.

59 G. de La Faille, Annales, t. 1, pp. 285-286.

60 C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Saint-Sernin à Toulouse. I : « Les inventaires (1246-1657) », Paris-Toulouse, Picard-Privat, 1904, p. 106-107 : qualiter pulcherrime reliquie erant in dicta ecclesia, que reliquie et jocalia, de quibus sunt ornate, ville presenti pertinent.

61 Ibid., p. 107 : et domini de capitulo tamquam conservatores rei publice volunt bene in eis providere.

62 Ibid., pp. 118-127.

63 Ibid., pp. 127-133.

64 Ibid., p. 133.

65 Ibid., p. 135 : et sic tota res publica in his remaneret frustrata, quoniam jocalia pertinent ville et habitatoribus in eadem et non abbati neque canonicis monasteri[i] predicti, et quod fundator [corr. : fundatio] ipsius ecclesie per antiquos et bone memorie Francorum reges facta extitit.

66 Ibid., pp. 145-146.

67 G. de La Faille, Annales, t. 1, pp. 285-286.

68 P. Julien, D’ors et de prières, pp. 20-21.

69 AM Toulouse, GG 788 p. 9-36.

70 P. Julien, D’ors et de prières, p. 23.

71 AM Toulouse, GG 788 p. 24 : « Item es estat statuit et ordonat que degun personage que sera estat bayle ou ouvrier desd. corps sanctz non sera plus retournat à lad. carga de bayle et ouvrier aprop sieis ans passatz et revolutz qu’el en sera estat fora, en la forma et maniere tenguda et observada en Tholose de messenhors de capitoulz. »

72 P. Julien, D’ors et de prières, p. 25, qui ajoute : « Ce fait illustre l’aspect politique de leurs actions dans Saint-Sernin, car le culte des reliques constituait un fort facteur de cohésion sociale ».

73 Ibid., p. 50 et 243 ; voir aussi Toulouse sur les chemins de Saint-Jacques. De saint Saturnin au « tour des Corps saints » (Ve-XVIIIe siècles), Milan, Skira, 1999, p. 265 n° 244.

74 ADHG, Ms 17 f° 28v-29 : « Les reliques des corps saints Saint-Sernin tirées de la chapelle basse où elles étoient sous des grandes pierres dedans des coffres de bois et mises avec grand révérence dans des beaux reliquaires au milieu de la place, et ce sur un échafaut, avec grand dévotion » ; sur cet événement du 25 janvier 1512 (n.s.) voir N. Bertrand, Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Toulouse, Jean Grand-Jean, 1515, f° 67-68v et G. de La Faille, Annales, t. 1, pp. 316-317.

75 E. Roschach, « Les douze livres », p. 407.

76 AM Toulouse, II 625 f° 250 : « Corpz sainctz, plusieurs en furent rellevez en l’eglise Sainct-Sernin avec grand pompe, ceremonies, sollempnitez et devotions et mis en lieu honneste l’an du cappitolat mil cinq cens dix-sept » ; il s’agissait des saints Philippe, Jacques le Mineur, Hilaire, Papoul et Gilbert ; leur élévation se déroula le 24 mars 1518 n.s. ; voir C. Douais, Documents sur l’ancienne province de Languedoc. T II : Trésor et reliques de Saint-Sernin à Toulouse. I : « Les inventaires (1246-1657) », Paris-Toulouse, Picard-Privat, 1904, p. XXIII.

77 Transcription dans F. Bordes, Formes et enjeux…, t. 2, chr. 6 p. 124.

78 Ibid. : ipsi domini de capitulo cum maxima diligentia et labore cum eodem abbate tractarunt quod dictum sanctum sudarium in presenti civitate translataret.

79 Ibid. : inter cetera fuit per dictos dominos de capitulo emptum quoddam hospicium juxta dictam ecclesiam de Tauro pro stagia ipsius domini abbatis et suorum monachorum.

80 AM Toulouse, CC 2323 f° 43 n° 60.

81 AM Toulouse, CC 1855 p. 71 et 76.

82 AM Toulouse, CC 1856 f° 37.

83 AM Toulouse, II 47.

84 B. CHEVALIER, « La religion civique… », p. 342.

85 Sur ce sujet, nous nous permettons de renvoyer à nos deux études : F. Bordes, « Une perception de l’espace urbain : cortèges officiels et processions générales à Toulouse du XIVe au XVIe siècle », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXIV, 2004, p. 135- 153, fig. ; Id., « Rites et pratiques cérémonielles à Toulouse au bas Moyen Âge et à la Renaissance », Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXV, 2005, p. 115-138.

86 J. Rossiaud, « Crises et consolidations (1330-1530) », dans G. Duby, dir., Histoire de la France urbaine. T. 2 : La ville médiévale. Paris, Seuil, 2e éd., 1992, pp. 591-603.

87 AM Toulouse, BB 4 p. 12.

88 AM Toulouse, II 627 f° 332v-333v : « à occasion de la susdicte paix et accord, du mandement dudict seigneur roy de France, feusrent faictes processions generalles et solempnes par toutes les villes et cités dudict roiaulme, et mesmes en la present ville de Tholose en laquelle et en l’eglise metrapolitaine Sainct-Estienne feust dicte et celebrée messe haulte avec presche, et après faicte procession generale y assistant toute la court de parlement en corps comme le jour du Sacre et les seigneurs capitoulz et autres officiers royaulx de la present ville. »

89 AM Toulouse, II 627 f° 333v-334 : « Guerre grande y eust l’an mil quatre cens soixante quinze entre le roy de France lors regnant et Charles duc de Bourgoigne, pour raison de laquelle ledict seigneur roy ordonna et commanda que tant que icelle dureroit par toutes les cités de son roiaulme chescun premier dimenche de chesque mois l’on eust à faire procession generalle pour la conservation de son estat et de la republicque de son roiaulme, ce que feust faict et principalement en la present ville de Tholose y assistans tousjours les seigneurs capitoulz. »

90 AM Toulouse, CC 2364/118 f° 1v.

91 Ibid., f° 3v.

92 Ibid., f° 4v.

93 Gaston de Foix fut tué lors du combat de Ravenne, remporté par les Français, le 11 avril 1512.

94 AM Toulouse, BB 269 f° 49v : « Le roy ayant escrit à messieurs les capitoulz le décès de la reyne Anne de Bretagne, et de lui faire ses funérailles, par conseil général de la maison de ville fut ordonné… »

95 AM Toulouse, BB 151/69 : procession pour la victoire de Provence (13 octobre 1524), BB 151/71 et 72 : procession pour la victoire de Milan (2 novembre 1524), BB 151/46 : procession pour la paix (16 janvier 1525 n.s.), BB 151/95 : procession pour le roi (4 avril 1526), BB 151/113 : procession pour la délivrance du pape (2 février 1528 n.s.), BB 150 p. 223 (8 juillet 1530) : procession pour la libération des enfants du roi.

96 AM Toulouse, II 625 f° 399v-400 : « fut arresté par conseil general de ladicte ville, lequel pour raison de ce fut assemblé, que ledict jour de vendredy ensemble lendemain seroient solempnisez comme jours de festes, jaçoit n’en fussent, et seront faictz grandz feuz de joye et le dimanche suyvant seroit dicte solempnement messe haulte avecq presche et seroit faicte prossession generale par toute la ville, ce que fut reallement executé et crié publicquement avecq les trompettes d’argent par toute la ville. »

97 AM Toulouse, BB 150 p. 37 : « Vuez les lettres missives du roy nostre sire faisant mention de la joyeuse nativité du tiers filz masle que Dieu luy a donné, l’on faict assavoir que pour lesdictes bonnes novelles les processions particulieres se feront en une checune parroisse checun en son endroit, … »

98 AM Toulouse, BB 269 f° 54v : « Le vendredy 20 mars, le feu se prit à la rue des Cervinières qui porta grand domage à la ville, et on compta quatre-vingtz maisons bruslées ; le feu commança si peu à la maison de Pascal, appoticaire ; pour esteindre le feu il falut y porter le saint Sacrement par l’archevesque en procession généralle et les corpz saintz de Saint-Sernin, et incontinant il cessa. »

99 BB 269 f° 55 : « Le 18 avril, la Garonne entra dans Saint-Ciprien et ruina les maisons de Thonis et emporta le Pont Viel ; les capitoulz firent sonner Cardaillac, fermer les boutiques et procession du saint Sacrement sur le pont de la Daurade ; et dès l’instant l’eau cessa quoy qu’il pleut tout le mois sans cesser que deux jours. »

100 BB 269 f° 56v-57 : « Les capitoulz firent faire procession générale et donnèrent en ofrande cent livres de cire aux corpz saintz, et firent porter en procession la ville de Tholoze en cire devant lesdits corpz saintz ; on fit une autre procession à Saint Exupère. »

101 AA 5/146 et AA 17/28.

102 BnF, fr. 18517 f° 13 : in die festi gloriosisimi Corporis-Christi, (…) ubi dicti domini capitularii portabant more solito palium.

103 AA 20/8 p. 29 ; le texte complet de ce document a été édité dans F. Bordes, « Rites et pratiques… », p. 130-135.

104 N. Bertrand, Opus de Tholosanorum gestis ab urbe condita, Toulouse, Jean Grand-Jean, 1515, f° 61 : Fuerunt eodem anno facte due solemnes processiones ad placandum iram Omnipotentis, in una quarum (que facta fuit die Beate Marie Magdalene) erant XIII papiliones in quibus portabantur corpora beati Jacobi majoris, Exuperii, Egidii ac multe alie reliquie ; et omnes supra nominati portaverunt unum ex dictis papilionibus in quo erat corpus Domini nostri Jesu Christi ; et fuit facta congregatio in ecclesia beati Saturnini et ibi dicta missa cum magna devotione.

105 AM Toulouse, AA 17/3 (21 juin 1503) : Arrêt du parlement de Toulouse confirmant, malgré l’appel du syndic de la Daurade, la sentence prononcée par le sénéchal, le 31 août 1501, pour régler l’ordre des diverses communautés dans les processions générales de Toulouse, faites avec les croix et les pavillons.

106 Le détail de ces cadeaux en cire figure régulièrement dans les pièces à l’appui des comptes ; voir par exemple AM Toulouse, CC 2352/1 (1502-1503), CC 2354/59 (1503-1504) et CC 2358/21 p. 57 (1507-1508).

107 C’est le cas en 1492, où l’on paye Bernat Portal per XXIIII senhals de las armas de la vila per metre a las torchas de messenhors et dels ofissies lo jorn del Cor del Diu (CC 2343/92) ; ou bien encore en 1524 où le cartier Frances Agret fournit 27 armas petites et 8 grandes pour les torches du Corpus ainsi d’ailleurs que pour les cierges donnés à Saint-Sernin, à la Daurade, aux Prêcheurs et aux Franciscains (CC 2352/1).

108 B. CHEVALIER, « La religion civique… », art. cité, p. 345.

109 AM Toulouse, BB 269 f° 53-v.

110 AM Toulouse, BB 2 p. 139 (s.d.) : Cum nuper venit in presenti civitate magister Vincentius Ferrerii, sollempnis magister in theologia, et moratus fuit per tres septimanas cotidie sermonando, plura bona exempla dando, cui ipsi [domini] dederunt centum francos amore Dei ; voir aussi la délibération du 30 août 1416 (ibid., p. 89) relative à l’interdiction par le sénéchal d’une procession à l’occasion de la venue de maître Vincent ; sur ses prédications dans le Midi cette année-là, voir : A. T., « Saint Vincent Ferrier dans le Midi de la France, d’après les documents d’archives (1416) », Annales du Midi, t. 4, 1892, pp. 236-247 ; voir aussi B. Montagnes, « Prophétisme et eschatologie dans la prédication méridionale de saint Vincent Ferrier », dans Fin du monde et signes des temps. Visionnaires et prophètes en France méridionale (fin XIIIe-début XVe siècle), Cahiers de Fanjeaux n° 27, Toulouse, Privat, 1992, pp. 331-349.

111 AM Toulouse, CC 2351/87 p. 37 et CC 2353/131.

112 AM Toulouse, CC 2371/406-407.

113 Sur ce personnage et son passage à Toulouse, voir M.-F. Godfroy, « Le prédicateur franciscain Thomas Illyricus à Toulouse (novembre 1518-mai 1519) », Annales du Midi, t. 97, n° 170, avril-juin 1985, pp. 101-114.

114 AM Toulouse, BB 269 f° 52v-53.

115 ADHG, Ms 17 f° 34.

116 AM Toulouse, CC 1854 f° 64.

117 AM Toulouse, BB 3 f° 54v.

118 Par exemple en 1501-1502, AM Toulouse (CC 2351/90 p. 9) ou encore en 1503-1504 (CC 2354/154 p. 12).

119 AM Toulouse, CC 2323 f° 7 n° 10 et 12.

120 AM Toulouse, CC 2331/50 : paiement de 9 l. à Paul de Talabardit del pays de Egiptis bas, estant en la companhia e lou servise de Peyre et Thomas, comptes se disen en lodit pais, los quals venguent et aribent en la present ciutat an certans personges de homes, femnas et petis enfans entro lo nombre de quatre vins ho enviro, disens se aver en penedenso de anar visitar lo corps de sanct Jaume en Compostela.

121 AM Toulouse, CC 2334/68 : Item plus ay pagat al cossy del rey de Ongria, local anava a Sant-Jaume e dizia que el le falhia que anes a las almoynas de las bonas gens, e per so messenhors manden que jo li dones per la vila.

122 Sur cet édifice, voir J. Chalande, Histoire monumentale de l’Hôtel-de-ville de Toulouse, Toulouse, Impr. Saint-Cyprien, 1922, n° 9 pp. 129-136.

123 Des fouilles réalisées à l’arrière du théâtre du Capitole en 2003 ont révélé son emplacement mais n’ont pas permis de déterminer précisément l’époque de sa construction, que l’on situe autour de 1300 ; voir H. Molet, « Toulouse. 1, Place du Capitole », dans Direction régionale des Affaires culturelles Midi-Pyrénées, Service régional de l’Archéologie, Bilan scientifique de la région Midi-Pyrénées, 2003, Ministère de la Culture et de la Communication, 2006, pp. 80-81 ; elle sera détruite et remplacée par une nouvelle chapelle construite à l’emplacement de l’actuelle rue Roschach entre 1525 et 1539.

124 AM Toulouse, CC 1845 p. 117 ; Chalande signalait comme première mention celle qu’il avait trouvée dans les comptes de 1343-1344 (CC 1846).

125 AM Toulouse, CC 1846 p. 83.

126 AM Toulouse, CC 2351/82.

127 AM Toulouse, CC 2351/90.

128 AM Toulouse, CC 2355/111.

129 AM Toulouse, CC 2364/95.

130 AM Toulouse, CC 2365/124 et 191-192.

131 Et non des Prêcheurs comme le marque par erreur J. Chalande, Histoire monumentale…, op. cit., p. 135.

132 Première mention en 1493-1494 : AM Toulouse, CC 1872 p. 31.

133 Sur ce sujet, voir notre thèse : F. B ordes, Formes et enjeux…, t. 3, pp. 62-63.

134 AM Toulouse, CC 2353/83 p. 1 (1502-1503) : per la mesa que feguen dire losdits messenhors am diague, subdiague, horgues et chantres del sant Esperit com es de costuma cascun an per lor nobel abenyment, per que Dius los endrese a ben guobernar lo ben public (« pour la messe que firent célébrer lesdits seigneurs avec diacre, sous-diacre, orgues et chantres en l’honneur du Saint Esprit comme il est de coutume chaque année pour leur nouvel avènement, pour que Dieu les instruise pour bien gouverner le bien public ») ; CC 2366/21 f° 1 (1515-1516) : per que lo sant Esperit les endresses (« pour que le Saint Esprit les instruise »).

135 AM Toulouse, CC 2356/74 f° 4v (1506-1507) : per que Diu yllumynes los messenhors a far l’alexiu (« pour que Dieu éclaire les seigneurs pour l’élection »).

136 Sur cet oratoire, voir J. Chalande, Histoire monumentale de l’Hôtel-de-ville de Toulouse. Deuxième partie. Les monuments existants, Toulouse, Impr. Saint-Cyprien, 1925, n° 23, pp. 22-24.

137 AM Toulouse, CC 2365/289.

138 AM Toulouse, BB 265/1.

139 Publié dans F. Bordes, « Rites et pratiques… », pp. 130-135.

140 B. Chevalier, « La religion civique… », p. 337.

141 Ibid., p. 349.

142 Contrairement à ce qui est souvent dit ou écrit, c’est bien Exupère et non Saturnin que les capitouls revendiquent comme patron ; voir BB 4, p. 12 (délibération du 15 juin 1422) : ad honorem Dei, virginis Marie, sancti Exuperii qui est patronus presentis civitatis.

143 Voir notre développement sur ce thème dans notre thèse : F. Bordes, Formes et enjeux…, t. 3, pp. 59-67.

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